Ses propriétés
Cousin de l’électron, le tau est le plus lourd
des leptons chargés : sa masse vaut 3500 fois
celle de l’électron, et 170 fois celle du muon.
Il est très instable et se désintègre en moins
de 10-12 seconde, en produisant soit des lep-
tons moins massifs (électron ou muon), soit
des quarks légers (u, d ou s). Dans tous les
cas, il émet un neutrino tau.
Le laboratoire du SLAC avec le collisionneur
SPEAR où le tau a été découvert.
le tau
Comment l’observer ?
Comme le muon, le tau est une particule instable qui se désintègre sous l’effet de l’interaction faible. Pendant les
années 90, à l’époque du collisionneur electron-positron LEP, les tau produits au CERN parcouraient en moyenne
2,3 mm avant de se désintégrer. On ne peut donc pas détecter directement le tau, mais seulement ses produits
de désintégration. En particulier, la désintégration du tau donne toujours lieu à l’émission d’un neutrino tau, qui
interagit très peu avec la matière. Ce neutrino traverse donc généralement l’intégralité des détecteurs sans être
observé ! Mais la discrétion de ce neutrino, qu’on pourrait croire pénalisante, s’avère justement un moyen efficace
pour identifier le tau. En effet, le neutrino émis emporte une partie de l’énergie de la collision. Si on observe une
désintégration où l’énergie ne semble pas conservée, c’est qu’un neutrino a été émis… Une fois cette première
étape passée, des vérifications supplémentaires permettent de reconnaître les collisions où un tau est apparu
pendant un bref instant.
Le tau reste une vedette de la physique des particules, et suscite toujours l’intérêt des chercheurs. Pendant les
années 90, les expériences installées autour du LEP avaient identifié plus de 200 000 collisions électron-positron
qui avaient produit un tau. D’excellents détecteurs avaient permis d’étudier les caractéristiques du tau avec une
précision de l’ordre d’un pour mille. A la même époque, le détecteur CLEO II à Cornell (Etats-Unis) avait enregistré
plusieurs millions de désintégrations du tau. Les physiciens avait pu les comparer avec les prédictions du Modèle
Standard, en particulier dans le cas de désintégrations « rares », c’est-à-dire peu fréquentes et susceptibles d’être
causées par des processus physiques encore inconnus. Plus récemment, les usines à quark b BaBar et Belle ont
elles aussi produit de grands échantillons de tau. Jusqu’à présent, ses désintégrations se sont montrées en parfait
accord avec les prédictions théoriques : le tau est un lepton tout ce qu’il y a de plus « standard »…
Sa découverte
C’est en 1975 que le physicien M. Perl découvre le tau,
premier signe d’une troisième famille de particules de
matière. Perl appartenait à une équipe de chercheurs
de SLAC (Stanford, Etats-Unis) qui cherchait de nou-
velles particules dans les années 60. Un nouvel accélé-
rateur appelé SPEAR commença à fonctionner à SLAC
en 1973 pour effectuer des collisions électron-positron
à une énergie jusque-là inexplorée. En 1974, Perl et
son équipe observent les premiers indices de l’existen-
ce d’un nouveau lepton. Il fut appelé tau et noté _, en
référence au mot grec « triton » signifiant trois – car ce
lepton était le premier membre observé d’une troisième
famille de particules élémentaires.
Suivront bientôt le quark b (en 1977), puis bien plus
tard le quark t (en 1995) et le neutrino tau (en 2001).
M. Perl reçut le prix Nobel de Physique en 1995 pour
sa découverte du tau, prix qu’il partage avec F. Reines
(ce dernier l’obtint pour la détection du neutrino élec-
tronique).