Conseil Pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens N° 145 (2015/I) TABLE DES MATIÈRES LE PAPE FRANÇOIS ET L’ŒCUMÉNISME (janvier-juin 2015) Audiences à des délégations œcuméniques .................................................................................................................................... Messages du Pape François ................................................................................................................................................................ Voyage apostolique du Pape François à Sarajevo, en Bosnie-Herzégovine (6 juin 2015) ...................................................... Visite pastorale du Pape François à Turin (22 juin 2015) ............................................................................................................. Autres déclarations .............................................................................................................................................................................. 3 10 12 13 14 CÉLÉBRATION À ROME DE LA SEMAINE DE PRIÈRE POUR L’UNITÉ DES CHRÉTIENS 2015 (18 – 25 janvier 2015).......................................................................................................................................................................... 17 COMMÉMORATION DU MARTYRE DES ARMÉNIENS Salut du Pape François avant la Messe célébrée à la Basilique Saint-Pierre (12 avril 2015) ................................................... 19 Message aux Arméniens (12 avril 2015) .......................................................................................................................................... 19 VISITE À ROME DE SA SAINTETÉ MORAN MOR IGNATIUS APHREM II, PATRIARCHE SYRO-ORTHODOXE D’ANTIOCHE ET DE TOUT L’ORIENT (17-20 juin 2015) Discours du Pape François à Sa Sainteté Moran Mor Ignatius Aphrem II (19 juin 2015) ................................................ 22 Discours de Sa Sainteté Moran Mor Ignatius Aphrem II au Pape François (19 juin 2015)................................................ 23 ENCYCLIQUE LAUDATO SI’ DU PAPE FRANÇOIS Commentaire du Métropolite Ioannis Zizioulas de Pergame ...................................................................................................... 25 CINQUANTIÈME ANNIVERSAIRE DU GROUPE MIXTE DE TRAVAIL ENTRE L’ÉGLISE CATHOLIQUE ET LE CONSEIL ŒCUMÉNIQUE DES ÉGLISES .................................................................................................................................. 28 VISITE À ROME D’UNE DÉLÉGATION DU PATRIARCAT ŒCUMÉNIQUE POUR LA FÊTE DES SAINTS PIERRE ET PAUL (26-29 juin 2015) ................................................................................................... 54 NOUVELLES ŒCUMÉNIQUES Dialogue international réformé-catholique (Gand, Belgique, 22-28 février 2015) ................................................................... Réunion du Groupe des Conversations de Malines (Chesnut Hill, États-Unis, 22-26 mars 2015) ...................................... Commission internationale anglicane-catholique (ARCIC III) (Villa Palazzola, Province de Rome, 28 avril-4 mai 2015 .......................................................................................................... Commission de dialogue entre les Disciples du Christ et l’Église catholique (Bethany, Virginie Occidentale, États-Unis, 19-24 juin 2015) ........................................................................................................................................................... 56 56 57 59 COMMISSION POUR LES RELATIONS RELIGIEUSES AVEC LE JUDAÏSME ........................................................................................... 61 DOCUMENTATION SUPPLÉMENTAIRE Semaine de prière pour l’unité des chrétiens Lettre du Secrétaire du CPPUC .................................................................................................................................................... 64 Textes de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens 2016 ............................................................................................... 65 BUREAUX: Via della Conciliazione 5 – 00193 Rome (Italie) Tél: +39.06.698.83 568 (Rédaction) Fax: +39.06.698.85.365 – Email: [email protected] RÉDACTEUR EN CHEF Fr. Hyacinthe Destivelle, OP ADRESSE POSTALE Conseil Pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens VA – 00120 Cité du Vatican La reproduction totale ou partielle des textes publiés dans le Service d’information est autorisée. Néanmoins, nous prions ceux qui utilisent ces textes de bien vouloir nous envoyer un exemplaire de leur publication. LE PAPE FRANÇOIS ET L’ŒCUMÉNISME Janvier-juin 2015 AUDIENCES À DES DÉLÉGATIONS ŒCUMÉNIQUES Votre visite a lieu en même temps que la semaine de prière pour l’unité des chrétiens. Cette année, notre réflexion est centrée sur les paroles adressées par Jésus à la Samaritaine au puits: « Donne-moi à boire » (Jn 4, 7). AUDIENCE À UNE DÉLÉGATION LUTHÉRIENNE DE FINLANDE À L’OCCASION DE LA FÊTE DE SAINT HENRI 22 janvier 2015 Il nous est rappelé que la source de toute grâce est le Seigneur lui-même et que Ses dons transforment ceux qui les reçoivent, les rendant témoins de la vie véritable qui ne provient que du Christ. Comme nous le raconte l’Évangile, de nombreux Samaritains crurent en Jésus à la suite du témoignage de cette femme (cf. Jn 4, 39). Comme vous l’avez observé, évêque Vikström, les catholiques et les luthériens peuvent faire beaucoup ensemble pour rendre témoignage de la miséricorde divine dans nos sociétés. Un témoignage chrétien partagé est particulièrement nécessaire devant la méfiance, l’insécurité, les persécutions et les souffrances endurées par de nombreuses personnes dans le monde d’aujourd’hui. Dans la matinée du jeudi 22 janvier, le Pape François a reçu en audience une délégation œcuménique de l’Église luthérienne de Finlande, venue à Rome à l’occasion du pèlerinage annuel pour la fête de saint Henri, patron de ce pays. DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS Chers évêques, chers amis, C’est avec joie que je vous souhaite la bienvenue à l’occasion de votre pèlerinage œcuménique annuel à Rome pour célébrer la fête de saint Henri, patron de votre pays. L’événement de cette année s’est révélé une véritable rencontre spirituelle et œcuménique entre catholiques et luthériens, s’inscrivant dans une tradition qui se poursuit désormais depuis trente ans. Ce témoignage commun peut être soutenu et encouragé par le progrès dans le dialogue théologique entre les Églises. La Déclaration commune sur la doctrine de la justification, signée officiellement il y a un peu plus de quinze ans entre la Fédération luthérienne mondiale et l’Église catholique, peut continuer à produire parmi nous des fruits de réconciliation et de collaboration. Le dialogue nordique luthérien-catholique en Finlande et en Suède, sur le thème Justification dans la vie de l’Église, est en train de réfléchir sur des questions importantes dérivant de la Déclaration commune. Nous souhaitons qu’une convergence supplémentaire puisse naître de ce dialogue sur le concept d’Église, signe et instrument du salut qui nous a été donné en Jésus Christ. Le saint Pape Jean-Paul II s’adressa aux membres de la première délégation œcuménique finlandaise, venue à Rome il y a trente ans, avec ces mots: « Le fait que vous soyez venus ici ensemble est déjà un témoignage de l’importance des efforts pour l’unité. Le fait que vous priiez ensemble témoigne de votre foi dans le fait que ce n’est que par la grâce de Dieu que l’on pourra atteindre l’unité. Le fait que vous récitiez ensemble le Credo est un témoignage de l’unique foi commune de tout le christianisme ». À ce moment-là avaient déjà été accomplis les premiers pas importants d’un chemin œcuménique commun vers l’unité pleine et visible des chrétiens. Depuis lors, beaucoup a été accompli et — j’en suis certain — beaucoup sera encore accompli en Finlande pour « faire progresser la communion partielle existant entre les chrétiens, pour arriver à la pleine communion dans la vérité et la charité » (Jean-Paul II, Enc. Ut unum sint, 14). Je prie afin que votre visite à Rome contribue à renforcer les relations œcuméniques entre les luthériens et les catholiques en Finlande, déjà très positives depuis des années. Que le Seigneur fasse descendre sur nous l’Esprit de vérité et nous guide vers une charité et une unité toujours plus grandes. ORF, 29 janvier 2015 DISCOURS DE L’ARCHEVÊQUE BJÖRN VIKSTRÖM, ÉVÊQUE DE PORVOO Sainteté, Excellences, Éminences, Liste des abréviations utilisées : ORF = L’Osservatore Romano, édition hebdomadaire en langue française ; ORE = L’Osservatore Romano, édition hebdomadaire en langue anglaise ; OR = L’Osservatore Romano, édition quotidienne en langue italienne. Les autres sources des textes publiés seront citées si nécessaire. Lorsque les traductions sont faites par le Service d’information, cela est indiqué. C’est pour moi un très grand honneur et une joie de vous présenter les salutations de l’Église évangélique de Finlande ainsi que de mon propre diocèse, le diocèse 3 de Porvoo. Porvoo est une petite ville située au sud de la Finlande qui, par pure coïncidence, a donné son nom à la célèbre Déclaration de Porvoo signée, entre autres, par les Églises luthériennes de Scandinavie et l’Église anglicane. Le diocèse de Porvoo est le diocèse de la minorité de langue suédoise de l’Église luthérienne évangélique de Finlande. ensemble comme les branches d’un même arbre, nous apportons lumière et espérance dans la vie des personnes, en Finlande, à Rome et dans le monde entier. Depuis exactement trente ans s’est instaurée une tradition qui veut que l’évêque du diocèse catholique de Finlande et un des évêques luthériens se rendent à Rome pour célébrer ensemble la mémoire de saint Henri, saint patron de la Finlande. À l’approche de la commémoration du 500e anniversaire de la Réforme luthérienne, il est plus que jamais important de mettre en évidence notre histoire et notre vocation communes en tant que sœurs et frères catholiques et luthériens dans la foi. AUDIENCE À LA COMMISSION MIXTE INTERNATIONALE POUR LE DIALOGUE THÉOLOGIQUE ENTRE L’ÉGLISE CATHOLIQUE ET LES ÉGLISES ORTHODOXES ORIENTALES 30 janvier 2015 Traduction de l’anglais SI Chers frères dans le Christ, Je vous souhaite avec joie la bienvenue, membres de la Commission mixte internationale pour le dialogue théologique entre l’Église catholique et les Églises orthodoxes orientales. À travers vous, j’étends mon salut à mes vénérables frères, les chefs des Églises orthodoxes orientales. Je remercie en particulier Son Éminence Anba Bishoy, co-président de la Commission, pour ses aimables paroles. Je désir également exprimer ma profonde admiration pour la manière dont Votre Sainteté remplit le rôle difficile et important que vous revêtez en tant que chef de la plus grande Église chrétienne. En particulier, j’aimerais vous remercier pour l’insistance avec laquelle vous nous rappelez que notre vocation chrétienne implique le souci des plus pauvres ou de ceux qui sont menacés par la guerre, l’oppression ou la maladie. Dans un monde tourmenté par l’injustice sociale, les conflits et la dégradation de l’environnement, nous avons le devoir de rappeler que le Seigneur Jésus Christ s’est très fortement identifié avec ceux qui n’entrevoient aucune amélioration pour leur vie future. C’est un motif de gratitude de réfléchir sur le travail de votre Commission, qui a commencé en 2003 en tant qu’initiative commune d’autorités ecclésiastiques de la famille des Églises orthodoxes orientales et du Conseil Pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens. Au cours des dix dernières années, en suivant une perspective historique, elle a examiné les voies à travers lesquelles les Églises ont exprimé leur communion au cours des premiers siècles, et ce que cela signifie pour notre recherche de la communion aujourd’hui. Au cours de la rencontre de cette semaine, vous avez également entamé un approfondissement de votre étude sur la nature des sacrements, en particulier du baptême. Je souhaite que le travail accompli puisse porter des fruits abondants pour la recherche théologique commune et nous aider à vivre de façon toujours plus profonde notre amitié fraternelle. Par votre exemple humble et digne de confiance, vous avez montré ce que signifie être un leader dans un contexte chrétien, comme le dit Jésus Christ (en Mc 10, 42-45) : « Si quelqu’un veut être grand parmi vous, qu’il soit votre serviteur. Et si quelqu’un veut être le premier parmi vous, qu’il soit l’esclave de tous. Car le Fils de l’homme est venu non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude ». Votre exemple est un défi pour moi et quiconque est appelé à assumer des responsabilités dans une Église chrétienne. En tant qu’organisation et communauté dans le monde, chaque Église et dénomination a besoin de structures, de responsables, de décideurs et d’avoir une planification financière responsable. Mais nous ne devons pas oublier que si notre Seigneur a fondé son Église, ce n’était pas simplement pour que les êtres humains trouvent la paix dans la foi en Dieu mais aussi pour que les malades soient guéris, pour que ceux qui sont opprimés et prisonniers retrouvent la liberté, pour que les pauvres et les affamés soient nourris et pour que les affligés soient réconfortés. J’espère et prie pour que nous, les chrétiens, apprenions à œuvrer ensemble toujours davantage et soyons un encouragement les uns pour les autres, afin que l’Évangile soient proclamé partout en paroles et en actions et que la grâce et l’amour de Dieu devienne visible sur la terre. Quand nous travaillons Je me rappelle avec une profonde reconnaissance l’engagement inspirateur de dialogue de Sa Sainteté Ignace Zakka Iwas, patriarche de l’Église syroorthodoxe d’Antioche et de tout l’Orient, qui a quitté ce monde l’an dernier. Je m’unis à votre prière à tous, du clergé aux fidèles de ce zélé serviteur de Dieu, en demandant pour son âme la joie éternelle. En ce moment, de façon particulière, nous partageons la même consternation et la même douleur pour ce qui a lieu au Moyen-Orient, spécialement en Irak et en Syrie. Je pense à tous les habitants de la région, y compris nos frères chrétiens et de nombreuses minorités, qui vivent les conséquences d’un conflit exténuant. Avec vous, je prie chaque jour afin que l’on trouve au plus tôt une solution négociée, en implorant la bonté et la piété de Dieu pour tous ceux qui sont frappés par cette immense tragédie. Tous les chrétiens sont appelés à travailler ensemble dans 4 l’acceptation et la confiance réciproque pour servir la cause de la paix et de la justice. Puissent l’intercession et l’exemple de nombreux martyrs et saints, qui ont apporté un témoignage courageux au Christ dans toutes nos Églises, vous soutenir et vous renforcer, de même que vos communautés chrétiennes. La foi et le témoignage chrétien sont confrontés à des défis tels que ce n’est qu’en unissant nos efforts que nous pourrons rendre un service efficace à la famille humaine et permettre à la lumière du Christ d’atteindre chaque recoin obscur de notre cœur et de notre monde. Puisse le chemin de réconciliation et de paix entre nos communautés nous rapprocher toujours plus les uns des autres, de sorte que, animés par l’Esprit Saint, nous puissions apporter la vie à tous et l’apporter en abondance (cf. Jn 10, 10). Chers frères, je vous remercie pour votre visite et j’invoque pour chacun de vous et son ministère la bénédiction du Seigneur et la protection maternelle de la Très Sainte Vierge Marie. S’il vous plaît, priez pour moi. Je me permets de recourir à ma langue maternelle pour exprimer mon sentiment de profonde tristesse. Aujourd’hui, j’ai appris la nouvelle de l’exécution de ces vingt-et-un ou vingt-deux chrétiens coptes. Ils disaient seulement : « Jésus, aide-moi ! ». Ils ont été assassinés pour le seul fait d’être chrétiens. Vous-même, mon frère, dans votre discours, vous avez fait référence à ce qui se passe sur la terre de Jésus. Le sang de nos frères chrétiens est un témoignage qui crie. Qu’ils soient catholiques, orthodoxes, coptes, luthériens, peu importe, ils sont chrétiens ! Et le sang est le même. Ce sang confesse le Christ. En rappelant ces frères qui sont morts pour le seul fait de confesser le Christ, je demande que nous nous encouragions mutuellement à aller de l’avant dans cet œcuménisme qui nous donne de la force, l’œcuménisme du sang. Les martyrs appartiennent à tous les chrétiens. ORF, 5 février 2015 AUDIENCE AU RÉVÉREND JOHN P. CHALMERS, MODÉRATEUR DE L’ÉGLISE D’ÉCOSSE (RÉFORMÉE) 16 février 2015 DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS Cher frère modérateur, Chers frères et sœurs dans le Christ, Je suis heureux d’avoir l’occasion de vous rencontrer, en tant que représentants de l’Église d’Ecosse, et de partager avec vous notre engagement commun au service de l’Évangile et de la cause de l’unité des chrétiens. Prions les uns pour les autres et continuons de marcher ensemble sur la voie de la sagesse, de la bienveillance, de la force et de la paix. Merci. D’illustres et saintes figures chrétiennes appartenant à différentes confessions ont contribué au développement de la riche tradition historique et culturelle de l’Écosse. L’état actuel des relations œcuméniques en Écosse témoigne à quel point ce que nous avons en commun, en tant que chrétiens, est plus grand que ce qui peut nous diviser. Sur ce fondement, le Seigneur nous appelle à rechercher des façons encore plus efficaces de surmonter les anciens préjugés et de trouver de nouvelles formes d’entente et de collaboration. ORF, 5 mars 2015 DISCOURS DU TRÈS RÉV. JOHN CHALMERS, MODÉRATEUR DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE L’ÉGLISE D’ÉCOSSE Sainteté, Je vous salue au nom du Seigneur Jésus Christ et vous apporte les salutations et les prières de l’Assemblée générale de l’Église d’Écosse. Les relations entre nos deux Églises n’ont jamais été plus cordiales et fécondes et nous nous en réjouissons. Nous avons parcouru un chemin important. Je me réjouis de constater que les relations entre l’Église d’Ecosse et l’Église catholique se sont développées, au point que les défis lancés par la société contemporaine sont affrontés à travers une réflexion commune et, dans de nombreux cas, nous sommes en mesure de parler d’une seule voix sur des questions qui touchent de près la vie de tous les fidèles. Dans notre univers mondialisé, et souvent désorienté, un témoignage chrétien commun est une condition nécessaire pour que nos efforts d’évangélisation soient efficaces. Aujourd’hui, il est inconcevable pour nous en Écosse de commémorer des passages délicats de notre histoire sans reconnaître la douleur de notre division ; nous avons conscience que tenter de comprendre le point de vue de l’autre est beaucoup plus enrichissant que tirer sur la carte de l’histoire des frontières que nous n’osons pas franchir. Nous sommes des pèlerins et nous sommes en pèlerinage ensemble. Nous devons apprendre à « confier notre cœur à notre compagnon de route sans suspicion ni méfiance, et à regarder surtout ce que nous cherchons : la paix dans le visage du Dieu unique » (Evangelii gaudium, n. 244). De telles attitudes ont nuit dans le passé à notre culture mais nous remarquons aujourd’hui un changement positif substantiel, en particulier au niveau local où de nouveaux liens d’amitié se sont créés entre les ministres et les prêtres et où les personnes n’ont 5 plus la même attitude depuis qu’elles ont commencé à parler ensemble de leur passé et de leur foi. Soyez assuré que nous continuerons à prier afin que Dieu bénisse votre personne et vous utilise comme instrument de sa volonté, ainsi qu’il le fait très clairement aujourd’hui. À travers divers projets artistique, entre autres de théâtre, et éducatifs au niveau local, les personnes ont fini par se voir sous un éclairage différent. Non seulement nos Églises en ont bénéficié mais également l’ensemble de la population écossaise. Nous devons approfondir notre dialogue et nous devons découvrir des manières de travailler capables de nous conduire à davantage de fraternité et de communion. Traduction de l’anglais SI AUDIENCE À LA COMMISSION INTERNATIONALE ANGLICANE-CATHOLIQUE 30 avril 2015 Néanmoins, à l’heure actuelle nous devons affronter des défis à l’échelle mondiale. Nos confessions, catholique et réformée, doivent prendre l’initiative d’enseigner la tolérance et promouvoir des modes nonviolents d’aborder la question de nos différences. Cela sous-entend la nécessité d’encourager le dialogue interreligieux à différents niveaux, de mieux appréhender les principes et processus permettant d’instaurer la paix et d’investir vraiment dans des négociations de paix plutôt que dans l’armement. Ceci est urgent partout dans le monde mais l’est tout particulièrement dans la région où notre Seigneur est né et d’une seule voix, nous invoquons la paix et la justice pour le peuple d’Israël, de Palestine et des Territoires occupés. Dans la matinée du jeudi 30 avril, le Pape François a reçu en audience une délégation de la Commission internationale anglicane-catholique. À cette occasion, le Pape a prononcé le discours suivant : Chers frères et sœurs dans le Christ, C’est pour moi une joie de vous rencontrer, membres de la Commission internationale anglicane catholique. Ces jours derniers vous vous êtes réunis pour une nouvelle session de votre dialogue, qui étudie actuellement la relation entre Église universelle et Église locale, avec une référence particulière aux processus de confrontation et de décision sur les questions morales et éthiques. Je vous souhaite cordialement la bienvenue, ainsi qu’une rencontre fructueuse. Dans un monde où tant de personnes souffrent en raison de leurs convictions religieuses et où croire en Dieu est souvent méprisé, nous devons apprendre à défendre davantage notre foi. Le conseil que Paul donne à Timothée, de s’efforcer de se présenter comme un homme qui dispense avec droiture la parole de vérité (cf. 2 Tm 2, 15), acquiert une signification nouvelle et encore plus poignante dans le cadre de fort scepticisme que l’on constate actuellement. Votre dialogue est le fruit de la rencontre historique qui a eu lieu en 1966, entre le Pape Paul VI et l’archevêque Ramsey, qui marqua le début de la première Commission internationale anglicanecatholique. À cette occasion, tous les deux prièrent avec confiance afin que se réalise « un dialogue sérieux qui, fondé sur les Évangiles et sur les antiques traditions communes », puisse conduire à « cette unité dans la vérité pour laquelle le Christ a prié » (The Common Declaration by Pope Paul VI and the Archbishop of Canterbury Dr Michael Ramsey, Rome, 24 mars 1966). Sainteté, je sais que nous partageons le même souci concernant l’usage et l’abus des ressources terrestres. « C'est au Seigneur qu'appartient le monde avec tout ce qu'il contient » (Ps 24, 1) et aujourd’hui, nous le traitons comme s’il s’agissait d’un bien « jetable ». Le changement climatique est peut-être le problème le plus grave de toute l’histoire de l’humanité et ce sont les plus pauvres parmi les pauvres de ce monde qui en subissent les plus graves conséquences. C’est pourquoi nous attendons impatiemment la publication de votre Lettre encyclique sur l’écologie et avant que ne s’ouvre la Conférence des nations unies sur le changement climatique, j’espère qu’elle alertera l’opinion des chefs religieux du monde entier et que cette question nous unira tous dans un objectif commun. Nous n’avons pas encore atteint cet objectif, mais nous sommes convaincus que l’Esprit Saint continue à nous pousser dans cette direction, malgré les difficultés et les nouveaux défis. Votre présence ici aujourd’hui révèle à quel point la tradition de foi et l’histoire commune entre les anglicans et les catholiques peuvent inspirer et soutenir nos efforts pour franchir les obstacles qui s’opposent à la pleine communion. Conscients de l’importance des défis qui nous attendent, de manière réaliste nous avons confiance dans le fait que nous réussirons encore à accomplir ensemble de nombreux progrès. L’Église d’Écosse n’oublie pas dans sa prière les fidèles de votre Église en Écosse. Ces dernières années, ils ont dû affronter des difficultés et notre souci pastoral englobe chacun des membres de votre troupeau. Si vous pouviez bientôt effectuer une visite pastorale dans un pays qui vous accueillerait sans nul doute à bras ouverts, cela constituerait pour eux mais aussi pour l’ensemble des croyants d’Écosse un magnifique encouragement. Très bientôt, vous publierez cinq déclarations communes produites jusqu’à présent au cours de la deuxième phase du dialogue anglican-catholique, accompagnées par des commentaires et réponses. Je vous félicite pour ce travail. Il nous rappelle que les relations œcuméniques et le dialogue ne sont pas des éléments secondaires de la vie des Églises. La cause de 6 l’unité n’est pas un engagement optionnel et les divergences qui nous divisent ne doivent pas être acceptées comme inévitables. Certains voudraient que, après cinquante ans, il y ait des résultats plus importants quant à l’unité. Malgré les difficultés, nous ne pouvons pas nous laisser gagner par le découragement, mais nous devons avoir encore davantage confiance dans la puissance de l’Esprit Saint, qui peut nous guérir et nous réconcilier et faire ce qui humainement semble impossible. l’engagement œcuménique de l’Église catholique. Dans ce document, il a été mis en évidence que désormais, on ne peut plus se passer de l’œcuménisme. Celui-ci invite tous les fidèles catholiques à entreprendre, en reconnaissant les signes des temps, la voie de l’unité pour dépasser la division entre les chrétiens, qui non seulement s’oppose ouvertement à la volonté du Christ, mais qui est aussi un scandale aux yeux du monde et porte atteinte à la plus sainte des causes : la prédication de l’Évangile à toute créature. Il existe déjà un lien fort qui nous unit, au-delà de toute division : c’est le témoignage des chrétiens, appartenant à des Églises et des traditions différentes, victimes de persécutions et de violences uniquement à cause de la foi qu’ils professent. Et ce n’est pas seulement maintenant qu’ils sont si nombreux, je pense aux martyrs d’Ouganda, pour moitié catholiques et pour moitié anglicans. Le sang de ces martyrs nourrira une nouvelle ère d’engagement œcuménique, une nouvelle volonté passionnée de réaliser le testament du Seigneur : que tous soient un (cf. Jn 17, 21). Ce témoignage de nos frères et sœurs nous exhorte à être encore davantage cohérents avec l’Évangile et à nous efforcer de réaliser, avec détermination, ce que le Seigneur souhaite pour son Église. Aujourd’hui, le monde a urgemment besoin du témoignage commun et joyeux des chrétiens, de la défense de la vie et de la dignité humaine à la promotion de la paix et de la justice. En parlant de la tunique sans couture du Christ (n. 13), le décret exprime un profond respect et de l’estime à l’égard de ces frères et sœurs séparés, auxquels, dans la coexistence quotidienne, l’on risque parfois de ne pas accorder assez de considération. En réalité, ceux-ci ne doivent pas être perçus comme des adversaires ou comme des concurrents, mais doivent être reconnus pour ce qu’ils sont : des frères et des sœurs dans la foi. Catholiques et luthériens sont tenus de rechercher et de promouvoir l’unité dans les diocèses, dans les paroisses, dans les communautés du monde entier. Sur le chemin vers l’unité pleine et visible dans la foi, dans la vie sacramentelle et dans le mystère ecclésial, il reste encore beaucoup de travail à accomplir ; mais nous pouvons être certains que l’Esprit Paraclet sera toujours une lumière et une force pour l’œcuménisme spirituel et pour le dialogue théologique. Avec plaisir, je voudrais rappeler également le récent document intitulé « Du conflit à la communion. La commémoration commune luthéro-catholique de la Réforme en 2017 », publié par la Commission luthérocatholique pour l’unité. Nous souhaitons de tout cœur que cette initiative puisse encourager à accomplir, avec l’aide de Dieu et notre collaboration avec lui et entre nous, de nouveaux pas sur le chemin de l’unité. Invoquons ensemble les dons de l’Esprit Saint, pour être en mesure de répondre courageusement « aux signes des temps », qui appellent tous les chrétiens à l’unité et au témoignage commun. Puisse l’Esprit Saint inspirer abondamment votre travail. Merci beaucoup pour votre service. ORF, 14 mai 2015 L’appel à l’unité dans la sequela de Notre Seigneur Jésus Christ comporte aussi une exhortation impérieuse à l’engagement commun sur le plan caritatif, en faveur de tous ceux qui dans le monde souffrent à cause de la pauvreté et de la violence, et ont besoin de façon particulière de notre miséricorde ; en particulier, le témoignage de nos frères et sœurs persécutés nous pousse à grandir dans la communion fraternelle. La question de la dignité, toujours à respecter, est d’une urgente actualité, de même que les thématiques relatives à la famille, au mariage et à la sexualité qui ne peuvent être tues ou ignorées par crainte de mettre en péril le consensus œcuménique déjà atteint. Il serait dommage que sur ces questions importantes se consolident de nouvelles différences confessionnelles. AUDIENCE À UNE DÉLÉGATION DE L’ÉGLISE ÉVANGÉLIQUE-LUTHÉRIENNE DE SUÈDE 4 mai 2015 Les chrétiens d’autres Églises et confessions ne sont pas des « adversaires » ou des « concurrents », mais des « frères et sœurs dans la foi ». C’est ce qu’a rappelé le Pape François en recevant en audience dans la matinée du lundi 4 mai 2015, Mme Antje Jackelén, Archevêque d’Uppsala, accompagnée d’une délégation de l’Église évangélique-luthérienne de Suède. DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS Chers amis, merci encore pour votre visite. Dans l’espoir que se renforce la collaboration entre luthériens et catholiques, je prie le Seigneur afin qu’il bénisse abondamment chacun de vous et vos communautés. Chère Mme Jackelén, chère sœur, chers amis ! Je vous salue cordialement et vous remercie pour les aimables paroles que vous m’avez adressées. Avec gratitude envers Dieu, nous avons célébré l’an dernier le 50e anniversaire du Décret sur l’œcuménisme de Vatican II, Unitatis redintegratio, qui représente actuellement le point de référence fondamental pour Je voudrais en outre remercier pour deux choses. Tout d’abord, remercier l’Église luthérienne suédoise, pour son accueil de nombreux migrants sud-américains 7 à l’époque des dictatures. Un accueil fraternel qui a fait croître les familles. En second lieu, je veux remercier la délicatesse que vous, chère sœur, avez eue en nommant mon grand ami, le Pasteur Anders Root : nous avons partagé ensemble la chaire de théologie spirituelle et il m’a beaucoup aidé dans ma vie spirituelle. La koinonia – la communion – c’est « apprendre en agissant » pour répondre aux besoins du monde. Nous avons donc appris – parfois de dure manière – qu’il nous faut partager les richesses de nos traditions plutôt qu’élever des barrières autour de ce qui nous appartient, que nous devons donner la force d’agir plutôt qu’utiliser la force. ORF, 14 mai 2015 Ma joie est d’autant plus grande que la Fédération luthérienne mondiale et l’Église catholique organiseront ensemble une manifestation œcuménique à l’automne 2016, en anticipation du 500e anniversaire de la Réforme qui aura lieu en 2017. Comme les autres Églises membres de la FLM, l’Église de Suède est dévouée à la cause œcuménique et au sort du monde. Nous sommes impatients de contribuer à cette commémoration qui nous donnera de rendre grâce ensemble de l’Évangile et de nous repentir des souffrances engendrées par le conflit et la division, et de nous engager ensemble dans le témoignage commun. Comme le cinquième impératif de Du conflit à la communion nous y exhorte, « catholiques et luthériens devraient ensemble témoigner de la grâce de Dieu en proclamant l’Évangile et en se mettant au service du monde » (DCAC, 243). DISCOURS DE L’ARCHEVÊQUE D’UPPSALA, LA TRÈS RÉV. DR ANTJE JACKELÉN Sainteté, Éminences, Excellences J’ai l’honneur et la joie de vous présenter les salutations de l’Église de Suède. Depuis le Deuxième Concile du Vatican, de nombreux contacts se sont instaurés entre le Vatican et l’Église de Suède. Au printemps dernier, ce fut pour nous un grand honneur d’organiser à la Cathédrale de Lund des vêpres œcuméniques en mémoire du 25e anniversaire de la visite du Pape Jean-Paul II en Suède et dans les autres pays nordiques. De même, à l’époque où j’étais évêque de Lund, j’ai eu le plaisir de rencontrer le Rév. Dr Anders Ruuth qui m’a fait part de son expérience en Argentine. De fait, le monde réclame des paroles d’espérance crédibles et désire voir se réaliser les œuvres dictées par l’amour que l’Évangile de Jésus Christ nous exhorte à accomplir avec les personnes de bonne volonté de toutes les confessions. Actuellement, l’Église est l’objet d’une très forte attente et exigence en tant qu’agent de paix et de justice. Sainteté, j’ai été profondément heureuse d’assister il y a deux ans, en tant que membre du Conseil de la Fédération luthérienne mondiale (FLM), à la présentation du document Du conflit à la communion (DCAC)1, fruit de près de cinquante ans de dialogue entre catholiques et luthériens. Aujourd’hui, pour la première fois depuis le XVIe siècle, nous disposons d’un récit commun de l’histoire de la Réforme et d’engagements nous liant pour le futur. Sainteté, vous avez fait naître une vague d’espoir à travers le monde en parlant de la pauvreté, de la marginalisation et des inégalités – très récemment, vous vous êtes exprimé au sujet du scandale que constituent les fortes inégalités entre les salaires des hommes et des femmes. J’ai même été encouragée en Suède à exprimer à Votre Sainteté la gratitude de la communauté LGBTQ : certaines de vos déclarations ont laissé percevoir comme un embryon de réconciliation, une lueur d’acceptation. Avec la Déclaration commune sur la doctrine de la justification2 de 1999 et le document Du conflit à la communion de 2013, nous avons des raisons de mettre en évidence certaines évolutions œcuméniques qui se sont concrétisées entre catholiques et luthériens. Il se peut qu’elles ne soient pas toujours considérées de façon positive par tous les experts mais elles nourrissent les attentes et les rêves œcuméniques des fidèles au niveau des paroisses, en particulier ceux des familles qui souhaitent pouvoir se retrouver ensemble à la Table du Seigneur. Les uns et les autres, nous avons fait l’expérience de la condamnation mutuelle, de la division et de la haine, mais nous connaissons aussi la réconciliation qui vivifie et l’engagement des laïcs et de la base qui anticipent avec impatience les réalités qui doivent maintenant être confirmées par notre dialogue officiel. Les enfants et les femmes sont ceux qui souffrent le plus des injustices, de la faim et de la soif, de la violence, de la traite des êtres humains et du changement climatique. Néanmoins, l’expérience a montré que les femmes contribuent aussi considérablement aux nombreux changements qui sont nécessaires, dès qu’elles ont accès à l’éducation et à l’auto-détermination. Il faut non seulement parler des femmes et en leur faveur mais il faut parler avec elles et faire en sorte que leurs capacités à assumer des responsabilités puissent contribuer à l’épanouissement de l’Église et de la société. Liberté de religion ou de croyance, justice sociale, protection de ceux qui dénoncent les injustices et des minorités : la liste des défis que les responsables d’Église doivent affronter est longue comme elle l’est pour la communauté internationale. Nous sommes peinés et contrariés de 1. http://www.vatican.va/roman_curia/pontifical_ councils/chrstuni/lutheran-fed-docs/rc_pc_chrstuni_doc_ 2013_dal-conflitto-alla-comunione_fr.html 2. http://www.vatican.va/roman_curia/pontifical_counc ils/chrstuni/documents/rc_pc_chrstuni_doc_31101999_ cath-luth-joint-declaration_fr.html 8 constater la diminution de la présence chrétienne au Moyen-Orient. L’aide humanitaire aux victimes des conflits et des catastrophes continue a être essentielle. faveur de compagnies pétrolières. Nous espérons que nombreux seront ceux qui nous imiteront dans ce choix. De plus, la pauvreté spirituelle, qui d’autre part envahit les sociétés aisées, nous pose un vrai défi. La sécularisation nous inspire des sentiments partagés : d’un côté, elle résulte du succès de l’Évangile de Jésus Christ car lorsque « le monde » nous exhorte à défendre avec davantage de courage la liberté et la dignité humaines, il nous met face aux résultats de notre propre prédication – ce qui est une bonne chose ; d’un autre côté, la sécularisation sape la connaissance et la pratique de la foi, laissant tout particulièrement les jeunes sans possibilité d’accéder aux ressources spirituelles qu’offre l’Église. Ainsi, la solitude, le sentiment obsédant de ne jamais être totalement accepté et le manque de courage pour affronter les hauts et bas de la vie menacent le bien-être spirituel de générations tout entières. Les défis qu’il nous est demandé d’affronter aujourd’hui ne sont plus délimités par des frontières locales ou nationales. On peut les définir comme « glocaux », c’est-à-dire qu’ils nous interpellent tant au niveau local que mondial. Les frontières ne sont plus ce qu’elles étaient. Cela ne devrait pas nous effrayer car au centre-même du christianisme se trouve un Dieu qui traverse la frontière la plus spectaculaire qui soit : celle entre le divin et l’humain. La transgression des limites comporte toujours une certaine « Berührungsangst », la peur de toucher et d’être touché par ce qui est différent, étranger, autre. En tant que croyants, nous pouvons vivre ces craintes en demeurant centrés sur l’Évangile du Christ incarné et largement ouverts au monde. Ainsi, unis dans la prière pour la création divine et l’Église de Jésus Christ, nous pouvons dire avec confiance : Veni creator Spiritus, Viens Esprit Créateur. L’insécurité est un terrain propice à la xénophobie et à l’intolérance, un problème croissant en Europe. Cela nous empêche de répondre à l’urgente nécessité de faire deux choses à la fois, à savoir nous engager dans le dialogue interreligieux pour renforcer la cohésion sociale dans diverses villes et, parallèlement, résister à la violence perpétrée au nom de la religion. Traduction de l’anglais SI AUDIENCE À UN GROUPE D’ÉVANGÉLIQUES ET DE PENTECÔTISTES 7 mai 2015 Les tragédies, qui se sont déclenchées aux portes de l’Europe, se poursuivent. Des milliers de personnes meurent dans le Mare nostrum, notre Méditerranée : c’est une honte pour l’Europe ! Le phénomène migratoire, les millions de réfugiés et de personnes déplacées internes continueront à mettre à l’épreuve nos valeurs et notre capacité à agir. Un œcuménisme spirituel unit un nombre croissant de chrétiens. Un œcuménisme du sang unit les chrétiens de diverses parties du monde où ils sont persécutés. Jeudi 7 mai 2015, un groupe de 100 pentecôtistes et évangéliques l’ont rappelé avec insistance lors d’une rencontre avec le Pape François dans une salle de conférence voisine de la Salle d’audiences Paul VI. Conduite par le Pasteur Giovanni Traettino, le groupe comprenait des personnes venues d’Europe, des Amériques et d’Afrique. La rencontre qui s’est déroulée dans une atmosphère amicale a été l’occasion d’un échange cordial d’expériences de foi et d’une prise de conscience croissante de la nécessité d’avancer ensemble sur le même chemin. Le Cardinal Kurt Koch, Président du Conseil Pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, était présent à cette rencontre qui s’est conclue par une prière commune. Votre prochaine Encyclique sur le changement climatique est très attendue par les responsables religieux, les ONG et les décideurs du monde entier. Il est temps maintenant que la science, la politique, la culture et la religion – tout ce qui est l’expression de la dignité humaine – collaborent ensemble. Le changement climatique a affaire avec la science et la foi, la justice et le mode de vie, le bien-être et l’interdépendance, le péché et la réconciliation, avec les êtres humains en tant que « cocréateurs eux-mêmes créés », avec le réexamen de nos points de vue anthropocentriques, et enfin avec l’espérance. Le monde entier observe les responsables religieux car les religions sont source d’intégrité culturelle, elles suscitent la profondeur spirituelle et la force morale qui souvent font défaut à une approche purement laïque. ORE, 15 mai 2015, traduction SI AUDIENCE À UNE DÉLÉGATION DE LA RÉPUBLIQUE TCHÈQUE POUR LE 600E ANNIVERSAIRE DE LA MORT DE JAN HUS 15 juin 2015 Il y a un an, les évêques de l’Église de Suède publiaient ce qu’ils ont appelé la « Lettre des évêques sur le changement climatique »3. À l’automne dernier, l’Église de Suède a conclu sa stratégie de désinvestissement et son portefeuille financier est désormais totalement libre de tout investissement en L’invitation à « continuer l’étude de la personne et de l’activité » de Jean Hus, « qui a été pendant longtemps l’objet de discorde entre les chrétiens, alors qu’aujourd’hui il est devenu un motif de dialogue », a été adressée par le Pape à une délégation de la République tchèque reçue en audience le lundi 15 juin. Un « acte de réconciliation et de demande de pardon » a dit le Cardinal Miroslav Vlk dans son salut, en s’exprimant au nom 3. http://www.svenskakyrkan.se/omoss/biskoparnasbrev-om-klimatet 9 des représentants de l’Église tchécoslovaque hussite et de l’Église évangélique tchèque qui ont participé à la rencontre à l’occasion du sixième centenaire de la mort de Jean Hus. Nous publions cidessous le discours du Pape : 27). Et la communion visible entre les chrétiens rendra sûrement l’annonce plus crédible. En répondant à l’appel du Christ à une conversion constante, dont nous avons tous besoin, nous pouvons progresser ensemble sur le chemin de la réconciliation et de la paix. Tout au long de ce chemin, apprenons, par la grâce de Dieu, à nous reconnaître les uns les autres comme des amis et à considérer les motivations des autres sous le meilleur jour possible. En ce sens, je souhaite que se développent des liens d’amitié au niveau même des communautés locales et paroissiales. Chers amis, Je vous souhaite la bienvenue à tous, illustres représentants de l’Église tchécoslovaque hussite et de l’Église évangélique des frères tchèques, arrivés à Rome pour célébrer, sur les tombes des apôtres Pierre et Paul, une liturgie de réconciliation marquant le six-centième anniversaire de la mort du réformateur Jan Hus. J’adresse mes plus chaleureuses salutations au Cardinal Miroslav Vlk. Avec ces sentiments, je m’unis spirituellement à la liturgie pénitentielle que vous célébrerez ici à Rome. Que Dieu, riche en miséricorde, nous accorde la grâce de nous reconnaître tous pêcheurs et de savoir nous pardonner les uns les autres. Je vous assure de ma prière et vous demande, s’il vous plaît, de prier pour moi et pour mon ministère. Merci. Cette rencontre nous donne l’occasion de renouveler et d’approfondir les relations entre nos communautés. Fidèles à la volonté du Seigneur Jésus qui a prié le Père pour l’unité de ses disciples (cf. Jn 17, 21) à la veille de sa passion et de sa mort, nous avons le devoir de promouvoir toujours plus une connaissance réciproque et une réelle collaboration. Tant d’anciennes disputes demandent à être réexaminées à la lumière du nouveau contexte dans lequel nous vivons, et des accords ainsi que des convergences de vue seront atteints si nous affrontons nos vieilles querelles avec un regard neuf. Mais surtout, nous ne saurions oublier les vrais liens de fraternité qui nous unissent déjà grâce à la profession de foi en Dieu le Père, dans le Fils et dans le Saint-Esprit, que nous avons en commun et dans laquelle nous avons été baptisés. ORF, 2 juillet 2015 MESSAGES DU PAPE FRANÇOIS MESSAGE AU PATRIARCHE COPTE ORTHODOXE TAWADROS II 10 mai 2015 « Aujourd’hui plus que jamais, nous sommes unis par l’œcuménisme du sang qui nous encourage encopre plus sur le chemin vers la réconciliation » : c’est ce qu’a écrit le Pape dans le message envoyé dimanche 10 mai au Patriarche copte orthodoxe Tawadros II, à l’occasion du deuxième anniversaire de la rencontre fraternelle qui s’est déroulée au Vatican en 2013, quarante ans après celle entre Paul VI et Shenouda III. Comme il l’avait rappelé au cours de la Messe à Sainte-Marthe, François a également téléphoné à Tawadros dimanche après-midi et a eu un long entretien cordial avec lui, au cours duquel – a déclaré le Père Federico Lombardi – « ont été abordés principalement deux thèmes : la volonté de poursuivre l’engagement commun pour l’unité des chrétiens et la proposition d’un accord pour la célébration de la Passion à une date commune ». Nous publions ici le Message du Pape. Six siècles se sont écoulés depuis le jour où mourut tragiquement le prédicateur et recteur renommé de l’université de Prague, Jan Hus. Déjà en 1999, saint Jean-Paul II, à l’occasion d’un symposium international consacré à sa mémorable figure, avait fait part de son « profond regret pour la mort cruelle [qu’on lui a] infligée », et l’avait classé parmi les réformateurs de l’Église. À la lumière de cette approche, il faut continuer à étudier la personne et l’activité de Jan Hus, qui a longtemps fait l’objet de discorde entre chrétiens, alors qu’il est aujourd’hui devenu un motif de dialogue. Cette recherche, conduite sans conditionnements de nature idéologique, constituera un important service rendu à la vérité historique, aux chrétiens et à la société tout entière, au-delà même des frontières de votre nation. À Sa Sainteté Tawadros II Pape d’Alexandrie et Patriarche du Siège de Saint Marc Le Concile Vatican II affirmait que dans « la rénovation de l’Église », qui « consiste essentiellement en une fidélité accrue envers sa vocation… se trouve certainement le ressort du mouvement vers l’unité... Cette rénovation revêt donc une insigne valeur œcuménique » (Unitatis redintegratio, 6). Aujourd’hui, en particulier, l’exigence d’une nouvelle évangélisation de tant d’hommes et de femmes qui semblent indifférents à la joyeuse nouvelle de l’Évangile rend urgent le devoir de renouveler chaque structure ecclésiale de façon à favoriser une réponse positive chez tous ceux à qui Jésus offre son amitié (cf. Exhort. ap. Evangelii gaudium, À l’approche du deuxième anniversaire de notre rencontre fraternelle à Rome, je désire exprimer à Votre Sainteté mes meilleurs vœux dans la prière pour votre bonne santé, ainsi que ma reconnaissance pour les liens spirituels qui unissent le Siège de Pierre et le Siège de Marc. Aujourd’hui plus que jamais, nous sommes unis par l’œcuménisme du sang, qui nous encourage encore plus sur le chemin vers la paix et la réconciliation. Je vous assure, ainsi que la communauté chrétienne en Égypte et dans tout le Moyen-Orient, de ma prière incessante, 10 et je commémore les fidèles coptes récemment martyrisés en raison de leur foi chrétienne. Que le Seigneur les accueille dans son Royaume ! Chers frères et sœurs, que la paix du Christ soit avec vous. Pardonnez-moi si je parle en espagnol, mais mon anglais n’est pas suffisamment bon pour que je m’exprime correctement. Je parle espagnol mais, surtout, je parle le langage du cœur. En rendant grâce au Seigneur, je rappelle nos progrès sur le chemin de l’amitié, unis comme nous sommes par un seul baptême. Bien que notre communion soit encore imparfaite, ce que nous avons en commun est plus grand que ce qui nous divise. Nous pouvons persévérer sur notre chemin vers la pleine communion et croître dans l’amour et dans la compréhension! J’ai à la main l’invitation que vous m’avez envoyée pour cette célébration de l’Unité chrétienne, cette journée de la réconciliation. Et je tiens à m’associer à vous d’ici. « Père, qu’ils soient un en nous afin que le monde croie que tu m’as envoyé ». C’est la devise, le thème de cette rencontre : la prière du Christ à son Père pour la grâce de l’unité. Il est particulièrement encourageant que la Commission mixte internationale pour le dialogue théologique entre l’Église catholique et les Églises orthodoxes orientales ait récemment conclu le document « The Exercise of Communion in the Life of the Early Church and its Implications for our Search for Communion Today » (L’exercice de la communion dans la vie de l’Église antique et ses implications pour notre recherche de communion aujourd’hui). Sainteté, je suis certain que vous partagez mon espérance que ce dialogue vital se poursuive et donne des fruits abondants. Je suis particulièrement