UNIVERSITE DE NANTES FACULTE DE MEDECINE MASTER I SCIENCES BIOLOGIQUES ET MEDICALES UNITE D’ENSEIGNEMENT OPTIONNEL MEMOIRE REALISE dans le cadre du CERTIFICAT d’ANATOMIE, d’IMAGERIE et de MORPHOGENESE 2007-2008 UNIVERSITE DE NANTES L'artère linguale Par Krai Nicolas LABORATOIRE D’ANATOMIE DE LA FACULTE DE MEDECINE DE NANTES Président du jury : Pr. R. ROBERT Vice-Président : Pr. J.M. ROGEZ Enseignants : • • • • • • • • • • • • • • • • Laboratoire : Pr. O. ARMSTRONG Pr. O. BARON Pr. G. BERRUT Pr. C. BEAUVILLAIN Pr. D. CROCHET Dr. H. DESAL Pr. B. DUPAS Dr E. FRAMPAS Dr A. HAMEL Dr O. HAMEL Pr. Y. HELOURY Pr A. KERSAINT-GILLY Pr. J. LE BORGNE Dr M.D. LECLAIR Pr. P.A. LEHUR Pr. O. RODAT S. LAGIER et Y. BLIN - Collaboration Technique UNIVERSITE DE NANTES FACULTE DE MEDECINE MASTER I SCIENCES BIOLOGIQUES ET MEDICALES UNITE D’ENSEIGNEMENT OPTIONNEL MEMOIRE REALISE dans le cadre du CERTIFICAT d’ANATOMIE, d’IMAGERIE et de MORPHOGENESE 2007-2008 UNIVERSITE DE NANTES L'artère linguale Par Krai Nicolas LABORATOIRE D’ANATOMIE DE LA FACULTE DE MEDECINE DE NANTES Président du jury : Pr. R. ROBERT Vice-Président : Pr. J.M. ROGEZ Enseignants : • • • • • • • • • • • • • • • • Laboratoire : Pr. O. ARMSTRONG Pr. O. BARON Pr. G. BERRUT Pr. C. BEAUVILLAIN Pr. D. CROCHET Dr. H. DESAL Pr. B. DUPAS Dr E. FRAMPAS Dr A. HAMEL Dr O. HAMEL Pr. Y. HELOURY Pr A. KERSAINT-GILLY Pr. J. LE BORGNE Dr M.D. LECLAIR Pr. P.A. LEHUR Pr. O. RODAT S. LAGIER et Y. BLIN - Collaboration Technique 2 PLAN I INTRODUCTION……………………….…………………….4 II RAPPELS EMBRYOLOGIQUES…….…………………….5 III RAPPELS ANATOMIQUES…………….…………………6 IV MATERIELS ET METHODE…….…….………...………10 V RESULTATS…………………………………………………13 VI DISCUSSION……………………………………………….28 VII CONCLUSION……………………………………………31 VIII REFERENCES…………………………...………………32 3 INTRODUCTION La langue est un organe sac dont la musculature est extrêmement complexe puisqu'elle possède huit muscles pairs et un muscle impair qui vont l'amarrer à la mandibule, à l'os hyoïde mais également au palais et à l'apophyse styloïde de l'os temporal L'ensemble est recouvert d'une muqueuse spécifique parsemée de diverses papilles et bourgeons du goût. C'est grâce à toutes ces spécificités que la langue remplit ces fonctions sensorielles, de phonation, de déglutition mais elle a également un rôle dans la mastication en repoussant le bol alimentaire vers le vestibule. 4 RAPPELS EMBRYOLOGIQUES Les premières ébauches de la langue apparaissent lors de la morphogénèse définitive et plus précisément au début de celle, c'est-à-dire de la 5° à la 7° semaine in utero. C'est le développement des arcs branchiaux qui va permettre la genèse de la langue et de la mandibule. [10] Le premier arc branchial donnera le cartilage de Meckel qui va être amené à disparaître mais qui servira de moule à l'ossification membraneuse secondaire de la mandibule. La langue va naître de quatre ébauches sur le champ méso branchial dûe à une poussée du mésoderme : − 2 tubercules latéraux droit et gauche − 1 tuberculum impar sur la ligne médiane − 1 éminence hypo branchiale (comprenant la copula) sur la ligne médiane Les tubercules latéraux apparaissent de chaque côté du tuberculum impar sous forme de deux renflements latéraux ovales. Ces trois éléments formeront les deux tiers antérieurs de la langue. En postérieur de ces trois bourgeons, se forment la copula qui sera rapidement absorbée par l'éminence hypo branchiale et qui formeront la racine de la langue. L'ensemble de la musculature lingual dérive des myoblastes venant des 4° et 5° somites occipitaux. D’après G. Pradal [10] 5 RAPPELS ANATOMIQUES 1- Anatomie interne de la langue : D’après Kamina, la langue comprend un squelette et une musculature propre. Squelette de la langue : Il comprend l’os hyoïde, la membrane hyo-glossienne et le septum lingual. L’os hyoïde est un os impair et médian constitué d’un corps, de deux grandes cornes et de deux petites cornes. La membrane hyo-glossienne est une lame de 