Janvier 2007 N° 115 ISSN 0998 - 2000 SFI ACTUALITÉS Société Française d'Immunologie LA SFI A UNE NOUVELLE ADRESSE * ET UN NOUVEAU PRÉSIDENT… S ommaire Par Armand Bensussan, Président de la SFI ÉDITORIAL La SFI a une nouvelle adresse et un nouveau Président… p. 1 RAPPORT ANNUEL SFI Rapport Moral 2006 p. 2 Rapport Annuel du Trésorier 2005 p. 4 SFI - Assemblée Générale du 7/09/2006 p. 5 IMMUNOLOGIE Quand et pourquoi une réponse immunitaire est-elle declenchée ? p. 7 PRIX Prix Jacques Oudin 2006 p. 8 BRÈVES 1/ Identification de cellules «lymphome folliculaire-like» chez les individus en bonne santé : une nouvelle vision de la lymphomagenèse folliculaire 2/ Des lymphocytes T Foxp3+ CD25+ spécifiques d'un nouvel auto-antigène glial se développent dans le thymus dès le stade double positif 3/ Dok-2 et Dok-1, deux nouveaux régulateurs négatifs du signal d’activation du TCR 4/ Microcirculation cérébrale et pathogenèse du méningocoque 5/ Différenciation des cellules NK : identification de nouveaux signaux délivrés par les cellules stromales de la moelle osseuse p. 10 p. 12 p. 14 p. 16 p. 18 COMPTES-RENDUS Des point forts du 16ème Congrès Européen d'Immunologie "ECI" p. 21-31 SFI La vie de la SFI en 2007 * Nouvelle adresse Société Française d'Immunologie 191, rue de Vaugirard Bureau 107 75015 Paris E ditorial p. 32 tre le président de la Société Française d’Immunologie est une lourde responsabilité et je vous remercie de la confiance que vous m’avez accordée et qui me permet d’avoir le privilège de vous représenter durant les trois prochaines années. Il est d’usage de remercier son prédécesseur et de le féliciter pour le travail accompli. C’est au-delà de cette formalité conventionnelle que je tiens à féliciter Alain Bernard qui a su habilement, toujours en harmonie avec l’ensemble du conseil d’administration, faire évoluer et adapter notre société savante aux nouvelles donnes scientifiques et structurelles. En effet, nous sommes confrontés à de nouveaux défis qui nécessitent une évolution dans notre façon d’agir, et de nous préserver vis-à-vis d’autres disciplines. L’immunologie doit bien définir sa spécificité et son champ de compétence. Par ailleurs, avec l’aide de Jean-François Eliaou, Nathalie Bonnefoy-Bérard et Brigitte Autran, Alain Bernard a mis en place le processus qui a conduit à la labellisation pour la formation médicale continue de la SFI à travers ses cours et son congrès annuel. Ê Au cours de mon mandat de président, je compte proposer au conseil d’administration de renforcer notre action en faveur des jeunes immunologistes, notamment en créant un “club avenir” dont il faudra définir les modalités de fonctionnement et de financement. Je souhaiterais que des sociétés de biotechnologies soient plus actives au sein de la SFI car elles contiennent en leur sein un potentiel humain et scientifique bénéfique pour l’ensemble des immunologistes. Nous pourrions mandater un “responsable biotechnologies” chargé de mettre en place une cellule de réflexion pour définir des modalités d’interaction. Nous devons travailler pour que les chercheurs des EPST et ceux des hôpitaux communiquent mieux entre eux et puissent mettre en commun leurs expertises afin d’être plus efficaces dans la compétitivité internationale. À cet effet, il faudrait que les cours et les congrès annuels organisés par la SFI prennent davantage en compte les travaux issus de la recherche clinique, réalisés par nos collègues hospitaliers. Il serait souhaitable que la SFI s’associe à des projets scientifiques biens ciblés avec d’autres sociétés savantes, et notamment avec la Société Française d'Allergologie et d'Immunologie Clinique. Ce rapprochement ne peut que nous renforcer et nous offrir des perspectives nouvelles de collaborations. Nous organisons dans les trois pays du Maghreb francophone, avec Fathia MamiChouaib et Jean-Luc Guesdon, membres du conseil d’administration, et avec l’aide financière de l’Institut Pasteur, des cours méditerranéens supérieurs d'Immunologie depuis deux ans. Je voudrais renforcer cette coopération avec les sociétés d’immunologie de ces pays du sud de la Méditerranée. Il va s’agir de définir en partenariat avec eux les modalités de cette interaction. Enfin, la SFI doit aussi s’ouvrir aux nouveaux pays européens. Je compte donc proposer au conseil d’administration un partenariat avec la Société Bulgare d’Immunologie, qui fait elle-même partie d’un ensemble regroupant plusieurs pays des Balkans, dont la Turquie. Nous devons réfléchir à notre survie en terme financier, car pour la première fois nous devons payer des charges locatives importantes suite à notre déménagement récent. L’Institut Pasteur qui nous hébergeait jusqu’à présent gratuitement a décidé de récupérer ses locaux et de nous loger à proximité de son enceinte, en partageant les frais de location. Malgré ce geste amical important, la partie financière qui reste à notre charge est significative. Comment doit-on procéder pour subsister financièrement sans faire appel au mécénat ? Je ne pense pas que la SFI soit habilitée à demander un contrat à l’ANR pour lui permettre d’exister en tant que société savante. Nous aurons l’occasion de discuter ensemble pour savoir comment il convient de nous situer afin de continuer et surtout d’enrichir notre action. Je profite de ce premier éditorial de début d’année pour vous présenter, chers collègues, mes meilleurs vœux de bonheur et de succès scientifiques. R apport annuel ’Assemblée Générale s’est tenue à Paris, le jeudi 7 septembre entre 19h et 20h15, juste après la remise du Prix Jacques Oudin. Compte tenu de sa tenue dans le cadre du Congrès Européen, la plage horaire n’a pas permis de rassembler tous les adhérents présents et participant au Congrès. L RAPPORT MORAL 2006 Fait conjointement par le Président de la SFI Alain Bernard et le Secrétaire Général Joël Pestel Néanmoins, en considérant les procurations adressées à la SFI et collectées par S. GOUËLLAIN (notre dévouée secrétaire), le quorum a été atteint et l’AG a pu se dérouler dans un climat convivial. L’ouverture de l’Assemblée Générale a été faite par le Président Alain BERNARD qui a regretté la faible participation des adhérents à un moment si important de la vie de la Société, mais a souhaité organiser une présentation plus ouverte des diverses activités de la SFI en instaurant après chaque exposé détaillé une discussion avec les membres actifs de l’assemblée. Il a tout d ‘abord donné la parole au Secrétaire Général Joël PESTEL. Au nom de l’ensemble du Conseil d’Administration, le Secrétaire Général a adressé ses remerciements les plus chaleureux au Président et au Trésorier sortants pour le travail déterminant accompli au nom de la SFI durant les trois années écoulées. La stabilité relative du nombre d’adhérents ainsi que les diverses actions menées pour la défense de l’immunologie ont été menées avec vigueur et en maintenant le seuil des dépenses à un niveau très raisonnable. Ainsi, la SFI conserve toujours les moyens de ses ambitions. SFI ACTUALITÉS 2 En quelques diapositives le Secrétaire Général a ensuite précisé l’évolution de la SFI au cours de l’année. • Il a donné les résultats des élections et indiqué que les deux nouveaux membres élus étaient Gilbert FAURE et Paul GUGLIEMI en remplacement de Alain BERNARD et Antoine TOUBERT, membres sortants non rééligibles. • Il a indiqué que la SFI se composait d’adhérents venant de divers horizons (Scientifiques, médecins, pharmaciens, vétérinaires présents dans diverses structures de recherche et d’enseignement, universités, organismes de recherche (CNRS, INSERM, INRA, IRD), Instituts et Grandes Ecoles), mais qu’il fallait penser à favoriser l’adhésion stable des jeunes immunologistes. • Il a mentionné qu’en plus du bulletin de liaison dont la publication serait progressivement réduite à deux numéros par année, la Société Française d’Immunologie a un site web www.sfi-immunologie.com.fr qui devait être plus développé et devenir un lieu de convivialité plus fréquenté par ses membres. Hans YSSEL qui, en tant que chargé de mission veille au bon fonctionnement du site web avec une application exemplaire, a d’ailleurs apporté des informations complémentaires sur les améliorations envisagées pour rendre le site plus interactif. De plus une lettre “SFI newsletter” donne une information régulière sur les événements ayant trait à l’immunologie. • Il a dressé la liste des actions menées par la SFI en insistant sur le bon fonctionnement des clubs (voir annexe) sur le rôle déterminant des activités de formation, dont les cours d’Immunologie (voir annexe), et sur le développement de thèmes spécifiques visant à sensibiliser le public à l’Immunologie (ex : Day of Immunology). • Il a également annoncé le programme des actions prévues en 2007. • Et en dernier lieu, a été donnée la liste des nouveaux adhérents (84) et de leurs parrains. En tant que Trésorier, Antoine TOUBERT a ensuite présenté de manière claire et concise le rapport financier en détaillant chaque item (voir page suivante). Toutes les actions réalisées par la SFI l’ont été en veillant à maintenir le meilleur équilibre financier possible. De ce fait, même en n’ayant pas le bilan financier du Congrès actuel, il apparaît tout à fait réaliste de penser que la SFI terminera l’année avec des comptes acceptables. Cependant, pour maintenir une bonne capacité de fonctionnement et pour tenir compte du changement de local pour le secrétariat, un effort devra être fait pour rechercher de nouveaux partenariats. De plus, un effort sera fait pour mieux rationaliser les remboursements de frais et assurer une collecte rapide et satisfaisante des cotisations des adhérents. Le Président Alain BERNARD a ensuite repris la parole pour apporter des précisions sur certaines actions-clé de la SFI visant à une meilleure reconnaissance de l’Immunologie en France et à l’étranger. En effet, il a indiqué que dans le contexte actuel, la SFI se devait d’être dynamique et visible dans tous les domaines où sa compétence était nécessaire et devait promouvoir toutes actions indispensables à la reconnaissance justifiée de l’immunologie. Comme prévu en 2005, les “chantiers” ouverts sous la responsabilité de membres du CA ont été poursuivis en 2006. La désignation d’Armand BENSUSSAN comme nouveau Président de la SFI a été approuvée à l’unanimité de l’Assemblée. Parmi les actions prioritaires se situent les Cours d’Immunologie comme ont pu le confirmer Michel FOUGEREAU et Paul GUGLIEMI pour le Cours d’Immunologie National et Fathia MAMI-CHOUAIB pour le Cours Supérieur Méditerranéen d’Immunologie. En 2005, le Cours National effectué à Carryle-Rouet fut un réel succès tant au plan scientifique que participation. Celui de 2006 s’annonce également sous de bons auspices. Une information régulière en direction des personnels concernés devra être mise en place. Pour le Cours Méditerranéen, celui de 2005 organisé à Hammamet en Tunisie, a été fort apprécié des participants. Le cours de 2006 aura lieu en Algérie et bénéficiera de l’aide de la Société Algérienne d’Immunologie et du concours financier du Réseau des Instituts Pasteur demandé par Jean-Luc GUESDON. Un effort particulier a été fait cette année pour développer la formation continue et les activités normatives et évaluatives comme l’ont souligné Jean-François ELIAOU et Nathalie BONNEFOY - BERARD. Sa participation active au sein de la FSM (Fédérations des Spécialités Médicales) en est la parfaite traduction et Jean-François ELIAOU y est notre représentant et notre chargé de mission. Au travers de la FSM, la SFI s’efforce de faire reconnaître toutes les facettes de l’immunologie afin de répondre à trois objectifs : la FMC (formation médicale continue), la représentativité des sociétés savantes au niveau des institutions européennes et l’évaluation des pratiques professionnelles. Dans cette optique, la FSM participe à la mise en place d’un audit des sociétés savantes et certaines sessions du Congrès 2006 sont l’objet d’une évaluation par un comité spécifique. Les remarques provenant de cette première analyse permettront de mettre en place des sessions plus adaptées au cours des clubs et des futurs congrès pour répondre aux attentes de formation du milieu médical. En ce qui concerne l’Évaluation des Pratiques Professionnelles, la SFI s’efforce de faire des propositions réalistes à l’ANAES ainsi qu’à la Haute Assemblée pour la Santé (HAS) en charge de cette question. devrait être réellement une réussite sur le plan scientifique et sur le plan participatif et à Sylvia COHEN-KAMINSKY qui a précisé que l’atelier technologique portant sur l’imagerie et la synapse immunologique avait connu un réel succès. Pour terminer, Nathalie BONNEFOYBERARD a donné les grandes lignes du Congrès national qui se tiendra à Lyon en novembre 2007 Après approbation des rapports moraux et financiers à l’unanimité des membres présents, l’ensemble du CA a tenu à remercier vivement Solange GOUËLLAIN, notre secrétaire qui œuvre quotidiennement à la bonne marche de la SFI et qui assure jour après jour un lien permanent et indispensable avec tous les membres de la SFI. Pour faciliter sa tâche, son équipement informatique sera modernisé et il est demandé à tous les adhérents de consulter au maximum le site web où se trouveront de plus en plus les informations actualisées. Enfin, une attention particulière a été portée à l’avenir de Immunologie dans le cadre du milieu hospitalier . L’immunologie est de moins en moins bien identifiée dans les actes réalisés à l’Hôpital. A l’initiative d’Alain BERNARD, Président de la SFI, et avec l’aide efficace de Ghislaine STERKERS, une enquête a été adressée au secteur hospitalier. Le retour des questionnaires a été satisfaisant, compte tenu du délai de réponse, et le bilan des informations fournies doit permettre de faire de nouvelles propositions pour assurer le bon développement de l’Immunologie en milieu hospitalier. Ensuite, la parole a été donnée à Catherine SAUTÈS-FRIDMAN qui a donné les dernières informations sur le Congrès Européen qui SFI ACTUALITÉS 3 R apport annuel suite Comptes annuels de la S.F.I. - année 2005 Rapport annuel du trésorier 2005 Congrès annuel ECI 2006 Produits 332 477 € (2005) 227 889 € (2004) Charges 343 878 € (2005) 287 445 € (2004) Insuffisances - 11 401 € (2005) - 59 556 € (2004) 2004 2005 Clubs SFI Produits Charges Excédent 15 480 7 374 8105 43 475 37 358 6 099 Cours annuel SFI Produits Charges Excédent 2 250 43 958 37 673 6 285 Congrès annuel SFI 2 250 Produits Charges Excédent Insuffisance Bioforma Produits Charges Excédent Fonctionnement Résultat d’exploitation 113 949 97 955 13 736 127 140 133 213 - 6 073 11 121 10 183 937 22 604 16 675 5 929 Produits Charges Insuffisance 58 553 169 672 - 84 585 95 317 118 958 - 23 642 Produits Charges Insuffisance 201 354 247 237 - 59 557 332 476 343 878 - 11 402 Cotisations SFI 2001 820 Cotisants Membres Juniors/Séniors En 2007 2002 700 2003 712 2004 746 2005 714 2006 727 350 (50 €) 450 (68 €) 50 (<31 mars) 75 (>31 mars) 60 90 60 90 62 92 65 95 150 20 20 20 20 23 cotisations à 67/97 € (membres) - et 25 € (Juniors/Séniors) Budget prévisionnel 2006 - Au 31/07/2006 • • • • • SFI ACTUALITÉS 4 Clubs SFI : Cours annuel : Congrès annuel : Bioforma : Administration : + 7 102 + 4 267 + 3 433 - 25 543 (2005 : + 6 099) (2005 : + 6 285) (2005 : - 5 390) (2005 : + 5 929) (2005 : - 23 642) Assemblée générale Nouveaux Membres SFI Assemblée Générale du 7 septembre 2006 Palais des Congrès - Paris AKARID Khadija AMIR-MOAZAMI Omid ASPORD Caroline AZOCAR Olga BASSET Christelle BAYRY Jagadeesh BLANCHIN Stéphanie BOIZIAU Claudine CHARBONNIER Louis-Marie CHAUVEAU Anne CHENTOUF Myriam CLAVE Emmanuel CORMARY Carine COURY-LUCAS Fabienne CREIDY Rita DALLOUL Ali DALOD Marc DE CARVALHO BITTENCOURT Marcelo DE CASTRO KELLER Alexandre DIJON Marilyne DOUAISI Marc DRISS Virginie DUHEN Thomas DUMAZ Nicolas DUNON Dominique EL HAGE Faten ESPELI Marion FAURE Mathias FERRANDIZ Maria Encarnita FOS Camille FRANCHINI Don Marc GHANNAM Arije GOEB Vincent HAHNE Michael HERAUD Jean-Michel HERSCHKE Florence HO TSONG FANG Raphaël JAMIN Agnès LAFFONT Sophie LARBI Anis LAURIN David LE FLOC'H Audrey LEGRAND Fanny LIND Marianne M'HOMA SOUDJA Saïdi MAES Jérôme MALBEC Odile MALIVERT Laurent MARANON LIZANA Concepcion MARIN-ESTEBAN Viviana MARQUETTE Amélie MASCARELL Laurent MEIFFREN Grégory MENAGER Mikaël MIKITA Johanna Université Cadi-Ayyad, Marrakech-Maroc INSERM U699, Xavier Bichat, Paris EFS, La Tronche INSERM U503, Lyon INSERM EO35-1UPJV,Amiens Edward Jenner Instite Vaccine Res. Compton UK lab.Immuno CHRU Clémenceau , Caen EA 2966,Université Bordeaux 2 INSERM U 475, Montpelier CIML Parc Scientifique Luminy, Marseille CNRS UMR 5160, Fac Pharmacie, Montpellier INSERM U662, Hôp. St-Louis, Paris CIML Parc Scientifique Luminy, Marseille INSERM U503, Lyon NICN UMR 6184 CNRS, Marseille INSERM U 131, Clamart CIML Parc Scientifique Luminy, Marseille Marie-Anne Pocidalo, Jérôme Estaquier Ulrich Blank, Renato Monteiro Joël Plumas, Laurence Chaperot Chantal Rabourdin-Combe, Nathalie Bonnefoy-Bérard Vincent Fuentes, Emmanuel Treiner Jean-Jacques Ballet, Jean Ruf Klaus Petry, Djavad Mossalayi Hans Yssel, Louis-Plence Pascale Claudine Schiff, Stéphane Mancini Sylvie Péraldi-Roux, Marie-Paule Lefranc Antoine Toubert, Catherine Gelin Patrick Machy, Annick Guimezanes Christine Servet-Delprat, Chantal Rabourdin-Combe José Boucraut, Dominique Bernard Jacques Couderc, Hélène Gary Pierre Golstein, Anne-Marie Schmtt Verhulst Lab. Virologie-Immunologie CHU Fort de France CNRS UMR 8147 Hôpital Necker, Paris INSERM UMR599 Inst. Paoli Calmette, Marseille Lab Immunologie UCLA, Los Angeles - USA Institut Pasteur de Lille, INSERM U503, Lyon INSERM U 659 Faculté de Médecine, Créteil INSERM U255, Univ. Paris 6 INSERM U 753, IGR, Villejuif CIML Parc Scientifique Luminy, Marseille INSERM U 503, Lyon Institut Pasteur, Paris UMR 599, Marseille CIML Parc Scientifique Luminy, Marseille UMR 5537CNRS-UCBL Fac RTH Laënnec,Lyon CHU Rouen IGMM,CNRS UMR 5535, Montpellier AMRVS/NCI/NIH, Bethesda, USA UMR 5537 Fac Médecine RTH Laënnec,Lyon Lab.Ch. H Uittenbogaart UCLA, Los Angeles AFSSA-LERAP, Ploufragan INSERM U563, Hôp Purpan, Toulouse Ctre Medical Research ZMF, Tuebingen EFS, La Tronche INSERM U 753, IGR, Villejuif Institut Pasteur de Lille INSERM U653 Institut Curie, Paris CIML Parc Scientifique Luminy, Marseille INSERM U662, Hôp. St-Louis, Paris Institut Pasteur, Paris INSERM U 768 Hôp Necker, Paris Institut Cochin, Paris INSERM U662, Hôp. St-Louis, Paris INSERM U 659 Faculté de Médecine, Créteil Stallergenes, antony INSERM U 503, IFR 128, Lyon INSERM U 768 Hôp Necker, Paris EA 2966,Université Bordeaux 2 Pierre Tiberghien, Philippe Saas Maria C.Leite de Moraes, Michel Dy Jacques Nunès, Cécile Tonnelle Grégory Verdeil, Annick Guimezanes Gaëtane Woerly, Thierry Mallevaey Chantal Rabourdin-Combe, Nathalie Bonnefoy-Bérard Armand Bensussan, Christian Schmitt Catherine Fridman, Brigitte autran Fathia Mami-Chouaib, Salem Chouaib Claudine Schiff, Stéphane Mancini Jean Kanellopoulos, Dominique Rueff-Juy Adrien Six, Dominique Rueff-Juy Jacques Nunes, Jean Imbert Nathalie Auphan-Anezin, Annick Guimezanes Denis Gerlier, Hélène Valentin François Tron, Olivier Boyer Nelly Noraz, Joël Pestel Joël Pestel, Adrien Six Denis Gerlier, Hélène Valentin Claude Leclerc, Geneviève Milon Gaëlle Kuntz-Simon, Marie-Caroline Dieu-Nosjean Jean Charles Guéry, Aurélie Wiedemann Joël Pestel, Hans Yssel Joël Plumas, Laurence Chaperot Fathia Mami-Chouaib, Salem Chouaib Gaëtane Woerly, Thierry Mallevaey Claire Hivroz, Francesc Miro Anne-Marie Schmitt-Verhulst, Nathalie Auphan-Anezin Nuala Mooney,Antoine Toubert Pierre Bruhns, Philippe Benaroch Alain Fischer, Jean Pierre de Villartay Armelle Prévost-Blondel, Anne Hosmalin Nuala Mooney,Antoine Toubert Armand Bensussan, Christian Schmitt Xavier Preville, Claude Leclerc Chantal Rabourdin-Combe, Christne Servet-Delprat Alain Fischer, Geneviève de Saint Basile Klaus Petry, Djavad Mossalayi Michel Kazatchkine, Sébastien Lacroix-Desmazes ■ ■ ■ suite page 6 SFI ACTUALITÉS 5 Assemblée générale suite MONTPELLIER Bertrand MOREAU Pierre MOUTEL Sandrine MUGNIER Bénédicte NADEL Bertrand NANCEY Stéphane NASCIMBENI Michelina NOSBAUM Audrey PAYET-BORNET Dominique PLANELLES Lourdes PREVILLE Xavier RATAJCZAK