reconnaissant pour la disponibilité du patriarche du Siège de Saint-Marc à accueillir au Caire la prochaine rencontre de la Commission. Aujourd’hui, samedi 23 mai, de 9 heures du matin à 5 heures de l’après-midi, je serai avec vous spirituellement et de tout mon cœur. Nous chercherons ensemble, nous prierons ensemble, pour la grâce de l’unité. L’unité qui germe entre nous est cette unité qui commence sous le sceau de l’unique baptême que nous avons tous reçu. C’est l’unité que nous cherchons ensemble sur notre chemin. C’est l’unité spirituelle de la prière les uns pour les autres. C’est l’unité de notre travail commun en aidant nos frères et sœurs, et de tous ceux qui croient en la souveraineté du Christ. Chers frères, la division est une blessure dans le corps de l’Église du Christ. Et nous ne voulons pas que cette blessure reste ouverte. La division est l’œuvre du père du mensonge, du père de la discorde, qui fait tout son possible pour que les frères soient divisés. Les chrétiens dans le monde entier doivent affronter des défis semblables, qui exigent que nous travaillions ensemble pour faire face à ces questions. J’apprécie que, l’an dernier, vous ayez nommé un délégué qui participe au Synode extraordinaire des évêques consacré à la famille. Je souhaite que notre coopération dans ce domaine puisse continuer, en particulier en affrontant les questions concernant les mariages mixtes. Aujourd’hui réunis, moi ici à Rome et vous là-bas, nous demanderons à notre Père d’envoyer l’Esprit de Jésus, le Saint-Esprit, et de nous donner la grâce d’être un, « pour que le monde croie ». J’ai envie de dire quelque chose qui pourra sembler discutable, voire peut-être une hérésie. Mais quelqu’un « sait » que, malgré nos différences, nous sommes un. C’est celui qui nous persécute. C’est celui qui persécute les chrétiens aujourd’hui, celui qui nous oint avec le martyre. Il sait que les chrétiens sont les disciples du Christ : qu’ils sont un, qu’ils sont frères ! Il ne se soucie pas de savoir s’ils sont évangéliques, ou orthodoxes, luthériens, catholiques, apostoliques… Cela ne lui importe pas ! Ils sont chrétiens. Et ce sang se mélange. Aujourd’hui, chers frères, nous vivons « l’œcuménisme du sang ». Cela doit nous encourager à faire ce que nous faisons aujourd’hui : prier, dialoguer ensemble, raccourcir les distances entre nous, fortifier nos liens de fraternité. Avec ces sentiments, et en rappelant ce qui est désormais connu à juste titre comme le jour de l’amitié entre l’Église copte orthodoxe et l’Église catholique, j’échange avec Votre Sainteté un baiser fraternel dans le Christ Seigneur. Du Vatican, le 10 mai 2015 François ORF, 14 mai 2015 MESSAGE VIDÉO À L’OCCASION DE LA JOURNÉE DE L’UNITÉ CHRÉTIENNE 23 mai 2015 Je suis convaincu que ce ne sont pas les théologiens qui créeront l’unité parmi nous. Les théologiens nous aident, la science des théologiens nous assistera, mais si nous espérons que les théologiens soient d’accord entre eux, nous atteindrons l’unité au lendemain du Jugement dernier. Le Saint-Esprit donne l’unité. Les théologiens sont utiles, mais la bonne volonté de nous tous qui sommes sur ce chemin, le cœur ouvert au Saint-Esprit, est encore plus utile ! À l’occasion de la journée de dialogue organisée samedi 23 mai par le diocèse américain de Phoenix (États-Unis), en collaboration avec les pasteurs évangéliques du courant pentecôtiste, parmi lesquels Giovanni Traettino, le Pape a envoyé un message vidéo en langue espagnole. Nous en publions cidessous une traduction : 11 En toute humilité, je me joins à vous comme n’importe quel participant en cette journée de prière, d’amitié, de proximité et de réflexion. Avec la certitude que nous avons un seul Seigneur : Jésus est le Seigneur. Avec la certitude que ce Seigneur est vivant : Jésus est vivant, le Seigneur est vivant en chacun de nous. Avec la certitude qu’il a envoyé l’Esprit qu’il nous a promis pour que cette « harmonie » entre tous ses disciples puisse se réaliser. carrefour de peuples et de cultures, où, si la diversité constitue d’un côté une grande ressource qui a permis le développement social, culturel et spirituel de cette région, elle a, de l’autre, été la cause de douloureuses déchirures et de guerres sanglantes. Ce n’est pas un hasard si la naissance du Conseil pour le Dialogue Interreligieux et les autres initiatives appréciables dans le domaine interreligieux et œcuménique ont eu lieu à la fin de la guerre, comme une réponse à l’exigence de réconciliation et face à la nécessité de reconstruire une société déchirée par le conflit. En effet, le dialogue interreligieux, ici comme en beaucoup d’endroits du monde, est une condition indispensable à la paix ; et par conséquent, il est un devoir pour tous les croyants (cf. Evangelii gaudium, n. 250). Le dialogue interreligieux, avant même d’être une discussion sur les grands thèmes de la foi, est une « conversation sur la vie humaine » (ibid.). On y partage l’existence dans sa quotidienneté, dans ce qu’elle a de concret, avec les joies et les douleurs, les peines et les espérances ; on assume les responsabilités communes ; on projette un avenir meilleur pour tous. On apprend à vivre ensemble, à se connaître et à s’accepter dans les diversités respectives, librement, pour ce qu’on est. Dans le dialogue on reconnaît et on développe une communauté spirituelle, qui unifie et aide à promouvoir les valeurs morales, les grandes valeurs morales, la justice, la liberté et la paix. Le dialogue est une école d’humanité et un facteur d’unité, qui aide à construire une société fondée sur la tolérance et le respect mutuel. Pour cette raison, le dialogue interreligieux ne peut pas se limiter seulement à quelques-uns, aux seuls responsables des communautés religieuses, mais il devrait s’étendre autant que possible à tous les croyants, impliquant les diverses sphères de la société civile. Et, en ce sens, les jeunes, appelés à construire l’avenir de ce pays, méritent une attention particulière. Cependant, il est toujours bon de rappeler que le dialogue, pour être authentique et efficace, suppose une identité formée : sans une identité formée, le dialogue est inutile ou nuisible. Je dis cela en pensant aux jeunes, mais cela vaut pour tous. J’apprécie sincèrement tout ce que vous avez fait jusqu’à maintenant et je vous encourage dans votre engagement pour la cause de la paix, dont vous êtes, en tant que leader religieux, les premiers gardiens, ici en Bosnie-Herzegovine. Je vous assure que l’Église catholique continuera à donner son plein appui et à assumer son entière responsabilité. Nous sommes tous conscients qu’il y a encore beaucoup de chemin à parcourir. Mais ne nous laissons pas décourager par les difficultés et continuons avec persévérance sur le chemin du pardon et de la réconciliation. Alors que nous faisons justement mémoire du passé, aussi pour apprendre les leçons de l’histoire, évitons les regrets et les récriminations, mais laissons-nous purifier par Dieu qui nous donne le présent et l’avenir : c’est Lui notre avenir, c’est Lui la source ultime de la paix. Chers frères, je vous salue et vous embrasse. Je prie pour vous. Je prie avec vous. Et s’il vous plaît, je vous demande de prier pour moi. Parce que j’en ai besoin pour être fidèle à ce que le Seigneur attend de mon ministère. Que Dieu vous bénisse. Que Dieu nous bénisse tous. ORF, 9 juillet 2015 VOYAGE APOSTOLIQUE DU PAPE FRANÇOIS À SARAJEVO, EN BOSNIE-HERZÉGOVINE 6 juin 2015 RENCONTRE ŒCUMÉNIQUE ET INTERRELIGIEUSE Le Pape François a rencontré les responsables des communautés musulmane, orthodoxe, catholique et juive de Bosnie et Herzégovine dans l’après-midi du samedi 6 juin, au Centre international franciscain des étudiants. Après avoir écouté les hommages du cardinal-archevêque de Sarajevo et de trois représentants religieux, le Pape a prononcé le discours suivant. Chers frères et sœurs, Je suis heureux de participer à cette rencontre qui rassemble les représentants des confessions religieuses présentes en Bosnie-Herzégovine. J’adresse un salut cordial à chacun de vous et à vos communautés, et je remercie en particulier pour les aimables paroles, et pour les réflexions qui ont été proposées. Et en les entendant, je peux vous dire qu’elles m’ont fait du bien ! La rencontre d’aujourd’hui est le signe d’un désir commun de fraternité et de paix ; elle donne le témoignage d’une amitié que vous construisez au fil des ans et que vous vivez déjà dans la cohabitation quotidienne et la collaboration. Être ici est déjà un « message » de ce dialogue que nous cherchons tous et auquel nous travaillons. Je voudrais spécialement rappeler, comme fruit de ce désir de rencontre et de réconciliation, l’institution, en 1997, du Conseil pour le Dialogue Interreligieux local, qui rassemble musulmans, chrétiens et juifs. Je me réjouis du travail que développe le Conseil, avec la promotion de diverses activités de dialogue, la coordination d’initiatives communes, et la rencontre avec les Autorités de l’État. Votre travail est très précieux dans cette région et à Sarajevo en particulier, 12 Cette ville qui, dans un passé récent, est tristement devenue symbole de la guerre et de ses destructions, cette Jérusalem d’Europe, aujourd’hui, avec sa variété de peuples, de cultures et de religions, peut devenir à nouveau signe d’unité, lieu où la diversité ne représente pas une menace mais une richesse et une opportunité pour grandir ensemble. Dans un monde encore malheureusement déchiré par les conflits, cette terre peut devenir un message : attester qu’il est possible de vivre l’un à côté de l’autre, dans la diversité mais dans l’humanité commune, en construisant ensemble un avenir de paix et de fraternité. On peut vivre en faisant la paix ! Je vous suis reconnaissant à tous de votre présence et des prières que vous aurez la bonté d’offrir pour mon service. De ma part, je vous assure que je prierai en retour pour vous, pour vos communautés, et je le ferai de tout cœur. Que le Seigneur nous bénisse tous. Maintenant je vous invite tous à faire cette prière. À l’Éternel, à l’Unique et Vrai Dieu Vivant, au Miséricordieux. VISITE PASTORALE DU PAPE FRANÇOIS À TURIN 22 juin 2015 VISITE AU TEMPLE VAUDOIS Chers frères et sœurs, C’est avec une grande joie que je me trouve aujourd’hui parmi vous. Je vous salue tous avec les paroles de l’apôtre Paul : « À vous, qui appartenez à Dieu le Père et au Seigneur Jésus Christ : que la grâce et la paix vous soient accordées » (1 Th 1, 1 - Traduction interconfessionnelle en langue courante). Je salue en particulier le modérateur de la Table vaudoise, le Révérend Pasteur Eugenio Bernardini, et le pasteur de cette communauté de Turin, le Révérend Paolo Ribet, à qui j’adresse mes sincères remerciements pour l’invitation qu’ils m’ont si gentiment adressée. L’accueil cordial que vous me réservez aujourd’hui me fait penser aux rencontres avec les amis de l’Église évangélique vaudoise du Rio de la Plata, dont j’ai pu apprécier la spiritualité et la foi, et apprendre tant de bonnes choses. PRIÈRE Dieu tout-puissant et éternel, Père bon et miséricordieux ; Créateur du ciel et de la terre, de toutes les choses visibles et invisibles ; Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob, Roi et Seigneur du passé, du présent et de l’avenir ; seul juge de tous les hommes, qui récompense tes fidèles par la joie éternelle ! Nous, descendants d’Abraham selon la foi en toi, Dieu unique, juifs, chrétiens et musulmans, nous sommes humblement devant toi et nous te prions avec confiance pour ce pays, la Bosnie-Herzegovine, afin que puissent y habiter en paix et dans l’harmonie les hommes et les femmes croyants de diverses religions, nations et cultures. Nous te prions, ô Père, pour que cela advienne dans tous les pays du monde ! Renforce en chacun de nous la foi et l’espérance, le respect réciproque et l’amour sincère pour tous nos frères et sœurs. Fais qu’avec courage, nous nous engagions à construire la justice sociale, à être des hommes de bonne volonté, remplis de compréhension réciproque et de pardon, artisans patients de dialogue et de paix. Que toutes nos pensées, nos paroles et nos œuvres, soient en harmonie avec ta sainte volonté. Que tout soit en ton honneur et à ta gloire, et pour notre salut. Louange et gloire éternelle à toi, notre Dieu ! Amen. L’un des principaux fruits que le Mouvement œcuménique a déjà permis de recueillir au cours de ces années est la redécouverte de la fraternité qui unit tous ceux qui croient en Jésus Christ et ont été baptisés en son nom. Ce lien n’est pas fondé sur des critères simplement humains, mais sur le partage radical de l’expérience fondatrice de la vie chrétienne : la rencontre avec l’amour de Dieu qui se révèle à nous en Jésus Christ et l’action transformatrice de l’Esprit Saint qui nous assiste sur le chemin de la vie. La redécouverte de cette fraternité nous permet de saisir le lien profond qui nous unit déjà, malgré nos différences. Il s’agit d’une communion encore en chemin — et l’unité se fait en chemin — une communion qui, avec la prière, avec la conversion personnelle et communautaire permanente et avec l’aide des théologiens, nous l’espérons, confiants dans l’action de l’Esprit Saint, pourra devenir une communion pleine et visible dans la vérité et dans la charité. L’unité qui est le fruit de l’Esprit Saint ne signifie pas uniformité. En effet, les frères sont rassemblés par une même origine, mais ils ne sont pas identiques entre eux. Cela est bien clair dans le Nouveau Testament où tous ceux qui partageaient la même foi en Jésus Christ étant appelés frères, on a cependant l’intuition que toutes les communautés chrétiennes auxquelles ils appartenaient n’avaient pas le même style, ni une organisation interne identique. Au sein de la même petite communauté, on pouvait apercevoir différents charismes (cf. 1 Co 12-14) et même dans l’annonce de l’Évangile, l’on trouvait des différences et aussi des oppositions (cf. Ac 15, 36-40). Malheureusement, il est arrivé et il continue à arriver que les frères n’acceptent pas leur diversité et finissent par se faire la guerre l’un contre l’autre. En réfléchissant sur l’histoire de nos ORF, 11.06.2015 13 relations, nous ne pouvons que nous attrister face aux conflits et aux violences commises au nom de la propre foi, et je demande au Seigneur qu’il nous donne la grâce de nous reconnaître tous pécheurs et de savoir nous pardonner les uns les autres. Et à l’initiative de Dieu, qui ne se résigne jamais face au péché de l’homme, que s’ouvrent de nouvelles routes pour vivre notre fraternité ; nous ne pouvons pas nous soustraire à cela. Au nom de l’Église catholique, je vous demande pardon. Je vous demande pardon pour les attitudes et les comportements non chrétiens, même inhumains que, au cours de l’histoire, nous avons eus contre vous. Au nom du Seigneur Jésus Christ, pardonnez-nous ! du cœur même de Dieu, qui s’est fait pauvre pour nous enrichir de sa pauvreté (cf. 2 Co 8, 9) et, en conséquence, nous rapproche davantage les uns des autres. Que les différences sur d’importantes questions anthropologiques et éthiques, qui continuent à exister entre catholiques et vaudois, ne nous empêchent pas de trouver des formes de collaboration dans ces domaines, ainsi que dans d’autres. Si nous cheminons ensemble, le Seigneur nous aidera à vivre cette communion qui précède toute opposition. Chers frères et sœurs, je vous remercie à nouveau pour cette rencontre, qui j’espère confirmera une nouvelle manière d’être les uns avec les autres : en regardant tout d’abord la grandeur de notre foi commune et de notre vie en Christ et dans l’Esprit Saint, et, seulement après, les divergences qui subsistent encore. Je vous assure de mon souvenir dans la prière et je vous demande, s’il vous plaît, de prier pour moi : j’en ai besoin. Que le Seigneur nous accorde à tous sa miséricorde et sa paix. C’est pourquoi nous sommes profondément reconnaissants au Seigneur, en constatant que les relations entre catholiques et vaudois sont aujourd’hui toujours plus fondées sur le respect mutuel et sur la charité fraternelle. De nombreuses occasions ont contribué à rendre ces rapports plus solides. Je pense, pour ne citer que quelques exemples — le Révérend Bernardini l’a également fait — à la collaboration pour la publication en italien d’une traduction interconfessionnelle de la Bible, aux ententes pastorales pour la célébration du mariage et, plus récemment, à la rédaction d’un appel conjoint contre la violence sur les femmes. Parmi les nombreux contacts cordiaux dans divers contextes sociaux, où l’on partage la prière et l’étude des Écritures, je voudrais rappeler l’échange œcuménique de dons effectué, à l’occasion de Pâques, à Pinerolo, par l’Église vaudoise de Pinerolo et par le diocèse. L’Église vaudoise a offert aux catholiques le vin pour la célébration de la Veillée pascale et le diocèse catholique a offert aux frères vaudois le pain pour la Sainte Cène du Dimanche de Pâques. Il s’agit d’un geste entre les deux Églises qui va bien au-delà de la simple courtoisie et qui fait goûter à l’avance, par certains aspects, cette unité de la table eucharistique à laquelle nous aspirons. ORF, 25 juin 2015 AUTRES DÉCLARATIONS DISCOURS AUX PARTICIPANTS DE LA RENCONTRE ŒCUMÉNIQUE DE RELIGIEUSES ET RELIGIEUX 24 janvier 2015 Le Pape François a rappelé trois caractéristiques qui doivent accompagner la recherche de l’unité entre chrétiens lors de la rencontre œcuménique de religieuses et de religieux qui s’est tenue à Rome à l’initiative de la Congrégation pour les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique, le 24 janvier : « Il n’y a pas d’unité sans conversion », « il n’y a pas d’unité sans prière » et « il n’y a pas d’unité sans sainteté de vie ». Messieurs les cardinaux, chers frères et sœurs, Encouragés par ces pas, nous sommes appelés à continuer à marcher ensemble. Un domaine dans lequel s’ouvrent de vastes possibilités de collaboration entre vaudois et catholiques est celui de l’évangélisation. Conscients que le Seigneur nous a précédés et nous précède toujours dans l’amour (cf. 1 Jn 4, 10), nous allons ensemble à la rencontre des hommes et des femmes d’aujourd’hui, qui parfois semblent si distraits et indifférents, pour leur transmettre le cœur de l’Évangile, c’est-à-dire « la beauté de l’amour salvifique de Dieu manifesté en Jésus Christ mort et ressuscité » (Exhort. apos. Evangelii gaudium, n. 36). Un autre domaine dans lequel nous pouvons travailler toujours plus unis est celui du service à l’humanité qui souffre, aux pauvres, aux malades, aux migrants. Merci pour ce que vous avez dit sur les migrants. De l’œuvre libératrice de la grâce en chacun de nous dérive l’exigence de témoigner du visage miséricordieux de Dieu qui prend soin de tous et, en particulier, de ceux qui sont dans le besoin. Le choix des pauvres, des derniers, de ceux que la société exclut, nous rapproche Je vous souhaite une cordiale bienvenue et je remercie le cardinal Braz de Aviz pour les mots qu’il m’a adressés au nom de tous. Je me réjouis que cette initiative ait réuni des religieux et des religieuses de diverses Églises et Communautés ecclésiales, auxquels j’adresse mes salutations chaleureuses. Il est particulièrement significatif que votre rencontre ait lieu durant la semaine de prière pour l’unité des chrétiens ; chaque année, celle-ci nous rappelle que l’œcuménisme spirituel est « l’âme du Mouvement œcuménique », comme l’a souligné le décret conciliaire Unitatis redintegratio (n. 8), dont nous avons célébré récemment le 50e anniversaire. Je voudrais partager avec vous quelques pensées sur l’importance de la vie consacrée pour l’unité des chrétiens. La volonté de rétablir l’unité de tous les chrétiens est présente naturellement dans toutes les Églises et concerne aussi bien le clergé que les laïcs (cf. ibid., 14 n. 5). Mais la vie religieuse, qui puise ses racines dans la volonté du Christ et dans la tradition commune de l’Église indivise, a sans nul doute une vocation particulière dans la promotion de cette unité. Ce n’est du reste pas par hasard que de nombreux pionniers de l’œcuménisme aient été des hommes et des femmes consacrés. Aujourd’hui, diverses communautés religieuses se consacrent intensément à cet objectif et sont les lieux privilégiés de rencontre entre chrétiens des différentes traditions. Dans ce contexte, je voudrais également mentionner les communautés œcuméniques comme celle de Taizé et celle de Bose, toutes deux présentes à cette rencontre. La recherche de l’union avec Dieu et de l’unité au sein de la communauté fraternelle appartient à la vie religieuse, réalisant ainsi de manière exemplaire la prière du Seigneur « afin que tous soient un » (Jn 17, 21). Il n’y a pas d’unité sans sainteté de vie. La vie religieuse nous aide à prendre conscience de l’appel adressé à tous les baptisés : l’appel à la sainteté de vie, qui est l’unique vrai chemin vers l’unité. Le décret conciliaire Unitatis redintegratio le souligne par des mots efficaces : « Que les fidèles se souviennent tous qu’ils favoriseront l’union des chrétiens, bien plus, qu’ils la réaliseront, dans la mesure où ils s’appliqueront à vivre plus purement selon l’Évangile. Plus étroite, en effet, sera leur communion avec le Père, le Verbe et l’Esprit Saint, plus ils pourront rendre intime et facile la fraternité mutuelle » (n. 7). Chers frères et sœurs, en vous exprimant ma gratitude pour le témoignage qu’avec votre vie, vous rendez à l’Évangile et pour le service que vous offrez à la cause de l’unité, je prie le Seigneur de bénir abondamment votre ministère et de vous pousser à travailler inlassablement pour la paix et la réconciliation entre toutes les Églises et communautés chrétiennes. Je vous demande s’il vous plaît de prier pour moi et vous bénis de tout cœur. Demandons la bénédiction au Seigneur en priant, chacun dans notre propre langue, la prière du Seigneur. [Notre Père…] Que le Seigneur vous bénisse tous. Votre rencontre s’est déroulée à l’Institut de patristique Augustinianum. Saint Augustin débute sa règle par l’affirmation suivante, particulièrement éloquente : « Avant tout, vivez unanimes à la maison, ayant une seule âme et un seul cœur tournés vers Dieu » (I, 2). La vie religieuse nous montre précisément que cette unité n’est pas le fruit de nos efforts : l’unité est un don du Saint-Esprit, lequel réalise l’unité dans la diversité. Celle-ci nous révèle aussi que cette unité ne peut s’accomplir que si nous marchons ensemble, si nous parcourons le chemin de la fraternité dans l’amour, dans le service, dans l’accueil mutuel. ORF, 5 février 2015 ANGÉLUS 25 janvier 2015 Il n’y a pas d’unité sans conversion. La vie religieuse nous rappelle qu’au centre de toute recherche d’unité, et donc de tout effort œcuménique, se trouve avant tout la conversion du cœur, qui comporte la demande et la concession du pardon. Celle-ci consiste en grande partie en une conversion de notre regard : essayer de nous regarder les uns les autres en Dieu, et savoir également nous placer du point de vue de l’autre : voilà un double défi lié à la recherche de l’unité, aussi bien à l’intérieur des communautés religieuses qu’entre chrétiens de différentes traditions. Chers frères et sœurs, bonjour, L’Évangile d’aujourd'hui nous présente le commencement de la prédication de Jésus en Galilée. Saint Marc souligne que Jésus commença à prêcher « après l’arrestation de Jean-Baptiste » (1, 14). C'est justement au moment où la voix prophétique de JeanBaptiste, qui annonçait la venue du Royaume de Dieu, est réduite au silence par Hérode, que Jésus commence à parcourir les routes de sa terre pour apporter à tous, en particulier aux pauvres, « l’Évangile de Dieu » (ibid.). L’annonce de Jésus est semblable à celle de Jean, à la différence substantielle que Jésus n’indique plus un autre qui doit venir: Jésus est Lui-même l’accomplissement des promesses ; Il est Lui-même la « bonne nouvelle » à croire, à accueillir et à communiquer aux hommes et aux femmes de tous les temps, afin qu’eux aussi Lui confient leur existence. Jésus Christ en personne est la Parole vivante et agissante dans l’histoire: celui qui l'écoute et le suit entre dans le Royaume de Dieu. Il n’y a pas d’unité sans prière. La vie religieuse est une école de prière. L’engagement œcuménique répond, en premier lieu, à la prière du même Seigneur Jésus et se fonde essentiellement sur la prière. L’un des pionniers de l’œcuménisme et grand promoteur de la semaine de prière pour l’unité, le père Paul Couturier, utilisait une image qui illustre bien le lien entre œcuménisme et vie religieuse : il comparaît tous ceux qui prient pour l’unité, et le Mouvement œcuménique en général, à un « monastère invisible », qui réunit les chrétiens de diverses Églises, de divers pays et continents. Chers frères et sœurs, vous êtes les premiers animateurs de ce « monastère invisible » : je vous encourage à prier pour l’unité des chrétiens et à traduire cette prière dans les comportements et les gestes quotidiens. Jésus est l’accomplissement des promesses divines car Il est Celui qui donne à l'homme le Saint-Esprit, l’« eau vive » qui désaltère notre cœur inquiet, assoiffé de vie, d’amour, de liberté, de paix: assoiffé de Dieu. Combien de fois sentons-nous, ou avons-nous senti notre cœur assoiffé ! Il l’a révélé Lui-même à la femme samaritaine, rencontrée près du puits de Jacob, à laquelle il dit : « Donne-moi à boire » (Jn 4, 7). Ces 15 paroles du Christ, adressées à la Samaritaine, étaient précisément le thème de la Semaine de prière annuelle pour l'unité des chrétiens, qui se conclut aujourd’hui. Ce soir, avec les fidèles du diocèse de Rome et avec les représentants des diverses Églises et communautés ecclésiales, nous nous réunirons dans la basilique SaintPaul-hors-les-Murs pour prier intensément le Seigneur, afin qu'Il renforce notre engagement pour la pleine unité de tous les chrétiens. Il n’est pas bon que les chrétiens soient divisés ! Jésus nous veut unis: un seul corps. Nos péchés, l'histoire, nous ont divisés, et c’est pourquoi nous devons prier beaucoup pour que l'Esprit Saint nous unisse à nouveau. le faire ». On lit en effet dans l’Évangile : « Père, je prie pour eux mais pour tant d'autres qui viendront ». Un détail non secondaire auquel, sans doute, nous ne sommes pas suffisamment attentifs. Pourtant, « Jésus a prié pour moi » et cela « est .réellement source de confiance ». Nous pourrions imaginer « Jésus face au Père, au ciel », qui prie pour nous. Et « que voit le Père ? Les plaies », à savoir le prix que Jésus « a payé pour nous ». Avec cette image, le Pape est entré dans le cœur de sa réflexion. Jésus sait bien que « l’esprit du monde, qui est précisément l’esprit du père de la division, est un esprit de division, de guerre, de convoitises, de jalousies », et qu’il est présent « même dans les familles, même dans les familles religieuses, même dans les diocèses, et même dans l’Église entière : c'est la grande tentation ». C'est pour cette raison que « la grande prière de Jésus » est celle de « ressembler » au Père : en d'autres termes, « comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi », dans « l’unité qu’il a avec le Père ». Nous devons « toujours chercher l’unité ». Naturellement, chacun « est comme il est », mais doit essayer de vivre dans l’unité : « Jésus t’a-t-il pardonné ? Il pardonne à tout le monde ». Le Seigneur prie afin que nous réussissions en cela. « L’Église a grand besoin de cette prière d’unité, pas seulement celle de Jésus; nous devons nous aussi nous unir à cette prière ». Du reste, depuis ses débuts, l’Église a exprimé cette nécessité : « Si nous commençons à lire le livre des Actes des apôtres depuis le début, nous verrons que là commencent les querelles, et même les escroqueries. L’un veut escroquer l’autre, pensez à Ananias et Saphira... ». Il faut toutefois se rendre compte que « seuls, on ne peut » atteindre l’unité : celle-ci est en effet « une grâce ». Pour cela, « Jésus prie, a prié tout ce temps, prie pour l’Église, a prié pour moi, pour l’Église, afin que j'aille sur cette voie ». L’unité est si importante, que « dans l’extrait que nous avons lu », ce mot est répété « quatre fois en six versets ». Une unité qui « ne se fait pas avec de la colle ». En effet, « l’Église faite de colle » n'existe pas : l’Église est une par l’Esprit. Voici alors que nous « devons faire de la place à l’Esprit, afin qu'il nous transforme comme le Père est dans son Fils, en une seule chose ». Pour atteindre cet objectif, il existe un conseil donné par Jésus lui-même : « Demeurez en moi ». C'est aussi une grâce. Un conseil a dérivé de cette méditation : celui de relire les versets 20-26 du chapitre 17 de l’Évangile de Jean et penser « Jésus prie, il prie pour moi, il a prié et prie encore pour moi. Il prie avec ses plaies, devant le Père ». Et il le fait « afin que tous soient un, comme lui est avec le Père, pour l'unité ». Cela « doit nous pousser à ne pas émettre de jugements », à ne pas faire de « choses qui aillent contre l’unité », et à suivre le conseil de Jésus « de demeurer en lui dans cette vie afin que nous puissions demeurer avec lui pour l'éternité ». Dieu, en se faisant homme, a fait sienne notre soif, non seulement de l’eau matérielle, mais surtout la soif d’une vie pleine, d’une vie libérée de l’esclavage du mal et de la mort. Dans le même temps, par son incarnation, Dieu a placé sa soif — car Dieu aussi a soif — dans le cœur d'un homme: Jésus de Nazareth. Dieu a soif de nous, de nos cœurs, de notre amour, et il a mis cette soif dans le cœur de Jésus. Donc, dans le cœur du Christ se rencontrent la soif humaine et la soif divine. Et le désir de l’unité de ses disciples appartient à cette soif. Nous le trouvons exprimé dans la prière élevée au Père avant la Passion : « Que tous soient un » (Jn 17,21). C’est ce que voulait Jésus : l’unité de tous ! Le diable — nous le savons — est le père des divisions, il divise toujours, il fait toujours la guerre, il fait tant de mal. Que cette soif de Jésus devienne toujours plus aussi notre soif ! Continuons à prier et à nous engager pour la pleine unité des disciples du Christ, dans la certitude qu’Il est à nos côtés et nous soutient par la force de son Esprit pour que nous nous rapprochions de cet objectif. Et confions notre prière à l’intercession maternelle de la Vierge Marie, Mère du Christ, Mère de l’Église, afin qu’Elle nous unisse tous comme une bonne mère. ORF, 29 janvier 2015 MESSE À SAINTE-MARTHE 21 mai 2015 L’unité ne se fait pas avec de la colle L’unité de l’Église a été au centre de la réflexion du Pape François. En relisant l’extrait de l’Évangile de Jean (17, 2026) proposé par la liturgie du jour, le Souverain Pontife a tout d’abord souligné combien « cela console tout le monde d’entendre cette parole : "Père, je ne prie pas pour eux seulement, mais aussi pour ceux qui, à leur parole, croiront en moi" ». C’est ce qu’a dit Jésus en prenant congé des apôtres. À ce moment-là, Jésus prie son Père pour les disciples et « prie aussi pour nous ». François a fait remarquer que « Jésus a prié pour nous, à ce moment-là, et continue à ORF, 4 juin 2015 16 CÉLÉBRATION À ROME DE LA SEMAINE DE PRIÈRE POUR L’UNITÉ DES CHRÉTIENS 2015 18 – 25 janvier 2015 CONCLUSION DE LA SEMAINE DE PRIÈRE POUR L’UNITÉ DES CHRÉTIENS 25 janvier 2015 en profondeur ce qui nous unit, c’est-à-dire l’appel à participer au mystère d’amour du Père révélé à nous par le Fils dans l’Esprit Saint. L’unité des chrétiens – nous en sommes convaincus – ne sera pas le fruit de discussions théoriques raffinées dans lesquelles chacun tentera de convaincre l’autre du bien-fondé de ses propres opinions. Le Fils de l’Homme viendra et il nous trouvera encore en discussions. Nous devons reconnaître que pour parvenir à la profondeur du mystère de Dieu, nous avons besoin les uns des autres, de nous rencontrer et de nous confronter sous la conduite de l’Esprit Saint, qui harmonise les diversités et dépasse les conflits, réconcilie les diversités. Dimanche 25 janvier, en conclusion de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens, le Pape François a présidé la célébration des secondes vêpres dans la basilique Saint-Paul-horsles-Murs. Dans son homélie, le Pape a rappelé les « martyrs d’aujourd’hui persécutés et tués parce que chrétiens, sans faire de distinction, de la part des persécuteurs, entre les confessions auxquelles ils appartiennent ». Cela, a-t-il dit, est « l’œcuménisme du sang ». HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS Basilique Saint-Paul-hors-les-Murs, 25 janvier 2015 Progressivement, la femme samaritaine comprend que Celui qui lui a demandé à boire est à même de la désaltérer. Jésus se présente à elle comme la source d’où jaillit l’eau vive qui étanche pour toujours sa soif (cf. Jn 4, 13-14). L’existence humaine révèle des aspirations sans bornes : recherche de vérité, soif d’amour, de justice et de liberté. Ce sont des désirs satisfaits seulement en partie, parce que du fond de son être, l’homme se meut vers un “plus”, un absolu capable d’étancher sa soif de façon définitive. La réponse à ces aspirations est donnée par Dieu en Jésus Christ, dans son mystère pascal. Du côté transpercé de Jésus ont jailli du sang et de l’eau (cf. Jn 19, 34) : il est la source d’où jaillit l’eau de l’Esprit Saint, c’est-à-dire « l’amour de Dieu répandu dans nos cœurs » (Rm 5, 5) au jour du baptême. Par l’œuvre de l’Esprit nous sommes devenus uns avec le Christ, fils dans le Fils, vrais adorateurs du Père. Ce mystère d’amour est la raison la plus profonde de l’unité qui relie tous les chrétiens et qui est beaucoup plus grande que les divisions advenues au cours de l’histoire. Pour ce motif, dans la mesure où nous nous approchons avec humilité du Seigneur Jésus Christ, nous nous rapprochons aussi entre nous. En voyage de la Judée vers la Galilée, Jésus traverse la Samarie. Il n’a pas de difficulté à rencontrer les Samaritains jugés hérétiques, schismatiques, séparés des juifs. Son attitude nous fait comprendre que la confrontation avec celui qui est différent de nous peut nous faire grandir. Jésus, fatigué par le voyage, n’hésite pas à demander à boire à la femme samaritaine. Sa soif, nous le savons, va bien au-delà de la soif physique : elle est aussi soif de rencontre, désir d’ouvrir un dialogue avec cette femme, en lui offrant aussi la possibilité d’un chemin de conversion intérieure. Jésus est patient, il respecte la personne qui est devant lui, il se révèle à elle progressivement. Son exemple encourage à chercher une confrontation sereine avec l’autre. Pour se comprendre et grandir dans la charité et dans la vérité, il faut s’arrêter, s’accueillir et s’écouter. De cette manière, on commence déjà à expérimenter l’unité. L’unité se fait sur le chemin, elle n’est jamais à l’arrêt. L’unité se fait en marchant. La femme de Sykar interroge Jésus sur le véritable lieu de l’adoration de Dieu. Jésus ne prend pas position en faveur de la montagne ou du temple, mais il va audelà, il va à l’essentiel, faisant tomber chaque mur de séparation. Il renvoie à la vérité de l’adoration : « Dieu est esprit, et ceux qui l’adorent, c’est en esprit et vérité qu’ils doivent l’adorer » (Jn 4, 24). Beaucoup de controverses entre chrétiens, héritées du passé, peuvent se dépasser en mettant de côté toute attitude polémique ou apologétique, et en cherchant ensemble à accueillir La rencontre avec Jésus transforme la Samaritaine en une missionnaire. Ayant reçu un don plus grand et plus important que l’eau du puits, la femme laisse là sa cruche (cf. Jn 4, 28) et elle court raconter à ses compatriotes qu’elle a rencontré le Christ (cf. Jn 4, 29). La rencontre avec Lui lui a rendu le sens et la joie de vivre, et elle sent le désir de le communiquer. Aujourd’hui, il existe une multitude d’hommes et de femmes fatigués et assoiffés, qui nous demandent, à 17 nous chrétiens, de leur donner à boire. C’est une demande à laquelle on ne peut se soustraire. Dans l’appel à être des évangélisateurs, toutes les Églises et Communautés ecclésiales trouvent un cadre essentiel pour une collaboration plus étroite. Pour pouvoir remplir efficacement une telle tâche, il faut éviter de se renfermer dans ses propres particularismes et exclusivismes, comme aussi d’imposer une uniformité selon des plans purement humains (cf. Exhort. Apost. Evangelii gaudium, n. 131). L’engagement commun à annoncer l’Évangile permet de dépasser toute forme de prosélytisme et la tentation de compétition. Nous sommes tous au service de l’unique et même Évangile ! et les jeunes qui bénéficient de bourses d’étude offertes par le Comité de Collaboration culturelle avec les Églises orthodoxes, œuvrant près du Conseil pour la promotion de l’Unité des chrétiens. Sont aussi présents aujourd’hui des religieux et des religieuses appartenant à différentes Églises et Communautés ecclésiales, qui ont participé ces jours-ci à un Colloque œcuménique, organisé par la Congrégation pour les Instituts de Vie consacrée et les Sociétés de Vie apostolique, en collaboration avec le Conseil Pontifical pour la promotion de l’Unité des chrétiens, à l’occasion de l’Année de la Vie consacrée. La vie religieuse comme prophétie du monde futur est appelée à offrir en notre temps le témoignage de cette communion dans le Christ qui va au-delà de chaque différence, et qui est faite de choix concrets d’accueil et de dialogue. Et donc, la recherche de l’unité des chrétiens ne peut être l’apanage seulement de quelques personnes ou communautés religieuses particulièrement sensibles à cette problématique. La connaissance réciproque des différentes traditions de vie consacrée et un échange fécond d’expériences peut être utile pour la vitalité de chaque forme de vie religieuse dans les diverses Églises et Communautés ecclésiales. Et en ce moment de prière pour l’unité, je voudrais rappeler nos martyrs d’aujourd’hui. Ils rendent témoignage à Jésus Christ et ils sont persécutés et tués parce que chrétiens, sans faire de distinction, de la part des persécuteurs, entre les confessions auxquelles ils appartiennent. Ils sont chrétiens et pour cela persécutés. Voilà, frères et sœurs, l’œcuménisme du sang. Rappelant ce témoignage de nos martyrs d’aujourd’hui, et avec cette joyeuse certitude, j’adresse mes saluts cordiaux et fraternels à Son Éminence le Métropolite Gennadios, représentant du Patriarcat œcuménique, à Sa Grâce David Moxon, représentant personnel à Rome de l’Archevêque de Cantorbéry, et à tous les représentants des différentes Églises et Communautés ecclésiales ici rassemblées en la fête de la Conversion de saint Paul. En outre, je suis heureux de saluer les membres de la Commission mixte pour le dialogue théologique entre l’Église catholique et les Églises orthodoxes orientales, auxquels je souhaite un travail fructueux pour la session plénière qui se déroulera dans les prochains jours à Rome. Je salue aussi les étudiants de l’Institut œcuménique de Bossey Chers frères et sœurs, aujourd’hui, nous qui sommes assoiffés de paix et de fraternité, invoquons avec un cœur confiant du Père céleste, par Jésus Christ l’unique Prêtre et médiateur, et par l’intercession de la Vierge Marie, de l’apôtre Paul et de tous les saints, le don de la pleine communion de tous les chrétiens, afin que puisse resplendir « le mystère sacré de l’unité de l’Église » (Conc. Œcum. Vat. II, Décret sur l’œcuménisme Unitatis redintegratio, n. 2), comme signe et instrument de réconciliation pour le monde entier. Ainsi soit-il. ORF, 29 janvier 2015 18 COMMÉMORATION DU MARTYRE DES ARMÉNIENS Avril 2015 semblables, avec l’aide des uns et le silence complice des autres qui restent spectateurs. Nous n’avons pas encore appris que « la guerre est une folie, un massacre inutile » (cf. Homélie à Redipuglia, 13 septembre 2014). SALUT DU PAPE FRANÇOIS AVANT LA MESSE CÉLÉBRÉE À LA BASILIQUE SAINT-PIERRE 12 avril 2015 Au début de la Messe célébrée dans la Basilique vaticane dans la matinée du 12 avril, deuxième dimanche de Pâques et dimanche de la Divine Miséricorde, le pape François a prononcé le salut suivant : Chers frères arméniens, aujourd’hui nous rappelons, le cœur transpercé de douleur mais rempli d’espérance dans le Seigneur ressuscité, le centenaire de ce tragique événement, de cette effroyable et folle extermination, que vos ancêtres ont cruellement soufferte. Se souvenir d’eux est nécessaire, plus encore c’est un devoir, parce que là où il n’y a plus de mémoire, cela signifie que le mal tient encore la blessure ouverte ; cacher ou nier le mal c’est comme laisser une blessure continuer à saigner sans la panser ! Chers frères et sœurs Arméniens, chers frères et sœurs, En des occasions diverses j’ai défini cette époque comme un temps de guerre, une troisième guerre mondiale « par morceaux », où nous assistons quotidiennement à des crimes atroces, à des massacres sanglants, et à la folie de la destruction. Malheureusement, encore aujourd’hui, nous entendons le cri étouffé et négligé de beaucoup de nos frères et sœurs sans défense, qui, à cause de leur foi au Christ ou de leur appartenance ethnique, sont publiquement et atrocement tués – décapités, crucifiés, brûlés vifs –, ou bien contraints d’abandonner leur terre. Je vous salue avec affection et je vous remercie pour votre témoignage. Je salue et je remercie pour sa présence Monsieur Serž Sargsyan, Président de la République d’Arménie. Je salue aussi cordialement mes frères Patriarches et Évêques : Sa Sainteté Karekin II, Patriarche Suprême et Catholicos de tous les Arméniens ; Sa Sainteté Aram Ier, Catholicos de la Grande Maison de Cilicie ; Sa Béatitude Nerses Bedros XIX, Patriarche de Cilicie des Arméniens Catholiques ; les deux Catholicossats de l’Église Apostolique Arménienne, et le Patriarcat de l’Église Arméno-Catholique. Aujourd’hui encore nous sommes en train de vivre une sorte de génocide causé par l’indifférence générale et collective, par le silence complice de Caïn qui s’exclame : « Que m’importe ? », « Suis-je le gardien de mon frère ? » (Gn 4, 9 ; Homélie à Redipuglia, 13 septembre 2014). Avec la ferme certitude que le mal ne vient jamais de Dieu infiniment Bon, et enracinés dans la foi, affirmons que la cruauté ne peut jamais être attribuée à l’œuvre de Dieu, et en outre ne doit absolument pas trouver en son Saint Nom une quelconque justification. Vivons ensemble cette célébration en fixant notre regard sur Jésus-Christ, vainqueur de la mort et du mal. Notre humanité a vécu, le siècle dernier, trois grandes tragédies inouïes : la première est celle qui est généralement considérée comme « le premier génocide du XXe siècle » (Jean-Paul II et Karékine II, Déclaration commune, Etchmiadzine, 27 septembre 2001) ; elle a frappé votre peuple arménien – première nation chrétienne –, avec les Syriens catholiques et orthodoxes, les Assyriens, les Chaldéens et les Grecs. Des évêques, des prêtres, des religieux, des femmes, des hommes, des personnes âgées et même des enfants et des malades sans défense ont été tués. Les deux autres ont été perpétrées par la nazisme et par le stalinisme. Et, plus récemment, d’autres exterminations de masse, comme celles au Cambodge, au Rwanda, au Burundi, en Bosnie. Cependant, il semble que l’humanité ne réussisse pas à cesser de verser le sang innocent. Il semble que l’enthousiasme qui est apparu à la fin de la seconde guerre mondiale soit en train de disparaître et de se dissoudre. Il semble que la famille humaine refuse d’apprendre de ses propres erreurs causées par la loi de la terreur ; et ainsi, encore aujourd’hui, il y en a qui cherchent à éliminer leurs ORF, 16 avril 2015 MESSAGE DU PAPE FRANÇOIS AUX ARMÉNIENS Chers frères et sœurs Arméniens, Un siècle s’est écoulé depuis l’horrible massacre qui fut un véritable martyre de votre peuple, dans lequel beaucoup d’innocents sont morts en confesseurs et martyrs pour le nom du Christ (cf. Jean-Paul II et Karékine II, Déclaration commune, Etchmiadzine, 27 septembre 2001). Il n’y a pas de famille arménienne, encore aujourd’hui, qui n’a pas perdu un être cher dans 19 ces événements : ce fut vraiment le « Metz Yeghern », le « Grand Mal », comme vous avez appelé cette tragédie. En cette occasion, j’éprouve un sentiment de grande proximité envers votre peuple et je désire m’unir spirituellement aux prières qui s’élèvent de vos cœurs, de vos familles, de vos communautés. IX [1917],429), s’efforça jusqu’au bout de l’empêcher, reprenant les efforts de médiation déjà accomplis par le Pape Léon XIII face aux « funestes événements » des années 1894-96. Il écrivit pour cela au sultan Mahomet V, implorant que tant d’innocents soient épargnés (cf. Lettre du 10 septembre 1915), et ce fut encore lui qui, lors du Consistoire secret du 6 décembre 1915, affirma dans un vibrant désarroi : « Miserrima Armenorum gens ad interitum prope ducitur » (AAS, VII [1915], 510). Une occasion favorable nous est donnée de prier ensemble dans cette célébration d’aujourd’hui, au cours de laquelle nous proclamons saint Grégoire de Narek, Docteur de l’Église. J’exprime ma vive gratitude, pour leur présence, à Sa Sainteté Karekin II, Patriarche Suprême et Catholicos de tous les Arméniens, à Sa Sainteté Aram Ier, Catholicos de la Grande Maison de Cilicie, et à Sa Béatitude Nerses Bedros XIX, Patriarche de Cilicie des Arméniens Catholiques. Faire mémoire de tout ce qui est arrivé est un devoir, non seulement pour le peuple arménien et pour l’Église universelle, mais aussi pour toute la famille humaine, afin que l’avertissement qui vient de cette tragédie nous évite de retomber dans des horreurs semblables qui offensent Dieu et la dignité humaine. Aujourd’hui également, en effet, les conflits dégénèrent parfois en violences injustifiables, attisées par l’instrumentalisation des diversités ethniques et religieuses. Tous ceux qui sont placés à la tête des Nations et des Organisations internationales sont appelés à s’opposer à de tels crimes avec une ferme responsabilité, sans céder aux ambiguïtés ni aux compromis. Saint Grégoire de Narek, moine du Xe siècle, a su exprimer plus que tout autre la sensibilité de votre peuple. Donnant une voix au cri, qui devient prière, d’une humanité souffrante et pécheresse, opprimée par l’angoisse de sa propre impuissance mais illuminée par la splendeur de l’amour de Dieu et ouverte à l’espérance de son intervention salvifique, capable de transformer toute chose. « Dans l’attente certaine de sa puissance, je crois avec une indubitable espérance, me confiant dans la main du Tout Puissant… que je le verrai, Lui en personne, grâce à sa miséricorde et à sa pitié, et que j’hériterai du Ciel » (Saint Grégoire de Narek, Livre des Lamentations, XII). Que cette douloureuse occasion devienne pour tous un motif de réflexion humble et sincère, et d’ouverture du cœur au pardon qui est source de paix et d’espérance nouvelle. Saint Grégoire de Narek, interprète formidable de l’âme humaine, semble prononcer pour nous des paroles prophétiques : « Je me suis volontairement chargé de toutes les fautes, depuis celle de notre premier père jusqu’à celles du dernier de ses descendants, et je me suis considéré comme responsable » (Livre des Lamentations, LXXII). Combien ce sentiment de solidarité universelle nous touche ! Comme nous nous sentons petits face à la grandeur de ses invocations : « Souviens-toi, [Seigneur,]… de ceux aussi qui, parmi la race humaine sont nos ennemis, mais pour leur faire du bien : accorde leur pardon et miséricorde (…) N’extermine pas ceux qui me mordent, mais change-les ! arracheleur la mauvaise conduite terrestre, enracine la bonne et en moi et en eux » (ibid. LXXXIII). Votre vocation chrétienne est très ancienne et remonte en 301, année où saint Grégoire l’Illuminateur a conduit l’Arménie à la conversion et au Baptême, la première parmi les nations qui, au cours des siècles, ont embrassé l’Évangile du Christ. Cet événement spirituel a marqué de manière indélébile le peuple arménien, sa culture et son histoire dans lesquelles le martyre occupe une place prééminente, comme l’atteste de manière emblématique le témoignage sacrificiel de saint Vardan et de ses compagnons du Ve siècle. Votre peuple, illuminé de la lumière du Christ et avec sa grâce, a surmonté beaucoup d’épreuves et de souffrances, animé par l’espérance qui vient de la Croix (cf. Rm 8, 31-39). Comme vous l’avait dit saint JeanPaul II : « Votre histoire faite de souffrance et de martyre est une perle précieuse dont l’Église universelle est fière. La foi au Christ, rédempteur de l’homme, vous a infusé un courage admirable sur le chemin, souvent semblable à celui de la croix, sur lequel vous avez avancé avec détermination, dans le but de conserver votre identité de peuple et de croyants » (Homélie, 21 novembre 1987). Que Dieu accorde que soit repris