L’Eucharistie : Communion avec le Christ et entre nous Dublin : Octobre 2010
paix en Irlande du Nord est loin d’avoir été négligeable. Malgré ses actuelles difficultés financières,
l’Irlande peut se réjouir des énormes progrès socio-économiques accomplis par rapport à la
situation de l’île en 1932. Il faut reconnaître cependant, au début de ces réflexions théologiques et
pastorales, que l’Église d’Irlande avance aujourd’hui sur un chemin de guérison, de renouveau et
de réparation après des actes d’agression sexuelle, commis en particulier par des prêtres et des
religieux, sur des enfants et des personnes vulnérables. Comme les disciples d’Emmaüs, les
Catholiques irlandais sont déconcertés par ce qui est arrivé dans leur Église. Les cris des victimes
et des survivants de ces agressions percent les cieux et la terre, exigeant des signes radicaux de
repentance.
6. Le Congrès de 2012 peut être vu comme un temps de ‘kairos’, dans le sens biblique du
terme, c'est-à-dire un temps de grâce où quelque chose de spécial peut arriver, par l’intervention
de Dieu. C’est pour l’Eglise, tant en Irlande que dans le monde entier, un temps privilégié pour
réécouter ce que l’Esprit Saint lui a dit et continue de lui dire, pendant et à travers le Concile
Vatican II. C’est vraiment une occasion providentielle de nous rassembler en communion avec le
Christ et entre nous pour « réfléchir sur les blessures infligées au Corps du Christ, sur les
remèdes, parfois douloureux, nécessaires pour les panser et les guérir, et sur le besoin d'unité, de
charité et d'aide réciproque dans le long processus de reprise et de renouveau ecclésial »4
I. b. Que signifie la Communion ?
. Le
Congrès peut aussi être vu comme un moment de « statio », c'est-à-dire une pause
d’engagement et de prière, une station sur le chemin de l’Église, à laquelle l’Église d’Irlande invite
l’Église universelle. En tant que tel, c’est un moment de son pèlerinage où l’Église est invitée à se
concentrer spécialement sur un aspect particulier de l’Eucharistie, celui de la communion avec le
Christ et entre nous, proposé par le thème du Congrès. Tous ensemble, nous rendrons ainsi un
culte public, unis dans la charité. Rassemblant des pèlerins de toutes les parties du monde, le
Congrès sera pour tous un signe authentique de foi et de charité dans la communion.
7. En ce début de document il est nécessaire de clarifier ce que l’on signifie par la notion de
communion. Les Catholiques parlent d’ « aller communier » ou de « recevoir la communion »
pendant la Messe. La notion théologique de communion (‘koinonia’ en Grec du Nouveau
Testament) est cependant une réalité aux multiples facettes.
8. Lorsqu’il proclamait le Royaume de Dieu, Jésus savait qu’il était envoyé « porter la Bonne
Nouvelle aux pauvres, annoncer aux prisonniers qu'ils sont libres, et aux aveugles qu'ils verront la
lumière, apporter aux opprimés la libération » (cf. Lc 4, 16-20) Par ses paroles et ses actes, il
constitua une communauté messianique de disciples qui virent l’arrivée de ce Royaume de Dieu
en Jésus lui-même. Les membres de cette communauté étaient unis entre eux de façon nouvelle,
par des relations marquées par l’amour, la liberté et la vérité, l’égalité et la réciprocité. Ceux qui
étaient appelés à diriger les autres devaient exercer leur responsabilité en se mettant à leur
service. Dans le Quatrième Evangile nous entendons la prière de Jésus, la nuit avant sa mort –
une prière qui semble résumer sa mission : « Que tous, ils soient un, comme toi, Père, tu es en
moi, et moi en toi. Qu'ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m'as
envoyé » (Jn 17, 21). La communauté ne devait être rien de moins qu’une participation à la vie-
même de Dieu.
9. Le projet messianique de Jésus semble cependant avoir échoué misérablement avec sa
mort sur la Croix. Pourtant, ce ne fut pas là le dernier mot de l’histoire. La mort fut vaincue par la
Résurrection du Christ. Là où abondait le péché, avec son lot d’obscurité, de division et de peur, la
Grâce surabonda, apportant lumière, communion et liberté (cf. Rm 5, 17-21). Le Christ Ressuscité
rassembla sa communauté. Les liens de fraternité se renforcèrent. Il était vivant, et sa
communauté se développait grâce à l’annonce de l’Évangile, grâce aux sacrements, spécialement
l’Eucharistie, grâce au service de ceux à qui l’on avait confié un ministère, grâce aux charismes et
à l’amour mutuel des membres de l’Église : « Ils étaient fidèles à écouter l'enseignement des
Apôtres et à vivre en communion fraternelle, à rompre le pain et à participer aux prières » (Ac 2,