Céline REBUFFAT Sandra RIGAUD Stéphanie RIVERA-MUNOZ Paola ROBBINS Scott Hamilton ROSE Thierry ROULLAND Sandrine SALCEDO Margarita SAMSON Michel SAUTIERE Pierre-Eric SCHAERLINGER Bérénice SIBERIL Sophie SIX Emmanuelle SOULAS-SPRAUEL Pauline STEINCKWICH Natacha STEWART Charles TELLIER Julie TOMKOWIAK Martine TROADEC Samuel VANDIEDONCK Claire VOCANSON Marc WEHBE Maria CIML Parc Scientifique Luminy, Marseille Institut Paoli-Calmettes UMR599, Marseille Institut Curie, lab Transfert, paris CIML INSERM-CNRS, Luminy, Marseille CIML, INSERM-CNRS,Luminy, Marseille INSERM U404 CERVI, IFR128, Lyon Institut Cochin, Paris CH Lyon Sud, Pierre- Bénite CIML Parc Scientifique Luminy, Marseille IGMM,CNRS UMR 5535, Montpellier BT Pharma, Labège Innopole INSERM U 774 Institut Pasteur, Lille CNRS UMR 5160, Fac Pharmacie, Montpellier INSERM U 768 Hôp Necker, Paris INSERM U 768 Hôp Necker, Paris CIMLParc Scientifique Luminy, Marseille Institut Pasteur, Paris CIML Parc Scientifique Luminy, Marseille IDM-Luti, Ctre Rech. Cordeliers, Paris INSERM U620, Fac Méd-Pharm Univ Rennes1 UST de Lille Univ. H. Poincaré Nancy1, Vandoeuvre Lès Nancy INSERM U681, CRB des Cordeliers, Paris INSERM U768 Hôp. Necker, Paris INSERM U 768 Hôp Necker, Paris Fac Sciences EA 3442, UHP Nancy 1 CIML, Campus de Luminy, Marseille INSERM U563, Hôp Purpan, Toulouse INSERM U503, Lyon Grégory Verdeil, Nathalie Auphan-Anezin Jacques Nunes, Cécile Tonnelle Philippe Benaroch, Marc Daeron Claude Boyer, Nathalie Auphan-Anezin Pierre Golstein, Claudine Schiff Dominique Kaiserlian, Bertrand Dubois Anne Hosmalin, Armelle Blondel Jean-François Nicolas, Frédéric Bérard Annick Guimezanes, Nathalie Auphan-Anezin Nelly Noraz, Paul Guglielmi Claude Leclerc, Jean-François Nicolas Joël Pestel, Philippe Gosset Sylvie Péraldi-Roux, Marie-Paule Lefranc Alain Fischer, Geneviève de Saint Basile Alain Fischer, Jean Pierre de Villartay Eric Vivier, Pierre Golstein Claude Leclerc, Jacques Theze Claudine Schiff, Nathale Auphan-Anezin Nadège Bercovici, Alessandra Nardin Michel Dy, Hugues Gascan Ali Ouaissi, Joël Pestel Marie-Paule Lefranc, Gilbert Faure Jean-Luc Teillaud, Sébastien Lacroix-Desmazes Alain Fischer, Isabelle André-Schmutz Alain Fischer, Jean Pierre de Villartay Olivier Nüsse, Marie-Christine Béné Eric Vivier, Nathalie Auphan-Anezin Jean-Charles Guéry, Cécile Demeur Yann Leverrier, Christophe Arpin CNRS UMR 5160, Fac Pharmacie, Montpellier The Wellcome Trust Centre for HG, Oxford- UK INSERM U503, Lyon CIML Marseille Luminy Sylvie Péraldi-Roux, Marie-Paule Lefranc Henri-Jean Garchon, Saoussen Karray Jean-François Nicolas, Anca Hennino Claude Boyer, Annick Guimézanes Démissions CHATELAIS-MARGARITE Christel CARBONNEIL Cédric FOURNIER Catherine VERSCHELLE Claire n° 1379 3046 456 3182 Retraités NAUCIEL Charles VIAC Jacqueline 141 530 Décès ROSSI Bernard TOURVIELLE-PHILIBERT Béatrice SFI ACTUALITÉS 6 1274 2060 Les membres du Conseil d’Administration Armand Bensussan - Président INSERM U841, Faculté de Médecine de Créteil [email protected] Joël Pestel - Secrétaire Général UMR CNRS 8017, IFR 118, SN3 Université des Sciences et Technologies de Lille [email protected] Gilbert Faure - Secrétaire Général Adjoint CHU & Faculté de Médecine - UHP Université Henri Poincaré, Nancy [email protected] Brigitte Autran - Trésorier Université Paris VI Pierre et Marie Curie [email protected] Conseillers Nathalie Bonnefoy-Bérard INSERM U 503, Lyon [email protected] Sophie Caillat-Zucman Equipe Avenir, INSERM U561, Paris [email protected] Michel Cogné Faculté de Médecine, UMR CNRS 6101, Limoges [email protected] Sylvia Cohen Kaminsky CNRS UMR 8162, Université de Paris-Sud [email protected] Michel Fougereau Université de Marseille [email protected] ou [email protected] Paul Guglielmi [email protected] Noëlle Genetet Faculté de Pharmacie de Rennes [email protected] Jean-Luc Guesdon Institut Pasteur Paris [email protected] Fathia Mami-Chouaib INSERM U753, IGR Villejuif [email protected] Ali Ouaissi INSERM, Centre IRD UR008 de Montpellier [email protected] Nathalie Thieblemont CNRS-UMR 8147, Hôpital Necker, Paris [email protected] I mmunologie reconnaître que le critère de discrimination entre l’immunogène et le non-immunogène n’est pas celui du soi et du non-soi. QUAND ET POURQUOI UNE RÉPONSE IMMUNITAIRE ESTELLE DÉCLENCHÉE ? Thomas Pradeu1, Edgardo D. Carosella2 1Institut d'Histoire et de Philosophie des Sciences et des Techniques, Université de la Sorbonne, Paris 2Service de Recherches en HématoImmunologie, Commissariat à l'Energie Atomique, Paris [email protected] Tout d’abord, donc, le critère du soi et du nonsoi doit, depuis une vingtaine d’années, faire face à un nombre toujours croissant d’exceptions. Le premier ensemble d’exceptions concerne l’autoréactivité. Marqués par le dogme de l’horror autotoxicus proposé par Paul Ehrlich au tout début du XXe siècle (2), les immunologistes n’ont jusqu’à récemment vu dans l’autoréactivité qu’un dérèglement pathologique. Néanmoins, il est apparu de plus en plus clairement depuis une quinzaine d’années que des mécanismes d’autoréactivité sont indispensables au bon fonctionnement immunitaire (3, 4). Autrement dit, seul un organisme dont les constituants immunitaires réagissent au soi peut être en bonne santé. Cette autoréactivité ne consiste pas seulement en des interactions entre les cellules immunitaires et les épitopes endogènes : elle est souvent effectrice, c'est-à-dire qu’il y a véritablement déclenchement de mécanismes effecteurs d’activation ou d’inhibition. C’est le cas par exemple avec la phagocytose des cellules mortes (5) et avec le fonctionnement des cellules T régulatrices (6). Le deuxième ensemble d’exceptions concerne la tolérance immunitaire. Bien que l’idée même de tolérance immunitaire soit ancienne, puisqu’elle fondait le projet théorique de Burnet lui-même lorsqu’il proposa le critère du soi et du non-soi, l’immunologie contemporaine a montré la diversité et l’importance de ces phénomènes de tolérance immunitaire, dont nous étudions quatre exemples majeurs : relations entre hôte et bactéries commensales, ces dernières étant dans de nombreux cas indispensables à la survie de RÉFÉRENCES L ’objectif théorique principal de l’immunologie est de fournir un critère d’immunogénicité, c'est-à-dire de déterminer à quelles conditions une réponse immunitaire est déclenchée. Depuis que le virologiste australien Frank M. Burnet l’a proposé dans les années 1940, le critère du "soi" et du "non-soi" domine l’immunologie. Selon ce critère, l’organisme déclenche une réponse immunitaire de rejet contre toute entité qui lui est étrangère (non-soi), alors qu’il tolère toute entité qui lui est propre (soi). Dans un article récent (1), nous soutenons trois thèses : i) le critère du soi et du non-soi doit aujourd'hui faire face à trop d’exceptions pour être maintenu comme tel ; ii) un autre critère, dit «critère de continuité», permet de rendre compte d’une manière plus adéquate des données immunologiques actuelles ; iii) il est tout à fait légitime de dire que l’immunologie a pour objet le soi biologique si par là on entend qu’elle réfléchit sur ce qui constitue la cohésion de l’organisme (i.e. ce que l’organisme intègre versus ce qu’il rejette), mais à condition de 1. Pradeu T & Carosella ED 2006. On the definition of a criterion of immunogenicity. PNAS 103:17858-17861. 2. Ehrlich P 1900. On immunity with special reference to cell life. Proc Royal Soc 66: 424-448. 3. Ashton-Rickardt PG et al 1994. Evidence for a differential avidity model of T cell selection in the thymus. Cell 76:651-663. 4. Freitas AA & Rocha B 1999. Peripheral T cell survival. Curr Opin Immunol 11:152-156. 5. Savill J et al 2002. A blast from the past: clearance of apoptotic cells regulates immune responses. Nat Rev Immunol 2:965-975. 6. Sakaguchi S 2004. Naturally arising CD4+ regulatory T cells for immunologic selftolerance and negative control of immune responses. Annu Rev Immunol 22:531-562. 7. Engelhorn ME et al 2006. Autoimmunity and tumor immunity induced by immune responses to mutations in self. Nat Med 12:198-206. 8. Wilson D 1972. The Science of Self - A Report of the New Immunology. Longman, London. l’organisme, mais aussi au développement chez lui d’un système immunitaire efficace ; tolérance de parasites ; tolérance foeto-maternelle, notamment à travers l’expression de la molécule HLA-G et l’implication des cellules T régulatrices ; chimérisme. Tous ces exemples montrent que chaque organisme multicellulaire contient en son sein de très nombreuses entités étrangères (nonsoi), contre lesquelles il ne déclenche pas de réponse immunitaire. A partir de ces difficultés rencontrées par le critère du soi et du non-soi, nous proposons un autre critère d’immunogénicité, dit "critère de continuité", qui, comme le critère du soi et du non-soi, se fonde sur l’idée que le système immunitaire discrimine entre des différences antigéniques (différences de motifs moléculaires), mais qui, contrairement au critère du soi et du non-soi, refuse l’idée selon laquelle le critère de cette différenciation serait le caractère exogène ou endogène de l’antigène. Selon le critère de continuité, toute réponse immunitaire effectrice est due à une discontinuité antigénique forte, c'est-à-dire à l’apparition d’épitopes différents (qu’ils soient endogènes ou exogènes) de ceux avec lesquels les récepteurs immunitaires réagissent continûment. Les récepteurs immunitaires impliqués sont ceux portés par les macrophages, les lymphocytes, etc. Le critère de continuité pose donc que c’est un changement antigénique fort qui induit la réponse immunitaire, et non l’apparition dans l’organisme d’antigènes exogènes. Le critère de continuité fournit donc une explication au déclenchement des réponses immunitaires, mais permet aussi de comprendre les conditions dans lesquelles une nouvelle continuité est induite, conduisant à la tolérance d’un nouvel antigène (induction de tolérance par induction de continuité). Plusieurs données montrent qu’il est avantageux d’adopter le critère de continuité : la régulation de l’immunité (phagocytose des cellules mortes, etc.) ; les réactions immunitaires aux cellules cancéreuses (qui sont clairement des cellules du soi, mais qui diffèrent antigéniquement des cellules normales de l’organisme) ; le caractère intrinsèquement immunogène de certaines mutations (7) ; la tolérance des bactéries commensales et de nombreux parasites ; la tolérance foeto-maternelle et le chimérisme. Enfin, nous pensons que l’immunologie, qui a été définie depuis les années 1960 comme "la science du soi et du non-soi" (8), peut toujours considérer que son objet est le soi, à condition de comprendre par là que l’immunologie étudie ce qui fait la cohésion d’un organisme pluricellulaire, c'est-à-dire les raisons pour lesquelles des entités - qu’elles soient endogènes ou exogènes - sont tolérées par le système immunitaire d’un organisme, et donc sont à proprement parler des constituants de cet organisme. L’immunologie a donc pour objet les conditions de la cohésion d’un organisme, ce qui n’implique pas qu’elle ait pour critère d’immunogénicité l’opposition entre l’endogène (soi) et l’exogène (non-soi). ■ ■ ■ SFI ACTUALITÉS 7 P rix JACQUES OUDIN LE PRIX JACQUES OUDIN 2006 DE RECHERCHE EN IMMUNOLOGIE CLINIQUE Frédéric Rieux-Laucat, lauréat du Prix Jacques Oudin 2006, pour son travail sur Identification des bases génétiques du syndrome lymphoprolifératif avec autoimmunité chez l’homme, est Directeur de recherche au sein de l’unité INSERM 768 à l'Hôpital Necker à Paris. Le Prix Jacques Oudin de Recherche en Immunologie Clinique, attribué par le Laboratoire français du Fractionnement et des Biotechnologies et la Société Française d’Immunologie, récompensera un travail de recherche ayant des applications cliniques dans les domaines de l'auto-immunité ou des déficits immunitaires. Le montant du prix est : 10 000 €. La remise du prix a eu lieu lors du 16 e Congrès Européen d’Immunologie à Paris. L IDENTIFICATION DES BASES GÉNÉTIQUES DU SYNDROME LYMPHOPROLIFÉRA TIF AVEC AUTOIMMUNITÉ CHEZ L'HOMME Frédéric Rieux-Laucat INSERM U768, Hôpital Necker Paris [email protected] e syndrome lymphoprolifératif avec auto-immunité (ALPS), aussi connu sous le nom de syndrome de Canale-Smith ("Online Mendelian Inheritance in man" N° 601859), est une maladie génétique rare qui est la conséquence d'un défaut de mort cellulaire induite après activation (AICD, pour Activation-Induced Cell Death). L'AICD assure le maintien de la tolérance périphérique en contribuant à prévenir l'émergence de réponses autoimmunes. L'AICD fait essentiellement intervenir le récepteur Fas qui appartient à la famille du Tumor Necrosis Factor-Receptor (TNF-R) (1), dans laquelle il est dénommé TNFRSF 6. Fas contient un domaine cytoplasmique (Domaine de Mort ou DD pour Death Domain) qui assure l'interaction avec des protéines intracellulaires indispensables à la signalisation de l'apoptose, comme la molécule FADD (Fas Associated Death Domain). Cette dernière contient un "Domaine Effecteur de Mort" (DED pour Death Effector Domain), qui assure l'interaction avec des protéases contenant un tel domaine. Ces cystéine protéases appartiennent à la famille des Caspases, sont présentes dans le cytoplasme sous forme de pro-enzyme, et peuvent s'activer entre elles, réalisant ainsi une cascade protéolytique qui aboutit à l'apoptose (2). Les évènements primordiaux de l'induction du signal apoptotique induit par Fas sont l'association de Fas à FADD et le recrutement de Caspase 8, ainsi que Caspase 10, qui s'autoactivent au sein d'un complexe multimoléculaire appelé DISC (pour Death Inducing Signaling Complex) qui contient également FLIP, un analogue de Caspase 8 dépourvu d'activité enzymatique. Le rôle de Fas dans l'induction de l'apoptose lymphocytaire et le maintien de la tolérance périphérique est illustré par le phénotype de deux lignées de souris mutantes, lpr et lpr cg (3) qui portent des mutations du gène Fas. A l'état homozygote, ces mutations conduisent à un défaut complet d'apoptose et à l'apparition d'un syndrome lymphoprolifératif caractérisé par une splénomégalie et des adénopathies multiples, conséquences d'une prolifération lymphocytaire incontrôlée. La sévérité des manifestations auto-immunes, ainsi que la survie de ces animaux, varient notablement en fonction du fonds génétique sur lequel la lignée est a été établie (4, 5). Chez l'homme, l'ALPS a été décrit il y a plus de 30 ans (6). Ce syndrome tumoral bénin (adénopathies et/ou splénomégalie et/ou SFI ACTUALITÉS 8 hépatomégalie) d'apparition précoce (en moyenne avant l'âge de cinq ans), s'accompagne d'une hypergammaglobulinémie essentiellement G et A, et de l'accumulation dans le sang et les organes lymphoïdes secondaires d'une population polyclonale de lymphocytes T rare (7). Ces lymphocytes T exprimant un TcR ("T cell receptor") ␣ matures n'expriment ni le CD4 ni le CD8 et sont ainsi appelés "lymphocyte T doubles négatifs" (LT DN). Par analogie avec le modèle des souris lpr, nous avons identifié les premières mutations de Fas chez l'homme (8). Nous avons depuis caractérisé plus de 60 nouvelles mutations (9-13). Ce travail a permis de confirmer le rôle essentiel de Fas dans le contrôle de l'homéostasie lymphocytaire chez l'homme, et d'identifier ainsi un facteur de susceptibilité aux maladies auto-immunes de l'enfant. Le défaut humain est hétérogène, tant sur le plan clinique que génétique. Il existe une pénétrance clinique variable des mutations. Dans certaines familles, il est observé des co-latéraux porteurs de la mutation du gène Fas qui ne présentent pas de signes cliniques malgré un défaut d'apoptose de leurs lymphocytes, induite par Fas in vitro. Nos résultats, renforcés par des données de la littérature, indiquent que les mutations du domaine extracellulaire ont une pénétrance clinique d'environ 30% contre plus de 80% pour les mutations intracellulaires (13-15). L'ALPS peut être subdivisé en fonction du RÉFÉRENCES 1. Locksley RM et al 2001. The TNF and TNF receptor superfamilies: integrating mammalian biology. Cell 104:487-501. 2. Krueger A et al 2003. The role of CD95 in the regulation of peripheral T-cell apoptosis. Immunol Rev 193:58-69. 3. Nagata S & Suda T 1995. Fas and Fas ligand: lpr and gld mutations. Immunol Today 16:39-43. 4. Morse HC et al 1985. Abnormalities induced by the mutant gene, lpr. 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Holzelova E et al 2004. Autoimmune lymphoproliferative syndrome with somatic Fas mutations. N Engl J Med 351:1409-1418. ■ ■ ■ défaut génétique (16). Des mutations homozygotes de Fas conduisent à un défaut d'expression complet du récepteur (ALPS-0), alors que des mutations hétérozygotes dominantes sont associées à un défaut fonctionnel avec une expression de Fas le plus souvent normale (ALPS Ia) (17-20). Les ALPS-II regroupent les défauts en aval de Fas, dans la voie de signalisation. Des mutations du gène codant la caspase 10, un composant essentiel du complexe de signalisation de Fas, ont été identifiées chez deux patients atteints d'ALPS II (21). Deux cas de déficit en expression du Fas ligand (FasL) ont été décrits chez l'homme (22, 23). Dans un des cas, il s'agit probablement d'une mutation dominante somatique chez un patient atteint de lupus (23). Dans le second cas, il s'agit d'une mutation homozygote récessive de FasL chez une patiente atteinte d'ALPS et née de parents consanguins bien portants. Enfin, l'ALPS III regroupe les patients chez qui l'apoptose induite par Fas est normale et pour lesquels des défauts du gène codant le FasL sont exclus. Ces patients constituent un groupe important de la cohorte. Néanmoins, ce dernier groupe étant jusqu'à maintenant défini par défaut, l'hétérogénéité phénotypique y est plus importante. Nous avons d'abord étudié les cellules des patients qui présentent au moins trois critères d'inclusion, et notamment, la présence en proportion importante de lymphocytes T DN. En effet, chez la souris, cette population n'est retrouvée à ce jour que dans les lignées lpr et gld. En outre, cette population disparaît rapidement en culture. Partant de l'hypothèse que les LT DN sont caractéristiques de l'ALPS avec défaut d'apoptose induite par Fas, nous les avons triés et nous avons analysé l'expression de Fas. Le séquençage de l'ADN préparé à partir des LT DN a permis d'identifier des mutations hétérozygotes de Fas chez six patients ALPS-III (24). Comme les lymphocytes T DN meurent en culture, ces mutations ne sont pas retrouvées sur les lymphocytes activés in vitro. Une étude détaillée des sous-populations lymphoïdes, myéloïdes et des progéniteurs hématopoïétiques a été réalisée chez deux patients. Alors que les mutations sont indétectables sur des échantillons provenant de la muqueuse buccale ou du bulbe capillaire, elles sont retrouvées en faible proportion (moins de 1%) dans les progéniteurs médullaires. Ces mutations sont retrouvées dans 10% des lymphocytes (T␣, T␥␦, NK, B) ■ ■ ■ suite page 10 SFI ACTUALITÉS 9 B rèves ■■■ des monocytes ou des granulocytes. Enfin, les mutations sont retrouvées dans 100% des lymphocytes T DN. Ces résultats montrent qu'une proportion réduite de lymphocytes mutants est suffisante pour déclencher un syndrome aussi important que chez des individus qui portent la mutation dans toutes leurs cellules. Les mutations confèrent probablement un avantage sélectif au cours de la différenciation des différentes lignées hématopoïétiques, et en périphérie principalement aux lymphocytes T. Les mutations observées sont probablement apparues dans des cellules souches hématopoïétiques. Nous avons proposé de nommer ALPS-Im (pour mosaïque) les ALPS associés à des mutations somatiques de Fas (24). Identification de mutations héritées et somatiques de CD3 chez un patient atteint de déficit immunitaire T Nous avons étudié les lymphocytes d'un patient atteint d'un déficit immunitaire T (les fonctions B et NK étant normales). Le phénotypage a mis en évidence une lymphopénie T caractérisée par la détection d'une population majoritaire (90%) exprimant un faible niveau de complexe CD3-TcR (CD3 low ), et d'une population minoritaire exprimant normalement le complexe CD3-TcR (CD3high). La population CD3 low est composée de lympho cytes CD4+ et CD8+ qui ne