le chemin de la réconciliation entre le peuple arménien et le peuple turc, et que la paix advienne aussi au Nagorno Karabakh. Ce sont des peuples qui, par le passé, malgré les divergences et les tensions, ont vécu de longues périodes de cohabitation pacifique, et même dans le tourbillon des violences ont connu des cas de solidarité et d’aide réciproque. C’est seulement dans cet esprit que les nouvelles générations pourront s’ouvrir à un avenir meilleur et que le sacrifice de beaucoup pourra devenir semence de justice et de paix. Cette foi a accompagné et soutenu votre peuple également dans le tragique événement d’il y a cent ans « que l’on considère généralement comme le premier génocide du XXe siècle » (Jean-Paul II et Karékine II, Déclaration commune, Etchmiadzine, 27 septembre 2001). Le Pape Benoît XV, qui condamna comme « inutile massacre » la Première Guerre Mondiale (AAS, Pour nous, chrétiens, que ceci soit surtout un temps fort de prière, pour que le sang versé, par la force rédemptrice du sacrifice du Christ, opère le prodige de la pleine unité entre ses disciples. Qu’il renforce en 20 particulier les liens d’amitié fraternelle qui déjà unissent l’Église catholique et l’Église Arménienne Apostolique. Le témoignage de tant de frères et sœurs qui, sans défense, ont sacrifié leur vie pour leur foi, rapproche les diverses confessions : c’est l’œcuménisme du sang qui a conduit saint Jean-Paul II à célébrer ensemble, durant le Jubilé de l’an 2000, tous les martyrs du XXe siècle. La célébration d’aujourd’hui également se situe dans ce contexte spirituel et ecclésial. Des représentants de nos deux Églises participent à cet événement ; et de nombreux fidèles dispersés partout dans le monde s’unissent spirituellement, en un signe qui reflète sur la terre la communion parfaite qui existe entre les esprits bienheureux du ciel. Avec un cœur fraternel, Je vous assure de ma proximité, à l’occasion de la cérémonie de canonisation des martyrs de l’Église Arménienne Apostolique qui aura lieu le 23 avril prochain en la cathédrale d’Etchmiadzine, et des commémorations qui se tiendront à Antélias en juillet. Je confie à la Mère de Dieu ces intentions avec les paroles de saint Grégoire de Narek : « O pureté des Vierges, reine des bienheureux, Mère de l’édifice indestructible de l’Église, Mère du Verbe immaculé de Dieu, (…) nous réfugiant sous la défense des ailes immenses de ton intercession, nous levons les mains vers toi, et avec une invincible espérance nous croyons que nous serons sauvés ». (Panégyrique à la Vierge) Du Vatican, 12 avril 2015 François ORF, 16 avril 2015 21 VISITE À ROME DE SA SAINTETÉ MORAN MOR IGNATIUS APHREM II PATRIARCHE SYRO-ORTHODOXE D’ANTIOCHE ET DE TOUT L’ORIENT (17-20 juin 2015) Vendredi 19 juin 2015, au cours de sa rencontre avec Sa Sainteté Mor Ignatius Aphrem II, Patriarche syro-orthodoxe d’Antioche et de tout l’Orient, le Saint-Père a rappelé l’urgence de hâter le pas sur le chemin commun menant à la pleine communion. Nous publions, cidessous, la traduction du discours donné par le Pape François en italien en cette circonstance ainsi que celui du Patriarche prononcé en anglais. DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS À SA SAINTETÉ MOR IGNATIUS APHREM II 19 juin 2015 Rome puis à Damas, ont marqué de nouvelles avancées, introduisant des éléments concrets de collaboration pastorale pour le bien des fidèles. Combien de choses ont changé depuis ces premières rencontres ! Votre Église, Sainteté, est une Église de martyrs depuis son origine et elle l’est encore aujourd’hui, au Moyen-Orient, où elle continue à subir, avec les autres communautés chrétiennes et d’autres minorités, les souffrances terribles provoquées par la guerre, par la violence et par les persécutions. Combien de douleur! Combien de victimes innocentes! Face à tout cela, il semble que les puissants de ce monde soient incapables de trouver des solutions. Votre Sainteté, prions ensemble pour les victimes de cette violence atroce et de toutes les situations de guerre présentes dans le monde. Un souvenir particulier va au métropolite Mor Grégorios Ibrahim et au métropolite de l’Église orthodoxe Paul Yazigi, enlevés ensemble depuis plus de deux ans maintenant. Rappelons aussi certains prêtres et de nombreuses personnes, de groupes différents, privées de liberté. Demandons au Seigneur la grâce d’être toujours prêts au pardon et d’être des artisans de réconciliation et de paix. C’est ce qui anime le témoignage des martyrs. Le sang des martyrs est semence d’unité de l’Église et instrument de construction du royaume de Dieu, qui est le règne de paix et de justice. Votre Sainteté, Béatitude, chers frères, en ce moment de rude épreuve et de douleur, renforçons encore davantage les liens d’amitié et de fraternité entre l’Église catholique et l’Église syro-orthodoxe. Hâtons nos pas sur le chemin commun, en maintenant notre regard fixé sur le jour où nous pourrons célébrer notre appartenance à l’unique Église du Christ, autour du même autel du Sacrifice et de la louange. Échangeonsnous les trésors de nos traditions comme des dons spirituels, car ce qui nous unit est bien supérieur à ce qui nous divise. Je fais miennes les paroles de votre belle prière syriaque: « Seigneur, par l’intercession de ta Mère et de tous les saints, sanctifie-nous ainsi que nos proches Sainteté, Béatitude, chers frères, C’est une grande joie de pouvoir vous accueillir ici, près de la tombe de saint Pierre, tant aimé à Rome et à Antioche. Je souhaite cordialement la bienvenue à Votre Sainteté et à tous les membres de votre délégation. Je vous remercie pour vos paroles d’amitié et de proximité spirituelle, et j’étends mes salutations aux évêques, au clergé et à tous les fidèles de l’Église syro-orthodoxe. « À vous grâce et paix de par Dieu notre Père et le Seigneur Jésus Christ » (Rm 1, 7). La visite de Votre Sainteté renforce les liens d’amitié et de fraternité qui unissent nos Églises, le Siège de Rome et le Siège d’Antioche. Saint Ignace, maître d’unité entre les fidèles dans le Christ, dans sa lettre aux Magnésiens, exhorte en faisant écho à la prière prononcée par Jésus lors de la Dernière Cène, à être « une seule prière, une seule supplique, un seul esprit, une seule espérance dans la charité », à converger « tous pour vous réunir comme en un seul temple de Dieu, comme autour d'un seul autel, en l'unique Jésus Christ, qui est sorti du Père un, et qui était en lui l'unique, et qui est allé vers lui » (7, 1-2). Quand le patriarche Mor Ignatius Jacob III et le Pape Paul VI se rencontrèrent ici à Rome en 1971, ils entamèrent consciemment ce que nous pouvons définir comme un « saint pèlerinage » vers la pleine communion entre nos Églises. En signant la déclaration commune sur notre profession de foi conjointe dans le mystère de la Parole incarnée, vrai Dieu et vrai homme, ceux-ci posèrent le fondement dynamique nécessaire à ce chemin que nous sommes en train d’accomplir ensemble dans l’obéissance à la prière du Seigneur pour l’unité des disciples (cf. Jn 17, 21-23). Par la suite, les rencontres entre le patriarche Mor Ignace Zakka Iwas et saint Jean-Paul II, d’abord à 22 défunts. Que la mémoire de la Vierge Marie soit une bénédiction pour nous; que ses prières soient une forteresse pour nos âmes. Apôtres, martyrs, disciples et saints, priez pour nous afin que le Seigneur nous donne sa miséricorde ». Amen. ORF, 25 juin 2015 pas sans causer de malaise dans certains milieux. Néanmoins, le chemin menant à l’unité pleine en Christ est fait de pas courageux comme celui-ci. Maintenir le status quo ne nous aide pas à progresser. Cette relation entre les deux pontifes fut encore renforcée par la visite historique de saint Jean-Paul II à notre cathédrale patriarcale de Damas, lors de sa visite officielle de 2001 en Syrie. En cette circonstance, le Patriarche Ignatius Zakka I offrit un calice au Pape Jean-Paul II en disant : « Puissions-nous un jour boire à la même coupe ». DISCOURS DE SA SAINTETÉ MORAN MOR IGNATIUS APHREM II AU PAPE FRANÇOIS C’est dans ce même esprit que nous vous exprimons notre désir et notre disponibilité à rechercher de nouveaux sentiers pouvant rapprocher toujours davantage nos Églises, en préparant la voie pour Antioche et Rome, les deux seuls sièges apostoliques où saint Pierre prêcha, pour que soit instaurée la pleine communion. Sainteté, cher frère en Christ, Éminences, Excellences, chers amis ici présents, Je vous salue au nom du Père, du Fils et du SaintEsprit, de l’unique vrai Dieu qui nous a appelés à servir Son peuple pour préparer pour Lui « la communauté sacerdotale du roi, la nation sainte » (1 P 2, 9). Nous sommes venus jusqu’à vous de Damas, la plus antique ville du monde habitée sans interruption, et portons avec nous les souffrances de son peuple et ses aspirations. Cette ville, qui a vu la conversion et le baptême de saint Paul, appelle de ses cris la paix. Nous venons à vous en notre première visite officielle au Vatican pour exprimer l’amour fraternel et le respect d’une ancienne Église apostolique à une autre. Nous sommes heureux d’être accompagné en cette occasion de notre bien-aimé frère en Christ, Sa Béatitude Mor Baselios Thomas I, Catholicos de l’Inde, et de l’ensemble de notre délégation, et vous apportons les vœux affectueux et les salutations des membres du Saint Synode qui vient juste de conclure ses réunions à Damas. Sainteté, Cette année est celle du centenaire du Génocide qui, plus que tout autre, a dévasté notre Église et notre communauté. En 1915, plus d’un demi-million de chrétiens de langue syriaque furent victimes de l’épuration religieuse ethnique opérée dans l’ancien Empire ottoman. Des églises, des monastères et des biens religieux furent détruits ou, dans le meilleur des cas, confisqués et transformés en entreprises privées. Ce Génocide a laissé une cicatrice qui ne s’effacera jamais sur notre peuple syriaque et une blessure qui saigne encore dans notre conscience. Cent ans après le début du Génocide syriaque, nous réclamons encore qu’il soit reconnu et que justice soit faite. À cet égard, nous avons extrêmement apprécié les paroles de Votre Sainteté, le 12 avril à la Basilique Saint-Pierre, quand vous avez appelé les choses par leurs noms et courageusement décrit ce qu’ont subi arméniens, syriaques et grecs comme étant le « premier Génocide du XXe siècle », ouvrant ainsi la voie à d’autres qui pourront faire de même. Dans notre langue araméenne syriaque, nous appelons ce Génocide Sayfo, ce qui signifie « épée ». Lors de notre premier Saint Synode, le jour suivant notre installation par la grâce de Dieu comme Patriarche d’Antioche, nous avons pris la décision de commémorer en 2015 le centenaire de Sayfo. Deux principes nous ont conduit à cela : la justice et la réconciliation. Depuis cent ans, nos martyrs et nos survivants réclament que justice soit faite. La justice que nous désirons n’est ni la vengeance, ni la haine. Elle est bien éloignée de toute vengeance. Au contraire, elle repose sur le fait de reconnaître que ce qui a eu lieu fut un génocide, en suivant les pas de notre Rédempteur, « lui qui, insulté, ne rendait pas l’insulte, dans sa souffrance, ne menaçait pas, mais s’en remettait au juste Juge » (1 P 2, 23). Nous rendons grâce à Dieu qui a permis à nos deux Églises sœurs de se rapprocher au cours des dernières décennies. Nous nous souvenons de la visite en 1971 du Patriarche Mor Ignatius Yacoub III au Pape Paul VI. Ce fut une visite historique car pour la première fois depuis les controverses du Ve siècle, un Patriarche orthodoxe et l’Évêque de Rome publiaient une déclaration de foi, inspirée par l’Esprit Saint, qui allait même jusqu’à déclarer « qu’il n’y a pas de différences dans la foi qu’ils [le Patriarche et le Pape] professent, concernant le mystère du Verbe de Dieu, fait chair et devenu réellement homme même si, au cours des siècles, des difficultés ont surgi des différentes expressions théologiques par lesquelles cette foi était exprimée ». Les deux pontifes furent en mesure de lire les signes des temps et jetèrent ainsi les fondements d’une coopération concrète qui s’exprima par des échanges d’étudiants, l’usage commun d’édifices cultuels et d’autres aspects de la vie pastorale. En 1984, notre prédécesseur Mor Ignatius Zakka I rencontra le saint Pape Jean-Paul II et signa avec lui une déclaration commune par laquelle, pour la première fois dans l’histoire du christianisme depuis la division de l’Église, les fidèles des deux Églises étaient officiellement autorisés à prendre part à la communion dans l’autre Église, une importante initiative qui ne fut Réconciliation et guérison sont intrinsèquement liées à la justice. Nos blessures ne sont pas encore guéries. Faire la lumière sur ces massacres et ces atrocités donne à notre peuple l’opportunité d’entamer un processus de guérison à travers la prière, les 23 commémorations et d’autres actions. En même temps, cela permet à nos frères et sœurs, descendants des Ottomans, de se réconcilier avec leur propre passé afin d’instituer une paix durable entre les peuples de cette région. Sainteté, cher frère en Christ, Nous rendons grâce à Dieu pour notre patrimoine chrétien commun et notre confession du Christ comme Seigneur et Sauveur. Nous croyons que sa mort, sa résurrection et son ascension constituent le fondement sur lequel repose notre foi chrétienne et qu’il nous faut les célébrer dans la joie. Cependant, que la Fête de la Résurrection de notre Seigneur soit célébrée à deux dates différentes est source d’un grand malaise et affaiblit le témoignage commun de l’Église dans le monde. Par conséquent, diverses propositions ont été avancées dans un passé récent afin de parvenir à une date commune de Pâques. En 1981, notre Saint Synode d’Antioche, encouragé par la proposition formulée durant le Concile Vatican II, adopta une résolution exprimant le désir intense de notre Église de pouvoir fixer la Fête de la Résurrection à un dimanche précis du mois d’avril. Notre prédécesseur de vénérable mémoire, le Patriarche Ignatius Zakka I, communiqua cette décision aux chefs de nos Églises sœurs. Néanmoins, à ce jour aucun accord n’a été atteint. À cet égard, nous apprécions les commentaires de Votre Sainteté sur cette question et le fait que vous envisagiez de prendre l’initiative de guider les efforts qui sont actuellement réalisés à ce sujet. Aujourd’hui, le génocide continue à avoir pour cible non seulement les chrétiens mais tous ceux qui aiment la paix. Le soi-disant « printemps arabe » a porté parmi nous la mort, la destruction, le chaos. Les chrétiens de Mossoul et des villages de la Plaine de Ninive ont été expulsés de chez eux. La veille de notre départ de Damas pour cette visite, un missile a frappé le quartier ancien de Damas, à mi-chemin entre le lieu où saint Paul fut baptisé et celui où on le descendit dans une corbeille (cf. Ac 9, 25), entraînant la mort de nombreuses personnes, semant la terreur et l’incertitude parmi la population. Les chrétiens du Moyen-Orient en particulier ont payé le prix fort. En Irak, près de 150.000 chrétiens se trouvent encore dans des camps de réfugiés dans la région kurde. En Syrie, les deux Archevêques Mor Gregorius Youhanna Ibrahim et Boulos Yaziji qui furent enlevés, il y a environ 26 mois, de même que le P. Jack Mourad, prêtre catholique syriaque, récemment kidnappé, n’ont toujours pas été libérés. Nous continuons à prier pour qu’ils reviennent sains et saufs et pour le retour de tous les otages. Pour conclure, j’aimerais rappeler que nous vivons dans un monde où le christianisme représente encore une minorité et où l’Église doit affronter deux idéologies extrêmes et opposées : l’extrémisme religieux, d’une part, et de l’autre, la sécularisation. Nous exhortons nos fils spirituels à conserver fermement leurs valeurs fondamentales et à manifester leur détermination, leur confiance en eux et leur adhésion au Christ, en dépit des tentations et des innombrables vices qui gouvernent ce monde. En effet, il est nécessaire que tous les chrétiens œuvrent ensemble pour offrir un témoignage crédible de notre foi dans le Christ Ressuscité et donner aux jeunes générations une raison d’espérer en un avenir meilleur. L’unité de l’Église du Christ demeure la plus grande source d’espérance pour tous. Les chrétiens de la région ne sont pas les seules victimes du terrorisme, musulmans, yezidis et d’autres encore en souffrent également. Des églises, des mosquées et d’autres lieux de culte ont été détruits. Des monuments culturels millénaires n’ont pas davantage été épargnés. Tous ces actes destructeurs ont semé la panique parmi les chrétiens et des centaines de milliers d’entre eux ont ainsi fui leur patrie ancestrale pour chercher refuge partout dans le monde, pour certains d’entre eux aux prix de leur vie alors qu’ils cherchaient une existence meilleure et plus sûre. Nous apprécions profondément la prière constante de Votre Sainteté pour la paix dans cette région et en particulier pour la « Syrie bien-aimée », ainsi que vous l’avez définie, et nous pensons que le Vatican pourrait entreprendre un dialogue avec certains pays européens pouvant avoir une influence sur les gouvernements régionaux qui soutiennent et financent directement ou indirectement le terrorisme dans la région. En tant que serviteurs du peuple de Dieu, nous devrions intensifier nos efforts pour parvenir à la pleine communion de tous les disciples du Christ et travailler ensemble pour alléger les souffrances de notre humanité accablée en restant fidèles au message du Christ qui veut que nous soyons tous un en lui et ayons la vie en abondance. En Syrie, chrétiens et musulmans sont las de la guerre et aspirent à une paix fondée sur le principe de la citoyenneté et de l’égalité des droits. Une résolution pacifique de la crise est dans l’intérêt de tous. Instaurer dans la Plaine de Ninive une zone de sécurité pour les chrétiens d’Irak, placée sous la protection internationale, est une option largement encouragée par la majorité de la population en Irak. De nouveau, nous vous remercions, Sainteté, de votre accueil et, au nom de notre Moyen-Orient qui souffre, nous vous demandons de prier et vous assurons, cher frère en Christ, de nos humbles prières par l’intercession de Yoldath Aloho, Marie toujours Vierge et Mère de Dieu, de notre père commun dans l’apostolicité, saint Pierre, et de nos martyrs syriaques de Saifo. Amen. Traduction de l’anglais SI 24 ENCYCLIQUE LAUDATO SI’ DU PAPE FRANÇOIS “Une écologie intégrale” et une “conversion écologique globale » : voici les deux expressions clé autour desquelles se développe « Laudato Si’ », la seconde Encyclique du Pontificat du Pape François après « Lumen Fidei », publiée en 2013. Le texte « sur la sauvegarde de la maison commune » a été présenté dans la nouvelle Salle du Synode au Vatican, dans la matinée du jeudi 18 juin 2015. Le Patriarche œcuménique Bartholomaios, dont la sensibilité écologique est explicitement rappelée dans ce document, a remercié immédiatement le Saint-Père pour avoir mis l’accent sur la nécessité de se réconcilier avec la Création, désignant la question de l’environnement comme un terrain d’entente sur lequel s’engager. Nous publions, ci-après, le commentaire sur l’Encyclique du Métropolite Ioannis Zizioulas de Pergame qui représentait le Patriarche œcuménique lors de cette présentation. COMMENTAIRE DE L’ARCHEVÊQUE JEAN ZIZIOULAS DE PERGAME arrive en un moment critique de l’histoire humaine et ne manquera pas de toucher les consciences dans le monde entier. LA DIMENSION EXISTENTIELLE DE L’ŒCUMÉNISME Ceux qui liront cette Encyclique seront impressionnés par la profondeur et le scrupule avec lesquels la question écologique est traitée et comment sa gravité est exposée en même temps que sont avancées des suggestions concrètes et des propositions quant à la manière d’agir pour faire front aux conséquences. Ces pages contiennent de quoi alimenter la réflexion de tous : scientifiques, économistes, sociologues et surtout tous les fidèles de l’Église. Je limiterai ma réflexion à la richesse de la pensée théologique et de la spiritualité de cette Encyclique même si le temps dont je dispose ne me permettra pas de rendre entièrement justice à ces différents aspects. J’aborderai donc les questions suivantes : INTRODUCTION J’aimerais avant tout vous exprimer ma profonde gratitude car c’est pour moi un honneur d’avoir été invité à prendre part à la présentation de la nouvelle Encyclique de Sa Sainteté le Pape François, Laudato Si’. Je suis également honoré que Sa Sainteté le Patriarche œcuménique Bartholomaios m’ait demandé de vous assurer de sa joie et de sa satisfaction pour la publication de cette Encyclique. Comme certains d’entre vous le savent déjà, le Patriarche œcuménique a été la première personnalité du monde chrétien à attirer l’attention de la communauté mondiale sur la gravité de la situation écologique et le devoir qu’a l’Église d’exprimer sa préoccupation et de tenter de contribuer par tous les moyens spirituels dont elle dispose à la protection de notre environnement naturel. Pour cette raison, dès l’année 1989 le Patriarche œcuménique Dimitrios publia une Encyclique s’adressant aux chrétiens et à toutes les personnes de bonne volonté, dans laquelle il soulignait la gravité de la question écologique et quelles étaient ses dimensions théologiques et spirituelles. Par la suite eurent lieu diverses initiatives telles que des conférences internationales de responsables d’Églises et d’experts scientifiques, de même que des colloques s’adressant aux jeunes, aux ministres de l’Église, et à d’autres personnes, sous les auspices de l’actuel Patriarche œcuménique Bartholomaios, dans le but de promouvoir une conscience écologique tout d’abord parmi les chrétiens mais aussi et plus largement au sein de la communauté humaine. 1. L’importance théologique de l’écologie, 2. La dimension spirituelle du problème écologique, et 3. L’importance œcuménique de l’Encyclique. 1. THÉOLOGIE ET ÉCOLOGIE Quel lien existe-t-il entre écologie et théologie ? Dans les manuels traditionnels de théologie, la place réservée à l’écologie est quasiment inexistante, exactement comme dans les programmes d’études des écoles et facultés de théologie, qu’elles soient catholiques, orthodoxes ou protestantes. L’Encyclique consacre un chapitre entier (chap. 2) à la démonstration des profondes implications écologiques de la doctrine chrétienne de la création. Elle souligne que, selon le récit biblique, « l’existence humaine repose sur trois relations fondamentales intimement liées : la relation avec Dieu, avec le prochain, et avec la terre » (§ 66). Cette troisième relation, celle avec la terre, a très souvent été ignorée par la théologie chrétienne, tant est que l’historien américain Lynn White, dans un article désormais devenu célèbre que publia la revue Scientist (1967), accusa la théologie chrétienne d’être responsable de la crise écologique moderne. Car il est vrai que la théologie chrétienne a placé l’être humain tellement au-dessus de la création que les humains se sont sentis autorisés à la traiter comme un matériel utile à la satisfaction de leurs besoins et de leurs désirs. Pour les orthodoxes, la publication de l’Encyclique Laudato Si’ est par conséquent source de grandes joie et satisfaction. En leur nom, j’aimerais remercier de tout cœur Votre Sainteté qui de sa voix très respectée a voulu attirer l’attention du monde sur le besoin urgent de protéger la création de Dieu des dégradations que nous, les êtres humains, lui infligeons en nous comportant ainsi envers la nature. Cette Encyclique 25 L’être humain a perdu ce qui le liait à la nature et par l’abus et le mauvais usage qu’il a fait du commandement biblique donné au premier couple d’humains – « Soyez féconds et prolifiques, remplissez la terre et dominez-la » (Gn 1, 28) – l’humanité a été encouragée à exploiter la création sans limites, sans aucun respect de son intégrité et de son caractère sacré. La montée de l’individualisme dans notre culture est la cause de la rupture de la juste relation entre l’humanité et la nature. La poursuite du bonheur individuel est devenue aujourd’hui un idéal. Le péché écologique est dû à l’avidité humaine qui rend aveugles les femmes et les hommes au point qu’ils finissent par ignorer et mépriser une vérité fondamentale : le bonheur de chaque individu dépend des relations qu’il a avec les autres êtres humains. L’écologie possède une dimension sociale que l’Encyclique fait ressortir clairement. La crise écologique va de pair avec la diffusion de l’injustice sociale. L’une ne peut être affrontée avec succès si l’autre n’est pas prise en compte. Cette attitude envers la création a conduit non seulement à un emploi préjudiciable de la doctrine biblique mais en même temps contredisait des principes fondamentaux de la foi chrétienne, dont par exemple la foi en l’incarnation du Christ. En se faisant homme, le Fils de Dieu assumait la création dans son intégralité. Le Christ, par son incarnation, est venu sauver toute la création et pas uniquement l’humanité ; car, selon saint Paul (Rm 8, 22), « la création tout entière gémit dans les douleurs de l’enfantement », dans l’attente de son salut à travers l’humanité. Le péché écologique n’est pas seulement un péché contre Dieu mais aussi contre notre prochain. De plus, ce n’est pas simplement un péché que nous commettons contre notre prochain à l’époque où nous vivons mais – et cela est grave – contre les futures générations. En détruisant notre planète pour satisfaire notre avidité de bonheur, nous léguons aux futures générations un monde tellement meurtri que son équilibre ne pourra plus être rétabli, avec toutes les conséquences négatives que cela entraînera pour la vie de ces personnes. C’est pourquoi nous devons agir de manière responsable envers nos enfants et ceux qui nous succéderont dans cette vie. L’autre principe fondamental de la foi chrétienne aux fortes implications écologiques est lié à ce qu’il y a de plus central dans l’Église, à savoir la Sainte Eucharistie. Dans la célébration de l’Eucharistie, l’Église offre à Dieu le monde matériel sous la forme du pain et du vin. Dans cet espace sacramentel, le temps et la matière sont sanctifiés ; ils sont élevés avec gratitude vers le Créateur qui nous en a fait don ; la création est ici solennellement identifiée comme don de Dieu et les humains agissent non pas en propriétaires de la création mais comme ses prêtres qui l’élèvent à la sainteté de la vie divine. Ceci nous fait venir à l’esprit les paroles émouvantes de saint François d’Assise par lesquelles débute l’Encyclique : « Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur notre mère la terre ». Comme saint Grégoire Palamas et d’autres Pères grecs devaient le dire, l’ensemble de la création existe par la présence de Dieu et grâce à son énergie divine. Tout est à la gloire de Dieu, comme le proclame le Psalmiste, et l’être humain, prêtre de la création, élève ce chant cosmique à la gloire du Créateur. Cette compréhension de la place et de la mission de l’homme dans la création est commune à la tradition chrétienne d’Orient et d’Occident et est particulièrement importante pour la culture d’une morale écologique. Tout ceci appelle à ce que nous pourrions appeler un ascétisme écologique. Il est significatif que les grandes figures de la tradition ascétique chrétienne aient toutes été sensibles aux souffrances de l’ensemble des créatures. La tradition monastique orientale possède abondamment l’équivalent d’un saint François d’Assise. Divers récits nous décrivent des saints vivant en ascètes dans le désert, pleurant pour les souffrances et la mort de toutes les créatures et coexistant pacifiquement et amicalement avec les animaux. Il ne s’agit pas de romantisme. Cette attitude provient d’un cœur aimant et de la conviction qu’il existe entre le monde naturel et nous-mêmes une unité organique et une interdépendance qui nous font partager leur même destin tout simplement parce que nous avons le même Créateur. L’ascétisme est une idée qui ne plait guère à notre culture actuelle pour qui la mesure du bonheur et du progrès se fait sur l’augmentation des revenus individuels et de la consommation. Il serait peu réaliste de vouloir que nos sociétés adoptent l’ascétisme dont saint François et les Pères du désert ont fait l’expérience. Mais si nous voulons que notre planète survive, nous pouvons et devons même nous convertir à cet esprit et cette philosophie de l’ascétisme. Réduire la consommation des ressources naturelles est une attitude réaliste et il est nécessaire de trouver les moyens de mettre une limite à l’immense gaspillage des biens naturels. La technologie et la science doivent consacrer leurs efforts à cette tâche. À cet égard, l’Encyclique elle-même est une mine d’inspiration et 2. LA DIMENSION SPIRITUELLE Comme il ressort clairement de cette Encyclique, la crise écologique est essentiellement un problème spirituel. La relation juste entre l’humanité et la terre ou son environnement naturel a été brisée avec la chute de l’homme tant extérieurement qu’intérieurement, et cette rupture est péché. L’Église doit maintenant introduire dans son enseignement sur le péché celui contre l’environnement, le péché écologique. Le repentir doit s’étendre jusqu’à couvrir également les dommages que nous causons à la nature, en tant qu’individus mais aussi en tant que sociétés. Tout chrétien qui tient au salut doit en prendre conscience. 26 d’idées. Enfin, à travers la prière notre comportement écologique doit également s’imprégner de spiritualité. L’Encyclique offre de très beaux exemples de prière pour la protection de la création de Dieu. Parmi les prières figurant en conclusion de l’Encyclique, en voici un extrait que je trouve particulièrement émouvant : Églises et d’autres organismes œcuméniques semblables rassemblant les chrétiens divisés de sorte que les divers contextes culturels qui sont les leurs sont pris en considération dans la recherche de l’unité. La réunion de chrétiens d’Asie, d’Amérique, d’Europe, d’Amérique Latine, etc., témoigne ainsi de l’universalité de l’Église chrétienne. Guéris nos vies, pour que nous soyons des protecteurs du monde et non des prédateurs, pour que nous semions la beauté et non la pollution ni la destruction. Touche les cœurs de ceux qui cherchent seulement des profits aux dépens de la terre et des pauvres. Apprends-nous à découvrir la valeur de chaque chose, à contempler, émerveillés, à reconnaître que nous sommes profondément unis à toutes les créatures sur notre chemin vers ta lumière infinie. À ces deux dimensions qui ont dominé la scène œcuménique au cours des cent dernières années, je crois que nous devrions en ajouter une troisième qui est d’habitude négligée, celle que je définirais l’œcuménisme existentiel. Pour moi, cette expression recouvre tous les efforts déployés pour affronter ensemble les problèmes existentiels les plus graves qui préoccupent l’humanité tout entière – pas simplement les habitants de régions particulières ou les membres de classes sociales spécifiques. Et l’écologie est indubitablement le problème qui avant tout vient à l’esprit. J’estime que la portée de l’Encyclique du Pape Laudato Si’ ne se limite pas au thème de l’écologie en soi. J’y vois une importante dimension œcuménique, dans le sens qu’elle place les chrétiens face à une tâche commune qu’ils doivent affronter ensemble. Nous vivons à une époque où les problèmes existentiels fondamentaux dépassent nos divisions confessionnelles et les relativisent, les réduisant presque à l’extinction. Regardez, par exemple, ce qui a lieu aujourd’hui au Moyen-Orient : ceux qui persécutent les chrétiens leur demandent-ils à quelle Église ou quelle confession ils appartiennent ? Dans de telles situations, l’unité des chrétiens s’accomplit de facto dans la persécution et le sang – l’œcuménisme du martyre. Le Patriarche œcuménique a décidé dès 1989 de dédier la date du 1er septembre de chaque année à la prière pour l’environnement. Cette date est, selon le calendrier liturgique orthodoxe qui remonte à l’époque byzantine, le premier jour de l’année liturgique. Le service liturgique de ce jour comprend des prières pour la création et le Patriarche œcuménique a commissionné un hymnographe contemporain du Mont Athos pour qu’il compose des hymnes spéciales pour cette date. Le 1er septembre de chaque année est désormais consacré dans l’Église orthodoxe à l’environnement. Cette date ne pourrait-elle être adoptée dans ce but par tous les chrétiens comme jour de prière ? Cela constituerait une nouvelle étape dans leur rapprochement. De même, la menace que la crise écologique fait peser sur nous nous fait passer outre ou transcende les divisions de nos traditions ecclésiales. Le danger qui menace notre maison commune, la planète où nous vivons, est décrit dans l’Encyclique d’une manière ne laissant aucun doute sur le risque existentiel auquel nous faisons face. Ce risque nous concerne tous, peu importe notre identité ecclésiale ou confessionnelle. Et donc tous, nous devons nous efforcer de prévenir les conséquences catastrophiques que pourrait avoir l’actuelle situation. L’Encyclique du Pape François est un appel à l’unité – l’unité dans la prière pour l’environnement, dans le même Évangile de la création, dans la conversion des cœurs et de nos modes de vie pour respecter et aimer chaque être humain et chaque chose que Dieu nous a donnés. De tout cela, nous rendons grâce. Ceci m’amène à la dernière considération que j’aimerais exprimer au sujet de l’Encyclique papale, à savoir son importance œcuménique. 3. L’IMPORTANCE ŒCUMÉNIQUE DE L’ENCYCLIQUE LAUDATO SI’ À mon avis, l’œcuménisme se compose de trois dimensions. La première, nous pourrions l’appeler l’œcuménisme dans le temps, expression fréquemment employée par l’un des plus fameux théologiens orthodoxes du siècle dernier, le défunt P. Georges Florovsky. Par cette expression, nous entendons l’effort réalisé par les chrétiens divisés pour s’unir sur le fondement de leur tradition commune, de l’enseignement de la Bible et des Pères de l’Église. C’est là l’objet des dialogues théologiques qui ont lieu au sein de l’actuel Mouvement œcuménique et il semble que ce soit la forme d’œcuménisme dominante. Site du Patriarcat œcuménique traduction de l’anglais SI Parallèlement, un œcuménisme dans l’espace est également pratiqué à travers diverses institutions internationales comme le Conseil œcuménique des 27 CINQUANTIÈME ANNIVERSAIRE DU GROUPE MIXTE DE TRAVAIL ENTRE L’ÉGLISE CATHOLIQUE ET LE CONSEIL ŒCUMÉNIQUE DES ÉGLISES Centro Pro Unione (Rome), 23 juin 2015 À l’occasion du 50e anniversaire du Groupe mixte de travail entre l’Église catholique et le Conseil œcuménique des Églises, le Pape François a adressé un message au Rév. Dr Olav Fykse Tveit, Secrétaire général du Conseil œcuménique des Églises. Le Cardinal Kurt Koch, Président du Conseil Pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, en a donné lecture au cours de la conférence commémorative qui s’est tenue dans l’après-midi du mardi 23 juin à Rome, au Centro Pro Unione. Nous publions ci-après le Message du Saint-Père ainsi que les salutations du Rév. Dr Fykse Tveit et du Cardinal Koch, suivis des interventions de Mgr John A. Radano, Ph.D., Professeur adjoint de théologie systématique à la Seton Hall University, de la Rév. Dr Diane C. Kessler, Directeur exécutif du Conseil des Églises du Massachusett et du Très Rév. Jonas Jonson, Évêque émérite du diocèse de Strängnäs (Église de Suède). que les idées (cf. n. 233). Le Groupe mixte de travail doit orienter ses efforts dans le but d’affronter les préoccupations réelles des Églises du monde entier. Il sera ainsi plus à même de proposer des mesures de collaboration qui non seulement rapprocheront les Églises mais leur permettront d’offrir une diakonia efficace adaptée aux besoins des gens. MESSAGE DU PAPE FRANÇOIS AU RÉVÉREND DR OLAV FYKSE TVEIT, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DU CONSEIL ŒCUMÉNIQUE DES ÉGLISES 23 juin 2015 Le cinquantième anniversaire du Groupe mixte de travail entre l’Église catholique et le Conseil œcuménique des Églises nous donne l’occasion de rendre grâce au Dieu Tout-puissant pour le lien œcuménique profond qui nous unit aujourd’hui. C’est aussi un moment pour remercier le Seigneur pour tout ce qu’a accompli le Mouvement œcuménique depuis ses tout débuts, il y a cent ans, inspiré par le désir de cette unité que le Christ voulait pour son corps, l’Église, et par la tristesse ressentie face au scandale de la division entre les chrétiens. Dans l’accomplissement de cette tâche, le Groupe mixte de travail se distingue par ses caractéristiques et ses buts propres. Les neuf rapports publiés jusqu’ici témoignent d’une compréhension et d’une mise en valeur croissantes des liens de fraternité et de réconciliation qui, dans le contexte du paysage changeant de la chrétienté dans le monde moderne, soutiennent les chrétiens dans leur témoignage et leur mission évangélisatrice communs. Il nous faut toutefois reconnaître qu’en dépit des nombreux résultats œcuméniques des cinquante dernières années, la mission et le témoignage chrétiens souffrent encore en raison de nos divisions. Nos désaccords sur diverses questions – en particulier sur des thèmes anthropologiques, éthiques et sociaux ainsi que sur des sujets ayant trait à la compréhension de la nature et des conditions de l’unité que nous recherchons – nécessitent de plus amples efforts. Notre dialogue doit continuer ! J’encourage le Groupe mixte de travail à approfondir ses débats sur les questions œcuméniques fondamentales et, en même temps, à promouvoir parmi les chrétiens de nouvelles formes de témoignage commun de la communion réelle, bien qu’imparfaite, que partagent tous les baptisés. Puissions-nous toujours faire confiance à l’Esprit Saint, dans la certitude qu’il continuera à nous soutenir et à nous guider sur notre chemin, de manières souvent nouvelles et parfois inattendues. Depuis sa création en 1965, le Groupe mixte de travail s’est fait promoteur des conditions nécessaires à un plus ample témoignage commun de l’Église catholique et des Églises et Communautés ecclésiales du Conseil œcuménique des Églises. En réfléchissant à ces cinquante dernières années, nous devrions nous sentir encouragés par la collaboration que le Groupe mixte de travail a favorisée, non seulement en ce qui concerne l’œcuménisme mais aussi dans le domaine du dialogue interreligieux, de la paix et de la justice sociale, des œuvres de bienfaisance et de l’aide humanitaire. Le Groupe mixte de travail ne devrait pas être un groupe tourné vers l’intérieur. Au contraire, il doit être toujours davantage un « groupe d’experts » ouvert à toutes les opportunités et à tous les défis qu’aujourd’hui les Églises doivent affronter dans leur mission qui est d’accompagner l’humanité souffrante sur le chemin du Royaume, en faisant en sorte que la société et la culture s’imprègnent des vérités et des valeurs évangéliques. Cet anniversaire nous offre aussi l’opportunité d’exprimer notre gratitude à tous ceux qui, au cours de ces cinquante dernières années, ont inlassablement servi la cause de l’unité chrétienne et fait avancer la Dans mon Exhortation apostolique Evangelii Gaudium, j’ai écrit que les réalités sont plus importantes 28 joyeuse proclamation de l’Évangile (cf. Mt 28, 18-20). Ensemble, implorons notre Père céleste pour qu’il nous accorde, par Jésus Christ notre Sauveur et par la puissance du Saint-Esprit, le don de la pleine unité visible entre tous les chrétiens afin que l’Église soit toujours davantage un signe d’espérance dans le monde et un instrument de réconciliation pour tous les peuples. C’est pourquoi nous sommes reconnaissants et fiers de ce cinquantième anniversaire de ce groupe de travail entre ces deux grands organismes œcuméniques mondiaux, le Conseil Pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens et le Conseil œcuménique des Églises. C’est quelque chose qui vaut d’être commémoré et célébré ensemble. Je remercie Son Éminence le Cardinal Kurt Koch et tout le personnel du CPPUC pour la préparation de cet événement important : le Groupe de travail dont nous fêtons le cinquantenaire n’est peut-être pas très connu dans le monde, mais il a joué un rôle de premier plan dans la coopération entre l’Église catholique et les membres du Conseil œcuménique des Églises. De même, je remercie de leur accueil chaleureux les deux co-modérateurs du GMT, l’Archevêque Diarmuid Martin et le Métropolite Nifon de Targoviste. Je tiens à remercier spécialement le Fr. James Puglisi qui accueille cette rencontre au Centre Pro Unione. Nous voici revenus au lieu de naissance du GMT puisque c’est ici (comme on nous l’a dit) que se réunissaient les observateurs du Concile Vatican II qui ont contribué par leurs réflexions au Décret sur l’œcuménisme Unitatis redintegratio et à d’autres textes importants de Vatican II. Le concile convoqué par le Pape Jean XXIII était un concile œcuménique. S’il est vrai qu’on reconnaît un arbre à ses fruits, ce groupe mixte de travail en est assurément un. Du Vatican, le 23 juin 2015 François ORF, 30 juillet 2015 DISCOURS DU RÉV. DR OLAV FYKSE TVEIT, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DU CONSEIL ŒCUMÉNIQUE DES ÉGLISES Aux réparateurs et aux restaurateurs Éminences, Excellences, chers collègues et amis, frères et sœurs dans le Christ, « On rebâtira grâce à toi les dévastations du passé, Les fondations laissées de génération en génération, Tu les relèveras; On t’appellera réparateur des brèches, Restaurateur des ruelles pour qu’on y habite » (Isaïe 58,12) Les fruits qui ont résulté de ce début d’une nouvelle ère dans les relations œcuméniques sont présentés ici aujourd’hui à tous ceux que nous représentons. Mais les sentiers et les routes doivent être entretenus. Cela ne sera possible que s’ils sont utilisés régulièrement. Il nous appartient de promouvoir les relations entre l’Église catholique et la communauté des Églises membres du COE en utilisant les importants moyens dont nous disposons pour affronter les questions de communauté, de collaboration, d’intérêt commun et de préoccupations partagées, y compris les questions controversées ou conflictuelles. Un groupe mixte de travail : voilà un nom bien modeste pour une entreprise d’une telle envergure. Être identifié par la tâche de travailler peut ne pas apporter immédiatement à ceux qui l’accomplissent des titres de gloire et la célébrité. Pourtant, le travail donne un but et un sens à nos vies, et être un travailleur est une question de dignité. C’est un privilège d’utiliser ses dons et ses talents pour faire quelque chose d’utile aux autres. Un groupe mixte de travail, cela fait penser à quelque chose de solide, de concret, de productif, cela donne une connotation à l’expression apostolique « collaborateurs dans le Seigneur » ; et cela entre en résonance avec les paroles du Prophète : « On t’appellera réparateur des brèches, restaurateur des ruelles pour qu’on y habite ». Réparateur et restaurateur : ce sont là des titres très honorables pour un œcuméniste. Cela demande un travail solide et honnête pour réaliser ce qui compte vraiment, pour réparer ce qui est brisé, pour rendre sûre et agréable la vie dans la maison, pour rétablir les moyens de communication et rendre habitables les espaces de vie communs. Ce faisant, nous continuerons à œuvrer pour l’unité visible de l’Église en réponse à la prière de Jésus : « Qu’ils soient un pour que le monde croie ». Lorsqu’on considère l’état actuel du paysage œcuménique et celui du monde en général, force est de reconnaître qu’il existe encore des divisions entre les chrétiens, et que nous ne partageons pas les dons de Dieu Trinité et les fruits du travail de nos mains dans la fraternité eucharistique. C’est une réalité, alors que le monde a besoin de signes tangibles de communion pardelà toute ligne ou mur qui sépare, de signes de partage du dessein de Dieu : la vie en communion. C’est une réalité, et c’est pourquoi nous devons nous efforcer de contribuer au vivre ensemble dans la justice et la paix, dans un monde déchiré par les inégalités économiques, les nationalismes, les conflits ethniques et même par le racisme sous des formes plus ou moins masquées. L’unité doit être visible pour pouvoir prendre pleinement son sens de lien de communion. L’unité Les résultats du travail ordinaire sont rarement qualifiés de victoire, et pourtant ils sont très importants, surtout quand ils nous apportent les routes que nous parcourrons, les ponts qui nous permettent de franchir les fjords qui séparent, ou les tunnels qui nous font traverser des montagnes infranchissables – pour reprendre un exemple de mon pays, la Norvège. Le travail demande du temps si on veut faire quelque chose de durable. 