EI17_P01:EI_ 11/03/08 16:06 Page 1 numéro 17 Étanchéité INFO L E M A G A Z I N E D E S P R O F E S S I O N N E L S D E L’ É T A N C H É I T É E T D E L’ I S O L AT I O N w w w. e t a n c h e i t e . c o m ÉDITORIAL M A R S 2 0 0 8 PA G E 3 Catalyseur d’innovations V É G É TA L I S AT I O N PA G E 1 1 Publication des nouvelles Règles professionnelles J E A N PA S S I N I PA G E 1 3 « Développer la place de l’étanchéité dans la construction » RÉCEPTION DES SUPPORTS PA G E 2 6 Les six points-clés à contrôler FORTE HYGROMÉTRIE PA G E 2 8 ARCHITECTURE Comment exploiter les toits plats ? Étanchéité sophistiquée pour une toiture anticondensation D’ici à la fin 2008, l’agglomération montpelliéraine mettra en service une nouvelle unité de traitement des déchets. Des locaux classés en très forte hygrométrie qui ont nécessité des précautions particulières afin d’éviter tout risque de condensation. On connaît aujourd’hui les terrasses jardins et la végétalisation de toitures. Mais dans les années trente, l’architecture moderne avait déjà imaginé un autre destin pour les toits plats : les transformer en lieux de vie et en espaces d’activité à part entière. L’idée ne s’est jamais imposée en tant que concept architectural. Soixante-dix ans plus tard, face à la densification urbaine, elle pourrait bien reprendre du service. Page 19 EI17_P03:EI10_version 11/03/08 16:08 Page 3 ÉDITO > est une publication trimestrielle de l’Association pour la promotion des métiers de l’étanchéité APMEPROMETHÉE, éditée sous l’égide de la CSFE. Catalyseur 6-14, rue La Pérouse, 75784 Paris cedex 16 Tél. : 01 56 62 13 20 - Fax : 01 56 62 13 21 www.etancheite.com d’innovations Directeur de la publication : Philippe Driat Comité de rédaction : Catherine Bon, Anny Champey-Chambe, Henri Desgouilles, Philippe Driat, Dominique Muller, Pierre Pannetier, Sophie Rousset-Rouvière, Sabine Tang, Jean-Claude Zemmour. Abonnement gratuit sur simple demande, tél. : 01 56 62 13 20 Étanchéité.info est éditée par Pyc Édition 16-18, place de la Chapelle, 75018 Paris Tél. : 01 53 26 48 00 - Fax : 01 53 26 48 01 www.pyc.fr Rédaction : Jan Meyer (47 84) [email protected] Bastien Cany (47 85) [email protected] Secrétaire de rédaction : Julien Meyrat (88 82) [email protected] Rédacteurs graphistes : Régine Carré, François Bordrez Publicité : Jean-François Le Cloirec (48 03) [email protected] Delphine Thimon (88 78) assistante commerciale Impression : Edips (Quetigny) Routage : GL Routage (Quetigny) Dépôt légal à parution Photo de couverture : © Musée du quai Branly, peine assumée la montée en puissance des toituresterrasses végétalisées, pour laquelle nous devons beaucoup à Dominique de Bray, il nous faut faire face à un nouveau défi. Qui aurait imaginé il y a dix ans encore que notre métier serait au cœur de l’enjeu posé par les énergies renouvelables ? Alors que le marché de l’électricité solaire a connu l’année dernière une progression de 200 % comparé à 2006, l’étanchéité est aujourd’hui en mesure d’intégrer complètement les technologies photovoltaïques au sein de ses propres produits (page 35). Preuve, s’il en fallait encore une, que le développement durable représente bien un formidable catalyseur d’innovations pour notre profession. Et sans doute aussi un véritable levier de croissance. Il y a bien un avant et un aprèsGrenelle de l’environnement. Cet engagement collectif en faveur d’une croissance durable marque l’entrée du bâtiment dans une nouvelle économie du CO2. En misant sur les toitures-terrasses végétalisées, la CSFE a réussi à prendre le virage du développement durable À tout en évitant de tomber dans les clichés écologiques. Mais notre engagement ne s’arrête pas là. Les défis posés par la lutte contre l’émission des gaz à effet de serre supposent que nous soyons capables d’innover – c’est le rôle des industriels – et d’intégrer de nouveaux savoirs – c’est le rôle des entreprises d’étanchéité et de la CSFE. La création d’une commission « Photovoltaïque » au sein de la chambre syndicale relève de cette double logique : accompagner le développement des membranes photovoltaïques sur le marché mais aussi aider les entrepreneurs à intégrer de nouvelles pratiques. Comme le rappelle Jean Passini dans ce numéro (page 13), les évolutions économiques et techniques qui se dessinent représentent une formidable opportunité de développer la place de l’étanchéité dans l’acte de construire. Investissez sur ces sujets, vous ne le regretterez pas ! la CSFE a réussi à prendre le virage du développement durable tout en évitant de tomber dans les clichés écologiques. PHILIPPE DRIAT, DÉLÉGUÉ GÉNÉRAL photographe Jacques Rostaud ÉTANCHÉITÉ.INFO · NUMÉRO 17 · MARS 2008 ·3 EI17_P05-17:EI10_version 11/03/08 16:09 Page 5 ACTUALITÉS > DÉVELOPPEMENT DURABLE Paris présente ses projets a capitale française a décidé de mettre en avant trente-sept de ses actions concrètes pour lutter contre le réchauffement climatique. Au total, six experts ont examiné une centaine de projets parisiens répondant aux exigences de développement durable. Parmi ceux retenus figure notamment la création d’un réseau d’artisans au profit de l’écoconstruction. Cette démarche vise à assurer le maintien et le développement de la filière du bâtiment autour de la construction et la L rénovation durable. La création d’écoquartiers dans les XVIIe, XVIIIe et XIXe arrondissements (qui devraient voir le jour d’ici à quatre ans) a aussi été sélectionnée. Paris a également soutenu la mise en place de « ressourceries », lieux où sont collectés des biens ou des équipements en état de marche mais qui ne sont plus utilisés. L’objectif consiste surtout à récupérer les pièces pour le recyclage. D’autres projets ont été présentés, notamment la création de crèches HQE ou le développement d’une ligne régulière de transport sur la Seine. En savoir plus : www.paris.fr MÉTIERS EN TENSION N O M I N AT I O N L’étanchéité désormais ouverte à l’immigration économique arrêté donnant le coup d’envoi de la politique « d’immigration choisie » voulue par le président de la République, Nicolas Sarkozy, a été publié le 20 janvier dernier. Un texte qui vient confirmer une partie des mesures détaillées dans une précédente circulaire ministérielle établissant une liste de « métiers en tension » parmi lesquels figure celui d’« ouvrier de l’étanchéité et de l’isolation ». Pour ce métier comme pour les 149 autres listés, les préfectures pourront dorénavant délivrer des autorisations de travail aux ressortissants des pays de l’Union européenne soumis à des dispositions transitoires. Et cela, sans que l’employeur ait à justifier l’absence de candidature sur place. Dix pays sont visés : Bulgarie, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Pologne, République tchèque, L’ Un nouveau délégué technique pour la CSFE Roumanie, Slovaquie et Slovénie. Par ailleurs, des dispositions similaires seront également appliquées aux étrangers issus de pays tiers (hors Union européenne), mais sur une liste de métiers plus restreinte. Elle ne comprend en effet que trente professions. Et seules six d’entre elles sont valables dans l’ensemble des régions de la France métropolitaine dont les postes de conducteur de travaux et de chef de chantier. Pour les autres, les autorisations varient selon les besoins des bassins d’emploi. Deux pays toutefois sont exclus de ces mesures : la Tunisie et l’Algérie. Raison invoquée par la circulaire : les précédents accords signés avec ces États ne permettent pas de limiter, y compris la première année, l’exercice de l’activité professionnelle à une profession ou à une région déterminée. epuis février, la Chambre syndicale française de l’étanchéité accueille un nouveau délégué technique. Lise Boussert, ingénieur Insa (Institut national des sciences appliquées), rejoint l’étanchéité avec une expérience de près de vingt ans dans le contrôle technique où elle a notamment occupé les postes de responsable d’affaires et de correspondante pour le second œuvre. Désormais, elle