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©Collège des Enseignants d’Endocrinologie, Diabète et Maladies Métaboliques. Mise à jour Novembre 2002
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§ Syndromes d'hypersécrétion
1 - Hyperprolactinémie
Le retentissement endocrinien de l'hyperprolactinémie se manifeste assez précocement chez la femme non
ménopausée sous la forme de troubles du cycle (oligospanioménorrhée, aménorrhée), d'une galactorrhée, de
troubles sexuels (baisse de la libido, sécheresse vaginale, dyspareunie), et parfois seulement sous forme
d'une infertilité par anovulation avec conservation des cycles. Le mécanisme de l'atteinte de la fonction
gonadique est une inhibition de la libération de LHRH (luteinizing hormone releasing hormone)
hypothalamique induite par l'excès de prolactine. Chez la femme ménopausée, la galactorrhée est rare et
c'est le syndrome tumoral qui est révélateur. Chez l'homme, les manifestations, conduisant plus tardivement
au diagnostic que chez la femme jeune, sont représentées par des troubles sexuels (baisse de libido,
dysérection, impuissance érectile), raréfaction de la pilosité faciale ou somatique et rarement gynécomastie
voire galactorrhée.
Les complications de l'hyperprolactinémie sont liées à l’atteinte de la fonction gonadique: essentiellement
l’infertilité et l’ostéoporose en cas d’hyperprolactinémie prolongée.
Sur le plan biologique, la prolactinémie basale est trouvée élevée, supérieure à 20 µg/l. Le taux basal de
prolactine est généralement bien corrélé avec le volume tumoral, un taux supérieur à 200 µg/L étant quasi-
spécifique d'un macroprolactinome. Au contraire, un taux inférieur à 100 µg/L en présence d'un
macroadénome volumineux est en faveur d'une hyperprolactinémie accompagnant un adénome non-sécrétant
par un mécanisme de compression de la tige pituitaire. À la différence des hypogonadismes d'origine
ovarienne, les taux de gonadotrophines (LH et FSH) ne sont pas augmentés. En cas d'insuffisance
gonadotrope lésionnelle associée, les gonadotrophines seront même abaissées en base ou après stimulation
par LHRH exogène (test au LHRH).
2 - Acromégalie
Le tableau clinique lié à l’hypersécrétion chronique de GH est caractérisé par l'installation progressive et
insidieuse de modifications morphologiques : prognathisme, élargissement des mains et des pieds nécessitant
des changements de pointure de chaussures, épaississement des traits, en particulier le nez et les lèvres. Ces
signes passent souvent inaperçus du patient et de son entourage, et seront mis en évidence par la comparaison
de clichés successifs (documents d'identité par exemple). On note également une hypersudation, une
hyperséborrhée, parfois une hypertrichose ; des troubles de l'articulé dentaire et une macroglossie, avec
fréquents ronflements nocturnes, une raucité de la voix ; des arthralgies, un syndrome du canal carpien; une
hépato-splénomégalie. Une hypertension artérielle, une intolérance au glucose ou un diabète sucré peuvent
apparaître.
Les complications de l'acromégalie sont surtout liées à l'ancienneté de l'hypersécrétion somatotrope.
L'insuffisance cardiaque peut être la conséquence de la cardiopathie acromégalique associée à
l'hypertension artérielle. Sur le plan respiratoire, les déformations thoraciques peuvent entraîner un
syndrome restrictif et le syndrome d'apnée du sommeil est fréquent, responsable notamment d'une
somnolence diurne. Le diabète, le plus souvent non insulinodépendant, peut entraîner toutes ses
complications propres. La fréquence accrue des polypes et du cancer du côlon justifie un dépistage
systématique initial par colonoscopie. Un accroissement éventuel du risque d'autres types de cancers n’est
pas formellement démontré. L’ensemble de ces complications rend compte d’une multiplication du taux de
mortalité par deux ou trois par rapport à une population de référence. Si le retentissement osseux et
articulaire est irréversible, les conséquences sur la mortalité peuvent être évitées par un traitement
approprié.
La confirmation biologique est apportée par le test de charge orale en glucose au cours duquel le taux de GH
est normalement freiné en dessous de 1 µg/L. Du fait de la pulsatilité de la sécrétion de GH, un dosage basal
isolé de cette hormone n’a aucune valeur ; seuls des dosages répétés de GH au cours des 24 heures (par
exemple une mesure horaire pendant 8 heures) peuvent permettre d’apprécier le degré d’hypersécrétion de
l’hormone. En revanche, un dosage unique de l’effecteur périphérique de l’action de GH, l’IGF-1 (Insulin-like