29 visible de l’Église est nécessaire pour que nous puissions remplir notre rôle comme Église, car elle est le premier fruit de la nouvelle création en Jésus Christ, le signe d’une seule humanité participant à la plénitude de vie de Dieu Trinité. justice et la paix, pour les hommes et toute la création, mais notre foi en Dieu Trinité, créateur de toute vie. C’est la raison pour laquelle nous voulons prendre soin de la terre comme de notre maison commune, ainsi que nous le demande le pape François dans cette Encyclique, à travers les multiples initiatives mises en œuvre depuis de nombreuses années dans nos Églises respectives et au COE. Mais c’est aussi une réalité qu’il existe déjà de nombreuses dimensions de cette unité visible dans la vie de nos Églises, dans nos études sur les racines communes de la foi, dans les partages de la vie et du travail au sein de nos Églises, et en affrontant ensemble les réalités urgentes d’aujourd’hui à travers l’œcuménisme existentiel dont parle le Métropolite Jean (Zizioulas) de Pergamon dans sa réponse à l’Encyclique papale « Laudato si’ ». Nous avons beaucoup avancé depuis 1965, tant du point de vue théologique que pratique. Les efforts théologiques et le travail sur les questions concrètes importantes doivent se compléter mutuellement dans notre ministère commun pour l’unité. Au Conseil œcuménique des Églises, nous utilisons l’image du chemin, en parlant de notre foi, de notre vie et de notre ministère communs comme d’un Pèlerinage de justice et de paix. Il est réconfortant de constater qu’aujourd’hui nous sommes unis aussi dans l’engagement en faveur de la justice climatique, en perspective de la conférence des Nations Unies sur le changement climatique qui se tiendra à Paris dans le courant de cette année. C’est comme un souffle d’air frais pour tous ceux qui participeront au pèlerinage pour la justice climatique promu par les Églises. Nous avons une grande dette de reconnaissance envers le Patriarche œcuménique Bartholomée Ier. Nous tenons à rappeler aujourd’hui tout ce qu’il a fait pour motiver et encourager les Églises et le COE à défendre la création, en luttant pendant plus de deux décennies pour la justice climatique et pour la préservation de la biodiversité. Il a montré très clairement qu’« un crime contre la nature est un crime contre nous-mêmes et un péché contre Dieu ». Nous sommes appelés en premier lieu à être des serviteurs et des diacres qui réparent ce qui est brisé, et qui guérissent ce qui a besoin de l’être. Cela demande un dialogue théologique sérieux, des rapports personnels profonds et solides, des efforts inlassables pour changer les choses ensemble, de nouvelles initiatives en faveur de ceux qui ont besoin que les Églises parlent et agissent ensemble, afin que leurs droits soient défendus et qu’ils puissent vivre en paix, « Chalom ». Tout le travail œcuménique, avec la défense des plus faibles, la prière, la mission, la réflexion sur les racines de notre foi et sur nos traditions, la formation œcuménique, en promouvant des communautés justes d’hommes et de femmes, en nous engageant pour la durabilité et l’intégrité de la Création : tout cela, et bien d’autres choses encore, fait partie de notre travail commun de diacres de l’unité, de « réparateurs » et de « restaurateurs ». Le parcours vers l’unité est au cœur de tous nos efforts pour un témoignage commun, de toutes nos luttes pour davantage de justice et de paix pour les hommes et pour la création. Le COE a lancé une série d’initiatives visant à encourager les chrétiens et les représentants des autres communautés de foi à s’engager ensemble pour la défense de la création. Il contribue par ailleurs à promouvoir l’unité entre les Églises et leur témoignage commun. On ne saurait sous-estimer l’importance de la prise de conscience, de la part de toutes les grandes traditions chrétiennes, de leur responsabilité vis-à-vis de la terre, maison commune que nous partageons avec tous les hommes et toutes les créatures de Dieu. Nous avons pris conscience de notre destin commun et de nos responsabilités communes, et nous partageons la conviction qu’à la fin, Dieu restaurera la création dans toute sa beauté, telle qu’elle doit être, en mettant un terme aux injustices, aux violences et aux guerres et en instaurant la vraie justice et la vraie paix de Dieu. Inspirée par cette vision qui lie ensemble l’unité des Églises, l’unité de l’humanité et celle de toute la création, l’assemblée du COE qui s’est tenue à Busan en 2013 a appelé tout le peuple de Dieu à entreprendre ensemble un pèlerinage de justice et de paix. Le pape François évoque fréquemment l’unité sur le chemin qui grandira avec notre engagement mutuel et notre cohérence de vie comme disciples de Jésus. Et il nous rappelle souvent que suivre Jésus signifie ne pas avoir peur des pouvoirs en place, ni même de la violence et de la mort. Aujourd’hui nous sommes choqués par les nouveaux exemples de martyre. Les martyrs de la foi sont des signes de l’unité qui grandit et qui triomphera de tout. Nous sommes profondément reconnaissants pour le nouvel élan que l’Encyclique « Laudato si’ », parue la semaine dernière, a donné à nos efforts conjoints pour manifester notre foi commune en Dieu qui nous a créés, nous a libérés et nous donne la vie. Son titre nous rappelle le Cantique du Soleil, dans lequel saint François rend grâce à Dieu pour la création. Cette prière exprime notre gratitude devant l’amour de Dieu et sa grâce, qui sont à l’origine de la création de Dieu et qui nous ont été révélés par la croix et la résurrection de Jésus Christ. C’est pourquoi nous continuons à louer Dieu, même confrontés aux violences et à la destruction. Ce n’est pas une forme d’idéologie ou d’activisme qui nous pousse à nous engager pour la En exprimant notre gratitude pour le cheminement commun du GMT dans les cinquante dernières années, nous devons être conscients de cette lecture 30 théologique plus profonde du monde d’aujourd’hui, alors que nous nous préparons à aborder une nouvelle étape de notre coopération, en évitant de nous laisser enfermer dans la routine. Ce sera une expression de notre foi et un témoignage de l’amour de Dieu révélé dans le Christ. J’espère et je prie pour que notre foi dans l’amour et dans la présence de Dieu Trinité guide tous les nouveaux membres du GMT qui entament leur travail commun à l’occasion de cette rencontre à Rome, pour réparer les brèches et restaurer les ruelles pour qu’on y habite. divers documents, le Concile a clairement exprimé sa conviction que l’Église n’est pas seulement une institution sur la terre avec des frontières extérieures visibles, mais aussi et surtout une réalité mystique à laquelle tous les chrétiens appartiennent de diverses façons par la foi et le baptême. Cette reconnaissance très claire d’une valeur ecclésiologique propre aux Églises et aux Communautés ecclésiales situées hors de la communion visible de l’Église catholique a conduit à une nouvelle configuration du mouvement œcuménique. À l’époque du Concile, l’Église catholique s’est engagée de façon irrévocable dans une nouvelle orientation en faveur de la cause de l’unité des chrétiens. Tant pour les deux papes du Concile que pour la majorité des Pères conciliaires, il était absolument évident que le Mouvement œcuménique ne pouvait pas être uniquement une sorte « d’appendice » accidentel surajouté à la tradition millénaire de l’Église. Le Concile avait le désir sincère de faire en sorte que la promotion de l’unité des chrétiens soit intégrée à tout ce que l’Église est et fait, qu’elle fasse partie intégrante de la vie et du travail de l’Église. Le Décret sur l’œcuménisme fournissait quelques lignes directrices nécessaires en vue de ce nouveau défi que l’Église catholique se préparait à affronter. Il commence par affirmer clairement que « promouvoir la restauration de l’unité entre tous les chrétiens est l’un des objectifs principaux du saint Concile œcuménique de Vatican II » (UR 1), puis il pose les principes doctrinaux de l’œcuménisme (chapitre I) et décrit certaines formes possibles de collaboration (chapitre II). Seulement quelques mois plus tard s’est tenue la première rencontre du Groupe mixte de travail à l’Institut œcuménique du Château de Bossey en Suisse – le centre international de rencontre, de dialogue et de formation universitaire du Conseil œcuménique des Églises. La création de ce Groupe mixte de travail fut l’une des premières expressions du nouvel engagement de l’Église catholique en faveur de la cause de l’unité des chrétiens ; depuis cette première rencontre au printemps 1965, il s’est réuni régulièrement afin d’examiner les questions d’intérêt commun et de promouvoir la coopération entre l’Église catholique et les Églises et Communautés ecclésiales réunies dans le Conseil œcuménique des Églises. Le Groupe mixte de travail se distingue par son caractère et par ses objectifs propres. Aux termes de son mandat originel, c’est un forum consultatif qui ne dispose pas d’autorité propre mais initie, évalue et apporte son appui à la collaboration entre l’Église catholique et le Conseil œcuménique des Églises, tout en conservant un style flexible dans la collaboration et en s’efforçant de discerner sans cesse la volonté de Dieu dans la situation actuelle de l’œcuménisme. En examinant les neuf rapports qu’il a produits à ce jour, nous pouvons voir que le Groupe mixte de travail est resté fidèle à son mandat. En se concentrant sur les questions du moment et sur des initiatives ciblées, il s’est toujours montré capable de proposer de nouveaux programmes Amen. Traduction de l’anglais SI DISCOURS DU CARDINAL KURT KOCH, PRÉSIDENT DU CONSEIL PONTIFICAL POUR LA PROMOTION DE L’UNITÉ DES CHRÉTIENS Cher Secrétaire général Chers hôtes, Chers comodérateurs et membres du Groupe mixte de travail, C’est avec un plaisir sincère que je vous salue tous au nom du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens en cette heureuse occasion de la célébration du 50e anniversaire de la création du Groupe mixte de travail (GMT) entre l’Église catholique et le Conseil œcuménique des Églises (COE). Je voudrais saluer tout spécialement nos hôtes – le Centre Pro Unione – et remercier son directeur, le Fr. Professeur James Puglisi, et son équipe de nous accueillir aujourd’hui avec tant d’hospitalité à l’occasion de cet événement exceptionnel. Comme le Fr. Puglisi vient de nous le raconter, l’histoire de la fondation du GMT est liée de près à ce lieu et à cette salle où nous sommes réunis aujourd’hui. Ce 50e anniversaire du Groupe mixte de travail nous rappelle qu’il existe une histoire longue et féconde de collaboration entre l’Église catholique et le Conseil œcuménique des Églises, dont l’origine remonte aux années du Concile Vatican II. Il est le fruit de l’engagement exceptionnel du Conseil œcuménique des Églises en faveur de la cause de l’unité des chrétiens depuis sa création en 1948, et de l’extraordinaire ouverture de l’Église catholique au mouvement œcuménique dans le sillage de Vatican II. Cette évolution spectaculaire dans l’attitude de l’Église catholique à l’égard du mouvement œcuménique fut le résultat immédiat de la nouvelle vision d’elle-même qu’elle avait acquise durant le Concile. La vision de l’ecclésiologie catholique proposée dans les documents conciliaires, et notamment dans la Constitution dogmatique sur l’Église Lumen gentium et dans le Décret sur l’œcuménisme Unitatis redintegratio – promulgués tous deux à l’issue de la troisième session du concile, le 21 novembre 1964 – a ouvert la voie à une nouvelle appréciation des traditions non catholiques. Dans ses 31 et des initiatives concrètes visant à renforcer les liens d’unité entre les deux organismes qui en sont les mandataires. Cette collaboration concrète s’est accompagnée d’importantes études théologiques sur diverses questions œcuméniques fondamentales telles que la réception, les racines spirituelles de l’œcuménisme ou les jeunes – pour ne mentionner que les principaux thèmes de la dernière session de travail. L’évocation de ces différents aspects du travail du Groupe mixte de travail témoigne de façon éloquente du long chemin déjà parcouru ensemble. Le cinquantenaire que nous célébrons aujourd’hui nous invite en premier lieu à réfléchir et à rendre grâce à Dieu pour les fruits abondants qui ont mûri au cours de ce demi-siècle. Le Groupe mixte de travail a contribué de façon significative et constante à un changement de mentalité chez chacun des partenaires : l’indifférence, et même parfois la nette hostilité, qui causaient dans le passé de profondes blessures et entraînaient des ruptures apparemment irréparables ont été surmontées, cédant la place à un parcours de guérison des mémoires. Il faut souligner en outre que le Groupe mixte de travail a fortement contribué à faire connaître l’enseignement du Concile Vatican II dans les Églises et les Communautés ecclésiales représentées au sein du Conseil œcuménique des Églises. Ces acquis devraient motiver les membres du nouveau mandat à poursuivre ce travail en un temps où de nouveaux défis œcuméniques se présentent aux chrétiens. Nous sommes tous conscients du fait que malgré nombre d’avancées œcuméniques significatives dans les cinq dernières décennies, les chrétiens demeurent divisés, et que cette division continue à être perçue comme un scandale aux yeux du monde. Il y a encore beaucoup à faire, non seulement en matière de dialogue doctrinal, mais aussi dans le domaine de la collaboration concrète entre communions chrétiennes. Je voudrais encourager le Groupe mixte de travail à poursuivre la discussion sur les points litigieux, tout en cherchant de nouveaux moyens pour témoigner ensemble de notre unité réelle, quoique encore incomplète. Ne baissez pas les bras devant les nouveaux défis, mais renouvelez et renforcer plutôt votre enthousiasme œcuménique sans jamais cesser de croire que l’Esprit Saint continue de vous assister et de vous guider sur des chemins nouveaux et souvent imprévisibles. À travers les projets que vous poursuivrez durant ce nouveau mandat, vous ferez de nouveaux pas en avant vers l’unité pleine et visible de tous les chrétiens dans la vie et le témoignage, la foi, le ministère, les sacrements, et dans le service du monde. Comme cela a été souligné à la dernière Assemblée du Conseil œcuménique des Églises à Busan en 2013, nous sommes des pèlerins d’unité qui cherchent ensemble la justice et la paix pour le monde et pour l’Église ! D’après la sainte Écriture, un pèlerinage est un cheminement de foi pour rendre grâce, racheter les fautes commises, demander la guérison ou chercher des éclaircissements. Cette vision biblique du pèlerinage nous offre une belle image du mouvement œcuménique dans son ensemble et du Groupe mixte de travail en particulier. La recherche de la pleine unité de l’Église est notre cheminement commun dans lequel nous sommes invités à nous recevoir et nous accepter mutuellement, à nous accepter avec nos différences, à reconnaître nos erreurs et à en demander pardon, à partager avec d’autres ce qui peut être reconnu comme nos dons particuliers et à recevoir d’eux ce qu’ils ont à partager avec nous. Le Groupe mixte de travail est un outil œcuménique inestimable qui aide les chrétiens des diverses traditions à poursuivre ensemble ce pèlerinage. En cheminant ensemble, nous ne devons pas oublier ces paroles que saint Paul adressait à ses frères et sœurs chrétiens de Rome : « Que l’amour soit sincère. Fuyez le mal avec horreur, attachez-vous au bien. Que l’amour fraternel vous lie d’une mutuelle affection ; rivalisez d’estime réciproque. D’un zèle sans nonchalance, d’un esprit fervent, servez le Seigneur. Soyez joyeux dans l’espérance, patients dans la détresse, persévérants dans la prière. Soyez solidaires des Saints dans le besoin, exercez l’hospitalité avec empressement » (Rm 12, 9-13). Cet esprit de solidarité doit toujours accompagner et nourrir le travail du Groupe mixte de travail qui entame aujourd’hui son 10e mandat après cinquante ans de travail fécond. Nous sommes appelés à rencontrer les autres dans la sérénité, à nous comprendre mutuellement, à grandir dans l’amour et dans la vérité, à nous accepter et nous écouter les uns les autres. Ce faisant, nous commencerons déjà à faire l’expérience de l’unité à laquelle nous aspirons. Cette unité grandira au fur et à mesure que nous marcherons ensemble comme frères et sœurs dans le Christ Jésus. Le pèlerin est quelqu’un qui sait où il va et pourquoi il marche. Notre but ne peut être rien moins que l’unité de l’Église pour laquelle Jésus a prié son Père du ciel durant la dernière nuit de sa vie sur terre (cf. Jn 17,21). En même temps, le pèlerin est à l’écoute des inspirations de l’Esprit Saint qui souffle où il veut ; et vous entendez sa voix mais vous ne savez ni d’où il vient ni où il va (Jn 3,8). En marchant ensemble, nous ne devons pas craindre d’être surpris et parfois même dérangés par l’Esprit Saint. Je suis profondément convaincu que, sous la conduite de l’Esprit Saint, en apprenant les unes des autres et dans une collaboration fraternelle, nos Églises et Communauté ecclésiales pourront continuer à grandir dans la communion qui nous unit déjà. Chers frères et sœurs, en ce 50e anniversaire du Groupe mixte de travail, demandons ensemble à notre Père du ciel, par Jésus Christ notre Rédempteur et dans la puissance de l’Esprit Saint, le don de la pleine unité visible entre tous les chrétiens, afin que l’Église puisse resplendir parmi les peuples comme étant le signe et l’instrument de réconciliation pour le monde. Amen. Traduction de l’anglais SI 32 œcuménique et ont œuvré en faveur de la promotion de l’unité visible dans la foi, la vie sacramentelle et la mission, offrant leur soutien à de nombreuses activités ayant ce même but. Au cours de ces cinquante années, le GMT a publié d’importants rapports et quinze documents d’études majeurs. Une consultation organisée il y a dix ans, à l’occasion du 40e anniversaire du GMT, soulignait déjà son rôle fondamental, en ces termes : 50E ANNIVERSAIRE DU GROUPE MIXTE DE TRAVAIL (1965-2015) – INTRODUCTION HISTORIQUE John A. Radano Pour la commémoration de ce 50e anniversaire (1965-2015), j’ai été invité à présenter une introduction historique du Groupe mixte de travail entre l’Église catholique et le Conseil œcuménique des Églises (GMT)1. Ma présentation sera divisée en trois parties. Tout d’abord, une brève introduction identifiant « l’origine et la nature » du GMT. Une seconde partie intitulée « Promouvoir l’unité » illustrera les débuts rapides et intenses de cette nouvelle relation ainsi que les cinquante années de coopération qui ont suivi. Dans la troisième partie, je me pencherai sur la « Signification historique du GMT ». Les quarante années de coopération suivie entre l’Église catholique et le Conseil œcuménique des Églises représentent déjà en elles-mêmes une grande avancée pour le Mouvement œcuménique moderne. L’établissement lent mais persévérant d’une relation dans laquelle le Conseil œcuménique des Églises et l’Église catholique trouvent chacun dans l’autre un partenaire fiable est sans doute le succès le plus abouti des quarante dernières années3. Origine et débuts du GMT I. INTRODUCTION : ORIGINE ET NATURE DU GROUPE MIXTE DE TRAVAIL Après avoir reçu un accord de principe du COE et du Secrétariat pour la promotion de l’unité des chrétiens (SPUC)4, l’assemblée du Comité central du COE réunie à Enugu, au Nigéria, du 12 au 21 janvier 1965, reçut et accepta la proposition de former un Groupe mixte de travail entre l’ECR et le COE. Au mois de février 1965, le Cardinal Augustin Bea, président du SPUC, se rendit au siège du COE pour informer que Rome acceptait officiellement la proposition de création d’un GMT5. La première rencontre eut lieu au mois de mai 1965, à Bossey, en Suisse. Les deux premiers rapports furent publiés en 1966 et 1967 et témoignent d’un début énergique, une large coopération ayant commencé dès 1965. Le Groupe mixte de travail entre l’Église catholique (ECR) et le Conseil œcuménique des Églises (COE) est un instrument œcuménique unique, un partenariat efficace entre deux organismes ecclésiaux très différents. Le COE est aujourd’hui une communauté internationale constituée d’environ 350 Églises indépendantes (orthodoxes, protestantes, anglicanes et quelques pentecôtistes) organisées à un niveau national, représentant environ 560 millions de personnes. Ses membres ne sont pas directement responsables du point de vue juridique des études, actions et déclarations du COE. L’Église catholique est une seule Église, la plus grande du monde chrétien, et compte 1,2 milliards de fidèles. Sa mission, sa structure doctrinale ainsi que son mode de gouvernement représentent un élément essentiel de son identité2. Premiers contacts Ce début enthousiaste s’explique en partie par les importants contacts qui s’instaurèrent de 1930 à 1950 entre des œcuménistes catholiques et des spécialistes protestants et anglicans en ce domaine, tels W. A. Visser ‘t Hooft, Marc Boegner, Oliver Tomkins, certains d’entre eux étant étroitement liés au COE. Ce dernier tenait en plus haute estime divers œcuménistes catholiques, en particulier le P. Yves Marie Joseph Congar, OP et le P. Paul Couturier. W. A. Visser ’t Hooft, qui allait devenir le premier Secrétaire général Même si ce n’est là qu’un aspect de la recherche œcuménique, à travers le GMT, l’Église catholique et le Conseil œcuménique des Églises ont servi ensemble pendant cinquante ans le seul et unique Mouvement Mgr John A. Radano a travaillé au Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens (Cité du Vatican) de 1984 à 2008 et a été membre du GMT de 1988 à 2012. Il est actuellement professeur adjoint de l’Institut de théologie de la Seton Hall University (South Orange, New Jersey, États-Unis). 1. Je conseille au lecteur de se reporter au récit concis et excellent du Père Tom Stransky, « Histoire du Groupe mixte de travail entre l’Église catholique et le Conseil œcuménique des Églises » publié dans le Septième rapport du GMT (1998) et à nouveau dans le Huitième rapport (2005). 2. Cf. Thomas STRANSKY, « Histoire du Groupe mixte de travail entre l’Église catholique et le Conseil œcuménique des Églises », « Groupe mixte de travail entre l’Église catholique et le Conseil œcuménique des Églises, Septième rapport (1999-2005) » (ci-après : Septième rapport), Service d’information (SI) 97 (1998/I-II), p. 79. 3. « Groupe mixte de travail entre l’Église catholique et le Conseil œcuménique des Églises – Neuvième rapport (20072012) (ci-après : Neuvième rapport) : Se recevoir mutuellement au nom du Christ », SI 143 (2014/I), p. 45. 4. En 1988, le Secrétariat changea de nom et devint le Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens (CPPUC). 5. Lukas VISCHER, « The Ecumenical Movement and the Roman Catholic Church », A History of the Ecumenical Movement, Volume 2/ 1948-1968, The Ecumenical Advance (ciaprès : HEM 2), éd. Harold E. Fey, Philadelphia, Westminster Press, 1970, Chapitre 12, p. 340. 33 du COE lors de sa fondation en 1948, avait rencontré Congar pour la première fois en 19346 et continua à collaborer avec lui de diverses manières au cours des années. Stransky, dans son histoire du GMT, indique que « la première expression visible de collaboration entre l'Église catholique (EC) et le Conseil œcuménique des Églises (COE) fut l'échange d'observateurs, officiellement délégués »11. En 1961, pour la première fois, le SPUC délégat cinq observateurs à la troisième Assemblée du COE à New Dehli, et le COE mandata deux observateurs, Dr Nikos Nissiotis et Lukas Vischer, aux quatre sessions du Concile Vatican II12. Les fruits de ces premiers contacts se manifestèrent à travers une première contribution catholique offerte à l’importante Déclaration du Comité central du COE (Toronto, 1950). Une rencontre confidentielle organisée en septembre 1949 au Centre Istina à Paris7, entre dix théologiens du COE et dix théologiens catholiques parmi lesquels se trouvaient Yves Congar, OP et Jérôme Hamer, OP, devint, comme l’écrit Visser ’t Hooft « une étape importante dans la préparation de la déclaration sur la nature du Conseil œcuménique qui fut présentée, à Toronto en 1950, au Comité central du Conseil qui l’approuva »8. En 1963, le SPUC demanda à un spécialiste du Nouveau Testament, le P. Raymond Brown, de prononcer une des principales conférences à la Quatrième conférence mondiale de Foi et constitution, à Montréal13. C’était la première fois qu’un orateur catholique prononçait une des principales interventions dans le cadre d’une manifestation organisée par le COE. Cinq observateurs catholiques officiels étaient également présents, de même que d’autres participants catholiques14. Quelques années plus tard, décrivant cette rapide croissance œcuménique, Oliver Tomkins déclarait que la Conférence de Montréal avait été « la première occasion où avait été pleinement ressenti l’impact de l’Église catholique exercé sur le Conseil œcuménique. Jamais auparavant les consulteurs catholiques n’avaient joué un rôle aussi important et dynamique dans nos discussions… L’ouverture aux catholiques était clairement perceptible dans tous les groupes de travail de la Conférence ; plus particulièrement, au sein de la commission sur ‘Tradition et traditions’, Foi et constitution s’était aventurée de manière naturelle en un territoire où certains des plus âpres conflits de la Réforme et de la Contre-réforme étaient de nouveau analysés, même si la célèbre expression sola traditione, en définitive, ne reçut pas l’imprimatur »15. En 1963, deux observateurs du SPUC participèrent à la première Conférence mondiale de la division du COE sur la mission mondiale et l'évangélisation (DWME), à Mexico16. Au début des années 1950, le Secrétaire général Visser ’t Hooft rencontra Mgr Johannes Willebrands, cofondateur en 1952 de la Conférence catholique pour les questions œcuméniques (CCQO), avec lequel s’instaura une coopération. La CCQO offrit officieusement son aide au COE durant les années 1950 en lui présentant le point de vue catholique sur des questions théologiques considérées importantes par le COE. Willebrands en fut le principal acteur et Congar un des principaux rédacteurs de ces réflexions9. Les années 1960-1965 : juste avant et pendant le Concile Le Secrétariat pour la promotion de l’unité des chrétiens fut fondé en 1960 avec à sa présidence le Cardinal Augustin Bea et Mgr Willebrands assurant la fonction de Secrétaire. De 1960 à 1961, quand le Concile Vatican II était en préparation et de 1962 à 1965 pendant son déroulement, de nombreux et importants contacts entre des responsables du COE et de l’ECR préparèrent la création du GMT, en 1965. Des observateurs catholiques participèrent en août 1960 à la réunion de la Commission Foi et Constitution à St. Andrew’s, en Écosse. À la même période et dans le même lieu, Mgr Willebrands, nouvellement nommé Secrétaire du SPUC, pris part à la réunion du Comité central du COE. En septembre 1960, le Cardinal Bea, le Secrétaire général Visser ’t Hooft et Mgr Willebrands eurent pour la première fois une rencontre privée qui leur permit de préparer la scène pour les événements qui allaient avoir lieu peu de temps après10. Thomas Grâce aux nombreux contacts en cours, le Cardinal Bea proposa d’organiser une rencontre non-officielle entre des représentants du SPUC et du COE qui eut et Willem A. VISSER ‘T HOOFT, Peace Among Christians, traduit en anglais par Judith Moses, New York, Association Press et Herder & Herder, 1967. Ce livre a reçu le Prix de la paix de l’Association des éditeurs allemands. 11. Thomas STRANSKY, op. cit., p. 79. 12. Ibid. 13. Ibid. 14. Ibid. 15. Oliver S. TOMKINS, « Some Convergent and Divergent Elements in Recent Statements of the Roman Catholic Church and the World Council of Churches », document préparé pour la quatrième réunion du Groupe mixte de travail entre l’Église catholique et le Conseil œcuménique des Églises, novembre 1966. Documentation de Thomas Stransky (Archives des Pères Paulistes), Boîte 50.2, j., p. 2. 16. Thomas STRANSKY, op. cit., p. 80. 6. W. A. VISSER’T HOOFT, Memoirs, Genève, Publications COE, 2e édition, 1987, p. 68. 7. Mauro VELATI, Una Difficile Transizione: Il cattolicesimo tra unionismo ed ecumenismo (1952-1964), Istituto per le scienze religiose—Bologna, textes et recherches de sciences religieuses, nouvelle série 16: Il Mulino, 1996, p. 50. 8. W. A. VISSER ’T HOOFT, op. cit., pp. 319-321, citation p. 320. Cf. également Lukas VISCHER, op. cit., p. 320. 9. Cf. Lukas VISCHER, op. cit., pp. 320-321. 10. Leur travail commun durant les années qui allaient suivre est relaté dans le livre suivant : Cardinal Augustin BEA 34 lieu le 15 avril 1964, à Milan17. Cette réunion, conduite par le Cardinal Bea et le Secrétaire général Visser ‘t Hooft, était limitée à quelques responsables de part et d’autre18. Elle prépara le terrain à des contacts et relations plus étroits et « pour la première fois fut prise en considération la possibilité d’établir des groupes de travail mixtes ». À l’époque, il fut envisagé de créer trois groupes différents : un premier qui devait réfléchir aux principes à établir pour une coopération future, un second consacré aux sujets théologiques et un troisième auquel seraient confiées les questions pratiques. Au COE, le débat se poursuivit. Les résultats des conversations de Milan furent présentés à un ensemble de personnes amplement représentatives du COE et l’idée de former des groupes de travail mixtes fut globalement acceptée. Le Comité exécutif du COE donna son accord à ce projet et le Secrétaire général fut autorisé à étudier la question en détail au cours d’entretiens ultérieurs. « Ceci eut lieu durant la Troisième session du Concile. Les observateurs du Conseil œcuménique rencontrèrent à deux reprises l’Évêque Willebrands et d’autres représentants du Secrétariat pour l’unité. Ce projet fut également présenté personnellement au Pape »19. La suite dépendait de l’approbation et de la promulgation par le Concile Vatican II du Décret sur l’œcuménisme Unitatis redintegratio qui eut lieu le 21 novembre 1964. La formation du GMT fut par la suite décidée lors de l’assemblée du Comité central du COE réunie à Enugu, en janvier 1965 puis à Genève, en février de la même année, comme cela est mentionné plus haut. Le GMT serait composé de quatorze membres, six catholiques et huit représentants du COE. Au lieu des trois groupes de travail évoqués à l’origine, un projet plus modeste fut en définitive adopté20. La première réunion de ce nouveau GMT se tint en mai 1965, à Bossey, en Suisse, et la seconde au mois de novembre 1965, à Ariccia, près de Rome. GMT exerce donc une fonction consultative et est un instrument de promotion de la coopération entre l’ECR et le COE. Le GMT reçoit un mandat tous les sept ans des corps dont il est le mandataire, à savoir l’Assemblée du COE et le CPPUC » et à la fin de chaque mandat, il « soumet aux deux instances un rapport détaillé de ses activités »21. La question de l’adhésion de l’ECR au COE fut très tôt prise en examen mais ne se concrétisa jamais. C’est pourquoi la relation instaurée entre ces deux instances grâce au GMT est de toute première importance. Celleci est toutefois plus qu’une simple collaboration. Le Pape Benoît XVI, en 2006, décrivit les relations entre le COE et l’ECR comme un « solide partenariat »22. Précédemment, le Pape Paul VI y avait vu une « solidarité fraternelle »23. Le Cardinal Willebrands, Président du SPUC, le rappela dans sa lettre au Secrétaire général Phillip Potter, au sujet du Cinquième rapport du GMT24, évoquant également le discours de Philip Potter au Comité central de 1976 dans lequel il affirmait que les relations entre l’ECR et le COE « sont bien plus intenses qu’avec beaucoup d’Églises membres »25. Cette remarque de Philip Potter, écrit Johannes Willebrands, « vient confirmer ma propre conviction que l’on ne rend pas justice à nos relations lorsqu’on en parle en termes de ‘simple collaboration’. Le Pape Paul VI en avait mieux saisi la réalité lorsqu’il parlait de ‘solidarité fraternelle’, avec tout l’élément positif que cela implique, c’est-à-dire non seulement la collaboration mais aussi la réflexion et la prière communes, inspirées par ces mots du Christ : ‘Afin que tous soient un’. Ils expriment notre commune vocation à une pleine communion dans la foi et l’amour. Il devrait donc y avoir dans nos relations une profondeur et une dimension spirituelles qui nourrissent notre espoir de parvenir à une conception commune de l’Église, ‘germe le plus fort d’unité, d’espérance et de salut pour tout l’ensemble du genre humain… le sacrement visible de cette unité salutaire’ (Lumen gentium, 9) »26. Nature et caractère du GMT En accord avec le mandat original reçu en 1966, le GMT, de par sa nature et son caractère, a pour finalité d’interpréter les différentes tendances de l’évolution du Mouvement œcuménique et « d’explorer les possibilités de dialogue et de collaboration, d’étudier conjointement les problèmes, et de faire rapport aux autorités des deux instances ». C’est un instrument de collaboration entre les deux partenaires, « un forum de consultation qui ‘ne dispose pas d’autorité propre mais en réfère aux instances dont il est le mandataire’… Le 21. « Caractère et nature du Groupe mixte de Travail », Huitième rapport entre l’Église catholique et le Conseil œcuménique des Églises (ci-après : Huitième rapport), IV, 1, SI 117 (2004/IV), p. 181. 22. BENOÎT XVI, Message à la 9e Assemblée du COE à Porto Alegre (Brésil), 14-24 février 2006. 23. Dans la lettre du Pape à la 5e Assemblée du COE, en 1975. Le Cardinal Willebrands y fit référence dans sa lettre à Philip Potter concernant le Cinquième rapport. Cf. note 24. 24. « Lettre du Cardinal Willebrands, 4 juillet 1983 », SI 53 (1983/IV), pp. 133-136. Citation p. 133. 25. Commentaire de Philip Potter au Comité central de 1976 cité par Willebrands dans sa lettre à Philip Potter, ibid., p. 134. 26. Ibid., pp. 133-136. Citation p. 133. 17. Lukas VISCHER, op. cit., p. 339. 18. Du côté catholique romain, les participants étaient l’Évêque Johannes Willebrands, le P. Jérôme Hamer et le P. Pierre Duprey. Le COE était représenté par les deux observateurs présents au Concile Vatican II, Lukas Vischer et Nikos Nissiotis. Ibid. 19. Ibid. 20. Cf. Ibid, p. 340 35 II. PROMOUVOIR L’UNITÉ certain sens, une grande part des thèmes sur lesquels le GMT a travaillé jusqu’à nos jours figuraient déjà dans ses deux premiers rapports, ce dont témoignent les rapports suivants. A. Rapide et intense début d’une relation nouvelle Le fait que d’importants contacts et une collaboration aient été lancés avant la naissance du GMT lui permit de promouvoir rapidement la coopération sur divers fronts. Le nouveau GMT se réunit du 22 au 24 mai 1965 à l’Institut œcuménique de Bossey, en Suisse27, puis du 17 au 20 novembre 1965 à Ariccia, aux alentours de Rome, en Italie. Comme on pouvait s’y attendre, il fut nécessaire d’apporter plusieurs éclaircissements sur cette relation nouvelle. À la même époque, différentes réunions furent conjointement organisées par le COE et l’ECR sur d’importants sujets, certaines se déroulant avant et d’autres après cette première rencontre du GMT. Dans le Premier rapport du GMT, un certain nombre de ces réunions sont citées. L’ensemble de ces activités reflétaient l’engagement des deux partenaires dans cette nouvelle opportunité œcuménique. Il semble que deux réunions de 1965 aient, d’une certaine manière, influencé les débats du Concile Vatican II sur des documents qui devaient être promulgués plus tard au cours de la même année. La première de ces rencontres fut la conférence sur Église et société organisée à Genève par le Département Église et société du COE et le SPUC, du 28 au 31 mars 1965. En cette circonstance, les discussions portèrent aussi sur la Constitution pastorale Gaudium et spes. Selon Lukas Vischer, « dès le début s’étaient instaurés d’étroits contacts avec les différents groupes responsables de la rédaction du texte. Il sembla judicieux d’entamer un débat avec le Conseil œcuménique qui s’était déjà penché sur presque tous les domaines évoqués dans la constitution. Les observateurs du Conseil œcuménique eurent ainsi de nombreuses possibilités de commenter les diverses ébauches du document. La consultation de Genève permit donc de resituer ces contacts dans un cadre plus large »30. Le Premier rapport du GMT indique que « le rapport qui nous fut présenté nous encouragea à poursuivre la coopération ». Il fait également remarquer que la Constitution pastorale du Concile Vatican II sur l’Église dans le monde moderne, promulguée en décembre 1965, « contient à ce sujet d’importants éléments » et signale que le COE est en train de préparer pour 1966 une Conférence mondiale sur l’Église et la société. Une seconde consultation est déjà en phase de préparation31. Suite aux deux rencontres de 1965, le Premier rapport du GMT fut publié le 16 février 196628. Le Second rapport, après que se soient tenues la troisième et la quatrième rencontre, fut publié en août 196729. Dès ces deux premiers rapports du GMT, il fut clair que la collaboration était lancée et proposée sur un vaste éventail de thèmes fondamentaux nécessitant une étude en vue de la réconciliation des chrétiens séparés et le bien de l’Église. Parmi les sujets de dialogue proposés figuraient également des thèmes classiques sur lesquels le Mouvement œcuménique s’était rassemblé dans la première moitié du XXe siècle, tels que la prière commune et la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens, la mission, Foi et constitution, mais aussi de nombreuses questions pouvant figurer au programme de Life and Work, comme, entre autres, l’Église et la société, la formation chrétienne. En un Le Département pour la mission mondiale et l’évangélisation du COE et le SPUC organisèrent ensemble, du 5 au 10 avril 1965 à Crêt-Bérard, en Suisse, une première consultation sur les missions. Le rapport des débats sur l’activité missionnaire, qui identifiait divers secteurs pouvant offrir un terrain pour une collaboration future, fut adressé au GMT. « Une analyse plus approfondie sera néanmoins nécessaire afin d’examiner les opportunités offertes par le Décret conciliaire sur l’activité missionnaire dans l’Église, promulgué à la fin de la quatrième session »32. De l’avis de Lukas Vischer, la rencontre sur les missions « contribua sans aucune doute de manière indirecte à conférer au Décret conciliaire sur l’activité missionnaire de l’Église la forte saveur œcuménique qui le caractérise »33. Selon Leslie Newbigin, « de cette consultation se dégagèrent de nombreuses options 27. Membres du COE : Rév. Dr W. A. Visser ‘t Hooft (COE, Genève), Rév. Archiprêtre Vitaly Borovoy (COE, Genève), Rév. Dr R. H. E. Espy, (National Council of Churches of Christ in the USA, New York, États-Unis), Dr. N. A. Nissiotis (Institut œcuménique, Celigny [Genève], Suisse), Pr Dr E. Schlink (Heidelberg, Allemagne), Très Rév. O. S. Tompkins (Évêque de Bristol, Angleterre), P. Paul Verghese (COE, Genève), Rév. Dr Lukas Vischer (COE, Genève). Membres de l’ECR : S. E. Mgr. J.G.M. Willebrands (SPUC, Rome), S. E. Mgr. Thomas Holland (Évêque de Salford, Manchester, Angleterre), Mgr William W. Baum (Commission épiscopale pour les affaires œcuméniques, Washington, D.C., États-Unis), Mgr Carlo Bayer (Caritas Internationalis, Rome, Italie), Rév. Pierre Duprey, M. Afr. (SPUC, Rome), Rév. Jérôme Hamer, OP (Convento Santa Sabrina, Rome). Appendice I du Premier rapport. Cf. note 28 ci-après. 28. « Premier rapport officiel du Groupe mixte de travail entre l’Église catholique et le Conseil œcuménique des Églises » (ci-après : Premier rapport), IS 1 (1967), pp. 18-24. 29. « Deuxième rapport du Groupe mixte de travail entre l’Église catholique et le Conseil œcuménique des Églises » (ci-après : Deuxième rapport), SI 3 (1967), pp. 22-30. 30. Lukas VISCHER, op. cit., p. 342. 31. Premier rapport, op. cit., n. 10. 32. Ibid., n. 9. Dans ce rapport, le GMT exprimait également son inquiétude face aux tensions rencontrées dans le domaine de la mission, comme par exemple dans le cas du prosélytisme, et suggérait différentes manières de les affronter. 33. Lukas VISCHER, op. cit., p. 342. 36 œcuménistes les plus expérimentés de l’époque39. L’introduction de cette Appendice est subdivisée en sept points expliquant la signification théologique de la prière commune et une seconde section, « Prières et célébration lors de rassemblements œcuméniques » distingue quatre formes de célébration et indique quand chacune d’elles peut s’appliquer. Dans cette introduction sont citées les sources utilisées par les deux partenaires pour rédiger cet Appendice. Le COE y a contribué en se basant sur son expérience en la matière, ayant « adopté certaines recommandations concernant ces types de célébrations. L’Église catholique a énoncé des principes dans le Décret sur l’œcuménisme et est en train d’élaborer sur cette question des directives ultérieures sur lesquelles les membres de l’Église catholique pourront s’appuyer dans un proche avenir »40. Concernant cette dernière, l’introduction de l’Appendice évoque également des directives ultérieures en phase d’élaboration. Ici, référence était faite à la Ière Partie du Directoire œcuménique que le SPUC devait publier en 1967. d’étude concernant à la fois la substance de l’Évangile que nous proclamons et la manière selon laquelle nous devrions le proclamer. Elle influença d’une certaine manière le Décret conciliaire Ad gentes et fixa les bases pour une consultation et une collaboration ultérieures »34. En ce qui concerne les laïcs, le Premier rapport du GMT rapporte que deux réunions s’étaient tenues entre le Comité permanent catholique pour les Congrès internationaux pour l’apostolat des laïcs (COPECIAL) et le Département pour les laïcs du COE. Malgré des approches théologiques différentes, ils trouvèrent un accord assez vaste sur des questions concernant l’apostolat et la formation des laïcs. La discussion, en particulier celle de la rencontre du 7 au 10 septembre 1965 à Gazzada-Varese, en Italie, portèrent entre autres à une conclusion : « Alors que les différences dans la foi doivent être respectées, tout ce que nous pouvons faire ensemble – aussi bien ou peut-être même mieux encore – pour la formation des laïcs, doit être entrepris »35. Les deux premiers rapports énuméraient de nombreux autres sujets d’importance certaine desquels débattre dans les années à venir : la Bible, la date de Pâques, la liturgie, les problèmes du prosélytisme, la liberté religieuse, les conversations bilatérales, les conseils nationaux et locaux, les jeunes, la doctrine et la pratique du baptême, la théologie du mariage et les mariages mixtes, le domaine médical. De même, le désir d’une action conjointe sur les questions concernant les femmes fut exprimé par un groupe de femmes invitées à une réunion organisée à Vicarello-Bracciano (Italie), du 22 au 24 octobre 1965, par le Département pour la coopération des hommes et des femmes dans l’Église, la famille et la société du COE et le SPUC. Les participantes – laïques, diaconesses et religieuses – souhaitèrent que de nouvelles rencontres de ce genre soient projetées. Parmi les thèmes proposés pour la discussion : la réévaluation du rôle des femmes célibataires, changements du rôle de la famille, travail à mi-temps et à plein temps, possibilités de service pour les femmes dans les institutions ecclésiales et entre femmes de confessions différentes pour la célébration de la Journée mondiale de prière des femmes et de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens36. D’autres rencontres eurent lieu en 1966 et 196737. B. Cinquante années de collaboration, de solidarité fraternelle et de partenariat Après une rapide mise en route, le GMT a continué, pendant cinquante ans, à étudier de nombreuses et importantes questions telles que celles qui viennent d’être mentionnées. Il s’est attaché à promouvoir l’œcuménisme et a publié neuf rapports, le premier en 1966, le neuvième en 2013, ainsi que quinze documents d’étude pendant la même période. L’ensemble des neuf rapports traite des principaux domaines qui ont été au centre de l’attention du Mouvement œcuménique moderne depuis sa naissance, il y a un siècle, et ont permis de se pencher sur d’autres thèmes spécifiques nouveaux également fondamentaux pour la vie des chrétiens. Ces rapports mettent aussi en évidence de nouvelles évolutions dans maints domaines. Le GMT organisa à Rome deux rencontres sur la question de la prière commune lors de rassemblements œcuméniques, le 16 octobre et le 18 novembre 1965. Le rapport sur ces deux réunions, intitulé « Célébration commune lors de rassemblements œcuméniques », fut publié comme Appendice II du Premier rapport du GMT38. Les participants de ces deux réunions, dont la liste figure en début de rapport, comptaient parmi les 39. Église catholique : Mgr Joseph Baker et Mgr Henry Davis, Dom Emmanuel Lanne, OSB, P. John Long, SJ, P. George Mejia et P. Thomas Stransky, CSP. Conseil œcuménique des Églises : Évêque Thomas Mar Athanasios, Chanoine John Findlow, Pr Nikos Nissiotis, Pasteur W. Norgren, Pr Albert Outler, Pr J. K S. Reid, Évêque Karekin Sarkissian et Pasteur Lukas Vischer, « Célébration commune lors de rassemblements œcuméniques », Premier rapport, op. cit., Appendice II, p. 22. 40. Ibid., p. 22. 34. Leslie NEWBIGIN, « Mission to Six Continents », Chapitre 7, HEM II, p. 196. Il situe cette rencontre au mois de mai mais elle se tint en réalité en avril. 35. Premier rapport, n. 11, op. cit., p. 20. 36. Ibid, n. 12, p. 20. Cf. Deuxième rapport, n. II, 3, b, op. cit., p. 25. 37. Deuxième rapport, n. II, b, op. cit., p. 25. 38. Premier rapport, Appendice II, « Prière commune lors de rassemblements œcuméniques », op. cit., pp. 22-24. 37 consultation des Églises unies et unifiantes à Johannesburg. Les membres catholiques de la commission plénière ont contribué de façon significative à l’assemblée plénière de la Commission Foi et Constitution de 2009 : Sr Ha Fong Maria Ko a été l’un des conférenciers principaux et le P. Jorge Scampini a présenté un exposé dans le groupe de travail sur l’ecclésiologie43. Ainsi, dans ses neuf rapports et ses documents d’étude, le GMT a suivi l’évolution du Mouvement œcuménique. Les rapports montrent aussi comment le GMT a évolué dans sa pratique. Par exemple, comme il est écrit dans le Cinquième rapport, les trois premiers rapports « ont simplement rappelé ce qui avait été fait dans l’étude et la collaboration. Le Quatrième rapport… a également cherché ce qui devrait et pourrait être fait. Ce Cinquième rapport est présenté dans le même esprit »41, comme depuis lors l’ont été les suivants. La nouveauté résidait également dans le fait que le Quatrième rapport (1975) proposait une analyse des perspectives théologiques d’un « terrain commun » au COE et à l’ECR, centrée sur la communion. Pendant les dix années d’existence du GMT, trois perspectives qui « ont acquis une importance croissante […] devraient orienter notre planification de l’avenir » : la « communion déjà existante » entre ceux qui croient en Christ et sont baptisés en son nom », la « nécessité du témoignage commun » et « l’appel au renouveau »42. Les efforts de coopération dans des domaines tels qu’Église et société débutèrent très tôt et se poursuivent encore. En 1968, le COE et la Commission Pontificale Justice et Paix formée depuis peu organisèrent à Beyrouth une conférence interdisciplinaire sur le développement qui remporta un vif succès. La réussite de cette manifestation encouragea le GMT à proposer en 1968 la création d’un comité mixte sur la société, le développement et la paix (SODEPAX) basé à Genève et ayant pour objectif de promouvoir et aider les initiatives locales et nationales de ce genre44. Cette expérience créative s’est conclue en 1980, sur décision de ceux qui en furent les promoteurs. De nombreux autres efforts communs ont été entrepris avec succès bien qu’en fait « le GMT ait encore à trouver les structures de collaboration les plus appropriées pour la pensée et l’action sociales »45. Des relations à de nombreux niveaux Les relations entre le COE et l’ECR se sont développées à de nombreux niveaux. À titre d’illustration, nous citerons quelques exemples, pris dans certains domaines fondamentaux de la collaboration instaurée au cours des années. En premier lieu, rappelons le travail commun entre le CPPUC et la Commission Foi et Constitution qui, de 1966 jusqu’à nos jours, fournit le matériel pour la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens. La prière pour l’unité est essentielle pour le Mouvement œcuménique. Le travail commun pour la mission a pris différentes formes. Les divers rapports retracent la participation particulière des catholiques dans les structures du COE et soulignent son importance. Le Troisième rapport (1970) indique que trois catholiques de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, du SPUC et du SEDOS (groupe de travail regroupant divers ordres missionnaires) furent nommés comme consulteurs de la Division pour la mission et l’évangélisation mondiale du COE. Des catholiques ont également pris part aux travaux du Département d’études pour la mission et l’évangélisation46. On lit dans le Cinquième rapport (1983) que « pendant plusieurs années, un certain nombre d’ordres missionnaires de l’Église catholique, qui travaillent avec la Congrégation pour l’évangélisation des peuples », ont établi une relation de consultation avec la Commission de mission et d’évangélisation (CME) du Conseil œcuménique des Églises. « Ils ont aussi envoyé des consultants comme observateurs pour assister aux réunions de la CME. Cette collaboration a été particulièrement importante pour la participation catholique à la Conférence missionnaire mondiale de la CME à Melbourne et pour l’étude sur le ‘Témoignage commun’ [1981] lancée par le Groupe mixte de travail »47. De nombreuses autres initiatives de Depuis 1968, des théologiens catholiques sont membres à plein titre de la Commission Foi et Constitution et ont été fortement impliqués dans le travail et les principales études de Foi et constitution. Le Neuvième rapport du GMT (2013) était très clair sur la participation catholique active au travail récent de Foi et constitution : Actuellement, les représentants du CPPUC continuent d’apporter une contribution importante aux travaux de la Commission FC. Le P. William Henn a été le principal rédacteur du texte sur L’Église : vers une vision commune. Le P. Frans Bouwen a rempli un important rôle de leadership comme l’un des vice-modérateurs de la commission et le comodérateur du projet d’étude sur le discernement moral dans les Églises. Mme Myriam Wijlens a été membre du sous-comité ayant proposé la réorganisation de la commission. En novembre 2008, le P. Gregory Fairbanks a participé comme observateur à la 43. Neuvième rapport, op. cit., p. 41. 44. Thomas STRANSKY, op. cit., p. 81. 45. Ibid., p. 82. 46. « Troisième rapport officiel du Groupe mixte de travail entre l’Église catholique et le Conseil œcuménique des Églises » (ci-après : Troisième rapport), SI 14 (1971/II), pp. 14-24, citation p. 16. 47. Cinquième rapport, op. cit., p. 126-127. 41. « Cinquième rapport du Groupe mixte de travail de l’Église catholique et du Conseil œcuménique des Églises » (ci-après : Cinquième rapport), SI 53 (1983/IV), pp. 117-133, citation p. 117. 42. « Quatrième rapport du Groupe mixte de travail (EC/COE) » (ci-après : Quatrième rapport), SI 30 (1976/I), pp. 19-25, citation p. 20. 