assurera la coordination pour le syndicat des travaux de normalisation et également une assistance technique auprès des entreprises. D ÉTANCHÉITÉ.INFO · NUMÉRO 17 · MARS 2008 ·5 EI17_P05-17:EI10_version 11/03/08 16:09 Page 7 ACTUALITÉS > É N E R G I E - C L I M AT DIFFUSION Étanchéité.Info passe en contrôle OJD De nouvelles mesures pour le développement durable e 23 janvier 2008 à Bruxelles, la Commission européenne a présenté le plan « Énergie-Climat ». Il s’agit d’un nombre important de mesures législatives destinées à renforcer la lutte contre le changement climatique et à favoriser les modes écologiques de production et de consommation. En concrétisant la stratégie approuvée en mars par les chefs d’États européens, elles devraient contribuer de façon significative à la réalisation de deux objectifs majeurs d’ici à 2020. D’une part, réduire en Europe les émissions de gaz à effet de serre d’au moins 20 % par rapport à 1990. D’autre part, élever la part des énergies renouvelables dans la consommation de 8,5 à 20 %. Afin L de réaliser le premier objectif, la commission désire affermir le système communautaire des échanges de quotas d’émission. Ces derniers, décidés par Bruxelles, seront désormais attribués par secteur et non par pays comme c’est le cas aujourd’hui. Seules exceptions : les secteurs non concernés par le système ETS (qui permet l’achat et la vente de quotas d’émission) comme les déchets, le bâtiment et les transports. Pour eux, les contraintes seront réparties entre les États afin d’aboutir à une réduction globale des émissions de 10 %. Pour parvenir à son second but, la commission souhaite également fixer des objectifs nationaux calculés en fonction du PIB par habitant. partir de 2008, le magazine Étanchéité.Info soumet sa diffusion au contrôle OJD (Office de justification de la diffusion). Cette certification, délivrée après contrôle des factures et des fichiers de routage par un organisme indépendant, est une garantie sur la validité des chiffres de diffusion annoncés par l’éditeur. Il s’agit notamment d’une référence essentielle pour les annonceurs publicitaires. L’attribution de cette certification à Étanchéité.Info est une première dans la presse gratuite d’information professionnelle, peu habituée à ce type de démarche de validation. Actuellement, Étanchéité.Info est diffusé en moyenne à 6 000 exemplaires. À PRÉVENTION INCENDIE Meple récompensé pour sa politique de sécurité i incendie, ni même un seul départ de feu depuis la création de l’usine en 1991. C’est ce bilan et surtout, derrière, dix-sept ans d’une politique de sécurité sans fausse note qui valent aujourd’hui à Meple de recevoir l’oscar FFMI dans la catégorie PME-PMI. Cette distinction attribuée par la Fédération française du matériel d’incendie (FFMI) vient récompenser une entreprise pour sa stratégie de prévention et de formation pour la sécurité des biens et des personnes. Implantée à Tourville-la-Rivière, à proximité de Rouen, l’unité de production du fabricant de membranes bitumineuses fait l’objet depuis son ouverture d’une politique QSE (qualité, sécurité, environnement) particulièrement poussée, doublée depuis 1996 d’une démarche qualité certifiée ISO 9002, puis ISO 9001 en 2001. Principal point fort de la structure dans ce domaine : la formation de ses salariés. Tous sont en effet entraînés au manie- N ment des extincteurs, avec en prime des exercices sur feux réels et un recyclage annuel des connaissances. Et en cas d’incident, l’entreprise est organisée de manière à maîtriser un début d’incendie. Des équipes de première et deuxième intervention composées chacune de deux opérateurs et d’un chef d’équipe sont préparées à prendre en charge d’éventuels sinistres. Et, s’il le faut, à recourir aux robinets d’incendie armés (RIA). Au moins une fois par an, 80 % des effectifs partici- pent à la formation théorique et pratique d’équipier de première intervention. En matière de documentation et d’information, Meple se veut également irréprochable : dans les bureaux, laboratoires et locaux sociaux, la procédure incendie est reprise sous forme de fiches didactiques qui listent les actions à suivre. Enfin, le site dispose d’un plan de secours élaboré avec les sapeurs-pompiers et d’un plan de prévention annuellement remis à jour avec la direction. ÉTANCHÉITÉ.INFO · NUMÉRO 17 · MARS 2008 ·7 EI17_P05-17:EI10_version 11/03/08 16:09 Page 9 ACTUALITÉS > N O R D - PA S - D E - C A L A I S L’aventure environnementale de Villavenir En janvier, la FFB a posé près de Lille la première pierre du projet Villavenir. Il s’agit de construire plusieurs habitations à très faible consommation énergétique. Tous les métiers du bâtiment y sont impliqués. illavenir est la réponse du Nord-Pas-de-Calais au Grenelle de l’environnement », annonce non sans une pointe de satisfaction Benoît Loison, président de région pour la FFB et dirigeant de l’entreprise de métallerie et de construction métallique Loison à Armentières (59). Le moins que l’on puisse dire est que cet ancien bassin minier et industriel, traditionnellement sensible aux mouvements « verts », a été rapide à réagir. Le projet Villavenir initié par la FFB vise à construire d’ici à la fin de l’année six maisons individuelles selon le label BBC (une consommation énergétique ne dépassant pas Conçues pour 50 kWh/m2 par an) sur le site de être accessibles Loos-en-Gohelle, près de Lille. Que au plus grand ce soit la conception, l’orientation nombre, ou les matériaux retenus, tout les maisons pousse dans le sens d’une utilisa- affichent tion rationnelle des ressources un prix de pour un prix accessible au plus grand 150 000 euros nombre (150 000 euros hors foncier hors foncier. pour une habitation d’environ 140 m2). Villavenir n’omet pas pour autant la qualité architecturale. Les plans de chacune des maisons qui seront mises en vente dans le courant de l’année prochaine ont été confiés à un cabinet d’architectes afin qu’ils reflètent au mieux l’esprit de la création contemporaine. Le caractère innovant de la démarche de Villavenir tient cependant aussi au fait que la FFB du Nord-Pas-de-Calais a souhaité que l’opération soit un moyen de mobiliser le plus de filières du bâtiment. Les trois grands modes constructifs sont ainsi représentés : maçonnerie, construction V bois et ossature métallique. Sur le plan de l’étanchéité, les promoteurs du projet ont privilégié les techniques de mise en œuvre rapide, recyclables et dont les performances ont fait leur preuve. Sur la plupart des projets, on trouvera sans surprise une surface de toiture végétalisée, désormais incontournable dans la plupart des constructions affichant une ambition environnementale. La maison en bois conçue et réalisée par l’entreprise Coquart associée à l’atelier d’architecture écologique Jérôme Houyez. JAN MEYER Renseignements : www.villavenir.com ÉTANCHÉITÉ.INFO · NUMÉRO 17 · MARS 2008 ·9 EI17_P05-17:EI10_version 11/03/08 16:09 Page 10 ACTUALITÉS > R É G L E M E N TAT I O N T H E R M I Q U E LOCAUX NON RÉSIDENTIELS Les bâtiments en rénovation passent au vert pplicable depuis le 1er novembre 2007 pour les surfaces inférieures à 1000 m2*, la Réglementation thermique des bâtiments existants devrait être effective en 2008 pour celles de taille supérieure et dont le montant des travaux dépasse 25 % de la valeur du bâtiment. Cette réglementation, qui a fait l’objet d’un décret d’application le 19mars 2007, introduit dans le code de la construction et de l’habitation des exigences de performance énergétique pour les bâtiments existants. L’arrêté du 3mai 2007 détaille pour les bâtiments inférieurs à 1000m2 les modalités de ces dispositions en fixant des valeurs de résistance thermique minimale des parois et de performance minimale des équipements. À l’inverse, l’arrêté à paraître pour les bâtiments d’une taille supérieure devrait instaurer un niveau de performance énergétique globale, les installations rénovées ne devant pas dépasser certains seuils de consommation. Sa date