Questions/Réponses sur la bactérie Xylella

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07/04/2015
Tout comprendre sur Xylella fastidiosa
- Qu'est-ce que Xylella fastidiosa ?
• Cette bactérie transmise et dispersée par des insectes s’attaque à différentes espèces
végétales (vigne, agrumes, prunus, café, avocat, luzerne, laurier rose, chêne, érable, etc).
Elle conduit à des dépérissements massifs de certaines espèces d’intérêt économique
(agrumes, vigne, oliviers).
• Cette bactérie s’installe dans le xylème des végétaux et empêche le mouvement des
liquides, les premiers symptômes sont ainsi proches des flétrissements.
• Il existe plusieurs sous espèces et souches qui n’attaquent pas forcément les mêmes
végétaux. Ainsi à ce jour aucun symptôme n’a été constaté sur vigne pour la souche
italienne.
Mais la probabilité de recombinaison est forte entre les différentes sous espèces : l’agence
sanitaire européenne (avis du 6/01/15) recommande de prendre des mesures contre l’introduction
de Xylella fastidiosa, toutes sous espèces et souches confondues → c’est ce qui est fait dans
l’arrêté du 2 avril 2015 relatif à la prévention de l’introduction de Xylella fastidiosa.
- quels végétaux sont concernés ?
• vigne, agrumes, prunus, café, avocat, luzerne, laurier rose, chêne, érable, etc
- quelles sont les maladies qui surviennent sur les végétaux ?
Ce pathogène est connu comme agent de la maladie de Pierce qui a fortement touché les
vignobles californiens dans les années 1990. Il est également responsable de la chlorose variégée
des citrus au Brésil à la fin des années 1980.
- quels sont les pays déjà touchés ?
• La maladie était absente de l’Union européenne jusqu’à son importation en Italie en
octobre 2013. Elle est pour l’instant cantonnée à la région des Pouilles (extrême sud de
l’Italie ;
• Elle est présente dans de nombreux pays-tiers (ou régions de pays-tiers),
essentiellement sur le continent américain: Mexique, USA (principalement Alabama,
Floride, Georgie, Mississipi, Texas, etc), Canada (Ontario), Costa Rica, Argentine, Brésil
(notamment Bahia, Minas Gerais, Sao Paulo, Rio de Janeiro, etc), Paraguay, Venezuela
•
- comment a-t-on détecté la maladie en Italie ?
En octobre 2013, 2 foyers ont été détectés dans la région de Lecce (Pouilles) et déclarés par les
autorités italiennes. La bactérie a provoqué des dessèchements sur feuilles et des symptômes de
déclin rapide sur oliviers, lauriers roses, et amandiers.
- comment se propage la maladie ?
• La multiplication, l’exportation et la plantation de plants contaminés représentent un risque
important de dissémination.
• La contamination des plantes et la dispersion de la maladie se fait principalement via des
insectes vecteurs piqueurs-suceurs se nourrissant de la sève brute du xylème. Il s’agit
principalement des cicadelles (Cicadellidae) et des cercopes (Cercopidae) et dans une
moindre mesure des cigales (Cicadidae). En fait, tout insecte piqueur-suceur se nourrissant
de sève brute (xylème) est à considérer comme potentiellement vecteur de cette bactérie.
• Les outils de tailles, ou autres outils provoquant des blessures peuvent contribuer à la
dispersion de la maladie de plante à plante, bien que ce mode de transmission n’ait pas été
décrit comme très efficace.
• Les blessures du système racinaire peuvent être à l’origine de phénomène d’autogreffes et
engendrer la transmission de la bactérie de plante à plante.
- quels moyens pour lutter contre la bactérie ? / comment lutte-t-on contre l'insecte
vecteur ?
Après détection, il n’existe pas de moyen de lutte curative contre cette bactérie phytopathogène, si
ce n’est l’arrachage et la destruction des plantes contaminées et le contrôle des insectes vecteurs
(surveillance poussée et traitements insecticides).