prolifèrent pas après stimulation du TcR. Nous avons identifié une mutation nulle homozygote du gène CD3 dans ces cellules ainsi que dans les fibroblastes et une lignée B-EBV du patient (16). Cette mutation est retrouvée à l'état hétérozygote chez la mère du patient suggérant qu'elle a été héritée des deux parents (le père est inconnu). Elle introduit un codon stop précoce en position 70 (Q70X) dans la protéine avant le premier domaine ITAM de la chaîne CD3. Cette chaîne n'est pas détectée en analyse par le Western Blotting. L'analyse des lymphocytes T CD3 high purifiés a permis d'identifier quatre mutants de CD3. Un mutant correspond à la mutation héritée, alors que les trois autres mutants affectent les deux autres bases du même codon et transforment le codon stop hérité en codon faux sens (Tryptophane, Leucine ou Tyrosine). Ces mutations ne sont pas retrouvées sur d'autres types cellulaires du patient ni sur plus de 160 chromosomes SFI ACTUALITÉS 10 contrôles excluant la présence d'un polymorphisme sur ce codon. La population CD3high est donc composée de lymphocytes qui portent la mutation "stop" (héritée) sur un allèle, et une mutation faux sens (somatique) du codon 70. L'étude du répertoire montre que les populations CD3high et CD3low sont polyclonales mais que leur diversité est plus faible que chez un contrôle du même âge. Nous avons également établi que les mutations somatiques qui ont transformé le codon stop sont apparues avant les réarrangements de la chaîne bêta du TcR. Elles permettent l'expression d'une chaîne CD3 complète mais probablement peu fonctionnelle, expliquant ainsi que ces cellules mutantes sont restées minoritaires au cours du temps. Les données biochimiques obtenues sur cette population sont en accord avec cette observation puisque nous n'observons pas de phosphorylation de ZAP70 après stimulation du TcR. Ce travail a permis de décrire le premier défaut de CD3 chez l'homme, complétant ainsi le tableau des déficits humains du complexe CD3-TcR. Il permet également de mettre une fois de plus en lumière le rôle des mutations somatiques dans la modulation de l'expression des maladies génétiques du système immunitaire. Ces mécanismes de mutations somatiques de gènes impliqués dans la survie ou la mort des lymphocytes T semblent fréquents, et sont révélés par l'avantage sélectif qu'ils procurent aux progéniteurs T. Il est possible que l'étude de ces mécanismes permette d'identifier les bases moléculaires d'autres déficits immunitaires idiopathiques et/ou sporadiques. IDENTIFICATION DE CELLULES “LYMPHOME FOLLICULAIRE-LIKE” CHEZ LES INDIVIDUS EN BONNE SANTÉ : UNE NOUVELLE VISION DE LA LYMPHOMAGENÈSE FOLLICULAIRE Sandrine Roulland, Bertrand Nadel Centre d'Immunologie de Marseille-Luminy, CNRS-INSERM-Université de la Méditerranée - Marseille [email protected] [email protected] 1 L e lymphome folliculaire (LF) constitue l’une des formes les plus fréquentes de lymphome B non-Hodgkinien de l’adulte, représentant environ 20 à 30% des cas. Bien que la majorité des patients présentent une pathologie indolente, d’évolution lente sur plusieurs années, les LF sont majoritairement diagnostiqués à un stade avancé de la maladie avec une présentation disséminée impliquant à la fois les organes lymphoïdes secondaires et la moelle osseuse. En dépit d’indiscutables progrès dans les traitements disponibles, combinant chimio- et immunothérapies, dont le Rituximab, le LF reste à l’heure actuelle incurable. Au niveau biologique, le LF est un lymphome B mature qui résulte de la transformation maligne de cellules B folliculaires issues des centres germinatifs (CG) (réf. 1). Le LF conserve l’architecture des CG normaux et se compose d’un mélange de centroblastes/centrocytes qui prolifèrent dans les follicules au sein d’un réseau de cellules folliculaires dendritiques, de cellules T et/ou stromales supportant la croissance tumorale. Les processus d’hypermutation somatique (SHM) et de switch isotypique (CSR) demeurent actifs et les cellules du LF maintiennent l’expression de marqueurs spécifiques des CG tels que BCL-6, CD38, CD10, l’immunoglobuline de surface (sIgM>sIgG>sIgA) et l’accumulation de mutations somatiques sur l’allèle IGH exprimé. En dépit de ce phénotype mature, les analyses moléculaires ont révélé que la lympho magenèse folliculaire n’est pas initiée dans le CG mais est un processus multi-étape débutant lors de la différenciation lymphocytaire B dans la MO lors d’une erreur de la recombinaison V(D)J (2). Dans plus de 85% des cas, le LF est associé à la translocation chromosomique t(14;18) (q32;q21) plaçant l’oncogène BCL2 à proximité de la séquence régulatrice E du locus de la chaine lourde de immunoglobulines (IGH), et conduisant à une expression dérégulée de la protéine antiapoptotique BCL2. Bien que cette translocation soit considérée comme l’événement initiateur clé du LF, cette anomalie à elle seule n’est toutefois pas suffisante et des étapes de différenciation et d’acquisition d’événements oncogéniques supplémentaires sont nécessaires à la transformation maligne de ces cellules. Ceci a été notamment illustré dans des modèles transgéniques, où la dérégulation de l’oncogène BCL2 placé sous le contrôle de l’enhancer E, aboutit au développement d’hyperplasies folliculaires progressant en lymphome B agressif et avec une période de latence relativement longue (3, 4). Par ailleurs, de nombreuses études ont montré que des cellules t(14;18) + sont présentes à faible fréquence dans les lymphocytes périphériques d’individus en bonne santé (5, 6). Chez ces individus, il est généralement considéré que ces cellules t(14;18)+ sont des cellules B naïves quiescentes avec un potentiel oncogénique restreint lié en partie à l’expression constitutive de BCL2 à ce stade de différenciation. Cependant, la persistance à long terme (>3 ans) des clones BCL2-IGH dans le sang périphérique d’individus sains (6) et l’existence d’une immunomodulation de la fréquence de translocation associée à la présence/absence d’un stimulus antigénique (ex : VHC) (réf. 7) nous ont amenés à remettre en question ce scénario de cellules B naïves “innocentes” porteuses d’une t(14;18) chez les individus sains. Afin d’y répondre, nous avons développé des approches moléculaires et cellulaires visant à préciser le statut immuno/phéno/génotypique des clones t(14 ;18)+ présents dans le sang périphérique d’individus sains. Dans une 1ère approche, nous avons cherché à déterminer si ces clones t(14;18)+ circulants étaient effectivement des cellules B naïves en analysant la présence de CSR associé. Le switch isotypique est un mécanisme spécifique de la réaction des CG qui est absent des cellules B naïves. Afin de caractériser les rares cellules t(14;18)+ parmi le pool de cellules B periphériques, nous avons tiré parti de leur signature moléculaire unique BCL2/JH. En effet, les données chez les patients LF ont montré que cette jonction n’empêche pas la survenue de CSR en aval. Deux expériences de PCR Longue-Distance ont été développées permettant l’amplification de jonctions BCL2/S (absence de CSR) ou BCL2/S␥ (CSR sur l’alléle transloqué). Les expériences conduites chez 6 individus sains t(14;18)+ à relativement forte fréquence (10-5) indiquent clairement que la plupart des cellules t(14;18)+ Figure 1 : Vers une nouvelle vision de la lymphomagenèse folliculaire. Dans ce modèle, la translocation t(14;18) et la dérégulation consécutive de l’oncogène BCL2 est initiée suite à une erreur du processus de recombinaison V(D)J au cours de la différenciation B précoce dans la MO. Cette translocation n’empêche toutefois pas les cellules de poursuivre leur différenciation de sortir de la MO et d’entrer dans le sang périphérique en tant que cellules naïves matures t(14;18) +. Sous l’influence d’un stimulus antigénique certaines de ces cellules deviennent activées et s’engagent dans la réaction des CGs où elles subissent expansion clonale SHM et CSR en contact étroit avec le microenvironnement folliculaire constitué de FDC et cellules folliculaires T Helper (T FH ). En dépit d’une accumulation potentielle de mutations délétères par SHM, l’expression ectopique de BCL2 à ce stade de différenciation protège ces cellules d’une mort cellulaire par apoptose et favorise leur accumulation dans la zone claire des CG. Nos résultats, montrant un CSR actif au niveau de l’allèle transloqué mais pas sur l’allèle exprimé des cellules t(14;18) + circulantes, suggèrent que comme pour les LF elles soient soumises à une pression de sélection en faveur de l’expression d’une sIgM leur permettant de quitter les CG avec un phénotype de maturation incomplète. Les cellules t(14;18) + chez les individus sains présentent donc les caractéristiques phénotypiques et génotypiques des LF (CD19 + CD27 + sIgM + > sIgG + [CSR + SHM + t(14; 18)+]) ce qui nous a amené à désigner ces cellules “LF-Like”. A ce stade, de nombreuses questions se posent notamment sur le devenir de ces cellules et leur capacité à acquérir les événements oncogéniques supplémentaires nécessaires à la transformation en LF. ■ ■ ■ suite page 12 SFI ACTUALITÉS 11 B rèves suite ■■■ ont subi ce processus de switch en aval de la jonction et ne sont pas, par conséquent, des cellules B naïves. Dans une seconde approche, nous avons cherché à déterminer si ces cellules t(14 ;18)+ avaient effectivement transité par les CG en précisant leur immuno phénotype. En périphérie, les cellules B naïves et mémoires peuvent être séparées sur la base de marqueurs membranaires dont le CD27 et l’Ig de surface (IgM/D or G/E/A). Des échantillons sanguins issus de 10 individus sains ont été collectés et les trois principales sous-populations lymphocytaires B ont été isolées par tri cellulaire : (1) cellules naïves IgD+/CD27-, (2) les cellules IgM à mémoire IgD + /CD27 + et (3) les cellules mémoires switchées IgD-/CD27+. Dans chaque sousfraction, la détection et quantification des jonctions BCL2/J H a été réalisée par PCR conventionnelle dans des conditions de fluctuation nécessaires à l’estimation de la fréquence pour les événements rares. Nos résultats montrent d’une part, une large modulation de fréquence de translocation chez les individus sains et d’autre part que cette variation inter-individuelle n’est pas liée à l’accumulation de cellules B naïves indépendantes mais plutôt à une expansion clonale dans les CG des cellules t(14 ;18)+. De plus et contre toute attente, la sous-population comportant les plus forts taux de translocation est la fraction IgD + /CD27 + et non pas la fraction IgD-/CD27+ correpondant à la souspopulation des cellules B mémoires switchées. Cette prépondérance d’une IgM/D de surface et non d’un isotype switché à la surface des cellules t(14 ;18)+ est en apparente contradiction avec notre précédente observation montrant la présence majoritaire de CSR sur l’allèle transloqué. Afin de mieux interpréter ce paradoxe allélique, nous avons évalué la présence de jonctions BCL2/S et BCL2/S␥ au sein des 3 sous-populations. Nos résultats confirment que le CSR est bien absent sur les deux allèles dans la fraction naïve et systématiquement observé dans la fraction IgD-/CD27+. Par contre, la présence de CSR est à nouveau majoritairement observée sur l’allèle transloqué dans la sous-population IgD + /CD27 + . Ces données confirment le “para-doxe allélique” des cellules t(14;18)+ chez les individus sains : présence de CSR sur l’alléle transloqué mais pas sur l’alléle exprimé. Ce phénotype atypique parmi les souspopulations lymphocytaires B périphériques correspond cependant aux caractéristiques phéno-génotypiques des cellules t(14 ;18) du LF (8). Contre toute attente, nos données montrent donc que loin d’être des cellules B naïves quiescentes, les cellules t(14;18)+ chez les individus sains présentent les caractéristiques phénotypiques et génotypiques des LF (CD19+, CD27+, sIgM+ > sIgG+, [CSR+ SHM+ t(14;18) + ]). L’identification de ce nouvel intermédiaire nous a conduit à proposer un nouveau modèle de la lympho magenèse folliculaire (figure 1). Ces cellules que l’on a choisi de désigner par le terme de “LF-like” seraient par conséquent à un stade de différenciation B bien plus avancé qu’initialement envisagé et pourraient représenter des précurseurs précoces de la pathogenèse du LF (9). L’existence de ces “LF-like” ouvre un large panel d’investigations notamment sur la compréhension des voies de progression à la maladie, sur le rôle clé joué par le microenvironnement comme support de la croissance tumorale et sur l’utilisation potentielle de la t(14;18) dans le sang comme marqueur précoce de lymphome. Julie Cabarrocas, Cécile Cassan, Roland Liblau RÉFÉRENCES 1. Kuppers R et al 2005. Mechanisms of B-cell lymphoma pathogenesis. Nat Rev Cancer 5:251262. 2. Marculescu R et al 2006. Recombinase chromosomal translocations and lymphoid neoplasia: Targeting mistakes and repair failures. 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Chez ces souris, HA, qui peut être considéré comme un “néo” auto-antigène, est exprimé essentiellement par les astrocytes du SNC et les cellules gliales entériques, analogues des astrocytes pour le système nerveux intrinsèque du tube digestif ; l'expression du transgène a également été détectée par RT-PCR dans le thymus. D’autre part, la lignée 6.5-TCR, générée par Harald von Boehmer, exprime un TCR spécifique du peptide HA111-119 de l’hémaglutinine HA, restreint par la molécule du CMH de classe II, I-Ed. L'utilisation d'un anticorps monoclonal anti-clonotypique (clone 6.5) permet d'établir que chez les souris SFE-TCR, le TCR transgénique est exprimé à la surface de 15-20% des lymphocytes T CD4+ (1). Les souris double-transgéniques GFAP-HA x 6.5-TCR (DTg) issues du croisement entre les deux lignées décrites ci-dessus ne présentent aucun signe clinique ni histologique d’autoimmunité. L’article vise à caractériser les mécanismes de tolérance mis en place chez ces souris, et à comparer le développement des lymphocytes régulateurs spécifiques de HA, chez les animaux DTg et chez les animaux 6.5-TCR simple transgéniques (STg). Résumé des travaux L’étude phénotypique des lymphocytes T CD4 + en périphérie a montré que la fréquence des lymphocytes spécifiques de HA est fortement réduite chez les DTg par rapport aux STg (4,2+/-0,5% au lieu de 16,1+/-1,1%, dans la rate). In vitro, ces cellules prolifèrent moins en réponse au peptide HA111-119 lorsqu’elles proviennent de souris DTg, même après normalisation par rapport à la fréquence de cellules spécifiques de l’antigène. Une proportion importante des CD4+6.5+ des souris DTg expriment aussi CD25 (44,4+/3,5% ; 11,9+/-1,1% chez les STg). Ces cellules expriment d’autres marqueurs d’activation, tels que CD44 et CD69, mais également GITR et Foxp3, indiquant qu’elles appartiennent à la population des cellules T régulatrices (Tregs). Des expériences de co-cultures in vitro ont montré que ces cellules présentent des propriétés suppressives vis-à-vis des lymphocytes T CD4+6.5+ conventionnels issus de souris STg, en réponse à une stimulation polyclonale ou au peptide HA111-119. Leurs propriétés régulatrices ont également été testées in vivo. L’immunisation intramusculaire de souris Balb/c avec un virus (adeno-associated virus) recombinant exprimant HA (rAAV-HA) suscite une réponse T cytotoxique dirigée contre HA. Le transfert de lymphocytes CD4+CD25+ issus de souris DTg, mais pas de souris non transgéniques, permet d’inhiber l’activation des lymphocytes T CD8 + spécifiques de HA ainsi que l’inflammation des muscles exprimant HA suite à l’immunisation. Sachant que les souris DTg expriment HA dans le thymus, nous avons voulu savoir si les Tregs mises en évidence en périphérie chez ces souris étaient générées dans le thymus. Des études de cytométrie en flux ont montré que chez les DTg, la sélection négative des thymocytes spécifiques de HA se faisait à partir du stade CD4 + CD8 intermédiaire de la RÉFÉRENCES 1. Kirberg J. et al 1994. Thymic selection of CD8+ single positive cells with a class II major histocompatibility complex-restricted receptor. J Exp Med 180:25-34. 2. Hori S., M. Haury, A. Coutinho, and J. Demengeot. 2002. Specificity requirements for selection and effector functions of CD25+4+ regulatory T cells in anti-myelin basic protein T cell receptor transgenic mice. Proc Natl Acad Sci USA 99:8213-8218. 3. Cabarrocas J. et al 2006. Foxp3+CD25+ regulatory T cells specific for a neo-selfantigen develop at the double-positive thymic stage. Proc Natl Acad Sci USA 103:8453-8458. ■ ■ ■ sélection thymique, tandis que des cellules 6.5 + CD25 + apparaissaient en plus grand pourcentage dès le stade CD4+CD8+ double positif, par rapport aux souris STg. Cette différence existe également en nombre absolu au niveau double positif mais n’est plus marquée au niveau CD4 simple positif. Pour tester la possibilité que ces cellules régulatrices ne soient induites qu’en réponse à d’autres antigènes, grâce aux chaînes ␣ endogènes du TCR (2), nous avons généré des souris STg et DTg RAG -/- . Dans ce contexte, les souris STg ne produisent pas de CD4 + CD25 + Foxp3 + , tandis que des CD4+CD25+Foxp3+6.5+ sont détectées dans le thymus des DTg à partir du stade CD4 CD8 double positif. L’expression de HA dans le thymus permet donc la génération de Tregs spécifiques de cet antigène, qui apparaissent dans le thymus dès le stade double positif. Pour déterminer la nature des CPA thymiques exprimant HA responsables du dévelop pement des Tregs spécifiques de HA, nous avons réalisé des chimères en transférant de la moelle osseuse de donneurs STg RAG-/chez des receveurs Balb/c ou GFAP-HA irradiés. L’analyse des thymus des chimères a montré que des CD4+CD25+ spécifiques de HA se développent chez les receveuses GFAP-HA dès le stade double positif, suggérant que les CPA thymiques favorisant le développement des Tregs sont des cellules stromales d’origine non hémato poïétique. De fait, les cellules épithéliales thymiques des souris GFAP-HA expriment l’ARNm de HA et du gène GFAP endogène (3). Ainsi, ces travaux permettent de montrer que l’expression de HA, comme néo-antigène du système nerveux, par des CPA thymiques radio-résistantes, induit le développement ou l’expansion de Tregs spécifiques de cet antigène détectables dès le stade double positif de la maturation des thymocytes. L’augmentation du nombre absolu des CD4 + CD25 + 6.5 + dans le thymus chez les souris DTg par rapport aux STg plaide en la faveur d’un mécanisme d’induction ou d’amplification des Tregs en présence de l’auto-antigène. De plus, nos travaux illustrent l’intrication des mécanismes de tolérance dans le thymus (sélection négative, induction/ expansion des Tregs) vis-à-vis d’un autoantigène exprimé de façon ‘ectopique’ dans ce tissu. SFI ACTUALITÉS 13 B rèves suite D DOK-2 ET DOK-1, DEUX NOUVEAUX RÉGULATEURS NÉGATIFS DU SIGNAL D’ACTIVATION DU TCR Shen Dong, Frédérique Michel Unité de Signalisation des Cytokines, Institut Pasteur, Paris [email protected] [email protected] urant ces dernières années, notre connaissance de la transduction du signal émis par le récepteur de l’antigène du lymphocyte T (TCR) a grandement progressé grâce aux modèles de souris et de lignées de lymphocytes T génétiquement modifiés. Si ceux-ci ont permis de démontrer le rôle crucial et l’activation séquentielle de certaines protéines, l’étude des complexes multimoléculaires de signalisation reste nécessaire pour mieux comprendre la régulation du signal. L’état d’activation d’un lymphocyte T résulte de la balance entre les forces d’engagement et d’opposition au signal provenant des récepteurs de surface et/ou de régulateurs intracellulaires tels que les protéines kinases et phosphatases. D’autres régulateurs sont les protéines adaptatrices dont le rôle est de juxtaposer des protéines effectrices avec leur cible et donc de favoriser l’assemblage de complexes multimoléculaires. Les protéines adaptatrices peuvent jouent un rôle positif ou inhibiteur de l’activation lymphocytaire. Les désordres autoimmunitaires développés chez les souris déficientes pour certains adaptateurs inhibiteurs témoignent de l’importance de ces derniers dans le contrôle de la tolérance. Le but de notre travail a été d’étudier la fonction de la protéine adaptatrice Dok-2 dans l’activation du lymphocyte T humain et en particulier son