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CONSÉQUENCES CLINIQUES DE L’USAGE DE CANNABIS (suite)
bilité neurobiologique commune. Un
âge de début précoce d’usage de canna-
bis semble augmenter le risque de psy-
chose. Des antécédents d’usage de
cannabis apparaîtraient être un facteur
de risque pour le début d’une schizo-
phrénie, notamment chez les sujets vul-
nérables mais également chez ceux
sans histoire clinique antérieure. Cepen-
dant le cannabis n’est ni une cause suf-
fisante ni une cause nécessaire pour une
schizophrénie, mais une composante
s’incluant dans le groupe de facteurs
impliqués dans cette maladie.
Grossesse et cannabis
L’usage chronique de cannabis entraîne
une diminution de la perfusion utéropla-
centaire à l’origine de difficultés voire
d’échecs d’implantation embryonnaire.
Les effets néfastes du cannabis sur la
croissance fœtale seraient mis en évi-
dence dès la 22esemaine de gestation :
retard de croissance fœtale et réduction
de la durée de gestation. Cependant le
tabac, associé au cannabis, jouerait éga-
lement un rôle important dans le reten-
tissement somatique fœtal.
Le cannabis consommé pendant la
grossesse pourrait être à l’origine de
fausses couches spontanées, d’une aug-
mentation du nombre de contractions et
de complications pendant le travail
obstétrical.
Enfin, il a été démontré que le canna-
bis entraîne des altérations neurocom-
portementales et développementales
significatives chez les sujets exposés
in utero : troubles mnésiques, atten-
tionnels, d’intégration de données,
hyperactivité, comportements impul-
sifs.
RÔLE DU PHARMACIEN
Le pharmacien d’officine est un des
professionnels de santé auquel les
familles pourraient facilement faire
appel lorsqu’elles suspectent ou décou-
vrent l’usage de cannabis chez l’ado-
lescent. Il doit constituer une aide pour
les parents leur permettant d’engager
le dialogue avec leurs enfants dans une
situation souvent de crise. Lorsqu’un
consommateur est en demande d’infor-
mations, le pharmacien peut proposer
un rendez-vous pour aborder le sujet
en toute confidentialité.
Pour faire face à cette demande, il est
indispensable que le pharmacien aborde
le plus objectivement possible les
risques et complications éventuels de la
consommation de cannabis afin de tenir
aux jeunes consommateurs et à leur
famille un discours crédible et adapté.
Conseils aux parents
Avant d’engager une discussion avec
les parents, il est essentiel que le phar-
macien connaisse des médecins ou
centres de consultation spécialisée, sus-
ceptibles de recevoir le jeune consom-
mateur (voir Contacts utiles).
Les parents sont souvent désarmés face
à la consommation de cannabis de leurs
enfants. Le pharmacien pourra leur
donner quelques conseils pour ouvrir le
dialogue :
–Conseiller aux parents d’avoir une
attitude cohérente et commune face à
leur enfant. Des discours divergents
entre les deux parents auront un
impact moins important sur le jeune
consommateur.
–Ne jamais banaliser ni dramatiser la
consommation de cannabis.
–Conseiller aux parents de ne pas tenir
un discours moralisateur mais favori-
ser une discussion autour du cannabis.
–Rester à l’écoute et chercher des
solutions avec l’adolescent.
–Encourager les parents à signifier
leur désaccord par rapport au choix
de leur enfant et à se positionner
comme un soutien possible.
Le pharmacien pourra également in-
former les parents des signes d’alerte
évocateurs d’une consommation de
cannabis (voir encadré ci-dessous).
L’adolescent peut ressentir l’aide des
parents comme un obstacle à son indé-
pendance. Il est cependant essentiel de
maintenir le dialogue. Le pharmacien
peut constituer une aide extérieure à la
famille qui prendra le relais pour
conseiller et éventuellement guider
l’adolescent vers une consultation spé-
cialisée.
Conseils aux adolescents
Certains arguments pourront être ap-
portés incitant l’adolescent à réfléchir
sur sa consommation de cannabis et en
envisager l’arrêt :
–Informer l’adolescent sur le cannabis
et ses effets somatiques, psycholo-
giques, cognitifs et sociaux.
–Aborder le sujet de l’appartenance au
groupe et entraîner les adolescents à
exprimer leur jugement et assumer
leurs propres choix.
–Inciter l’adolescent à mettre en balance
d’une part sa consommation de canna-
bis, les effets qu’il ressent, le réconfort
que cela lui apporte, et d’autre part les
répercussions négatives sur son travail,
ses relations, ses loisirs.
–Les arguments en rapport avec la santé
n’ayant pas beaucoup d’impact vis-à-
vis des adolescents, insister plutôt sur
le risque d’échec que peut entraîner la
consommation de cannabis au niveau
de l’apprentissage scolaire et de la
construction de la personnalité.
Généralement, le consommateur de can-
nabis pense réussir à maîtriser sa
consommation et n’envisage pas qu’elle
puisse le rendre dépendant, ou avoir des
conséquences négatives. L’utilisation du
questionnaire CAST peut aider l’adoles-
cent à évaluer les risques de sa consom-
mation. Le questionnaire est rempli par
le consommateur puis présenté à un pro-
fessionnel de santé. L’interprétation du
questionnaire, récemment revue, indique
que trois réponses positives suggèrent un
risque modéré associé à l’usage de can-
nabis. Le professionnel de santé doit por-
ter une attention particulière au jeune
Changements de comportement
d’un adolescent pouvant alerter
sur sa consommation
de cannabis :
•Absentéisme scolaire répété.
•Perte d’intérêt pour les activités
sportives ou de loisir.
•Isolement, repli sur soi.
•Changement de fréquentation.
•Problèmes d’argent.