MAI 2017 AvanCées dans la myasthénie auto-immune La myasthénie auto-immune est une maladie rare. Elle se manifeste par une faiblesse musculaire d’intensité et de durée variable pouvant toucher n’importe quel muscle. Cette faiblesse fréquemment musculaire d’anomalies fluctuante du s’accompagne thymus, sous forme d’hyperplasie chez le sujet jeune ou parfois de thymome chez le sujet âgé. Ce document, publié à l’occasion des Journées des Familles 2017 de l’AFM-Téléthon, présente les actualités de la recherche dans la myasthénie auto-immune : colloques internationaux, études ou essais cliniques en cours, publications scientifiques et médicales... Il est téléchargeable sur le site internet AFM-Téléthon où se trouvent aussi d’autres informations concernant les > myasthenia gravis > myasthénie acquise > myasthénie oculaire > myasthénie généralisée domaines scientifiques, médicaux, psychologiques, sociaux ou techniques sur la myasthénie auto-immune : WEB www.afm-telethon.fr > Concerné par la maladie > Myasthénie auto-immune Savoir & Comprendre Avancées dans la myasthénie auto-immune Sommaire Rédaction Myoinfo, Département d'information sur les maladies neuromusculaires de l'AFM-Téléthon, Évry Validation S. Berrih-Aknin UPMC UM76 – INSERM U974 – CNRS UMR 7215, Institut de Myologie Hôpital La PitiéSalpêtrière, Paris Des évènements médico-scientifiques................................................ 7 Congrès international des maladies neuromusculaires ...................................7 Congrès international de neuro-immunologie ...................................................7 Congrès international de la World Muscle Society .............................................7 Conférence internationale sur la myasthénie ......................................................7 Des études cliniques ............................................................................. 7 Des bases de données ..................................................................................................7 Une base de données française ................................................................................... 7 Une base de données européenne ............................................................................ 8 Des études observationnelles ....................................................................................8 Étude FIGHT-MG ................................................................................................................ 8 Une étude observationnelle sur la force musculaire ........................................... 9 Des essais cliniques .............................................................................10 Optimiser le traitement de la myasthénie auto-immune ............................. 10 Évaluer l’efficacité de la thymectomie .................................................................... 10 Essai MYACOR.................................................................................................................. 11 Le méthotrexate .............................................................................................................. 11 Le belimumab .................................................................................................................. 12 Le tacrolimus .................................................................................................................... 12 Essai Myastérix ................................................................................................................. 12 Le CFZ533 .......................................................................................................................... 13 L’ARGX-113 ....................................................................................................................... 13 L’UCB7665 ......................................................................................................................... 14 Les IGIV-C .......................................................................................................................... 14 L’exercice ............................................................................................................................ 15 Développer des traitements dans les myasthénies réfractaires................. 15 Le rituximab ...................................................................................................................... 15 L’eculizumab ..................................................................................................................... 17 Le bortezomib .................................................................................................................. 17 La thérapie cellulaire dans la myasthénie généralisée .................................. 18 Un essai de thérapie cellulaire en cours ................................................................ 18 D’autres avancées médico-scientifiques ...........................................19 Un facteur stimulant les lymphocytes B est surexprimé dans la myasthénie ..................................................................................................................... 19 Une quantité de cellules T régulatrices réduite................................................ 19 De nouveaux modèles animaux ............................................................................. 19 Les recommandations des experts américains et européens en matière thérapeutique ................................................................................................................ 20 Une échelle de qualité de vie en français ........................................................... 