rôle dans la cascade d’événements de signalisation précoce (1). Dok-2 et son homologue Dok-1 appartiennent à la famille DOK (Downstream Of Kinases). Ces adaptateurs ont été initialement identifiés comme substrats majeurs de la protéine kinase oncogénique Bcr-Abl dans la 3 leucémie myéloïde chronique chez l’homme (2, 3, 4). Leur région N-terminale, très conservée, est composée d’un domaine de liaison potentielle aux phospholipides (pleckstrin homology domain, PH) suivi d’un domaine de liaison à des tyrosines phosphorylées (phosphotyrosine binding domain, PTB, figure 1). Cette région apparaît requise pour leur recrutement à la membrane. Leur partie C-terminale possède des tyrosines phosphorylées dont la liaison avec la protéine Ras-GAP (2, 3, 4), inhibitrice de Ras, a été corrélée à leur fonction inhibitrice sur l’activation et la prolifération de nombreux types cellulaires. Plus récemment Dok-1 et Dok-2 ont été caractérisés comme régulateurs négatifs de l’homéostasie et de la prolifération cellulaire, en particulier de la lignée myéloïde, chez les souris invalidées génétiquement (5, 6). Qu’en est-il des lymphocytes T ? Chez les souris Hairless, dans lesquelles l’expression de Dok-2 est diminuée, les lymphocytes T ont une prolifération accrue en réponse à la stimulation du TCR et de cytokines (3). Inversement, des souris surexprimant Dok-2 ont un défaut du développement des thymocytes (7). Cependant, le mécanisme d’action moléculaire de Dok-1 et surtout de Dok-2, dans les lymphocytes T, a été peu décrit. Dès les premières secondes suivant la stimulation du TCR, les protéines tyrosine kinases de la famille Src, Lck et Fyn, sont activées et phosphorylent les motifs ITAMs (Immunoreceptor Tyrosine-based Activation Motif) des sous-unités transductrices du complexe CD3 associé au TCR (figure 1 et ref. 8, 9). Ce phénomène permet la liaison de la tyrosine kinase Zap-70 par ses deux domaines SH2 aux ITAMs phosphorylés et son activation. Par son interaction avec Zap-70, Lck accroît la phosphorylation et l’activité catalytique de Zap-70 dont un substrat majeur est la protéine d’échafaudage LAT (Linker for Activation of T cells) localisée dans les microdomaines membranaires riches en sphingolipides et cholestérol (Rafts). LAT joue un rôle essentiel dans la propagation du signal en recrutant trois partenaires majeurs. La phospholipase C-␥1 (PLC-␥1), ainsi phosphorylée sur tyrosine et activée, hydrolyse le phosphatidylinositol 4,5bisphosphate (PI4,5P 2 ) membranaire en inositol trisphosphate (IP3) et diacylglycérol (DAG). Tandis que l’IP 3 est à l’origine de Fig. 1 : Après stimulation du TCR, le complexe multimoléculaire Grb-2/SHIP-1/Dok-2/ Dok-1 est recruté par LAT pour réguler négativement l’activation de la tyrosine kinase Zap-70 et de la sérine/thréonine kinase Akt. SFI ACTUALITÉS 14 l’augmentation du calcium intracellulaire, le DAG permet le recrutement à la membrane de la protéine kinase C- (PKC-, aussi calcium dépendante) et de RasGRP, facteur d’échange GDP/GTP activateur de Ras et en conséquence des MAP kinases Erk1/2. Le complexe, recruté par LAT, formé par la protéine adaptatrice Grb-2 et le facteur d’échange GDP/GTP, Sos, est également activateur de la voie Ras/Erk1/2. Le troisième complexe interagissant avec LAT est composé de la protéine adaptatrice Gads et de la protéine d’échafaudage SLP-76. Ce signalosome est à l’origine des voies majeures de signalisation intracellulaire conduisant à l’activation de facteurs de transcription requis pour la sécrétion de cytokines comme l’interleukine 2 (IL-2). Par ailleurs, la stimulation du TCR entraîne l’activation de la PI-3-kinase (PI3K) qui phosphoryle le PI4,5P 2 en phosphati dylinositol 3,4,5-trisphosphate (PI3,4,5P 3). Ce dernier provoque le recru tement à la membrane et l’activation de la sérine thréonine kinase Akt qui joue un rôle prépondérant pour la survie et la prolifération du lymphocyte T. La régulation négative de cette voie de signalisation est exercée par les phosphatases lipidiques PTEN et SHIP-1 qui déphosphorylent respectivement les PI3,4,5P3 en PI4,5P2 et PI3,4P2. Des études dans la lignée de lymphocytes T humains transformés Jurkat ont montré que Dok-1 et Dok-2 sont phosphorylés sur tyrosine après engagement des récepteurs costimulateurs CD2 et CD28 mais pas du TCR (10, 11, 12). À l’opposé, nous avons observé que Dok-2 est phosphorylé sur tyrosine dans les lymphocytes T primaires CD4+ et CD8+ stimulés par des anticorps anti-CD3 ou des cellules présentatrices d’antigènes. De façon intéressante, ce résultat a été reproduit dans la lignée de lymphocytes T humains transformés, Hut-78, qui, à l’inverse des Jurkat, expriment les phosphatases lipidiques PTEN et SHIP-1. La phosphorylation très rapide de Dok-2 suggérant son association avec des éléments de la signalisation précoce du TCR, les partenaires de Dok-2 ont été recherchés par des expériences de coimmunoprécipitation. Nos résultats ont montré qu’après stimulation du TCR, Dok-2 et Dok-1 font partie d’un complexe multimoléculaire comprenant SHIP-1, Grb-2 et LAT. Le rôle potentiel de LAT dans le recrutement de ce complexe a été examiné après inhibition de son expression par interférence d’ARN messager (ARNi) dans les lymphocytes Hut-78 transfectés avec des petits ARN doubles brins (siARN) dirigés contre LAT. Ainsi, la phosphorylation sur tyrosine de Dok-2 et de SHIP-1 est fortement affectée après stimulation du TCR et ceci, de façon similaire à celle de la PLC-␥1. Par ailleurs, l’expérience inverse a montré que l’inhibition de l’expression de Dok-1 et de Dok-2 n’a pas d’effet sur la phosphorylation de SHIP-1. Ces résultats nous ont conduit à proposer que LAT recrute séquentiellement le complexe Grb-2/SHIP-1 puis Dok-2 et Dok-1. Le rôle de Dok-2 a été analysé après inhibition de son expression par ARNi sur la production d’IL-2 induite par la stimulation du TCR. Cette RÉFÉRENCES 1. Dong S et al 2006. T cell receptor for antigen induces linker for activation of T celldependent activation of a negative signaling complex involving Dok-2, SHIP-1, and Grb-2, J Exp Med 203:2509-2518. 2. Carpino N et al 1997. p62(dok): a constitutively tyrosine-phosphorylated, GAP-associated protein in chronic myelogenous leukemia progenitor cells. Cell 88:197-204. 3. Di Cristofano A et al 1998. Molecular cloning and characterization of p56dok-2 defines a new family of RasGAP-binding proteins. J Biol Chem 273:4827-4830. 4. Nelms, K et al 1998. FRIP a hematopoietic cell-specific rasGAP-interacting protein phosphorylated in response to cytokine stimulation. Immunity 9:13-24. 5. Niki M et al 2004. Role of Dok-1 and Dok-2 in leukemia suppression. J Exp Med 200:1689-1695. 6. Yasuda, T et al 2004. Role of Dok-1 and Dok-2 in myeloid homeostasis and suppression of leukemia. J Exp Med 200:1681-1687. 7. Gugasyan R et al 2002. Dok-related protein negatively regulates T cell development via its RasGTPase-activating protein and Nck docking sites. J Cell Biol 158:115-125. 8. Acuto O and D Cantrell 2000. T cell activation and the cytoskeleton. Annu Rev Immunol 18:165-184. 9. Samelson LE 2002. Signal transduction mediated by the T cell antigen receptor : the role of adapter proteins. Annu Rev Immunol 20:371-394. 10. Nemorin J et al 2001. p62dok negatively regulates CD2 signaling in Jurkat cells. J Immunol 166:4408-4415. 11. Gérard A et al 2004. Functional interaction of RasGAP-binding proteins Dok-1 and Dok-2 with the Tec protein tyrosine kinase. Oncogene 23:1594-1598. 12. Michel F et al 2001. CD28 as a molecular amplifier extending TCR ligation and signaling capabilities. Immunity 15:935-945. ■ ■ ■ réponse n’étant pas modifiée, les lymphocytes Hut-78 ont été transfectés par des siARN dirigés contre Dok-1 et Dok-2. Dans ces conditions, la sécrétion d’IL-2 est augmentée. Ce résultat a donc montré le rôle négatif de Dok-1 et Dok-2 sur l’activation lymphocytaire et il est également en faveur d’une redon dance de fonction des deux adaptateurs. Afin de déterminer le mécanisme moléculaire et les cibles de Dok-2 et Dok-1 dans la cascade de signalisation du TCR, nous avons analysé l’effet de l’inhibition de leur expression par ARNi sur l’activation/ phosphorylation de protéines de signalisation jouant un rôle clé dans l’activation lymphocytaire. De façon inattendue, l’activation de la tyrosine kinase Zap-70 est plus marquée après stimulation du TCR, ainsi que la phosphorylation sur tyrosine de ses substrats majeurs, LAT et SLP-76. Cet effet de potentialisation sur l’activité catalytique de Zap-70 a été corrélé à son recrutement plus efficace sur les chaînes CD3 car leur phosphorylation est également accrue. Par ailleurs, et en accord avec ce qui a été décrit dans les cellules myéloïdes (5, 6), nous avons observé que l’activation de la sérine thréonine kinase Akt est augmentée dans les cellules Hut-78 non stimulées et plus prolongée après l’engagement du TCR. En résumé, nos résultats montrent qu’un nouveau complexe multimoléculaire comprenant les adaptateurs Dok-2 et Dok-1 est formé après stimulation du TCR et qu’il interagit avec LAT de façon concomitante à l’organisation du signal positif. Ayant montré le rôle négatif de Dok-2 et Dok-1 dans la cascade de signalisation du TCR sur les kinases Zap-70 et Akt, nous proposons que ces adaptateurs agissent dans une boucle de rétrocontrôle négatif pour moduler la "forme" du signal lymphocytaire (figure 1). Ce mécanisme d’action pourrait également permettre au lymphocyte T de contrôler un signal homéostatique TCR dépendant et/ou être nécessaire pour éviter son activation en réponse aux antigènes du soi. Ainsi, Dok-1 et Dok-2 pourraient être impliqués, d’une part, dans le maintien du seuil d’activation du lymphocyte T pour préserver la tolérance périphérique et, d’autre part, dans le contrôle de l’intensité/durée du signal initié après engagement du TCR pour influencer la différenciation et la mise en place des fonctions effectrices de la cellule. SFI ACTUALITÉS 15 B rèves suite S MICROCIRCULATION CÉRÉBRALE ET PATHOGENÈSE DU MÉNINGOCOQUE Emilie Mairey, Guillaume Duménil INSERM U570 Faculté de médecine Necker, Paris [email protected] [email protected] 4 eul un nombre restreint de bactéries pathogènes est responsable de la plupart des septicémies et des méningites chez l’homme. Ce groupe comprend Streptococcus pneumoniae, Escherichia coli K1, Streptococcus agalactiae et Neisseria meningitidis également appelé méningo coque. Les patients atteints de septicémies à méningocoques présentent dans leur phase initiale des symptômes peu spécifiques (fièvre, état grippal etc.) mais peuvent évoluer en quelques heures vers des chocs septiques graves. Malgré une prise en charge rapide et efficace des patients, ces infections sont fréquemment mortelles et restent donc un problème de santé publique dans les pays en voie de développement aussi bien que dans les pays industrialisés. Un vaccin serait le mode de prévention idéal, mais aucun n’a pu être développé à ce jour contre les souches de sérogroupe B qui sont la principale cause de méningococcémie en France. Cette difficulté s’explique par le mimétisme moléculaire que présente la capsule de ces souches. En effet, elle est composée d’un polymère de sucre qui est retrouvé à l’identique chez l’homme. Une meilleure compréhension du mode d’interaction de ce pathogène avec son hôte permettra d’aller au-delà de ces difficultés dans le développement de nouvelles stratégies de prévention et de traitement. L’étude des mécanismes d’infection du méningocoque s’inscrit également dans le cadre plus global des infections bactériennes conduisant à des septicémies et des méningites. Paradoxalement, le méningocoque présente les propriétés d’un commensal en colonisant le nasopharynx d'environ une personne sur cinq dans le monde en absence de tout symptôme. La bactérie se transmet par aérosols, se multiplie chez son nouvel hôte, puis recommence son cycle de colonisation. Le processus pathogénique est déclenché lorsque la bactérie accède au sang, où elle survit et prolifère, conduisant à des septicémies et à des méningites après franchissement de la barrière hématoen cépha lique (BHE). En contraste avec la haute fréquence de colonisation du nasopharynx, l’incidence des septicémies à méningocoque est d’une personne sur 100 000 par an en France. Les mécanismes permettant au méningocoque d’accéder de la muqueuse du nasopharynx à la circulation sanguine puis du sang au cerveau sont largement inconnus. Concernant le franchissement de la BHE, plusieurs études in vitro suggèrent que le méningocoque adhère aux cellules endothéliales puis franchit la BHE par transcytose, c’est-à-dire en traversant les cellules endothéliales cérébrales (voir par exemple réf. 1). Selon ce modèle, l’adhésion du méningocoque aux cellules endothéliales précède le franchissement de la BHE. Il semble en effet difficile d’imaginer le franchissement SFI ACTUALITÉS 16 de la BHE sans un “arrêt” de la bactérie le long de cette barrière. Il est d’ailleurs tentant de généraliser cette propriété d’adhésion à la BHE aux autres bactéries pathogènes extracellulaires qui colonisent le cerveau à partir du sang comme S. pneumoniae, E. coli K1 et S. agalactiae. Ce phénomène d’adhésion présente une caractéristique originale puisqu’il a lieu dans le contexte de la circulation sanguine, c’est-à-dire en présence de forces d’entraînement générées par le flux sanguin. En effet, un objet dans un liquide en mouvement est soumis à une force hydrodynamique dont l’intensité est déterminée par la géométrie de l’objet ainsi que par la viscosité et la vélocité du liquide. Dans les vaisseaux sanguins, la vélocité du sang est plus élevée au centre du vaisseau qu’à proximité des parois en raison des frottements le long de celles-ci. Afin de refléter l’intensité du flux sanguin sur une bactérie, on utilise plus fréquemment la notion de force de cisaillement, qui représente la force de frottement exercée par le sang sur les parois du vaisseau par unité de surface (exprimée en dynes/cm2). L’importance de l’environnement mécanique lors des phénomènes d’adhésion est illustrée par au moins deux exemples : en immunologie par l’interaction entre les sélectines et leurs ligands oligosaccharidiques (2) et en microbiologie par l’interaction de l’adhésine FimH des E. coli uropathogènes et son ligand, le mannose (3). Dans les deux cas, en absence de forces mécaniques environnantes, l’affinité de l’interaction est faible, voire nulle. Contrairement à ce qui serait attendu, la liaison est stabilisée lorsqu’une force mécanique est exercée. Les propriétés de ces molécules d’adhésion permettent le roulement des lymphocytes sur les cellules endothéliales et celui des bactéries sur l’épithélium urinaire. En dehors de l’exemple de l’adhésine FimH, aucune autre étude n’évalue le rôle des forces d’entraînement sur l’adhésion bactérienne. Il était tentant de spéculer que la présence de ces forces joue un rôle déterminant dans la pathogenèse du méningocoque. Nous avons donc étudié l’interaction du méningocoque avec les vaisseaux de la BHE en combinant trois approches complémentaires : (i) l’analyse histologique post-mortem d’un cas de méningococcémie ; (ii) la modélisation de l’adhésion du méningocoque aux cellules endothéliales dans le cadre de la circulation sanguine ; (iii) l’analyse de la microcirculation cérébrale par une approche intravitale chez la souris (4). Notre étude a été initiée par l’analyse postmortem d’un patient atteint d’une méningococcémie. En pratique, ce type d’étude n’est que très rarement réalisable puisque les doses d’antibiotiques généralement administrées aux patients détruisent les bactéries responsables de l’infection et rendent leur observation impossible. Le patient que nous décrivons n’a pas reçu d’antibiotiques. Des coupes de cerveau ont été réalisées puis marquées par immuno-histologie afin de détecter les bactéries. Ces échantillons nous ont permis de faire plusieurs observations importantes concernant la pathogenèse du méningocoque. Les bactéries ont été retrouvées en abondance dans le cerveau mais également dans d’autres organes tels que le foie ou les reins suggérant l’absence d’une spécificité d’organe, du moins à cette étape tardive de l’infection. Dans les tissus, les bactéries sont localisées à l’intérieur des vaisseaux sanguins par groupes de différentes tailles variant de quelques individus à plusieurs centaines. Elles sont étroitement associées à la paroi des vaisseaux démontrant que le méningocoque peut adhérer aux cellules endothéliales dans le contexte de la circulation sanguine. Enfin, une caractéristique surprenante de l’adhésion du méningocoque à l’endothélium cérébral est qu’elle est restreinte aux capillaires sanguins. En effet, les vaisseaux infectés présentent une taille moyenne (8,65 +/- 4 m) et des caractéristiques histologiques propres aux capillaires ; aucune bactérie n’est retrouvée dans les veinules ou les artérioles. Dans le cerveau, le nombre de colonies bactériennes est plus important dans la substance blanche que la substance grise, ce qui suggère là encore que l’adhésion du méningocoque n’est pas aléatoire et que certains sites sont favorisés. La préférence du méningocoque pour les capillaires pourrait s’expliquer par la présence d’un récepteur spécifique, cependant cette hypothèse est contredite par des expériences in vitro qui démontrent que la bactérie peut adhérer à des cellules endothéliales de différentes origines. Nous avons donc proposé que les propriétés mécaniques de la circulation sanguine conditionnent le site d’attachement du méningocoque. Afin d’explorer cette hypothèse, nous avons mis en place un système permettant d’étudier l’adhésion du méningocoque en présence de forces d’entraînement. Une chambre à flux laminaire permet d’introduire des bactéries fluorescentes au contact de cellules endothéliales humaines dans des conditions de flux contrôlées, c’est-à-dire en présence d’une force d’entraînement donnée. La capacité des bactéries à établir des liaisons avec les cellules en présence de contrainte mécanique peut ainsi être étudiée. Grâce à cette approche, nous avons montré que l’adhésion du méningocoque est fortement inhibée par le flux de liquide. Le méningocoque ne peut adhérer qu’à des forces de cisaillement inférieures à 0,5 dynes/cm2. Peu d’études décrivent précisément les valeurs de flux sanguin, et donc de forces d’entraînement, au niveau de la microcirculation cérébrale. Toutefois, les valeurs moyennes énoncées dans Figure 1. Coupe histologique du cerveau d’un patient atteint d’une méningococcémie. Les bactéries sont visualisées par immunohistochimie (précipité foncé) grâce à un anticorps dirigé contre les bactéries. Dans cet exemple, des amas de bactéries sont présents en plusieurs endroits dans les capillaires. Au centre de l’image, quelques bactéries sont visibles en dehors de la lumière du vaisseau (tête de flèche). La cellule endothéliale voisine présente un noyau d’aspect pathologique, anormalement gros et clair (flèche). la littérature (>1 dyne/cm2) devraient empêcher très efficacement l’adhésion de la bactérie contrairement à ce qui est observé chez le patient décrit plus haut. Il semblait donc y avoir une contradiction entre ce que nous avions observé dans l’analyse post mortem de l’infection et notre modèle in vitro. Afin d’explorer ce paradoxe, nous avons mesuré les forces d’entraînement présentes dans la microcirculation cérébrale dans un modèle murin. Un hublot installé sur le crâne des animaux permet l’observation, grâce à un microscope confocal, de globules rouges marqués avec un fluorochrome. Ce système est peu invasif puisque la dure-mère reste en place tout en permettant de visualiser la microcirculation cérébrale de la souris au niveau du cortex jusqu'à 300 m sous les méninges avec une cadence suffisante pour visualiser le mouvement des érythrocytes dans la circulation (5). Cette technologie permet de mesurer la vélocité des érythrocytes dans différents types de vaisseaux et d’en déduire les valeurs de forces d’entraînement qui s’exerceraient sur des objets de la taille d’une bactérie dans la circulation. Les valeurs ainsi obtenues ont été comparées aux conditions in vitro permettant au méningocoque d’adhérer aux cellules endothéliales. Nous avons ainsi constaté que les forces d’entraîne ment présentes