38 coopération ont été mises en place. Signalons en raison de sa particulière importance qu’à partir de 1984, pendant plusieurs décennies, un consulteur catholique nommé par le CPPUC – à l’origine, cette personne provenait d’une Congrégation de religieuses missionnaires – a collaboré auprès du Département pour la mission du COE à Genève. développements dans les relations interreligieuses, d’évaluer les initiatives de dialogue et de réfléchir aux orientations et aux priorités pour l’avenir. Le CPDI et le BRI s’invitent réciproquement à prendre part à leurs activités respectives, ainsi qu’aux réunions de leurs comités consultatifs »49. À cette période, ces deux bureaux lancèrent trois projets : le premier conduisit à la publication d’un document d’étude, « Réflexions sur le mariage interreligieux » (197) ; le second fut intitulé « Prière et célébration interreligieuses » tandis qu’un troisième projet, en raison du conflit au Moyen-Orient, porta sa réflexion sur Jérusalem. Deux colloques furent organisés à Jérusalem à l’initiative de la Fédération luthérienne mondiale, avec la collaboration du CPDI, du BRI et de la Commission du Saint-Siège pour les relations religieuses avec le judaïsme. Le premier, sur la signification spirituelle de Jérusalem pour les juifs, les chrétiens et les musulmans, a eu lieu à Glion, en Suisse, en 1993. Les participants juifs, chrétiens et musulmans venaient en majorité d’Israël/Côté ouest de Gaza. Le second se tint à Thessalonique, en Grèce, en 1996. « Les efforts de ce colloque pour chercher à prévoir quel serait l’avenir de Jérusalem furent sans succès ». La brève description de ce projet résume en conclusion que « malgré le début du processus entre israéliens et palestiniens, il reste encore bien du chemin à faire avant d’en arriver à une paix juste et durable »50. Pareillement, la coopération dans le domaine de la formation œcuménique a pris de nombreuses formes. Soulignons en particulier le fait que durant plusieurs décennies, un professeur catholique nommé par le CPPUC a été en service à l’Institut œcuménique de Bossey. Le CPPUC a aussi pris l’habitude de recevoir les étudiants de cet institut à Rome pour un séjour d’une semaine en fin de semestre, offrant aux étudiants et à l’encadrement les accompagnant la possibilité de rencontrer un certain nombre de personnes susceptibles de leur faire découvrir les nombreux aspects de l’Église catholique et du Saint-Siège à Rome. Ce bref compte-rendu ne peut s’attarder que sur la coopération au sens large décrite par les rapports dans ce domaine et de nombreux autres secteurs. On peut considérer que le Sixième rapport (1984-1990) nous présente un « modèle de relations » pour l’époque en question : Douze théologiens catholiques romains sont membres de plein droit de la Commission Foi et Constitution. Sept autres participent comme consultants à la Commission sur la mission et l’évangélisation (CME). Un représentant catholique romain fait partie du comité directeur de l’Institut de Bossey. Depuis bien des années maintenant, trois catholiques romains collaborent avec le personnel du COE : à la CME, à Bossey et dans le programme Justice, paix et sauvegarde de la création (JPSC). Différentes formes de contact et de relations de travail ont aussi été développées entre d’autres sous-unités du COE et organismes correspondants du Vatican. Il y a eu échange utile et mutuel d’informations, de documents récemment publiés et de visites de personnel. Des consultants catholiques et observateurs catholiques ont participé à toute une série de conférences, de réunions, de consultations et de colloques du COE. Tous ces contacts et relations, et bien d’autres encore, sont décrits dans les rapports du GMT. Solide et constant soutien des dirigeants Pendant toutes ces années ont aussi été organisées des réunions communes entre divers bureaux du Vatican et les unités homologues du COE. Pour donner un exemple, le Septième rapport (1990-1998) faisait remarquer que « le Bureau du COE pour les relations interreligieuses (BRI) et le Conseil Pontifical pour le dialogue interreligieux (CPDI) se rencontrent chaque année. En plus du partage d’informations, ces rencontres offrent l’occasion d’examiner les Pendant toutes ces années, le GMT a constamment reçu un solide appui de la part des plus hauts responsables des organises mandataires. Les secrétaires généraux du COE sont venus en visite à Rome, ont rencontré les responsables du CPPUC. Les papes se sont également rendus à Genève – Paul VI en 1969 et saint Jean-Paul II en 1984 – et ont eux aussi encouragé le GMT dans son travail. L’invitation que reçut le Secrétaire général du COE, Philip Potter, à participer comme un des principaux intervenants au Synode des évêques réuni sur le thème de l’évangélisation, montre très bien la solide collaboration instaurée dans le domaine de la mission. C’était la première fois qu’un non-catholique était invité à s’adresser à une assemblée du Synode. Pendant de nombreuses années, Jean-Paul II a offert son énergique soutien à Foi et constitution en citant en diverses occasions le document Baptême, eucharistie et ministère (BEM) et en mentionnant le COE et Foi et constitution dans son Encyclique Ut unum sint (1995). Il encouragea le travail commun du GMT dans le domaine de la formation œcuménique, recevant chaque année les étudiants et les professeurs de l’Institut de Bossey pendant leur semaine annuelle à 48. « Sixième rapport du Groupe mixte de travail » (ciaprès : Sixième rapport), SI 74 (1990/III), pp. 61-75, citation pp. 61-62. 49. Septième rapport, « Dialogue interreligieux », op. cit., p. 76. 50. Description de ces trois projets communs dans ibid., p. 76. De nombreuses Églises-membres du COE et de l’ECR ont des relations étroites aux niveaux régional et national en participant et contribuant à des organisations œcuméniques48. 39 Rome, tout d’abord en audience privée et, dans les années qui suivirent, au cours de l’audience générale. En 2008, à l’occasion du 100e anniversaire de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens (SPUC), en geste de reconnaissance pour les nombreuses années de collaboration entre le CPPUC et la Commission Foi et Constitution dans la préparation des textes de la SPUC, le Secrétaire général du COE, Samuel Kobia, fut invité à Rome à prendre part à la célébration des vêpres présidées par le Pape Benoît XVI en la Basilique SaintPaul-hors-les-Murs, en conclusion de la SPUC. En cette circonstance, le Secrétaire général s’est adressé au Pape Benoît ainsi qu’à l’assemblée51. et œcuméniques du baptême commun – Une étude du GMT (2005) (réception de BEM)61. Deuxièmement, les études concernant la mission, le prosélytisme, le témoignage commun : (a) Témoignage commun et prosélytisme de mauvais aloi (1971)62, (b) Témoignage commun (1981) et Le défi du prosélytisme et l’appel au témoignage commun (1996)63. Troisièmement, études sur d’importantes questions théologiques : (a) Étude commune sur la catholicité et l’apostolicité (1971)64, (b) L’Église : locale et universelle (1990)65, (c) La notion de « hiérarchie des vérités » – Interprétation œcuménique (1990)66, (d) Implications ecclésiologiques et œcuméniques du baptême commun – Une étude du GMT (2005)67, (e) Le dialogue œcuménique sur les questions morales : sources potentielles de témoignage commun ou de divisions (1998)68, (f) The Unity of the Church as Koinonia : Ecumenical Perspectives on the 1991 Canberra Statement on Unity [L’unité de l’Église comme communion - Perspectives œcuméniques sur la Déclaration de Canberra sur l’unité de 1991] – Document d’étude requis par le Groupe mixte de travail (1993)69. Documents d’étude Tout au long de ces 50 ans, le GMT a également publié des documents d’étude à l’usage des Église pour la promotion de l’unité. Il s’efforce ainsi « de discerner la volonté de Dieu dans la situation actuelle de l’œcuménisme, et de proposer des études résultant de ses propres réflexions »52, n’entendant en aucun cas rivaliser avec des documents de Foi et constitution ou d’autres commissions. Le nombre de ces études est impressionnant. Étant donné qu’elles feront l’objet d’une autre intervention au cours de cette commémoration, je me contenterai de les citer en les divisant en trois catégories : les études concernant l’œcuménisme, celles concernant la mission, le prosélytisme et le témoignage commun, et celles portant sur d’importantes questions théologiques. Les rapports et les études réalisés par le GMT témoignent de son importante contribution au Mouvement œcuménique. III. IMPORTANCE HISTORIQUE DU GMT Depuis sa création, le GMT a élaboré tout un ensemble de documents témoignant des diverses évolutions enregistrées dans les activités citées cidessus, évolutions qui devaient par la suite être considérées comme les différents aspects de l’histoire de l’œcuménisme, ainsi que le suggèrent certaines sections des rapports du GMT décrivant « La collaboration entre le COE et l’ECR » et/ou « La collaboration à travers le GMT ». Étant donné que de nombreux siècles avant la naissance du Mouvement Premièrement, les études sur l’œcuménisme comprennent celles sur (a) le Dialogue : (1) Sur le Dialogue œcuménique (1967)53, (2) Nature et objet du dialogue œcuménique – Une étude du GMT (2015)54 ; sur (b) la Formation : La Formation œcuménique : Réflexions et suggestions œcuméniques (1993)55 ; sur (c) la Prière et la spiritualité œcuménique : (1) Prière commune lors de rassemblements œcuméniques (1966)56, (2) Être renouvelés dans l’Esprit – Les racines spirituelles de l’œcuménisme (2012)57 ; sur (d) les Conseils œcuméniques : « Inspirés par la même vision » : la participation catholique aux Conseils œcuméniques nationaux et régionaux – Une étude du GMT (2005)58 ; sur (e) la Réception œcuménique : (1) La réception, enjeu fondamental des avancées œcuméniques (2013)59, (2) Nature et objet du dialogue œcuménique – Une étude du GMT (2005) (comprend une importante section consacrée à la Réception)60, (3) Implications ecclésiologiques 61. Appendice C, Huitième rapport, op. cit., pp. 193-211. 62. Appendice II, Troisième rapport, op. cit., pp. 19-24. 63. Appendice C, Septième rapport, op. cit., p. 84. 64. Appendice III, Troisième rapport. Cet appendice n’a pas été publié dans le Troisième rapport. Pour le texte, voir Irenikon, 1970, pp. 163-200 ; La Documentation catholique, 1971, N. 1581, pp. 273-284. 65. Appendice A, Sixième rapport, SI 74 (1990/III), pp. 76-85. Cf. aussi le Document n. 150 de Foi et constitution, Genève, COE, 1990, pp. 1-15. 66. Appendice B, Sixième rapport, op. cit., pp. 86-91. Cf. aussi le Document n. 150 de Foi et constitution, op. cit., pp. 16-24. 67. Appendice C, Huitième rapport, op. cit. 68. Appendice B, Septième rapport, op. cit., p. 84. 69. The Unity of the Church as Koinonia : Ecumenical Perspectives on the 1991 Canberra Statement on Unity. A Study Document requested by the Joint Working Group Between the Roman Catholic Church and the World Council of Churches, éd. Günther Gassmann et John Radano, 1993. Document de Foi et constitution, n. 163, Genève, Publications COE, 1993. 51. Neuvième rapport, op. cit., p. 41. 52. Thomas STRANSKY, op. cit., p. 80. 53. Appendice du Deuxième rapport, op. cit., pp. 27-30. 54. Appendice D, Huitième rapport, op. cit., pp. 211-222.. 55. Appendice D, Septième rapport, op. cit., p. 84. 56. Appendice II, Premier rapport, op. cit., pp. 22-24. 57. Appendice B, Neuvième rapport, op. cit., pp. 83-100. 58. Appendice E, Huitième rapport, op. cit., pp. 222-239. 59. Appendice A, Neuvième rapport, op. cit., pp. 53-82. 60. Appendice D, Huitième rapport, op. cit. 40 part. En cette époque qui est la-nôtre, c’est une révolution dont nous sommes les témoins 72. œcuménique, il y a plus de cent ans, ont été marqués par la division entre les chrétiens, les avancées œcuméniques encouragées par le GMT, parmi les différents aspects du Mouvement œcuménique, ont donné origine à un nouveau type de relations qui allaient constituer l’histoire du Mouvement en faveur de la réconciliation entre les chrétiens. En même temps, Blake souligne que l’Assemblée d’Uppsala a pris des mesures pour encourager le GMT à continuer à réfléchir à la question de l’adhésion de l’Église catholique au COE73. Frederick Nolde, écrivant sur l’action œcuménique dans le domaine des affaires internationales, remarque que le GMT établi en 1965 faisait figurer parmi les sujets à étudier « les possibilités concrètes dans les domaines de la philanthropie, des affaires sociales et internationales ». Le COE et la Commission Pontificale sur la justice et la paix, continue-t-il, « organisent maintenant des consultations officielles communes et agissent ensemble. La route s’ouvre donc à la coopération entre deux grandes communautés chrétiennes et, finalement peut-être, à la coopération avec tous les hommes de bonne volonté, peu importe s’ils professent une autre foi ou appartiennent à une religion non chrétienne »74. Le GMT dans l’histoire du Mouvement œcuménique L’importance historique du GMT est déjà mise en évidence dans l’Histoire du Mouvement œcuménique publiée en deux volumes par le COE. Le deuxième volume couvre la période 1948-1968 et le troisième celle allant de 1968 à 2000. Les auteurs de quatre chapitres du deuxième volume font référence au GMT. W. A. Visser ‘t Hooft, dans sa description générale des progrès œcuméniques constatés depuis 1948, parle de la « nouvelle situation » s’étant instaurée en 1960 lors de la création par le Pape Jean XXIII du Secrétariat pour la promotion de l’unité des chrétiens. « Un des importants résultats de cette nouvelle situation fut la création d’un Groupe mixte de travail entre l’Église catholique et le COE. Bien qu’existant depuis peu, ce groupe a déjà prouvé son utilité comme plate-forme de débat sur des thèmes d’intérêt commun. Ses rapports ont été bien accueillis par le Comité central du COE et les autorités vaticanes »70. Eugene Carson Blake, dans Uppsala and Afterwards, va plus loin. Il relate que l’Assemblée d’Uppsala accueillit et approuva « de très importants rapports du GMT »71. L’histoire que nous racontent ces deux rapports officiels du GMT, maintenant approuvés par les plus hautes autorités de l’ECR et du COE, Lukas Vischer s’intéresse plus directement à l’ERC et à ses relations avec le COE. Il offre une description concise des étapes s’étalant sur plusieurs années et ayant conduit à la formation du GMT, sans oublier la contribution que des personnes particulières apportèrent à ce processus75. Il évoque l’aide fondamentale fournie par le GMT dans la culture de relations « beaucoup plus intenses »76 et présente un condensé du travail du GMT comprenant la fréquence des rencontres dans les premiers temps, les questions nécessitant des éclaircissements, y compris celle de la possible adhésion de l’ECR au COE, les rapports présentés aux organismes mandataires, l’ensemble des domaines abordés, les tâches entreprises par le COE77. est celle de progrès et évolutions presque incroyables en un très court laps de temps. Les consultations et la coopération ont rapidement progressé dans tous les principaux secteurs d’activité du Conseil œcuménique : mission, service, affaires internationales, jeunesse, foi et constitution, développement. L’histoire de l’œcuménisme que nous révèlent ces deux rapports est loin d’être terminée : elle vient à peine de commencer. La prise en compte et l’approbation de relations « plus dynamiques » entre le Conseil œcuménique des Églises et l’Église catholique laissent imaginer que les prochaines cinq années seront aussi passionnantes par leur nouveauté que les cinq dernières. Ceci ne signifie pas que doivent être dissimulées, camouflées les difficultés toujours actuelles auxquelles nous nous heurtons en apprenant à travailler ensemble, ou bien que nous ne subirons pas de revers. Les rapports partent du principe qu’il n’existe qu’un seul et unique Mouvement œcuménique et que toutes les Églises et Conseils ont le devoir commun d’y prendre Les auteurs du Volume 3 de l’History of the Ecumenical Movement couvrant la période 1968-200078 ont réussi à considérer le GMT dans une perspective plus longue. Quatre chapitres y font référence. Au chapitre 4, « The Unity We Share, The Unity We Seek » (L’unité que nous partageons, l’unité que nous recherchons), concentrant son attention sur Foi et constitution, l’auteur Melanie May se réfère à deux contributions du GMT. Quand Foi et constitution commença à s’intéresser davantage à la compréhension commune de la foi apostolique, l’une des toutes premières consultations concernant ce thème fut une rencontre réunissant en 1978 cette commission et le GMT. Un document – « Vers la confession de notre foi commune » – fut ébauché ; on 72. Ibid., p. 441. 73. Ibid., p. 442. 74. Lukas VISCHER, op. cit., Chapitre 10, p. 284. 75. Ibid., p. 342. 76. Ibid., p. 342. 77. Ibid., p. 349-351. 78. A History of the Ecumenical Movement, Volume 3, 19682000 (ci-après HEM 3), éd. John Briggs, Mercy Oduyoye et George Tsetsis, Genève, Publications COE, 2004. 70. W. A. VISSER ’T HOOFT, « The General Ecumenical Development since 1948 », HEM 2, op. cit., Chapitre 1, p. 16. 71. Eugene CARSON BLAKE, « Uppsala and Afterwards », HEM 2, Chapitre 15, p. 415. 41 En tant que processus d’apprentissage, la formation œcuménique a pour but de mettre en commun, pour l’enrichissement mutuel et la réconciliation, l’expérience, les connaissances, les capacités, les talents et la mémoire religieuse de la communauté chrétienne… (n. 11). La formation et l’apprentissage font appel, dans une certaine mesure, à un ensemble de connaissances à acquérir. Ceci est sans doute important, mais se former et apprendre demande également une ouverture courageuse sur une forme de vie œcuménique… (n. 12). La formation œcuménique se fait non seulement sous forme de programmes éducatifs réguliers, mais également dans la vie quotidienne de l’Église et des hommes (n. 13) 84. y abordait la difficile question des traditions nombreuses et parfois contradictoires des différentes Églises. Ce texte concentra son attention sur la regula fidei (règle de foi) transmise à travers les siècles et sur la base de laquelle doivent être évaluées les expressions de foi qui dépendent naturellement d’une époque ou d’un lieu79. Cela fut utile quand, alors que Foi et constitution poursuivait son étude, le Credo de NicéeConstantinople (381) devint l’objet principal d’un nouveau projet d’étude. C’est ainsi que vit le jour l’important document de Foi et constitution, Confesser la foi commune : une explication de la foi apostolique telle qu’elle est dans le symbole de Nicée-Constantinople (381), publié par le COE en 199180. Melanie May se réfère aussi indirectement à l’importante étude du GMT consacrée aux questions morales, un des thèmes les plus épineux sur lesquels l’Église doit se pencher81. En citant ces passages de l’étude du GMT, il se situe dans la même perspective : « C’est en ce sens large qu’est employée ici l’expression ‘formation œcuménique’, englobant tous les programmes, publications et autres activités du Mouvement œcuménique, quelle que soit la formulation : ‘formation œcuménique’, ‘formation à l’œcuménisme’, ‘apprentissage œcuménique’, ‘formation théologique œcuménique’, ‘enseignement œcuménique’ »85. Au chapitre 6, « From Missions to Mission » (Des missions à la mission commune), rappelant la nécessité pour les Églises durant les quarante années passées de réfléchir au problème du témoignage commun et du prosélytisme ainsi qu’aux difficultés qu’elles rencontrèrent, Birgitta Larsson et Emilio Castro soulignent l’importante contribution apportée par le GMT grâce à ses études visant à soutenir les Églises dans cette tâche. Citant tout d’abord Témoignage commun et prosélytisme (1970), ils mentionnent aussi Témoignage commun (1981), deux textes dans lesquels sont recensées un grand nombre d’initiatives nouvelles mises sur pieds dans ce domaine en divers endroits. Préoccupé par une recrudescence du prosélytisme en Europe de l’est à la suite des événements politiques des années 1990, le GMT publia une nouvelle étude, Le défi du prosélytisme et l'appel au témoignage commun82. George Tsetsis cite le GMT au chapitre 18 sur l’importance de l’œcuménisme régional. Au sujet des conseils d’Églises desquels s’est longuement occupé le GMT, il cite une contribution du GMT sur ce thème provenant d’une consultation organisée en 1982 par ce dernier sur « The Significance and Contribution of the Councils of Churches in the Ecumenical Movement » (Importance et contribution des conseils d’Églises dans le Mouvement œcuménique). La consultation « faisait remarquer à juste titre que les conseils d’Églises sont des instruments prévus pour aider les Églises à passer de la ‘coexistence’ à un plus profond ‘engagement’ grâce à la ‘coopération’. Selon elle, ces conciles sont même des ‘structures de koinonia’ temporaires pouvant aider les Églises à franchir des ‘étapes irréversibles’ dans leur pèlerinage œcuménique »86. Au chapitre 8 sur la « Ecumenical Formation » (Formation œcuménique), dès le début de l’analyse approfondie qu’il nous livre sur ce thème, Ulrich Becker cite l’étude du GMT sur la Formation œcuménique : Réflexions et suggestions œcuméniques (1993), tout d’abord pour définir le concept de formation œcuménique comme « un processus permanent d’apprentissage dans les différentes Églises locales et Communions mondiales » (n. 9)83. Il poursuit en signalant d’autres passages : Défis futurs Le GMT a apporté d’importantes contributions dans des domaines traditionnels de l’œcuménisme et doit continuer à le faire. Toutefois, il a également pris en compte que des changements se sont opérés dans le panorama œcuménique et tente d’y répondre. Pour ne citer que quelques exemples, dans ses Huitième et Neuvième rapports, il évoquait l’ampleur prise par le Forum chrétien mondial (FCM)87 et soulignait la très grande importance attribuée à la coopération nouvelle et aux contacts désormais instaurés avec les pentecôtistes/évangéliques. Le COE a contribué au lancement du FCM et y a été aidé par le CPPUC, 79. Melanie MAY, « The Unity We Share, The Unity We Seek », HEM 3, p. 89. 80. Cf. Ibid., p. 89, n. 9. 81. Ibid., pp. 98-99. L’étude du GMT citée mais dont le nom n’est pas mentionné est Le dialogue œcuménique sur les questions morales : sources potentielles de témoignage commun ou de divisions, Appendice B, Septième rapport, op. cit. 82. Birgitta LARSSON et Emilio CASTRO, « From Missions to Mission », HEM 3, pp. 144-145. 83. Ulrich BECKER, « Ecumenical Formation », HEM 3, Chapitre 8, p. 175. Sa citation se réfère à la Ecumenical Review, 45, 4, 1993, p. 490. Cf. aussi SI 84 (1993/III-IV), pp. 182186. 84. Ibid. 85. Ibid. 86. George TSETSIS, « The Significance of Regional Ecumenism », HEM 3, Chapitre 18, p. 466. 87. Huitième rapport, op. cit., pp. 175-176. Neuvième rapport, op. cit., pp. 38-44. 42 conscients que l’importance du COE et la recherche œcuménique de l’unité visible dans la foi n’en étaient pas diminuées. pleinement leur impact, il convient de situer cette évaluation dans un contexte plus vaste. Le GMT a représenté un canal de communication essentiel entre les représentants de l’Église catholique et le Conseil œcuménique des Églises qui, grâce aux rapports qu’ils ont développées depuis cinquante ans, se font confiance comme des frères et des sœurs dans le Christ. Ce point est particulièrement crucial quand des tensions surgissent, comme cela arrive dans n’importe quelle famille. Ainsi seulement, il a été possible d’atteindre les objectifs fixés. D’où l’importance de relations suivies entre ces deux organismes qui vivent leur engagement en faveur de l’unité pleine et visible des chrétiens. Le « dialogue interreligieux et la coopération » ainsi que les problèmes suscités par la « violence exercée au motif de croyances religieuses » sont des thèmes qui, ces derniers temps, ont pris une dimension croissante. Comme on peut lire dans le Neuvième rapport, une mutation s’est vérifiée quand l’ECR (Conseil Pontifical pour le dialogue interreligieux), le COE et l’AEM (Alliance évangélique mondiale) ont ensemble publié, pour la première fois, un document substantiel intitulé Témoignage chrétien dans un monde multireligieux : recommandations de conduite. Ce texte propose des moyens pratiques de s’engager dans la mission tout en manifestant un sincère respect pour les fidèles des autres religions. Ceci ouvre à de nouvelles opportunités de dialogue interreligieux. L’un des moyens que le GMT a employés pour communiquer a été la publication d’études. J’en ai compté quatorze2. Le défi pour le GMT, comme pour toutes les Églises, est la communication : savoir comment son travail est « reçu » par ceux auxquels il est destiné. En théorie, le public visé est celui des organismes qui en sont les mandataires3, et à travers eux toutes les Églises, leur clergé et leurs membres, ainsi que les dialogues bilatéraux et multilatéraux et les organisations œcuméniques. En pratique, le public le plus approprié varie. Dans l’Église catholique, lorsqu’elles ont reçu l’approbation du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens (CPPUC), les décisions sont transmises aux « Églises locales » (diocèses) pour y être appliquées. Le Conseil œcuménique des Églises (COE) les recommande à ses Églises. Mais cette distinction ne fait pas vraiment de différence car dans les deux cas, les recommandations peuvent être adoptées ou ignorées selon l’inclination et les besoins. Pour conclure, rappelons que l’avenir de l’œcuménisme dépendra fondamentalement de la responsabilité qui nous incombe de bâtir sur les résultats obtenus dans le passé. Un des documents d’étude du Neuvième rapport, « La réception, enjeu fondamental des avancées œcuméniques », saisissant l’occasion de la célébration du centenaire du Mouvement œcuménique fêté en 2010, offre une évaluation, du point de vue de la réception œcuménique, des réalisations du Mouvement œcuménique au cours du siècle dernier. Cette étude mettait en lumière les nombreux et importants résultats atteints. Elle nous rappelle qu’un des grands défis que devra affronter le Mouvement œcuménique – et par conséquent le GMT pour la poursuite de son travail – est de discerner de quelles manières recevoir et bâtir sur les importants résultats d’un siècle d’œcuménisme et, par conséquent, de soutenir les Églises dans leur cheminement vers une unité toujours plus grande. C’est pourquoi la question de l’impact de ces études demande à être approfondie. À la différence de Baptême, 1. Ces rapports ont été publiés en 1966, 1967, 1971, 1975, 1982, 1990, 1998, 2005, 2013. Le GMT a tenu sa première rencontre en 1965. Traduction de l’anglais SI 2. Témoignage commun et prosélytisme : un document d’étude (1970) ; Témoignage commun (Commission de mission et d’évangélisation, série 1) 1982 ; L’Église locale et universelle (1990) ; La hiérarchie des vérités : interprétation œcuménique (1990) ; L’unité de l’Église en tant que koinonia : la déclaration de Canberra de 1991, perspectives œcuméniques (1993) ; Le dialogue œcuménique sur les questions morales, sources potentielles de témoignage commun ou de divisions (1998) ; Le défi du prosélytisme et l’appel au témoignage commun (1998) ; La formation œcuménique: réflexions et suggestions œcuméniques (1998) ; Implications ecclésiologiques et œcuméniques du baptême commun (2005); Nature et objet du dialogue œcuménique (2005) ; Inspirés par une même vision : la participation catholique aux conseils nationaux et régionaux d'Églises (2005) ; La réception, enjeu fondamental des avancées œcuméniques (2013) ; Être renouvelés dans l’Esprit : les racines spirituelles de l’œcuménisme (2013) ; L’Église dans la vie des jeunes et les jeunes dans la vie de l’Église (2013). PRINCIPALES AVANCÉES DU GROUPE MIXTE DE TRAVAIL : LES TEXTES IMPORTANTS ET LEUR IMPACT Rev. Dr Diane C. Kessler* J’ai été chargée d’examiner les avancées du Groupe mixte de travail (GMT) d’après les textes publiés dans ses neuf rapports1. Cependant, pour pouvoir apprécier * Rév. Diane C. Kessler, United Church of Christ (ÉtatsUnis). Ancien Directeur exécutif du Conseil des Églises du Massachusetts. De 1999 à 2006, elle a été membre du GMT responsable de la supervision des relations entre le Conseil œcuménique des Églises et l’Église catholique. Elle a également coprésidé une étude sur la participation de l’Église catholique dans les Conseils d’Églises nationaux et les organisations œcuméniques régionales. 3. Le Comité central du Conseil œcuménique des Églises et le Conseil Pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens. 43 Eucharistie, Ministère, le « best-seller » de la Commission Foi et Constitution du COE, le GMT ne peut pas se fonder sur le nombre d’exemplaires vendus comme moyen fiable pour en mesurer l’impact. Ainsi, j’avais défis spécifiques auxquels les Églises doivent faire face ; celles qui cultivent une mentalité œcuménique ; et celles qui promeuvent l’engagement œcuménique. En suivant cette typologie, on peut répartir les études dans les catégories suivantes : l’impression de vouloir saisir des nuages quand je tentais de répondre à la question des résultats. Les informations que j’avais rassemblées étaient représentatives, mais non exhaustives. Pourtant, une vue d’ensemble de ces documents montrait que les nuages que je tentais de saisir avaient néanmoins une forme discernable. Je remercie les personnes que j’ai consultées et qui m’ont aidée à donner consistance à ma recherche4. Les études du GMT ont été utilisées dans les dialogues bilatéraux et multilatéraux. Elles sont désormais à la base de l’engagement dans les instances œcuméniques locales. Elles ont été utilisées pour promouvoir la participation de l’Église catholique aux conseils d’Églises. Elles ont représenté une référence pour les spécialistes de l’œcuménisme dans d’innombrables articles et bibliographies et pour l’enseignement. Concepts théologiques et ecclésiologiques : L’Église locale et universelle (1990) ; La hiérarchie des vérités : interprétation œcuménique (1990) ; et L’unité de l’Église en tant que koinonia : la déclaration de Canberra de 1991, perspectives œcuméniques (1993) ; Défis spécifiques: Témoignage commun et prosélytisme (1971) ; Témoignage commun (Commission de mission et d’évangélisation, série 1) (1982) ; Le défi du prosélytisme et l’appel au témoignage commun (1998) ; Le dialogue œcuménique sur les questions morales, sources potentielles de témoignage commun ou de divisions (1998) ; Inspirés par une même vision : la participation catholique aux conseils nationaux et régionaux d'Églises (2005) ; Cultiver une mentalité œcuménique : La formation œcuménique : réflexions et suggestions œcuméniques (1998) ; Implications ecclésiologiques et œcuméniques du baptême commun (2005) ; Être renouvelés dans l’Esprit : les racines spirituelles de l’œcuménisme (2013) ; L’Église dans la vie des jeunes et les jeunes dans la vie de l’Église (2013) ; L’un des obstacles sérieux qui entravent la réception est la situation où se trouvent nombre d’Églises : le repli sur soi institutionnel dû à la diminution des ressources financières et humaines, la crise interne et la peur d’un déclin réel ou perçu dans certaines régions du monde (mais pas partout) ont un effet dissuasif sur la promotion de l’éducation œcuménique. Ces situations échappent au contrôle du GMT. Elles requièrent des attentes réalistes, mais aussi une réflexion stratégique pour intervenir de façon créative dans un tel environnement. Parmi les critères appropriés pour évaluer les avancées, on peut citer entre autres : Quels étaient les destinataires de l’étude ? Ont-ils été touchés ? Dans quelle mesure l’étude a-t-elle influencé leurs engagements ? Qu’est-ce qui a permis que cela ait lieu ? Des obstacles ont-ils surgi, et si oui, lesquels et pourquoi ? Quelles leçons le GMT peut-il en tirer pour son travail futur ? En conclusion de mes remarques, je présenterai quelques recommandations sur ces stratégies créatives. Processus d’engagement œcuménique : Nature et objet du dialogue œcuménique (2005) ; et La réception, enjeu fondamental des avancées œcuméniques (2013). CONCEPTS THÉOLOGIQUES ET ECCLÉSIOLOGIQUES Parce que les considérations sur « L’Église locale et universelle » (1990) sont essentielles pour parvenir à l’unité, le GMT a commandé une étude sur ce thème pour son sixième rapport5. Ses auteurs y soulignent la « convergence œcuménique obtenue aujourd’hui sur ces notions d’Église ». Une telle convergence laisse présager des développements féconds en matière d’ecclésiologie de communion. Cette étude contient un approfondissement sur ce qu’est l’Église locale, « le lieu où l’Église de Dieu se réalise concrètement »6 et sur ce qu’elle n’est pas, ni « une libre réalisation, ni une réalité autosuffisante »7. Elle présente des considérations utiles sur la façon dont les Églises de la tradition « catholique », les Églises de la Réforme et les Églises libres ont divergé dans leur façon d’interpréter l’exercice de l’autorité au niveau local, tout en ANALYSE DES TEXTES IMPORTANTS Bien que toute typologie soit nécessairement inexacte, j’ai divisé ces études en quatre catégories: celles qui traitent des concepts théologiques et ecclésiologiques développés par la Commission Foi et Constitution dans le sillage du Décret sur l’œcuménisme de Vatican II ; celles qui affrontent des 4. Je tiens à exprimer ici ma profonde gratitude aux personnes que j’ai consultées à ce sujet: Thomas F. Best, Alkiviadis Calivas, Laura Everett, Thomas Fitzgerald, Mark Heim, Dagmar Heller, Michael Kinnamon, James Miller, Vito Nicastro, Lewis Patsavos, John Radano, Ronald G. Roberson, CSP, Michael Root, Teresa Rossi, William G. Rusch, Tom Ryan, CSP, Mary Tanner, John Thomas, Lydia Veliko, Anton C. Vrame et Robert Welsh. 5. GROUPE MIXTE DE TRAVAIL ENTRE L’ÉGLISE CATHOLIQUE ET LE CONSEIL ŒCUMÉNIQUE DES ÉGLISES, « Sixième rapport » (ci-après : Sixième rapport), Service d’information (SI) 74 (1990/III), pp. 61-91. 6. Ibid., Annexe A, p. 76. 7. Ibid., p. 79. 44 observant que le Mouvement œcuménique a favorisé une compréhension plus profonde de l’universalité8. poursuit en disant : « En comprenant mieux la façon dont d’autres chrétiens considèrent, expriment et vivent la foi, chaque tradition confessionnelle est souvent aussi amenée à une meilleure compréhension d’elle-même et peut commencer à voir ses propres formulations doctrinales dans une plus large perspective»16. Elle situe les différentes positions des Églises sur la Doctrine de la justification par rapport au « fondement » de la foi17. Le texte complet de cette étude a été publié dans Growth in Agreement II: Reports and Agreed Statements of Ecumenical Conversations on a World Level, 1982-19989. Il y est fait référence dans le rapport publié à l’issue de la troisième phase du dialogue international entre luthériens et catholiques sur la sacramentalité et la justification10, et dans la déclaration conjointe au terme de la dixième session des rencontres de dialogue entre luthériens et catholiques aux États-Unis11. D’après le Fr. Thomas Fitzgerald, de la Faculté de la Sainte-Croix de l’Institut de théologie grec-orthodoxe, il a été cité dans les dialogues entre orthodoxes et catholiques aux États-Unis. Mary Tanner m’a dit que, outre qu’elle est citée dans le tout récent document de Foi et Constitution sur « L’Église : vers une vision commune », cette étude a eu une influence non négligeable dans les conversations de la Commission internationale anglicane-catholique sur « L’Église comme communion » et sur « Le don de l’autorité »12. Enfin, ce texte a été utilisé dans les cours d’ecclésiologie et dans les cours d’été sur les relations œcuméniques et interreligieuses du Centre Pro Unione. Michael Kinnamon le cite dans son livre Can a Renewal Movement Be Renewed?13. Dans l’article qu’il a écrit sur la hiérarchie des vérités pour le Dictionnaire du mouvement œcuménique, Tom Stransky nous fait savoir que W.A. Visser’t Hooft affirmait que ce sujet méritait d’être approfondi, et que Jean-Paul II était d’accord avec lui. Cet échange serait à l’origine du document et des premiers textes œcuméniques sur le sujet, s’il faut en croire certaines sources. Stransky l’indique dans une note en bas de page de son article18. Cette étude a également été publiée dans Growth In Agreement II19. Les réflexions qu’on y trouve ont été reprises dans les discussions de Foi et Constitution et dans divers dialogues bilatéraux, parmi lesquels la dixième session du dialogue entre luthériens et catholiques des ÉtatsUnis20. Mark Heim, un membre de Foi et Constitution, a dit qu’avant la publication de cette étude, cette expression faisait souvent l’objet d’interprétations divergentes chez les catholiques et chez les protestants, et que grâce à elle, cette difficulté a pu être surmontée. L’expression « hiérarchie des vérités » est apparue pour la première fois dans le Décret sur l’œcuménisme du Concile Vatican II. L’étude sur « La notion de hiérarchie des vérités : une interprétation œcuménique » (1990)14 développe le sens de cette métaphore, approfondit son emploi dans l’histoire chrétienne et affirme qu’elle peut être « un principe utile de la méthodologie théologique et l’herméneutique»15. Elle L’unité de l’Église comme koinonia : la déclaration de Canberra de 1991, perspectives œcuméniques (1993) a été commandée par le GMT pour être publiée comme contribution à la Ve Conférence mondiale de Foi et Constitution à SaintJacques de Compostelle en 199321. C’était l’un des textes préparatoires en vue de la Conférence. L’essai introductif de Günther Gassmann et John A. Radano situe la déclaration de Canberra dans une perspective historique. Il examine la prise de position du COE sur la nature de l’unité à la Conférence de New Delhi de 1961, énumère les signes d’unité visible, et note qu’il existe un intérêt accru pour les divers modèles d’unité22. Pour ces deux auteurs, la déclaration de Canberra s’inscrit dans la continuité avec les déclarations précédentes, tout en introduisant des 8. Ibid., par. 18, p. 80. 9. Jeffrey GROS, FSC, Harding MEYER et William G. RUSCH, éd., Growth In Agreement II: Reports and Agreed Statements of Ecumenical Conversations on a World Level, 19821998, Publications COE, Genève ; Grand Rapids, Michigan: William B. Eerdmans Publishing Company, 2000, pp. 862875. 10. Op. cit., 43. « Church and Justification: Würzburg, Germany, 11 September 1993 », Sec. 3.4.3 pp. 509-511. Il est cité trois fois dans le chapitre sur la compréhension catholique de l’Église locale. 11. Voir « The Church as Koinonia of Salvation: Its Structures and Ministries » (ci-après : The Church as Koinonia), A Common Statement of the Tenth Round of the U.S. Lutheran-Roman Catholic Dialogue, p. 7, par. 21, n.33. consultable sur le site Internet de l’Église évangélique luthérienne en Amérique (www.elca.org), Ecumenical InterReligious Relations, Bilateral Conversations, Roman Catholic Church, The Church as Koinonia of Salvation. 12. Correspondance email de Mary TANNER à l’auteur, 6 février 2015. 13. Michael KINNAMON, Can A Renewal Movement Be Renewed? Questions for the Future of Ecumenism, Grand Rapids, Michigan, Wm. B. Eerdmans Publishing Co., 2014. 14. Sixième rapport, op. cit., pp. 86-91. 15. Sixième rapport, op. cit., Annexe B, par. 39, p. 90. 16. Sixième rapport, op. cit., Annexe B, par. 36, p. 90. 17. Sixième rapport, op. cit., Annexe B par. 31, p. 89. 18. Nicolas LOSSKY et. al., éd., Dictionnaire du mouvement œcuménique (ci-après : Dictionnaire), 2e édition, Genève, Publications COE, 2002, « Hiérarchie des vérités », p. 519. 19. Growth In Agreement II, op. cit., pp. 876-883. 20. « The Church as Koinonia…», op. cit., par. 21, note 33, p. 7. 21. Günther GASSMANN et John A. RADANO, éd., The Unity of the Church as Koinonia: Ecumenical Perspectives on the 1991 Canberra Statement on Unity, Publications COE, Genève, Document de Foi et Constitution n. 163. 22. Ibid., p. 5. 45 éléments nouveaux »23. Ils décrivent ensuite ces divers éléments, y compris le concept d’unité comme « ecclésiologie de communion ». Ils ajoutent que « l’accent mis ici sur l’ecclésiologie de koinonia/communion reflète dans une large mesure la contribution de l’engagement de l’Église catholique dans le mouvement œcuménique, en particulier depuis le Concile Vatican II »24. L’étude comprend en outre cinq points de vue sur la déclaration de Canberra du COE : anglican, catholique, orthodoxe, luthérien et Église réformée-unie. Ce texte a été utilisé par l’équipe du COE et par d’autres leaders œcuméniques pour montrer l’évolution du concept de koinonia comme compréhension dominante de l’unité. Il a été utilisé par la Commission Foi et Constitution du Conseil national d’Églises des États-Unis quand elle s’est penchée sur ce thème. exprimées par les représentants de l’Église orthodoxe russe durant les réunions du comité central du COE. Ce texte examine les situations qui « requièrent une attention œcuménique urgente… dans le climat de liberté religieuse récemment retrouvé, entre autres en Europe centrale et orientale », ainsi que dans les nouveaux mouvements missionnaires et dans les pays en voie de développement « où le prosélytisme exploite les infortunes des gens »27. L’étude contient une liste d’activités à éviter28, examine les motifs de tensions29, et recommande huit initiatives pour tenter d’y remédier30. Elle a « fourni à l’Unité II du COE un de ses textes de base pour son propre document de 1997, Vers un témoignage commun »31. Parce que le texte de 1970 et celui de 1995 traitent également de la liberté religieuse32 et des droits des communautés minoritaires, ces trois textes demeurent aussi importants aujourd’hui qu’ils ne l’étaient au moment où ils ont été écrits. D’après Mark Heim, un membre de la Commission Foi et Constitution, le texte de 1982 continue d’être considéré comme un point de référence pour la compréhension œcuménique du témoignage chrétien ; c’est « une base que nous n’avons plus besoin de rediscuter ». Heim a ajouté qu’il avait souvent été mentionné « dans les restaurants et les cafés » de Saint-Jacques de Compostelle dans les conversations avec les participants pentecôtistes et évangéliques. Il se souvient d’un moment de vive tension en plénière quand, en réponse aux inquiétudes exprimées par les représentants orthodoxes russes, le délégué pentecôtiste Cecil « Mel » Robeck s’est levé et a dit : « C’est de moi que vous parlez ». Ensuite, il s’est référé à l’étude du GMT, en soulignant l’utilité du travail accompli sur ce thème. Le texte de 1995 a été publié en entier dans le bulletin Service d’information33 du CPPUC et dans Growth In Agreement II34. En commentant toutes ces études, le Pr Michael Root m’a dit qu’elles « fournissent en quelque sorte un point de référence que les autres peuvent consulter pour y trouver une orientation. Elles définissent les notions et les questions en termes généralement acceptés. Dans les discussions œcuméniques, c’est très important… ». DÉFIS SPÉCIFIQUES Le problème du prosélytisme et la recherche d’un témoignage commun responsable étaient si pressants qu’ils ont été traités trois fois par le GMT : d’abord en 1970, puis de nouveau en 1982 en collaboration avec la Commission de mission et d’évangélisation, et enfin en 1995 dans une étude intitulée « Le défi du prosélytisme et l’appel au témoignage commun ». Le texte de 1970 définissait le prosélytisme comme « tout ce qui viole le droit de toute personne humaine, chrétienne ou non, à ne subir aucune contrainte extérieure en matière religieuse, ou les manières de proclamer l’Évangile qui ne sont pas conformes aux voies de Dieu qui invite l’homme à répondre librement à son appel et à le servir en esprit et vérité »25. Des chapitres de cette étude ont été inclus dans l’anthologie de textes œcuméniques de Michael Kinnamon et Brian E. Cope26. Un autre texte qui aborde un défi spécifique est « Le défi du prosélytisme et l’appel au témoignage commun » (1998), qui se trouve en annexe au Septième Rapport du GMT. En relisant ce texte, j’ai souligné quasiment chaque phrase. Force est de reconnaître que le fossé entre les points de vue sur certaines questions de morale s’est plutôt creusé depuis lors, et que la capacité de mener un dialogue respectueux a diminué, tant à l’intérieur des Églises En 1998, sept ans après la dissolution de l’Union Soviétique, le GMT a répondu aux inquiétudes 27. GROUPE MIXTE DE TRAVAIL ENTRE L’ÉGLISE CATHOLIQUE ET LE CONSEIL ŒCUMÉNIQUE DES ÉGLISES, 23. Ibid., p. 6. 24. Ibid., p. 7. 25. GROUPE MIXTE DE TRAVAIL ENTRE L’ÉGLISE CATHOLIQUE ET LE CONSEIL ŒCUMÉNIQUE DES ÉGLISES, « Troisième rapport» (ci-après : Troisième rapport), Annexe II, SI 14 (1971/II), par. 8.4, p. 20. 26. Cf. Michael KINNAMON et Brian E. COPE, éd., The Ecumenical Movement: An Anthology of Key Texts and Voices, Genève, Publications COE ; Mission and Evangelism: Toward Common Witness throughout the Earth, Grand Rapids, Michigan, William B. Eerdmans Publishing Company, 1997, Chap. VI, pp. 384-387. « Septième rapport (1999-2005) » (ci-après : Septième rapport), Appendice C, SI 91 (1996/I-II), par. 2, p. 80. 28. Ibid., par. 19, p. 83. 29. Ibid., par. 21-30, pp. 84-85. 30. Ibid., par. 32, p. 85. 31. Septième rapport, SI 97 (1998/I-II), 6, par. 4, p. 75. 32. Septième rapport, Appendice C, op. cit., III, par. 1517, pp. 82-83. 33. CONSEIL PONTIFICAL POUR LA PROMOTION DE L’UNITÉ DES CHRÉTIENS, Service d’information 91 (1996/I-II), pp. 80-86. 34. Growth In Agreement II, op. cit., pp. 891-899. 46 qu’entre elles, ce qui ôte une partie de sa force au témoignage chrétien. fonctionnent correctement ? Quelles sont celles qui ne fonctionnent pas correctement ? Pourquoi ? »40. Cette étude se penche sur les motifs de division, note les variations entre les Églises dans les méthodes employées pour prendre des décisions sur les questions de morale, et propose quelques directives. Et elle met en garde : si les Églises ne trouvent pas de moyens constructifs pour résoudre leurs conflits, « les chrétiens continueront encore à caricaturer leurs intentions, raisonnements et comportements respectifs, parfois même en un langage et par des actes offensants. Le dialogue devrait prendre la place de la diatribe»35. La directive n. 10 dit que « si le dialogue révèle encore l’existence de positions morales sincères mais apparemment inconciliables, nous sommes convaincus que le fait d’être ensemble en Christ est fondamentalement plus important que nos différences morales. Notre profond désir de trouver une solution intègre et sincère à nos désaccords est lui-même la preuve que Dieu continue d’accorder sa grâce à la koinonia qui existe entre les disciples du Christ »36. Le Directoire pour l’application des principes et des normes sur l’œcuménisme du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens (1993) mentionne parmi les questions à examiner avant que l’Église catholique ne décide de se joindre à un conseil régional ou de participer à une nouvelle association « le système de représentation, le droit de vote, les procédures pour prendre des décisions, la manière de faire des déclarations publiques et le degré d'autorité attribué à ces déclarations »41. Dans cette liste, un lecteur attentif peut discerner une série de questions névralgiques qui peuvent se faire jour dans les conseils. Le texte aborde franchement les problèmes, les moyens de les éviter et, si nécessaire, de les résoudre. Il suggère aussi des alternatives à la pleine participation lorsque la pleine participation des membres n’est pas assurée. La méthode employée par le GMT pour élaborer ce texte a contribué à son succès. Avant d’entamer la rédaction, on a posé les questions : Qu’est-ce qui fonctionne bien ? Qu’est-ce qui ne fonctionne pas bien ? Pourquoi ? au cours d’une réunion des directeurs des conseils nationaux aux États-Unis, ce qui a permis de mieux cerner ces questions, tout en intéressant ces derniers aux résultats. Cette même technique a été employée une nouvelle fois lors de la présentation d’un avant-projet à une rencontre des secrétaires généraux des conseils nationaux à Genève. Les rédacteurs leur ont demandé de participer à l’étude et au processus de réponse. Les conseils nationaux qui avaient demandé cet avant-projet étaient ceux d’Autriche, GrandeBretagne et Irlande, France (la Fédération protestante de France a traduit le texte de l’anglais au français), Inde, Norvège, République de Slovaquie, Suède, Suisse et Tanzanie. Une fois publié, le texte a été distribué à l’occasion d’une nouvelle rencontre des secrétaires généraux des conseils nationaux d’Églises, et quelquesuns d’entre eux en ont discuté avec les membres de leurs conseils de direction. Ce texte a été publié en entier dans le bulletin du CPPUC, Service d’information42, et dans Growth In Agreement III43. Ce texte a été utilisé dans le processus de réflexion de Foi et Constitution sur le discernement moral dans les Églises. Tom Stransky y renvoie dans une note en bas de page à son article sur la « hiérarchie des vérités » pour le Dictionnaire du mouvement œcuménique37. Le texte a été publié en entier dans le bulletin du CPPUC, Service d’information38, et dans Growth In Agreement II39. Quand j’étais directrice du Conseil des Églises du Massachusetts, j’ai utilisé ce texte à l’occasion d’une rencontre œcuménique entre chefs religieux et comme lecture préparatoire avant un conseil de direction chargé de dresser le bilan de plusieurs mois de dialogue, en préparation d’un referendum public sur le suicide médical assisté. Un autre document qui aborde un défi spécifique, « Inspirés par la même vision : la participation catholique aux conseils nationaux et régionaux d'Églises » (2005), examine « la nature, les dimensions et la qualité de la participation de l’Église catholique aux conseils d’Église et aux organisations œcuméniques régionales ». À l’époque de sa rédaction, la quasi-totalité des conseils régionaux du Proche-Orient, d’Océanie et des Caraïbes étaient composés de catholiques ; en outre, les catholiques étaient majoritaires dans 70 conseils nationaux d’Églises sur un total d’environ 120. Divisée en huit chapitres, cette étude tente de répondre aux questions : « Quelles sont les choses qui 40. GROUPE MIXTE DE TRAVAIL ENTRE L’ÉGLISE CATHOLIQUE ET LE CONSEIL ŒCUMÉNIQUE DES ÉGLISES, « Huitième rapport » (ci-après : Huitième rapport), Annexe E, SI 117 (2004/IV), p. 222. 