21 * * 2 ǀ AFMTéléthon ǀ Mai 2017 * Avancées dans la myasthénie auto-immune Savoir & Comprendre La myasthénie auto-immune est une maladie rare qui touche environ 10 personnes sur 100 000. Elle apparaît souvent entre 20 et 40 ans, le plus souvent chez les femmes (60% des cas). Après 40 ans, la répartition homme/femme tend à s'inverser. Depuis plusieurs années, le nombre de personnes âgées de plus de 60 ans chez qui on fait le diagnostic de myasthénie a augmenté, surtout chez les hommes. Il existe différentes formes de myasthénie auto-immune (myasthénie oculaire, myasthénie généralisée, formes avec auto-anticorps antirécepteur de l'acétylcholine (anti-RACh) formes avec auto-anticorps antirécepteur tyrosine kinase musculaire (anti-MuSK), formes avec autoanticorps anti-LRP4...). Une maladie est dite rare quand elle touche moins d'une personne sur 2 000. Les maladies rares font l'objet d'une politique de santé publique commune dans les domaines de la recherche, de l'information et de la prise en charge. Les auto-anticorps sont des anticorps qui réagissent contre des éléments de son propre organisme, comme le muscle. Les anticorps sont des protéines complexes impliquées dans l'immunité, dont le rôle est de reconnaître spécifiquement un élément étranger à l'organisme afin qu'il soit détruit par le système immunitaire. Ils appartiennent à la famille des immunoglobulines (Ig) dont il existe cinq grands types : IgA, IgD, IgE, IgG, IgM. Les IgG sont les plus fréquentes de notre organisme. La jonction neuromusculaire est la zone de communication entre le nerf par qui le signal de contraction (influx nerveux) arrive et le muscle qui se contracte sous l'impulsion de l'influx nerveux. ▪ La myasthénie auto-immune est caractérisée par une faiblesse musculaire fluctuante dans le temps qui s'accompagne souvent d'anomalies du thymus (hyperplasie chez le sujet jeune ou thymome chez le sujet âgé). Le thymus est une glande située dans le thorax derrière le sternum. Son activité et sa taille sont maximales jusqu'à la puberté, avant de diminuer à l'âge adulte. Son rôle est de rendre certaines cellules du système immunitaire, les lymphocytes T, aptes à distinguer ce qui appartient à l'organisme (le "soi") de ce qui provient de l'environnement (le "non-soi") et à reconnaître spécifiquement les différents agents pathogènes (virus, microbes, bactéries...). ▪ La myasthénie auto-immune est une maladie neuromusculaire due à un dysfonctionnement du système immunitaire, qui entraîne une réaction immunitaire dirigée contre des constituants de l'interface entre le nerf et le muscle, c’est-à-dire la jonction neuromusculaire, aboutissant à un défaut de transmission de l'influx nerveux. Mécanismes auto-immuns conduisant à la myasthénie 3 ǀ AFMTéléthon ǀ Mai 2017 Savoir & Comprendre Avancées dans la myasthénie auto-immune Les lymphocytes T sont des globules blancs spécialisés dans certains types de réponses immunitaires. Il existe plusieurs types de lymphocytes T chacun assurant une fonction spécifique. Les lymphocytes T ne reconnaissent pas comme des constituants de l'organisme des éléments de la jonction neuromusculaire que sont les récepteurs de l'acétylcholine (RACh), les récepteurs musculaires de la tyrosine-kinase (MuSK) ou encore les récepteurs LRP4. Cela déclenche une réaction auto-immune dans laquelle les lymphocytes T provoquent la production par les lymphocytes B d'auto-anticorps antirécepteurs de l'acétylcholine (anti-RACh), d'auto-anticorps anti-MuSK ou encore d’auto-anticorps anti-LRP4. Ces auto-anticorps en se fixant sur les RACh, les récepteurs MuSK ou les protéines LRP4 entrainent respectivement la destruction des RACh, des récepteurs MuSK ou des protéines LRP4. Les lymphocytes B sont des globules blancs spécialisés dans un autre type de réaction immunitaire : ils produisent les anticorps qui neutralisent des substances ou des molécules considérées comme étrangères par l'organisme. ▪ Plus de 85% des personnes atteintes de myasthénie fabriquent des autoanticorps dirigés contre le récepteur de l’acétylcholine (auto-anticorps anti-RACh). En se fixant sur ces récepteurs, les auto-anticorps bloquent le fonctionnement de ceux-ci ou provoquent leur destruction. L'acétylcholine ne peut alors plus se fixer sur son récepteur et la transmission de l'influx nerveux vers le muscle s'effectue mal : le muscle se contracte moins bien et se fatigue. Il s'en suit une faiblesse musculaire d'intensité et de durée variables, qui peut toucher n'importe quel muscle et qui augmente à l'exercice. ▪ Parmi les malades présentant une forme généralisée sans auto-anticorps anti-RACh, environ 40% présentent des auto-anticorps contre le récepteur tyrosine-kinase spécifique du muscle (auto-anticorps anti-MuSK). Le récepteur MuSK joue un rôle important dans le développement et la stabilité de la jonction neuromusculaire, en particulier dans le déclenchement du regroupement des récepteurs de l'acétylcholine lors de la formation de la jonction neuromusculaire. ▪ Environ 20% des patients chez qui on ne retrouve ni auto-anticorps antiRACh, ni auto-anticorps anti-MuSK, présentent des auto-anticorps contre la protéine LRP4 (low-density lipoprotein (LDL) receptor-related protein 4), un récepteur de l’agrine au niveau de la jonction neuromusculaire. En se fixant sur son récepteur LRP4, l'agrine contribue au maintien du regroupement des RACh sous la terminaison nerveuse. Le rôle pathogénique des auto-anticorps anti-MuSK ou anti-LRP4 dans la myasthénie autoimmune s’expliquerait par l’inhibition du regroupement des récepteurs de l’acétylcholine au niveau de la jonction neuromusculaire, ce qui entraine une mauvaise transmission de l’influx nerveux ; le muscle se contracte moins bien et se fatigue. ▪ Le pourcentage de personnes atteintes de myasthénie qui n'ont ni autoanticorps anti-RACh, ni auto-anticorps anti-MuSK, ni auto-anticorps antiLRP4 est de l’ordre de 2 à 5%. 4 ǀ AFMTéléthon ǀ Mai 2017 Savoir & Comprendre Avancées dans la myasthénie auto-immune 1 2 5' 3 4 5 La transmission synaptique à la jonction neuromusculaire Le mouvement volontaire est déclenché par un influx nerveux qui chemine le long des nerfs et arrive au niveau de la jonction entre le nerf et le muscle. 1 : Dans la terminaison axonale du nerf (élément pré-synaptique), le neurotransmetteur acétylcholine est stocké dans des vésicules synaptiques. 2 : L’arrivée de l’influx nerveux à la terminaison nerveuse entraîne la fusion des vésicules avec la membrane présynaptique. 3 : Les vésicules libèrent l’acétylcholine dans la fente synaptique. 4 : Les molécules d’acétylcholine libérées vont se fixer sur la membrane de la cellule musculaire (membrane postsynaptique) au niveau des récepteurs de l'acétylcholine. 5 : Cette fixation entraîne un passage d’ions à travers la membrane de la fibre musculaire, qui par une cascade de réactions chimiques aboutit à la contraction des myofibrilles et donc de la fibre musculaire. 