dans les veinules, les artérioles et les capillaires ne permettent pas au méningo- coque d’adhérer. Toutefois, la vélocité du flux au niveau des capillaires est caractérisée par son extrême hétérogénéité. Ainsi dans certains capillaires, elle ralentit suffisamment pour permettre l’adhésion de la bactérie (<0,5 dynes/cm2). Les forces d’entraînement retrouvées dans la circulation sanguine semblent donc constituer un déterminant important de la pathogenèse du méningocoque en ciblant les bactéries vers les capillaires cérébraux et pourrait ainsi expliquer les observations postmortem. Il est probable que de tels ralentissements du flux sanguin existent également dans d’autres organes, ce qui pourrait expliquer l’observation de bactéries dans le foie et les reins. Toutefois, la microcirculation cérébrale présente un niveau de régulation sans équivalent. En effet, le flux sanguin local est régulé par l’activité neuronale : les astrocytes et les péricytes, qui entourent les petits vaisseaux cérébraux, pourraient participer à ce processus (6, 7). Il faut insister sur le caractère transitoire de ces “ralentissements” de la circulation dans les capillaires cérébraux puisqu’ils durent de quelques secondes à quelques minutes et sont toujours suivis d’une reprise du flux à un niveau élevé. Qu’en est-il alors de l’adhésion du méningocoque lorsque le flux revient à son niveau normal (>5 dynes/cm2) ? Les bactéries parviennent-elles à rester adhér entes aux cellules ? Grâce à notre modèle de chambre à flux laminaire, nous avons testé l’influence de l’augmentation des forces d’entraînement sur les bactéries. Les résultats obtenus montrent que, dès lors que le méningocoque a adhéré à une cellule, il ne se décroche pas même en présence de forces d’entraînement élevées (10 dynes/cm2). Le méningocoque peut même se multiplier dans cet environnement de forces importantes, menant ainsi à la formation de colonies composées de centaines d’individus et étroitement associées à la surface des cellules, reproduisant ainsi ce que nous avions observé dans le cas de la meningococcémie décrite plus haut. L’ensemble de ces résultats nous a donc mené à proposer la séquence d’évènements suivante : (i) le méningocoque accède à la circulation sanguine et se déplace dans les gros vaisseaux sanguins sans pouvoir y adhérer ; (ii) le flux sanguin d’un capillaire cérébral diminue sous l’action des astrocytes ou des pericytes ; (iii) une bactérie passe dans ce capillaire et adhère à la paroi ; (iv) le flux sanguin augmente à nouveau mais la bactérie reste adhérente et se multiplie en formant une colonie. Une fois la colonie bactérienne formée dans le capillaire, le méningocoque franchirait ■ ■ ■ suite page 18 SFI ACTUALITÉS 17 B rèves suite ■■■ la BHE. Ce passage pourrait s’effectuer par transcytose comme le montrent des études in vitro. En effet, il a été démontré qu’une faible proportion des bactéries proliférant à la surface des cellules est capable d’entrer dans ces cellules et de transiter au travers de cellesci. Suite à nos travaux, une seconde hypothèse est également envisageable : la formation de colonies dans les capillaires pourrait nuire à la fonction de barrière de ces cellules. Sur une coupe histologique, nous avons pu observer des bactéries à l’extérieur de la lumière d’un capillaire (voir figure). Il est notable que le noyau de la cellule endothéliale voisine présente un aspect anormal suggérant un état pathologique. Cette propriété d’adhésion le long des vaisseaux pourrait être une propriété générale des bactéries pathogènes responsables des infections sanguines conduisant à des septicémies et des méningites. Dans ce contexte, il serait également intéressant d’étudier les propriétés d’adhésion aux cellules endothéliales de pathogènes tels que S. pneumoniae, E coli K1 ou S. agalactiae. Si la capacité de ces bactéries à adhérer le long des vaisseaux cérébraux s’avérait être dépendante d’une diminution du flux sanguin dans les capillaires, ce dénominateur commun pourrait être une cible pharmaceutique à explorer. D DIFFÉRENCIATION DES CELLULES NK : IDENTIFICATION DE NOUVEAUX SIGNAUX DÉLIVRÉS PAR LES CELLULES STROMALES DE LA MOELLE OSSEUSE Claude Roth, Sylvain Riou Unité Immunité Cellulaire Antivirale, Institut Pasteur, Paris [email protected] [email protected] RÉFÉRENCES 1. Pujol et al. 1997. Interaction of Neisseria meningitidis with a polarized monolayer of epithelial cells. Infect Immun 65:4836-4842. 2. McEver et al. 2002. Selectins: lectins that initiate cell adhesion under flow. Curr Opin Cell Biol 14:581-586. 3. Thomas et al. 2002. Bacterial adhesion to target cells enhanced by shear force. Cell 109:913-923. 4. Mairey et al. 2006. Cerebral microcirculation shear stress levels determine Neisseria meningitidis attachment sites along the blood-brain barrier. J Exp Med 203:19391950. 5. Seylaz et al. 1999. Dynamic in vivo measurement of erythrocyte velocity and flow in capillaries and of microvessel diameter in the rat brain by confocal laser microscopy. J Cereb Blood Flow Metab 19:863-870. 6. Mulligan et al. 2004. Calcium transients in astrocyte endfeet cause cerebrovascular constrictions. Nature 431:195-199. 7. Peppiatt et al. 2006. Bidirectional control of CNS capillary diameter by pericytes. Nature 443:700-704. ■ ■ ■ SFI ACTUALITÉS 18 5 écouvertes depuis plus de 30 ans, les cellules "Natural Killer" (NK) sont des lymphocytes provenant de la moelle osseuse, qui ont été initialement identifiés pour leur capacité à reconnaître et à éliminer les cellules tumorales sans immunisation préalable. Depuis, ces effecteurs précoces de la réponse immunitaire se sont avérés jouer un rôle prépondérant aussi bien dans les réponses anti-infectieuses (1), dirigées contre certains virus, bactéries ou parasites, que dans les phénomènes de rejet de greffe de moelle osseuse, de tolérance foeto-maternelle, ou de processus auto-immuns. En outre, leur capacité à interagir, via la sécrétion de cytokines ou la mise en jeu de récepteurs spécifiques, avec certaines cellules spécialisées dans la présentation de l'anti gène, telles que les cellules dendritiques (2), en font des acteurs jouant un rôle clé dans la mise en place et le maintien des réponses immunitaires dites adaptatives. Lorsqu'elles sont activées, les cellules NK sont capables de lyser leur cible, aussi bien par un mécanisme d'exocytose de granules cytoplasmiques contenant les enzymes perforine et granzymes, que par la voie des récepteurs de mort cellulaire de la famille des TNF, en particulier les récepteurs Fas et TRAIL. Elles libèrent aussi tout un panel de cytokines (IFN-␥, TNF-␣ et GM-CSF) et de chimiokines ( MIP-1␣, MIP-1 et RANTES). La reconnaissance et l'activation des cellules NK par leurs cellules cibles dépendent de l'expression d'un jeu de récepteurs dits activateurs ou inhibiteurs, et de l'équilibre entre les différents signaux délivrés à ces récepteurs activateurs ou inhibiteurs lors des interactions avec les cellules infectées ou transformées. Chez la souris, il existe principalement deux groupes de récepteurs inhibiteurs, les récepteurs appelées Ly49 (appartenant à la famille des lectines de type C) et les récepteurs du type CD94-NKG2 (appartenant à la famille des immunoglobulines), qui sont spécifiques des molécules du complexe majeur d'histocompatibilité (CMH) de classe I polymorphes et mono morphes, respectivement (3). Concernant leur développement, les cellules NK, comme les autres cellules hémato poïétiques, dérivent des cellules souches hématopoïétiques pluripotentes (HSC). Ces cellules souches vont ensuite donner naissance à des précurseurs engagés puis restreints aux cellules NK. De façon séquentielle, il y a tout d'abord différenciation des cellules souches en précurseurs lymphoïdes précoces (ELP), qui ont le phénotype Lin- (CD3- CD19- Ter119- Gr-1-) c-Kit+ et Flt3R+, puis en cellules lymphoïdes tardives (CLP) qui expriment la chaîne ␣ du récepteur de l'IL-7, ces deux types de précurseurs pouvant générer des cellules T, B, NK et dendritiques (4). Bien qu'il ait été mis en évidence des précurseurs de cellules NK dans le thymus embryonnaire (5) ou adulte (6), la moelle osseuse constitue le site essentiel de la différenciation et de la maturation des cellules NK. Chez la souris adulte, le groupe de W. Yokoyama a notamment défini plusieurs étapes de la maturation (7). Il y a tout d'abord acquisition de la chaîne  commune au récepteur de l'IL-2 et l'IL-15 (CD122), les cellules générées étant appelées NKP et ayant le phénotype Lin - CD122 + NK1.1- DX5- (8). Les deux caractéristiques majeures de ces précurseurs NKP sont leur capacité à répondre à l'IL-15, qui est la cytokine spécifique des cellules NK, et leur "restriction" à la lignée de cellules NK. La seconde étape du développement correspond à la différenciation des précurseurs NKP en cellules NK immatures (iNK) qui expriment, outre CD122, les marqueurs NK1.1 et CD94-NKG2 (stade II de la différenciation). Les étapes ultérieures de la maturation se traduisent ensuite par : - l'acquisition des récepteurs Ly49, spécifiques des molécules CMH de classe I murines (stade III), - puis l'expression de la molécule DX5 (intégrine ␣21), qui s'accompagne d'une décroissance de l'expression de l'integrine ␣v (stade IV). Enfin, lors de la dernière étape de la différenciation, les cellules NK immatures se différencient en cellules matures (stade V) qui portent les marqueurs Mac-1 (intégrine ␣M) et CD43 (leukosialine). Cette dernière étape se traduit par l'acquisition des fonctions effectrices de type NK (cytotoxicité et sécrétion de cytokines). En réalité, bien qu'un nombre croissant de récepteurs ait été identifié sur les cellules NK, peu d'études ont permis de caractériser les signaux médullaires responsables de l'acquisition séquentielle des différents récepteurs présents sur les cellules matures et fonctionnelles. Les premiers travaux, réalisés chez des animaux traités par les estrogènes ou le Strontium 89, avaient déjà illustré le rôle indispensable d'un environnement médullaire intact pour une matu ration complète des cellules NK. Plus récemment, des études ont mis en évidence un rôle direct des interactions entre les cellules stromales de la moelle osseuse portant le récepteur pour la lymphotoxine  (LTR) et les précurseurs des cellules NK, exprimant la lymphotoxine ␣ membranaire (mLT) (9). De telles interactions pourraient aussi jouer un rôle dans l'acquisition des récepteurs du type Ly49, bien que ces résultats restent encore controversés. Afin d'identifier d'autres acteurs moléculaires responsables de la maturation tardive des cellules NK dans la moelle osseuse, nous avons choisi, dans notre laboratoire, de développer une approche permettant d'identifier des gènes apparaissant au cours de la différentiation, ces gènes codant pour des récepteurs fonctionnels. Pour cela, nous avons utilisé un système de culture in vitro (10) permettant le clonage et la croissance à long terme de clones NK à différents états de maturation et possédant des caractéristiques phénotypiques et fonctionnelles différentes. Des banques différentielles d'ADNc, préparées à partir d'un couple de clones NK possédant des phénotypes proches mais des activités fonctionnelles différentes, nous ont ensuite permis d'identifier un transcrit codant pour un récepteur (Axl) appartenant à la famille des récepteurs Tyrosine kinase appelée Tyro3, et comprenant trois membres, Axl, Mer et Tyro3. Ces récepteurs, qui contiennent dans la région extramembranaire deux domaines du type Immunoglobuline et deux domaines Fibronectine de type III, sont largement exprimés par les cellules du système hématopoïétique ainsi que par les cellules des systèmes vasculaire, nerveux et reproductif (11). Les trois récepteurs de cette famille reconnaissent deux ligands, appelés Gas6 et Protéine S, qui appartiennent à la famille des protéines dépendantes de la Vitamine K (12), et qui sont produits par les cellules stromales de la moelle osseuse. Afin de montrer que ces récepteurs Tyrosine kinase sont impliqués dans certaines étapes du processus de la maturation des cellules NK dans la moelle osseuse, nous avons, en collaboration avec les groupes de G. Lemke et D. Raulet, étudié le phénoptype des animaux déficients pour un ou plusieurs de ces récepteurs, qui sont normalement exprimés par les cellules NK de la moelle osseuse et de la rate. Les résultats ont montré une diminution significative des activités fonctionnelles (cytotoxicité et sécré- tion de cytokines) des cellules NK chez les souris déficientes pour ces récepteurs Tyro3, cet effet étant le plus marqué chez les animaux invalidés pour les trois récepteurs de la même ■ ■ ■ suite page 20 SFI ACTUALITÉS 19 ■■■ famille (12). Pour identifier à quel niveau de la différenciation ces récepteurs interviennent, nous avons analysé les marqueurs présents sur les cellules NK provenant d'animaux déficients pour un ou plusieurs de ces récepteurs Tyro3. Etant donné le nombre normal de cellules NK1.1+ CD3- dans la rate et la moelle osseuse de souris Tyro3-/-, ainsi que le faible pourcentage, parmi ces cellules NK, de cellules exprimant les récepteurs du type Ly49, NKG2D et DX5, nous avons émis l'hypothèse que ces récepteurs devaient intervenir au cours du passage entre les étapes II et III de la différenciation NK. Ces résultats ont été confirmés par la diminution du pourcentage de cellules exprimant les marqueurs tardifs tels que CD11b et CD43 et par l'augmen tation du pourcentage de cellules integrine ␣v fortement positives, normalement présentes au stade II de la maturation. Afin de valider le modèle selon lequel les interactions entre les récepteurs Tyro3 (exprimés par les cellules NK immatures) et leurs ligands (produits par les cellules stromales de la moelle osseuse) seraient directement impliquées dans la différen ciation des cellules NK au niveau de la moelle osseuse, nous avons préparé des cellules fibroblastiques 3T3 capables de produire de hauts niveaux de ligands, Gas6 et Protéine S. Ces cellules ont induit, de la même façon que les cellules stromales normales, la croissance et le clonage d'un petit nombre de précurseurs précoces (c-Kit+ Lin-) de cellules NK de la moelle osseuse. De plus, les colonies NK proliférant au contact des cellules 3T3 modifiées possèdent un phénotype mature (Ly49+) et sont capables de lyser des cibles sensibles aux cellules NK. L'ensemble de ces résultats montre que les trois récepteurs Tyrosine kinase Axl, Mer et Tyro3 transmettent des signaux qui sont essentiels pour la génération d'un répertoire NK complet et fonctionnel. De façon intéressante, une étude récente a souligné l'existence d'une interaction entre le récepteur Axl et la chaîne alpha du récepteur de l'IL-15, cette dernière cytokine étant capable de mimer l'effet du ligand Gas6 sur la signalisation du récepteur Axl (13). Une possibilité, qui reste à vérifier, serait que l'interaction entre Axl, présent sur les précurseurs NK, et leur ligand Gas6 permettrait l'expression de la chaîne  du récepteur de l'IL-15 par les cellules NKP qui secondairement pourraient répondre plus efficacement à cette cytokine produite par l'environnement médullaire. L'identification précise des signaux délivrés lors des interactions Axl/Gas6, au niveau des différentes populations précurseurs de cellules NK, devrait nous permettre de mieux évaluer comment ces cellules acquièrent leur répertoire et deviennent fonctionnelles vis-àvis du soi modifié ou altéré. RÉFÉRENCES 1. Lodoen MB et al 2006. Natural killer cells as an initial defense against pathogens. Curr Opin Immunol 18, 391-398. 2. Degli-Esposti MA et al 2005. Close encounters of different kinds: dendritic cells and NK cells take centre stage. Nat Rev Immunol 5, 112-124. 3. Raulet DH et al 2001. Regulation of the natural killer cell receptor repertoire. Annu Rev Immunol 19, 291-330. 4. Kondo M et al 1997. Identification of clonogenic common lymphoid progenitors in mouse bone marrow. Cell 91, 661-672. 5. Carlyle JR et al 1998. Natural killer cell development and function precede alpha beta T cell differentiation in mouse fetal thymic ontogeny. J Immunol 160, 744-753. 6. Vosshenrich CA et al 2006. A thymic pathway of mouse natural killer cell development characterized by expression of GATA-3 and CD127. Nat Immunol 7, 1217-1224. 7. Yokoyama WM et al 2004. The dynamic life of natural killer cells. Annu Rev Immunol 22, 405-429. 8. Rosmaraki EE et al 2001. Identification of committed NK cell progenitors in adult murine bone marrow. Eur J Immunol 31, 1900-1909. 9. Iizuka K et al 1999. Requirement for membrane lymphotoxin in natural killer cell development. Proc Natl Acad Sci U S A 96, 6336-6340. 10. Roth C et al 2000. Clonal acquisition of inhibitory Ly49 receptors on developing NK cells is successively restricted and regulated by stromal class I MHC. Immunity 13, 143-153. 11. Lemke G et al 2003. Macrophage regulation by Tyro 3 family receptors. Curr Opin Immunol 15, 31-36. 12. Caraux A et al 2006. Natural killer cell differentiation driven by Tyro3 receptor tyrosine kinases. Nat Immunol 7, 747-754. 13. Budagian V et al 2005. A promiscuous liaison between IL-15 receptor and Axl receptor tyrosine kinase in cell death control. Embo J 24, 4260-4270. ■ ■ ■ SFI ACTUALITÉS 20 omme chaque année la Société Française d'Immunologie a offert une dizaine de bourses à de jeunes immunologistes français, leur permettant de participer à des congrès internationaux d'immunologie et d'y présenter leurs travaux. C En contrepartie, les bénéficiaires de ces bourses s'engagent à préparer un compte-rendu des point forts, "immunologiquement" retenus, du congrès auquel ils ont participé. Les résumés les plus significatifs du 16ème congrès européen d'immunologie "ECI" qui s'est tenu à Paris en septembre 2006 sont publiés dans ce bulletin. C OMPTEs-RENDUs Ariane Blum EFS Rhône Alpes site de Grenoble La Tronche [email protected] 1 Sandra Diebold Mécanismes de reconnaissance virale par les DC L’ADN viral est reconnu dans les endosomes par le TLR9 et dans le cytoplasme par une voie de signalisation encore non-identifiée. De façon similaire, l’ARN double brin viral est reconnu par le TLR3 endosomal et par des récepteurs cytoplasmiques comme RIG-I et MDA-5. Quant à l’ARN simple brin, il est reconnu par le TLR7 (et 8, chez l’homme) dans les endosomes. Les PDC sont spécialisées dans la reconnaissance virale. L’équipe de Sandra Diebold a montré que les PDC murines produisaient de l’IFN de type I en réponse aux ADN simple brin génomiques du virus de l’Influenza, à l’ARN GFP transcrit in vitro, aux oligonucléotides ARNsb et à l’ARNm murin de manière dépendante de MyD88 et du TLR7. Les TLR3, 7 et 9 ne devraient reconnaître que des acides nucléiques d’origine virale, de par leur localisation endosomale, mais les acides nucléiques d’origine cellulaire, qui n’ont normalement qu’un accès restreint à ces compartiments, sont capables d’activer également ces récepteurs et pourraient ainsi générer des réponses auto-immunes. Les acides nucléiques d’origine virale et cellulaire présenteraient des différences structurales mineures qui pourraient jouer un rôle dans la reconnaissance différentielle par les TLR. L’équipe de S. Diebold s’est intéressée à la caractérisation des acides nucléiques stimulant le TLR7. Elle a ainsi testé des oligonucléotides ARN synthétiques avec plusieurs modifications différentes et a analysé leur capacité à déclencher une induction d’IFN-␣ et d’IL-6 passant par le TLR7 dans des cultures de cellules dendritiques murines dérivées de moelle osseuse par Flt3L. De multiples analyses ont conduit l’équipe à conclure que le polyUs-21 était supérieur aux autres oligos à ARN pour stimuler le TLR7 murin, que l’efficacité d’induction d’IFN-␣ était corrélée avec le nombre d’uridines présentes dans le motif de l’oligo et qu’au final, aucun motif spécifiquement viral n’induisait préféren tiellement la stimulation du TLR7 murin. Ces résultats soutiendraient donc l’hypothèse selon laquelle le site de détection jouerait un rôle crucial dans l’identification des acides nucléiques d’origine virale ou d’origine cellulaire. Des résultats préliminaires pourraient également conduire l’équipe de Sandra Diebold à penser qu’il n’y aurait pas non plus de différence de reconnaissance d’un type particulier d’acides