41. Ibid., 228. 42. CONSEIL PONTIFICAL POUR LA PROMOTION DE L’UNITÉ DES CHRÉTIENS, SI 117 (2004/IV), pp. 222-240. 43. Jeffrey GROS, FSC, Thomas F. BEST, Lorelei F. FUCHS, SA, éd.., Growth In Agreement III: International Dialogue Texts and Agreed Statements, 1998-2005, Genève, Publications COE ; Grand Rapids, Michigan, William B. Eerdmans Publishing Company, 2007, pp. 531-558. 35. Septième rapport, Appendice B, SI 91 (1996/I-II), par. I.3, p. 88. 36. Ibid., par. 10, p. 94. 37. Dictionnaire, op. cit., p. 519. 38. CONSEIL PONTIFICAL POUR LA PROMOTION DE L’UNITÉ DES CHRÉTIENS, SI 84 (1993/III-IV), pp. 182-186. 39. Growth In Agreement II, op. cit., pp. 900-910. 47 la famille ecclésiale »50. S’appuyant sur la mise en réseau, les rédacteurs ont fait circuler sur Internet un texte de six pages sur la tendance à « croire sans appartenir »51, en faisant ainsi participer un nombre bien plus grand de personnes à la réflexion. L’étude a été publiée dans le bulletin du CPPUC Service d’information52. Il paraîtra dans Growth In Agreement IV lors de la publication du livre. CULTIVER UNE MENTALITÉ ŒCUMÉNIQUE Les professionnels de l’œcuménisme savent combien il est utile de pouvoir travailler avec des confrères qui connaissent l’histoire, la théorie et la pratique du mouvement œcuménique. Pourtant, on a formé des générations de clercs très mal informés de l’œcuménisme, ce qui a eu des effets négatifs dans toutes les Églises. Les leaders religieux sont conscients de ce problème et tentent d’y remédier. L’étude du GMT sur « La formation œcuménique : réflexions et suggestions œcuméniques » (1998) reconnaît cette difficulté. Cette étude prend en considération le Directoire pour l’application des principes et des normes sur l’œcuménisme du Conseil Pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens qui contient un chapitre entier sur la formation à l’œcuménisme dans l’Église catholique, avec des recommandations pour les programmes de cours44. Le texte du GMT a été largement utilisé : par les professeurs de l’Institut œcuménique de Bossey, dans les cours de la Faculté de théologie grecque orthodoxe de la Sainte-Croix, par les équipes du COE dans leur programme de formation théologique à l’œcuménisme, ainsi que dans les articles de l’Ecumenical Review qui traitent ce sujet. Il a été publié dans le bulletin Service d’information du CPPUC45 et dans Growth In Agreement II46. Il est mentionné par Ulrich Becker dans son article sur « l’apprentissage œcuménique » du Dictionnaire du mouvement œcuménique47. En faisant une recherche Internet sur la « formation œcuménique », j’ai trouvé de nombreux liens vers le COE, vers ses membres, et vers l’Église catholique. Bien qu’elle ne soit pas facilement accessible, l’étude du GMT se trouve parmi les documents liés au programme du COE sur « Éducation et formation œcuméniques » sous « ressources »48. Le but de l’étude intitulée « Implications ecclésiologiques et œcuméniques du baptême commun » (2005)53 était d’« aider les Églises à faire fond sur cet accomplissement et en particulier sur la contribution que lui apporte la reconnaissance croissante d’un baptême commun »54. Ce texte n’entre pas facilement dans ma typologie. Il porte principalement sur les progrès de la convergence œcuménique sur le baptême, sur les divergences qui subsistent encore, et sur leurs implications ecclésiologiques. Parce qu’il se termine par des recommandations pastorales pratiques, j’ai choisi de l’inclure dans la section « cultiver une mentalité œcuménique ». Cette étude énumère les accords œcuméniques dans lesquels une compréhension mutuelle du baptême a été à la base des avancées55. En même temps, elle attire l’attention sur deux questions ecclésiologiques non encore résolues : le besoin d’une compréhension commune de la foi apostolique56 et « la question de la nature et des buts de l’Église et de son rôle dans l’économie du salut »57. Elle invite les Églises à accroître la visibilité des avancées, et fait plusieurs suggestions à cet effet : elle recommande que les instances œcuméniques telles que les conseils d’Églises se réfèrent au baptême dans leurs bases théologiques58; que les déclarations communes exprimant la reconnaissance mutuelle et les certificats communs de baptême soient développés au niveau local59 ; que les Églises considèrent « l’envoi et l’accueil de représentants pour assister ou prendre part aux cérémonies baptismales respectives… et la reprise des principales fêtes chrétiennes telles que Pâques, Pentecôte, Épiphanie comme moments communs pour la célébration du baptême »60. « L’Église dans la vie des jeunes et les jeunes dans la vie de l’Église » (2013), préparé pour le Neuvième rapport du GMT, s’efforce de promouvoir la coopération entre les jeunes, définis généreusement comme les personnes d’un âge compris entre 18 et 35 ans49, et de découvrir comment les jeunes « vivent leur appartenance, ou découvrent le besoin d’appartenir, à 44. PONTIFICIUM CONSILIUM AD CHRISTIANORUM UNITATEM FOVENDAM, Directoire pour l’application des principes et des normes sur l’œcuménisme, Cité du Vatican, 25 mars 1993, III, « La formation à l’œcuménisme dans l’Église catholique », pp. 31-50, « Cours spécial d’œcuménisme », par. 79-80, pp. 42-44. 45. SI 84 (1993/III-IV), pp. 182-186. 46. Growth In Agrement II, op. cit., pp. 884-890. 47. Dictionnaire, op. cit., p. 379. 48. On peut le consulter aussi sur www.sedosmission.org/web/en/mission-article. Voir aussi https://www.google.ch/search?q=JWG+formation+ecume nical&ie=UTF-8&oe=UTF-8&hl=de&client=safari. 49. GROUPE MIXTE DE TRAVAIL ENTRE L’ÉGLISE CATHOLIQUE ET LE CONSEIL ŒCUMÉNIQUE DES ÉGLISES, « Neuvième rapport 2007-2012 » (ci-après : Neuvième rapport), SI 143 (2014/I), pp. 36-107. Cette étude, écrite en collaboration avec Foi et Constitution, a constitué une occasion d’enrichissement 50. Ibid., p.102. 51. Ibid., par. 28, p. 105. 52. CONSEIL PONTIFICAL POUR LA PROMOTION DE L’UNITÉ DES CHRÉTIENS, SI 143 (2014/I), pp. 101-107. 53. Huitième rapport, op. cit., pp. 193-211. 54. Ibid., par. 8, p. 194. 55. Ibid., voir par. 25-29, pp. 197-198. 56. Ibid., par. 56, p. 202. 57. Ibid., par. 57, p. 202. 58. Ibid., par. 102, pp. 209. 59. Ibid., par. 103, p. 209. 60. Ibid., par. 104, p. 209. 48 mutuel direct, en temps réel. L’étude du GMT souligne certaines préoccupations particulières exprimées par les représentants catholiques, comme le remplacement de la formule baptismale traditionnelle (Père, Fils et SaintEsprit) par une formule alternative, et « l’admission de personnes à l’Eucharistie avant le baptême »61. qui a trait aux voyages éducatifs comme moyen pour favoriser les rencontres entre chrétiens de diverses traditions « en cherchant à favoriser le dialogue et l’échange des dons spirituels »69; 4) occasions de s’engager sur un programme, tel que les rencontres bibliques communes ou les projets de mission commune qui ravivent l’élan œcuménique70; 5) occasions de promouvoir l’éducation œcuménique, notamment en encourageant les professeurs universitaires à présenter clairement les racines spirituelles de l’œcuménisme à leurs étudiants71. Le texte est publié en entier dans le bulletin du CPPUC Service d’information62 et dans Growth In Agreement III63. Il a été utilisé dans les cours de formation œcuménique. Il est cité dans des ouvrages sur le baptême tels que Baptism Today publié sous la direction de Thomas F. Best64 et Baptized into Christ: A Guide to the Ecumenical Discussion on Baptism de Dagmar Heller. Le texte a été publié en entier dans le bulletin du CPPUC Service d’information72. Il sera publié dans Growth In Agreement IV. Un article sur les « fruits concrets » a paru dans le journal Ecumenical Trends73 publié par l’Institut œcuménique et interreligieux Graymoor, et a été largement distribué lors de la Xe Assemblée du COE à Busan. Teresa Rossi a dit qu’elle recommandait la lecture de ce texte aux étudiants de son cours d’introduction à l’œcuménisme. L’étude « Être renouvelés dans l’Esprit : les racines spirituelles de l’œcuménisme » (2013) se donnait deux objectifs : rappeler aux chrétiens l’élan spirituel qui est au cœur du mouvement œcuménique et offrir aux Églises des moyens pratiques pour accueillir cet élan. « Après avoir précisé le sens qu’elle donne aux termes spiritualité et œcuménisme, employés bien souvent de façon imprécise, cette étude examinera brièvement les bases théologiques de l’œcuménisme spirituel ; elle se penchera sur les pratiques de piété, de prière et de culte qui nourrissent ces racines spirituelles ; elle mettra en lumière comment Dieu, en Christ et par l’Esprit Saint, communique une nouvelle vie aux chrétiens à travers l’exemple des saints et les rencontres transformantes ; enfin, elle présentera aux Églises quelques moyens pratiques pour traduire ces fondements dans leur vie de tous les jours »65. PROCESSUS D’ENGAGEMENT ŒCUMÉNIQUE Le dialogue œcuménique a été initié par le GMT en 1967. Depuis lors, nombre de dialogues bilatéraux et multilatéraux se sont développés, et de nouveaux facteurs, tels qu’une insistance accrue sur l’identité confessionnelle, sont apparus. Ce sujet a été repris en 2005 dans une étude intitulée « Nature et objet du dialogue œcuménique »74. Ce texte examine les bases théologiques du dialogue, énumère quelques principes destinés à rendre l’engagement plus constructif, et contient un paragraphe très intéressant sur « spiritualité et pratique du dialogue œcuménique »75. Il souligne l’importance d’examiner « les facteurs historiques et socio-économiques qui affectent les questions doctrinales »76, en observant que « le dialogue avec les chrétiens dont nous sommes séparés exige que nous examinions la façon dont notre identité s’est construite en opposition à celle des autres, c’est-à-dire comment nous nous sommes identifiés par ce que nous ne sommes pas. Surmonter les constructions d’identité polémiques requiert de nouveaux efforts pour articuler l’identité de manière plus positive, en distinguant entre identité confessionnelle comme signe de fidélité à la foi, et confessionnalisme comme idéologie érigée en inimitié à Les recommandations pratiques sont divisées en cinq catégories : 1) occasions de prier ensemble, par exemple en imaginant de nouvelles façons pour les participants à la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens de s’engager les uns vis-à-vis des autres66 ; 2) occasions de rendre témoignage œcuménique, par exemple à travers les visites œcuméniques qui permettent d’entretenir des contacts personnels67; 3) occasions d’offrir l’hospitalité œcuménique, notamment lors des rites de passage et en soignant tout particulièrement la préparation des cérémonies où des invités œcuméniques seront présents68. Une recommandation particulièrement intéressante est celle 61. Ibid., par. 109 (10), p. 210. 62. CONSEIL PONTIFICAL POUR LA PROMOTION DE L’UNITÉ DES CHRÉTIENS, SI 117 (2004/IV), pp. 193-210. 63. Growth In Agreement III, op. cit., pp. 559-586. 64. Thomas F. BEST, éd., Baptism Today: Understanding, Practice, Ecumenical Implications, Faith and Order Paper, N. 207, Publications COE ; A Pueblo Book, Collegeville, Minnesota, Liturgical Press, 2008. Voir p. vii, et les articles de Paul FIDDER (p. 79) et Karen B. WESTERFIELD TUCKER (p. 214). 65. Neuvième rapport, op. cit., par. 1, p. 84. 66. Neuvième rapport, op. cit., A, p. 97. 67. Neuvième rapport, op. cit., B, p. 97. 68. Neuvième rapport, op. cit., C, pp. 97-98. 69. Neuvième rapport, op. cit., C, p. 98. 70. Neuvième rapport, op. cit., D, p. 98. 71. Neuvième rapport, op. cit., E, p. 99. 72. CONSEIL PONTIFICAL POUR LA PROMOTION DE L’UNITÉ DES CHRÉTIENS, SI 143 (2014/I), pp. 83-100. 73. Diane C. KESSLER, « Spiritual Roots, Practical Fruits: Insights from One Study in the Joint Working Group Ninth Report », Ecumenical Trends, Vol. 42, n. 9, octobre 2013, pp. 6/134 à 8/136, et 14/142. 74. Huitième rapport, op. cit., pp. 211-222. 75. Huitième rapport, op. cit., par. 37-42, pp. 215-216. 76. Huitième rapport, op. cit., par. 52, p. 217. 49 l’égard des autres »77. Il se termine par deux études de cas. tous les membres du dialogue entre pentecôtistes et catholiques. L’étude a été publiée dans le bulletin du CPPUC Service d’information86. Elle sera publiée dans Growth In Agreement IV. Ce texte a été publié en entier dans le bulletin du CPPUC Service d’information78 et dans Growth In Agreement III79. Il a été utilisé par les leaders œcuméniques au moment d’entamer un nouveau dialogue et recommandé aux nouveaux membres invités à participer à un dialogue. Sa lecture est recommandée aux étudiants qui participent au cours d’été d’introduction à l’œcuménisme au centre ProUnione. COMMENT AUGMENTER L’IMPACT DES TEXTES DU GMT ? La présente enquête est une occasion de considérer ce qui peut favoriser la réception des recommandations du GMT. Tous ceux qui sont chargés de rédiger une étude devraient en tenir compte au début de leur travail. Quelles sont les leçons que nous pouvons en tirer ? Voici quelques observations : « La réception, enjeu fondamental des avancées œcuméniques (2013) »80 définit la réception comme « le processus par lequel les Églises prennent à leur compte les résultats de toutes leurs rencontres, et surtout les convergences et les accords réalisés sur des questions au sujet desquelles elles ont été historiquement divisées »81. Cette étude est divisée en cinq parties, se terminant chacune par une série d’enseignements et recommandations. Elle décrit les différentes approches à la réception qui reflètent des différences ecclésiologiques. Elle se penche sur la façon dont la réception a permis aux Églises de prendre des initiatives pour surmonter les divisions. Elle identifie les difficultés non encore résolues. Et elle met en lumière comment la formation à l’œcuménisme peut contribuer à une réception réussie. - - - Cette étude comprend un chapitre qui décrit dans le détail le processus de réception82. À ceux qui veulent comprendre comment a lieu la réception dans chaque communion, ce texte fournit une description concise et sans fard. Il montre combien ce processus est complexe, diversifié, lent et laborieux, pour ne parler que des niveaux officiels de la réception. Sans une détermination ciblée, la réception n’a pas lieu83. Il présente en outre une synthèse des initiatives positives qui ont été prises84. Et il décrit des exemples de situations où la réception a été problématique. Il s’inscrit en faux contre « une sorte de surcharge de textes œcuméniques et de demandes de réponses alors que beaucoup d’Églises doivent faire face à une baisse des ressources humaines et financières dont elles disposent pour mener à bien leur engagement œcuménique »85. - - S’agissant d’une étude assez récente du GMT, il est encore trop tôt pour pouvoir en mesurer l’impact, mais Teresa Rossi a dit qu’elle avait discuté de ce texte avec 77. Huitième rapport, op. cit., par. 40, p. 216. 78. CONSEIL PONTIFICAL POUR LA PROMOTION DE L’UNITÉ DES CHRÉTIENS, SI 117 (2004/IV), pp. 211-222. 79. Growth In Agreement III, op. cit., pp. 587-604. 80. Neuvième rapport, op. cit, pp. 53-82. 81. Neuvième rapport, op. cit, par. 1, p. 54. 82. Neuvième rapport, op. cit, par. 36-53, pp. 60-63. 83. Neuvième rapport, op. cit, par. C 1, p. 63. 84. Neuvième rapport, op. cit, pp. 64-76. 85. Neuvième rapport, op. cit, par. 123, p. 77. Si une étude se penche sur un problème pressant et profondément ressenti par un grand nombre de personnes, en offrant des éléments de réflexion utiles, elle sera utilisée. Le travail du GMT sur prosélytisme et témoignage commun en est un bon exemple Lorsqu’une étude est motivée par un problème pressant, il faut s’assurer que les parties intéressées en ont reçu une copie et les inviter à engager une discussion sur le sujet. Si les représentants des destinataires d’une étude sont engagés concrètement dans la préparation d’un texte, leur intérêt pour les résultats grandit. L’étude sur la participation de l’Église catholique aux conseils d’Églises en est un bon exemple. Le rôle des leaders œcuméniques qui ont une certaine familiarité avec ces études est crucial pour en favoriser la diffusion, que ce soit dans les rencontres, les cours de formation, les dialogues ou les publications. Les personnels du COE et du CPPUC et les spécialistes de l’œcuménisme peuvent jouer un rôle essentiel comme gardiens et passeurs de ces connaissances. Ils peuvent indiquer le chemin à suivre. Et chaque membre du GMT doit se considérer comme un ambassadeur œcuménique, en diffusant des informations sur le travail accompli. Une fois que le texte d’une étude a été adopté par les organismes mandataires, il faudrait publier des communiqués de presse ou des articles à ce sujet dans les journaux œcuméniques, ce qui augmenterait le nombre des lecteurs. Ceux qui ont la capacité d’influer sur les programmes des manifestations œcuméniques pourraient suggérer que le texte soit étudié dans un atelier ou discuté en plénière. En Amérique du Nord, par exemple, cela pourrait avoir lieu lors du rassemblement annuel de l’Académie des œcuménistes 86. CONSEIL PONTIFICAL POUR LA PROMOTION DE L’UNITÉ DES CHRÉTIENS, SI 143 (2014/I), pp. 53-82. 50 - - d’Amérique du Nord ou de l’Atelier national sur l’unité des chrétiens. Ces textes peuvent aussi être consultés sur Internet par les chercheurs, les professeurs universitaires, les étudiants, ou même les simples curieux. L’étude sur la formation œcuménique est accessible sur Internet, mais il m’a fallu une demi-heure pour la trouver. C’est trop long. Le personnel du COE et du CPPUC devraient faire en sorte que les textes soient plus facilement accessibles à l’aide des moteurs de recherche. Les membres des conseils d’Églises sont nos alliés. Il faut les informer régulièrement de ce qui est disponible, car ils savent à qui telle ou telle étude pourrait être utile. Par exemple, lorsque la Commission Foi et Constitution du Conseil national d’Églises des États-Unis a commencé à travailler sur l’ecclésiologie de communion, le secrétaire général leur a signalé le document « L’unité de l’Église en tant que koinonia ». TÉMOIGNAGE PERSONNEL Évêque Jonas Jonson Dans les années qui ont suivi mon départ en retraite comme évêque diocésain, j’ai consacré un certain temps à écrire l’histoire de l’œcuménisme et j’ai entre autres rédigé une biographie du fondateur du Mouvement Life and Work, Nathan Söderblom. Cet été, 90 ans se seront écoulés depuis la Conférence chrétienne universelle sur Life and Work tenue à Stockholm, en 1925. Aidé par une vision claire et une incroyable persévérance, l’Archevêque suédois Nathan Söderblom réussit à rassembler les Églises de la Réforme et un certain nombre d’Églises orthodoxes orientales pour offrir ensemble une contribution à la paix et à la justice sociale. Cela eut lieu après l’immense dévastation que fut la Première guerre mondiale. Le Mouvement œcuménique moderne était né en réponse à ce désastre humain. Söderblom croyait vraiment en un œcuménisme spirituel n’empiétant pas sur la confession, les strucutres ecclésiales ou l’expression liturgique. Respectueux de l’individualité des Églises, son concept d’unité était vaste et non dogmatique. Une authentique spiritualité centrée sur la croix du Christ unirait tous les croyants en vue d’une action commune. Life and Work devint une des pierres angulaires d’une aventure œcuménique qui détourna les Églises de leurs inimitiés et de leurs divergences pour leur faire découvrir la réciprocité et la convergence. Toute demande de supériorité ou d’uniformité était rejetée : ce à quoi il désirait parvenir était une libre coopération en faveur de la paix et la justice, pour la vie du monde. Alors que je préparais cet exposé, je me suis rappelé combien il est important de réunir les chrétiens de diverses traditions, cultures, expériences qui ont une compétences dans un domaine particulier, pour réfléchir ensemble sur une question et partager les résultats. J’ai été impressionnée, une fois de plus, par la grande qualité et l’actualité de ces diverses études. Et quand j’ai consulté mes confrères œcuménistes à ce sujet, cela a eu une conséquence positive quoique involontaire, en leur rappelant l’existence de ressources qu’ils avaient négligées ou oubliées, si toutefois ils les ont jamais connues. C’est pourquoi je voudrais faire ici deux recommandations qui sont liées entre elles. Le GMT et les organismes qui en sont les mandataires devraient faire en sorte de rendre ces documents accessibles à de nouveaux publics ou, pour employer une image biblique, mettre le vieux vin dans une outre neuve. Trouver de nouveaux moyens pour diffuser ces études. Et cela, en faisant appel à la fois aux moyens traditionnels et aux technologies les plus récentes. En outre, pour en faciliter l’accès, tous ces rapports devraient être regroupés au même endroit dans les sites Internet des organismes mandataires. Il est réconfortant de voir qu’avec le temps – un temps probablement beaucoup trop long du point de vue des œcuménistes impatients et vieillissants – les idées ont donné naissance à de nouvelles initiatives, et des avancées se sont fait jour. Autrement dit, aussi longtemps que les Églises ressentiront le besoin d’une réconciliation dans l’Église et dans le monde, il y aura du travail à faire, et le Groupe mixte de travail est un élément essentiel dans cette recherche. L’Église catholique avait également été invitée à participer à cette Conférence mais répondit par un non possumus et, provoqué par la Conférence de Stockholm, en 1925, et celle de Foi et constitution à Lausanne, en 1927, le Pape Pie XI promulgua en 1928 l’Encyclique Mortalium animos sur « L’unité de la véritable Église ». Son attitude était sans compromis, rejetant tous les efforts tendant à ouvrir un dialogue œcuménique. Les personnes engagées dans l’œcuménisme n’étaient pas seulement accusées de se tromper : elles déformaient le concept véritable de religion et par conséquent le rejetaient. Une seule issue était proposée : le retour dans l’Église catholique et la subordination inconditionnelle à Rome. Söderblom opposa l’humble conviction qu’une Église devrait reconnaître la catholicité d’une autre et coopérer même si elles ne sont pas pleinement unies. Le dialogue approfondi qu’il engagea avec le P. Max Pribilla, SJ permit d’éclaicir les diverses positions mais Söderblom étant décédé en 1931, le débat ne parvint jamais à aucune conclusion. C’était bien avant Vatican II et son Décret sur Jonas Jonson est évêque émérite du diocèse de Strängnäs de l’Église de Suède. Il a participé activement à la vie et au travail du COE pendant plus de cinquante ans et a été comodérateur du GMT au cours de son huitième mandat (1999-2005). Traduction de l’anglais SI 51 l’œcuménisme (Unitatis redintegratio, 1964) qui modifia radicalement la scène œcuménique. diverses occasions de profond partage spirituel, par exemple lors de l’ouverture de la Porte Sainte, de la commémoration œcuménique des témoins de la foi du XXe siècle et au début du troisième millénaire. Bien que le document Dominus Jesus (2001) ait beaucoup tempéré l’enthousiasme œcuménique, une consultation lors du 40e anniversaire du Groupe mixte de travail réaffirma avec force l’importance du dialogue et de la coopération. Pour le Conseil œcuménique, ce fut la période où fut lancée la réflexion intitulée « Vers une Conception et une vision communes du COE », une tentative de reconfiguration du Mouvement œcuménique dans son ensemble, la création du Forum chrétien mondial incluant des communautés chrétiennes n’adhérant pas au COE, et en particulier la restructuration des relations avec les Églises orthodoxes. Il arriva que de graves problèmes internes à l’Église catholique et au Conseil œcuménique débordent dans nos débats et soient source de propos acerbes mais la confiance réciproque et l’intégrité théologique résistèrent à l’épreuve. Il est certain qu’un profond sentiment de frustration s’était insinué dans le groupe mais lorsque notre rapport fut finalement présenté aux organes promoteurs, nous étions tous fiers et reconnaissants. Alors que nous sommes ici réunis en ce 50e anniversaire du Groupe mixte de travail (GMT), environ un siècle plus tard, parmi nous nombreux sont ceux qui adhéreraient à l’œcuménisme de Söderblom profondément ancré dans le spirituel et à son appel en faveur d’une coopération concrète malgré les diversités ecclésiales. Durant les années qui ont suivi Mortalium animos, le monde a changé de même que les Églises. Je me souviens de mon évêque de retour du Concile auquel il avait participé en tant qu’observateur luthérien, nous racontant ce qui était en cours de réalisation. C’est à ce moment que débuta mon propre parcours œcuménique qui devait me porter à prendre part au Groupe mixte de travail. Aujourd’hui, nous ne pouvons même pas imaginer les condamnations mutuelles des années 1920, ni même comprendre qu’il était totalement impossible de nous rencontrer et de tisser des liens tant au niveau personnel qu’au niveau de nos Églises. Le Groupe mixte de travail a joué un rôle clé dans le processus œcuménique. Elle n’a pas toujours été très visible, on en a peu parlé, mais cette commission officielle, portant cet humble nom comme s’il s’agissait d’un groupe sans caractère officiel, a constamment mesuré la température œcuménique et servi de laboratoire pour le dialogue et la coopération œcuméniques. Cette relation structurée et soutenue entre le Conseil œcuménique des Églises et l’Église catholique a fait l’objet de neuf rapports. Ils font désormais partie de l’histoire œcuménique et donnent à voir à la fois les idées et les entreprises, les problèmes et les espoirs, l’engagement et les convergences. Le Groupe mixte de travail a été, sinon une opération innovatrice, du moins un indispensable instrument de promotion de l’appel à l’unité visible. Le Groupe mixte de travail a pour tâche de suivre l’évolution de la situation œcuménique, d’encourager de nouvelles initiatives, d’analyser et d’agir à chaque fois où l’unité chrétienne peut être renforcée, que ce soit dans la vie, la liturgie ou l’enseignement de l’Église. En de nombreuses occasions, le Groupe mixte de travail a incité les organes dont il dépend à être plus courageux, à rechercher des opportunités créatives et proposer de nouvelles étapes et de nouveaux programmes. Au cours des années, une importante coopération a eu lieu dans divers domaines mais il n’en reste pas moins que le Groupe mixte de travail s’est davantage intéressé à ce qui pourrait être défini comme des questions relevant de Foi et constitution plutôt que de Life and Work. Les objectifs étaient trop restreints et l’approche œcuménique manquait d’ampleur. Avec la grande et stimulante Encyclique du Pape François sur la crise de l’environnement, Laudato si’, une nouvelle base nous est offerte pour une coopération étendue et déterminée car les questions ayant trait à l’environnement ont été à l’ordre du jour du Conseil œcuménique pendant des décennies et, depuis de nombreuses années, une priorité pour le Patriarcat œcuménique. Comme l’a affirmé le Secrétaire général Olav Fykse Tveit : « Cette Encyclique montre à tous que ces questions sont au cœur de notre foi chrétienne et qu’en tant que chrétiens, nous devrions les affronter ensemble comme des questions relatives à la justice et à la paix. Il est temps que nous nous concentrions sur notre responsabilité commune en tant qu’êtres humains et sur la manière dont, en tant qu’Églises, nous devrions soutenir ceux qui sont prêts à intervenir pour faire les changements nécessaires ». J’ajouterais que cette Encyclique ouvre à une réflexion théologique Pendant le huitième mandat (1999-2005) du GMT, j’ai eu le privilège d’être comodérateur avec l’Archevêque Mario Conti de Glasgow. Une certaine méfiance régnait de part et d’autre. L’Église catholique avait préféré ne pas participer pleinement au processus JPIC (Justice, paix, intégration et création) qui devait conduire à la convocation de l’Assemblée de Séoul. On assistait dans de nombreuses Églises protestantes à une réaffirmation de l’identité confessionnelle. Les orthodoxes se montraient toujours plus critiques vis-àvis de l’engagement œcuménique. L’évangélicalisme conservateur américain gagnait du terrain au détriment du protestantisme classique plus enclin à l’œcuménisme. À la même époque, un certain nombre d’événements et de développements décisifs avaient lieu dans l’Église catholique et dans la communauté du Conseil œcuménique des Églises. Avec l’Encyclique Ut unum sint (1995), le Pape Jean-Paul II allait alimenter abondamment le Mouvement œcuménique ainsi que de nouvelles perspectives. Le Jubilé de l’An 2000 offrit 52 commune sur l’écologie intégrale et les saints sacrements comme signes de sainteté, guérison et intégrité dans notre monde blessé. L’énergie et l’engagement œcuméniques ont tari dans de larges segments de la chrétienté catholique, orthodoxe et protestante. La crise de l’environnement est un désastre aux proportions immenses, dont l’homme est la cause. Elle appelle avec urgence à la réflexion théologique et à l’action communes comme le fit la dévastation de la culture humaine, il y a cent ans. Après cinquante ans d’échange d’informations, de construction de la confiance mutuelle et de renforcement des fondements utiles à une action commune, le Groupe mixte de travail devra affronter de nouveaux défis et contribuer encore davantage à l’accomplissement de la mission œcuménique. L’œcuménisme spirituel pourrait libérer les chrétiens et leur faire découvrir une perspective encore plus vaste que l’unité visible de l’Église : ce qui leur est demandé est rien de moins qu’une pleine reconnaissance de l’unité et de l’intégrité de la création de Dieu. Traduction de l’original anglais SI 53 VISITE À ROME D’UNE DÉLÉGATION DU PATRIARCAT ŒCUMÉNIQUE POUR LA FÊTE DES SAINTS PIERRE ET PAUL (26-29 juin 2015) Parvenir à la pleine unité « représente l’une de mes principales préoccupations » a déclaré le Pape François lors d’une audience accordée dans la matinée du samedi 27 juin 2015, à une délégation du Patriarcat œcuménique de Constantinople venue à Rome pour la Solennité des saints Pierre et Paul. Accompagnés par le Président du Conseil Pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, le Cardinal Kurt Koch, les délégués orthodoxes ont été reçus par le Pape François dans sa bibliothèque privée, au Palais apostolique. La délégation, qui était constituée du Métropolite Ioannis de Pergame, du Métropolite Maxime de Selyvrie et du Protopresbytre Heikki Huttunen, a remis au Saint-Père un message du Patriarche œcuménique. Le Pape François a ensuite prononcé un discours que nous publions ci-dessous, suivi du Message du Patriarche œcuménique. AUDIENCE À LA DÉLÉGATION DU PATRIARCAT ŒCUMÉNIQUE 27 juin 2015 incompréhension, héritage de la longue séparation, et à faire face, dans la vérité mais dans un esprit fraternel, aux difficultés encore existantes. Dans cette perspective, je souhaite aussi réaffirmer mon soutien au précieux travail de la Commission mixte internationale pour le dialogue théologique entre l’Église catholique et l’Église orthodoxe. Les problèmes que nous pouvons rencontrer au cours du dialogue théologique ne doivent pas conduire au découragement ou à la résignation. L’examen attentif de la manière dont s’articulent, dans la vie de l’Église, le principe de la synodalité et le service de celui qui préside, offrira une contribution significative au progrès des relations entre nos Églises. Chers frères, tandis que s’intensifient les préparatifs pour le synode panorthodoxe, je vous assure de ma prière et de celle de tant de catholiques, pour que tous les efforts entrepris soient couronnés de succès. Je compte moi aussi sur votre prière pour l’assemblée ordinaire du synode des évêques de l’Église catholique, sur le thème de la famille, qui aura lieu ici au Vatican au mois d’octobre prochain, et pour laquelle nous attendons également la participation d’un délégué fraternel du patriarcat œcuménique. À propos d’harmonie et de collaboration sur les thèmes les plus urgents, j’ai plaisir à rappeler que lors de la récente conférence de présentation de l’Encyclique Laudato si’ sur la sauvegarde de la maison commune, le patriarche Bartholomée vous a envoyé, cher métropolite Jean, en tant que rapporteur. Je vous remercie à nouveau de votre présence et pour les sentiments de proximité cordiale que vous avez voulu m’exprimer. Je vous prie de bien vouloir transmettre mon salut fraternel à Sa Sainteté le Patriarche Bartholomée et au Saint Synode, ainsi que mes plus sincères remerciements pour avoir voulu envoyer de dignes représentants partager notre joie. Priez pour moi et pour mon ministère. « Paix à vous tous qui êtes dans le Christ ! » (1 P 5, 14). DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS Dans la matinée du samedi 27 juin, le Pape François a reçu en audience une délégation du Patriarcat œcuménique de Constantinople, à l’occasion de la solennité des saints Pierre et Paul. Chers frères dans le Christ, C’est avec joie et amitié cordiale que je vous salue et que je vous souhaite la bienvenue à Rome à l’occasion de la fête des saints Pierre et Paul, patrons principaux de cette Église. Votre présence aux célébrations de notre fête témoigne une fois de plus de la profonde relation qui unit les Églises sœurs de Rome et de Constantinople, préfigurée par le lien qui unit les saints patrons respectifs de nos Églises, les apôtres Pierre et André, frères de sang et dans la foi, unis dans le ministère apostolique et dans le martyre. Je me souviens avec gratitude du chaleureux accueil qui m’a été réservé au Phanar par mon bien-aimé frère Bartholomée, par le clergé et par les fidèles du patriarcat œcuménique, à l’occasion de la saint André, en novembre dernier. La prière œcuménique à la veille de la fête, puis la divine liturgie dans l’Église patriarcale SaintGeorges nous ont offert la possibilité de louer ensemble le Seigneur et de lui demander, d’un commun accord, que se rapproche le jour où la pleine communion visible entre orthodoxes et catholiques sera rétablie. Le baiser de paix échangé avec Sa Sainteté a été un signe éloquent de cette charité fraternelle qui nous anime sur le chemin de la réconciliation et qui nous permettra un jour de participer ensemble à la Table eucharistique. La réalisation de cet objectif, vers lequel nous marchons avec confiance, représente l’une de mes principales préoccupations, pour laquelle je ne cesse de prier Dieu. J’espère donc que les occasions de rencontre, d’échange et de collaboration entre fidèles catholiques et orthodoxes pourront se multiplier de manière à ce que, en approfondissant la connaissance et l’estime réciproques, l’on arrive à surmonter tout préjugé et toute ORF, 2 juillet 2015 54 entre nos Églises. Nous sommes appelés à soutenir ce dialogue de toutes nos forces par une participation active, au sein du comité compétent, des meilleurs représentants théologiques dont disposent nos Églises, afin que ce travail difficile puisse se poursuivre au-delà des motivations politiques ou d'un autre genre, en particulier dans la difficile phase actuelle, où nous examinons la question épineuse de la primauté dans l'église. Toutefois, comme Votre Sainteté l'a souligné, notre unité doit être recherchée et édifiée non seulement dans notre passé commun, mais aussi dans la réalité contemporaine vécue dans le monde, qui nous invite à transmettre à l'homme moderne le message de l'Évangile de la joie, de l'espérance et de l'amour. Nous saluons donc favorablement, Sainteté, vos récents documents, c'est-à-dire Evangelii gaudium publié en 2013, et en particulier l’Encyclique Laudato si', promulguée il y a quelques jours seulement. Cette dernière nous a remplis d'une immense satisfaction, étant donné que notre Très Sainte église de Constantinople a été la première, dans le monde chrétien, à proclamer publiquement la nécessité urgente de protéger l'environnement naturel qui est malheureusement menacé par l'avidité humaine, ce que nous avons fait à travers l'Encyclique, en 1989, de notre prédécesseur de vénérée mémoire, le Patriarche œcuménique Dimitrios, ainsi que par une série de conférences et d'autres activités organisées par notre humble personne. C'est pourquoi, en transmettant ensemble le message de l'Évangile au monde contemporain et en affrontant les problèmes existentiels qui le concernent, nous nous rapprochons les uns des autres également dans notre responsabilité de poursuivre l’œuvre des saints apôtres que nous honorons, manifestant ainsi à travers nos efforts qu'ils « n'auront pas couru pour rien ni peiné pour rien » (cf. Ph 2, 16) et que notre foi « se répand dans le monde entier » (Rm 1, 8). Ces réflexions et ces sentiments personnels, ainsi que nos vœux fraternels à l'occasion de la fête de la Chaire de votre Église sœur, seront apportés à Votre Sainteté par notre délégation guidée par Son Éminence le Métropolite Ioannis de Pergame, accompagné de Son Éminence le Métropolite Maxime de Selyvrie et du très révérend Protopresbytre Heikki Huttunen, qui vous assureront des plus profonds sentiments d'amour et du très grand respect de notre très sainte Église à l'égard de Votre Sainteté et de votre très sainte Église. Puissent les apôtres protocoryphées, que nous honorons ensemble, intercéder toujours « pour la stabilité des saintes Églises de Dieu et pour l'unité de tous ». Amen. 19 juin 2015 De Votre Sainteté, votre frère bien-aimé dans le Seigneur MESSAGE DU PATRIARCHE BARTHOLOMAIOS À l’occasion de la fête des saints Pierre et Paul, la délégation du Patriarcat œcuménique en visite à Rome a remis un message du Patriarche Bartholomaios au Pape : Sainteté et Béatitude le Pape François de l'antiqueRome : réjouissez-vous dans le Seigneur. C'est avec joie et action de grâce envers le Dieu Trine que .nous nous apprêtons cette année à concélébrer avec vous la sainte commémoration des principaux apôtres, Pierre et Paul, fondateurs et protecteurs de votre Très Sainte Église et piliers solides de l'Église universelle du Christ, une, sainte, catholique et apostolique. Nous le faisons en conformité avec la tradition désormais consolidée et bénie de l’échange de visites officielles de délégations de nos deux antiques Églises, à l'occasion de nos fêtes du trône respectives, comme expression et manifestation du lien d'amour qui nous unit par la grâce de Dieu, guidant nos pas vers un plus grand rapprochement entre nous, jusqu'à l'aube du jour tant désiré de notre unité dans la foi commune de l'Évangile et de nos Pères à la même coupe de vie. En suivant cette sainte tradition, nous rappelons à nouveau cette année avec des sentiments profonds et une grande gratitude, le grand don de Dieu à notre Très Sainte Église de Constantinople, qui a été honorée par la visite personnelle de Votre Sainteté et par votre participation à la célébration de notre fête du trône l'année dernière. Cette communion de personne à personne a laissé une joie indélébile dans notre cœur et nous aimerions donc profiter de cette occasion pour exprimer encore une fois les remerciements de notre Église et les nôtres personnelles, avec l'espérance et le souhait de pouvoir vivre à nouveau, dans un avenir proche, la joie de cette communion personnelle réciproque. Votre Sainteté, la célébration de la fête du trône de nos Églises nous rappelle le fait très significatif que, malgré la regrettable interruption de la pleine communion entre nous, nos deux Églises demeurent unies en honorant la mémoire de nos saints communs, qui incluent les fondements solides sur lesquels nous sommes appelés à édifier la pleine union, dans la mesure où l'Église du Christ est essentiellement .une communion de saints. Ceci est particulièrement vrai pour les principaux apôtres, Pierre et Paul qui, par leur prédication mais également par leur sang, nous invitent aujourd'hui aussi à intensifier nos efforts afin que la communion déjà existante en honorant les saints puisse, comme par le passé, devenir également une communion dans le corps et le sang du chef de notre foi, Notre Seigneur Jésus Christ. Nos efforts pour atteindre ce but sacré sont accomplis depuis des années en cherchant à effacer, à travers notre dialogue permanent, les différences théologiques qui se sont accumulées pendant un millénaire entier d'éloignement ORF, 2 juillet 2015 55 NOUVELLES ŒCUMÉNIQUES DIALOGUE INTERNATIONAL RÉFORMÉCATHOLIQUE Gand (Belgique), 22-28 février 2015 « L’Église en tant que témoignage et sacrement » par le Dr George Hunsinger. Un temps important a été consacré aux ébauches de rapport final préparées par le Rév. Dr William Henn et le Dr Christopher Dorn. La cinquième rencontre de la quatrième phase du dialogue international entre la Communion mondiale des Églises réformées (CMER) et le Conseil Pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens (CPPUC) s’est déroulée du 11 au 28 février 2015 au Centre carmélite de Gand, en Belgique. Le CPPUC et la CMER sont particulièrement reconnaissants à deux bienfaiteurs belges qui ont sponsorisé cette réunion. Les deux délégations ont également eu le privilège d’être invitées à un dîner offert par l’Évêque Luc van Looy et le Conseil interconfessionnel de Gand ; d’être accueillies pour la prière du soir préparée par le Conseil interconfessionnel de Bruges dans la « Chapelle œcuménique » suivie d’un dîner en compagnie de l’Évêque Johan Bonny, qui représentait la Conférence épiscopale de Belgique, de membres du Monastère de Chevetogne et du Conseil interconfessionnel de Bruges. Trois phases de dialogue ont déjà eu lieu entre l’Alliance réformée mondiale (ARM) et le Conseil Pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens. Au terme de chacune d’entre elles, un rapport a été publié : « La présence du Christ dans l’Église et dans le monde » (1970-1977) ; « Vers une compréhension commune de l’Église » (1984-1989) ; et « L’Église comme communauté de témoignage commun du Royaume de Dieu » (1998-2005). La Communion mondiale d’Églises réformées est née de la fusion en juin 2010 de l’Alliance réformée mondiale et du Conseil œcuménique réformé. Traduction de l’anglais SI RÉUNION DU GROUPE DES CONVERSATIONS DE MALINES Chesnut Hill (États-Unis), 22-26 mars 2015 Cette phase, qui devrait se conclure en 2017, a pour thème central : « Justification et sacramentalité : La Communauté chrétienne agent de justice ». L’Évêque Kevin Rhoades du Diocèse de Fort Wayne-South Ben (Indiana, États-Unis) et la Rév. Dr Martha MooreKeish, du Columbia Theological Seminary de Decatur (Géorgie, États-Unis) sont respectivement les coprésidents de ce dialogue au nom de l’Église catholique et de la CMER. Ils sont assistés de deux secrétaires, le Rév. Dr Douwe Visser, Secrétaire exécutif pour la théologie, la mission et la communion pour la CMER et Mgr Dr Gregory J. Fairbanks du CPPUC. Un groupe international composé de huit théologiens anglicans et sept théologiens catholiques représentant huit pays et quatre provinces anglicanes s’est réuni du 22 au 26 mars au Boston College de Chesnut Hill (Massachusetts, États-Unis). Ce groupe communément appelé « Groupe des conversations de Malines » a poursuivi l’ample débat sur divers aspects de la théologie anglicane-catholique sacramentelle, liturgique et pratique, entamé il y a deux ans au Monastère bénédictin de Chevetogne, en Belgique. Comme les Conversations de Malines originales des années 1920 organisées par le Cardinal Mercier, à l’époque Archevêque de Malines-Bruxelles, il s’agit d’un dialogue informel, non officiellement promu par les Églises anglicane et catholique, bien qu’elles aient été décidées après consultation et avec la bénédiction du Conseil Pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens et de Lambeth Palace. À cette rencontre étaient présents les participants réformés suivants : Rév. Dr Reinerio Arce-Valentin (Cuba), Rév. Dr Marina Ngursangzeli Behera (Inde), Dr Christopher Dorn (États-Unis), Rév. Dr Benebo Fubara-Manuel (Nigéria), Rév. Dr George Hunsinger (États-Unis), Dr George Sabra (Liban) et la Rév. Dr Lindsay Schlüter (Écosse). L’an dernier, le groupe s’était réuni à Cantorbéry et Londres où les avaient rejoints ses copatrons, le Cardinal Godfried Danneels, Archevêque émérite de Malines-Bruxelles, et le Très Révérend et Très Honorable Lord Williams de Oystermouth, ancien Archevêque de Cantorbéry, qui avaient présenté chacun un exposé. Cette année, parmi les évêques et spécialistes nord-américains figuraient l’Archevêque d’Indianapolis Joseph Tobin, C. Ss. R., l’Évêque Catherine Waynick du Diocèse épiscopalien d’Indianapolis, l’éminent orientaliste P. Robert Taft, SJ FBA, le P. John Baldovin, SJ de la Boston College La délégation catholique était constituée des personnes suivantes : Dr Peter Casarella (États-Unis), Dr Peter De Mey (Belgique), Rév. Dr William Henn, OFM Cap. (États-Unis/Italie), Rév. Dr Jorge Scampini, OP (Argentine). La Dr. Annemarie Mayer (Allemagne) n’a pa pu prendre part à la rencontre. Trois documents de travail portant sur le thème principal de cette phase ont fourni le fondement du débat entre les deux délégations : « La loi naturelle dans nos Traditions » par le Dr Peter Casarella, « Sacramentalité » par le Rév. Dr Jorge Scampini et 56 School of Theology and Ministry, et le Pr Karen Westerfield Tucker de la Boston University. Le groupe était accueilli par le P. William Leahy, SJ, Président du Boston College, et a été aimablement reçu par les Pères de Cowley au Monastère Saint-Jean-Évangéliste de Cambridge, et par l’Église épiscopalienne de l’Avent sur la Beacon Hill. Le Groupe des conversations de Malines comprend cinq membres de l’ARCIC, dont un de ses coprésidents, et deux membres du Comité de coordination de l’IARCCUM, dont un de ses coprésidents. Chanoine David Richardson OBE (Melbourne, Australie) Chanoine Dr. Nicholas Sagovsky, membre de l’ARCIC III (Londres, Royaume-Uni) Rév. Austin K. Rios, Recteur de St Paul’s within the Walls (Rome, Italie) Participants catholiques Évêque Donald Bolen, coprésident de l’IARCCUM, (Saskatoon, Canada) L’ensemble des conversations de cette année ont permis de se pencher de manière générale sur les relations actuelles entre anglicans et catholiques, en particulier sur les aspects suivants : la Sacramentalité, la situation du monde contemporain, la Parole, l’Eucharistie, l’Église et le Ministère. Des exposés communs ont également été présentés sur d’autres sujets, tels que la sacramentalité de l’Écriture, et la discussion a également porté sur des thèmes tels que l’apostolicité, l’histoire et l’autorité. Rév. Anthony Currer, Conseil Pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens (Cité du Vatican, cosecrétaire de l’ARCIC III) Pr Joris Geldhof, Université catholique de Louvain (Belgique) Dr. Maryana Hnyp, Université catholique de Louvain (Belgique) Comme l’ont recommandé les responsables de la coordination des relations œcuméniques dans l’Église catholique et la Communion anglicane, le Groupe des conversations de Malines demeurera en étroit contact et poursuivra sa collaboration avec la Commission internationale anglicane-catholique (ARCIC) et la Commission pour l’unité et la mission anglicanecatholique (IARCCUM). Le nombre des participants est volontairement restreint de manière à favoriser toujours davantage un débat et des relations d’amitié approfondis entre les membres, ce qui est la caractéristique des Conversations de Malines depuis leur tout début. Rév. Pr Keith Pecklers, SJ, Université Pontificale Grégorienne (Rome, Italie) Rév. Pr Thomas Pott, OSB, Monastère de Chevetogne; Athénée Saint-Anselme de Rome et Université Pontificale Grégorienne (Rome, Italie) Rév. Cyrille Vael, OSB, Monastère de Chevetogne Traduction de l’anglais SI Le Comité de direction est présidé par le Rév. Dr Thomas Pott, OSB du Monastère de Chevetogne, le Rév. Dr James Hawkey de l’Abbaye de Westminster et le Rév. Dr KeithPecklers, SJ de l’Université Pontificale Grégorienne de Rome. COMMISSION INTERNATIONALE ANGLICANE-CATHOLIQUE (ARCIC III) Villa Palazzola (Province de Rome), 28 avril-4mai 2015 La Commission internationale anglicane-catholique (ARCIC) est l’organisme officiellement nommé par l’Église catholique et la Communion anglicane chargé du dialogue théologique afin de parvenir à l’unité visible et à la pleine communion ecclésiale. La cinquième rencontre de la phase