AUTOUR DE LIMMUNOTHERAPIE SPECIFIQUE
23 - Juin 2005
DOSSIER CLINIQUE
Coût des rhinites et
de l’asthme allergiques.
CAS CLINIQUE
Une double ITS sublinguale ?
Mécanismes d'action
de l'ITSL Interview du Pr T. Bieber,
Université de Bonn (Allemagne).
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Bienvenue dans le numéro d’été d’
Expressions.
En complé-
ment des rubriques habituelles, ce numéro comprend deux
dossiers principaux qui traitent de l’aspect pharmaco-écono-
mique de l’immunothérapie spécifique et des dernières
découvertes sur ses mécanismes d’action. Dans la transition
de l’activité cellulaire Th2 vers l’activité Th1, les deux points
principaux sont la présentation de l’allergène aux cellules
naïves Th0 et le milieu des cytokines dans lequel elle a lieu.
Le dossier scientifique présente une revue des récents arti-
cles décrivant les mécanismes d’action possibles de la voie
sublinguale. Il met en avant d’importantes différences, non
seulement entre l’immunothérapie sublinguale (ITSL) et les
autres formes de médication sublinguale mais également
entre l’ITSL et l’immunothérapie sous-cutanée (ITSC). Deux
éléments particulièrement importants sont la nature des cel-
lules dendritiques de la muqueuse buccale et le rôle régula-
teur des lymphocytes T. Les lymphocytes T Reg stimulent la
production des IgG4et des IgA et sécrètent des cytokines qui
concourent à la production de cellules Th1 plutôt que Th2.
Le rapport coût-efficacité devient une priorité dans la déli-
vrance de soins tandis qu’une institution comme NICE
(National Institute of Clinical Excellence)
au Royaume-Uni,
émet des recommandations fondées non seulement sur l’effi-
cacité et l’innocuité mais également sur les conséquences
financières du traitement. Il est rassurant de noter qu’un fais-
ceau d’arguments atteste de la rentabilité de la mise en œuvre
d’un programme d’immunothérapie spécifique. Les principales
économies proviennent d’une diminution du traitement médi-
camenteux de la rhinite. Il a également été démontré que l’im-
munothérapie réduisait le développement d’allergies multiples
(polysensibilisation) et d’asthme, ce qui a des conséquences
financières bénéfiques non seulement pour l’offre de soin mais
également pour les patients et leurs familles. Étant donné la pré-
valence actuelle des pathologies allergiques, même les éco-
nomies modestes représentent des sommes importantes à
l’échelle du pays. Comme l’immunothérapie devient plus
simple et plus largement utilisée, des progrès sup-
plémentaires peuvent être attendus.
Professeur Johannes Ring
Sommaire
FAITS MARQUANTS
4
DOSSIER CLINIQUE
Coût des rhinites et de l’asthme allergiques.
6
DOSSIER SCIENTIFIQUE
Mécanismes d’action de l’ITSL.
8
CAS CLINIQUE
12
PAROLE À
13
REVUE DE PRESSE
14
Expressions
Stallergènes Département Communication
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FAITS MARQUANTS
4
Pourquoi l’allergie au cyprès augmente-t-elle ?
L’industrie alimentaire est, plutôt à juste titre, sous la sur-
veillance constante du grand public et des institutions.
L’Union européenne subventionne actuellement un projet
appelé «InformAll», qui attache une attention particulière
à la valeur de l’étiquetage alimentaire. Un étiquetage
insuffisant pénalise ceux qui souffrent d’allergie. Même
si les allergiques connaissent les aliments à éviter pour
prévenir des réactions potentiellement fatales, les éti-
quettes qui leur sont proposées peuvent ne pas être tout
à fait exactes. Que les fabricants ne puissent éviter la
contamination de leurs produits ou bien qu’ils désirent
éviter des recours légaux coûteux, la tendance s’oriente
vers un étiquetage de précaution. En ajoutant des men-
tions comme « pourrait contenir de l’arachide », les fabri-
cants peuvent priver inutilement les allergiques de sour-
ces nutritionnelles qui ne présentent aucun risque.
«InformAll» préconise une augmentation de l’effort inter-
national pour définir les niveaux seuils d’allergènes qui
peuvent provoquer des réactions et une amélioration des
méthodes de détection des contaminants potentiel-
lement dangereux afin que les étiquettes alimentaires
fournissent aux consommateurs des informations préci-
ses et utiles.
Mills E
et al.
Allergy 2004 ; 59 (12) : 1262-8.
La première mention d’allergie au cyprès remonte
seulement à 1945. L’allergie au cyprès n’a pas été
signalée en France avant 1962 et pourtant, les cyprès
comme le
Cupressus sempervirens,
font probable-
ment partie du paysage méditerranéen depuis au
moins aussi longtemps que la civilisation elle-même.
Pourquoi l’incidence des rhinites allergiques saison-
nières dues au cyprès a-t-elle présenté une augmen-
tation régulière au cours des soixante dernières
années ? Le Pr Charpin et ses collaborateurs accusent
les changements opérés en horticulture. Les cyprès
sont maintenant largement employés comme plantes
d’ornement, comme coupe-vent ou comme éléments
de haies dans des zones à haute densité de popula-
tion. C’est pourquoi, s’ils reconnaissent l’intérêt de
l’immunothérapie spécifique pour réduire l’allergie
due au pollen de cyprès, les auteurs recommandent
que des mesures environnementales soient prises.