nucléiques par le TLR7 humain. pour la synthèse d’IL-12(p35) induite par TLR4 et que les DC néonatales présentaient une activation diminuée de ce facteur. L’expression d’une catégorie de gènes inductibles par l’IFN était également compromise dans les DC néonatales stimulées par le LPS, provenant d’une répression transcriptionnelle de la synthèse d’IFN-, bien que la signalisation IFN- soit fonctionnelle dans les MoDC néonatales. En effet, dans les DC néonatales stimulées par le LPS, STAT1 est phosphorylé en Western-Blot à 4h, et IRF3 et NF-B sont transloqués vers le noyau. Cependant, l’interaction de IRF3 avec CBP et l’ADN est empêchée. L’IFN- exogène ne restaure pas non plus la synthèse d’IL-12(p35) dans les MoDC stimulées par le LPS. Au contraire, en réponse à divers ligands de TLR, les DC néonatales sont compétentes pour sécréter de l’IL-23 qui peut induire la sécrétion d’IL-17 par les cellules T CD8 + néonatales activées de façon polyclonale. Le LPS et le R848 induisent de meilleures réponses de production d’IL-23 dans les DC néonatales que dans les adultes. En outre, l’équipe de Fabienne Willems a exploré la fonction des PDC néonatales et a observé qu’elles étaient incapables de synthétiser de l’IFN-␣ en réponse au CpG et au R848 bien qu’elles expriment des niveaux d’ARNm de TLR9 et 7 équivalents à ceux des adultes. Leur production d’IFN␣ après une infection par le CMV est également déficiente. La vulnérabilité des nouveaux-nés humains pourrait donc être due partiellement au défaut d’expression d’IL-12 et d’IFN de type I dépendante des TLR par les DC néonatales et l’axe fonctionnel IL-23/IL-17 pourrait compenser la voie de signalisation IL-12/IFN-␣ peu optimale dans la vie précoce. Fabienne Willems Sebastian Amigorena Réponses des DC dans les nouveaux-nés humains Les nouveaux-nés humains sont plus sensibles aux infections de pathogènes intracellulaires que les adultes. L’équipe de Fabienne Willems démontre que les MoDC néonatales sont déficientes dans leur production d’IL-12(p70) en réponse au LPS et au poly(I : C), à cause d’un défaut spécifique dans l’expression du gène codant pour la sous-unité (p35) de l’IL-12. Le déficit en synthèse d’IL-12(p35) après stimulation par LPS dépend d’un processus de remodelage nucléosomal réduit, qui est requis pour la transcription du gène de IL-12(p35). Elle a également montré que l’IRF3 était essentiel Présentation d’antigène et activation de cellules T par les DC Les cellules dendritiques qui ont internalisé des pathogènes ou des fragments de cellules mourantes présentent des peptides protéolytiques dérivés de ces antigènes en association avec les molécules du CMH de classe I et II. Pour présenter ces antigènes de façon efficace, les DC doivent éviter la dégradation de peptides potentiellement immunogéniques dans les endosomes et les phagosomes. En effet, les DC ont développé des mécanismes variés qui régulent la ■ ■ ■ suite page 22 SFI ACTUALITÉS 21 ■■■ dégradation phagosomale et l’apprêtement de l’antigène de façon très précise. La dégradation protéolytique des compartements endocytaires étant contrôlée par le pH, l’équipe de S. Amigorena a analysé la régulation phagosomale du pH. Elle a ainsi utilisé une méthode de mesure du pH au cytomètre en flux reposant sur un FITC sensible au pH et un marqueur rouge insensible au pH. Ceci lui a permis de relever un pH extrêmement élevé dans les phagosomes de DC (7,5 à 7,8), qui semblent posséder un mécanisme actif d’alcalinisation du phagosome, contrairement aux macrophages. Ce pH élevé est maintenu en dépit de l’acidification active exercée par la VATPase. Dans les neutrophiles, l’alcalinisation du phagosome passe par la NADPH oxydase (NOX), qui favorise la production d’espèces réactives de l’oxygène (ROS). La dismutation des ROS en peroxydes induit la consommation de proton, élevant ainsi de façon transitoire le pH dans la lumière du phagosome. L’équipe de Sebastian Amigorena a montré qu’un membre de la famille de NOX, NOX2, était exprimé dans les DC, et pouvait être recruté efficacement par les phagosomes précoces. Le recrutement de NOX2 entraîne une forte production de ROS dans les phagosomes. Les DC provenant de souris déficientes pour NOX2 présentaient d’ailleurs un pH diminué, induisant une dégradation protéique excessive dans les phagosomes, qui entraînait un défaut marqué de crossprésentation de deux modèles d’antigènes. L’équipe de S. Amigorena conclut dont que l’alcalinisation phagoso- male induite par NOX2 limite l’acidification du phagosome et donc la dégradation de l’antigène, favorisant ainsi une cross-présentation efficace dans les DC. Anne Hosmalin Les PDC cross-présentes des antigènes HIV Les PDC ont été déclarées comme incapables de cross-présenter. Pourtant, l’équipe de A. Hosmalin a montré que des PDC humaines purifées du sang pouvaient cross-présenter des antigènes HIV provenant de cellules T CD4 + infectées par le HIV, qu’elles soient apoptotiques ou vivantes, ainsi que des antigènes de différents lipopeptides vaccinaux HIV. Cette crossprésentation par les PDC est stimulée par le virus de l’influenza et elle pourrait être responsable de la stimulation des cellules T SFI ACTUALITÉS 22 régulatrices durant l’infection HIV, menant à la tolérance ou à une hyperactivation réduite du système immunitaire. Anne Thomas Evaluation du potentiel antiviral d’agonistes des TLR Des agonistes du TLR7, comme l’imiquimod et l’isatoribine ont une efficacité dans le traitement du papillomavirus et du HCV humains respectivement. L’équipe de A. Thomas a testé le potentiel d’agonistes des TLR1 à 9 pour le traitement des infections à HCV, en les incubants avec du sang total ou des PBMC purifiées humains. Le surnageant a ensuite été récupéré et ajouté à un test de réplication du HCV ou bien utilisé pour doser les cytokines produites. Les TLR3, 4, 7, 8 et 9 ont montré une activité antivirale significative. Cependant, l’effet antiviral des agonistes de TLR3, 7 et 9 était séparé de leur induction de cytokines pro-inflammatoires, alors que cette réponse pro-inflammatoire des agonistes de TLR4 et 8 entrait en concurrence avec la réponse anti-virale. Les cibles les plus intéressantes pour une thérapie anti-HCV seraient donc les TLR3, 7 et 9. Tara Roberts Identification d’un récepteur cytoplasmique pour l’ADN double brin L’ARN double brin viral est reconnu dans l’endosome et dans le cytoplasme des cellules. L’ADN viral peut de la même manière être reconnu par le système immunitaire. L’ADN contenant des motifs CpG est reconnu dans l’endosome par le TLR9. Plus récemment, il a été montré que la présence d’ADN double brin dans le cytoplasme induisait la production d’interférons de type I, TNF alpha, IL-6 et autres cytokines pro-inflammatoires et chimiokines. Les réponses à l’ADN double brin cytoplasmique sont indépendantes du TLR9 et de toutes les protéines adaptatrices des TLR connues. L’équipe de T. Roberts a montré que l’activation cellulaire par l’ADN cytoplasmique nécessitait le fait que l’ADN soit double brin, et que les ADN double brin plus longs induisaient des réponses plus fortes que les ODN double brin courts. Pour identifier le récepteur à l’ADN double brin cytoplasmique, l’équipe a réalisé des extraits cytoplasmiques de macrophages dérivés de moelle osseuse et a isolé les protéines se liant à l’ADN double brin par purification d’affinité. Les protéines qui se liaient spécifiquement à l’ADN double brin et non pas simple brin ont été identifiées par spectrométrie de masse. Leur récepteur d’ADN potentiel était la seule protéine cytoplasmique se liant à l’ADN double brin identifiées par gelshift et sa force de liaison était corrélée avec la longueur de l’ADN. De plus, leur récepteur d’ADN était colocalisé avec l’ADN marqué au Cy3 peu après microinjection ou électroporation. Heike Schmidlin Les PDC stimulées affectent le développement des cellules T humaines Les PDC thymiques sont localisées de façon prédominante dans la médulla et à la jonction cortico-médullaire, le site d’entrée des cellules précurseurs multipotentielles dérivées de la moelle osseuse dans le thymus, permettant l’interaction entre les PDC thymiques et les cellules précurseurs. Heike Schmidlin a démontré que des PDC générées in vitro stimulées avec CpG ou virus empêchaient le développement de cellules progénitrices CD34 + CD1a - autologues humaines vers le lignage de cellules T. Cette détérioration est levée par addition d’anticorps anti-IFN type I neutralisants, ce qui implique fortement que la production endogène d’IFN-␣/ soit responsable de cet effet inhibiteur. De l’IFN-␣ ajouté de façon exogène a un impact similaire sur le développement des cellules progénitrices CD34+CD1a- en cellules T induit par IL-7 et le ligand de Notch, puisque l’induction de l’expression de surface de CD1a, CD4, CD8 et TCR/CD3 et les réarrangements des segments V-DJ du TCR étaient sévèrement affectés. La prolifération induite par IL-7, mais pas la survie des cellules progénitrices thymiques en développement était fortement inhibée par l’IFN-␣. L’IFN-␣ inhibe donc la voie de transduction du signal de l’IL-7R, mais cette inhibition pourrait ne pas être attribuée à une interférence avec les évènements proximaux (STAT5, Akt/PKB, Erk1/2) ou distaux (p27kip1, pRb) de l’IL-7R. C OMPTEs-RENDUs suite Estelle Merck Ludwig Institute for Cancer Research Suisse [email protected] 2 Anthony Hayday nous a donné de nouvelles informations concernant la différentiation de lymphocytes T non conventionnels, les DETC murins. Ces cellules ␥␦ non restreintes au MHC ont un répertoire quasiment mono clonal, composé des chaînes V␥5V␦1. Il a été proposé que ces cellules soient sélectionnées positivement par des agonistes dans le thymus, mais jusqu’à présent aucun agoniste n’a été identifié. Anthony Hayday a présenté une souche de souris, dérivée de la souche FVB, qui présente des pathologies cutanées et une absence de DTEC dans la peau. Leurs précurseurs V␥5 + étant présents dans le thymus fétal, ces souris souffrent d’un défaut de maturation intrathymique des DETC dû à un problème dans le compartiment stromal. Différentes approches génomiques sont actuellement en cours pour identifier la protéine, exprimée par le stroma thymique, et impliquée dans le méchanisme de sélection du TCR des DETC. Cette molécule serait nouvelle, à la séquence génomique annotée, codant pour une protéine transmembranaire également exprimée dans la peau. Elle est conservée chez le rat, mais non chez l’homme. L’implication des molécules MHC I atypique dans diverses maladies a été soulignée. Siamak Barham a présenté diverses études génomiques sur les gènes MIC et leur expression. Dix nouveaux gènes de cette famille ont été identifiés chez l’homme. En particulier ZAC, une glycoprotéine soluble (zinc ␣2), qui intervient dans le catabolisme des lipides et est directement impliquée dans la cachexie liée aux cancers. Si le gène est délété, une prise de poids est observée en cas de prise de nourriture riche en lipides gras. Ian Trowsdale a également largement discuté des molécules ULBP/RAE ligands de NKG2D. L’expression de RAETG, membre de cette famille de ligands, sur les cellules épithéliales de l’intestin est augmentée et localisée en surface dans la maladie coeliaque. Cette molécule est également un marqueur tumoral des cellules épithéliales, et est induite par l’infection HCMV. La forme soluble de RAETG diminue l’expression de NKG2D par un mécanisme dépendant des cytokines. L’IL-15 et l’IL-21 contrecarrent cette diminution. Stefan Welte a présenté l’identification du premier ligand identifié pour le récepteur activateur NKp80/KLRF1. AICL (pour activation-induced C-type lectin) est codé par un gène très proche de celui de NKp80. Cette molécule transmembranaire est un récepteur activateur des cellules myéloides (production de TNF après stimulation via un anticorps), dont l’expression est augmentée par stimulation de la voie TLR. La présence d’AICL sur des cibles myeloïdes augmente la lyse de ces cellules par des cellules NK. Plus largement, lors de la communication monocytes-cellules NK, les interactions NKp80-AICL stimulent la sécrétion de cytokines par les deux types cellulaires. Un ligand du récepteur inhibiteur à ITIM, LAIR-1, a également été identifié et présenté par Linde Meyaard. Un clonage par expression a permis de montrer que le collagène 17 lie les molécules LAIR-1 humaine et murine. LAIR-1 lie en fait différents collagènes et les reconnaît via le domaine commun à répétitions de Gly-Pro-HYP. L’interaction avec LAIR-1 déclenche l’agrégation cellulaire, et inhibe l’activation suivie par la dégranulation des cellules RBL. Différents collagènes, protéines les plus répandues dans le corps humain, sont donc des ligands physio logiques de LAIR-1 qui lui confèrent un rôle inhibiteur dans la régulation de la réponse immunitaire. La présentation d’Eric Vivier s’est découpée en deux parties, une basée sur le concept “qu’est ce qui est naturel dans une cellule NK” et une seconde partie plus pratique et technique concernant la description de NKp46 comme marqueur “universel” des cellules NK. La première partie a eu le mérite de présenter des données “historiques” concernant les cellules NK, d’apporter une réflexion sur leur définition, ainsi que de présenter les questions toujours en suspens. Cette réflexion est très bien présentée dans l’article “What is natural in natural killer cells?” publié dans Immunology Letters 107, 1-7. Le sujet nouveau de “l’éducation de la cellule NK” (maturation fonctionnelle par l’engagement entre autre des récepteurs inhibiteurs reconnaissant le MHC de classe I) est en particulier très bien traité. La deuxième partie concernait l’utilisation de NKp46 comme marqueur spécifique des cellules NK chez l’homme et la souris, quelque soit la souche (B/6, BALB/C, CBA/CA, NOD). En effet, alors que NK1.1 n’est pas exprimé par toutes les souches de souris, et que DX5 peut être légèrement exprimé par les cellules myeloïdes, les cellules NKT et les lymphocytes T ␥␦ (sans compter que certaines cellules NK du foie ■ ■ ■ suite page 24 SFI ACTUALITÉS 23 C OMPTEs-RENDUs suite ■■■ sont DX5-), NKp46 n’est pas exprimé par les cellules myeloïdes, ni par les autres types de lymphocytes que les cellules NK. Ce marqueur peut donc être largement utilisé, en particulier in situ, constituant ainsi un nouvel outil fiable dans la détection des cellules NK. Le présentation de Hanspeter Pircher visait à mieux comprendre pourquoi les lymphocytes T CD8 + peuvent exprimer des récepteurs inhibiteurs de type de ceux habituellement exprimés par les cellules NK. En particulier, les lymphocytes T CD8 + expriment le récepteur KLRG1/MAFA suite à des stimulations répétitives du TCR, ce qui est parti culièrement visible lors d’infections virales persistantes (CMV, HIV, EBV chez l’homme). L’infection LCMV chez la souris permet d’étudier ce phénomène, et de démontrer que les CD8+ KLRG1+ ont une capacité à proliférer moindre que les KLRG1-. KLRG1 est également exprimé par une partie des lymphocytes CD4+ régulateurs à phénotype effecteur/mémoire. Chez l’homme, la proportion de cellules T CD8 KLRG1 + augmente avec l’âge, pouvant atteindre les 90% de la population CD8+ totale. L’équipe de Hanspeter Pircher a déterminé que l’Ecadherine est le ligand de KLRG1 à la fois chez l’homme et la souris. Le rôle d’inhibition de KLRG1, récepteur inhibiteur à ITIM, n’est pas global et touche des fonctions spécifiques. L’E-cadherine n’est pas capable d’inhiber les fonctions de lyse des lymphocytes T CD8 + effecteurs, mais il diminue l’induction de CTL quand des cellules présentatrices d’antigènes nonprofessionnelles sont utilisées. L’hypothèse de Hanspeter Pircher est que l’interaction KLRG1-E-cadherine a pour rôle de contenir la prolifération des lymphocytes et d’augmenter le seuil d’activation dans les tissus épithéliaux, afin d’éviter les phénomènes d’inflammation chronique et d’autoimmunité. Marco Colonna nous a fait part des nouvelles avancées dans le domaine de la biologie des récepteurs TREM-1 et -2, tout d’abord décrits comme activateurs, liés à la chaîne de signalisation à ITAM, DAP12. Il nous a tout d’abord présenté des données concernant la recherche d’un ligand du récepteur TREM-1, impliqué dans la gravité du choc septique. La production d’un tétramère de TREM-1 a permis de mettre en évidence une liaison de cette molécule sur les neutrophiles provenant exclusivement de patients souffrant de choc septique. L’identification précise du ligand, ainsi que de la détermination de l’origine de SFI ACTUALITÉS 24 la forme soluble de TREM-1 (épissage alternatif ou coupure par des protéases) permettra de mieux comprendre le rôle de cette molécule dans la gestion de l’inflammation et du risque de choc septique. Dans une 2ème partie, Marco Colonna nous a présenté des données générées à partir des souris déficientes pour TREM-2. L’expression de TREM-2 au sein du système immunitaire de la souris est assez restreinte, puisqu’elle est essentiellement détectée sur les macrophages recrutés lors d’inflammation et les macrophages alvéolaires dans le cadre d’allergie. Les macrophages générés à partir de cellules de moelle osseuse des souris déficientes pour TREM-2 produisent plus de cytokines en réponse à des ligands TLR, corrélant avec les observations similaires faites par l’équipe de Lewis Lanier à partir des souris déficientes en DAP12. En dehors du système immunitaire, TREM-2 est également exprimé par les pré-ostéoclastes. Son absence dans les souris induit une osteoclastogénèse accélérée avec une augmentation de l’expression des marqueurs d’ostéoclastes (renforçant l’idée d’un rôle inhibiteur pour TREM-2). Ce phénomène, déjà observé dans les souris déficientes en DAP12, est l’inverse de ce qui est observé chez les patients souffrant de la maladie de Nasu-hakola (déficience soit en DAP12 soit en TREM2). Cette différence homme-souris mérite des recherches approfondies, ainsi que la détermination des ligands de TREM-2, de leurs affinités respectives et de leur capacité à induire un signal négatif ou positif via le récepteur. Agnès Jamin AFSSA-LERAP Unité Virologie Immunologie Porcines Ploufragan [email protected] 3 L e 16 th European Congress of Immunology (ECI) s’est déroulé du 6 au 9 septembre 2006 au Palais des Congrès de Paris. J’ai également pu participer au congrès satellite 2nd European Workshop of Veterinary Immuno logy les 2 jours précédents, ce qui a été très intéressant par rapport à la réflexion autour de ma thématique de recherche en immunologie porcine dans le cadre d’une infection virale car ce petit congrès de 300 personnes a été l’occasion d’initier de nombreuses discussions. Il faut noter que le 16th ECI s’inscrit comme le 1er congrès commun de toutes les sociétés nationales européennes d’immunologie, réunissant ainsi presque 5000 personnes, ce qui était très impressionnant. Quatre grandes thématiques ont été abordées pendant les 4 jours de congrès : l’immunité innée, l’immunité adaptative, les maladies du système immunitaire et les essais de thérapies sur le système immunitaire. Devant la variété des domaines abordés, j’ai plus particu lièrement ciblé les conférences en rapport avec ma thématique de recherche : les cellules dendritiques (DC), l’immunité innée et adaptative, ainsi que l’immunologie vétérinaire. Dans les sessions portant sur les fonctions et les interactions des DC, mais aussi sur le rôle des DC à l’interface de l’immunité innée et adaptative, des conférences ont permis de faire le point sur le rôle général des DC. Il a été également démontré que les DC plasmacytoïdes sont capables de présenter des antigènes dans les ganglions lymphatiques, ce qui est une nouvelle avancée dans la compréhension du rôle de ces cellules restées longtemps mal connues. Les différentes voies de régulations de l’IFN-␣, mais aussi des différentes interleukines, ont été exposées pour les différents types de DC dans le cadre de plusieurs infections virales et bactériennes, apportant de nouvelles données concernant le rôle de l’interleukine 2 par exemple. Tout ceci a été complémentaire avec la session sur les cytokines inflam matoires et les réponses anti-virales. Au niveau de la synapse immunologique, plusieurs nouvelles idées et données ont été présentées durant le pré-meeting mais également au cours de l’ECI. Marion Espéli Centre d’Immunologie de Marseille-Luminy [email protected] La session portant sur les grands modèles animaux tels que les ovins et les porcs a démontré l’intérêt de l’utilisation de ces modèles en immunologie, en particulier concernant les DC et leur migration aussi bien dans les tissus lymphatiques que le tube digestif, mais également dans la circulation sanguine et en culture cellulaire. Parmi les nombreux posters présentés, je me suis particulièrement intéressée à ceux de ma session portant sur l’évasion microbienne au système immunitaire. De plus, j’ai apprécié les posters qui traitaient également des cytokines anti-inflammatoires dans les réponses antivirales et des DC dans les pathologies virales. Différents types de réponses immunitaires ont ainsi été illustrés dans des contextes assez globaux. De manière plus spécifique, les posters sur la maturation et la différenciation des DC, ainsi que sur les récepteurs du Fc et sur le complément m’ont fourni de nombreuses informations sur l’effet des TLR, des cytokines et de diverses autres molécules sur les DC myéloïdes, mais aussi sur l’activation des pDC via les Fc␥R par seulement certaines catégories d’anticorps. Le regroupement de nombreux exposants sur le site du Palais des Congrès a permis des rencontres intéressantes avec les commerciaux pour aborder des discussions techniques constructives, et cela a aussi été utile pour faire des études comparatives de certains matériels. Finalement, ce congrès a été très profitable par la confirmation de nouvelles avancées dans le domaine des cellules dendritiques, ainsi que par les conférences montrant les dernières approches en immunologie vétérinaire. 