1 cm environ qui se fixe sur le bord supérieur du corps de l’os hyoïde et se perd dans l’épaisseur de la langue. Le septum lingual est une lame fibreuse sagittale et médiane. Il se fixe sur la face antérieure de la membrane hyo-glossienne et la partie adjacente de l’os hyoïde. Il se projette en avant et se perd au milieu des faisceaux musculaires de la langue. Musculature : La langue est constituée de 17 muscles (8 pairs et 1 impair) qui sont regroupés en muscle extrinsèques et intrinsèques selon leur origine. Les muscles extrinsèques : - le muscle génio-glosse - le muscle hyo-glosse - le muscle chondro-glosse - le muscle stylo-glosse - le muscle palato-glosse Les muscles intrinsèques vont modifier la forme de la langue, ils comprennent : - le muscle longitudinal supérieur - le muscle longitudinal inférieur - le muscle transverse de la langue - le muscle vertical de la langue 6 La langue s’amarre à la région postérieure de la symphyse mandibulaire. Ainsi la région postérieure de la mandibule connaît de multiples insertions musculaires : − − − − le génioglosse sur l'épine mentonnière supérieure le génio-hyoïdien sur l'épine mentonnière inférieure le mylohyoïdien sur la ligne mylo-hyoïdienne le ventre antérieur du digastrique dans la fossette digastrique D'après Kamina [11] 7 2- Vascularisation : Artérielle : Sa vascularisation est principalement faite par l'artère linguale qui va donner des collatérales pour vasculariser l'ensemble des dix-sept muscles mais également la glande salivaire sub-linguale grâce à sa collatérale du même nom. Cependant, cette vascularisation est aussi en partie réalisée par les artères palatines inférieures (branche de la faciale) et par les pharyngiennes inférieures (branche de la carotide externe) [9]. D'après Kamina [12] Veineuse : Elle est essentiellement assurée par les veines linguales principales mais aussi par les veines linguales profondes, qui sont satellites de l'artère linguale. Lymphatique : La vascularisation lymphatique de la langue est particulière puisque les lymphatiques de la pointe de la langue se drainent dans les noeuds sous mentaux alors que les lymphatiques de la base se drainent principalement dans les noeuds antérieurs du lymphocentre jugulaire qui s'échelonnent du muscle digastrique jusqu'au muscle omo-hyoïdien. 8 3- Innervation : La diversité des fonctions de la langue est possible grâce à son innervation particulière. En effet, elle possède une innervation motrice, sensitive et sensorielle. Innervation motrice : Elle est dûe à une paire de nerfs crâniens, l’hypoglosse (XII) pour l’ensemble des muscles linguaux, excepté le muscle palato-glosse innervé par le plexus pharyngien. On dit que le XII commence son trajet dans la langue avec l’artère linguale puis ils divergent pour se retrouver dans la partie apicale de la langue avec l’artère ranine [2]. Innervation sensitive : La muqueuse de la pointe de la langue est innervée par le nerf lingual (branche du nerf mandibulaire, V3). Le nerf glosso-pharyngien distribue ses rameaux terminaux aux papilles circumvallées et à la muqueuse de la base de la langue. Le nerf vague donne quelques rameaux, par le nerf laryngé supérieur, à la muqueuse qui recouvre les replis et les vallécules épiglottiques. Innervation sensorielle (gustative) : La pointe de la langue a une sensibilité sensorielle véhiculée successivement par le nerf lingual, puis par le nerf facial (VII) par le biais de la corde du tympan. La base de la langue a quant à elle une sensibilité sensorielle transmise par le nerf glosso-pharyngien (IX). D’après Kamina [14] 9 MATERIELS ET METHODE 1- Matériel L'ensemble du matériel utilisé tout au long des dissections comprend : − un porte lame et une lame 23 − une pince à disséquer − une paire de ciseaux à bouts ronds − un ensemble d'écarteurs et pinces à clamper − une scie à main Lors des injections au latex il a été utilisé : − deux cathéters − une seringue − du fil − du latex