RESEAU DES CONTINUITES ECOLOGIQUES DU DEPARTEMENT DES HAUTS-DE-SEINE Etude conduite par la Direction de l’environnement et du développement durable réalisée par le Cabinet Biotope Note de synthèse Juin 2010 La mise en place d’un réseau écologique national, nommé « Trame verte et bleue », est la mesure phare proposée par le groupe 2 « Préserver la biodiversité et les ressources naturelles » du Grenelle de l’environnement. La vocation de cette trame est de permettre le maintien et le développement sur l’ensemble du territoire national de « continuités écologiques ». Cette mesure s’inscrit dans une suite d’engagements en faveur des continuités écologiques, à différents niveaux : International : Convention sur la Diversité Biologique (1992), Sommet de Johannesburg (2002), Européen : Convention de Berne à l’origine du réseau Emeraude (1979), Directives « Oiseaux » et « Habitats » (respectivement 1979 et 1992) à l’origine du réseau Natura 2000, Stratégie paneuropéenne de la diversité biologique et paysagère et Réseau écologique paneuropéen (1995), National : Schéma des services collectifs des espaces naturels et ruraux - SSCENR (2002), Stratégie nationale pour la biodiversité (2004). L’engagement du Grenelle a pour objectif de doter les collectivités d’un nouvel instrument d’aménagement du territoire, afin qu’elles puissent inscrire la conservation de la biodiversité, notamment ordinaire, dans leur projet d’utilisation de l’espace. Cette mesure prévoit également de doter les collectivités territoriales d’une compétence spécifique en matière de planification écologique et d’instaurer une dotation pour l’élaboration et la mise en œuvre d’un schéma régional de cohérence écologique (SRCE), dans le cadre de la stratégie régionale pour la biodiversité. Les outils actuellement mis à disposition au niveau de la région Ile-de-France sont des schémas de principe et de réflexion. Dès 1995, le Plan Vert de la région Ile-de-France, élaboré à titre de contribution au Schéma Directeur régional (SDRIF), introduit une réflexion sur les choix stratégiques en matière d’aménagement, de valorisation et de cohérence des espaces naturels ; par la suite, la contribution régionale au Schéma de services collectifs des espaces naturels ruraux (SSCENR) a proposé en 1999 une première esquisse d’un réseau écologique régional cohérent. Cependant, l’échelle régionale en a fait un schéma de principe. En 2007, l’Institut d’Aménagement et d’Urbanisme d’Ile-de-France (IAU-IDF) a défini et hiérarchisé un schéma des continuités écologiques. Réalisé à une échelle plus fine que le précédent, ce schéma propose une liaison simplifiée des éléments naturels du paysage, mais sans analyser la fonctionnalité des trames proposées. Dans ce contexte, le Conseil général des Hauts-de-Seine a souhaité engager une réflexion sur son territoire visant à identifier et caractériser les continuités écologiques. 1 Ce travail vient appuyer l’action départementale en matière de continuités écologiques et de biodiversité en général, à travers notamment le Schéma des Espaces Naturels Sensibles (ENS), adopté en 2001, qui prévoit de relier les grands espaces naturels entre eux. L’objectif de l’étude, confiée au bureau d’études Biotope, est de mettre en évidence les différentes composantes du réseau écologique départemental afin d’en évaluer les interactions, la fonctionnalité et les potentialités de restauration et de renaturation. Toutes les étapes de l’étude ont été établies et validées en concertation avec la Direction de l’environnement et du développement durable du Conseil général des Hauts-de-Seine et le comité de suivi mis en place. Après une année d’étude et la validation par les comités technique et de pilotage, le réseau écologique des Hauts-de-Seine résulte de l’assemblage cohérent, fait à partir de choix méthodologiques, de sous-trames (compartiment écologique) composées de cœurs de nature (réservoirs de biodiversité) et de corridors écologiques les reliant ou répondant aux déplacements d’espèces supports. Les cœurs de nature (réservoirs de biodiversité) accueillent, par définition, une grande diversité de peuplement faunistiques et floristiques et servent de lieu de vie et d’échanges pour la faune. Or pour que ces espaces soient bien conservés et fonctionnels, ils nécessitent d’être vastes, d’avoir des stades de végétation diversifiés notamment pour le milieu forestier et d’être bien connectés. Sans corridors écologiques fonctionnels, les populations animales et végétales régressent et disparaissent. Sur l’aire d’étude qui englobe le département et une zone tampon de 5 km, 72 cœurs de nature ont été identifiés répartis en trois catégories : « forestier, humide et ouvert ». 