5’ : Dans le même temps, les molécules d’acétylcholine présentes dans la fente synaptique sont soit recapturées par la membrane pré-synaptique, soit détruites par l’acétylcholinestérase. La machinerie de la transmission synaptique est alors prête à un nouveau cycle de transmission synaptique. Les traitements actuels de la myasthénie auto-immune reposent sur les connaissances acquises sur le fonctionnement de la jonction 5 ǀ AFMTéléthon ǀ Mai 2017 Savoir & Comprendre Avancées dans la myasthénie auto-immune neuromusculaire, le déroulement de la transmission neuromusculaire et les mécanismes immunitaires en jeu. Traitement Anti-cholinestérasiques La plasmaphérèse consiste à enlever des éléments du plasma sanguin. Le sang est prélevé dans une veine et le plasma en est séparé par une machine pour être traité. Une fois les éléments prélevés les cellules sanguines sont réinjectées aux patients. 6 ǀ AFMTéléthon ǀ Mai 2017 Corticoïdes et immunosuppresseurs Immunoglobulines intraveineuses Plasmaphérèse (échanges plasmatiques) Thymectomie Action Augmenter la quantité d’acétylcholine en inhibant l'action de l'acétylcholinestérase, l'enzyme qui dégrade l'acétylcholine au niveau de la fente synaptique. Cela entraine une accumulation de l'acétylcholine dans les fentes synaptiques qui renforce sa fixation sur les récepteurs malgré la présence des auto-anticorps. L’influx nerveux est quand même transmis au muscle qui se contracte. ▪ Ce traitement est peu efficace chez les personnes atteintes d’une myasthénie auto-immune avec anti-MuSK. Diminuer l'auto-réactivité du système immunitaire. Neutraliser les auto-anticorps antirécepteurs de l’acétylcholine Épurer le sang d’un certain nombre de substances, comme les autoanticorps qui circulent dans le sang. Éliminer au moins partiellement les cellules auto-réactives activées qui participent à la réponse anti-RACh Savoir & Comprendre Avancées dans la myasthénie auto-immune Des évènements médico-scientifiques Congrès international des maladies neuromusculaires Le 14ème Congrès international des maladies neuromusculaires (ICNMD 2016) a réuni plus de mille médecins et chercheurs à Toronto (Canada) du 5 au 9 juillet 2016. Il a été l’occasion de faire le point sur la recherche fondamentale et clinique dans les maladies neuromusculaires, y compris dans la myasthénie auto-immune. Congrès international de neuro-immunologie La thématique de la myasthénie auto-immune est régulièrement abordée dans les congrès internationaux consacrés à la neuro-immunologie ou l’auto-immunité. Le 13ème congrès international de neuro-immunologie a eu lieu à du 26 au 28 septembre 2016 à Jérusalem (Israël). Il a réuni près de 650 médecins, et chercheurs pour faire le point sur la recherche dans le système immunitaire et le système nerveux. Congrès international de la World Muscle Society A l’occasion du 21ème congrès international de la World Muscle Society (WMS 2016) qui s’est déroulé du 4 au 8 octobre 2016 à Grenade (Espagne), la thématique de la myasthénie auto-immune a fait l’objet de présentations orales et de posters. Conférence internationale sur la myasthénie La conférence internationale sur la myasthénie réunit tous les 5 ans tous les experts de la myasthénie du monde entier. La 13ème édition s’est déroulée à New-York (États-Unis) du 15 au 17 mai 2017. Elle a permis de faire le point sur la jonction neuromusculaire, le thymus dans la myasthénie, les mécanismes d’auto-immunité, les mécanismes impliqués dans la myasthénie, les modèles animaux, les essais cliniques en cours ou à venir… Des études cliniques Des bases de données Le développement de bases de données de patients permet d’effectuer un recensement des personnes atteintes d'une même maladie, de préciser l’histoire naturelle de celle-ci, d'établir des corrélations génotype/phénotype et de faciliter le recrutement de patients dans les essais cliniques. Une base de données française Base de données française de la myasthénie auto-immune Étudier l’histoire naturelle de la maladie (soutenue par l’AFM-Téléthon) Statut Pays Date de création Recrutement en cours France 2003 En 2017, près de 2000 patients sont recensés dans la base de données française. Ce que les médecins appellent l'histoire naturelle d'une maladie est la description des différentes manifestations d'une maladie et de leur évolution au cours du temps en l'absence de traitement. Les études de corrélations génotype/phénotype recherchent l'existence de liens entre les caractéristiques génétiques, le génotype, et les caractéristiques s'exprimant de façon apparente, le phénotype (taille, couleur et forme des yeux, couleur des cheveux, manifestation d'une maladie...). On peut ainsi identifier une relation plus ou moins étroite entre la présence d'une anomalie génétique et les manifestations d'une maladie génétique. 7 ǀ AFMTéléthon ǀ Mai 2017 Savoir & Comprendre Avancées dans la myasthénie auto-immune Une étude rétrospective sur 1035 personnes atteintes de myasthénie A partir de la base de données française de la myasthénie auto-immune, une collaboration française soutenue par l’AFM-Téléthon a réalisé une analyse critique des données sur le thymus de 1035 personnes atteintes de myasthénie auto-immune sans thymome. Il ressort de cette étude que : ▪ l’hyperplasie thymique touche majoritairement les femmes jeunes (80%) ; ▪ le degré d’hyperplasie thymique est corrélé à une production d’autoanticorps anti-récepteur de l’acétylcholine (suggérant un rôle du thymus dans la production de ces auto-anticorps) ; ▪ la prise de corticoïdes diminue le degré de l’hyperplasie thymique. En revanche, il n’y pas de relation entre le degré d’hyperplasie et le délai avec les premiers signes suggérant que l’hyperplasie ne s’accentue pas avec le temps. Thymic Germinal Centers and Corticosteroids in Myasthenia Gravis: an Immunopathological Study in 1035 Cases and a Critical Review. Truffault F, de Montpreville V, Eymard B, Sharshar T, Le Panse R, Berrih-Aknin S. Clin Rev Allergy Immunol., 2017(Fév). Une base de données européenne Base de données européenne de la myasthénie auto-immune Recueillir des données épidémiologiques, réaliser des comparaisons entre les pays pour le traitement, le diagnostic et l’identification de facteurs environnementaux jouant un rôle dans le déclenchement de la maladie (soutenue par l’AFM-Téléthon) Statut Pays Date de création Recrutement en cours Europe 2010 En 2017, près de 5000 patients sont recensés dans la base de données européenne. Des études observationnelles Les études observationnelles permettent de mieux connaitre