- la maladie est-elle facilement détectable ?
Différents types de symptômes :
• les brûlures foliaires (laurier rose) et dans les stades plus avancés, le dessèchement des
rameaux (répartition aléatoire dans le houppier), suivi de la mort du sujet dans les cas les
plus graves (olivier, amandier, chêne, orme, platane sycomore, ...)
• les chloroses foliaires (sur caféier, oranger) : sur oranger, l’infection entraîne également la
production de fruits de petite taille
• les défauts de lignification (aoûtement) et la persistance des pétioles après la chute des
feuilles pour la vigne
• le nanisme sur luzerne accompagné d’une coloration bleue-verte des feuilles
• le port tombant et la réduction des entre-nœuds chez le pêcher
• chez la vigne sont également observés des jaunissements et des rougissements des
feuilles.
Confusions possibles : les brûlures foliaires peuvent aisément être confondues avec des
symptômes dus aux stress hydriques ou à la sénescence naturelle des feuilles.
Les chloroses du limbe peuvent être difficiles à distinguer de symptômes similaires provoqués par
certaines carences nutritionnelles en oligo-éléments.
- comment peut-on confirmer la contamination ?
La contamination ou l’absence de contamination peuvent être confirmées par analyse :
• la méthode d’analyse nécessite une double extraction d’ADN et des analyses PCR. Elle
demande deux jours de traitement entre réception d’échantillon et rapport d’analyse.
• Le seul laboratoire pouvant réaliser des analyses officielles est le laboratoire de santé du
végétal de l’ANSES, à Angers (LNR).
• Une délégation d’analyses auprès de laboratoires agréés est prévue pour 2015.
- quel est l’avis de l’agence sanitaire européenne (EFSA) ?
L’avis de l’EFSA a été publié le 6 janvier 2015. Ses principales conclusions sont les suivantes :
• Xylella fastidiosa représente un risque majeur pour le territoire UE : les plantes hôtes et les
vecteurs sont présents sur tout le territoire, et les pertes pour les Citrus en Amérique du
Sud et les vignes en Amérique du Nord ont été très sévères.
• Bactérie très polyphage.
• Il est préférable de raisonner à l’échelle de l’espèce plutôt qu’aux sous espèces voire
souches pour les mesures. Par ailleurs en Italie, les oliviers symptomatiques sont
généralement touchés par un complexe de ravageurs dont Xylella fastidiosa, mais
également des champignons pathogènes.
• Tous les insectes piqueur-suceurs de xylème en Europe sont des vecteurs potentiels.
• Les deux principaux risques d’introduction dans des zones non touchées sont par les
végétaux destinés à la plantation ou la présence d’insectes infectieux dans les lots.
- quelle est la position de l'UE sur le risque Xylella ?
Un avis de l'EFSA publié le 6 janvier 2015 a notamment pointé la nécessité de renforcer les
mesures européennes afin d'éviter la contagion depuis le foyer des Pouilles. La France a
formellement demandé à la Commission européenne le 21 janvier de procéder à ces modifications
au plus vite.
Des discussions ont eu lieu lors du dernier Comité permanent à Bruxelles, vendredi 27 mars. Les
décisions UE seront prises en avril ou en mai. La France souhaite que ces discussions aboutissent
au plus vite.
Dans l’attente, l’arrêté national permet d’apporter des garanties pour protéger le territoire.
- la situation en France ?
Aucun foyer n’est identifié en France.
- quelles sont les mesures réglementaires relatives à Xylella fastidiosa en dehors de
l’arrêté?