néoprène 671 et l'acide acétique. Les travaux ont été réalisés sur 3 hémifaces : − 1 sujet formolé masculin dont l'âge de décès est de 83 ans et 6 mois (pour la dissection n°1) − 1 sujets frais masculin dont l'âge de décès est de 63 ans et 11 mois (pour les dissections n°2 et 3) 2- Méthode Nous avons utilisé deux techniques de dissection différentes : simple ou à injection au latex. Ce qui a impliqué deux techniques d'abord différentes. Dans le cas de la dissection simple (dissection n°1), le sujet peut-être formolé ou frais, dans ce cas il était frais. Le premier temps consistait à aborder l'axe jugulo-carotidien. Pour cela il a fallu inciser le derme et le reséquer sur toutes les régions jugales, mentonnière, labiales inférieure, supra hyoïdienne, infra hyoïdienne, sterno-cléïdo-mastoïdienne et carotidienne (photo 1). Ainsi se dévoilent un plan musculaire superficiel composé des muscles sterno-cleïdo-mastoïdien et plastysma. Il a donc fallut réséquer la muscle sterno cléïdo mastoïdien en postérieur pour découvrir en dessous de celui-ci l'axe jugulo-carotidien et réséquer le platysma vers le haut. La suite de la dissection consistait à suivre l'artère carotide commune, puis la carotide externe. Puis une fois l'artère linguale identifiée, elle fut disséquée dans le sens physiologique en isolant les collatérales les unes après les autres en tentant de les disséquer jusqu'à leurs extrémités. Une résection de la mandibule a été nécessaire pour pouvoir accéder à la 10 pointe de la langue. Elle fût réalisée dans la partie para-médiane de la symphyse mandibulaire (pour préserver l'origine du muscle génio-glosse) grâce à une scie à main. Les difficultés lors de la dissection simple fût de garder les nombreuses collatérales de l'artère linguale du fait de leur taille et de leur fragilité. Photo 1. Région à reséquer lors de la dissection 11 Dans le cas de la dissection après injection au latex (dissection n°2 et 3), le sujet devait absolument être frais. Le premier geste consiste à accéder à l'artère carotide en réalisant l'incision la plus petite possible. Pour cela on réalise, une ouverture d'environ 5 cm le long du muscle sterno-cléido-mastoïdien (photo 2), puis on insère un cathéter depuis l'artère carotide commune jusque dans l'artère carotide externe. Une fois le cathéter inséré, on ligature la carotide externe au niveau de celui-ci et on clampe l'artère carotide interne. Cette opération est réalisée de manière équivalente à gauche comme à droite. Puis on injecte une solution de latex liquide grâce à une seringue directement dans le cathéter jusqu'à ce que le latex ressorte par le cathéter homolatéral (environ 15 cc). Dès cette opération réalisée, on clampe le cathéter où fut injecté le latex et on injecte dans l'homolatéral dans le but de réaliser une pression suffisante dans les artères (environ 15 cc). Puis on catalyse le latex grâce à de l'acide acétique que l'on injecte en une seule fois (2,5 cc) malgré la résistance dûe au latex déjà injecté. Après un temps de prise d'environ 20 minutes, la dissection se déroule comme dans le cas de la dissection simple. La principale difficulté rencontrée lors de l'injection fût de stopper les fuites. Dans ce cas, il est possible de les arrêter grâce à l'acide acétique que l'on applique de façon locale. Deux principaux avantages sont à souligner, d'une part une clarté lors des dissections et des clichés photographiques ; et d'autre part la solidité des vaisseaux qui permet de garder de nombreuses petites collatérales. Photo 2. Incision à réaliser pour atteindre l’axe jugulo-carotidien 12 RESULTATS 1- Origine L'artère linguale est la deuxième collatérale de l'artère carotide externe. Elle naît généralement de sa face antéro-interne, de 1,5 à 2 cm au dessus de son origine. Soit 1 cm au dessus de l'artère thyroïdienne supérieure qui est la première collatérale de l'artère carotide externe. Son origine répond à l'extrémité postérieure de