Opéras baroques à Londres, XVIIIe siècle
Allemand d’origine, Georg Friedrich Haendel s’installa très tôt à Londres alors
qu’il n’avait que 27 ans. Son premier grand succès auprès du public anglais
fut son opéra Rinaldo. Bien que Haendel le composa très rapidement en
empruntant beaucoup de matériel thématique à ses opéras précédents,
Rinaldo s’avère être le premier opéra italien spécifiquement conçu pour la
scène londonienne. L’œuvre, qui raconte une histoire d’amour, de guerre et de
rédemption au temps de la première croisade, fut instantanément un triomphe.
À cette époque, le compositeur et violoncelliste d’origine italienne
Giovanni Bononcini, venu lui aussi à Londres pour y développer sa carrière de
compositeur, se révéla être le principal « rival » de Haendel. Il profita de son
alliance avec le Parti whig qui s’opposait à la monarchie absolue pour faire
concurrence à Haendel qui jouissait, quant à lui, du soutien des Tories –
faction politique conservatrice favorisant un pouvoir royal fort. La carrière
londonienne de Bononcini s’interrompit abruptement lorsqu’il fut reconnu
coupable de plagiat. Il avait en effet fait passer pour sien un madrigal composé
par Antonio Lotti.
Nicola Francesco Haym, l’un des librettistes de Haendel et de Bononcini, était
compositeur et violoncelliste continuo à la Royal Academy of Music, pour
laquelle Haendel composait des opéras. Haym y devint par la suite le
secrétaire.
En 1729, les Whigs firent venir de Venise le célèbre Nicola Porpora dans le but
de fonder une compagnie d’opéra rivale à celle de Haendel. L’Opera of the
Nobility réussit peu à peu son ascension en engageant à prix élevé les plus
grandes têtes d’affiche de l’époque. La compagnie de Haendel, qui se
produisait au King’s Theatre, fut rapidement forcée de faire faillite et sa rivale
prit possession du théâtre à la fin de la saison 1734. Néanmoins, malgré
la participation du très populaire castrato Farinelli, l’Opera of the Nobility
dû à son tour fermer ses portes en 1737.