25 cœurs de nature (CDN) concernent le département. Dans les Hauts-de-Seine, plus de 60% des CDN sont identifiés dans le compartiment forestier, les autres cœurs de nature se répartissent de manière égale entre les compartiments « ouverts » et « humides ». Tous les CDN d’intérêt majeur et élevé sont compris dans des périmètres d’inventaire, de protection et/ou de maîtrise foncière (ZNIEFF, ENS, parcs départementaux). Cette étude met en évidence dans un premier constat le rôle des cœurs de nature d’intérêt majeur des Hauts-de-Seine aux différentes échelles : - A l’échelle du département, ce sont de véritables cœurs de nature fonctionnels. Leur maintien est une nécessité pour garantir la pérennité génétique et l’évolution des espèces au sein des Hauts-de-Seine. Si certains s’autosuffisent, l’étude montre que d’autres sont en cours d’isolement au vu du calcul des capacités de dispersion des différentes espèces. - En Ile-de-France, il existe un arc de biodiversité remarquable allant du Vexin occidental à la Bassée en passant par les boucles de la Seine, les forêts de Rambouillet et des Yvelines. L’arc boisé du département des Hauts-de-Seine composé de 4 cœurs de nature d’intérêt majeur « Forêt de Meudon et ses lisières », « Forêt de Verrières et aval de la vallée de la Bièvre », « Forêt de Fausses-Reposes, Parc de Saint-Cloud et leurs lisières » et « Forêt de La Malmaison, vallon des Gallicourts, et parc de La Jonchère » constitue à l’échelle de la région Ile-de-France une frange et une barrière physique qui protège de l’urbanisation cet arc de biodiversité remarquable présent principalement dans les départements limitrophes. Cependant de fortes pressions pèsent sur l’habitat principal : la forêt. L’habitat forestier s’est morcelé au fil des siècles. Plus de 1 510 km de routes traversent les forêts. Ainsi, les massifs dont la surface est inférieure à 100 ha représentent 98,5 % du nombre total d’unités forestières (données IAURIF). Agir sur la préservation des cœurs de nature des Hauts-de-Seine aura un effet positif sur les enjeux régionaux. Les cœurs de nature font partie du patrimoine naturel du département et de la région et nécessitent une gestion écologique et une préservation au titre des raisons suivantes : écologiques, vis-à-vis des «cœurs» de nature remarquable dont la préservation nécessite qu'ils soient reliés par des corridors écologiques et, pour chacun d'eux, entourés d'un écrin de nature "ordinaire" ; le sujet de cette étude. éthiques, comme pour la nature remarquable, à travers la nécessité de léguer aux futures générations un patrimoine biologique fonctionnel ; 2 sociales, car il existe une forte demande en nature de proximité pour les loisirs en Île-de-France et que biodiversité et qualité paysagère sont souvent inséparables ; d'utilité immédiate pour les gestionnaires des espaces. Les cœurs de nature sont reliés par des corridors écologiques. Ils sont caractérisés et qualifiés en fonction des différents compartiments écologiques retenus (forestier, humide, ouvert). Le second constat montre que si les corridors écologiques potentiels principaux sont localisés principalement dans le sud du département, en particulier au niveau de l’arc boisé, plusieurs autres axes se dessinent notamment sur les berges de Seine et les coteaux. La présentation des corridors écologiques se décline par compartiment et par « espèce support » choisie. Les corridors écologiques forestiers considérés comme fonctionnels ou fonctionnels à améliorer pour le déplacement de la grande et méso-faune sont réduits en nombre soit une dizaine. L’arc boisé du sud-ouest composé des cœurs de nature d’intérêt majeur sont reliés par des corridors écologiques fragilisés. Sont considérés comme fonctionnels à améliorer l’axe Malmaison/ Haras de Jardy et au sein de la forêt de Meudon mais hélas l’axe Meudon/ Fausses-reposes est lui considéré comme non fonctionnel. Pour les milieux dits ouverts, plus de 200 corridors potentiels de milieux ouverts ont été proposés pour le département et la zone tampon de 5 km à l’issue de la modélisation. Le travail d’analyse mené pour déterminer la fonctionnalité et l’importance des corridors a été complété en partie par une phase de photo-interprétation et de terrain. La fonctionnalité potentielle identifiée servira de base de travail à l’échelle du département pour définir les actions à mener mais ne peut-être considérée comme exhaustive sur cette sous-trame. La trame bleue est composée du compartiment humide et la trame aquatique essentiellement basée sur la Seine. La modélisation confirme le rôle majeur de continuité écologique de la Seine et de ses berges pour de nombreuses espèces liées ou non au milieu aquatique. Cependant, les données devront être réactualisées et précisées avant de développer des actions. Les zones humides du département se localisent autour de la vallée de la Bièvre, du sud autour d’Antony et au sein des forêts comme Meudon pour le réseau d’étangs et de mares. Aujourd’hui à part le Ru des Godets, l’ensemble est artificialisé. Un travail de restauration des milieux serait à développer pour cette trame. Ces enjeux principaux sont le maintien et le renforcement des connexions fragiles existantes, la création ou la restauration de corridors, et le rétablissement d’anciennes connexions dans ce contexte très urbanisé. Le