avec l’antigène a été effectué, les lymphocytes (notamment T) vont s’engager dans la phase
de différenciation (entre la voie TH1 et TH2) et de prolifération. C’est à ce stade qu’agissent
donc les interférons-bêta, à la fois pour essayer d’induire un choix préférentiel vers la voie
TH2 et diminuer la prolifération cellulaire. La prolifération cellulaire est également diminuée
par l’ensemble des immunosuppresseurs (mitoxantrone, cyclophosphamide [Endoxan],
cladribine [Leustatine, Litak], azathioprine, etc.). Puis les lymphocytes sortent du ganglion
lymphatique, et c’est ici que pourrait agir un médicament dont l’essai de phase 3 vient d’être
publié, le fingolimod qui est un agoniste des récepteurs S1P, qui, de ce fait, perturbe la sortie
des lymphocytes T. Ces derniers se retrouvent en quelque sorte « prisonniers » des ganglions
lymphatiques. Puis les lymphocytes se retrouvent dans la circulation. Une fois sortis des
organes lymphoïdes, les lymphocytes doivent traverser la barrière hémato-encéphalique. C’est
là où les molécules d’adhésion sont très importantes, permettant aux lymphocytes de
s’attacher à la paroi endothéliale puis de la traverser. C’est ici que les inhibiteurs des
molécules d’adhésion telles que le natalizumab, qui est un anticorps monoclonal anti-VLA4,
agit en empêchant donc en quelque sorte, les lymphocytes de pénétrer dans le système
nerveux central. Une fois les lymphocytes dans le système nerveux central, les différentes
étapes que nous venons de décrire se renouvellent, et il y a à nouveau présentation d’antigènes
différenciation et prolifération, les molécules qui traversent la barrière hématoencéphalique
peuvent donc être à nouveau efficaces.
Le point de départ au plan neurologique semble être l’augmentation du passage des
lymphocytes autoréactifs (TCD4) à travers la barrière hématoencéphalique (Compston et
Coles, 2008). L’immunologie de la SEP ne semble pas se résumer à la réponse immunitaire
adaptative et on « entrevoit » actuellement à peine le rôle de la réponse immunitaire innée
(Sreeram et al, 2010).
Depuis la publication en 1993 (The IFNB Multiple Sclerosis Study Group) du premier essai
sur l’interféron beta, patients et médecins n’ont cessé de plaider pour la mise à disposition de
forme orale. Actuellement, de nombreuses molécules administrables per os sont en cours de
développement/d’évaluation. Deux d’entre elles ont été l’objet d’études pivots.
1) Molécules ayant fait l’objet d’étude de phase 3
FINGOLIMOD ( FTY720) est un analogue structural de la sphingosine. Sur le plan
pharmacologique, le fingolimod cible une nouvelle classe de récepteurs couplés à la protéine
G (RCPG) qui lient la sphingosine 1-phosphate (S1P), médiateur sphingolipidique pléïotrope,
et agit essentiellement en exerçant une rétromodulation des réponses des récepteurs de
S1P/S1P dans les systèmes immunitaire et nerveux central. Il provoque une séquestration
réversible d’une partie des lymphocytes T CD4+ et CD8+ et des lymphocytes B du sang et de
la rate dans les ganglions lymphatiques (GL) et les plaques de Peyer, apparemment sans
affecter la plupart des propriétés fonctionnelles de ces cellules. Dans les circonstances
normales, les lymphocytes T nécessitent sélectivement une activation de S1P1 pour émigrer
depuis le thymus, et les lymphocytes T et B ont besoin de ce récepteur pour quitter les
organes lymphoïdes périphériques. Le FTY720-P agit comme « superagoniste » sur le
récepteur S1P1 des lymphocytes, en induisant son découplage/internalisation, ce qui empêche
ces cellules de répondre à la signalisation S1P, les privant ainsi d’un signal nécessaire pour
quitter les organes lymphoïdes et recirculer dans les tissus inflammatoires périphériques. En
conséquence, les lymphocytes T auto-agressifs restent piégés dans le système lymphoïde,
c’est-à-dire dans les ganglions lymphatiques cervicaux drainant les antigènes dans les