une maladie, d’identifier de meilleurs outils diagnostiques ou de suivi, de suivre l’effet d’un traitement à plus ou moins long terme... Étude FIGHT-MG ▪ L’étude FIGHT-MG est un projet européen qui avait pour objectif de mieux comprendre la myasthénie pour mieux la traiter. Ce projet comprenait, entre autre, une étude observationnelle sur des vrais jumeaux dont l’un est atteint de myasthénie auto-immune, dont le but était de faire la part de la génétique et de l’environnement dans l’apparition d’une myasthénie auto-immune. L’étude a consisté à analyser le transcriptome (l’ensemble des ARN messagers) et le méthylome (l’ensemble des sites de méthylation de l’ADN) de cellules sanguines de vrais jumeaux dont l’un est atteint de myasthénie. ▪ Des résultats publiés en mai en 2017 montrent une forte ressemblance des cellules sanguines du jumeau non malade avec celles de son frère jumeau malade. Cette étude a aussi permis de mettre en évidence des marqueurs génétiques spécifiques de la maladie (notamment dans les monocytes). 8 ǀ AFMTéléthon ǀ Mai 2017 Avancées dans la myasthénie auto-immune Chez les jumeaux malades, après une inflammation, l’expression des gènes permettant de revenir à l’état normal est diminuée. Cette étude se poursuit par l’analyse des différences potentielles au niveau d’autres cellules sanguines, tels que les lymphocytes B. Methylome and transcriptome profiling in Myasthenia Gravis monozygotic twins. Mamrut S, Avidan N, Truffault F, Staun-Ram E, Sharshar T, Eymard B, Frenkian M, Pitha J, de Baets M, Servais L, Berrih-Aknin S, Miller A. J Autoimmun., 2017 (Mai). Une étude observationnelle sur la force musculaire ▪ Une équipe danoise a analysé la force musculaire de 8 groupes musculaires chez 197 personnes atteintes de myasthénie généralisée et de 89 personnes contrôles. Les résultats de cette étude publiée en octobre 2016 ont montré une réduction significative de la force dans tous les groupes musculaires analysés chez les personnes atteintes de myasthénie généralisée. Cette réduction était plus importante chez les hommes que chez les femmes atteintes de myasthénie généralisée ; les muscles proximaux (au niveau des épaules, des hanches et du cou) étaient les plus atteints. En revanche, aucune corrélation entre la force musculaire et la durée de la maladie ou la prise de traitement n’a été mise en évidence. Savoir & Comprendre Les lymphocytes B sont des globules blancs spécialisés dans un autre type de réaction immunitaire : ils produisent les anticorps qui neutralisent des substances ou des molécules considérées comme étrangères par l'organisme. Effect of Gender, Disease Duration and Treatment on Muscle Strength in Myasthenia Gravis. Citirak G, Cejvanovic S, Andersen H, Vissing J. PLoS One. 2016 (Oct). 9 ǀ AFMTéléthon ǀ Mai 2017 Savoir & Comprendre Avancées dans la myasthénie auto-immune Des essais cliniques Les essais cliniques consistent à tester un traitement potentiel (un candidat-médicament, un dispositif médical…) dans le but de s’assurer qu’il est bien toléré et efficace dans une maladie. Optimiser le traitement de la myasthénie auto-immune Le traitement à long terme d'une myasthénie généralisée consiste généralement en une prise de corticoïdes associée à des immunosuppresseurs, en complément d'une thymectomie, dont l'indication est encore controversée en cas d'absence de thymome. Compte tenu des effets secondaires des corticoïdes à long terme, plusieurs études visent à réduire les doses de corticoïdes utilisées. Évaluer l’efficacité de la thymectomie La thymectomie est utilisée depuis longtemps dans le traitement de la myasthénie, bien que les différentes études réalisées n'aient pu établir formellement un bénéfice franc de cette procédure. Bénéfice de la thymectomie dans la myasthénie non thymomateuse au terme d’un essai contrôlé et d’un suivi de 3 ans. Dans un essai randomisé, les participants sont répartis par tirage au sort dans les différents groupes. Essais cliniques et maladies neuromusculaires, Repères Savoir & Comprendre, AFM-Téléthon. Un essai contrôlé est un essai qui compare l'efficacité de la substance testée à celle d'un placebo ou d'une substance active connue : une partie des participants prend un placebo ou une autre substance active et constitue un groupe "contrôle". Essais cliniques et maladies neuromusculaires, Repères Savoir & Comprendre, AFM-Téléthon. L’essai MGTX, un essai randomisé, contrôlé, a évalué l’efficacité de l’ablation chirurgicale du thymus (ou thymectomie) associée à une prise de prednisone en comparaison à celle d’une prise de prednisone seule chez des personnes atteintes de myasthénie non thymomateuse. Cet essai international (qui n’a pas eu lieu en France) s’est déroulé de 2006 à 2012 chez 126 participants atteints de myasthénie non thymomateuse liée à des autoanticorps dirigés contre le récepteur de l’acétylcholine (RACh), âgés de 10 à 65 ans et suivis pendant 3 ans. Il a été mené par un groupe d’experts de la myasthénie dans 36 centres dans le monde. ▪ Les résultats publiés en 2016 ont montré que la thymectomie entraine à 3 ans un bénéfice clinique significatif ainsi que le recours à une dose de prednisone plus faible. L’association de l’azathioprine au traitement par prednisone s’est avérée plus souvent nécessaire chez les participants n’ayant pas subi de thymectomie. Depuis la réalisation de la première thymectomie chez un patient atteint de myasthénie non thymomateuse il y a 75 ans, aucune étude n’avait clairement démontré un bénéfice clinique de la thymectomie. Cet essai est le premier à avoir évalué les effets de la thymectomie de façon randomisée et contrôlée et à apporter la preuve de l’effet bénéfique de cette procédure chez les personnes atteintes de myasthénie non thymomateuse liée à des autoanticorps anti-RACh. Randomized Trial of Thymectomy in Myasthenia Gravis. Wolfe GI, Kaminski HJ, Aban IB, Minisman G, Kuo HC, Marx A, Ströbel P, Mazia C, Oger J, Cea JG, Heckmann JM, Evoli A, Nix W, Ciafaloni E, Antonini G, Witoonpanich R, King JO, Beydoun SR, Chalk CH, Barboi AC, Amato AA, Shaibani AI, Katirji B, Lecky BR, Buckley C, Vincent A, Dias-Tosta E, Yoshikawa H, Waddington-Cruz M, Pulley MT, Rivner MH, Kostera-Pruszczyk A, Pascuzzi RM, Jackson CE, Garcia Ramos GS, Verschuuren JJ, Massey JM, Kissel JT, Werneck LC, Benatar M, Barohn RJ, Tandan R, Mozaffar T, Conwit R, Odenkirchen J, Sonett JR, Jaretzki A 3rd, Newsom-Davis J, Cutter GR; MGTX Study Group. N Engl J Med. 2016 (Août). 