L'équipe du Dr Olivier Lantz (U932 Inserm/Institut Curie) qui a découvert les lymphocytes MAIT en
2003 à l'Institut Curie, vient de publier dans la revue Nature Immunology des travaux montrant que
ces lymphocytes particuliers font la distinction entre les infections par virus et celles dues à
d'autres microbes. Il s'agit, en fait, de la première identification d'une sous-population de
lymphocytes T sachant reconnaître les cellules selon les types d’infection qu’elles ont subis. Cette
caractéristique originale couplée à la présence en quantité des lymphocytes T chez l’homme font
de cette population un candidat majeur de la défense contre les maladies infectieuses. Leur
stimulation pourrait être mise à profit dans le développement de nouveaux vaccins.
Le système immunitaire protège l'organisme grâce à des cellules spécialisées, notamment les
lymphocytes T. Ces derniers ont la capacité, via des récepteurs spécifiques, de reconnaître des antigènes
— ces structures moléculaires présentes à la surface ou à l'intérieur des cellules qui déclenchent, si elles
sont étrangères à l'organisme, une réaction de défense immunitaire avec notamment la fabrication
d'anticorps.
Les lymphocytes T interviennent à différents stades de la réponse immunitaire contre des cellules
infectées par un virus ou par une bactérie, voire contre des cellules cancéreuses. Ils sont activés par les
fragments antigéniques exprimées par les cellules présentatrices d’antigènes (ou CPA). Ils se multiplient
alors pour former des clônes exprimant chacun un récepteur différent et spécifique d'un antigène. Une fois
que le corps a éliminé un microorganisme particulier, les lymphocytes spécifiques sont plus abondants et
possèdent des capacités effectrices immédiates qui permettent, lors d’une deuxième rencontre avec le
pathogène, de déclencher une réponse adaptative plus rapide et donc plus efficace.
Dès leur identification, les lymphocytes MAIT - qui tirent leur nom Mucosal-Associated Invariant T cells de
leur localisation préférentielle au niveau des muqueuses - ont montré leur orginalité par rapport à ce type
de fonctionnement : ils sont très abondants dans l'organisme, même en l'absence d'antigènes. On les
trouve essentiellement dans le sang, au niveau de la muqueuse intestinale et des ganglions lymphatiques
de l’intestin. “Comme ils sont, en revanche, peu nombreux dans le sang de cordon ombilical, nous
pensons qu'ils se multiplient tout de suite après la naissance au contact des microbes hôtes naturels de
l'organisme et acquièrent à ce moment là leurs caractéristiques fonctionnelles particulières” explique le Dr
Olivier Lantz1. De plus, ces lymphocytes MAIT sont très “conservés”, c'est-à-dire qu'ils expriment une
petite palette de récepteurs pour l’antigène, invariants d'un individu à l'autre, et même d'une espèce à
l'autre en l'occurrence, comme cela a été vérifié, chez l'homme et la souris.
Jusqu'à présent, on savait très peu de choses sur leur(s) fonction(s). Avec les résultats publiés dans
Nature Immunology, l'équipe d'Olivier Lantz montre que, en culture, les lymphocytes MAIT, humains ou
de souris, sont activés par des cellules présentant des antigènes provenant d’une grande variété
de bactéries et de levures mais pas des virus. Les chercheurs ont aussi utilisé des modèles de souris
et vérifié que les MAIT ont bien aussi, in vivo, une activité antimicrobienne originale. Autre indication
puissante : chez des patients atteints de tuberculose ou d'autres maladies infectieuses, le nombre de
lymphocytes MAIT est réduit dans le sang périphérique et, au contraire, amplifié au site de l'infection, ce
1 Laboratoire d’Immunologie et équipe « Lymphocyte T CD4+ et réponse anti-tumorale » dans l’unité Immunité et cancer - Institut Curie / Inserm
U932