la grande corne de l'os hyoïde et correspond à la région carotidienne. [1, 2, 3, 4, 5] 2- Trajet L'artère linguale est décrite selon des segments qui sont caractérisés par les différentes loges anatomiques qu'elle traverse. Dans son segment hyo-carotidien : Dès son origine, l'artère se porte ventralement, crânialement et médialement, en décrivant une courbe à convexité supérieure qui la porte d'une part au dessus de la grande corne de l'os hyoïde et d'autre part contre la musculature pharyngée constituée à ce niveau par le muscle constricteur moyen du pharynx. Grâce à cette courbure, l'artère monte jusqu'à l'angle de la mâchoire. Celle-ci est décrite comme une courbure d'adaptation aux mouvements de la tête et du cou [7]. Elle se trouve alors dans le triangle de Faraboeuf [1], limité : - dorsalement par le bord antérieur du muscle sterno-cléido-mastoïdien - caudalement par l'horizontale prolongeant l'os hyoïde - ventralement par le ventre postérieur du digastrique Dans cette région, l'artère possède des contacts importants : Médialement, elle répond au constricteur moyen du pharynx dont elle est séparée par le nerf laryngé supérieur qui croise obliquement son trajet. Latéralement, l'artère est en contact avec les plans superficiels qui forment la gouttière carotidienne ainsi que le plan vasculo-nerveux constitué du tronc veineux thyro-linguo-facial et du nerf hypoglosse (douzième paire de nerfs crâniens). Dans cette région, on dit que la linguale et le nerf hypoglosse forment un arc dont la corde est représentée par le nerf et l'arc par l'artère du fait de sa concavité inférieure. Cranialement, il y a l'artère faciale qui est aussi une collatérale de l'artère carotide externe et qui se dirige, avec un trajet à peu près parallèle à la linguale, ventralement et crânialement. Caudalement, il y a l'artère thyroïdienne supérieure, le tubercule postérieur de la grande corne de l'os hyoïde et le ligament thyro-hyoïdien latéral [2]. 13 Crânial Ventral Artère faciale Nerf hypoglosse 3 Artère linguale 1 5 7 4 2 6 Photo 3. Région hyo-carotidienne 1. Ventre postérieur du muscle digastrique 2. Grande corne de l’os hyoïde 3. Ligne correspondant au bord antérieur du muscle sterno-cléïdo-mastoïdien 4. Artère carotide commune 5. Artère carotide externe 6. Artère thyroïdienne supérieure 7. Muscle constricteur moyen du pharynx 14 Dans son segment sus-hyoïdien latéral (ou sous-maxillaire) : On a décrit deux zones anatomiques où l’artère linguale va cheminer, tout d’abord le triangle de Béclard (photo 4) puis le triangle de Pirogoff (photo 5) [2]. Le triangle de Béclard [1, 2, 8],, limité par : - dorsalement par le bord postérieur de l’hyoglosse ventralement par le ventre postérieur du digastrique caudalement par la grande corne de l’os hyoïde médialement par le constricteur moyen du pharynx L’artère linguale a alors un trajet parallèle à la grande corne de l’os hyoïde et c’est dans ce triangle qu’elle donnera une de ces collatérales, l’artère dorsale de la langue ainsi que la plupart des branches ascendantes. La linguale a de nouveau un rapport très intime avec le nerf hypoglosse ainsi qu’avec des veines linguales satellites. Latéralement, le muscle cérato-glosse (faisceau postérieur de l’hyo-glosse) la recouvre. Rmq : dans la dissection n°2, l’artère dorsale de la langue ne naissait pas dans le triangle de Béclard mais plutôt dans le triangle de Pirogoff, (cf. photo 3). 