Ils conseillent d’éviter de planter ces arbres en ville
et suggèrent que l’élagage des arbres ou la taille des
haies ne soient pas entrepris pendant la saison polli-
nique. Ils suggèrent également la mise au point d’ar-
bres hypoallergéniques qui pourrait offrir un compro-
mis acceptable entre les amoureux des arbres et
ceux pour qui le pollen est un ennemi.
Charpin D
et al.
Allergy 2005 ; 60 (3) : 293-301.
« L’aliment peut (ou non) contenir des traces d’arachide»
5
Les acariens tropicaux ont des
allergènes de haut poids moléculaire
Dans les pays tropicaux, comme dans les pays plus tempérés,
le
Dermatophagoides pteronyssinus
est une cause courante
de rhinites et d’asthme allergiques perannuels. Cependant un
autre acarien, le
Blomia tropicalis
est la cause de problèmes
plus importants chez les personnes souffrant de troubles
respiratoires atopiques et vivant dans les pays tropicaux. Ceci
vient d’être démontré par Pereira et ses collaborateurs, qui ont
étudié les réponses anticorps des
patients atopiques pour chacune
de ces espèces d’acariens au
Brésil. Parmi 110 patients aller-
giques et 33 contrôles, les tests
cutanés ont montré que 56 %
présentaient une réponse posi-
tive à l’extrait de
B. tropicalis,
51% étaient réactifs à la fois au
B. tropicalis
et au
D. pteronyssinus
et 6 % étaient uniquement
sensible au
B. tropicalis.
Chez les patients sensibilisés, ils ont
trouvé des taux élevés d’IgE, d’IgG1et d’IgG4spécifiques au
B. tropicalis.
Au Brésil, une forte proportion des allergies est
due au
B. tropicalis
et les patients qui en souffrent sont plus
souvent réactifs aux peptides de haut poids moléculaire du
B. tropicalis
qu’aux principaux allergènes de bas poids molé-
culaire plus couramment employés. Les auteurs suggèrent
que ces peptides à haut poids moléculaire fassent prioritaire-
ment l’objet d’une recherche plus approfondie.
Pereira E
et al.
Allergy 2005 ; 60 (3) : 401-6.
Protéine de fusion :
deux allergènes en un
Kussebi et ses collaborateurs ont tiré avantage
du fait que si les IgE reconnaissent la configu-
ration tridimensionnelle des allergènes, les
lymphocytes T, eux, reconnaissent la séquence
linéaire des acides aminés. Ils ont réussi à iso-
ler deux allergènes principaux présents dans le
venin d’abeille et les ont combinés de manière
à laisser intactes leurs séquences linéaires
mais à modifier leur conformation physique
afin qu’elle ne soit plus reconnaissable par les
IgE spécifiques. Les deux allergènes Api m 1 et
Api m 2 ont été synthétisés en un peptide
unique par génie génétique. Il a été montré
qu’un pré-traitement des souris par la protéine
de fusion Api m (1/2) supprimait l'apparition
d’immunoglobuline IgE spécifique en réponse à
une exposition à l’allergène d’origine. Il a été
montré que la protéine de fusion déclenchait la
prolifération de lymphocyte T et une réponse
par des cytokines de type Th1 et Th2. Cepen-
dant, la réactivité de l’IgE était supprimée et la
dégranulation basophile comme la réactivité
des tests cutanés de type 1 étaient significati-
vement réduites. Les auteurs ont conclu que
leur nouvelle protéine de fusion évitait la liaison
avec l’IgE, empêchant l’établissement de liai-
sons croisées entre l’IgE et les récepteurs
Fc
εε
RI des mastocytes ou basophiles, bloquant
ainsi la production d’IgE par les lymphocytes B.
Kussebi F.
et al.
J Allergy Clin Immunol 2005 ; 115 (2) : 323-9.
Quel est le point commun entre les escargots et les acariens ?
La consommation d’escargots peut parfois entraîner des crises d’asthme ou des anaphylaxies. Habituellement, il
existe chez les mêmes personnes une allergie aux acariens de la poussière de maison. Martins et ses collabora-
teurs ont donc entrepris de déterminer la réactivité croisée des allergènes d’escargot,
Helix aspersa (Hel a2),
Theba pisana (The p)
et
Otala lactea (Ota l)
avec l'acarien
Dermatophagoides pteronyssi-
nus (Der p6)
. Ils ont découvert que deux allergènes principaux,
Hel a2
et
Der p6
étaient fortement inhibés par leurs extraits homologues. Chez l’animal, une
légère réactivité croisée a été détectée. La sensibilisation des personnes
allergiques à la consommation d’escargots apparaît généralement à l’occa-
sion de l’émergence d’une allergie aux acariens. Cependant, chez quelques
patients, la sensibilisation peut être induite par la seule consommation
d’escargots. Chez 2 des 60 patients atopiques étudiés, une IgE spéci-
fique au
Hel a2
a été détectée mais pas d’IgE spécifique au
Der p6.
Martins L
et al.
Int Arch Allergy Immunol 2005 ; 136 (1) : 7-15.
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