actuelle (ARCIC III) s’est déroulée dans une atmosphère de recueillement et d’amitié à la Villa Palazzola, résidence d’été du Vénérable Collège Anglais de Rome, du 28 avril au 4 mai 2015. Les membres de la Commission remercient l’ensemble du personnel de la Villa Palazzola pour le chaleureux accueil qui leur a été réservé. Membres présents en 2015 Participants anglicans Rév. Dr. Jennifer Cooper, College of the Resurrection, (Mirfield, Royaume-Uni) Rév. Dr. James Hawkey, Westminster Abbey (Londres, Royaume-Uni) Rév. Dr. Simon Jones, Chaplain du Merton College, (Oxford, Royaume-Uni) Cette troisième phase de l’ARCIC a pour mandat de promouvoir la réception du travail précédemment réalisé par la Commission, en le présentant comme un tout, et d’étudier la question suivante : « L’Église comme communion, locale et universelle » et « Comment l’Église locale et universelle parvient-elle, dans la communion, à discerner l’enseignement éthique juste ? » À cette fin, la Commissoin s’est concentrée sur Archevêque David Moxon, coprésident de l’ARCIC III, Représentant de l’Archevêque de Cantorbéry près le Saint-Siège et Directeur du Centre Anglican (Rome, Italie), Archevêque émérite de Nouvelle-Zélande Rév. Dr. Michael Nai-Chiu Poon, membre de l’ARCIC III (Singapour) 57 l’examen de deux projets de texte préparés par des sous-comités de rédaction suite à la précédente réunion qui s’est tenue au Centre Vuleka, à Botha’s Hill (Afrique du Sud). O’Connor, tous les deux coprésidents de la dernière rencontre de l’ARCIC à Palazzola. Ces deux invités spéciaux ont guidé une session de travail informelle durant laquelle ils ont narré certains épisodes de l’ARCIC II lorsqu’ils en étaient coprésidents. Ils ont assisté aux sessions de travail restantes de la rencontre. Le premier de ces projets de textes a pour objectif de présenter les cinq déclarations d’accord de l’ARCIC II de manière à ce qu’elles puissent être reçues par le monde anglican et le monde catholique. Chaque déclaration est précédée d’une introduction et suivie d’un bref exposé des réponses qu’ella a suscitées, de courts essais concernant la méthode théologique utilisée et les thèmes abordés par chaque document, ainsi que des propositions pour le travail futur. Cette tâche a bien progressé et l’ensemble devrait bientôt être prêt pour la publication. La Commission a accueilli son nouveau cosecrétaire, le Chanoine Jean Gibaut, successeur du Chanoine Alyson Barnett-Cowan. Elle a également exprimé sa gratitude au P. Norman Tanner SJ qui a pris part à la réunion en qualité de consulteur. La prochaine rencontre se tiendra à Toronto en mai 2016. La Commission se penchera sur la version révisée d’un projet de déclaration ecclésiologique comparative des instruments de la communion dans chaque tradition. Le second texte était un projet de document répondant à l’élément ecclésiologique du mandat, à savoir une analyse des structures de nos deux traditions facilitant la communion dans et entre les dimensions locale, régionale et universelle de l’Église. Membres de l’ARCIC III présents à la rencontre Coprésidents Très Rév. Bernard Longley, Archevêque de Birmingham (Angleterre) Jeudi 30 avril, la Commission s’est rendue à Rome pour une audience privée avec le Pape François. Le Pape a encouragé la Commission dans sa tâche et, se référant aux persécutions actuellement endurées par les chrétiens dans le monde, a remarqué qu’« il existe un lien fort qui déjà nous unit, au-delà de toute division ». L’Archevêque Bernard Longley a remercié le Pape François pour les encouragements et la forte impulsion que lui-même et l’Archevêque Justin Welby réussissent à transmettre au dialogue, « en particulier par [leur] engagement commun dans la recherche de la justice en faveur de ceux qui sont exploités ou oubliés ». L’Archevêque David Moxon a cité le livre en projet sur l’ARCIC II et rappelé avec gratitude l’importance que le Pape François accorde à la prédication de l’Évangile, la simplicité de son mode de vie personnel, combien il est attaché à la pastorale des plus démunis et des personnes maginalisées, le rôle positif qu’il joue dans la réconciliation internationale. En conclusion, il a rappelé que tous ces aspects « ont un rôle dans la promotion du ministère de l’Évêque de Rome auprès des chrétiens du monde entier ». Très Rév. Sir David Moxon, Représentant de l’Archevêque de Cantorbéry près le Saint-Siège Membres catholiques Rév. Robert Christian OP, St Albert Priory, Oakland, (Californie, Étas-Unis) Rév. Chanoine Adelbert Denaux, Professeur émérite, Bruges (Belgique) Très Rév. Arthur Kennedy, Évêque auxiliaire de Boston (États-Unis) Pr Paul D. Murray, Durham University (Angleterre) Pr Sœur Teresa Okure SHCJ, Catholic Institute of West Africa (Nigeria) Pr Janet E. Smith, Sacred Heart Major Seminary, Detroit (Michigan, États-Unis) Rév. Pr Vimal Tirimanna CSsR, Université Alphonsianum University, Rome (Italie) Plus tard dans la journée, les participants ont célébré l’Eucharistie au Centre anglican de Rome où ils ont été généreusement conviés à déjeuner et accueillis pour deux sessions de travail au cours desquelles ont été présentés un exposé sur le sensus fidei (le sens de la foi) de tous les baptisés et des études de cas sur l’esclavage. Le groupe a ensuite visité le Vénérable Collège Anglais où il a présenté le travail de la Commission aux étudiants. Un temps a été consacré aux questions et aux réponses. Les participants ont ensuite participé aux Vêpres et ont beaucoup apprécié de pouvoir se joindre aux étudiants et à l’équipe du Collège pour le dîner. Très Rév. Dom Henry Wansbrough OSB, Ampleforth Abbey (Angleterre) Membres anglicans Dr Paula Gooder, Église d’Angleterre Très Rév. Dr Christopher Hill, Église d’Angleterre Très Rév. Nkosinathi Ndwandwe, Église anglicane d’Afrique du Sud Rév. Chanoine Dr Nicholas Sagovsky, Église d’Angleterre Rév. Chanoine Dr Peter Sedgwick, Église du Pays de Galles Le vendredi 1er mai, les membres ont accueilli l’Évêque Mark Santer et le Cardinal Cormac Murphy- Rév. Dr Charles Sherlock, Église anglicane d’Australie 58 pour la formation : Exode 16 dans sa forme littéraire », et l’autre par la Dr Mary Coloe, pbvm (Église catholique) : « Le discours du pain de vie : Jean 6 ». En accord avec ce qui a été décidé, la Commission consacrera ses prochaines sessions de travail au thème « Transformés par l’Eucharistie » en partant de « Eucharistie et relations dans l’Église » (Calgary, 2016). Chaque jour de la rencontre a débuté par une prière guidée alternativement par les Disciples du Christ et les catholiques. Consulteur Rév. P. Norman Tanner SJ, Église catholique Secrétariat La Commission possède deux cosecrétaires : Rév. Chanoine Dr John Gibaut (Bureau de la Communion anglicane) Rév. Anthony Currer (Conseil Pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens) Le fait que la rencontre se soit tenue au Bethany College, lieu historique institué par Alexander Campbell, l’un des fondateurs des Disciples du Christ, a eu un fort impact sur le dialogue. Les participants ont ainsi découvert un des lieux fondamentaux dans les origines des Disciples du Christ et ont rencontré la communauté locale des Disciples du Christ lors du culte dominical du Repas du Seigneur qui s’est tenu dans l’Ancienne salle d’assemblée voulue par Alexander Campbell. Dans le courant de la semaine, la Commission a pris part aux vêpres solennelles présidées dans la cathédrale Saint-Joseph par Mgr Michael Bransfield, Évêque catholique de WheelingCharleston, et auxquelles étaient également présents le Rév. Thaddaeus Allen, Ministre régional des Disciples du Christ, des responsables et des pasteurs des Disciples du Christ et des responsables œcuméniques catholiques locaux. La Commission a beaucoup apprécié la chaleureuse hospitalité du Rév. Thaddaeus Allen et de l’ensemble de la communauté des Disciples du Christ qui avaient organisé ce temps de partage. et est assistée dans son travail par : Rév. Neil Vigers (Bureau de la Communion anglicane) Mme Silvana Salvati (Conseil Pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens) Tradution de l’anglais SI COMMISSION DE DIALOGUE ENTRE LES DISCIPLES DU CHRIST ET L’ÉGLISE CATHOLIQUE Bethany (Virginie Occidentale, États-Unis), 19-24 juin 2015 La troisième session de la cinquième phase de dialogue de la Commission internationale entre les Disciples du Christ et l’Église catholique s’est tenue à Bethany (Virginie Occidentale, États-Unis), du 19 au 24 juin 2015. La phase actuelle de dialogue a pour thème « Les chrétiens formés et transformés par l’Eucharistie ». Après une réunion d’introduction (Nashville, janvier 2014), la Commission s’est penchée sur les questions ayant trait à ce que signifie être « formés par l’Eucharistie » en étudiant les thèmes suivants : « Structures liturgiques chez les catholiques et les Disciples du Christ » (Rome, juin 2014) et « Signification de la catéchèse eucharistique – ‘La connaissance à travers la pratique’ » (Bethany, VO, juin 2015). Ce dialogue, qui a débuté en 1979, a pour objectif de parvenir à la pleine unité entre les deux communions. « Les journées que nous venons de passer à Bethany, grâce à l’aimable hospitalité des Disciples du Christ et des catholiques de Virginie Occidentale, ont aidé notre Commission internationale de dialogue à mieux comprendre quelles sont les similitudes et les différences entre nos pratiques respectives de l’Eucharistie, ou comme les Disciples du Christ l’appellent plus communément le Repas du Seigneur, et à discerner quelles questions étudier en vue de notre objectif final qui est de pouvoir célébrer ensemble, Disciples du Christ et catholiques, l’Eucharistie ». Ainsi s’est exprimé le Rév. Williams en conclusion de la rencontre. Le dialogue est coprésidé, du côté des Disciples du Christ, par le Rév. Dr Newell Williams, Président de la Brite Divinity School, Texas Christian University [TCU], (Fort Worth, TX, États-Unis), et, du côté catholique, par l’Évêque de Green Bay (WI, ÉtatsUnis), Mgr David L. Ricken. Pour l’Évêque Ricken, « cette réunion, qui était la troisième d’une série de six rencontres annuelles, a représenté une véritable expérience de croissance dans la compréhension et le respect mutuels. Les dialogues nous permettent de comprendre la signification de nos pratiques liturgiques et de l’éducation/formation à la pratique rituelle. Cela constitue toujours une expérience enrichissante et stimulante ». Un document de travail intitulé « Formés par l’Eucharistie : la connaissance à travers la pratique » a été présenté par le Rév. Dr James Duke (Disciples du Christ) tandis que Mgr Michael Clay, D. Min. (Église catholique) a soumis au groupe un texte sur la « Signification de la catéchèse eucharistique dans l’Église catholique ». Deux documents à caractère biblique avaient été rédigés, l’un par la Rév. Dr Merryl Blair (Disciples du Christ) : « Le pain du ciel, manne Les membres de la délégation des Disciples du Christ étaient les suivants : Rév. Dr Newell Williams, Brite Divinity School, TCU (Fort Worth, États-Unis), coprésident ; Rév. Dr Robert Welsh, Council on Christian Unity (Indianapolis, États-Unis), cosecrétaire ; Rév. Dr Thomas Best, (Belmont, États59 Unis) ; Rév. Dr Merryl Blair, Stirling Theological College, University of Divinity (Melbourne, Australie) ; Rév. Dr James O. Duke, Brite Divinity School, TCU (Fort Worth, États-Unis) ; Rév. Angel Luis Rivera, responsable pour l’Amérique Latine et les Caraïbes, Global Ministries (Indiana/Puerto Rico) ; Rév. Dr David M. Thompson (Cambridge, Royaume-Uni). Pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens (Cité du Vatican/Colombie), cosecrétaire ; Msgr Michael Clay, D. Min., School of Theology and Religious Studies, The Catholic University of America, (États-Unis) ; Dr Mary Coloe, pbvm, University of Divinity (Melbourne, Australie) ; M. Julien Hammond, Délégué à l’œcuménisme, Archidiocèse d’Edmonton (Canada) ; Rév. P. Joseph T. Shenosky, S.T.D., Vicerecteur, Saint Charles Borromeo Seminary, (Philadelphia, États-Unis) ; Rév. P. Michael G. Witzcak, S.L.D., School of Theology and Religious Studies, The Catholic University of America (États-Unis). Les membres catholiques étaient les suivants : Mgr David L. Ricken, Évêque de Green Bay (WI, États-Unis), coprésident ; Mgr Juan Usma Gómez, Responsable de la Section occidentale, Conseil Traduction de l’anglais SI 60 COMMISSION POUR LES RELATIONS RELIGIEUSES AVEC LE JUDAÏSME DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS À LA DÉLÉGATION DE LA CONFÉRENCE DES RABINS EUROPÉENS 20 avril 2015 comme le critère de tout, de penser pouvoir contrôler chaque chose, de se sentir autorisé à utiliser ce qui l’entoure selon son propre arbitre. Il est très important, en revanche, de se rappeler que notre vie est un don de Dieu, et que nous devons nous confier à Dieu, avoir confiance en Lui, nous adresser toujours à Lui. Les juifs et les chrétiens ont le don et la responsabilité de contribuer à garder vivant le sentiment religieux des hommes d’aujourd’hui et de notre société, en témoignant de la sainteté de Dieu et de celle de la vie humaine: Dieu est saint, et la vie qu’il a donnée est sainte et inviolable. Les tendances antisémites et certains actes de haine et de violence sont actuellement préoccupants en Europe. Chaque chrétien ne peut que déplorer toute forme d’antisémitisme, en manifestant au peuple juif sa propre solidarité (cf. Nostra aetate, n. 4). On a récemment commémoré le 70e anniversaire de la libération du camp de concentration d’Auschwitz, où s’est consommée la plus grande tragédie de la Shoah. Que la mémoire de ce qui s’est passé, au cœur de l’Europe, serve d’avertissement aux générations présentes et futures. Il faut par ailleurs condamner partout les manifestations de haine et de violence contre les chrétiens et contre les fidèles d’autres religions. Chers amis, je vous remercie de tout cœur pour cette visite, très significative. Je souhaite tout le bien possible à vos communautés, en vous assurant de ma proximité et de ma prière. Et, s’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Shalom alechem! « Chaque chrétien ne peut que déplorer toute forme d’antisémitisme, en manifestant au peuple juif sa propre solidarité ». Voici ce qu’a souligné le Pape François, dans la matinée du lundi 20 avril 2015, devant une délégation de la Conférence des rabbins européens. « Aujourd’hui, en Europe, il est plus que jamais important d’accorder de l’importance à la dimension spirituelle et religieuse de la vie humaine. Dans une société toujours plus marquée par la sécularisation et menacée par l’athéisme, on court le risque de vivre comme si Dieu n’existait pas » a-t-il ajouté. Nous publions, ci-dessous, l’intégralité du discours qu’il a tenu en cette circonstance. Chers amis, Je vous souhaite la bienvenue au Vatican en tant que membres de la délégation de la Conference of European Rabbis. J’en suis particulièrement heureux et reconnaissant, car il s’agit de la première visite que votre organisation accomplit à Rome pour rencontrer le Successeur de Pierre. Je salue le président, le rabbin Pinchas Goldschmidt, le remerciant pour ses aimables paroles. J’exprime mes sincères condoléances pour la disparition, hier soir, du rabbin Elio Toaff, ancien grand rabbin de Rome. Je suis proche par la prière du grand rabbin Riccardo di Segni — qui aurait dû être ici avec nous — et de toute la communauté juive de Rome, dans le souvenir empreint de reconnaissance de cet homme de paix et de dialogue, qui accueillit le Pape Jean-Paul II lors de sa visite historique au temple majeur. Le dialogue entre l’Église catholique et la communauté juive se poursuit depuis désormais un demi-siècle de manière systématique. Le 28 octobre prochain, nous célébrerons le cinquantième anniversaire de la Déclaration Nostra aetate, qui représente encore actuellement le point de référence de chacun de nos efforts dans cette direction. C’est avec gratitude à l’égard du Seigneur que nous repensons à ces années, en nous réjouissant pour les progrès accomplis et pour l’amitié qui, au cours de cette période, a grandi entre nous. Aujourd’hui, en Europe, il est plus que jamais important d’accorder de l’importance à la dimension spirituelle et religieuse de la vie humaine. Dans une société toujours plus marquée par la sécularisation et menacée par l’athéisme, on court le risque de vivre comme si Dieu n’existait pas. L’homme est souvent tenté de se mettre à la place de Dieu, de se considérer ORF, 30 avril 2015 LETTRE DE CONDOLÉANCES DU PAPE FRANÇOIS AU RABIN DI SEGNI POUR LA MORT DU RABIN ELIO TOAFF 20 avril 2015 En apprenant la nouvelle de la mort d’Elio Toaff, le Pape a évoqué sa mémoire lors de l’audience à la Conférence des rabbins européens du 20 avril. Le même jour, il a adressé la lettre qui suit au Rabbin Riccardo Di Segni, successeur d’Elio Toaff à la tête de la communauté juive de Rome. Je désire exprimer ma plus sincère participation au deuil de la famille et de l’entière communauté juive de la capitale pour la disparition du rabbin, le professeur Elio Toaff, longtemps éminent guide spirituel des juifs de Rome. Protagoniste de l’histoire juive et civile italienne des dernières décennies, celui-ci a su conquérir une estime et une appréciation commune de son autorité morale, alliée à une profonde humanité. Je me 61 souviens avec gratitude de son engagement généreux et de sa sincère disponibilité pour la promotion du dialogue et des relations fraternelles entre juifs et catholiques, qui ont connu un moment significatif lors de sa rencontre mémorable avec saint Jean-Paul II à la Synagogue de Rome. J’élève des prières au Très-Haut, riche d’amour et de fidélité, afin qu’il l’accueille dans son Royaume de paix. ORF, 23.04.2015 pendant la Seconde guerre mondiale, il les a rencontrés très souvent et voulut fortement un document conciliaire sur ce thème. Le second nous a laissé en mémoire certains gestes historiques, comme sa visite à Auschwitz ou à la Grande synagogue de Rome. Avec l’aide de Dieu, je désire marcher dans leurs pas, encouragé aussi par les nombreuses belles expériences de rencontres et d’amitiés vécues à Buenos Aires. Que le Tout-Puissant et Éternel bénisse abondamment notre dialogue, surtout en cette année où l’on commémore le cinquantième anniversaire de Nostra aetate, afin que notre amitié ne cesse de grandir et de donner des fruits abondants pour nos communautés et pour la famille humaine tout entière. Merci. DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS À LA DÉLÉGATION DE "B'NAI B'RITH INTERNATIONAL" Salle des Papes, 25 juin 2015 Chers amis, ORF, 2 juillet 2015 Je suis heureux de vous saluer à l’occasion de votre visite au Vatican. Mes prédécesseurs ont rencontré à diverses occasions des délégations de B’nai B’rith International et je vous souhaite aujourd’hui la bienvenue en vous renouvelant ma sympathie respectueuse. DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS AUX PARTICIPANTS AU CONGRÈS INTERNATIONAL ORGANISÉ PAR LE CONSEIL INTERNATIONAL DES CHRÉTIENS ET DES JUIFS Salle Clémentine, 30 juin 2015 Votre organisation est en relation avec le Saint-Siège depuis la promulgation de la déclaration conciliaire Nostra aetate, qui constitue une pierre angulaire sur la voie de la connaissance et de l’estime mutuelles entre juifs et catholiques, basée sur le grand patrimoine spirituel que, grâce à Dieu, nous avons en commun. Chers frères, Je me réjouis que cette année, vous ayez organisé votre congrès à Rome, la ville où sont ensevelis les apôtres Pierre et Paul. Tous les deux sont, pour tous les chrétiens, des points de référence essentiels: ils sont comme les « colonnes » de l’Église. Et ici, à Rome, se trouve la communauté juive la plus antique d’Europe occidentale, dont les origines remontent à l’époque des Maccabées. Chrétiens et juifs vivent donc à Rome, ensemble, depuis presque deux mille ans, bien que leurs relations au cours de l’histoire n’aient pas été exemptes de tensions. En regardant l’histoire de ces cinquante dernières années de dialogue régulier entre l’Église catholique et le judaïsme, je ne peux que remercier le Seigneur pour les grands progrès effectués. De nombreuses initiatives encourageant la compréhension et le dialogue réciproques ont été entreprises ; par-dessus tout, un sentiment de confiance et d’estime mutuelles s’est développé. Il existe de nombreux domaines dans lesquels, en tant que juifs et chrétiens, nous pouvons continuer de travailler ensemble pour le bien des peuples de notre temps. Le respect de la vie et de la création, la dignité humaine, la justice et la solidarité peuvent nous voir unis pour le développement de la société et pour assurer un avenir riche d’espérance pour les générations à venir. D’une manière particulière, nous sommes appelés à prier et à travailler ensemble pour la paix. Malheureusement, un grand nombre de pays et de régions du monde vivent des situations de conflit — je pense en particulier à la Terre Sainte et au Moyen-Orient — qui requièrent un engagement courageux pour la paix. Celle-ci ne doit pas uniquement être désirée, mais recherchée et construite patiemment et avec ténacité avec la participation de tous, et des croyants en particulier. Un véritable dialogue fraternel a pu se développer à partir du Concile Vatican II, après la promulgation de la Déclaration Nostra aetate. Ce document représente en effet le « oui » définitif aux racines juives du christianisme, et le « non » irrévocable à l’antisémitisme. En célébrant le cinquantième anniversaire de Nostra aetate, nous pouvons constater les fruits abondants qu’il a produits et établir avec gratitude un bilan du dialogue juif-catholique. Nous pouvons exprimer ainsi notre action de grâce à Dieu pour tout ce qui a été réalisé de bon en termes d’amitié et de compréhension réciproque au cours de ces cinquante années, car son Esprit Saint a accompagné nos efforts de dialogue. Notre division humaine, notre méfiance et notre orgueil ont été surmontés grâce à l’Esprit de Dieu toutpuissant, si bien qu’entre nous se sont développées toujours davantage la confiance et la fraternité. Nous ne sommes plus des étrangers, mais des amis et des frères. Nous confessons, bien qu’avec des perspectives différentes, le même Dieu, Créateur de l’univers et En ce moment précis, avec vous, je voudrais rappeler avec une sincère gratitude tous ceux qui ont œuvré pour l’amitié entre juifs et catholiques. Je souhaite en particulier mentionner saint Jean XXIII et saint Jean-Paul II. Le premier a sauvé beaucoup de juifs 62 Seigneur de l’histoire. Et lui, dans son infinie bonté et sagesse, bénit toujours notre engagement de dialogue. Dans la réflexion sur le judaïsme, le Concile Vatican II a tenu compte des dix thèses de Seelisberg, élaborées dans cette localité suisse, des thèses liées à la fondation de l’International Council of Christians and Jews. On peut dire qu’il existait déjà in nuce une première idée de la collaboration entre votre organisation et l’Église catholique. Cette coopération a été lancée officiellement après le Concile, et en particulier après l’institution de notre Commission pour les rapports religieux avec le judaïsme, en 1947. Cette Commission du Saint-Siège suit toujours avec un grand intérêt les activités de votre organisation, en particulier les congrès internationaux annuels, qui apportent une contribution importante au dialogue juif-chrétien. Les chrétiens, tous les chrétiens, ont des racines juives. C’est pourquoi, dès sa naissance, l’International Council of Christians and Jews a accueilli les diverses confessions chrétiennes. Chacune d’elles, de la manière qui lui est propre, s’approche du judaïsme, qui, à son tour, est caractérisé par divers courants et sensibilités. Les confessions chrétiennes trouvent leur unité dans le Christ; le judaïsme trouve son unité dans la Torah. Les chrétiens croient que Jésus Christ est la Parole de Dieu qui s’est faite chair dans le monde; pour les juifs, la Parole de Dieu est surtout présente dans la Torah. Ces deux traditions de foi ont pour fondement le Dieu unique, le Dieu de l’Alliance, qui se révèle aux hommes à travers sa Parole. Dans la recherche d’une juste attitude envers Dieu, les chrétiens s’adressent au Christ comme source de vie nouvelle, les juifs à l’enseignement de la Torah. Ce type de réflexion théologique sur la relation entre judaïsme et christianisme commence précisément à partir de Nostra aetate (cf. n. 4) et, sur ce solide fondement, peut être et doit être ultérieurement développé. Chers frères, je vous remercie tous de cette visite et je forme les meilleurs vœux pour votre congrès. Que le Seigneur vous bénisse et vous protège dans sa paix. S’il vous plaît, je vous demande de prier pour moi. Et je vous invite tous à demander la bénédiction de Dieu notre Père. Je la prononcerai dans ma langue maternelle. << ORF, 30 juillet 2015 63 DOCUMENTATION SUPPLÉMENTAIRE SEMAINE DE PRIÈRE POUR L’UNITÉ DES CHRÉTIENS 2016 LETTRE DU SECRÉTAIRE DU CPPUC AUX COMMISSIONS ŒCUMÉNIQUES DES CONFÉRENCES ÉPISCOPALES ET DES SYNODES DES ÉGLISES CATHOLIQUES ORIENTALES Au nom du Conseil Pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, j’ai le plaisir de vous adresser, cijoint, le livret pour la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens 2016. Ce matériel a été préparé par un comité international constitué de représentants de ce même Conseil Pontifical et de la Commission Foi et Constitution du Conseil œcuménique des Églises, à partir d’un projet de textes élaboré par un groupe œcuménique représentant les Églises chrétiennes de Lettonie. Le matériel que vous trouverez ci-joint contient une introduction au thème, un schéma de célébration œcuménique, un choix de lectures et des commentaires pour les huit jours de l’Octave de prière, ainsi qu’une présentation de la situation œcuménique en Lettonie. Ces textes pourront être utilisés de multiples manières et sont destinés à être employés non seulement durant la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens mais aussi tout au long de l’année 2016. Ils sont également disponibles en ligne, en différentes langues, sur le site du Saint-Siège : http://ww.vatican.va/roman_curia/ pontifical_councils/chrstuni (Ecumenismo spirituale a livello mondiale). Le thème biblique sur lequel portent les textes pour l’année 2016 est notre mission commune telle qu’elle nous est décrite dans la Première Épître de Pierre 2,9 : Appelés à proclamer les hauts faits du Seigneur. En tant que chrétiens, dans le baptême nous avons part à une communion réelle, bien qu’incomplète, qui nous confère une même identité, celle d’enfants de Dieu, et la mission commune de témoigner de l’œuvre de la grâce. Le Conseil Pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens vous serait reconnaissant de bien vouloir porter ces textes à l’attention des personnes responsables de l’organisation des différentes manifestations qui ponctueront la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens. Nous vous encourageons fortement à adapter ce matériel au niveau régional ou local, de manière à ce qu’il puisse correspondre davantage aux nécessités du contexte socioculturel local. Nous espérons aussi que ce matériel pourra être adapté pour sa diffusion parmi les jeunes, les groupes et associations de jeunes. Ce travail offrira ainsi sur place une nouvelle occasion de collaboration entre chrétiens. Partant d’un très ancien baptistère aujourd’hui placé en plein cœur de la Cathédrale luthérienne de Riga et remontant à l’époque du grand évangéliste de la Lettonie, Saint Meinhard, les chrétiens de ce pays nous proposent une réflexion sur leur propre histoire. Certes, cette histoire est marquée par la guerre et les conflits idéologiques. Mais cette histoire nous parle aussi de la grâce. Car c’est la grâce de l’Évangile et du baptême qui a fait de nous « la race élue, la communauté sacerdotale du roi, la nation sainte, le peuple que Dieu s’est acquis » (1 Pierre 2,9). Les chrétiens de Lettonie nous invitent à nous demander comment nous témoignons de cette grâce et comment nous pouvons surmonter l’obstacle que, pour beaucoup, représente le scandale de la division et du conflit, pour pouvoir ensemble faire connaître la grâce de l’Évangile, la Parole de Dieu qui est une Parole d’amour, à tous ceux qui ont si désespérément soif de ce message. En vous assurant de tous mes vœux et en vous remerciant de votre soutien dans la sainte cause de la recherche de l’unité chrétienne, je vous prie d’agréer l’expression de mes sincères salutations en Christ. Brian Farrell Secrétaire 64 IMPORTANT Ceci est la version internationale de la Semaine de prière pour l’année 2016 Pour vous procurer la version spécialement adaptée à votre situation locale, veuillez contacter la Conférence épiscopale de votre pays ou le Synode de votre Église Textes pour la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens et pour toute l’année 2016 Appelés à proclamer les hauts faits du Seigneur (cf. 1 Pierre 2, 9) Conjointement préparés et publiés par le Conseil Pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens la Commission Foi et Constitution du Conseil œcuménique des Églises Traduction de l’original anglais réalisée par le Service National pour l'Unité des Chrétiens de la Conférence des évêques de France. 65 À TOUS CEUX QUI ORGANISENT LA SEMAINE DE PRIÈRE POUR L’UNITÉ DES CHRÉTIENS bliques proposés pour les Huit Jours. Les commentaires de chaque jour peuvent se conclure par une prière d’intercession. Pour les personnes qui souhaitent prier en privé, les textes contenus dans cette brochure peuvent alimenter leurs prières et leur rappeler aussi qu’elles sont en communion avec tous ceux qui prient à travers le monde pour une plus grande unité visible de l’Église du Christ. RECHERCHER L’UNITÉ TOUT AU LONG DE L’ANNÉE Dans l’hémisphère nord, la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens est célébrée du 18 au 25 janvier. Ces dates furent proposées en 1908 par Paul Wattson de manière à couvrir la période entre la fête de saint Pierre et celle de saint Paul. Ce choix a donc une signification symbolique. Dans l’hémisphère Sud, où le mois de janvier est une période de vacances d’été, on préfère adopter une autre date, par exemple aux environs de la Pentecôte (ce qui fut suggéré par le mouvement Foi et constitution en 1926) qui représente aussi une autre date symbolique pour l’unité de l’Église. TEXTE BIBLIQUE POUR 2016* 1 Pierre 2,9-10 Vous êtes la race élue, la communauté sacerdotale du roi, la nation sainte, le peuple que Dieu s’est acquis, pour que vous proclamiez les hauts faits de celui qui vous a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière, vous qui jadis n’étiez pas son peuple, mais qui maintenant êtes le peuple de Dieu ; vous qui n’aviez pas obtenu miséricorde, mais qui maintenant avez obtenu miséricorde. En gardant cette flexibilité à l’esprit, nous vous encourageons à considérer ces textes comme une invitation à trouver d’autres occasions, au cours de l’année, pour exprimer le degré de communion que les Églises ont déjà atteint et pour prier ensemble en vue de parvenir à la pleine unité voulue par le Christ. ADAPTER LES TEXTES Ces textes sont proposés étant bien entendu que, chaque fois que cela sera possible, on essayera de les adapter aux réalités des différents lieux et pays. Ce faisant, on devra tenir compte des pratiques liturgiques et dévotionnelles locales ainsi que du contexte socio-culturel. Une telle adaptation devrait normalement être le fruit d’une collaboration œcuménique. Dans plusieurs pays, des structures œcuméniques sont déjà en place et elles permettent ce genre de collaboration. Nous espérons que la nécessité d’adapter la Semaine de prière à la réalité locale puisse encourager la création de ces mêmes structures là où elles n’existent pas encore. La Bible – Traduction œcuménique – TOB INTRODUCTION AU THÈME DE L’ANNÉE 2016 Appelés à proclamer les hauts faits du Seigneur (cf. 1 Pierre 2,9) UTILISER LES TEXTES DE LA SEMAINE DE PRIÈRE POUR L’UNITÉ DES CHRÉTIENS Pour les Églises et les Communautés chrétiennes qui célèbrent ensemble la Semaine de prière au cours d’une seule cérémonie, ce livret propose un modèle de Célébration œcuménique de la Parole de Dieu. HISTORIQUE Le plus ancien baptistère de Lettonie remonte à saint Meinhard, le grand évangélisateur du pays. Il se trouvait à l’origine dans sa cathédrale, à Ikskile, et se situe maintenant en plein cœur de la cathédrale luthérienne de Riga, la capitale du pays. L’emplacement du baptistère, tout près de la belle chaire sculptée de la cathédrale, parle éloquemment du lien entre baptême et prédication, ainsi que de l’appel à proclamer les hauts faits du Seigneur, adressé à tous les baptisés. Cet appel constitue le thème de la Semaine de prière pour l’unité chrétienne de 2016. C’est en s’inspirant de deux versets de la Première Lettre de saint Pierre que des membres de diverses Églises lettones ont préparé les éléments proposés pour cette semaine. Les Églises et Communautés chrétiennes peuvent également se servir pour leurs célébrations des prières ou des autres textes de la Célébration œcuménique de la Parole de Dieu, des textes proposés pour les Huit Jours et du choix de prières en appendice de cette brochure. Les Églises et Communautés chrétiennes qui célèbrent la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens chaque jour de la semaine, peuvent trouver des suggestions dans les textes proposés pour les Huit Jours. * Citations scripturaires : Les citations bibliques en version française reproduites dans ces pages sont empruntées à la Nouvelle Traduction œcuménique de la Bible (TOB), © Bibli’O – Société biblique, française et Éditions du Cerf, 2010. Tous droits réservés. Les personnes désirant entreprendre des études bibliques sur le thème de la Semaine de prière peuvent également se baser sur les textes et les réflexions bi66 Des témoignages archéologiques permettent de penser que le christianisme fut introduit en Lettonie au cours du Xe siècle, par des missionnaires byzantins. La majorité des récits fait toutefois remonter le christianisme letton aux XIIe-XIIIe siècles, et à la mission évangélisatrice de saint Meinhard et de missionnaires allemands ultérieurs. La capitale, Riga, a été l’une des premières cités à adopter les idées de Luther, au XVIe siècle ; et au XVIIIe siècle, des missionnaires moraves (les Frères de Herrnhut) ont ranimé et approfondi la foi chrétienne dans l’ensemble du pays. Leurs descendants devaient jouer un rôle capital en posant les fondations de l’indépendance nationale, en 1918. désarmés, unis dans le chant et la prière, ont élevé des barricades dans les rues de Riga et se sont tenus côte à côte pour défier les chars soviétiques. Les ténèbres du totalitarisme du XXe siècle ont néanmoins éloigné bien des gens de la vérité sur Dieu le Père, sa révélation en Jésus Christ et la puissance de vie accordée par l’Esprit Saint. La période postsoviétique a heureusement été aussi celle d’un renouveau des Églises. Beaucoup de chrétiens se rassemblent pour prier en petits groupes et lors de célébrations œcuméniques. Bien conscients que la lumière et la grâce du Christ n’habitent et ne transforment pas encore tout le peuple letton, ils veulent travailler et prier ensemble afin que la société lettone guérisse des blessures historiques, ethniques et idéologiques qui continuent de la déformer. Le passé, où ont alterné des périodes de conflits et de souffrances, a eu des conséquences considérables sur la vie de l’Église lettone actuelle. Il faut malheureusement reconnaître qu’en usant de la force, certains des premiers missionnaires et croisés ont contredit le cœur du message évangélique. Au cours des siècles, la terre lettone a servi de champ de bataille religieux et politique à diverses puissances nationales et confessionnelles. Les changements de majorités politiques survenus en diverses régions du pays se sont aussi traduits fréquemment par des modifications d’appartenance confessionnelle. La Lettonie est placée aujourd’hui à un carrefour de régions catholiques romaines, protestantes et orthodoxes. Du fait de cette situation unique, elle abrite des chrétiens de traditions multiples, sans qu’il n’y en ait aucune qui soit dominante. L’APPEL À ÊTRE PEUPLE DE DIEU Saint Pierre déclare aux premiers chrétiens que, lorsqu’ils étaient en recherche de sens, avant de rencontrer l’Évangile, ils n’étaient pas un peuple. Mais en accueillant l’appel à être pour Dieu une race choisie et à recevoir sa puissance de salut en Jésus Christ, ils sont devenus le peuple de Dieu. Cette réalité s’exprime dans le baptême qui est commun à tous les chrétiens, et par lequel nous renaissons de l’eau et de l’Esprit Saint (cf. Jean 3,5). Dans le baptême, nous mourons au péché pour ressusciter avec le Christ dans une vie nouvelle, celle de la grâce de Dieu. C’est un défi permanent que de garder conscience, jour après jour, de cette identité nouvelle dans le Christ. La première existence de la Lettonie comme État remonte à la période comprise entre 1918 et 1940, c’est-à-dire aux lendemains de la Première Guerre mondiale et de la chute des empires russe et allemand. La Deuxième Guerre mondiale et les décennies qui l’ont suivie, avec leurs idéologies totalitaires et antichrétiennes – nazisme et communisme athées – ont amené le ravage de la terre et de la population lettones jusqu’à ce que l’Union Soviétique s’effondre, en 1991. Pendant ces années, les chrétiens ont témoigné de l’Évangile ensemble – et cela, jusqu’au martyre. En Lettonie, le Musée Mgr Sloskans rappelle ce témoignage commun, avec une liste de tous les martyrs, orthodoxes, luthériens, baptistes et catholiques. Les chrétiens ont découvert leur participation au sacerdoce royal dont parle saint Pierre, en supportant la torture et l’exil et en mourant à cause de leur foi en Christ. Ce lien dans la souffrance a créé une communion profonde entre les chrétiens de Lettonie. Il leur a permis de découvrir leur sacerdoce baptismal, ce qui les a rendus capables d’offrir leurs souffrances en les unissant à celles de Jésus, pour le bien des autres. Comment comprenons-nous notre appel commun à être le « peuple de Dieu » ? Comment exprimons-nous notre identité baptismale de « sacerdoce royal » ? L’ÉCOUTE DES HAUTS FAITS DE DIEU Le baptême ouvre sur l’aventure d’un nouvel itinéraire de foi où tout nouveau chrétien prend place dans le peuple de Dieu à travers les âges. La Parole de Dieu – c’est-à-dire les Écritures à partir desquelles les chrétiens de toutes traditions prient, étudient et réfléchissent – instaure entre eux une communion réelle, quoiqu’encore incomplète. Dans les textes sacrés de la Bible que nous partageons, nous apprenons comment Dieu a agi pour sauver les hommes au cours de l’histoire du salut : en tirant son peuple de l’esclavage d’Égypte, et à travers ce qui constitue le plus grand de ses hauts faits : la résurrection de Jésus d’entre les morts, qui nous fait tous entrer dans une vie nouvelle. La lecture priante de la Bible invite en outre les chrétiens à reconnaître les hauts faits de Dieu dans leur propre vie. L’expérience du chant et de la prière en commun – notamment de l’hymne nationale Que Dieu bénisse la Lettonie – a été fondamentale pour le retour de ce pays à l’indépendance, en 1991. On priait avec ferveur pour la liberté en beaucoup d’églises de la ville. Des citoyens Comment voyons-nous les « hauts faits » de Dieu et comment y répondons-nous : par l’adoration et la louange, en travaillant pour la justice et la paix ? 67 Quel prix accordons-nous aux Écritures en ce qu’elles constituent la Parole de la vie qui nous appelle à davantage d’unité et d’engagement missionnaire ? donne du goût à la vie, cette vie qui, si souvent, peut sembler terne et vide ; et nous nous servons d’une parole de grâce qui guide les gens, les aide à se situer et leur permet de comprendre ce qu’ils sont et ce qu’est le monde dans lequel ils vivent. RÉPONSE ET PROCLAMATION Dieu ne nous a pas choisis par privilège. Il nous a rendus saints, sans que cela veuille dire que les chrétiens sont meilleurs que les autres. Il nous a choisis dans un but précis. Nous ne sommes saints que si nous nous engageons à servir Dieu, et le servir c’est toujours transmettre son amour à toute l’humanité. Être un peuple sacerdotal, c’est être au service du monde. Les chrétiens vivent cet appel baptismal et témoignent des hauts faits de Dieu par une grande diversité de moyens : Il a été demandé à des représentants de différentes initiatives de collaborations œcuméniques en Lettonie de réfléchir au thème choisi et à leur expérience particulière. Leurs réflexions sont à la base de ce qui est proposé pour les huit jours de l’Octave. PRÉPARATION DU MATÉRIEL DE LA SEMAINE DE PRIÈRE POUR L’UNITÉ DES CHRÉTIENS 2016 La guérison des blessures : des guerres, conflits et violences de toutes sortes ont blessé la vie affective et relationnelle du peuple letton et de beaucoup d’autres. La grâce de Dieu nous aide à implorer le pardon pour les obstacles que nous mettons à la réconciliation et à la guérison, à accueillir la miséricorde et à grandir en sainteté. Le thème pour la Semaine de prière pour l’unité chrétienne de cette année a été choisi par un groupe de représentants de différentes régions de la Lettonie, à l’initiative de l’archevêque catholique de Riga, Mgr Zbigņevs Stankevičs. La recherche de la vérité et de l’unité : la conscience de notre identité commune dans le Christ nous invite à travailler pour apporter une réponse aux questions qui nous divisent encore entre chrétiens. Nous sommes appelés, comme les disciples sur la route d’Emmaüs, à partager nos expériences et ainsi à découvrir que, dans notre pèlerinage commun, Jésus Christ est au milieu de nous. Que soient ici remerciés : Madame Anda Done (Église luthérienne) Monsieur Levi Ivars Graudins (Maison lettone de prière pour tous les peuples) Madame Zanna Hermane (Vertikale, émission télévisée chrétienne du dimanche matin) Monsieur Nils Jansons (Communauté du Chemin Neuf) Sœur Rita Refalo (religieuse du Mouvement Pro Sanctitate) Madame Velta Skolmeistere (Centre de la jeunesse catholique de l’archidiocèse de Riga) Madame Gunta Ziemele (Centre de la jeunesse catholique de l’archidiocèse de Riga). Un engagement résolu en faveur de la dignité humaine : les chrétiens, qui sont passés des ténèbres à la merveilleuse lumière du Royaume, reconnaissent la dignité singulière de toute vie humaine. En agissant ensemble, au plan social et caritatif, nous tendons la main aux pauvres, aux nécessiteux, aux drogués et aux personnes marginalisées. Sur le plan de notre engagement pour l’unité chrétienne, de quoi nous faudrait-il demander pardon ? La rédaction des textes proposés ci-après a été achevée au cours d’une réunion de la Commission internationale dont les membres sont désignés par la Commission Foi et Constitution du Conseil œcuménique des Églises et par le Conseil Pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens. En septembre 2014, ils ont été rejoints au séminaire métropolitain de l’Église catholique à Riga par les représentants des Églises lettones. Puisque nous avons conscience de la miséricorde de Dieu, comment nous engageons-nous dans des actions sociales et caritatives avec d’autres chrétiens ? INTRODUCTION AUX AUTRES TEXTES La célébration œcuménique emprunte des symboles bibliques – la bougie allumée et le sel – pour exprimer visuellement les hauts faits que nous sommes appelés à annoncer au monde, comme chrétiens baptisés. Ces deux images évangéliques, Jésus les utilise dans le Sermon sur la Montagne : le sel et la lumière (cf. Mt 5,13-16). Elles expriment notre identité de chrétiens : Vous êtes le sel… Vous êtes la lumière…, et décrivent notre mission : sel de la terre… lumière du monde… Ils adressent leurs chaleureux remerciements à Mgr Pauls Kļaviņš pour son accueil, ainsi qu’au personnel et aux séminaristes pour leur généreuse hospitalité. Ils souhaitent en particulier remercier les pères Aivars Līcis et Kārlis Miķelsons pour leur aide dans l’organisation du travail et des visites. Les participants ont été accompagnés et guidés au cours de leur découverte de l’île de Saint-Meinhard, sur le fleuve Daugava, près d’Ikšķile, là où se trouvent les ruines de la première cathédrale (consacrée en 1186), Le sel et la lumière sont des images de ce que les chrétiens doivent donner aux hommes et femmes de notre temps : nous recevons une parole de Dieu qui 68 ainsi que pour leur visite des cathédrales luthérienne et catholique de Riga, de l’église anglicane du SaintSauveur dans la vieille ville de Riga. Ces visites ont été d’un grand intérêt pour la rédaction de ce document. Mot d’accueil C : Chers amis dans le Christ, en nous rassemblant pour cette célébration de l’unité, nous rendons grâce à Dieu pour notre dignité et notre vocation chrétiennes que saint Pierre décrit ainsi : « Vous êtes la race élue, la communauté sacerdotale du roi, la nation sainte, le peuple que Dieu s’est acquis, pour que vous proclamiez les hauts faits de celui qui vous a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière. » Nous prions cette année avec les chrétiens de Lettonie qui ont préparé cette célébration, en espérant grandir en communion avec notre Seigneur Jésus Christ et avec tous nos frères et sœurs qui aspirent à l’unité (cf. 1 P 2,9). CÉLÉBRATION ŒCUMÉNIQUE INTRODUCTION À LA LITURGIE Le groupe rédacteur letton suggère que des représentants de différentes Églises entrent en portant une Bible, une bougie allumée (qui peut être le cierge pascal) et une vasque de sel. Il propose également que chacun de ces symboles soit fourni par une communauté distincte. La Bible serait à placer sur le pupitre des lectures, le sel et la bougie pouvant être déposés soit près du pupitre comme symboles de la Parole de Dieu, soit près du baptistère, en signes de notre appel baptismal. II. PRIÈRES POUR DEMANDER L’ESPRIT SAINT C : Esprit Saint, toi le don du Père en son Fils JésusChrist, demeure en nous, ouvre nos cœurs et rends-nous attentifs à ta voix. A : Esprit Saint, viens en nous. Une corbeille de petites bougies pourrait aussi être disposée dans le sanctuaire pour qu’après la prédication, des membres de l’assemblée puissent allumer des bougies individuelles à la flamme apportée en début de célébration. C : Esprit Saint, Divin Amour, source d’unité et de sainteté, montre-nous l’amour du Père. A : Esprit Saint, viens en nous. Bien qu’aucune hymne particulière ne soit indiquée, le groupe préparatoire letton suggère des cantiques trinitaires. Il propose aussi que les répons Kyrie Eleison et Christe Eleison soient chantés. Au cours de la liturgie de la Parole, un bref répons de l’assemblée est prévu dans le texte. L’introduction aux lectures reprend l’expression "explosion d’amour", empruntée au fondateur du Mouvement Pro Sanctitate, Guglielmo Giaquinta. Ce mouvement est vivant en Lettonie et certains de ses membres ont contribué à préparer cette célébration. C : Esprit Saint, Feu de l’amour, purifie-nous en faisant disparaître toute division de nos cœurs, de nos communautés et du monde, pour que nous soyons un au nom de Jésus. A : Esprit Saint, viens en nous. C : Esprit Saint, fortifie notre foi en Jésus, vrai Dieu et vrai homme, Lui qui a porté nos péchés de divisions jusqu’à la Croix et nous a conduits à la communion par sa Résurrection. A : Esprit Saint, viens en nous. Après la célébration : Le pain, surtout le pain noir, est un symbole letton d’hospitalité. Lorsque de nouveaux habitants emménagent dans une maison, il est d’usage qu’en signe de bénédiction, des amis leur présentent une miche de pain sur laquelle on a répandu du sel en forme de croix. Le groupe letton préparatoire invite les chrétiens du monde à imiter ce geste d’hospitalité lors du moment fraternel qu’ils partageront, après la célébration. C : Père, Fils et Esprit Saint, demeure en nous pour nous transformer en communion d’amour et de sainteté. Que nous soyons un en toi, qui vis et règnes pour les siècles des siècles. A : Amen. DÉROULEMENT DE LA CÉLÉBRATION Chant de louange Appelés à proclamer les hauts faits du Seigneur (cf. 1 P 2,9) III. PRIÈRES DE RÉCONCILIATION C : Dieu nous invite à la réconciliation et à la sainteté. Que nos esprits, nos cœurs et nos corps se préparent à accueillir la grâce de la réconciliation sur leur route vers la sainteté. C : Célébrant A : Assemblée L : Lecteur Silence I. RASSEMBLEMENT C : Seigneur, tu nous as créés à ton image. Quand nous manquons de respect envers notre propre nature et le monde que tu nous as donné, pardonne-nous. Kyrie eleison. A : Kyrie eleison. Chant d’entrée Les célébrants font leur entrée. Ils peuvent apporter une Bible, une bougie allumée et du sel. 69 C : Seigneur, tu nous invites à être parfaits comme notre Père céleste est parfait. Quand nous manquons à la sainteté, cessons d’être un peuple intègre et ne respectons plus les droits des êtres humains et leur dignité, pardonne-nous. Christe eleison. A : Christe eleison. Matthieu 5,1-16 C : Seigneur de la vie, de la paix et de la justice, lorsque nous transmettons une culture de mort, de guerre et d’injustice, et cessons de bâtir la civilisation de l’amour, pardonne-nous. Kyrie eleison. A : Kyrie eleison. V. GESTE D’ENGAGEMENT POUR ÊTRE SEL ET LUMIÈRE L : Écoutez et vous vivrez. A : Nous rendons grâce à Dieu. Prédication Le célébrant fait maintenant cette invitation à l’assemblée : C : Nous avons écouté les Écritures que nous honorons et qui sont notre richesse, et nous avons été nourris ensemble à la même table de la Parole. Nous emporterons avec nous cette sainte Parole dans le monde car la même mission nous unit : celle d’être sel de la terre, lumière du monde, celle de proclamer les hauts faits du Seigneur. C : Dieu de miséricorde, daigne-nous emplir de ta grâce et de ta sainteté. Fais de nous des apôtres de l’amour, partout où nous sommes. Nous te le demandons par le Christ, notre Seigneur. A : Amen. En signe de cette mission que nous partageons, nous invitons ceux qui le souhaitent à s’avancer, à venir goûter une pincée de ce sel et à allumer une petite bougie à cette unique flamme. Nous invitons ceux qui poseront ce geste à garder la flamme allumée jusqu’à la fin de la célébration. IV. PROCLAMATION DE LA PAROLE DE DIEU L : La Parole de Dieu que nous allons entendre est une explosion d’amour en nos vies. Écoutez et vous vivrez. A : Nous rendons grâce à Dieu. Esaïe 55,1-3 VI. PRIÈRES D’ESPÉRANCE C : En enfants de Dieu, conscients de notre dignité et de notre mission, faisons monter nos prières et affirmons notre désir d’être pour Dieu un peuple saint. L : Écoutez et vous vivrez. A : Nous rendons grâce à Dieu. Psaumes 145,8-9.15-16.17-18 Silence L : Je bénirai ton nom à jamais A : Je bénirai ton nom à jamais. C : Père très aimant, transforme nos cœurs, nos familles, nos communautés et notre société. A : Rends-nous tous saints et un dans le Christ. L : Le Seigneur est bienveillant et miséricordieux, lent à la colère et d’une grande fidélité. Le Seigneur est bon pour tous, plein de tendresse pour toutes ses œuvres. A : Je bénirai ton nom à jamais. C : Source de vie, apaise la soif dont souffre notre société : soif de dignité, d’amour, de communion et de sainteté. A : Rends-nous tous saints et un dans le Christ. L : Les yeux sur toi, ils espèrent tous, et tu leur donnes la nourriture en temps voulu ; tu ouvres ta main et tu rassasies tous les vivants que tu aimes. A : Je bénirai ton nom à jamais. C : Esprit Saint, Esprit de joie et de paix, guéris les divisions qu’engendre en nous un mauvais usage du pouvoir et de l’argent, et réconcilie-nous dans nos diversités de cultures et de langages. Comme enfants de Dieu, fais notre unité. A : Rends-nous tous saints et un dans le Christ. L : Le Seigneur est juste en toutes ses voies, fidèle en tous ses actes. Le Seigneur est proche de tous ceux qui l’invoquent, de tous ceux qui l’invoquent vraiment. A : Je bénirai ton nom à jamais. C : Trinité d’amour, fais-nous passer des ténèbres à ta merveilleuse lumière. A : Rends-nous tous saints et un dans le Christ. C : Seigneur Jésus Christ, par le baptême, nous sommes devenus un avec toi. Nous unissons donc notre prière à la tienne en reprenant les paroles que tu nous as toi-même enseignées… 1 Pierre 2,9-10 L : Écoutez et vous vivrez. A : Nous rendons grâce à Dieu. A : Notre Père… 70 VII. PARTAGE DE LA PAIX tombeau de Jésus. Des blessures de cette nature nous emprisonnent dans un tombeau spirituel. C : Jésus dit : Vous êtes le sel de la terre. Vous êtes la lumière du monde. Que votre lumière brille devant les autres, afin qu’en voyant vos bonnes œuvres, ils glorifient votre Père qui est dans les cieux. Soyez le sel de la terre. Soyez la lumière du monde. Mais si, dans notre souffrance, notre peine s’unit à la sienne, l’histoire n’en reste pas à ce stade, en nous laissant enfermés dans nos tombeaux. Le tremblement de terre de la résurrection du Seigneur est l’événement extraordinaire où nos tombeaux s’ouvrent et où nous sommes libérés du chagrin et de l’amertume qui nous maintenaient dans l’isolement les uns des autres. Que la paix du Seigneur soit toujours avec vous. A : Et avec votre esprit. Le haut fait du Seigneur, le voici : c’est son amour qui fait trembler la terre, roule les pierres, nous libère et nous appelle au-dehors, en ce matin d’un jour nouveau. Alors, en cette aube nouvelle, nous sommes unis à nos frères et sœurs qui, eux aussi, ont été emprisonnés et ont souffert. Et, comme Marie-Madeleine, il nous faut « quitter en hâte » ce grand moment de joie pour aller annoncer aux autres ce que le Seigneur a fait. C : Échangeons un signe de paix. VIII. BÉNÉDICTION ET ENVOI C : Bénis soient les pauvres de cœur. Bénis soient ceux qui pleurent. Bénis soient les doux. Bénis soient les miséricordieux. Bénis soient les cœurs purs. Bénis soient ceux qui font œuvre de paix. Bénis soient les persécutés. Bénis soyez-vous par Dieu, Père, Fils et Esprit Saint. A : Amen. QUESTIONS Quels sont les événements, les situations de nos vies et les circonstances qui nous conduisent à nous enfermer dans le tombeau – dans la tristesse, le chagrin, les soucis, l’anxiété et le désespoir ? Qu’estce qui nous empêche d’accepter la promesse et la joie de la résurrection du Christ ? C : Allez dans la paix du Christ. A : Amen. Dans quelle mesure sommes-nous prêts à partager notre expérience de Dieu avec ceux que nous rencontrons ? COMMENTAIRES BIBLIQUES ET PRIÈRES POUR LES « HUIT JOURS » 1ER JOUR FAIRE ROULER LA PIERRE Ez 37,12-14 Je vais ouvrir vos tombeaux, je vous ferai remonter de vos tombeaux, ô mon peuple. Ô Dieu, ta loyauté est si haute et tu as fait de si grandes choses ! Ayant part à ses souffrances, nous aurons part aussi à sa gloire. Il n’est pas ici, car il est ressuscité comme il l’avait dit. Ps 71,18b-23 Rm 8,15-21 Mt 28,1-10 2E JOUR APPELÉS À ÊTRE MESSAGERS DE JOIE Es 61,1-4 L’Esprit du Seigneur Dieu est sur moi. Le Seigneur, en effet, a fait de moi un Messie, il m’a envoyé porter joyeux message aux humiliés. Oh ! quel plaisir, quel bonheur de se trouver entre frères ! Comblez ma joie en vivant en plein accord. Ayez un même amour, un même cœur ; recherchez l’unité. Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite. Ps 133 Ph 2,1-5 Jn 15,9-12 COMMENTAIRE COMMENTAIRE Les réflexions de cette journée ont été préparées par le Centre de la Jeunesse catholique de l’Archidiocèse de Riga, et résultent de son expérience de préparation du Chemin de Croix œcuménique ‒ un événement œcuménique annuel d’une grande importance en Lettonie. Cette expérience invite à réfléchir à ce que signifient la Passion et la Résurrection dans le contexte letton, et aux hauts faits que les chrétiens baptisés sont appelés à proclamer. À l’époque soviétique, aucune présence chrétienne n’était possible dans les medias publics lettons. Après l’indépendance, la radio lettone d’État a commencé à diffuser des programmes chrétiens portant principalement sur l’unité et la mission, en instaurant un forum pour permettre aux responsables des diverses Églises de se rencontrer. Ce témoignage public de respect mutuel, d’amour et de joie a contribué à faire vivre l’esprit œcuménique letton. C’est l’expérience des créateurs de ces émissions chrétiennes à la radio lettone d’État qui a inspiré cette réflexion. La période soviétique de la Lettonie continue de peser sur les habitants de cette nation. Beaucoup de souffrance et de peine demeurent, et les blessures infligées restent dures à pardonner. Tout cela ressemble à cette grande pierre, placée à l’entrée du La joie évangélique invite les chrétiens à vivre la prophétie d’Ésaïe : « L’Esprit du Seigneur Dieu est sur moi. Le Seigneur, en effet, a fait de moi un 71 Messie, il m’a envoyé porter joyeux message aux humiliés ». Nous avons soif de la Bonne Nouvelle qui peut guérir nos cœurs brisés et nous libérer de tout ce qui nous ligote et nous rend captifs. le Christ, et la souffrance de la désunion. En signe de cette division, ils déposent une patène et un calice vides sur l’autel à la prière du soir. Leur expérience a inspiré cette réflexion. Les divisions entre chrétiens font obstacle à l’évangélisation. Le monde ne peut pas croire que nous sommes les disciples de Jésus tant que notre amour des uns pour les autres est incomplet. Nous éprouvons la souffrance de cette division en ne pouvant pas recevoir le corps et le sang du Christ ensemble, au cours de l’Eucharistie, sacrement de l’unité. Lorsque notre propre souffrance nous attriste, il peut nous manquer la vigueur suffisante pour annoncer la joie qui vient de Jésus. Néanmoins, même si nous nous sentons incapables de donner quoi que ce soit à l’autre, dès lors que nous témoignons du peu que nous avons, Jésus le multiplie en nous et chez ceux qui nous entourent. Jésus dit dans l’Évangile, « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés ; demeurez dans mon amour » et « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». C’est ainsi que nous découvrons que sa joie nous habite, pour que notre joie soit parfaite. Cet amour réciproque et cette joie mutuelle sont au cœur de notre prière pour l’unité. Comme le dit le psalmiste : « Oh ! quel plaisir, quel bonheur de se trouver entre frères ! » La source de notre joie, c’est notre vie commune dans le Christ. Notre vie fraternelle quotidienne consiste à accueillir, aimer, servir, prier et témoigner avec des chrétiens de traditions différentes. C’est la perle de grand prix que le Saint-Esprit nous a donnée. La nuit d’avant sa mort, Jésus a prié pour que nous soyons un et que nous nous aimions les uns les autres. Aujourd’hui, nous élevons nos mains pour prier avec lui pour l’unité chrétienne. Nous prions pour les évêques, les ministres et membres de toutes les Églises. Nous prions pour que l’Esprit Saint nous guide sur ce chemin de l’unité. QUESTIONS Qu’est-ce qui, dans le monde et les Églises, étouffe la joie ? Que pouvons-nous recevoir des autres chrétiens pour que la joie de Jésus soit en nous et nous fasse témoigner de la Bonne Nouvelle ? QUESTIONS Comment considérons-nous les chrétiens d’autres Églises, et sommes-nous prêts à leur demander pardon de nos préjugés à leur égard ? PRIÈRE Dieu d’amour, regarde notre volonté de te servir en dépit de notre pauvreté spirituelle et de nos aptitudes limitées. Viens habiter de ta présence les désirs profonds de nos cœurs. Remplis nos cœurs brisés de ton amour qui guérit, pour qu’il nous soit possible d’aimer comme tu nous as aimés. Accorde-nous le don de l’unité, pour que nous puissions te servir avec joie et que nous partagions ton amour à tous. Nous te le demandons au nom de ton fils Jésus Christ, notre Seigneur. Amen. 3E JOUR LE TÉMOIGNAGE FRATERNEL Je 31,10-13 Ils arrivent, ils entonnent des chants de joie sur les hauteurs de Sion. Demandez la paix pour Jérusalem : que tes amis vivent tranquilles. Si quelqu’un dit « J’aime Dieu2 et qu’il haïsse son frère, c’est un menteur. Qu’ils parviennent à l’unité parfaite et qu’ainsi le monde puisse croire que c’est toi qui m’as envoyé. Ps 122 1 Jn 4,16b-21 Jn 17,20-23 Qu’est-ce que chacun d’entre nous peut faire pour que les divisions entre chrétiens diminuent ? PRIÈRE Seigneur Jésus, toi qui as prié pour que nous soyons tous un, nous te prions pour que tu nous accordes le don de l’unité telle que tu la veux, par les moyens que tu veux. Que ton Esprit nous donne d’éprouver la souffrance de la séparation, de voir notre péché et d’espérer au-delà de toute espérance. Amen. 4E JOUR UN PEUPLE DE PRÊTRES APPELÉ À PROCLAMER L’ÉVANGILE Gn 17,1-8 Ton nom sera Abraham, car je te donnerai de devenir le Pèred’une multitude de nations. Le Seigneur est bienveillant et miséricordieux, lent à la colèreet d’une grande fidélité. Et comment croiraient-ils en lui sans l’avoir entendu ? D’autres grains sont tombés dans la bonne terre et ont donné du fruit, l’un cent, l’autre soixante, l’autre trente. Ps 145,8-12 Rm 10,14-15 Mt 13,3-9 COMMENTAIRE COMMENTAIRE Le Chemin Neuf, communauté catholique internationale à vocation œcuménique, est implanté en Lettonie depuis plus de dix ans, à travers des membres à la fois catholiques et luthériens. Ensemble, ils expérimentent la joie qu’apporte la fraternité dans Les réflexions qui suivent ont été inspirées par les producteurs de Vertikale, émission chrétienne du dimanche matin. Le maintien de cette voix chrétienne à la télévision nationale lettone a 72 COMMENTAIRE constitué un véritable défi. Les producteurs en ont tiré l’enseignement suivant : ce n’est qu’en apprenant à reconnaître les autres chrétiens comme des frères et sœurs que nous pouvons oser porter la Parole de Dieu dans l’espace public. La fraternité vécue entre les responsables chrétiens est l’expression visible de la vie œcuménique lettone. Ces responsables se rassemblent régulièrement à Gaizins, la plus haute colline lettone, ainsi qu’en d’autres lieux, pour 40 heures de prière et de vie fraternelle simple, au cours desquelles ils partagent les repas. Pendant toute la durée de ces rassemblements, les fidèles les soutiennent par la prière et l’intercession permanentes. Ces rencontres ressourcent les responsables dans leur collaboration en Christ. C’est l’expérience du fondateur de la Maison lettone de prière pour tous les peuples qui a inspiré cette réflexion. Dans le monde d’aujourd’hui, nos lieux de vie sont plus que jamais inondés de paroles : non plus seulement du fait de nos propres conversations, mais par la télévision, la radio et maintenant les réseaux sociaux. Ces paroles ont le pouvoir de construire et de détruire. Une grande part de cet océan de mots paraît inutile : il est plus insignifiant que nourrissant. Le commandement de Jésus de nous aimer les uns les autres n’est pas une théorie. Notre communion d’amour des uns pour les autres se concrétise lorsque nous nous rassemblons intentionnellement comme disciples du Christ, pour partager la vie fraternelle et la prière dans la puissance de l’Esprit. On peut se noyer dans cette immensité dépourvue de sens. Mais nous avons entendu une parole de salut ; elle nous a été jetée comme une bouée de sauvetage. Elle nous appelle à la communion, et nous invite à nous unir à tous ceux qui l’ont entendue également. Jadis, nous n’étions pas un peuple, mais maintenant nous sommes le peuple de Dieu. Plus les chrétiens, et particulièrement leurs responsables, cheminent ensemble humblement et patiemment à la rencontre du Christ, plus les préjugés s’estompent, plus nous découvrons le Christ les uns dans les autres, et plus nous devenons d’authentiques témoins du royaume de Dieu. Mieux encore, nous sommes un peuple de prêtres. Si nos mots s’unissent à ceux d’autres personnes ayant accueilli sa Parole, ce ne sont plus de simples gouttes perdues dans l’océan. Nous disposons de la sorte d’une parole puissante à dire. Dans l’unité, nous pouvons l’affirmer avec puissance : Yeshua – Dieu sauve. L’œcuménisme peut parfois apparaître comme étant très compliqué. Et pourtant, la vie fraternelle joyeuse, le partage d’un repas, la prière et la louange communes font partie de la simplicité apostolique. C’est par eux que nous obéissons au commandement de nous aimer les uns les autres, et de proclamer notre Amen à la prière du Christ pour l’unité. QUESTIONS Qu’y a-t-il de notre part comme ambitions personnelles, esprits de compétition, faux préjugés vis-à-vis d’autres chrétiens, et ressentiments qui obscurcissent notre proclamation de l’Évangile ? QUESTIONS Faisons-nous l’expérience de nous rencontrer les uns les autres, comme frères et sœurs en Christ, pour vivre la fraternité chrétienne, partager des repas et prier ensemble ? Quels sont ceux qui peuvent entendre une parole de vie de notre part ? PRIÈRE Qu’attendons-nous des évêques et des autres responsables d’Églises pour avancer vers l’unité visible de l’Église ? Comment pouvons-nous les soutenir et les encourager ? Seigneur Jésus, tu as dit que c’est à l’amour que nous aurions les uns pour les autres que l’on nous reconnaîtrait comme tes disciples. Fais que, fortifiés par ta grâce, nous travaillions inlassablement à l’unité visible de ton Église, afin que la Bonne Nouvelle que tu nous appelles à proclamer puisse se faire entendre en chacune de nos paroles et en tous nos actes. Amen. 5E JOUR LA FRATERNITÉ DES APÔTRES Es 56,6-8 Car ma maison sera appelée « Maison de prière pour tous les peuples ». Qui gravira la montagne du Seigneur ? Ils étaient assidus à l’enseignement des apôtres et à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières. Je vous donne un commandement nouveau : aimez-vous les uns les autres. Ps 24 Ac 2,37-42 Jn 13,34-35 PRIÈRE Toi, le Dieu de notre Seigneur Jésus Christ, le Père de la gloire, accorde à tous les chrétiens, et plus particulièrement à ceux que tu as chargés de guider ton Église, ton esprit de sagesse et de science afin que nous puissions voir avec les yeux du cœur l’espérance à laquelle tu nous as appelés : être un seul corps et un seul esprit, un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous, qui règne audessus de tous, par tous et en tous. Amen. 73 6E JOUR ÉCOUTEZ CE RÊVE Gn 37,5-8 Ps 126 Rm 12,9-13 Écoutez le rêve que j’ai fait. Nous avons cru rêver. Que l’amour fraternel vous lie d’une mutuelle affection ; rivalisez d’estime réciproque. Le monde entier ne pourrait pas contenir les livres qu’on écrirait. Jn 21,25 PRIÈRE Père céleste, accorde-nous l’humilité de savoir entendre ta voix, de recevoir ton appel, et de partager ton rêve que l’Église soit unie. Aide-nous à rester conscients de la tristesse de la désunion. Là où les divisions nous ont laissé des cœurs de pierre, fais que le feu de l’Esprit Saint les embrase et nous inspire d’être un dans le Christ, comme il est un en toi, afin que le monde croie que tu l’as envoyé. Nous te le demandons au nom de Jésus. Amen. COMMENTAIRE La désunion des chrétiens fait mal. Les Églises souffrent de leur incapacité à se rassembler à la Table du Seigneur comme une seule famille ; elles souffrent de leurs rivalités et de leurs hostilités historiques. En 2005, une réponse à la désunion des chrétiens a été apportée par la création d’une revue œcuménique : Kas Mus Vieno ? (« Qu’est-ce qui nous unit ? »). L’expérience de réalisation de cette revue a inspiré la réflexion ci-après. 7E JOUR L’HOSPITALITÉ DANS LA PRIÈRE Is 62,6-7 Sur tes murailles, Jérusalem, j’ai posté des gardes ; à longueur de jour, à longueur de nuit, ils ne doivent jamais rester inactifs. Gens du monde entier, faites une ovation au Seigneur. Offrez-lui un culte joyeux. Vivez donc d'une manière raisonnable et gardez l'esprit éveillé afin de pouvoir prier. L'eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d'où jaillira la vie éternelle. Ps 100 Joseph fait un rêve, et ce rêve est un message de Dieu. Mais lorsqu’il fait part de son rêve à ses frères, ceux-ci réagissent avec colère et violence parce que le songe implique qu’ils s’inclinent devant lui. Finalement, la famine conduit les frères en Égypte, et ils s’inclinent bel et bien devant Joseph, mais au lieu de l’abaissement et du déshonneur qu’ils redoutaient, c’est un moment de réconciliation et de grâce. 1 P 4,7b-10 Jn 4,4-14 COMMENTAIRE L’expérience de la prière commune pendant chacun des huit jours de la Semaine de prière pour l’unité chrétienne a aidé les chrétiens de la petite ville de Madona à se rassembler dans l’amitié. Un fruit particulier de ces rencontres a été l’ouverture d’une chapelle de prière œcuménique en centre-ville. Elle est aménagée à partir d’éléments de traditions luthérienne, catholique et orthodoxe. Les chrétiens de Madona se réunissent là pour prier continuellement tout au long de la journée Cette expérience figure en arrière-plan des réflexions suivantes. Jésus, comme Joseph, nous dévoile une vision, un message sur la vie dans le royaume de son Père. C’est une vision d’unité. Mais, comme les frères de Joseph, cela nous agace souvent, nous fâche et nous fait craindre à la fois la vision comme telle et ce qu’elle paraît impliquer. Elle requiert que nous nous soumettions à la volonté de Dieu et que nous nous inclinions devant elle. Nous l’appréhendons parce que nous avons peur à l’idée de ce que nous pourrions perdre. Mais la vision ne porte pas sur quelque chose à perdre. Elle concerne plutôt les retrouvailles des frères et sœurs que nous avions perdus, le retour à l’unité de la famille. Tant que le peuple de Dieu est divisé, et que les chrétiens ne se connaissent pas entre eux, nous sommes, tout comme Jésus en Samarie, des étrangers en terre inconnue, avec nos besoins de sécurité, de fraîcheur, de repos. Le peuple d’Israël était en quête d’un lieu de sécurité où il pourrait rendre un culte au Seigneur. Isaïe nous parle du haut fait du Seigneur : il a posté des gardes sur les murailles de Jérusalem, afin que son peuple puisse lui rendre un culte nuit et jour, en toute sécurité. Nous avons rédigé beaucoup de textes œcuméniques, mais nous ne pouvons pas limiter notre vision de l’unité chrétienne à des déclarations d’accord, quelle qu’en soit la portée. L’unité que Dieu désire pour nous, la vision qu’il nous en présente, dépasse de beaucoup tout ce que nous pouvons exprimer en des mots ou que peuvent contenir des ouvrages. Elle exprime ce qui doit prendre chair en nos vies, ainsi que dans la prière et la mission que nous partageons avec nos frères et sœurs. Elle se réalise principalement dans l’amour que nous manifestons les uns pour les autres. Pendant la Semaine de Prière, nos églises et chapelles deviennent des lieux de sécurité, de repos et de ressourcement où les gens peuvent se réunir pour prier. Le défi qui nous est présenté à partir de là consiste à créer d’autres espaces et temps de prière privilégiés, parce que c’est en priant ensemble que nous devenons un même peuple. QUESTIONS QUESTIONS Que signifie le fait de déposer nos rêves d’unité chrétienne aux pieds du Christ ? Comment pouvons-nous encourager l’hospitalité mutuelle entre paroisses et communautés de notre localité ? En quoi la vision d’unité qu’a le Seigneur appelle-telle les Églises à se renouveler et à se transformer aujourd’hui ? 74 Y a-t-il un endroit de notre voisinage où les chrétiens de traditions différentes peuvent se rassembler pour prier, et si tel n’est pas le cas pouvons-nous favoriser la création d’un lieu de ce genre ? Quels sont les dons (initiatives, méthodes, et programmes) que nous pouvons recevoir d’autres communautés chrétiennes ? PRIÈRE Seigneur Jésus, tu as rendu nos cœurs brûlants audedans de nous, et tu nous as renvoyés sur la route vers nos frères et sœurs, avec le message évangélique aux lèvres. Aide-nous à percevoir que l’espérance et l’obéissance à tes commandements conduisent toujours à une plus grande unité de ton peuple. Amen. PRIÈRE Seigneur Jésus, tu as demandé à tes apôtres de veiller et de prier avec toi. Fais que nous puissions offrir au monde des temps et lieux privilégiés qui lui permettent de se ressourcer et de trouver la paix, afin qu’en priant avec d’autres chrétiens, nous parvenions à te connaître davantage. Amen. 8E JOUR DES CŒURS QUI BRÛLENT POUR L’UNITÉ Is 52,7-9 Qu'il est beau de voir venir, franchissant les montagnes, un porteur de bonne nouvelle ! Tu as changé ma plainte en danse de joie. Dieu a voulu faire connaître aux païens ce plan si riche et si magnifique : le Christ est en vous. Puis il leur expliqua ce qui était dit à son sujet dans l'ensemble des Écritures, en commençant par les livres de Moïse et en continuant par tous les livres des Prophètes. Ps 30 Col 1,27-29 Lc 24,13-36 LA SITUATION ŒCUMÉNIQUE EN LETTONIE I. LES ÉGLISES CHRÉTIENNES Un « œcuménisme vivant » : cette expression décrit bien la situation en Lettonie aujourd’hui. De plus en plus souvent, et en un nombre croissant de lieux, les chrétiens de différentes traditions se rencontrent pour prier ensemble et pour un témoignage commun. On peut expliquer ce dynamisme notamment par le fait que les trois confessions les plus importantes ont un nombre voisin de fidèles, tandis que les Églises plus petites sont très actives. La Lettonie est une sorte de « pont » entre les traditions catholiques, protestantes et orthodoxes. Selon les statistiques officielles de 2011, 34,3 % des Lettons sont luthériens, 25,1 % catholiques et 19,4 % sont orthodoxes ou Vieux-Croyants. 1,2 % de la population appartient à d’autres Églises (baptistes, adventistes, pentecôtistes, ou d’autres Églises libres). 20 % des habitants se déclarent membres d’autres religions ou sans appartenance religieuse. Six traditions religieuses ont une reconnaissance officielle en Lettonie : le luthéranisme, le catholicisme, le baptisme, l’orthodoxie, les Vieux-Croyants et le judaïsme. COMMENTAIRE Différentes Églises lettones ont pu œuvrer ensemble dans une démarche commune d’évangélisation à partir des Parcours Alpha, originellement mis en place par l’Église anglicane de la SainteTrinité de Brompton, près de Londres. Les Lettons venus à la foi grâce à ce programme sont ouverts à l’étude et à l’enrichissement que peuvent leur apporter les dons des autres communautés chrétiennes. Cette expérience a inspiré les réflexions suivantes. Les disciples déçus, qui quittent Jérusalem pour se rendre à Emmaüs, ont cessé d’espérer que Jésus ait pu être le Messie, et s’éloignent pas à pas de leur communauté. Ce déplacement génère séparation et isolement. II. L’ŒCUMÉNISME VÉCU Bien que les Églises en Lettonie n’aient pas créé un Conseil national d’Églises, la vie œcuménique porte beaucoup de fruit. La coopération entre les chrétiens en Lettonie est vitale aujourd’hui si l’on veut que le message évangélique puisse atteindre la société contemporaine post-moderne dans sa diversité et dans la pluralité des opinions. Dans la coopération œcuménique et les relations entre les différentes confessions en Lettonie, on pourrait dire qu’il s’agit de proclamer « les hauts faits du Seigneur ». Par opposition, ils repartent vers Jérusalem emplis d’espérance, et le message de la Bonne Nouvelle aux lèvres. C’est ce message de résurrection qui les ramène au cœur de la communauté et dans la communion fraternelle. Les chrétiens tentent souvent d’évangéliser dans un esprit de compétition et avec le souci de remplir leurs propres églises. L’ambition étouffe leur désir que d’autres entendent le message évangélique qui fait vivre. La véritable évangélisation, c’est d’aller d’Emmaüs à Jérusalem, de passer de l’isolement à l’unité. Régulièrement les évêques des Églises catholique, orthodoxe, luthérienne et baptiste adressent un message commun à la société lettone sur des sujets éthiques, sur la défense de la vie ou sur la justice sociale. En raison des relations fraternelles entre les responsables des Églises catholique et luthérienne en Lettonie, la consécration épiscopale de l’actuel archevêque catholique a eu lieu dans la cathédrale luthérienne de Riga. QUESTIONS Quelles sont les déceptions qui nous isolent des autres ? 75 Les responsables des différentes Églises se retrouvent pour marquer ensemble les fêtes nationales et les jours fériés, par exemple le 18 novembre, journée nationale de l’Indépendance. La Parole de Dieu est proclamée, des allocutions sont prononcées, avec la contribution des musiciens des différentes Églises. catholique, luthérien et baptiste. Les chrétiens d’Igate veulent y prier tout particulièrement pour les enfants déjà nés et ceux qui ne sont pas encore au monde, ainsi que pour leurs mères, en leur apportant aussi leur aide. On peut encore citer comme exemple d’initiative individuelle celle qui a lieu au Mont des Gaizins. C’est un laïc qui a invité les responsables d’Église à se rencontrer et à prier ensemble sur cette colline, la plus haute de Lettonie. Ceux-ci ont accepté ; pendant ces rencontres, ils sont soutenus par une prière continuelle des fidèles. Ce rassemblement a déjà eu lieu sept fois, et de nouveaux responsables d’Église se sont ajoutés au fil des années Ces mêmes responsables sont rassemblés chaque année pour la réunion du Conseil des affaires spirituelles que le Premier Ministre préside. Dans le cadre de ces relations officielles avec l’État, les quatre principales confessions chrétiennes ont préparé ensemble des publications qui sont utilisées dans les écoles publiques et qui ont été approuvées par le ministère de l’Éducation nationale. Qu’est-ce qui nous unit ? : tel est le titre d’une publication lancée il y a dix ans par un laïc, particulièrement soucieux de l’unité des Églises. Le premier numéro était consacré uniquement à la Semaine de prière pour l’unité chrétienne. Les numéros suivants ont abordé des thèmes œcuméniques. Cette publication est distribuée gratuitement dans les communautés locales des différentes Églises. Toutefois les relations entre les évêques ou entre les ministres des Églises lettones vont bien au-delà des célébrations œcuméniques. Elles s’enracinent dans une amitié authentique. Elles remettent en question ces murs de la division construits dans les siècles antérieurs, et permettent une reconnaissance mutuelle comme ministres de l’Évangile. Les évêques catholiques, luthériens et baptistes se rencontrent régulièrement. Ils prient, ils louent Dieu ensemble dans un climat fraternel et ils discutent de questions importantes pour la Lettonie. On trouve d’autres exemples de coopération œcuménique dans différents groupes de prière ou communautés, tels que le Chemin neuf, la Croix bleue, Kalnskola et Effata, mais aussi avec des engagements sociaux comme les aumôneries de prison, ou le centre de réhabilitation pour les anciens drogués et alcooliques, la Maison de la miséricorde de Bethléem. Dans tous ces mouvements et organismes, dans la prière quotidienne ou la mission, les chrétiens de différentes Églises travaillent main dans la main et œuvrent à l’unité chrétienne dans des tâches de la vie quotidienne. Entre les communautés locales, au niveau paroissial, il y a aussi beaucoup d’exemples de coopération œcuménique. On trouve par exemple des parcours d’évangélisation organisés en commun avec les Parcours Alpha. La paroisse catholique de Sainte-Thérèse-del’Enfant-Jésus et celle de Sainte-Marie-Madeleine, l’église luthérienne de Tornakalns à Riga ainsi que la communauté baptiste d’Āgenskalns se rencontrent régulièrement, elles ont des projets caritatifs communs et publient ensemble un calendrier. Depuis l’an 2000 les différentes communautés chrétiennes à Madona ont, au cours de la Semaine de prière pour l’unité chrétienne, une célébration quotidienne, organisée chaque jour dans une paroisse différente. Cette expérience permet à beaucoup de fidèles de faire connaissance avec leurs frères et sœurs d’autres confessions. Fruit de cette expérience, une chapelle interconfessionnelle a été créée, la première en Lettonie, où des frères et sœurs de différentes Églises peuvent venir prier. Les portes de la chapelle sont ouvertes jour et nuit. Des catholiques et des luthériens y assurent à tour de rôle une présence continue de prière. Cette diversité confessionnelle en Lettonie marque aussi la vie familiale. Il y a de nombreux couples mixtes et les divisions qui demeurent entre Églises chrétiennes rejaillissent sur leur quotidien, pour la célébration du mariage, pour la catéchèse des enfants, pour la présence à l’église le dimanche et la communion eucharistique de ceux qui pratiquent. Les familles chrétiennes sont exposées aux difficultés de notre société moderne mondialisée. Depuis 1994, la fraternité Cana aide tout particulièrement les familles. Une fête œcuménique des familles est organisée depuis 2006, en lien avec la municipalité de Riga, afin d’attirer l’attention sur les problèmes que rencontrent les familles et pour les soutenir. Ce sont les Églises libres en Lettonie qui œuvrent tout particulièrement pour ces événements, en lien avec les trois principales confessions chrétiennes. En plus de ces activités organisées par les Églises et les paroisses, plusieurs initiatives sont mises sur pied par des chrétiens particulièrement motivés par l’œcuménisme. Pour prendre un exemple marquant, on peut citer l’ouverture de la chapelle œcuménique SaintJean-le-Baptiste et Marie-Madeleine dans le petit village d’Igate. La construction de cette chapelle relève d’une initiative privée. Elle est utilisée par les fidèles des quatre principales confessions chrétiennes en Lettonie : luthériens, catholiques, orthodoxes et baptistes. Le bâtiment a été béni le 18 janvier 2013 par les évêques Les medias jouent un rôle important pour l’évangélisation. Un groupe œcuménique produit des émissions qui sont diffusées régulièrement sur la radio publique de Lettonie : elles contribuent à la promotion de l’unité et à la communion entre les chrétiens du pays. Un organisme catholique dénommé Emanuels produit l’émission télévisée Vertikale qui est diffusée sur la première chaîne lettone. Ces émissions essayent 76 SEMAINE DE PRIÈRE POUR L’UNITÉ DES CHRÉTIENS de montrer ce qui unit les chrétiens plutôt que ce qui les divise. Les producteurs cherchent des témoins du Christ dans les communautés orthodoxes, catholiques, luthériennes, baptistes et dans d’autres Églises. Il y a aussi une radio évangélique, la Radio chrétienne lettone, dont beaucoup d’émissions ont aussi un intérêt œcuménique. THÈMES 1968-2016 C’est en 1968 que débuta officiellement la collaboration entre la Commission Foi et Constitution du COE et le Conseil Pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens pour la préparation de ces textes. Dans plusieurs villes de Lettonie – Kuldiga, Valmiera, Madona, Liepāja notamment –, un chemin de Croix a lieu chaque Vendredi saint dans les rues. À Riga ce chemin de croix œcuménique est organisé par le centre de la jeunesse catholique de l’archidiocèse de Riga, et il rassemble des milliers de fidèles, catholiques, luthériens, baptistes, pentecôtistes ou d’autres confessions. En tête de la procession les évêques et les ministres des différentes Églises marchent côte à côte. En plus des prières habituelles d’un chemin de croix, on y fait intervenir des acteurs professionnels des différents théâtres de Riga, qui sont également membres de différentes Églises. À la démarche spirituelle et religieuse, cette prière ajoute donc une dimension culturelle. Dans ce moment commun de recueillement et de réflexion, tous les chrétiens sont unis dans la prière du chemin de croix : « Nous t’adorons, ô Christ, et nous te louons. Par ta croix, tu as sauvé le monde ». 1968 Pour la louange de sa gloire (Ep 1, 14) To the praise of his glory 1969 Appelés à la liberté (Ga 5, 13) Called to freedom (Réunion préparatoire à Rome, Italie) 1970 Nous sommes les coopérateurs de Dieu (1 Co 3, 9) We are fellow workers for God (Réunion préparatoire au Monastère de Niederaltaich, République Fédérale d’Allemagne) 1971 ... et la communion du Saint-Esprit (2 Co 13, 13) ... and the communion of the Holy Spirit (Réunion préparatoire à Bari, Italie) 1972 Je vous donne un commandement nouveau (Jn 13, 34) I give you a new commandment (Réunion préparatoire à Genève, Suisse) III. LES DÉFIS DU MOUVEMENT ŒCUMÉNIQUE Il y a des bases solides pour continuer à développer l’œcuménisme en Lettonie, notamment parce qu’aucune Église n’est en situation de domination, mais aussi parce qu’il y a déjà de nombreuses activités œcuméniques. Et pourtant, il faut reconnaître que toutes ces activités ne concernent qu’un nombre relativement restreint de fidèles, déjà très ouverts aux relations œcuméniques, tandis que beaucoup de chrétiens y sont indifférents ou opposés. 1973 Seigneur, apprends-nous à prier (Lc 11, 1) Lord, teach us to pray (Réunion préparatoire à l’Abbaye de Montserrat, Espagne) 1974 Que tous confessent : Jésus Christ est Seigneur (Ph 2, 1-13) That every tongue confess: Jesus Christ is Lord (Réunion préparatoire à Genève, Suisse) (En avril 1974, une lettre fut adressée aux églisesmembres ainsi qu’à d’autres parties intéressées à la création de groupes locaux pouvant participer à la préparation du livret de la Semaine de Prière. Un groupe australien fut le premier à s’engager concrètement en préparant en 1975 le projet initial de livret pour la Semaine de Prière.) Un autre défi pour les Églises en Lettonie est l’absence de comités officiels pour le dialogue théologique entre elles. Des accords sur ces questions permettraient certainement de motiver les laïcs à un engagement œcuménique. On peut dire que l’avenir de l’œcuménisme dépend largement des relations personnelles et de la communion existante qui assure déjà le succès des événements œcuméniques actuels. Souvent c’est une Église qui prend une initiative sans que la responsabilité ne soit partagée par toutes les Églises. C’est un petit groupe de fidèles enthousiastes qui en porte tout le poids. Les Églises doivent donc trouver le moyen de porter ensemble les projets œcuméniques en se partageant les responsabilités. 1975 La volonté du Père : tout réunir sous un seul Chef, le Christ (Ep 1, 3-10) God’s purpose: all things in Christ (Projet de texte élaboré par un groupe australien - Réunion préparatoire à Genève, Suisse) 1976 Appelés à devenir ce que nous sommes (1 Jn 3, 2) We shall be like him or Called to become what we are (Projet de texte élaboré par la Conférence des églises des Caraïbes - Réunion préparatoire à Rome, Italie) Enfin, un des défis importants pour la communion des Églises reste la situation politique : elle affaiblit les liens avec les frères et sœurs de l’Église orthodoxe lettone (Patriarcat de Moscou). Il faut donc encore trouver de nouveaux chemins pour approfondir les relations. 77 1977 L’espérance ne déçoit pas (Rm 5, 1-5) Enduring together in hope (Projet de texte élaboré au Liban, en pleine guerre civile. Réunion préparatoire à Genève, Suisse) 1989 Bâtir la communauté : un seul corps en Christ (Rm 12, 5-6a) Building community: one body in Christ (Projet de texte élaboré au Canada - Réunion préparatoire à Whaley Bridge, Angleterre) 1978 Vous n’êtes plus des étrangers (Ep 2, 13-22) No longer strangers (Projet de texte élaboré par un groupe œcuménique de Manchester, Angleterre) 1990 Que tous soient un... afin que le monde croie (Jn 17) That they all may be one... That the world may believe (Projet de texte élaboré en Espagne - Réunion préparatoire à Madrid, Espagne) 1979 Soyez au service les uns des autres pour la gloire de Dieu (1 P 4, 7.11) Serve one another to the glory of God (Projet de texte élaboré en Argentine - Réunion préparatoire à Genève, Suisse) 1991 Nations, louez toutes le Seigneur (Ps 117 et Rm 15, 5-13) Praise the Lord, all you nations (Projet de texte élaboré en Allemagne - Réunion préparatoire à Rotenburg an der Fulda, République Fédérale d’Allemagne) 1980 Que ton Règne vienne (Mt 6, 10) Your kingdom come (Projet de texte élaboré par un groupe œcuménique de Berlin, République Démocratique d’Allemagne - Réunion préparatoire à Milan, Italie) 1992 Je suis avec vous... allez donc (Mt 28, 16-20) I am with you always ... Go, therefore (Projet de texte élaboré en Belgique - Réunion préparatoire à Bruges, Belgique) 1981 Un seul Esprit - des dons divers - Un seul corps (1 Co 12, 3b-13) One Spirit - many gifts - one body (Projet de texte élaboré par les Pères de Graymoor, États-Unis - Réunion préparatoire à Genève, Suisse) 1993 Porter le fruit de l’Esprit pour l’unité des chrétiens (Ga 5, 22-23) Bearing the fruit of the Spirit for Christian unity (Projet de texte élaboré au Zaïre - Réunion préparatoire près de Zurich, Suisse) 1982 Que tous trouvent leur demeure en toi, Seigneur (Ps 84) May all find their home in you, O Lord (Projet de texte élaboré au Kenya - Réunion préparatoire à Milan, Italie.) 1994 La maison de Dieu : appelés à n’avoir « qu’un cœur et qu’une âme » (Ac 4, 32) The household of God: called to be one in heart and mind (Projet de texte élaboré en Irlande - Réunion préparatoire à Dublin, Irlande) 1983 Jésus Christ - Vie du monde (1 Jn 1, 1-4) Jesus Christ - the Life of the World (Projet de texte élaboré par un groupe œcuménique d’Irlande - Réunion préparatoire à Céligny [Bossey], Suisse) 1995 Koinônia : communion en Dieu et entre nous (Jn 15, 1-7) Koinonia: communion in God and with one another (Projet de texte élaboré par Foi et constitution - Réunion préparatoire à Bristol, Angleterre) 1984 Appelés à l’unité par la Croix de notre Seigneur (1 Co 2, 2 et Col 1, 20) Called to be one through the cross of our Lord (Réunion préparatoire à Venise, Italie) 1985 De la mort à la Vie avec le Christ (Ep 2, 4.7) From death to life with Christ (Projet de texte élaboré en Jamaïque - Réunion préparatoire à Grandchamp, Suisse) 1996 Voici, je me tiens à la porte et je frappe (Ap 3, 14-22) Behold, I stand at the door and knock (Projet de texte élaboré au Portugal - Réunion préparatoire à Lisbonne, Portugal) 1986 Vous serez mes témoins (Ac 1, 6.8) You shall be my witnesses (Textes proposés en Yougoslavie [Slovénie] - Réunion préparatoire en Yougoslavie) 1997 Au nom du Christ... laissez-vous réconcilier avec Dieu (2 Co 5, 20) We entreat you on behalf of Christ, be reconciled to God (Projet de texte élaboré en Scandinavie - Réunion préparatoire à Stockholm, Suède) 1987 Unis dans le Christ, une nouvelle création (2 Co 5, 17-6, 4a) United in Christ - a New Creation (Projet de texte élaboré en Angleterre - Réunion préparatoire à Taizé, France) 1998 L’Esprit aussi vient en aide à notre faiblesse (Rm 8, 14-27) The Spirit helps us in our weakness (Projet de texte élaboré en France - Réunion préparatoire à Paris, France) 1988 L’Amour de Dieu bannit la crainte (1 Jn 4, 18) The love of God casts out fear (Projet de texte élaboré en Italie - Réunion préparatoire à Pinerolo, Italie) 78 1999 Ils seront ses peuples et lui sera le Dieu qui est avec eux (Ap 21, 3) He will dwell with them as their God, they will be his peoples (Projet de texte élaboré en Malaisie - Réunion préparatoire au Monastère de Bose, Italie) 2008 Priez sans cesse (1 Th 5, 17) Pray without ceasing (Projet de texte élaboré aux États-Unis - Réunion préparatoire à Graymoor, Garrison, États-Unis) 2009 Ils seront unis dans ta main (Ez 37, 17) That they may become one in your hand (Projet de texte élaboré en Corée - Réunion préparatoire à Marseille, France) 2000 Béni soit Dieu... qui nous a bénis en Christ (Ep 1, 3-14) Blessed be God who has blessed us in Christ (Projet de texte élaboré par le Conseil des Églises du Moyen-Orient - Réunion préparatoire au Sanctuaire de La Verna, Italie) 2010 De tout cela, c’est vous qui êtes les témoins (Lc 24, 48) You are witnesses of these things (Projet de texte élaboré en Écosse - Réunion préparatoire à Glasgow, Écosse) 2001 Je suis le chemin et la vérité et la vie (Jn 14, 1-6) I am the Way, and the Truth, and the Life (Projet de texte élaboré en Roumanie - Réunion préparatoire à la Casa de Odihna, Roumanie) 2011 Unis dans l’enseignement des Apôtres, la communion fraternelle, la fraction du pain et la prière (cf. Ac 2, 42) One in the apostles’ teaching, fellowship, breaking of bread and prayer (Projet de texte élaboré à Jérusalem - Réunion préparatoire à Saydnaya, Syrie) 2002 Car chez toi est la fontaine de la vie (Ps 36 [35], 10) For with you is the fountain of life (Ps 36 : 5-9) (Projet de texte élaboré par le Conseil des Conférences Épiscopales Européennes (CCEE) et la Conférence des Églises Européennes (CEC) - Réunion préparatoire au Centre œcuménique d’Ottmaring, Augsbourg, République Fédérale d’Allemagne) 2012 Tous, nous serons transformés par la Victoire de notre Seigneur Jésus Christ (cf. 1 Co 15, 51-58) We will all be changed by the Victory of our Lord Jesus Christ (Projet de texte élaboré en Pologne - Réunion préparatoire à Varsovie, Pologne) 2003 Ce trésor, nous le portons dans des vases d’argile (2 Co 4, 7) We have this treasure in clay jars (Projet de texte élaboré en Argentine - Réunion préparatoire au Centre œcuménique ‘Los Rubios’, Málaga [Espagne]) 2013 Que nous demande le Seigneur ? (cf. Mi 6, 6-8) What does God require of us ? (Projet de texte élaboré en Inde - Réunion préparatoire à Bangalore, Inde) 2014 Le Christ est-il divisé ? (cf. 1 Co 1, 1-17) Has Christ been divided ? (Projet de texte élaboré au Canada - Réunion préparatoire à Montréal, Canada) 2004 Je vous donne ma paix (Jn 14, 27) My peace I give to you (Projet de texte élaboré à Alep, Syrie - Réunion préparatoire à Palerme, Sicile, Italie) 2015 Jésus leur dit : « Donne-moi à boire » (Jn 4, 7) Jesus said to her : « Give me to drink » (Projet de texte élaboré au Brésil – Réunion préparatoire à São Paulo, Brésil) 2005 Le Christ, unique fondement de l’Église (1 Co 3, 1-23) Christ, the one foundation of the church (Projet de texte élaboré en Slovaquie - Réunion préparatoire à Piestaňy, Slovaquie) 2016 Appelés à proclamer les hauts faits du Seigneur (cf. 1 Pierre 2,9) (Projet de texte élaboré en Lettonie – Réunion préparatoire à Riga, en Lettonie) 2006 Là où deux ou trois se trouvent réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux (Mt 18, 20) Where two or three are gathered in my name, there I am among them (Projet de texte élaboré en Irlande - Réunion préparatoire à Prosperous, County Kildare, Irlande) QUELQUES DATES IMPORTANTES DANS L’HISTOIRE DE LA SEMAINE DE PRIÈRE POUR L’UNITÉ DES CHRÉTIENS 2007 Il fait entendre les sourds et parler les muets (Mc 7, 37) He even makes the deaf to hear and the mute to speak (Projet de texte élaboré en Afrique du Sud - Réunion préparatoire au Château de Faverges, Haute-Savoie, France) 1740 env. 79 En Écosse, naissance d’un Mouvement pentecôtiste avec des liens en Amérique du Nord, dont le message pour le renouveau de la foi appelle à prier pour toutes les Églises et avec elles. 1820 Le Révérend James Haldane Stewart publie : Conseils pour l’union générale des chrétiens, en vue d’une effusion de l’Esprit (Hints for the outpouring of the Spirit). 1840 Le Révérend Ignatius Spencer, un converti au catholicisme romain, suggère une « Union de prière pour l’unité ». 1867 La première assemblée des évêques anglicans à Lambeth insiste sur la prière pour l’unité, dans l’introduction à ses résolutions. 1894 Le Pape Léon XIII encourage la pratique de l’Octave de la Prière pour l’unité dans le contexte de la Pentecôte. 1966 La Commission Foi et Constitution et le Secrétariat pour l’unité des chrétiens (aujourd’hui Conseil Pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens) de l’Église catholique décident de préparer ensemble le texte pour la Semaine de Prière de chaque année. 1968 Pour la première fois, la Semaine de prière est célébrée sur la base des textes élaborés en collaboration par Foi et constitution et le Secrétariat pour l’unité des chrétiens (aujourd’hui Conseil Pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens). 1975 Première célébration de la Semaine de prière à partir de textes préparés sur la base d’un projet proposé par un groupe œcuménique local. Ce nouveau mode d’élaboration des textes est inauguré par un groupe œcuménique d’Australie. 1908 Célébration de « l’Octave pour l’unité de l’Église » à l’initiative du Révérend Père Paul Wattson. 1926 Le Mouvement Foi et constitution commence la publication de « Suggestions pour une Octave de prière pour l’unité des chrétiens ». 1988 En France, l’abbé Paul Couturier se fait l’avocat de la « Semaine universelle de prière pour l’unité des chrétiens sur la base d’une prière conçue pour l’unité que veut le Christ, par les moyens qu’Il veut ». Les textes de la Semaine de prière sont utilisés pour la célébration inaugurale de la Fédération chrétienne de Malaisie rassemblant les principaux groupes chrétiens de ce pays. 1994 Le groupe international ayant préparé les textes pour 1996 compte, entre autres, des représentants de la YMCA et de la YWCA. 2004 Accord entre Foi et constitution (Conseil œcuménique des Églises) et le Conseil Pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens (Église catholique) pour que le livret de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens soit officiellement conjointement publié et présenté sous un même format. 2008 Célébration du centenaire de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens (l’Octave pour l’unité de l’Église, son prédécesseur, fut célébrée pour la première fois en 1908). 1935 1958 Le Centre « Unité chrétienne » de Lyon (France) commence à préparer le thème pour la Semaine de prière en collaboration avec la Commission Foi et Constitution du Conseil œcuménique des Églises. 1964 À Jérusalem, le Pape Paul VI et le Patriarche Athénagoras Ier récitent ensemble la prière du Christ « que tous soient un » (Jn 17). 1964 Le Décret sur l’œcuménisme du Concile Vatican II souligne que la prière est l’âme du Mouvement œcuménique, et encourage la pratique de la Semaine de Prière. 80