d’application est d’ores et déjà fixée au 1er avril 2008. A * Et celles supérieures mais dont le montant des travaux ne dépasse pas 25 % de la valeur du bâtiment. Marché en hausse pour les bureaux et les bâtiments industriels es mises en chantier de locaux non résidentiels ont augmenté en 2007. Si les chiffres rendus publics par le Medad montrent une légère baisse du nombre de mètres carrés autorisés (– 0,2 %), les locaux déclarés commencés sont quant à eux en augmentation avec un total de 41 500 000 m2, soit une hausse de 6,2 % comparé à 2006. Les locaux agricoles totalisent le plus de surface autorisée avec 13 500 000 m2, bien que cette catégorie recule de 3,2 % par rapport à l’année précédente. Sur le marché, ce sont les bureaux qui réalisent la plus forte hausse (+ 8,3 %) avec 6 millions de mètres carrés autorisés. Les commerces connaissent une variation de – 1 % par rapport à l’année 2006 avec 5,9 millions de mètres carrés autorisés, mais cette évolution est à la hausse (+ 1,3 %) en ce qui concerne les locaux déclarés autorisés avec 4 400 000 m2. Du côté des bâtiments industriels, ce sont 8,8 millions de mètres carrés qui ont été mis en chantier, soit une hausse de 11,3 %. L’Île-de-France arrive toujours en tête des régions les plus actives avec une surface autorisée de 5 300 000 m2 (– 3,5 %), juste devant les Pays de la Loire qui, avec 4,9 millions de mètres carrés autorisés, réalisent une augmentation de 7,6 % par rapport à l’année précédente. La région Rhône-Alpes arrive en troisième position avec 4 600 000 m2 (– 8,3 %). La Drôme, l’Isère, le Rhône et la Savoie figurent parmi les vingt-six départements ayant mis en chantier 25 % de mètres carrés de plus qu’en 2006. L EI17_P05-17:EI10_version 11/03/08 16:09 Page 11 ACTUALITÉS > V É G É TA L I S AT I O N D E S T O I T U R E S - T E R R A S S E S Publication des nouvelles Règles professionnelles ne nouvelle édition des Règles professionnelles encadrant la conception et la mise en œuvre des toitures-terrasses végétalisées vient d’être publiée par la chambre syndicale. Fruit de la collaboration entre l’Adivet (Association pour le développement et l’innovation en végétalisation extensive de toitures), le SNPPA (Syndicat national du profilage des produits plats en acier), l’Unep (Union nationale des entrepreneurs du paysage) et la CSFE, cette seconde édition décrit désormais les pratiques courantes pour les systèmes de végétalisation semi-intensive et reconnaît les supports en bois comme éléments porteurs admis sous des complexes végétalisés. Le © JF Chapuis/Smac U document apporte également un certain nombre de mises à jour et de précisions sur la composition des complexes (couches drainantes, filtrantes, filtres) et sur la question des zones stériles. Enfin, les Règles professionnelles viennent pour la première fois définir des périodes de parachèvement et de confortement qui renvoient à des opérations d’entretien et des fréquences d’intervention spécifiques jusqu’à l’obtention d’un taux de couverture végétale de 80% dans des délais allant de trois mois à trois ans selon le mode de mise en œuvre utilisé. Renseignements : Tél. : 01 56 62 13 20 www.etancheite.com EI17_P05-17:EI10_version 11/03/08 16:09 Page 13 ACTUALITÉS > J E A N PA S S I N I « Développer la place de l’étanchéité dans la construction » Chef d’entreprise, ingénieur, fils et petit-fils d’étancheur, Jean Passini est également depuis janvier 2008 le premier représentant de la profession. Dix-sept ans après son père Bernard Passini, le dirigeant de l’entreprise SNA vient de prendre la présidence de la CSFE pour un mandat de trois ans. «La CSFE a également pour rôle de surveiller les tendances de nos marchés et de participer à créer les conditions qui permettent de les augmenter.» Étanchéité.Info : Votre engagement syndical reflète-t-il le respect d’une certaine tradition familiale ? JP : Il est vrai que je représente la troisième génération d’ingénieur à faire carrière dans l’étanchéité. Très rapidement après mes études, il m’a semblé naturel de travailler dans le même environnement que mon père sans pour autant ressentir la pression d’une quelconque obligation familiale. En 1991, j’avais déjà monté une petite structure d’étanchéité avant de reprendre la direction de l’entreprise SNA suite au décès de mon père. Quant à la démarche syndicale, je ne m’y engagerais pas si je ne croyais pas à son utilité. Les entrepreneurs oublient trop souvent qu’ils travaillent avec des règles qu’ils ont la chance d’élaborer eux-mêmes. É.I : Pour quelles raisons avoir souhaité associer trois vice-présidents à votre mandat ? JP : Le choix de cette organisation vise tout simplement à favoriser une direction collégiale. Un président de syndicat n’est pas un chef d’entreprise. À lui d’imprimer une certaine politique mais aussi de créer les conditions qui permettent de représenter l’ensemble des entrepreneurs. D’où la volonté d’associer trois vice-présidents aux profils différents et réellement chargés de missions. Car je n’ai pas non plus l’intention d’arrêter ni de ralentir mon entreprise et son développement, même si la décision de me présenter à la prési- dence de la CSFE a été prise en concertation avec mes proches collaborateurs. É.I : Ces cinq dernières années la CSFE a investi dans le développement et la communication autour des toitures-terrasses végétalisées. En fera-t-elle autant avec les solutions photovoltaïques ? JP : Oui, en effet, nous avons choisi de créer une commission Photovoltaïque qui sera placée sous l’égide du bureau de la CSFE. C’est d’ailleurs ce qu’avait fait mon prédécesseur Dominique de Bray qui sentait l’urgence et la nécessité de traiter les questions environnementales telles que la végétalisation, en créant la commission TTV il y a trois ans. Dans un premier temps, la commission Photovoltaïque aura principalement pour rôle d’observer les premières applications de ces systèmes et d’étudier les retours d’expérience. Il s’agissait également d’une demande de la commission Environnement qui souhaite que la CSFE se donne les moyens de traiter les questions photovoltaïques. Dans ce domaine, la chambre syndicale exerce d’abord une mission technique. Mais je crois toutefois qu’elle a également pour rôle de surveiller les tendances de nos marchés et de participer à créer les conditions qui permettent de les augmenter. Accompagner le développement des membranes photovoltaïques relève aussi de cette logique. C’est également la raison pour laquelle nous réunissons actuellement un groupe de travail chargé d’évaluer les marchés de l’étanchéité et surtout de les chiffrer. Il s’agit de données essentielles, non seulement pour cerner l’état de notre activité mais aussi pour orienter les actions de la CSFE. Le premier objectif serait de parvenir, sur une base trimestrielle ou semestrielle, et pour la France entière, à déterminer le ÉTANCHÉITÉ.INFO · NUMÉRO 17 · MARS 2008 · 13 EI17_P05-17:EI10_version 11/03/08 16:09 Page 15 ACTUALITÉS > nombre de mètres carrés étanchés en distinguant les toitures en béton et en acier. É.I : Les entreprises d’étanchéité estiment être confrontées à une véritable pénurie de main-d’œuvre qui freine leur développement. Quel doit être le rôle de la CSFE face à ces difficultés de recrutement qui paraissent insolubles ? JP: Auprès des jeunes, le métier souffre d’un déficit d’image souvent associé à la pénibilité du travail. Il est sans doute temps de jouer franc-jeu ! Parlons de rémunération et de salaires à l’heure où justement le pouvoir d’achat fait la une des journaux. Dans le BTP, les salaires ont augmenté de 30 % pour le personnel des chantiers en cinq ans. Et nous avons la chance d’évoluer dans une activité qui ne délocalise pas. Cette question du recrutement est d’autant plus urgente qu’elle touche désormais l’encadrement. L’étanchéité doit faire face à une concurrence de plus en plus rude face à d’autres corps de métier plus attractifs. Dans les BTS Bâtiment, les étudiants reçoivent près d’une dizaine