page 4- Yerushalaim n°21
lieu chaque fois que l'homme se repent d'avoir "manqué le but" et qu'il prend la résolution d'ajuster son
chemin à celui des commandements de Dieu. C'est un de thèmes principaux de Psaumes. Ce travail
d'ajustement c'est déjà le Tiqqoun, la réparation consciente de dégâts, basée sur la repentance et
confirmée par la demande de pardon. La racine du mot TaKaN signifie: réparer, remettre en état; (c'est le
mot qu'on emploie quand il s'agit de réparer un vélo ou une gazinière !). Dans notre contexte, l'acte de
repentance envers notre prochain, juif en l'occurence, est déjà le commencement de la réparation de tout
ce qui a été détruit du plan de la Création., à cause de l'inimitié entre les hommes dont le prototype est le
conflit entre Caïn et Abel. (Genèse 4: 1 à 6))
On doit la notion de Tiqqoun à Isaac Louria (1534-1572), célèbre kabbaliste de Safed. Tiqqoun,
compris comme correction, consiste à poser des actes justes. Après la destruction, le nouveau
commencement. Selon le Talmud, il y a une relation entre la repentance (Teshouva), suivie de Tiqqoun,
et la Guéoula, la Libération messianique. Depuis le commencement Dieu a prévu le Pardon, pour que
l'homme puisse, au moyen du repentir pour s'être égaré du juste chemin, parachever la Création, en tant
que partenaire de Dieu. C'est la grande preuve de la miséricorde et de la patience de Dieu vis à vis de
l'homme. Nous pouvons citer ici un fragment du livre "Orot haTeshouva" - " Les lumières du retour", du
Rav Abraham Isaac Kook (1865-1935) , premier Grand Rabbin d'Israël:
"La Teshouva a précédé la création du monde, et c'est pour cette raison qu'elle est fondement de
l'univers. L'excellence de la vie réside précisément dans la persévérance dans l'être, selon sa nature
spécifique.
La nature étant par elle même dépourvue d'observation et du discernement, le péché devient de
ce fait inévitable: - Il n'y a pas d'homme juste sur la terre, qui fasse le bien sans jamais faillir - (Ecc.7:20.).
Supprimer le caractère naturel de la vie pour que l'homme devienne un être non-pécheur constitue
justement le plus grand des péchés. Il demandera son expiation parce qu'il a péché envers son âme
vitale.
C'est pourquoi le repentir restaure ce qui a été détérioré et ramène l'univers et la vie à leur
origine, en révélant précisément le fondement supérieur de leur essence, le monde de la liberté. C'est
pour ce motif que l'on désigne le Nom de Dieu (Tétragramme) par Dieu (Elohim) vivant." (page 87).
En méditant tout cela, nous plongeons dans l'univers de la pensée juive. Selon Rav Kook la
vocation spécifique d'Israël consiste à être le "Peuple de la Teshouva". Nous pouvons en conclure, que
les Nations, par une reprise en charge de la mémoire d'Israël, feront appel à ce peuple-témoin, afin qu'il
assume le projet de Dieu, dont il est porteur: orienter l'univers vers de nouvelles perpectives pour
l'avènement de l'humain.
Le lien inéluctable entre Israël et les Nations.
Selon les prophètes, Israël ne peut pas accomplir sa vocation, sans se tourner vers les Nations:
(Dieu) dit: " C'est peu que tu sois mon serviteur pour relever les tribus de Jacob et pour ramener les
restes d'Israël: Je t'établis pour être la lumière des nations, pour que mon salut soit manifesté
jusqu'aux extrémités de la terre." (Is 49,6).
A partir de l'avènement de Jésus de Nazareth, Fils d'Israël, le Messie, les Nations ont eu accès
à l'Alliance d'Israël au Sinaï et, par ce fait, ont cessé d'être païennes. Par la foi en Jésus et par la fidélité
à ses commandements, ("Je ne suis pas venu pour abolir la Loi ou les Prophètes, mais pour les
maintenir en vie." Matt. 5, 17 - le terme accomplir uttilisé dans la plupart de nos versions est rendu ici par
"maintenir en vie, conserver dans son essence", conformément au sens donné par la traduction du texte
en hébreu) les Nations reçoivent la même charge qu'Israël: être témoins de l'Alliance de Dieu avec
l'humanité. Elles participent avec Israël à l'oeuvre de la Rédemption, pour parachever les "ma'asé
bereshit" - la Création commencée.
Mais ici se pose cette question: pourquoi, durant des siècles, le peuple juif et les églises des
nations n'ont pas vécu en unité, pour accomplir la tâche qui leur a été confiée par Dieu, à savoir être les
témoins de Son action dans le monde? L'histoire nous montre l'ensemble des faits, concernant les
relations Eglise- Israël. Ces faits sont supposés connus des deux partis. Notre part de responsabilité est
grande, et peut être résumée de la manière suivante: les chrétiens, sous prétexte que les juifs n'ont pas
reconnu en Jésus de Nazareth le Messie d'Israël, et le Fils de Dieu, (voire: Dieu lui-même), se sont
emparés, approprié, pour eux seuls, la mission d'être "la lumière du monde", mission confiée selon le
prophète Isaïe à Israël. Aujourd'hui, nous commençons à comprendre que Jésus, tel que la théologie
chrétienne le présentait au peuple juif, ne pouvait pas être reconnu comme Messie d'Israël. Le travail de