15 Crânial Ventral 1 3 4 2 5 Photo 4. Triangle de Béclard 1. Muscle cérato–glosse (faisceau postérieur du hyoglosse) réclinant vers le haut 2. Ligne représentant le bord postérieur du muscle hyogloss 3. Ventre postérieur du muscle digastrique 4. Muscle constricteur moyen du pharynx 5. Grande corne de l’os hyoïde 16 Le triangle de Pirogoff [1, 2, 8], limité par : - crânialement par le nerf hypoglosse - ventralement par le bord postérieur du mylo-hyoïdien - caudalement par le tendon intermédiaire du digastrique L’artère linguale a un trajet ascendant et on peut l’apercevoir entre les deux faisceaux du muscle hyoglosse : le cérato-glosse et basio-glosse. Ses rapports sont alors : Latéralement, la glande sous-maxillaire qui recouvre toute l’aire du triangle ainsi qu’une partie du muscle basio-glosse. Médialement, elle s’applique désormais sur le muscle génio-glosse. Elle est alors accompagnée d’une ou deux veines linguales profondes et de collecteurs lymphatiques. Puis, elle passe le bord postérieur du muscle mylo-hyoïdien pour entrer dans la loge sublinguale. 17 Crânial Ventral 5 4 2 1 6 3 7 Photo 5. Triangle de Pirogoff (Muscle basio-glosse récliné vers le haut) 1. Artère linguale 2. Artère dorsale de la langue 3. Muscle cérato-glosse 4. Nerf hypoglosse 5. Muscle mylo-hyoïdien 6. Tendon intermédiaire du muscle digastrique 7. Os hyoïde 18 Dans son segment sublingual : L’artère linguale est d’abord comprise entre le génio-glosse médialement et le basio-glosse latéralement puis elle s’échappe de la couverture de ce dernier. Elle a pour rapport : Latéralement, le hiatus musculaire compris entre le génio-glosse, mylohyoïdien et la muqueuse du plancher de la bouche d’où s’échappe la partie antérieure de la glande sous-maxillaire. Crânialement, le muscle lingual inférieur la recouvre. Caudalement, il y a le nerf lingual. Elle a alors un trajet très sinueux et c’est dans cette région que l’artère linguale finit son trajet en donnant naissance à l’artère sublinguale et en se continuant par l’artère ranine. 19 4- Branches collatérales L’artère linguale donne de nombreuses collatérales accessoires pour les muscles de la langue, le constricteur moyen du pharynx et pour le nerf hypoglosse mais on note trois collatérales principales. Le rameau sus-hyoïdien : C’est un rameau grêle qui se détache de la linguale avant que celle-ci ne s’engage sous l’hyoglosse. Son trajet en parallèle à la grande corne de l’os hyoïde ce qui permet de vasculariser le muscle hyoglosse par de petites collatérales. Il se termine au niveau du corps de l’os hyoïde où il se ramifie pour vasculariser les muscles sous-hyoïdiens et le stylo-hyoïdien. Il s’anastomose avec son homologue controlatéral sur la ligne médiane et avec le rameau sous-hyoïdien issu de la thyroïdienne supérieure. Crânial 1 Ventral 3 2 4 Photo 6. Rameaux sus-hyoïdien 1. Artère linguale 2. Grande corne de l’os hyoïde 3. Rameaux sus-hyoïdien 4. Muscle hyo-glosse 20 L'artère dorsale de la langue : C'est aussi une artère grêle qui naît au niveau du triangle de Béclard. Son trajet est d'abord vertical sous l'hyo-glosse puis il décrit des flexuosités entre les faisceaux du stylo-glosse. Elle est alors dans la partie latérale de la base de la langue. Elle vascularise le pilier antérieur du voile du palais, l'épiglotte ainsi que la base de la langue. Les rameaux linguaux dorsaux naissent de l’artère ranine indépendamment de l'artère dorsale et fournissent de nombreuses branches ascendantes (de huit à quinze). Ils ont un trajet sinueux et orienté crânialement et médialement. Leur calibre est assez volumineux en postérieur puis il diminue jusqu'à la pointe de la langue [2] (photo 9). L'artère dorsale peut donc être considérée comme le premier des rameaux dorsaux de la langue [2]. 21 Crânial Ventral 3 2 1 Photo 7. Artère dorsale de la langue 1. Artère linguale 2. Artère dorsale de la langue 3. Muscle stylo-glosse 22 L'artère sublinguale : C'est la plus importante collatérale de l'artère linguale. Elle naît lorsque l'artère quitte la région sus-hyoïdienne latérale. Elle est assez volumineuse et décrit de nombreuses sinuosités en traversant la loge sublinguale [2, 3, 4]. Elle est située en dessous de la glande sublinguale et au dessus et médialement du canal de Wharton qu'elle accompagne. Elle se termine en dessous de la base du frein en deux rameaux terminaux [2]: - le rameau supérieur destiné au menton osseux - le rameau inférieur qui contourne le menton osseux et se distribue aux parties molles de la région mentonnière. L'artère sublinguale s'anastomose avec son homologue controlatéral d'où va naître un rameau ascendant, l'artère du frein de la langue. Elle s'anastomose également avec l'artère sous-mentale par le biais de l'artère transmylo-hyoïdienne[2, 13] . 