de propositions d’emploi avant la fin de leur formation. Et rares sont ceux à rejoindre nos rangs. La CSFE ne peut certes pas recruter à la place des entreprises mais son rôle consiste bien à véhiculer une image de marque dans les établissements scolaires. Et pour ce faire, nous devons développer des outils de communication spécifiques à leur attention et une stratégie par plan d’action à communiquer. É.I : En 2006, la chambre syndicale élaborait des Certificats de qualification professionnelle. Les entrepreneurs ont-ils suivi ? JP : Il faut reconnaître que dans ce domaine les entreprises jouent pour le moment moyennement leur rôle. À nous aussi de continuer l’effort de sensibilisation. La formation est un axe de travail primordial pour la CSFE. Mais encore faut-il savoir susciter des entrées dans le métier. Et surtout, réussir à fidéliser les nouveaux venus. Depuis plusieurs années, les hommes de nos métiers sont sensibles à la reconnaissance de leurs acquis professionnels. Il faut en tenir compte. É.I : D’autres commissions verront-elles le jour en 2008 ? JP: Nous avons d’ores et déjà mis en place un groupe de travail chargé de se pencher sur les règles d’adhésion à la CSFE afin de dégager un consensus sur ce point. Ce groupe devrait se réunir une seule fois et présenter ses conclusions, si possible au prochain conseil d’administration en mars. L’idée est simple : mettre à TROIS VICE-PRÉSIDENTS, TROIS MISSIONS DIFFÉRENTES GÉRARD MAIGNÉ, PDG de l’entreprise d’étanchéité A. Maigné SAS, représente la chambre syndicale pour les questions techniques. JEAN-CLAUDE ZEMMOUR, Gérant de l’entreprise d’étanchéité Etancheco, en charge des dossiers relatifs à la communication de la CSFE. PIERRE-ÉTIENNE BINDSCHEDLER, PDG de la société Soprema, en charge des relations avec les industriels au nom de la CSFE. ÉTANCHÉITÉ.INFO · NUMÉRO 17 · MARS 2008 · 15 EI17_P05-17:EI10_version 11/03/08 16:09 Page 17 ACTUALITÉS > jour nos règles avec l’ambition de garantir la transparence et l’objectivité des décisions. É.I : En matière de sinistralité, les indicateurs de l’AQC montrent des résultats encourageants pour l’étanchéité. L’une des clés de l’amélioration dans ce domaine reste la généralisation de l’entretien des toitures-terrasses. Quels sont les leviers d’action de la CSFE pour mieux faire respecter cette obligation ? JP : Pour des questions légales, les assureurs nous expliquent qu’il est impossible d’insérer cette obligation d’entretien dans les contrats d’assurance « dommage-ouvrage ». En revanche, pourquoi ne pas imaginer des incitations commerciales à l’intention des maîtres d’ouvrage en contrepartie d’engagements sur l’entretien de leur bâtiment ? Les assureurs doivent comprendre qu’il est de leur intérêt de promouvoir la signature de contrats d’entretien assurés par des entreprises qualifiées. É.I : L’étanchéité est-elle prête à répondre aux défis du Grenelle de l’environnement ? JP : Les engagements pris par le secteur du bâtiment supposent que nous soyons prêts à innover et développer de nouveaux savoir-faire. Je n’ai guère d’inquiétude sur la capacité des industriels à concevoir de nouveaux procédés. Aujourd’hui l’offre en matière de membranes photovoltaïques se développe et les fabricants continuent d’avancer sur la © Soprema É.I : Parmi les dossiers phares de ces deux dernières années, celui de la sécurité et de l’utilisation des protections temporaires souples n’est pas encore totalement clos. Qu’en est-il aujourd’hui ? JP : Nous devrions prochainement présenter avec les fabricants une réponse satisfaisante aussi bien pour les étancheurs que pour les pouvoirs publics. Globalement, la solution envisagée consiste en un système comportant une lisse haute et rigide, un filet souple et un entraxe de 1,5 mètre. Au-delà, je crois que la réponse aux questions de sécurité passe forcément par le développement des garde-corps rigides intégrés dès la conception du projet ou lors des travaux de réfection d’étanchéité. Les entrepreneurs doivent être sensibles à l’intérêt d’étendre leur activité vers la pose de ces protections fixes au moment du lancement de la consultation : sur les acrotères, sur les relevés ou encore sur l’étanchéité des parties courantes. L’intervention de l’étancheur est incontournable dans la plupart des configurations. question du recyclage des matériaux. Les membranes bitumineuses sont d’ores et déjà dotées de fiches de déclaration environnementale et sanitaire. Et les membranes synthétiques, puis l’asphalte, devraient suivre le même chemin. En revanche, il est vrai que certains n’ont pas encore parfaitement pris la mesure des enjeux soulevés par les engagements du Grenelle de l’environnement. C’est le rôle de la chambre syndicale de sensibiliser les entrepreneurs à l’intérêt des évolutions techniques qui se dessinent. Il s’agit d’une formidable opportunité de conforter et même de développer la place de l’étanchéité dans l’acte de construire. Mais au-delà de l’aspect économique, les entrepreneurs doivent également y voir l’occasion de donner encore plus de sens à leur intervention et à leur vie professionnelle. Rarement le monde de la construction aura ainsi été placé au cœur de l’évolution de la société. Participer à l’amélioration énergétique des bâtiments et à la réduction de l’émission des gaz à effet de serre me paraît une perspective plus passionnante pour l’étancheur que de refaire une terrasse à l’identique. En cinquante ans, l’étanchéité n’a cessé d’intégrer de nouvelles fonctions. Les professionnels se sont adaptés. Il n’y a donc aucune raison pour que cette nouvelle dynamique leur échappe. BC « Participer à l’amélioration énergétique des bâtiments me paraît une perspective plus passionnante pour l’étancheur que de refaire une terrasse à l’identique. » ÉTANCHÉITÉ.INFO · NUMÉRO 17 · MARS 2008 · 17 EI17_P19-24:EI10_version 11/03/08 16:11 Page 19 © Musée du quai Branly, photographe Jacques Rostaud DOSSIER > ARCHITECTURE Comment exploiter les toits plats ? On connaît déjà les terrasses jardins. Mais dans les années trente, l’architecture moderne avait imaginé un autre destin pour les toits plats: les transformer en lieux de vie et en espaces d’activité à part entière. L’idée ne s’est jamais imposée en tant que concept architectural. Aujourd’hui, face à la densification urbaine, elle pourrait bien reprendre du service. n terrain de rugby posé sur la terrasse du dernier-né des musées parisiens avec vue imprenable sur la tour Eiffel. Pour la photo, l’effet est réussi. Rien ne manque : gazon, poteaux, enbut, plantés à une trentaine de mètres au-dessus du sol. En pleine Coupe de monde de rugby, amateurs du ballon ovale et curieux se sont pressés sur la terrasse du musée des Arts premiers pour assis- U ter à cette vision improbable d’un terrain de sport trônant au milieu des toits de la capitale. L’image plaît. Et pas seulement pour la vue. Dans l’imaginaire urbain, le toit représente toujours un lieu privilégié, espace de liberté et d’intimité qui laisse cette impression d’être à la fois hors et dans la ville. Paradoxalement, le toit reste aussi l’étage du bâtiment le moins exploité et le moins fréquenté, un espace ÉTANCHÉITÉ.INFO · NUMÉRO 17 · MARS 2008 · 19 EI17_P19-24:EI10_version 11/03/08 16:11 Page 21 © S h i n’ I c h i S a t o ©D.R. DOSSIER > < La gare de Shibuya, à Tokyo, avec son terrain de football sur le toit : un exemple de bâtiment multifonctionnel ou de « rues multiples », comme les désignent certains urbanistes mélangeant les modes de transport, les fonctions et les activités. et jardins, l’architecte suisse va opposer une ville en relief ordonnée autour de bâtiments conçus comme des entités autonomes. Dans cette logique, le pape du Mouvement moderne va conférer à la cinquième façade une véritable fonction d’usage dont l’expression la plus aboutie sera l’Unité d’habitation de Marseille. Le toit plat comme lieu de vie L’Unité d’habitation de Marseille conçue par Le Corbusier reste aujourd’hui encore un exemple inégalé de