4 Jusqu'à présent, la structuration de la synapse immunologique des cellules T en p-SMAC (peripheral-Supra Molecular Activation Cluster) et c-SMAC (central-SMAC) était considérée comme un pré requis à l’activation du TCR. Il apparaît maintenant que les fonctions effectrices T, et notamment la lyse des cellules cibles, sont beaucoup plus rapides que la mise en place de la synapse (Salvatore Valitutti). De plus, l’activation du TCR ne se ferait pas au niveau du c-SMAC mais dans des microclusters qui se forment en périphérie de la synapse. Le c-SMAC servirait alors à éliminer les microclusters déjà activés (Michael Dustin). Un autre point important porte sur la comparaison des différentes cellules présentatrices de l’antigène (APC). Selon la nature de l’APC (cellule dendritique, cellule dendritique plasmacytoïde ou cellule B), la structure de la synapse et le devenir de la cellule T diffèrent (Matthias Gunzer, Francesco Sanchez-Madrid). Enfin, de nouvelles molécules semblent être polarisées au niveau de la synapse immunologique et participer à son fonctionnement, notamment les récepteurs au glutamate (Sylvia Cohen-Kaminsky), les centrioles (Gareth Griffiths) ou encore la L-plastin (Guido Wabnitz). L e 16ème Congrès Européen d’Immunologie s’est tenu à Paris du 6 au 9 septembre 2006. Dans le cadre de ce congrès a eu lieu un pré-meeting intitulé “Imaging the immunological synapse”. Ce pré-meeting permettait de faire le point sur les dernières avancées concernant la synapse immunologique mais aussi les différentes techniques et utilisation de la microscopie confocale. Parmi celles-ci on peut noter le développement du bi-photon qui est la base de la microscopie intra-vitale, les “membrane sheets” qui permettent d’observer par microscopie électronique les membranes à la zone de contact avec un support ou encore le TIRFM (Total Internal Reflection Fluorescence Microscopy) qui lui, permet d’observer une zone précise des cellules vivantes sur une faible profondeur en éliminant le bruit de fond lié au reste de la cellule. A noter également le nouveau mécanisme d’action de CTLA-4 sur l’activation du TCR décrit par Christopher Rudd. CTLA-4 est un co-récepteur modulateur du TCR. Christopher Rudd et son équipe ont montré pour la première fois que CTLA-4 agissait en augmentant la motilité des cellules T. De ce fait, la durée des contacts entre cellules T et APC est réduite entraînant une diminution de la signalisation par le TCR. SFI ACTUALITÉS 25 C OMPTEs-RENDUs suite de la prostate, sujet de cette étude, échappent au système immunitaire. Alexandra Rizzitelli The Walter and Elisa Hall Institute of Medical Research Victoria, Australia [email protected] 5 L e 16 ème congrès Européen d’Immuno logie, tenu à Paris en septembre dernier, était plutôt bien organisé compte tenu de l’ampleur de l’événement. Le Palais des Congrès était suffisamment vaste pour accommoder un public grandissant, et nous a offert une conférence de qualité. Au cours de ce congrès, mon attention s’est particulièrement portée sur les sessions concernant l’immunologie des tumeurs et les nouvelles thérapies anti-cancéreuses. Un des premiers exposés était donné par Vincenzo Bronte (Italy) concernant le rôle du métabolisme de la L-arginine dans l’immunologie des tumeurs. Les tumeurs en croissance sont capables de recruter en leur sein des cellules suppressives naturellement présentes dans la moelle osseuse, les MDSC (myeloidderived suppressor cell). Ces cellules au phénotype CD11b+ Gr1+ et sont capables d’inhiber l’activation des cellules T antitumorales via la production de NO. Ce NO est un produit du métabolisme de la L-arginine généré par la NO synthase. C’est par ce mécanisme que certains cancers, tel le cancer SFI ACTUALITÉS 26 Des résultats forts intéressants et de plus, encore non publiés, ont été présentés par Guillaume Darrasse-Jèze (France). Cette équipe travaille sur le mécanisme de tolérance induite par les tumeurs. Les tumeurs sont capables d’induire une réponse T effectrice spécifique d’antigènes tumoraux, mais leur action semble toujours être surpassée par la population de cellules T régulatrices présentes dans l’organisme a l’état normal, d’où une situation de tolérance de la tumeur. Les auteurs montrent que si l’on élimine les cellules T régulatrices avant ou peu de temps après l’implantation d’une tumeur, les cellules T effectrices sont alors capables d’agir et de rejeter la tumeur. Ces résultats ont une importance capitale pour la mise au point de nouveaux protocoles anticancéreux. Plusieurs résultats d’essais cliniques anticancéreux ont également été présentés : Cornelis Melief (Pays-Bas) présenta des résultats prometteurs d’un essai pré-clinique de vaccination contre le papillomavirus par l’injection de long peptide issu des protéines oncogènes E6 et E7. Concernant l’utilisation des cellules dendritiques en tant que vecteur théra peutique des cancers, Peter Brossart (Allemagne) a présenté les résultats des essais cliniques de phase 1 réalisés par son équipe. Les auteurs ont démontré l’innocuité, la faisabilité et l’efficacité du protocole d’injection de patients atteints de cancer métastatique du rein avec des cellules dendritiques autologues chargées en peptides. Ce résultat se traduit par le développement de lymphocytes T cyto toxiques dirigés contre le peptide ainsi qu’une réduction du nombre de métastases chez 6 des 20 patients. Enfin, Gerold Schuler (Allemagne) aborda le sujet de la qualité des cellules dendritiques injectées lors de thérapies et souligna qu’une meilleure efficacité des vaccins est obtenue lorsque les cellules dendritiques sont electroporées avec différents ARN plutôt que chargées en peptides. Camille Fos INSERM U599 Immunology and Cancerology Laboratory Marseille [email protected] 6 L e 16 ème Congrès Européen d’Immunologie qui s’est tenu à Paris du 4 au 9 septembre 2006 a présenté un programme scientifique riche et de très grande qualité. Dans un premier temps, le pré congrès “Imaging the Immunological synapse” a fait, grâce à la présence d’orateurs de pointe, le point sur l’ensemble des données scientifiques et techniques vouées à l’étude de la synapse immunologique dans son ensemble. Ceci a par la suite été complété par les données traitant de la signalisation et de l’activation des cellules T présentées lors des conférences et workshops du congrès luimême. Des données particulièrement impres sionnantes ont pu être obtenues grâce à la microscopie intravitale bi-photonique qui permet de visualiser des évènements in situ directement chez l’animal. Nous avons ainsi pu voir par exemple, la circulation et la migration de T cytolytiques le long des vaisseaux sanguins dans une tumeur solide EG7 injectée à une souris (Sebastian Amigorena) ou bien la dynamique des contacts entre une cellule T et une cellule dendritique dépendant du type et de l’état d’activation de la cellule dendritique (Matthias Gunzer). La technique de “membrane sheet” couplée à de la microscopie électronique, quant à elle, permet de visualiser avec une très haute définition la structure de la synapse immunologique et plus particulièrement la structure et le regroupement des protéines présentes à la membrane. Grâce à cette technique, Andrea Alcover définit ainsi son modèle de “Protein Island” selon lequel la plupart des protéines membranaires sont regroupées en îlots à la membrane. Sylvia Cohen Kaminsky qui a également énormément développé cette technique révèle quant à elle la présence de microclusters contenant le TCR, le récepteur au NMDA et PSD95 au sein de la synapse. La synapse immunologique jusqu’alors caractérisée par ses structures en c-SMAC et p-SMAC semblent en fait être composée de microclusters protéiques gouvernant l’état d’activation de la cellule. Le lien entre synapse immunologique et état d’activation de la cellule T a largement été développé par Salvatore Valitutti qui aborde une vue dynamique de l’activation lymphocytaire T. Il propose un modèle selon lequel la formation de la synapse (et des clusters protéiques qui lui sont associés) peut succèder aux signaux d’activation fournis par le TCR, notamment dans le cadre d’une synapse entre une cellule T cytoloytique et une CPA. La synapse “lytique” et la synapse “stimulatrice” sont découplées dans le temps puisque la cellule cytolytique devient effectrice avant que la formation du cSMAC caractéristique ne soit effective. Francesco Sanchez Madrid et Matthias Gunzer soulignent tous deux le lien entre l’état d’activation de la cellule T et le type et/ou l’état d’activation de la cellule présentatrice engagée ceci corrélant avec des différences dans la morphologie et la structure de la synapse. Gareth Griffiths quant à elle décrit la polarisation du MTOC (centre organisateur des microtubules) et des centrioles qui le composent à la synapse immunologique lors de la sécrétion d’un lymphocyte cytotoxique. Cette polarisation est médiée par un effecteur de cdc42 (IQGAP1) qui stabilise l’extrémité positive des microtubules au cytosquelette d’actine. Sophie Laffont INSERM U563 Toulouse [email protected] 7 L e 1 er congrès joint des sociétés européennes d’immunologie s’est tenu à Paris au début du mois de septembre 2006. Il a pu répondre aux attentes de tout immunologiste ! Il a débuté par une conférence de haut niveau donné par le Pr. Rolf Zinkernagel et s’est poursuivi les trois jours suivants par des conférences d’excellente qualité. Les workshops organisés ont permis à de nombreux étudiants, dont je fais partie, de présenter, souvent pour la première fois, leurs travaux devant une audience intéressée et de poursuivre d’enrichissantes discussions devant les posters. Cependant, ce congrès a été aussi victime de son succès, les salles accueillant les sessions plénières sur les cellules T régulatrices ou les cellules dendritiques, par exemple, étaient souvent prises d’assaut et leur accès rapidement interdit… Durant ce congrès, beaucoup de séminaires se sont intéressés à la biologie des cellules dendritiques (DCs). Yvette Van Kooyk a présenté de récents travaux sur une nouvelle lectine de type C, MGL, exprimée majoritairement à la surface des DCs “toléro géniques” et qui se lie préférentiellement à la phosphatase CD45 à la surface des cellules T effectrices. Cette interaction régule négativement la signalisation en aval du TCR en inhibant la sécrétion des cytokines ainsi que la prolifération de la cellule T, parallèlement la mort cellulaire des cellules T effectrices est augmentée. L’aspect DCs et tolérance a été aussi abordé par Giuseppe Penna qui a fait un exposé très complet sur le rôle de la 1,25-dihydro xyvitamine D3, agent permettant de rendre des DCs tolérogéniques. En étudiant le rôle de la 1,25-dihydroxyvitamine D3 sur différents sous-types de cellules dendritiques, il a pu en mettre en évidence que contrairement aux DCs myéloïdes (mDCs), les DCs plasma cytoïdes (pDCs) sont “réfractaires” à son action. Alors que la 1,25-dihydroxyvitamine D3 inhibe entre autres la production d’IL-12 par les DCs myéloïdes, et par conséquence le développement des cellules Th1, en augmentant cependant leur production d’IL-10, elle n’a aucun effet sur la production d’IFN-␣ par les DCs plasmacytoïdes, ni sur leur capacité à induire des CD4+ suppresseurs. Ces effets peuvent être expliqués par le fait qu’à l’inverse des DCs myéloïdes, le traitement par la 1,25dihydroxyvitamine D3 chez les pDCs n’inhibe pas la translocation dans le noyau du facteur de transcription NF-B p65. Ces résultats mettent encore une fois en évidence le rôle bien spécial de la sous-population plasmacytoïde au sein des DCs. Durant cette même session, M. Brenk a présenté des résultats très intéressants mettant en évidence que l’enzyme IDO et la déplétion en tryptophane n’a pas seulement des conséquences sur les cellules T, mais exercent un effet direct sur les cellules dendritiques elles-mêmes. Il a pu montrer que l’absence de tryptophane dans l’environ nement diminue la pinocytose par les DCs ainsi que leur expression de CD40 et CD86 et augmentant en revanche l’expression du récepteur inhibiteur ILT3. Après maturation, ces DCs possèdent aussi des capacités diminuées à stimuler des cellules T. Enfin, l’explication de la susceptibilité augmentée des nouveaux-nés aux infections a été abordée par deux exposés différents. Richard Lo-Man a présenté des résultats chez la souris mettant en évidence le rôle régulateur de la population B CD5 + , parti culièrement abondante chez les nouveauxnés. Par leur capacité à sécréter de grandes quantités d’IL-10 suite à une stimulation par différents ligands des TLRs, ils vont empêcher la sécrétion d’IL-12 et donc le développement de cellules Th1, alors que la génération de Th2 et de CTL n’est pas abolie. Fabienne Willems a pu mettre en évidence que chez l’Homme, la susceptibilité accrue des nouveaux-nés aux pathogènes intra-cellulaires pouvaient s’expliquer par un défaut de synthèse d’IL-12 par les DCs et d’IFN-␣ par les pDCs suite à une stimulation des TLRs. Ce congrès fut si riche qu’il est difficile d’en faire un rapport exhaustif, mais à n’en pas douter, il fut très instructif et enrichissant du point de vue des idées exposées et des nouvelles rencontres. SFI ACTUALITÉS 27 C OMPTEs-RENDUs suite Carole Speziani INSERM U 503 – UCBL ENS de Lyon Lyon [email protected] 8 L e seizième Congrès Européen d’Immunologie s’est déroulé à Paris du 6 au 9 septembre 2006. Ici, je résume les deux points de ce congrès qui sont en relation avec mes travaux de recherche et qui concernent la plasticité cellulaire des cellules dendritiques conventionnelles (cDC). En effet, les cDC sont des éléments clef de la réponse immunitaire puisqu’elles participent à la fois dans la réponse immunitaire innée et la réponse immunitaire adaptative. Nous avons précédemment montré que les cDC humaines dérivées de monocytes sont capables de rentrer dans un processus de différenciation et de former des cellules SFI ACTUALITÉS 28 multinucléées géantes résorbant l’os, c'està-dire des ostéoclastes, en réponse au M-CSF+RANKL (respectivement pour macrophage-colony stimulating factor et receptor activator of NF_B ligand), in vitro (A. Rivollier et al., Blood 2004). Nous avons appelé ce processus la “transdifférenciation” des cDC en ostéoclastes. Nos travaux plus récents montrent que les cDC murines dérivées de progéniteurs Flt3+ sont elles aussi capables de se transdifférencier en ostéoclastes, en réponse au M-CSF+RANKL in vitro et ex vivo (C. Speziani et al., WA124-744). Nos travaux montrent que le processus de transdif férenciation peut être subdivisé en trois paramètres qui sont la fusion cellulaire, l’activité de la phosphatase TRAP et l’activité de résorption osseuse. La maturation des cDC n’a pas d’influence sur l’activité de TRAP en réponse au M-CSF+RANKL mais elle inhibe la fusion cellulaire et l’activité de résorption osseuse, inhibant ainsi le processus de transdifférenciation. De plus, la transdifférenciation est étroitement régulée par les cytokines caractéristiques de la réponse immunitaire. En effet, les cytokines pro-inflammatoires telles que l’interleukine (IL)-1 et le TNF␣ potentialisent la trans différenciation, au contraire des interférons (IFN)-␣ et ␥ qui l’inhibent. Les cytokines Th2 IL-10 et IL-4 potentialisent la fusion cellulaire mais ont un effet différentiel sur le phénotype ostéoclastique caractérisé par l’activité de TRAP et l’activité de résorption osseuse, puisque l’IL-10 les potentialise alors que l’IL-4 les inhibe. Nos travaux ouvrent la porte à des études in vivo de la transdifférenciation des cDC en ostéoclastes. Dans ce contexte, j’ai particulièrement été attentive à la communication orale de C. BlinWakkach et al. (WA104-581) qui ont rapporté leurs travaux sur la transdifférenciation des DC murines en ostéoclastes in vivo. Tout d’abord, les auteurs ont montré que les DC purifiées à partir de rate sont capables de se transdifférencier en ostéoclastes en réponse au M-CSF+RANKL, ex vivo. Afin d’étudier le potentiel de transdifférenciation des DC en ostéoclastes in vivo, les auteurs ont utilisé le modèle de souris oc/oc. Ces souris sont déficientes pour la pompe à protons vacuolaire (V-ATPase) et, en conséquent, possèdent des ostéoclastes non fonctionnels et souffrent d’ostéopétrose caractérisée en particulier par une absence de cavité médullaire, ce qui ne permet pas la survie des souriceaux. Dans les nouveaux-nés oc/oc, l’injection de DC sauvages purifiées à partir de rate permet d’une part l’augmentation de la survie des souriceaux et d’autre part, la restauration de la résorption osseuse illustrée par l’apparition d’une cavité médullaire dans les fémurs. Ceci indique que les DC murines sont capables de se transdifférencier en OC in vivo. Enfin, lorsque les cellules de moelle osseuse des souriceaux oc/oc injectés avec des DC sauvages sont mises en culture en présence de M-CSF+RANKL ex vivo, les auteurs observent la formation d’ostéoclastes fonctionnels, c'est-à-dire résorbant l’os, au contraire des souriceaux oc/oc contrôles injectés avec du PBS. Il serait à présent intéressant de déterminer si cette formation d’ostéoclastes ex vivo est entièrement initiée par les DC et/ou si les DC sont capables de jouer un rôle indirect dans ce processus ex vivo. Il serait également intéressant, dans ce modèle in vivo, de déterminer la part des deux grandes sous-populations de DC qui sont les cDC (qui répondent à toute sorte d’antigènes) et les DC plasmacytoïdes (spécialisées dans la réponse interféron en particulier lors d’une infection virale). Bien que nos résultats montrent que les pDC purifiées à partir de rate ne sont pas capables de se transdifférencier en ostéoclastes en réponse au M-CSF+RANKL ex vivo, il se peut qu’il nous manque des facteurs de survie des pDC ex vivo et cette limitation technique pourrait être remédiée par l’utilisation du modèle in vivo de Blin-Wakkach et al. Nos résultats montrent que la trans différenciation des cDC immatures humaines et murines en ostéoclastes est potentialisée par un environnement inflammatoire tel que l’IL-1, TNF␣ et le liquide synovial de patients atteints de polyarthrite rhumatoïde. Ceci impliquerait la transdifférenciation des cDC en ostéoclastes dans des pathologies autoimmunes comme la polyarthrite rhumatoïde. Dans ce contexte, j’ai retenu la communication orale de LM. Charbonnier et al. (WC63-370) qui ont utilisé le modèle murin d’arthrite induite par le collagène. Le protocole d’induction de cette arthrite est un processus rigoureux qui met en jeu des souris DBA/1 immunisées à J0 et J21 avec un mix de collagène de type II et d’adjuvant