10 ǀ AFMTéléthon ǀ Mai 2017 Savoir & Comprendre Avancées dans la myasthénie auto-immune Une étude rétrospective de la thymectomie sur plus de 1000 personnes atteintes de myasthénie ▪ Une étude rétrospective réalisée sur 1002 personnes atteintes de myasthénie et ayant subi une thymectomie met en évidence une rémission stable à long terme significative et une amélioration des symptômes. Les auteurs concluent que la thymectomie devrait être recommandée pour traiter la myasthénie, particulièrement chez les personnes qui ont des symptômes modérés. Thymectomy for Myasthenia Gravis: Complete Stable Remission and Associated Prognostic Factors in Over 1000 Cases. Kaufman AJ, Palatt J, Sivak M, Raimondi P, Lee DS, Wolf A, Lajam F, Bhora F, Flores RM. Semin Thorac Cardiovasc Surg., (2016). Une revue de la littérature en faveur de la thymectomie Une équipe américaine a publié en décembre 2016 une revue de la littérature comparant les effets à long terme de la thymectomie aux traitements médicamenteux de la myasthénie généralisée. ▪ Parmi les 27 études analysées, correspondant à 10 140 personnes atteintes de myasthénie (5 275 thymectomies et 4 865 traitements médicamenteux), la thymectomie semble être plus efficace qu’un traitement médicamenteux pour une rémission à long terme de la myasthénie généralisée. Comparison of Conservative Treatment and Thymectomy Gravis Outcome. Taioli E, Paschal PK, Liu B, Kaufman AJ, Flores RM. Ann Thorac Surg., 2016 (Déc). on Myasthenia Essai MYACOR Le traitement à long terme d'une myasthénie généralisée comporte généralement de la prednisone et de l'azathioprine, en complément d'une thymectomie. Toutefois, le protocole standard de la corticothérapie avec diminution progressive de doses entraîne des doses cumulées importantes de prednisone. Compte tenu des effets secondaires d’une corticothérapie prolongée, une diminution progressive précoce - ou éventuellement un arrêt - de la prednisone est un objectif thérapeutique pertinent. Essai de phase IV Comparer au protocole de traitement standard un protocole permettant une diminution plus rapide de corticoïdes (Promoteur : Assistance Publique - Hôpitaux de Paris) Statut Nombre de participants (âge) Pays Durée du suivi Début - Fin Recrutement terminé, essai en cours 118 (de 18 à 80 ans) France 15 mois Juin 2009 – Mai 2017 Le méthotrexate ▪ Un essai clinique du méthotrexate, un immunosuppresseur utilisé dans le traitement de certains cancers et de certaines maladies auto-immunes, a été réalisé au Canada et aux États-Unis dans le but d'améliorer les signes cliniques de la myasthénie et de diminuer les doses de corticoïdes. Cet essai de phase II d’une durée de un an a concerné 50 participants atteints de myasthénie généralisée liée aux récepteurs de l’acétylcholine dont la moitié était sous méthotrexate et l’autre moitié sous placebo. 11 ǀ AFMTéléthon ǀ Mai 2017 Savoir & Comprendre Avancées dans la myasthénie auto-immune ▪ Si le traitement par méthotrexate s’est avéré bien toléré après un an de traitement, il n’a pas permis de réduire significativement les doses de corticoïdes par rapport à celles des participants sous placebo. Les auteurs soulignent combien il est complexe de réaliser un essai clinique dans la myasthénie, compte tenu de la difficulté à recruter les patients (ceux-ci sont déjà sous traitement) et à trouver des bons outils de mesure. A randomized controlled trial of methotrexate for patients with generalized myasthenia gravis. Pasnoor M, He J, Herbelin L, Burns TM, Nations S, Bril V, Wang AK, Elsheikh BH, Kissel JT, Saperstein D, Shaibani JA, Jackson C, Swenson A, Howard JF Jr, Goyal N, David W, Wicklund M, Pulley M, Becker M, Mozaffar T, Benatar M, Pazcuzzi R, Simpson E, Rosenfeld J, Dimachkie MM, Statland JM, Barohn RJ; Methotrexate in MG Investigators of the Muscle Study Group. Neurology. 2016 (Juin) Le belimumab Le belimumab est un anticorps qui peut neutraliser un facteur stimulant les cellules B. Cet immunomodulateur est déjà utilisé dans le traitement du lupus. Au cours d'un essai clinique de phase II, un médicament, dont il a été montré au préalable qu'il était bien toléré (au cours d'un essai de phase I) est administré à un groupe de malades dans le but de déterminer l'efficacité thérapeutique, les doses optimales et la sécurité du traitement (Quel est le mode d’administration et la dose maximale tolérée ?). Essais cliniques et maladies neuromusculaires, Repères Savoir & Comprendre, AFM-Téléthon. Essai de phase II Évaluer la tolérance et l'efficacité du bélimumab (Promoteur : GlaxoSmithKline) Statut Nombre de participants (âge) Pays Durée du suivi Début - Fin Essai terminé. Données en cours d’analyse 40 (plus de 18 ans) Allemagne, Canada, ÉtatsUnis, Italie 6 mois Avril 2014 – Octobre 2015 Le tacrolimus Le tacrolimus est un immunosuppresseur utilisé dans la prévention du rejet du greffe. ▪ Les résultats d’un essai du tacrolimus à faible dose réalisé chez 97 personnes atteintes de myasthénie ont mis en évidence sa bonne tolérance après 6 mois de traitement. De plus, le tacrolimus s’est montré efficace, avec 83 patients en rémission ou avec des manifestations cliniques améliorées, et les doses ont pu être réduites une fois les symptômes améliorés. Long-term efficacy and side effects of low-dose tacrolimus for the treatment of Myasthenia Gravis. Tao X, Wang W, Jing F, Wang Z, Chen Y, Wei D, Huang X. Neurol Sci., 2017 (Fév). Essai Myastérix Un candidat-vaccin thérapeutique, CV-MG01, est à l’étude dans un essai de phase Ib en Belgique. Le CV-MG01 est un vaccin composé de peptides qui vont mimer le récepteur de l’acétylcholine. Il a montré son efficacité dans un modèle de chien spontanément atteint de myasthénie. Le CV-MG01 a reçu le statut de médicament orphelin aux États-Unis et en Europe. 