valorisation et d’intégration de la toiture-terrasse au bâti. < souvent désertique abandonné aux gaines de ventilation et aux antennes. L’idée d’en faire autre chose qu’un simple abri n’est pourtant pas nouvelle. Elle remonte aux prémices de l’architecture moderne. Auguste Perret, Walter Gropius, Ludwig Mies van der Rohe, Johannes Duiker, Le Corbusier : dans les années trente, les pères du Mouvement moderne vont inventer le toit plat et en même temps le rendre praticable. D’abord expression formelle d’une nouvelle architecture, la toiture désormais devenue terrasse va également s’imposer comme l’un des piliers des théories urbanistes de l’entre-deuxguerres. Transformé en jardin ou en espace d’activité physique, il devient l’outil idéal pour conduire les masses au grand air et au soleil, loin des rues insalubres qu’il faut éliminer selon Le Corbusier. À la ville en « creux » organisée autour de ses rues, places Achevée en 1952, elle reste la plus grande projection par Le Corbusier de sa « machine à habiter ». Il l’intitula « Cité-jardin à la verticale » : 18 étages qui abritent 337 appartements disposés de manière à donner un accès direct à la nature. À l’intérieur, il recrée des rues commerciales avec boutiques, restaurants, hôtels, crèches et garderies. Quant au toit, il est occupé par un gymnase, une piste d’athlétisme et une piscine. Il construira cinq autres unités (quatre en France et une à Berlin), à chaque fois selon le même plan. Cinquante ans plus tard, il est impossible de trouver des équivalents d’un tel niveau de valorisation et d’intégration de la toitureterrasse, qui offrait selon Le Corbusier l’expérience « d’un espace ineffable ». Le toit plat comme lieu de vie et de sociabilité ne s’est jamais imposé dans l’architecture et encore moins dans l’urbanisme. Si dès les années cinquante son emploi se généralise dans le logement collectif, c’est au nom de l’efficacité économique et technique au sein d’une France plongée dans la reconstruction. Adulé en tant qu’architecte, Le Corbusier et sa volonté de restructurer radicalement la ville deviendront en revanche le symbole de l’échec urbain. Avec lui, c’est le Mouvement moderne et ses avatars qui seront accusés d’être à l’origine de tous les maux et malheurs de la cité moderne : construction des grands ensembles, dilution de l’espace public dans les banlieues et surtout désagrégation du fonctionnement social. À la fin des « Trente Glorieuses », des approches plus réalistes seront mises en application. Avec les villes nouvelles, on tente de renouer avec les formes d’organisation traditionnelles de la cité. Dans les années soixante-dix, la construction des logements de la rue des Hautes Formes confiée à l’architecte Christian de Portzamparc marque non seulement la volonté de s’éloigner de la typologie des barres mais aussi de retrouver une articulation naturelle avec la rue. Celle-là même qui était encore trente ans plus tôt bannie des visions urbanistiques du Mouvement moderne. Désormais la rue est revenue au cœur des préoccupations. Forts du constat d’échec ÉTANCHÉITÉ.INFO · NUMÉRO 17 · MARS 2008 · 21 EI17_P19-24:EI10_version 11/03/08 16:11 Page 23 Des expériences isolées Si la toiture parking ne va pas complètement disparaître du paysage, la toiture-terrasse fonctionnelle ne sera quant à elle jamais élevée au rang de concept architectural comme l’avait imaginé ses créateurs. Attribuer une fonction d’usage au toit relève d’abord aujourd’hui d’une démarche pragmatique : exploiter en toiture un ©D.R. espace indisponible au sol. C’est la raison pour laquelle un certain nombre de complexes sportifs intramuros ont recours à cette solution, à l’instar du gymnase Candie dans le XIe arrondissement de Paris et de son terrain de tennis installé sur le toit. Plus rarement, il peut s’agir d’un véritable parti pris architectural, à l’image du Basket Bar situé sur le campus de l’université d’Utrecht aux Pays-Bas. Conçu par < des grands ensembles qui l’avaient réduite au simple statut de voie dédiée au règne de la voiture, beaucoup d’urbanistes y voient aujourd’hui l’élément le plus structurant de la morphologie de la ville. Elle en est l’essence même. Les échanges, les rencontres et la sociabilité entre groupes et personnes appartiennent à la rue. Et rares sont ceux dorénavant qui remettent en cause cette mécanique urbaine. Autant dire que dans cette vision, la toiture-terrasse rêvée par Le Corbusier comme espace public à part entière de la ville n’a plus sa place. Elle représenterait même le modèle opposé, facteur d’isolement qui mettrait en péril la cohérence du tissu urbain. La toiture accessible, ouverte et fonctionnelle va connaître durant la première moitié du XXe siècle un autre début de carrière. Tout aussi prometteuse que la première mais malheureusement tout aussi brève. Dès les années trente, le toit plat devient la forme architecturale de prédilection d’un autre symbole de modernité : l’automobile et son corollaire, le parking. Devant la Récompensé par la mention spéciale du prix Mies van der Rohe, le Basket Bar conçu par NL Architects fait clairement du toit un espace d’attraction en le transformant en un terrain de basket surplombant un café universitaire. ©Pyc < Pour exploiter au mieux l’espace, l’architecte Massimiliano Fuksas a installé ce terrain de tennis sur le toit du gymnase Candie, à Paris dans le XIe arrondissement. multiplication exponentielle des propriétaires de voitures, le parc à étages va s’imposer dans les années cinquante comme le principal modèle pour le stationnement public en ville. Emblème de l’urbanisme moderne, rationnel et pratique, ces immeubles d’un genre nouveau font appel aux matériaux et aux techniques de construction les plus récents : dalles en béton, rampes hélicoïdales et toitures-terrasses accessibles aux véhicules. Ces parkings en hauteur vont se multiplier en Europe et en Amérique du Nord jusque dans les années soixante-dix avant de tomber en discrédit. Deux phénomènes y ont largement contribué. D’abord, « la première crise pétrolière qui signe la fin de l’automobile comme symbole de progrès », comme le note Simon Henley dans son ouvrage L’Architecture des parkings, paru aux éditions Parenthèses en 2007. Ensuite, la remise en cause des conceptions rationalistes et technicistes du Mouvement moderne ainsi que les nouvelles politiques de préservation des centres-villes qui vont définitivement enterrer les parkings, désormais synonymes de dégradations urbaines. Aujourd’hui, en ville, ils sont donc le plus souvent souterrains. Quant à la prolifération des centres commerciaux dans la périphérie, elle va surtout profiter au développement des stationnements de plain-pied. < ©Pyc DOSSIER > À Puteaux dans les Hauts-de-Seine, la cour de récréation de l’école Marius Jacotot est venue s’implanter sur une toiture étanchée et isolée pour répondre aux contraintes des locaux à forte hygrométrie. La cour abrite en fait une piscine municipale. ÉTANCHÉITÉ.INFO · NUMÉRO 17 · MARS 2008 · 23 EI17_P19-24:EI10_version 11/03/08 16:11 Page 24 DOSSIER 24 · ÉTANCHÉITÉ.INFO · NUMÉRO 17 · MARS 2008 Conçu par l’architecte < Pierre d’Avoine et entièrement réalisé à partir d’une ossature en acier, ce penthouse a été installé sur la toiture d’un immeuble résidentiel des années soixante dans le quartier de Fulham, à Londres. ©D.R. La plupart du temps, c’est la volonté d’intégrer un maximum de services au sein d’un même bâtiment qui pousse à coloniser le toit. Cette tendance déjà forte dans le domaine des équipements sportifs se traduit aujourd’hui par la construction d’enceintes multifonctionnelles intégrant stade, commerces, restaurants, salles de spectacle… À Neuchâtel, en Suisse, la création en 2007 d’un tel complexe a conduit le cabinet d’architectes Geninasca-Delefortrie à surélever le terrain de football de l’ancien stade sur le toit des nouveaux bâtiments. À six mètres au-dessus de la rue, les 11 000 m2 de pelouse synthétique abritent désormais une galerie commerciale, des