23 Crânial Ventral 1 2 3 Photo 8. Artère sub-linguale 1. Artère linguale 2. Artère sub-linguale 3. Glande sub-linguale 24 4- Branches terminales L'artère ranine est flexueuse et devient de plus en plus grêle à mesure qu'elle avance vers la pointe de la langue. Elle s'incurve contre la face inférieure du muscle lingual inférieur tout en avançant sur le génio-glosse (photo 9). Ses rapports sont alors simples puisqu'elle est comprise entre le lingual inférieur latéralement et le génio-glosse médialement. Elle est alors très proche de la muqueuse et accompagnée d'une ou deux veines satellites. On note aussi que l’artère possède de multiples anastomoses avec son homologue controlatéral perforant ainsi les muscles génio-glosses (photo 10). 25 Crânial Ventral 5 1 2 6 3 7 4 8 Photo 9. Artère ranine 1. Rameaux dorsaux 2. Artère ranine 3. Artère sub-linguale 4. Symphyse mandibulaire 5. Muscle lingual inférieur (récliné vers le haut) 6. Muscle génio-glosse 7. Artère dorsale de la langue 8. Muscle génio-hyoïdien 26 Crânial Droite 3 3 2 1 1 Photo 10. Anastomose entre les artères ranines 1. Muscles génio-glosses 2. Anastomoses 3. Artères ranines 27 DISCUSSION 1- Variations anatomiques Variations d’origine Lors de nos dissections, l’artère linguale est née aussi bien de la face antérieure de l’artère carotide externe (dissection n°1) que de la face antérointerne (dissection n°2) comme le signal de nombreux auteurs [1,2] et même de la face antéro-externe (dissection n°3). Aucune de nos dissections n’a révélé d’origine commune avec l’artère faciale qui aurait formée un tronc linguo-facial ou thyro-linguo-facial ou bien un tronc thyro-lingual [1, 8]. Sa hauteur d’origine sur l’artère carotide externe a également varié, en effet sur les dissections n° 1 et 2, l’artère est née au dessus de la droite continuant la grande corne de l’os hyoïde alors que dans la dissection n°3, l’origine de fait à environ 2 centimètre plus bas. Ceci a été souligné dans différents ouvrages comme le Paturet. De plus, une observation fut montrée dans ce même ouvrage : plus l’artère naît bas, plus sa courbure à convexité supérieure sera accentuée. Cette règle n’a pas pu être affirmée avec trois dissections. Cependant, lors de la dissection n°3, où l’artère est née le plus bas, on note un trajet presque vertical puis la convexité. Lors de nos dissections, l’origine de l’artère linguale a donc subit quelques variations anatomiques, mais elle n’a pas eu d’origine commune avec une autre artère et elle a toujours été la troisième collatérale de la carotide externe. Seule une naissance variable de la face antéro-interne de l’artère carotide externe et une hauteur d’origine sont à souligner. Variations dans les branches collatérales et terminales Le rameaux sus-hyoïdien décrit comme naissant au bord supérieur de la grande corne de l’os hyoïde [1, 8] a été remarqué comme naissant à environ 1 centimètre caudalement de la grande corne lors de la dissection n°3. L’artère dorsale de la langue n’a pas subit de variations anatomiques hormis une naissance un peu tardive dans la dissection n°2 où elle est née dans le triangle de Pirogoff. L’artère sub-linguale a été plus difficile à étudier puisqu’elle se dirige directement vers la glande sub-linguale, ce qui a rendu l’identification des 28 éléments plus compliqués et une visualisation de sa terminaison encore plus compliquée. Il a été remarqué lors de la dissection n°3 que l’artère ranine possédait un ensemble de rameaux ventraux ayant la même direction que l’artère sublinguale et cheminant entre les fibres musculaires du génio-glosse. Ceci peut tout de suite être rapporté à ce qui est décrit dans