troisième constat de cette étude est l’existence d’un réseau écologique fonctionnel dans les Hauts-de-Seine. Cependant, la destruction et la fragmentation des habitats naturels par l’urbanisation, l’imperméabilisation des sols, la pollution de l’eau, la prolifération d’espèces invasives jouent en défaveur des corridors écologiques et des cœurs de nature. Ce réseau écologique préfiguré et décliné dans les Hauts-de-Seine a été comparé au schéma des ENS, à l’étude réalisée par IAURIF et au SDRIF au niveau de la région, afin de visualiser la cohérence de sa prise en charge actuellement. - Les cœurs de nature d’intérêt majeur et les corridors écologiques retenus comme la coulée verte du Sud parisien se superposent en totalité avec les ENS. Plus de 2/3 des CDN sont reconnus comme des ENS. Cette étude confirme le rôle des ENS et les secteurs dits prioritaires du territoire. - IAU-IDF a réalisé le schéma régional des continuités écologiques avec des déclinaisons pour des sous-trames en 2004. Ce schéma avait pour but de faire ressortir les secteurs à enjeux à l’échelle de la région. En comparant les deux schémas, la Seine dite d’intérêt national, l’axe forestier haras de Jardy et Parc de Saint-Cloud d’intérêt régional pour le schéma de l’IAURIF ressortent comme des cœurs de nature et corridors prioritaires dans les Hauts-de-Seine. Les autres connexions de l’IAURIF concernent les massifs forestiers de Meudon, Fausses–reposes et le Bois de Boulogne pour un intérêt local. Notre étude confirme la valeur de ces cœurs de nature mais apporte surtout plus de précisions car elle tient compte des infrastructures présentes, de l’évolution du territoire et d’une vérification partielle de terrain. Ainsi elle permet d’affiner le réseau de l’IAURIF et précise la fonctionnalité des corridors et le niveau d’intérêt des cœurs de nature. 3 Le Schéma directeur de la région Ile-de-France (SDRIF) dans le volet « préserver et développer les continuités et les réseaux écologiques » présente une carte des noyaux de biodiversité et des continuités écologiques. Cette carte identifie uniquement comme « zone tampon » à l’échelle régionale les forêts de Malmaison, Haras de Jardy, parc de Saint-Cloud et forêt de Meudon. A l’échelle des Hauts-de-Seine, ce sont des cœurs de nature d’intérêt majeur fonctionnel. Cet arc boisé sud-ouest ne doit pas être vu uniquement à travers son rôle de frange à préserver mais également comme l’articulation de véritables cœurs de nature. Par ailleurs, l’étude a identifié d’autres cœurs de nature comme le Parc de Sceaux et les zones humides autour Antony qui pourraient être intégrés dans le schéma régional. Pour les continuités écologiques, la Seine est qualifiée d’intérêt national pour la région ce qui est confirmé par notre étude. L’expertise mobilisée dans cette étude permet de distinguer les différents types de corridors écologiques et ce à une échelle plus fine. Elle permet d’affiner le réseau existant et d’être plus proche de la réalité de terrain. Cette étude et les différentes cartes pourront aider les collectivités à décliner les continuités écologiques dans leurs projets et servir de repère pour confronter les grands projets d’aménagements aux enjeux écologiques. In fine, l’étude présente une dizaine de secteurs tests qui ont été choisis pour illustrer une problématique précise comme un passage à faune, le développement d’un projet ou pour les enjeux du secteur. Un programme d’actions validé par un comité de pilotage sera décliné suite à cette étude et devra prendre en compte les enjeux locaux et régionaux. Les secteurs tests étudiés sont : 1. Traversée de Forêt domaniale de Meudon par la N118 2. De la forêt de Meudon à l’étang d’Ursine 3. Coulée verte du Sud Parisien 4. Connexion entre la Forêt domaniale de Verrières et la Coulée verte du Sud Parisien 5. Parc de Chanteraines 6. Talus ferroviaire reliant Chanteraines à Asnières 7. Connexion entre le Parc du Chemin de l’île et le Parc André Malraux 8. Continuité de la forêt de la Malmaison à Fausses-Reposes 9. Connexion de la Plaine des Closeaux, du Vallon des Gallicourts et de Forêt de la Malmaison 10. La Seine et ses berges 11. Le Vallon de la marche Différents types d’actions ont été proposés et regroupés au sein de fiches pour chacun des secteurs tests. Plusieurs modes d’intervention sont mobilisés : - Actions d’aménagements, lorsqu’il est nécessaire d’intervenir pour créer des passages par exemple et du génie écologique lourd avec des plantations ; - Actions de gestion lorsque les corridors écologiques sont toujours plus ou moins fonctionnels, par la mise en œuvre de Plans de Gestion, cahiers des charges sur des territoires bien définis, de mise en valeur des terrains ; - Actions de valorisations des milieux par de la sensibilisation - Actions de suivi. Les actions proposées visent principalement les corridors écologiques identifiés, mais également les cœurs de nature (CDN). Ces secteurs tests ainsi que les résultats de cette étude donneront lieu à des propositions d’actions. 4