salles de sport et même la caserne des pompiers de la ville. Autre exemple de bâtiment hybride : à Nice, en 2001, la construction d’un centre commer- C’est la volonté d’intégrer un maximum de services au sein d’un même bâtiment qui pousse à coloniser le toit. qu’un : le toit devient la route avec de chaque côté 800 places de parking. Sous la chaussée, les architectes ont dégagé une surface libre de 35 000 m2 destinée à accueillir des boutiques, des bureaux, un centre de conférence et un hôtel. La densification du tissu urbain pousse aujourd’hui aménageurs, urbanistes et architectes à imaginer de nouvelles formes d’intégration du bâti dans la ville. Il ne s’agit pas seulement d’économiser de l’espace. Les réflexions portent également sur de nouvelles typologies de bâtiments (multifonctionnels, hybrides…) au sein desquels le toit est utilisé comme un espace privilégié, loin des dogmes de l’architecture moderne du siècle dernier. BASTIEN CANY Toiture parking du < centre commercial Chelles 2 : en 2006, les 20 000 m2 de cette terrasse accessible aux véhicules étaient rénovés à l’aide d’un système de dalles sur plots en béton préfabriquées. Un procédé développé dans un pays en pointe sur les questions d’aménagement des toits plats : les Pays-Bas. ©JF Chapuis/Smac De nouvelles typologies de bâtiments cial E. Leclerc a donné lieu à un partenariat public-privé original pour le partage de l’espace bâti. L’enseigne qui souhaitait déménager pour s’agrandir a obtenu de la ville l’autorisation de s’implanter sur une friche municipale, mais à une condition : qu’elle cède la toiture du bâtiment pour y réaliser un complexe sportif de 6 000 m2. À Compiègne, dans l’Oise, le projet de rénovation d’un centre commercial situé au cœur de la ville prévoit la construction de 24 logements sur le toit existant du bâtiment. Dessinées par le cabinet Equator, ces maisons individuelles s’organiseront autour d’une rue centrale agrémentée de terrasses jardins. Récemment, la municipalité de Stockholm en Suède a engagé un processus similaire afin de redynamiser son centre-ville, en partie détruit dans les années soixante pour faire place à des immeubles de bureaux. L’idée : redonner vie à ces quartiers en installant notamment 62 logements en duplex sur le toit du Klara Zenit, un bâtiment construit quarante ans plus tôt pour accueillir les bureaux de la poste et des télécommunications. Au Danemark, c’est le toit d’un immeuble d’habitation racheté par la ville de Copenhague qui a été transformé en un espace public auquel on accède par un escalator à partir de la rue qu’il prolonge. Pour les projets les plus innovants, il faut aller chercher du côté des Pays-Bas qui comptent toujours en Europe les plus fortes densités d’habitants au mètre carré. À Amsterdam, NL Architects, déjà à l’origine du Basket Bar, a ainsi travaillé sur un projet de parking conçu comme une extension sur un kilomètre de l’un des plus importants boulevards de la capitale. Dans cette étude, infrastructure et bâtiment ne font plus ©Smac l’agence NL Architects, ce bâtiment joue l’inversion des espaces avec un terrain de basket posé sur la toiture d’un café branché. Crèches, penthouses, parkings ou encore piscines publiques : les exemples d’exploitation des toitures-terrasses ne manquent pas mais se limitent à chaque fois à des expériences isolées. Faut-il pour autant en conclure que la vie sur les toits appartient définitivement au mythe de la ville moderne ? Densification urbaine, rareté du foncier, flambée des prix des terrains : ces phénomènes bien connus offrent aujourd’hui toutes les conditions pour remettre au goût du jour la toiture imaginée par Le Corbusier. Au moins au niveau local, ils incitent en tout cas les aménageurs à se pencher sur un meilleur usage des zones urbaines. EI17_P28-33:EI10_version 11/03/08 16:12 Page 28 R É A L I S AT I O N > 1- Le centre de traitement des déchets de la ZAC Garosud de Montpellier : 20 000 m2 de toitures classées en Très forte hygrométrie. 2- Les bacs acier utilisés sont des supports en tôle nervurée. Ils disposent de caissons à vis permettant de dissimuler les fixations de l’isolant. 1 2 LOCAUX À TRÈS FORTE HYGROMÉTRIE Étanchéité sophistiquée pour une toiture anticondensation D’ici à la fin 2008, l’agglomération montpelliéraine mettra en service une nouvelle unité de traitement des déchets. Des locaux classés en Très forte hygrométrie qui ont nécessité des précautions particulières afin d’éviter tout risque de condensation. À Montpellier, les poubelles vaudront bientôt de l’or… Avant la fin de l’année, les ordures de l’agglomération languedocienne serviront à produire un bien désormais rare et cher : l’énergie. 200 000 tonnes de déchets pour 50 GWh/an. De quoi alimenter en électricité 25 000 habitants et chauffer (ou refroidir) un ensemble immobilier de 1 000 logements. À l’origine de cette alchimie d’un nouveau genre, un centre de traitement dernier cri dont la construction s’achève au sein de la ZAC Garosud à Montpellier. L’usine, la sixième du genre en France, fonctionnera sur le principe de la méthanisation. Un processus réputé écologique qui s’apparente à une « digestion » de la matière organique par fermentation et action d’une flore microbienne. À la sortie de cette chaîne de décomposition, deux types de produits sont 28 · générés. Du biogaz d’abord, composé majoritairement de méthane qui peut être converti en pratiquement toutes les formes d'énergie utile : eau chaude, vapeur, électricité, cogénération, gaz carburant... Du compost ensuite, produit biologiquement stable, désodorisé et hygiénisé, qui sera valorisé en agriculture ou en aménagement selon les différentes qualités. 20 000 m2 classés en Très forte hygrométrie Dans l’enceinte de l’usine, l’ambiance a tout d’un paradis pour bactéries : des matériaux organiques en quantité et surtout une atmosphère chaude et particulièrement humide idéale pour leur croissance. En revanche, pour les bâtiments, ce climat tropical intérieur n’a rien d’une sinécure. Avec des pointes de température à 40 °C et un taux d’humidité relative ÉTANCHÉITÉ.INFO · NUMÉRO 17 · MARS 2008 EI17_P28-33:EI10_version 11/03/08 16:12 Page 29 R É A L I S AT I O N > 3 4 5 3- Le pare-vapeur, à base de bitume adhésif et de PEHD-aluminium, assure une bonne part de l’efficacité de la solution. 4- L’isolant a été choisi pour sa légèreté : ces panneaux de polystyrène expansé de 80 mm d’épaisseur sont sept fois moins lourds que les matériaux traditionnels. 5- Les panneaux isolants ont été fabriqués spécialement de sorte que leurs dimensions soient adaptées au calepinage des bacs acier. pouvant grimper à 90 %, l’unité de méthanisation représente une installation sensible du point de vue de la construction. Une mauvaise conception de l’enveloppe au plan thermique et la sanction est immédiate : les parois condensent avec un risque important de corrosion. Et dans le cas des toitures, ce risque est double. Au ruissellement sur les parois vient s’ajouter l’obligation d’éviter toute migration de la vapeur d’eau jusqu’au complexe d’étanchéité, sous peine d’entraîner une réaction en chaîne : condensation de la vapeur sous l’effet de l’air froid, humidification de l’isolant, diminution des performances thermiques avec à la clé, de nouveau, la menace de voir apparaître de l’eau en sous-face. Outre ces contraintes techniques, maître d’ouvrage et maître d’œuvre vont imposer des exigences sévères en termes de délais de mise en œuvre et de coût. Deux leitmotive certes. Mais qui prennent ici une dimension particulière en raison de la surface du chantier – plus de 20 000 m2 de toitures – et de sa complexité. C’est ce cahier des charges, à la fois technique et économique, qui va pousser au choix du système Parasteel 42 TFH développé au début des années quatre-vingt-dix par Siplast-Icopal. Seule réelle alternative au verre cellulaire, ce procédé est également l’un des rares à disposer d’un Avis technique pour des applications en « locaux à très forte hygrométrie ». C’est toutefois une variante originale à la solution qui sera présentée pour ce projet. Car pour optimiser encore le temps de pose, le fabricant va jouer la carte de la légèreté. La laine minérale a ainsi été remplacée par des panneaux en polystyrène expansé (80 mm ÉTANCHÉITÉ.INFO · NUMÉRO 17 · MARS 2008 · 29 EI17_P28-33:EI10_version 11/03/08 16:12 Page 31 R É A L I S AT I O N > 6 d’épaisseur) qui affichent une masse volumique plus de sept fois inférieure aux isolants traditionnels. Pour l’étanchéité, le choix s’est porté sur une membrane bitumineuse monocouche auto-adhésive. L’avantage de cette pose ? La vitesse toujours, mais aussi la possibilité de disposer d’un revêtement qui répond aux phénomènes de « flapping ». « Il s’agit bien d’un complexe en semi-indépendance, précise Emmanuel Houssin, ingénieur développement chez Siplast-Icopal. Toutefois, la membrane adhère suffisamment au support pour s’opposer aux dépressions générées par le vent qui pourraient agir comme une pompe vis-à-vis de l’air intérieur humide.» 