certains ouvrages sur l’artère dorsale de la langue pouvant être assimilée comme le premier rameaux des rameaux dorsaux. Ainsi, on pourrait admettre que l’artère sub-linguale est le premier rameaux des rameaux ventraux avec un diamètre qui diminue plus le rameaux naîtra à l’apex de la langue. A noter que ces rameaux ventraux ont sans doute une importance pour la vascularisation de la région postérieure de la mandibule. Crânial 3 Ventral 1 2 4 5 6 Photo 11. Les rameaux ventraux 1. Artère linguale 2. Muscle génio-glosse 3. Rameaux dorsaux 4. Rameaux ventraux 5. Artère sub-linguale 6. Glande sub-linguale 29 2- Application clinique : la greffe de la symphyse mandibulaire et des parties molles en chirurgie réparatrice Epidémiologie [15] Les statistiques hospitalières montrent que les morsures de chiens représentent 0,5 à 1% des consultations dans les services d'urgences chirurgicales. Un certain nombre de ces morsures s’est réalisé au niveau de la face. Il arrive que le chien lors de sa morsure emporte des parties molles de la face (téguments, muscles, etc…). Dans ce cas, on peut réaliser une greffe des parties molles comme cela a été fait en Novembre 2005 à Amiens par l'équipe des Prs Lengele et Devauchelle. Photo 12. Représentation des parties molles greffées Il arrive également qu'une partie de l'arcade mandibulaire comme la région symphysaire puisse être arrachée avec les téguments. Dans ce cas, il peut-être intéressant de se poser la question d'une greffe de cette partie osseuse en plus des parties molles. Mais un élément est à résoudre : comment vasculariser la mandibule ? Traitement La région postérieure est vascularisée par le rameau supérieur de l'artère sublinguale destiné au menton osseux. Cependant, il existe aussi quelques rameaux ventraux qui ont été décrit dans nos dissections et qui se dirigent vers cette région postérieure. Il semblerait donc intéressant d’imaginer une vascularisation par le biais du rameau supérieur de l’artère sub-linguale mais également par les rameaux ventraux. La région antérieure quant à elle peut être vascularisée par l’intermédiaire de l’artère sous-mentale. 30 CONCLUSION L’artère linguale a une très grande importance dans la vascularisation de la langue. De plus, grâce à ses collatérales elle permet de vasculariser la région postérieure de la symphyse mandibulaire et ouvre ainsi des portes à la chirurgie reconstructrice pour greffer en plus des parties molles une portion d’arcade mandibulaire. 31 REFERENCES 1- Grégoire, Oberlin Précis d'Anatomie – Atlas : Tome I : p397, 9° édition, 1973, Baillière 2- Paturet Traité d'Anatomie Humaine : Tome III, fascicule 1, pp276-285 3- Rouvière Anatomie tête et cou, 14° édition, pp201-203 4- Rouvière Anatomie tête et cou, 15° édition, pp219-221 5- Green, Silver Manuel d'Anatomie Humaine, p260, Masson 6- Bouchet Schéma de TP/Tête et Cou, Organe des sens, p20, Vigot frères 7- Flèche Recherche anatomiques sur l'artère linguale et ses branches, Thèse de Bordeaux, 1911 8- Perlemuter, Waligora Cahier d'Anatomie, Tome VII/VIII, pp73-79, 3° édition, Masson, 1971 9- Testut, Jacob Traité d'anatomie topographique avec applications médico-chirurgicales : Tome I, pp545, 1914 10- Pradal Embryologie humaine élémentaire, L'individu de sa naissance à sa mise au monde, pp199-200, 2005, Ellipses 11- Kamina Précis d'anatomie clinique, Tome I, figure 4.12 12- Kamina Précis d'anatomie clinique, Tome I, figure 15.14 13- Henry Gray Anatomy of Human Body, 1918, www.bartleby.com 14- Kamina Anatomie clinique, Tome 2, 3° édition, figure 20.10, p292 15- Médecin Maître – Toile www.mmt-fr.org, greffe du visage, questions-réponses 32 REMERCIEMENTS : Je remercie tout particulièrement pour l'aide et le soutien qu'ils ont apporté à la conception de ce mémoire : − Pr LENGELE − Pr ROBERT − Pr GIUMELLI et la faculté de chirurgie dentaire de Nantes − Mr Stéphane LAGIER − Mr Yvan BLIN − Dr KIMAKHE − Dr GAYET-DELACROIX Guillaume TANGUY 33