complet de Freud. Dans ces souris, les signes cliniques de la maladie sont observables entre J27 et J50. LM. Charbonnier et al. ont montré que l’injection répétée de cDC immatures murines dans la semaine précédent l’immunisation primaire par le collagène et d’adjuvant complet de Freud, inhibe le développement de l’arthrite dans les souris. Cette inhibition est associée avec l’apparition, dans le foie et la rate, d’une population de lymphocytes T régulateurs et de forts taux d’IL-10 dans les ganglions lymphatiques. Le transfert adoptif de ces lymphocytes T régulateurs dans des hôtes secondaires, une semaine avant leur immunisation primaire par le collagène et d’adjuvant complet de Freud, inhibe l’apparition de l’arthrite dans ces souris. Ces résultats indiquent donc que les cDC immatures sont capables d’inhiber l’induction d’une arthrite. Il est à présent intéressant de déterminer si l’injection de cDC immatures et/ou de lymphocytes T régulateurs est capable de résoudre une arthrite déjà établie. De plus, aux vues de nos résultats, il serait intéressant de déterminer dans le modèle de LM. Charbonnier et al. si les cDC immatures injectées sont capables de se trans différencier en ostéoclastes in vivo. Il serait également intéressant d’étudier le rôle de l’IL-10 dans l’inhibition du développement de l’arthrite et, si elle existe in vivo, dans la transdifférenciation des cDC en ostéoclastes. L’ensemble de ces données montre que les cDC ont une grande plasticité de fonction et de différenciation, et plus largement une grande plasticité cellulaire, au niveau du fonctionnement du système immunitaire et du système osseux. Ceci s’inscrit dans un domaine émergent, l’ostéo-immunologie, qui étudie les relations entre ces deux systèmes et qui sont étroitement liés dans l’organisme. Raphaël Ho Tsong Fang David Geffen School of Medicine University of California Los Angeles USA [email protected] 9 L e 1 er congrès joint des sociétés nationales d’immunologie européennes et 16ème congrès européen d’immunologie s’est déroulé au Palais des Congrès de Paris du 6 au 9 septembre 2006. Se déroulant sur 3 jours, avec plus de 4000 participants, 10 salles de conférences, 41 symposiums, 61 ateliers et un millier de posters chaque jour, le programme était copieux. Le résumé présenté ici est donc très loin d’être exhaustif et reflète un programme motivé par des inclinations scientifiques personnelles. Les différentes sessions sont présentées par ordre chronologique et reprennent la nomenclature du programme. SD04 Symposium-infections virales et vaccinations A. McMichael fait un point sur les essais vaccinaux en cours contre l’infection par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH). Alors que les vaccins prophylactiques n’offrent pas de protection contre l’infection par le VIH, le concept d’un vaccin théra peutique, une fois l’infection installée et stimulant les réponses cytotoxiques CD8, semble plus prometteur comme le montrent des essais chez le macaque. Toutefois, les réponses T sont très sensibles à tout changement de séquence peptidique des protéines virales et les réponses suscitées devront donc être les plus larges possible. B. Autran rappelle les effets secondaires importants des thérapies antirétrovirales lors du traitement de l’infection par le VIH. Elle expose ensuite les différents essais vaccinaux développés par l’ANRS et les corrélats de protections observés. Un consensus international décrirait les cellules T polyfonctionnelles (IFN␥+IL2+TNF␣+4 CD107a+) comme plus pertinentes que les cellules productrices d’IFN␥ seules comme corrélat de protection. Des résultats modestes mais néanmoins encourageants sont observés dans les essais cliniques de vaccins thérapeutiques avec une augmentation des réponses CD8 et des durées hors-thérapie plus longues chez les patients vaccinés que chez ceux non-vaccinés. Robert Thimme reste sur le sujet du rôle des CD8 spécifiques, mais dans une autre infection chronique, l’infection par le virus de l’hépatite C (HCV). La persistance de HCV dans l’organisme serait due à une défaillance des CD8 cytotoxiques par échappement viral, ignorance et malfonction des cellules T qui pourrait être médiée par les cellules T régulatrices CD4 ou CD8. Des études chez le chimpanzé montrent qu’un vaccin théra peutique réduirait la persistance du VHC. WD12 Vaccination et immunothérapie des maladies virales F. Castelli décrit le répertoire des lymphocytes T CD4+ et identifie les épitopes ciblés lors d’une infection VHC. H. Gahery rend compte de l’augmentation observée dans le répertoire des réponses CD4 et CD8 après une vaccination utilisant des lipopeptides anti-VIH chez des patients sous HAART. Combadière décrit la physiopathologie lors de l’infection intra-nasale ou souscutanée de la souris par un virus vaccine Ankara modifié (MVA) exprimant GFP. Les premières cellules infectées sont les cellules dendritiques CD11c+CD11blow qui migrent dans les ganglions lymphatiques drainants, puis une infiltration de cellules non-infectées CD11c+ CD11bhigh et dépendante de CXCR3 (gène protecteur lors de l’infection) a lieu sur le site de l’infection. S. Fonseca décrit et teste in vitro sur des cellules T de patients VIH+ un nouveau logarithme qui permettrait ■ ■ ■ suite page 30 SFI ACTUALITÉS 29 ■■■ d’identifier les épitopes CD4 du VIH-1 de classe B. S. Beq présente l’effet d’une IL-7 simienne glycosylée chez le macaque rhésus sain et montre les effets positifs sur la prolifération lymphocytaire et l’apport thymique en nouveaux lymphocytes TN Winstone phénotype les cellules T spécifiques du VIH chez des sujets sains après vaccination. Les cellules T CD4 spécifiques produisent de l’IFN␥ et du TNF␣ tandis que les eliSPOTs IFN␥ corrèlent fortement avec MIP-1ß. M. Matter, dans un modèle d’infection de la souris par LCMV, propose une stratégie d’élimination de l’infection chronique par neutralisation de l’interaction CD27-CD70, responsable de la production d’IFN␥ et de TNF␣ impliqués dans les phénomènes immunopathologiques de destruction induits par l’infection. Dans le dernier exposé, F. Wiesel montre grâce à des expériences de tranfert dans un modèle de souris infectées par CMV (complication majeure chez les patients immunodéprimés) que les cellules B mémoires suffisent à protéger de la pathologie en l’absence de cellules T. Symposium satellite. Est-ce que les réponses immunologiques sont un facteur determinant dans l’évolution des maladies virales ? HCV et Influenza P. Caboub expose les manifestations extrahépatiques de l’infection par le VHC. Celles-ci sont dues au fait que le VHC est capable, outre les hépatocytes, d’infecter les lymphocytes. Elles se manifestent princi palement par des cryglobulines et une vasculite cryoglobulinémique pouvant être associée à un purpura, une glomérulo néphrite, voire même une neuropathie. Les cryoglobulines sont des immunoglobulines présentes dans le sérum qui précipitent à des températures inférieures à 37°C et se dissolvent avec le réchauffement. Les cryocomplexes précipitent sur les cellules endothéliales via le C1q du complément, ce qui entraîne une inflammation et des lésions tissulaires. Ce sont des manifestations immunopathologiques car non causées par l’infection virale elle-même, mais par les réponses immunes contre l’infection. S. van der Werf nous expose ensuite la physio pathologie de l’infection par le virus Influenza A:H5N1. Les principaux symptômes sont une détresse respiratoire et les diarrhées sont présentes avec une prévalence inhabituelle. On peut noter également une lymphopénie, une thrombocytopénie et des alanine amino transférases sanguines (ALA) élevées. Le site de replication du H5N1 est le tractus respiratoire inférieur où le récepteur acide SFI ACTUALITÉS 30 syalique (AS) en configuration ␣ 2,3 est majoritairement présent. Quant aux virus grippaux saisonniers circulant actuellement, ceux-ci se multiplient dans la partie supérieure du tractus respiratoire utilisant principalement le récepteur AS ␣ 2,6. Contrairement aux virus saisonniers, les virus H5N1 échappent aux réponses antivirales cytokiniques (IFN␣, IFN␥, TNF␣) princi palement via la protéine virale NS1. Les réponses immunes humorales et cellulaires apparaissent après le pic de réplication virale. Les antiviraux (zanamivir and oseltamivir) doivent être administrés avant le pic de réplication virale, c’est-à-dire dans les 48 heures suivant l’infection. Un vaccin pandémique devra être immunogène chez une population naïve et sera monovalent. Le vaccin actuel est trivalent (A:H1N1, A:H3N2, B). WA23 Interaction et fonction des cellules dendritiques H. Schmidlin montre, dans un modèle in vitro de développement de progéniteurs thymiques humains CD34+CD1a- en lymphocytes T matures, que les cellules dendritiques activées par CpG ou par un virus produisent de l’IFN␣. Cet IFN␣ altère le développement des lymphocytes T en perturbant la prolifération, mais pas la survie des thymocytes médiée par IL7. C. Obregon présente des données intéressantes de microscopie en 3 dimensions traitant des interactions existant entre les cellules dendritiques activées et au repos. Les cellules dendritiques activées sont capables de relarguer des exo-vésicules. Ce sont des microvésicules bourgeonnant à partir de la membrane plasmique et ayant une origine non-endocytique (contrairement aux exo somes). Ces exovésicules peuvent fusionner avec les cellules dendritiques non-activées et sont interprétées comme un signal de danger. Elles pourraient également contenir des alloantigènes qui pourraient ensuite être présentés aux lymphocytes T. SC41 Non-human PRimate MOdels of Chronic Immune Disorders Les différents orateurs (exclusivement néerlandais) de cette session ont presenté les nombreux avantages des modèles simiens dans le cadre de diverses pathologies. La sclérose multiple peut être étudiée chez le Macaque rhésus ou le Marmouset par induction d’une encéphalomyélite autoimmune expérimentale aigüe. De nouvelles stratégies thérapeutiques, utilisant par exemple des IgG4 ne fixant pas le complément comme compétiteurs des IgG1 dirigés contre la sous-unité alpha du récepteur à Acétyl-choline dans le cadre d’un myasthenia gravis, ou encore l’administration d’anta gonistes de CCR5 lors d’arthrite rhumatoïde qui réduit l’impact clinique de la maladie. Ces modèles simiens sont également d’un grand secours dans l’étude des greffes de peau ou de rein. A noter une initiative extrêmement intéressante du centre de primatologie de recherche biomédicale de Rijswijk aux PaysBas : le programme PRIMOCID, sponsorisé par l’Europe, qui couvre les coûts de réalisation et les frais de port des prélèvements pour toute équipe d’un pays européen désireuse de travailler sur ces modèles de maladie autoimmune ou de transplantation d’organes. La date limite de dépôt des dossiers pour cette année était fixée au 7 janvier 2007, voir http://www.dform. nl/form.php?id=18&id2=6f4922f45568161a8 cdf4ad2299f6d23. Peut-être un exemple pour les centres de primatologie français dans le cadre d’autres pathologies comme le VIH/SIDA ? Symposium satellite. Immunité mucosale Ce symposium offre des éléments de premier ordre quant aux phénomènes induisant la tolérance du système immunitaire de l’intestin face aux bactéries commensales. A.J. McPherson montre que les lymphocytes T ne sont pas nécessaires au développement d’une réponse IgA. Le système immunitaire systémique est ignorant des bactéries commensales alors que l’intestin est réellement tolérant. Les cellules dendritiques jouent un rôle dans cette tolérance au sein des ganglions mésentériques qui semblent confiner la production d’IgA aux muqueuses intestinales. O. Lantz nous parle des cellules T invariantes associées aux muqueuses (TIAM), celles-ci sont phylogénétiqueùent conservées chez l’Homme, la souris et le rat, elles sont activées, thymodépendantes, MR-1 restreintes et ne s’accumulent pas dans la muqueuse intestinale en l’absence de bactéries commensales. O. Pabst dissèque les phénomènes de tolérisation au sein des muqueuses intestinales en utilisant notamment une drogue bloquant la sortie des lymphocytes des ganglions lymphatiques (FTY 720). L’induction de la tolérance orale ne requiert pas la recirculation des antigènes au sein du système immunitaire systémique. La tolérisation a lieu dans les ganglions lymphatiques mésentériques ; si ces derniers sont chirurgicalement enlevés, la tolérisation n’a pas lieu. Les antigènes sont transportés dans les ganglions par les cellules dendritiques qui migrent via une chémotaxie impliquant le récepteur CCR7. Il confirme que la tolérisation implique un défaut de prolifération des cellules T en réponse à l’antigène. WA61 Cytokines inflammatoires et réponses antivirales C. Detje utilisant une souche murine n’exprimant pas le récepteur à l’IFN␣ dans le système nerveux central montre que IFN␣ permet d’exclure le virus de la stomatite vésiculaire (VSV) du SNC. Le pic de production d’IFN␣ se situe à 24 heures postinfection. M. Keller étudie le rythme circadien du système immunitaire qui a un effet majeur sur le pronostic vital des souris traitées au LPS. Les souris traitées le jour meurent, tandis que les souris traitées la nuit survivent pour la plupart. Les organes lymphoïdes secondaires seraient dotés d’un rythme circadien autonome par sécrétion de cytokines (comme TNF␣) ou d’autres facteurs. L. Mortara souligne le rôle des cellules dendritiques lors de l’infection non-pathogène du singe vert africain par le virus de l’immunodéficience simienne (SIV). Le pourcentage de cellules dendritiques plasmacytoïdes augmente dans les ganglions lymphatiques lors de la phase aigüe de l’infection. De plus, leur capacité à produire de l’IFN␣ est augmentée ; contrastant avec ce qui est observé dans les infections pathogènes par le VIH. Ce recrutement de pDC dans les ganglions lymphatiques lors de la phase aigüe pourrait jouer un rôle primordial dans le pronostic de l’infection : pathogène ou non. SB83 Sous-populations lymphocytaires T, homéostasie et mémoire S. Rowland Jones étudie la physiopathologie de l’infection par le VIH-2 qui est un modèle extrêmement intéressant dans le cadre d’une étude physiopathologique comparative avec le VIH-1. Alors que les charges provirales sont comparables entre le VIH-1 et le VIH-2, les charges virales sont très faibles, voire indétectables lors d’une infection par le VIH-2. 80 à 85 % des personnes infectées par le VIH-2 ne développent pas de SIDA. Ces résultats montrent une distribution phylogénétique des séquences de Nef suivant la vitesse de la progression vers la maladie, une fonctionalité conservée des lymphocytes T CD4 spécifiques et des cellules natural-killer ainsi qu’une différence phénotypique des lymphocytes T CD8 spécifiques qui sont CD28+CD27+ (early) lors d’une infection VIH-2, alors qu’elles sont CD28 - CD27 + (intermediate) lors d’une infection VIH-1 et CD28 - CD27 - (late) lors d’une infection CMV. J.P. Di Santo, par des expériences de rejet de greffes dans un modèle murin, montre que les signaux cytokiniques médiés par le récepteur gamma common régulent la différentiation des lymphocytes T d’une manière indépendante de la régulation de la prolifération. Les souris ␥ common -/- ont des lymphocytes T activés présents au niveau du greffon, mais elles sont incapables de produire de l’IFN␥ ou du granzyme. Symposium satellite. Pêché original antigénique et vaccination pré-pandémique Enfin, la dernière session que j’aimerais vous reporter traite du concept du pêché antigénique originel et de ses conséquences sur les stratégies de vaccination face à Influenza. B. Lida nous rappelle les enjeux et les défis d’une possible pandémie d’influenza et d’une campagne de vaccination efficace. Si une pandémie devait se produire, elle se déroulerait en 2 ou 3 vagues. Par le passé, un vaccin était disponible après la 1ère ou la 2ème vague, ceci étant dû à des capacités de production limitées. Le manque de vaccin en début d’épidémie peut être pallié par la distribution raisonnée, afin d’éviter les résistances, et l’administration dans les 48 heures de l’infection d’antiviraux préalablement stockés. Se pose également le problème d’accessibilité aux antiviraux ou aux préparations vaccinales par les populations des pays plus pauvres. Mais l’immunogénicité contre une nouvelle antigénicité du virus influenza A requiert deux injections à trois semaines d’intervalle. 3 possibilités sont envisagées : 1) l’usage d’une souche pré-pandémique pour développer un candidat vaccin qui pourrait être utilisé pour primer la population avant le début de l’épidémie, la deuxième injection pouvant se faire après le début de l’épidémie ; 2) stocker le vaccin pré-pandémique et attendre le début de l’épidémie pour commencer à vacciner ; 3) attendre le début de l’épidémie pour produire un vaccin contre la souche pandémique. G.C. Schild introduit plus à fond le concept de pêché antigénique originel. Dans le cas de l’influenza, il s’agit d’une réponse immunitaire spécifique à une souche d’une précédente infection suite à l’infection ou la vaccination par une souche plus récente. J.L. Virelizier précise les mécanismes moléculaires de ce phénomène. Il résulterait de la présentation de l’hémaglutinine virale aux cellules T helper par des cellules B mémoires avec un récepteur des cellules B (BCR) de faible affinité. Même si des réactivités croisées entre l’ancienne et la nouvelle souche sont probables, la question est de savoir si cette réaction mémoire dirigée contre une ancienne souche interfère avec le développement de la réponse immunitaire contre la nouvelle souche vaccinale ou infectante. La réponse est non. Le pêché antigénique originel ne diminue pas les réponses anticorps contre un nouvel épitope, il pourrait au contraire renforcer la réponse primaire contre la nouvelle souche. B. Autran conclut que le pêché antigénique originel ne peut représenter un quelconque danger dans les stratégies de vaccination contre la grippe. Donc, la solution de pré-vacciner les populations à l’aide de souche prépandémique peut être envisagée avant l’apparition d’une éventuelle souche à potentiel pandémique. Pour adhérer, contactez-nous : www.sfi-immunologie.com.fr Société Française d'Immunologie 191, rue de Vaugirard Bureau 107 75015 Paris Téléphone : 01 45 66 85 97 Télécopie : 01 45 67 46 98 E-mail : [email protected] SFI ACTUALITÉS 31 10ème COLLOQUE CYTOKINES DU CROISIC Presqu'île du Croisic, les 14-15-16 mai 2007 Organisateurs : Vincent Praloran, Jean-Claude Lecron, Hans Yssel, Michel Dy, Hugues Gascan, Aimé Vazquez et Yannick Jacques. 6ème journée scientifique du CRI/SFI Thème "Immunité innée et maladies autoimmunes" Institut Pasteur - CIS - Paris, le vendredi 25 mai 2007 de 9h30 h à 17h00 Organisateurs : Xavier Mariette, Nathalie Thiéblemont, Antoine Toubert 3ème COURS MEDITERRANEEN SUPERIEUR D'IMMUNOLOGIE Institut Pasteur de Casablanca, Maroc, octobre 2007 CONGRES ANNUEL DE LA SFI Ecole Normale Supérieure de Lyon, les 26-27-28-29 novembre 2007 Le thème du congrès est "Immunité Infection et Vaccination" La réunion sera précédée le lundi 26 novembre de 9h à 16h par l'ATELIER TECHNOLOGIQUE : "Approche globale des répertoires immunitaires : de la recherche au diagnostic ex-vivo", et la dernière journée du congrès le jeudi 29 novembre sera organisée conjointement avec le COLLOQUE “VACCINOLOGIE 2007” de la SFI. Le Comité d’organisation : Membres du C.A. de la SFI : Brigitte Autran, Nathalie Thieblemont. Comité local : Nathalie Bonnefoy-Bérard, Thierry Defrance, François-Loic Cosset, Christophe Caux, Marc Girard, Bernard Mandrand. 18ème COURS D'IMMUNOLOGIE DE LA SFI Il n'y aura pas de cours en 2007. Le 18ème cours de SFI aura lieu au printemps 2008. Pour toute information sur ces évènements, visitez le site web de la SFI : http://www.sfi-immunologie.com.fr/ ■ ■ ■ Comité de rédaction de SFI Actualités : Hans Yssel, Solange Gouellain Retrouvez nous sur le web : http://www.sfi-immunologie.com.fr Société Française d'Immunologie Siège Social - Institut Pasteur, Paris Correspondance et Bureaux 191, rue de Vaugirard, Bureau 107 - 75015 Paris Téléphone : +33 (0)1 45 66 85 97 - Télécopie : +33 (0)1 45 67 46 98 E-mail : [email protected] Accent Aigu LA VIE DE LA SFI EN 2007 Club Rhumatisme et Inflammation Club Autoimmunité et Immunopathologie