• Européen :
◦ Listé annexe IA1 de la directive 2000/29/CE: introduction et dissémination interdites sur
tout type de végétal
◦ Décision d’exécution de la commission du 23 juillet 2014 concernant des mesures
visant à empêcher l'introduction et la propagation dans l'Union de Xylella fastidiosa
(Well et Raju) qui remplace la décision 2014/87/UE du 13 février 2014 concernant des
mesures visant à empêcher la propagation dans l’Union de Xylella fastidiosa (Well et
Raju)
• National :
◦ Inscrit en liste A (arrêté 31 juillet 2000 modifié): lutte obligatoire en tout lieu
◦ Arrêté du 15 décembre 2014 de catégorisation: catégorie 1 (danger sanitaire d’intérêt
général)
- les mesures françaises :
→ quand est sorti l'arrêté ? que préconise-t-il ?
• Signé le 2/04, publié au JO du 4/04
◦ champ d’application : ensemble des souches de Xylella fastidiosa, ensemble des 105
végétaux destinés à la plantation (autres que des semences) ayant une sensibilité
connue à Xylella fastidiosa ;
• mesures à l’importation :
◦ interdiction d’importation à partir des pays tiers, ou régions de pays-tiers, contaminés ;
◦ exigence de garanties sur l’établissement d’origine ;
◦ test systématique et obligatoire (recherche de la bactérie Xylella par PCR), avec
résultat favorable avant libération du lot
• mesures circulation intra-UE :
◦ interdiction depuis les zones délimitées,
• obligation de déclaration :
◦ rappel de l’obligation de surveillance générale et de déclaration immédiate en cas de
présence ou de suspicion, comme prévu dans le code rural.
→ quel impact sur la circulation ?
Les végétaux destinés à la plantation listés en annexe de l’arrêté seront refoulés ou détruits.
Concrètement, cela signifie :
• À l’import : d’après les flux existants que cela concernera principalement États-Unis, dans
une moindre mesure Canada, Mexique, Costa Rica.
• Depuis la zone contaminée en Italie :
• 7 milllions de plants de vigne sont produits tous les ans dans la province de Lecce
(dans la zone contaminée) an, principalement à l’export mais certains sont à destination
du marché français ;
• Végétaux d’ornement, comme des vieux oliviers ou des laurier-roses pour
l’aménagement paysager.
→ quels contrôles vont être réalisés ?
• Des instructions aux PEC et aux DRAAF(SRAL) ont été adressées dès le 3 avril.
• Pour les lieux d’introduction (PEC) :
◦ contrôle documentaire systématique des certificats phytosanitaires
◦ contrôles phytosanitaires
◦ les végétaux sont consignés jusqu’au résultat d’analyse. En cas de résultat
•
défavorable, destruction par incinération ou refoulés.
Pour la circulation intra UE :
◦ contrôles renforcés chez les revendeurs, en cas d’origine douteuse et de doute,
contrôle phytosanitaire. A compter du 5 avril (date d’application de l’arrêté), les
nouvelles livraisons en provenance de la zone contaminée seront détruites ou
renvoyées avec toutes les garanties sanitaires.
◦ En cas de résultat défavorable, destruction du végétal et consignation immédiate sur
200 mètres de rayon autour du végétal.
- quel plan d'action ?
La France a mis en place dès septembre 2014, un plan d’action national contre Xylella, son
déploiement continue :
1. Prévenir l’entrée du pathogène et la détecter au plus vite le cas échéant → contrôles
renforcés à l’importation, descentes de filière, plan de surveillance renforcé, lien avec les
autorités italiennes
2. Se préparer à gérer une contamination → connaissance de l’organisme, méthodes
d’analyse disponibles, moyens de gestion disponibles, préparation d’un plan d’urgence,
3. Mobiliser les acteurs et communiquer : informations régulières au niveau national et
régional, notes BSV, information dans les lieux sensibles (aéroports, ports, ...)
- comment protéger l’UE sur le long terme ?
Au-delà des mesures curatives qu’il faut prendre d’urgence en cas d’importation de pathogènes
exotiques dans l’Union européenne, le ministre français de l’agriculture appelle de ses vœux
l’adoption à Bruxelles d’une véritable stratégie sanitaire préventive à l’importation, dans le cadre
de la révision de la législation sur la santé des végétaux en cours au Parlement et au Conseil.
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