S’ils vivent en couples, beaucoup, grégaires, se ras-
semblent en groupes qui atteignent une vingtaine d’in-
dividus, capables de faire le tour des fruitiers de leur
territoire, attrapant de façon opportuniste insectes ou
petits oiseaux. On ne connaît pas à proprement parler
de migration de toucans, essentiellement faute de
recherches, mais on sait, et cela semble localement
régulier, que des milliers d’oiseaux passent par certai-
nes zones de la grande forêt amazonienne, suivant pro-
bablement le cycle des fructifications. Comme la diges-
tion d’un gros fruit bloque toute la capacité du tube
digestif durant une vingtaine de minutes, l’oiseau n’a
d’autre choix que d’attendre, s’occupant de son plu-
mage ou de celui de son voisin. Avec leur grand bec,
pas facile d’atteindre tous les points de son corps!
Merci donc au fidèle conjoint… On se retrouve aussi
au bain, plus souvent pris en l’air, dans la vasque d’une
branche, qu’au sol. Malgré son alimentation frugivore,
le toucan boit régulièrement et l’entre-feuille des gran-
des broméliacées représente à cet égard un libre-service
parfait. Compte tenu de leur rôle de consommateur de
fruits, ils jouent un rôle dominant dans la dispersion
des graines à travers les forêts sud-américaines.
Socialement, les sons s’avèrent essentiels. Ils asso-
cient claquements de bec, grognements, cris ou siffle-
ments parfois très puissants. Des vocalises qui sont
bien sûr aussi associées aux parades, au cours desquel-
les les toucans essaient différentes postures mettant en
valeur taches de couleur ou zones de plumes partielle-
ment érigées. Leur reproduction a lieu dès l’âge de
deux ans pour les femelles, et trois pour les mâles chez
les grandes espèces du moins. S’ils sont associés par
force aux cavités des pics, ils trouveront l’indispensa-
ble nid là où ils peuvent, y compris s’il le faut en chas-
sant le malheureux ouvrier. Mais les Toco peuvent
aussi aller jusque dans les termitières du sol, où les
Colaptes (genre de pics verts terrestres) ont précédem-
ment creusé. S’ils ne peuvent creuser le bois, ils s’ap-
pliquent cependant à nettoyer le nid des zones pour-
ries et donc meubles. Ils vont défendre le foyer contre
des prédateurs potentiels et un couple de Toucans
tocards a été observé chassant à coup de bec un kinka-
jou, carnivore pourtant redoutable. Nombre d’aigles
capturent cependant des adultes et ces oiseaux plus
grands qu’eux demeurent probablement leurs seuls
véritables prédateurs. En revanche, les singes capucins
qui parviennent au nid mangent les couvées et il est
probable que les boas fassent de même, ainsi que cer-
oiseaux exotiques, Décembre 2005
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UN PEU D’ANATOMIE
Rail de guidage
Crénelures
Rhamphothèque (enveloppe cornée qui s’em-
boite sur l’os) d’un toucan
Rhamphastos tuca-
nus
. En haut : vue latérale (noter le schéma de
coloration et les crénelures des bords du bec) ;
au centre : vue de l’intérieur de l’enveloppe de la
mâchoire supérieure montrant les crénelures
latérales et le rail de guidage central ; en bas :
vue du maxillaire (os sans la rhamphothèque).
D’après Léonid P. KORZUN, Christian ÉRARD,
Jean-Pierre GASC & Félix J. DZERZHINSKY in
Alauda, 72 (4), 2004 : 259-280.
© Photo Roland Seitre© Photos Léonid P. Korzun
et al.
Ramphastos sulfuratus