6- Un lignage a été effectué afin de fixer les panneaux dans la zone de recouvrement des membranes du pare-vapeur, au droit des caissons à vis. 7 Fixations étanches Le cœur du procédé reste quant à lui inchangé. Premier élément : le bac acier. Il s’agit d’un support en tôles nervurées (hauteur d’onde de 42 mm) qui présente la particularité de disposer d’un caisson à vis permettant de dissimuler les fixations (dans ce cas précis, celles de l’isolant) après percement du support. Un atout esthétique qui suppose toutefois d’adapter les dimensions de panneaux au calepinage du bac. Pour optimiser Deuxième point fort du système : le temps son pare-vapeur. C’est lui qui asde pose, sure une bonne part de l’efficacité le fabricant va de la solution. Ce qui explique jouer la carte aussi sa composition relativement de la légèreté. sophistiquée à base de bitume adhésif et de PEHD-aluminium avec, au total, pas moins de cinq couches différentes dans 1,2 mm d’épaisseur. Troisième et dernier élément-clé : l’attelage utilisé pour la fixation des panneaux isolants. Et pas question ici de toucher à la configuration d’origine. Un seul et unique attelage a été validé pour le système. « Lors de la conception du procédé, précise l’ingénieur de Siplast-Icopal, nous avons mis au point avec la société SFS Intec une fixation en acier inoxydable spécifique qui nous permet de percer le pare-vapeur sans risque. Le pas du filet et sa forme particulière créent un sertissage très net qui maintient l’étanchéité de l’ensemble. Sans compter que les fixations sont précisément placées dans la zone de recouvrement des membranes du pare-vapeur, au droit des caissons à vis. » Continuité du pare-vapeur 7- Le pas du filet et sa forme particulière permettent de réaliser un sertissage très net qui maintient l’étanchéité de l’ensemble à la vapeur d’eau. 8 8- Pour répondre aux impératifs de délais, le choix s’est porté sur une étanchéité assurée par une membrane bitumineuse monocouche auto-adhésive. Accepté et validé par le bureau de contrôle (Apave), l’ensemble a été posé en moins de six mois, d’avril à septembre 2007. C’est la société Midi Asphalte qui a pris en charge la totalité du lot étanchéité. « Nous ÉTANCHÉITÉ.INFO · NUMÉRO 17 · MARS 2008 · 31 EI17_P28-33:EI10_version 11/03/08 16:12 Page 33 R É A L I S AT I O N > 9 avons dû procéder en plusieurs phases, explique Olivier Dudreuil, conducteur de travaux. Il était en effet impératif d’attendre systématiquement la pose du bardage afin de pouvoir prolonger le pare-vapeur sous le talon des costières métalliques en périphérie et de le raccorder contre la face intérieure de la façade. » Cette continuité de la protection sera scrupuleusement respectée sur l’ensemble des points singuliers. Chez Midi Y compris pour les entrées d’eau Asphalte, pluviale réalisées avec un disposicette opération tif original : une platine-fourreau compte permettant d’effectuer une remondésormais parmi tée du pare-vapeur et de descendre les références l’étanchéité jusqu’à confiner comtechniques. plètement les tranches d’isolant. Entre les bacs acier, un laquage polyester supplémentaire sera également appliqué sur leur face interne de manière à renforcer la protection contre la corrosion. Faîtage, noues, rives, émergences… chaque jointure de l’ouvrage va nécessiter un traitement particulièrement soigné de l’étanchéité. C’est la raison pour laquelle le fabricant n’a pas hésité à s’impliquer aux côtés de l’étancheur. Non seulement pour apporter son assistance mais aussi pour veiller à la bonne application du Plan d’action qualité qui prévoyait des autocontrôles tous les 5 000 m2. Chez Midi Asphalte, cette opération compte désormais parmi les références techniques les plus pointues de l’entreprise. Quatre autres unités de méthanisation similaires sont actuellement en projet en France. Même sur le créneau restreint des locaux à très forte hygrométrie, il est donc difficile de parler réellement d’un marché à part entière pour l’étanchéité. Reste que ce type d’usine donne à voir un niveau de sophistication rarement atteint en toiture industrielle. D’autant plus exceptionnel qu’il ne s’agit pas d’abriter des process high-tech, mais bien des tonnes de détritus. 9- Complexe en semi-indépendance, la membrane d’étanchéité adhère suffisamment au support pour s’opposer aux dépressions générées par le vent et éviter ainsi les phénomènes de « flapping ». 10- Chaque jointure et point singulier va nécessiter un traitement soigné de l’étanchéité. Il s’agit d’assurer la continuité du pare-vapeur. 10 BASTIEN CANY LES INTERVENANTS Maître d’ouvrage : Sogea Sud Maître d’œuvre : Communauté d’agglomération de Montpellier Architecte : Architecte Technologie et Environnement Étanchéité : Midi Asphalte Entreprise Bureau de contrôle : Apave Montpellier Produits d’étanchéité : Parasteel TFH, Adevapo (parevapeur), Knauf Therm TTI Th 36 SE BA, Adesolo (étanchéité monocouche). ÉTANCHÉITÉ.INFO · NUMÉRO 17 · MARS 2008 · 33 EI17_P35-38:EI10_version 12/03/08 18:17 Page 35 R É A L I S AT I O N > M E M B R A N E S P H O T O V O LTA Ï Q U E S Une toiture reconvertie en centrale électrique Depuis deux ans, la filière photovoltaïque connaît des taux de progression records. Une croissance dopée par de nouvelles incitations financières qui rendent l’énergie solaire toujours plus accessible. À CergyPontoise, la Communauté d’agglomération a décidé d’investir en misant sur une solution entièrement intégrée au bâti. ransformer une banale toiture béton en centrale de production électrique sans pour autant investir dans des panneaux solaires. C’est ce que vient de réaliser la Communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise en installant 375 m2 de membranes photovoltaïques sur la toiture principale de ses bâtiments. En choisissant des capteurs intégrés à l’étanchéité, le maître d’ouvrage va aussi et surtout réussir une autre belle opération : valoriser sa production annuelle au prix fort, 55 centimes d’euro le kilowattheure (1). Ici, comme dans plus de la moitié des applications photo voltaïques, l’intégralité de l’énergie générée sera en effet injectée dans le réseau et revendue à EDF. Une filière en pleine expansion depuis 2006 et l’instauration de nouvelles conditions d’achat du kilowattheure, passées de 15 à 30 centimes d’euro. Le tarif est d’autant plus intéressant qu’il est quasiment possible de le doubler en sélectionnant une solution intégrée au bâti, créditée d’une prime de 25 centimes d’euro. Mais encore faut-il pouvoir justifier que le système mis en œuvre assure « une fonction technique ou architecturale essentielle à l’acte de construire », comme le précise le décret du 6 juillet 2006. En construction neuve, les solutions se développent, du bac acier au brise-soleil en passant par les garde-corps photovoltaïques. En revanche, sur des bâtiments existants, la démarche se > © Pyc Ed. T Installés sous les fenêtres de la tour EDF de Cergy-Pontoise, les 375 m2 de membranes photovoltaïques produiront annuellement 15 300 kWh d’électricité solaire qui seront redirigés vers le réseau. ÉTANCHÉITÉ.INFO · NUMÉRO 17 · MARS 2008 · 35 EI17_P35-38:EI10_version 13/03/08 9:30 Page 37 révèle tout de suite plus complexe. En témoigne l’expérience du stade Geoffroy-Guichard à SaintÉtienne (voir encadré). Sur ce dernier créneau, l’étanchéité a donc de belles cartes à jouer. © Pyc Ed. R É A L I S AT I O N > Trois couches de cellules photovoltaïques Inclinaison minimale Sur la toiture, la mise en œuvre du système va toutefois nécessiter quelques aménagements. « La pente du support d’origine n’était pas suffisante pour assurer une bonne évacuation de l’eau et éviter les flaches qui auraient pour effet de diminuer les performances des cellules », explique Ralte Bencheikh, chef de secteur chez Chapelec, l’entreprise d’étanchéité en charge des travaux. 