12 ǀ AFMTéléthon ǀ Mai 2017 Savoir & Comprendre Avancées dans la myasthénie auto-immune Essai Myasterix Évaluer la sécurité d’utilisation, la tolérance et l’immunogénicité du CV-MG01 (Promoteur : CuraVac) Statut Nombre de participants (âge) Pays Durée du suivi Début-Fin Recrutement terminé. Essai en cours 24 (de 18 à 64 ans) Belgique 38 semaines Novembre 2015 – Septembre 2017 Le CFZ533 Le CFZ533 est un anticorps dirigé contre l’antigène CD-40 (un antigène souvent suractivé dans les maladies auto-immunes), qui a montré son efficacité dans une autre maladie auto-immune, la polyarthrite rhumatoïde. Essai de phase II Évaluer la sécurité d’utilisation, la tolérance, le devenir dans l’organisme et l’efficacité du CFZ533 (Promoteur : Novartis Pharmaceuticals) Statut Nombre de participants (âge) Pays Durée du suivi Début-Fin Recrutement en cours 44 (de 18 à 85 ans) Allemagne, Canada, Danemark, Russie, Taïwan 6 mois Septembre 2015 – Décembre 2017 L’ARGX-113 L’ARGX-113 est un fragment d'anticorps développé pour traiter les maladies auto-immunes sévères. Il dégrade les auto-anticorps responsables de ces maladies. Essai de phase II Évaluer la sécurité d’utilisation, le devenir dans l’organisme et l’efficacité de l’ARGX-113 chez des personnes atteintes de myasthénie avec faiblesse musculaire généralisée (Promoteur : arGEN-X BVBA ) Statut Nombre de participants (âge) Pays Durée du suivi Début-Fin Recrutement en cours 24 (plus de 18 ans) Belgique, Canada, ÉtatsUnis, Espagne, Italie, Pays Bas, Pologne, Suède 78 jours Décembre 2016 – Juillet 2018 13 ǀ AFMTéléthon ǀ Mai 2017 Savoir & Comprendre Avancées dans la myasthénie auto-immune L’UCB7665 L’UCB7665 est un anticorps utilisé dans le traitement de maladies autoimmunes, à l’essai dans la myasthénie. Essai de phase II Évaluer la sécurité d’utilisation, le devenir dans l’organisme et l’efficacité de l’UCB7665 dans la myasthénie modérée à sévère (Promoteur : UCB Biopharma) Statut Nombre de participants (âge) Pays Durée du suivi Début-Fin Recrutement en cours 42 (plus de 18 ans) Allemagne, Belgique 1 mois Avril 2017 – Septembre 2018 Les IGIV-C Les immunoglobulines intraveineuses sont utilisées dans la myasthénie pour neutraliser les auto-anticorps. L’administration d’une forme purifiée d’immunoglobulines par voie intraveineuse (IGIV-C) est à l’essai dans plusieurs formes de myasthénie : - chez des personnes atteintes de myasthénie généralisée et dépendantes des corticostéroïdes, - chez des personnes atteintes de myasthénie généralisée symptomatiques - en cas de crise myasthénique. Essai de phase II Évaluer la sécurité d’utilisation et l’efficacité des immunoglobulines IGIV-C chez des personnes atteintes de myasthénie généralisée, dépendantes des corticostéroïdes (Promoteur : Grifols Therapeutics) Statut Nombre de participants (âge) Pays Durée du suivi Début-Fin Recrutement en cours 60 (18 à 85 ans) France, Canada, États-Unis, Europe 39 semaines Juin 2015 – Décembre 2017 Essai de phase II Évaluer la sécurité d’utilisation et l’efficacité des immunoglobulines IGIV-C chez des personnes atteintes de myasthénie généralisée et symptomatiques (Promoteur : Grifols Therapeutics) 14 ǀ AFMTéléthon ǀ Mai 2017 Statut Nombre de participants (âge) Pays Durée du suivi Début-Fin Recrutement en cours 62 (18 à 85 ans) France, Canada, États-Unis, Europe 6 mois Juillet 2015 – Avril 2017 Savoir & Comprendre Avancées dans la myasthénie auto-immune Essai de phase III Évaluer la sécurité d’utilisation et l’efficacité des immunoglobulines IGIV-C en cas de crise myasthénique (Promoteur : Grifols Therapeutics) Statut Nombre de participants (âge) Pays Durée du suivi Début-Fin Recrutement en cours 50 (plus de 18 ans) France, Canada, États-Unis, Europe 2 semaines Mars 2015 – Juin 2017 L’exercice La fatigue généralisée dans la myasthénie entraîne un mode de vie sédentaire et un important déconditionnement physique, qui lui-même peut conduire à une forme physique diminuée (fatigue, risque accru d’obésité, d’hypertension, de diabète de type 2 et de dyslipidémie du fait de la sédentarité). Essai MGEX Évaluer la tolérance et l'efficacité de l'exercice pendant 3 mois sur une machine à ramer (Promoteur : Assistance Publique - Hôpitaux de Paris) Statut Nombre de participants (âge) Pays Durée du suivi Début-Fin Recrutement en cours 42 (de 18 à 70 ans) France 9 mois Octobre 2014 - Décembre 2017 WEB www.afm-telethon.fr/myasthenie-autoimmune-exercice-essai-mgex-6677 Essai de l’entraînement physique Évaluer les effets d’un entraînement physique pendant 3 mois sur l'activité physique, la force, la remise en forme, la fonction pulmonaire (Promoteur : Baltimore VA Medical Center) Statut Nombre de participants (âge) Pays Durée du suivi Début-Fin Recrutement en cours 30 (de 18 à 70 ans) États-Unis 3 mois Janvier 2010 – Décembre 2020 Développer des traitements dans les myasthénies réfractaires Le rituximab Le rituximab est un médicament qui réduit la quantité de lymphocytes B et qui est déjà utilisé dans le traitement de certaines leucémies et de maladies autoimmunes. Plusieurs études ont montré que le rituximab améliore les symptômes et réduit la dépendance aux corticoïdes dans des myasthénies auto-immunes réfractaires aux traitements classiques. 15 ǀ AFMTéléthon ǀ Mai 2017 Savoir & Comprendre Avancées dans la myasthénie auto-immune Résultats d’une étude française du rituximab Il y a peu d’études sur l’intérêt du rituximab dans le traitement de la myasthénie réfractaire. Celles qui existent sont toutes des études rétrospectives concernant un petit nombre de patients. ▪ Une étude rétrospective française monocentrique de l’utilisation du rituximab dans la myasthénie réfractaire de 2004 à 2015 a été réalisée. Elle a permis d’analyser le suivi de 28 personnes atteintes de myasthénie réfractaire : 21 présentant des auto-anticorps dirigés contre le récepteur de l’acetylcholine (RACh), 3 présentant des auto-anticorps dirigés contre MuSK et 4 chez qui on ne retrouve ni auto-anticorps anti-RACh, ni autoanticorps anti-MuSK. ▪ Les résultats publiés en décembre 2016 montrent que le rituximab n’a été efficace que chez la moitié des patients (un résultat légèrement plus faible que ceux de précédentes études rétrospectives qui avoisinaient les 75-80%). L’amélioration est significative à 6 mois de traitement et se stabilise jusqu’à 3 ans de traitement. Le rituximab s’est avéré particulièrement efficace chez les 4 patients présentant des auto-anticorps anti-MuSK et les 3 patients chez qui on ne retrouvait ni auto-anticorps anti-RACh, ni auto-anticorps anti-MuSK. De nouvelles études, prospective et en double aveugle, sont toutefois nécessaires pour confirmer ces résultats. Resistant myasthenia gravis and rituximab: A monocentric retrospective study of 28 patients. Afanasiev V, Demeret S, Bolgert F, Eymard B, Laforêt P, Benveniste O. Neuromuscul Disord. 