3 degrés : c’est l’inclinaison minimale demandée par le fabricant afin de garantir le rendement des capteurs. Pour s’y conformer, l’entreprise va mettre au point une solution simple et économiquement réalisable : une surcouverture formée de caissons, eux-mêmes réalisés à l’aide de costières métalliques et de bacs acier inclinés à 3 degrés. Une Un calepinage a été réalisé afin d’optimiser l’espace disponible sur la toiture tout en tenant compte de l’orientation des terrasses et des ombres portées. > Lancée sur le marché français en 2003 par Alwitra et commercialisée par 3T France, cette membrane synthétique composée d’un alliage polymère d’EVA et de PVC intègre trois couches de cellules photovoltaïques. Une technologie dite de « triple jonction » conçue pour exploiter au mieux les différentes longueurs d’onde du spectre lumineux. Souples, légers et surtout moins coûteux que les cellules cristallines, ces capteurs en silicium amorphe affichent toutefois des rendements de conversion de l’énergie solaire en électricité inférieurs : environ 7 % contre 12 à 20 % pour des cellules en silicium mono ou polycristallin. Des performances moindres qui supposent forcément de déployer plus de surface : « il faut environ 20 m2 de revêtement pour générer 1 kWc (2), précise Catherine Lilleman de 3T France. En dessous de 80 m2, on estime le niveau de rentabilité insuffisant. » À CergyPontoise, l’agglomération prévoit d’amortir le surcoût lié aux capteurs sur quatorze ans avec une production annuelle de 15 300 kWh. « Nous avons jugé ce délai raisonnable », note Dominique Hardy de Nexity Saggel, maître d’ouvrage délégué et gestionnaire du bâtiment, tout en reconnaissant que « l’engagement du fabricant à garantir sur vingt ans une production au moins équivalente à 80 % de la puissance minimale a joué un rôle capital dans la décision d’investir ». fois fixés au support, ces éléments vont être isolés avec des panneaux en laine de roche et recouverts du revêtement avec ses modules photovoltaïques. « À partir de cette solution, le fournisseur de la membrane a pu élaborer un calepinage précis de la toiture de manière à exploiter au mieux la surface disponible, en tenant compte de l’orientation et des ombres portées, y compris celles de l’acrotère », précise le chef de secteur de Chapelec. Pour la pose, les règles à respecter sont identiques à celles des revêtements thermoplastiques traditionnels, avec néanmoins quelques précautions supplémentaires pour éviter les plis. Principale contrainte pour l’étancheur : la mise en œuvre du revêtement ne peut être effectuée à des températures inférieures à 5 °C. Et en dessous de 10 °C, il est nécessaire de stocker les modules dans un local chauffé et de procéder à une mise en température avant la pose. LES INTERVENANTS Maître d’ouvrage : Communauté d’Agglomération de Cergy-Pontoise Assistant maîtrise d’ouvrage : Nexity Saggel Bureau d’études : BETEL Étanchéité : Chapelec Produits d’étanchéité : Evalon Solar (Alwitra / 3T France) ÉTANCHÉITÉ.INFO · NUMÉRO 17 · MARS 2008 · 37 EI17_P35-38:EI10_version 12/03/08 18:17 Page 38 > Côté électrique, les câbles sont passés à travers l’isolant et le bac acier avant d’être raccordés à des boîtiers installés ici directement dans le vide technique disponible sous chaque caisson. Quant à l’étanchéité des connexions entre les cellules et l’enveloppe synthétique de la membrane, « elle est réalisée et vérifiée en usine et ne réclame aucune intervention sur le chantier », précise Catherine lilleman. Dissimulés sous l’isolant de la partie courante, les câbles sont ensuite regroupés dans des goulottes métalliques sur l’acrotère qui ceinture la toiture. Entièrement pris en charge par un Pour le électricien qualifié, ce montage moment, alimente quatre onduleurs adapaucun système tés à un emploi à l’extérieur. « Ces photovoltaïque dispositifs sont des pièces maîet a fortiori tresses dans le bon fonctionnement aucune de l’installation puisqu’ils assurent étanchéité la conversion du courant électrique intégrant continu en courant alternatif réincette jecté dans le réseau, souligne Ralte technologie Bencheikh. Il est primordial de séne bénéficie lectionner des appareils testés et d’un Avis validés par le fabricant du revêtetechnique. ment, d’autant plus que la fourniture des onduleurs et la réalisation de l’ensemble des raccordements électriques est entièrement à la charge du lot étanchéité et donc placé sous la responsabilité de l’étancheur. » Pour le moment encore, aucun système photo voltaïque et a fortiori aucune étanchéité intégrant cette technologie ne bénéficie d’un Avis technique. Et pour cause : jusqu’en décembre dernier, il n’existait pas de commission mandatée pour exami- © Pyc Ed. R É A L I S AT I O N > ner les dossiers. Fin 2007, le CSTB a donc finalement désigné un groupe spécialisé d’experts (le GS 21) qui devrait prochainement instruire les premières demandes. En attendant, l’absence de documents techniques de référence est loin de freiner le développement de l’énergie solaire. Entre 2005 et 2006, le marché du photovoltaïque raccordé au réseau a fait un bond de 122 %. À Cergy-Pontoise, la Communauté d’agglomération a d’ores et déjà annoncé que les premiers mètres carrés installés n’étaient qu’un début. À moyen terme, elle prévoit même de généraliser le recours à des étanchéités photovoltaïques sur l’ensemble de ses bâtiments. BASTIEN CANY (1) 1er Le tarif de rachat du kilowattheure en France au janvier 2008 (avec prime d'intégration) est de 57,187 centimes d’euro. (2) Un watt-crête (Wc) représente la puissance fournie sous un ensoleillement standard de 1 000 W/m2 à 25 °C. P R I M E D ’ I N T É G R AT I O N : AT T E N T I O N A U C H O I X D U S Y S T È M E ! Depuis juillet 2006, la France bénéficie des conditions d’achat de l’électricité d’origine photovoltaïque les plus avantageuses d’Europe. Au tarif de base (30 centimes d’euro le kilowattheure en métropole) vient s’ajouter une prime de 25 centimes lorsque le système s’intègre au bâti. Cette dernière notion soulève toutefois certains problèmes d’interprétation. Le flou persiste aujourd’hui malgré la publication en avril 2007 d’un guide technique par le ministère de l’Industrie. Dernier exemple en date: les 2600m2 de bacs acier photovoltaïques installés sur la tribune officielle du stade Geoffroy-Guichard à Saint- 38 · Étienne. Devant l’impossibilité technique de remplacer l’ancienne couverture, la maîtrise d’œuvre a fait le choix de superposer les bacs photovoltaïques sur les bacs existants à l’aide d’entretoises. Question : le système ainsi mis en œuvre est-il réellement intégré au bâti ? Pour la Communauté d’agglomération, maître d’ouvrage, cela ne fait aucun doute. En revanche, la Drire Rhône-Alpes faisait en octobre dernier une analyse différente, estimant que l’intégration manquait des justifications démontrant que la solution assurait « une fonction technique ou architecturale essentielle à l’acte de construire ». ÉTANCHÉITÉ.INFO · NUMÉRO 17 · MARS 2008 Pour simplifier le montage électrique, les boîtiers de raccordement ont été fixés dans le vide technique disponible sous les caissons.