2016 (Dec). Des facteurs prédictifs d’une meilleure réponse au rituximab : Une revue systématique incluant 169 personnes atteintes de myasthénie met en évidence des facteurs prédictifs d’une meilleure réponse au rituximab : ▪ être atteint d’une myasthénie liée à MuSK ; cette observation pourrait s’expliquer par la différence du type d’immunoglobuline : les autoanticorps dans la myasthénie liée à MuSK sont surtout des IgG4, alors qu’il s’agit d’IgG1 ou d’IgG3 dans la myasthénie liée aux RACh. ▪ être atteint d’une forme moins sévère de myasthénie, ▪ être le plus jeune au débit du traitement Rituximab treatment of myasthenia gravis: A systematic review. Tandan R, Hehir MK 2nd, Waheed W, Howard DB. Muscle Nerve. 2017 (Fév). Au cours d'un essai clinique de phase II, un médicament, dont il a été montré au préalable qu'il était bien toléré (au cours d'un essai de phase I) est administré à un groupe de malades dans le but de déterminer l'efficacité thérapeutique, les doses optimales et la sécurité du traitement (Quel est le mode d’administration et la dose maximale tolérée ?). Essais cliniques et maladies neuromusculaires, Repères Savoir & Comprendre, AFM-Téléthon. 16 ǀ AFMTéléthon ǀ Mai 2017 Essai FORCE Essai de phase II Évaluer l'effet sur 18 mois du rituximab dans le traitement des myasthénies généralisées réfractaires aux traitements habituels (Promoteur : Assistance Publique - Hôpitaux de Paris) Statut Nombre de participants (âge) Pays Durée du suivi Début-Fin Essai terminé. Données en cours d’analyse 12 (de 18 à 80 ans) France 18 mois Janvier 2008 Décembre 2011 Savoir & Comprendre Avancées dans la myasthénie auto-immune Essais du rituximab aux États-Unis et en Suède Essai de phase II Évaluer la sécurité d’utilisation et le bénéfice du rituximab dans le traitement de la myasthénie afin de programmer une étude d’efficacité plus approfondie de phase III (Promoteur : Yale University) Statut Nombre de participants (âge) Pays Durée du suivi Début - Fin Recrutement terminé, essai en cours 50 (de 21 à 90 ans) États-Unis 1 an Mai 2014 Décembre 2017 Essai de phase II Évaluer la sécurité d’utilisation et l’efficacité du rituximab chez des personnes atteintes de myasthénie généralisée venant de débuter (Promoteur : Fredrik Piehl) Statut Nombre de participants (âge) Pays Durée du suivi Début - Fin Recrutement en cours 60 (de 21 à 90 ans) Suède 4 mois Août 2016 Décembre 2018 L’eculizumab L’eculuzimab est un anticorps qui bloque l’activation du complément. Essai de phase III Évaluer la sécurité d’utilisation et l’efficacité de l’éculizumab dans le traitement de myasthénie généralisées réfractaires aux traitements habituels (Promoteur : Alexion Pharmaceuticals) Statut Nombre de participants (âge) Pays Durée du suivi Début - Fin Essai terminé. Données en cours d’analyse 125 (plus de 18 ans) International (dont la France) 6 mois Décembre 2013 - Juin 2016 Le complément est un système complexe, composé de différentes protéines, qui est impliqué dans la défense de l'organisme par le système immunitaire. En se fixant aux anticorps, ils forment un complexe capable d’attaquer les récepteurs membranaires. C’est le mécanisme majeur des anticorps anti-récepteur de l’acétylcholine dans la myasthénie autoimmune. Extension de la phase III Statut Nombre de participants (âge) Pays Durée du suivi Début - Fin Recrutement terminé. Essai en cours 117 (plus de 18 ans) International (dont la France) 4 ans Novembre 2014 – Janvier 2019 Le bortezomib Le bortezomib est un inhibiteur du protéasome déjà utilisé dans le traitement du myélome multiple. Le protéasome est un complexe enzymatique responsable de la dégradation des protéines mal repliées, dénaturées ou obsolètes pour la cellule. 17 ǀ AFMTéléthon ǀ Mai 2017 Savoir & Comprendre Avancées dans la myasthénie auto-immune Essai de phase II Évaluer la sécurité d’utilisation et l’efficacité du bortezomib dans le traitement de myasthénies généralisées réfractaires aux traitements habituels (Promoteur : Charite University) Statut Nombre de participants (âge) Pays Recrutement en cours 18 (de 18 ans à 75 ans) Allemagne Durée du suivi Début - Fin 30 semaines Octobre 2014 Décembre 2018 La thérapie cellulaire dans la myasthénie généralisée Les cellules souches possèdent à la fois la capacité de se multiplier à l’identique pour produire de nouvelles cellules souches (autorenouvellement) et celle de donner naissance, dans des conditions déterminées, à des cellules différenciées (cellules sanguines, cellules du foie, cellules musculaires...). La thérapie cellulaire consiste à remplacer des cellules déficientes ou anormales par des cellules souches. Cette technique consiste, dans un premier temps, à prélever des cellules soit chez le patient à traiter (autogreffe), soit chez un donneur (allogreffe). Ces cellules sont ensuite purifiées, modifiées le cas échéant, puis multipliées en laboratoire. Elles sont alors injectées à la personne malade par voie sanguine ou dans l'organe à traiter. Les cellules souches hématopoïétiques sont des cellules à l’origine des différentes cellules du sang (globules rouges, lymphocytes…). Un essai de thérapie cellulaire en cours Essai de phase I Évaluer la faisabilité et la toxicité d’une transplantation de cellules souches hématopoïétiques autologue (Promoteur : Northwestern University) 18 ǀ AFMTéléthon ǀ Mai 2017 Statut Nombre de participants (âge) Pays Durée du suivi Début-Fin Recrutement terminé. Essai en cours 9 (de 15 ans à 65 ans) États-Unis 5 ans Février 2002 – Juin 2016 Savoir & Comprendre Avancées dans la myasthénie auto-immune D’autres avancées médico-scientifiques Un facteur stimulant les lymphocytes B est surexprimé dans la myasthénie Le facteur d'activation des cellules B (BAFF) est un facteur qui stimule les lymphocytes B ▪ Une équipe sud-coréenne a observé une augmentation significative du taux de BAFF dans le sérum de personnes atteintes de myasthénie par rapport à celui de personnes contrôles. Cette augmentation est corrélée à une augmentation du taux d’auto-anticorps dirigés contre les RACh, suggérant que ces auto-anticorps ont été produits par les lymphocytes B stimulés par BAFF. Les lymphocytes B sont des globules blancs spécialisés dans un certain type de réaction immunitaire : ils produisent les anticorps qui neutralisent des substances ou des molécules considérées comme étrangères par l'organisme. B-cell-activating factor is elevated in serum of patients with myasthenia gravis. Kang SY, Kang CH, Lee KH. Muscle Nerve. 2016 (Déc). Une quantité de cellules T régulatrices réduite ▪ Une étude récente a mis en évidence une diminution de la quantité des lymphocytes T régulateurs chez les personnes atteintes de myasthénie. Les lymphocytes T régulateurs représentent un sous-groupe de lymphocyte T qui inhibe la prolifération d’autres lymphocytes T et participe ainsi à la régulation du maintien de la tolérance immunitaire. Les lymphocytes T régulateurs pourraient être impliqués dans le mécanisme de survenue de la myasthénie auto-immune. CD4+ FoxP3+ T regulatory cell subsets in myasthenia gravis patients. Kohler S, Keil TO, Hoffmann S, Swierzy M, Ismail M, Rückert JC, Alexander T, Meisel A. Clin Immunol. 2017 (Mars) De nouveaux modèles animaux Les modèles animaux reproduisent les anomalies génétiques et les altérations liées à une maladie. Ils permettent aux chercheurs de mieux comprendre les mécanismes de survenue d’une maladie, de comprendre le mode d’action d’un candidat-médicament, de valider son efficacité et d’étudier sa toxicité avant de réaliser les études chez l’homme. ▪ Les modèles animaux de myasthénie auto-immune les plus utilisés par les chercheurs sont ceux pour lesquels la myasthénie a été induite expérimentalement (comme la souris modèle de myasthénie auto-immune expérimentale pour la myasthénie avec anticorps anti-RACh). ▪ Une équipe turque a mis au point un modèle de souris reproduisant la myasthénie liée à LRP4 en lui injectant la protéine LRP4 afin de provoquer la formation d’auto-anticorps dirigés contre cette protéine. Ces souris présentent des manifestations cliniques comparables aux souris modèles de myasthénie auto-immune expérimentale pour la myasthénie avec anticorps anti-RACh. Immunization with Recombinantly Expressed LRP4 Induces Autoimmune Myasthenia Gravis in C57BL/6 Mice. Ulusoy C, Çavuş F, Yılmaz V, Tüzün E. Immunol Invest., 2017 (Avril). Experimental ▪ L’an dernier, une équipe française impliquant l’Institut de Myologie avait mis au point un modèle de souris mimant l’atteinte de la myasthénie au 19 ǀ AFMTéléthon ǀ Mai 2017 Savoir & Comprendre Les TLR (pour Toll like receptors) sont des récepteurs présents à la surface des cellules immunitaires qui vont reconnaitre des morceaux de parasites, bactérie, virus… Ainsi, quand un agent pathogène pénètre dans l'organisme, un (ou plusieurs) TLR va s’associer à lui et activer une série de réaction dans le but d’éliminer l’agent pathogène. Avancées dans la myasthénie auto-immune niveau du thymus. Pour cela, elle a fait surexprimé dans le thymus des souris CXCL13, une molécule surexprimée dans cellules thymiques de personnes atteintes de myasthénie, et en leur injectant des RACh. ▪ Dans un article publié en février 2017, cette même équipe fait le point sur le développement de modèles animaux de myasthénie (immunisation avec des RACh, surexpression de CXCL13, activation de voie impliquant les TLR…). Le meilleur modèle devra probablement combiner les différentes approches. Review on Toll-Like Receptor Activation in Myasthenia Gravis: Application to the Development of New Experimental Models. Robinet M, Maillard S, Cron MA, Berrih-Aknin S, Le Panse R. Clin Rev Allergy Immunol. 2017 (Fév). ▪ Un autre modèle a été récemment mis au point par une équipe de chercheurs français, soutenue par l’AFM-Téléthon, en greffant des morceaux de thymus humains malades à des souris immunodéficientes (c’est-à-dire dont les défenses immunitaires sont très affaiblies). Le sérum de ces souris « humanisées » contient bien des anticorps antiRACh. La moitié des souris présente les signes cliniques de la maladie, se rapprochant plus de la forme de la maladie humaine que dans les souris modèles de myasthénie auto-immune expérimentale. ▪ Les chercheurs ont également étudié les effets de l’administration de cellules souches mésenchymateuses à ce modèle de souris. Non seulement cela réduit l’expression des auto-anticorps dirigés contre les RACh, mais cela améliore considérablement les symptômes des souris. Une étape de conditionnement des cellules mésenchymateuses est un préalable essentiel pour optimiser l’effet thérapeutique de ces cellules. Preconditioned mesenchymal stem cells treat myasthenia gravis in a humanized preclinical model. Sudres M, Maurer M, Robinet M, Bismuth J, Truffault F, Girard D, Dragin N, Attia M, Fadel E, Santelmo N, Sicsic C, Brenner T, Berrih-Aknin S. JCI Insight., 2017 (Avril). Les recommandations des experts américains et européens en matière thérapeutique ▪ Un article publié en juillet 2016 rapporte les conclusions d’un groupe de travail mandaté par la Fondation américaine pour la myasthénie pour établir un consensus sur la prise en charge des patients atteints de myasthénie. Quinze experts, comptant parmi les meilleurs spécialistes européens et américains ont examinés sept domaines en rapport avec le traitement et ont établi des recommandations. Les neurologues du monde entier disposent désormais de recommandations sur des sujets souvent difficiles comme la conduite à tenir devant des signes minimes de myasthénie, la gestion des crises myasthéniques ou le choix d’un immunosuppresseur. International consensus guidance for management of myasthenia gravis: Executive summary. Sanders DB, Wolfe GI, Benatar M, Evoli A, Gilhus NE, Illa I, Kuntz N, Massey JM, Melms A, Murai H, Nicolle M, Palace J, Richman DP, Verschuuren J, Narayanaswami P. Neurology. 2016 (Juillet). 20 ǀ AFMTéléthon ǀ Mai 2017 Savoir & Comprendre Avancées dans la myasthénie auto-immune Une échelle de qualité de vie en français ▪ Comme aucun protocole d’évaluation de la qualité de vie spécifique à la myasthénie n’existe en français, une équipe française a adapté l’échelle de qualité de vie de la myasthénie auto-immune Myasthenia Gravis Quality of Life Scale (ou MG-QOL 15). Elle a ensuite validé cette échelle auprès de 125 patients atteints de myasthénie français, proposant ainsi un nouvel outil fiable et disponible en français. Translation, cross-cultural adaptation, and validation of the French version of the Myasthenia Gravis Quality of Life Scale (MG-QOL 15). Birnbaum S, Ghout I, Demeret S, Bolgert F, Eymard B, Sharshar T, Portero P, Hogrel JY. Muscle Nerve. 2016 (Août). * * * ▪ Tout au long de l'année, suivez l'actualité de la recherche dans les maladies neuromusculaires sur le site de l’AFM-Téléthon : WEB www.afm-telethon.fr > Voir toutes les Actus> Maladies 21 ǀ AFMTéléthon ǀ Mai 2017