Eaux courantes Rivières alpines avec végétation ripicole herbacée 3220 CODE CORINE 24.221 & 24.222 Extrait du Manuel d’interprétation des habitats de l’Union européenne Version EUR 15-1999 PAL.CLASS.: 24.221 et 24.222 1) Peuplements ouverts de plantes pionnières herbacées ou sous-frutescentes, riches en espèces alpines, colonisant les lits de gravier des cours d'eau avec un débit d'été élevé, formés dans les montagnes boréales septentrionales et arctiques basses, dans les collines et, parfois, dans les terres basses, et aussi dans les zones alpines et subalpines des hautes montagnes des régions plus méridionales, parfois avec stations abyssales de basse altitude (Epilobion fleischeri p.) (24.221). Peuplements ouverts ou fermés de plantes herbacées ou sous-frutescentes pionnières, colonisant, dans les étages montagnard et submontagnard, les bancs de graviers des cours d'eau avec un débit d'été élevé, formés dans les hautes montagnes (Epilobion fleischeri p., Calamagrostion pseudophragmitis) (24.222). 2) Végétales : 24.221 - Astragalus sempervirens, Dryas octopetala, Epilobium fleischeri, Gypsophila repens, Racomitrium canescens, Rumex scutatus, Saxifraga aizoides, S. bryoides, S. caerulea, Trifolium palescens ; Caractères généraux Cet habitat herbacé correspond à des végétations pionnières des bords de cours d'eau, s’installant sur des substrats alluviaux récents constitués d’éléments grossiers, pauvres en terre fine et en matière organique. Les stations sont caractérisées par une alternance de phases d’inondation (fonte des neiges) et de phases de dessèchement pendant lesquelles l’alimentation en eau est assurée par la nappe phréatique. La situation de ces végétations est par conséquent souvent précaire : elles sont détruites fréquemment par les crues et se reconstituent sur de nouveaux bancs de galets. En l’absence de fortes perturbations (crues marquées), elles évoluent lentement vers les habitats à Myricaire d'Allemagne (Myricaria germanica, UE 3230) et à Saule drapé (Salix elaeagnos, UE 3240). Cet habitat s’observe de l’étage alpin (parfois à proximité des glaciers) jusqu’à l’étage collinéen, dans les Alpes, les Causses et les Pyrénées. Il est très sensible aux modifications hydrauliques du torrent ou de la rivière et à l’eutrophisation. La principale mesure de gestion consiste à préserver l'hydrosystème et à laisser faire la dynamique naturelle. 24.222 - Chondrilla chondrilloides, Calamagrostis pseudophragmites, Erucastrum nasturtiifolium, Gypsophila repens, Dryas octopetala, Aethionema saxatile, Epilobium dodonaei, Erigeron acris, Leontodon berinii, Buphthalmum salicifolium, Euphorbia cyparissias, Fumana procumbens, Agrostis gigantea, Anthyllis vulneraria ssp. alpestris, Campanula cochleariifolia, Hieracium piloselloides, Conyza canadensis, Pritzelago alpina, et plantules de Salix elaeagnos, Salix purpurea, Salix daphnoides et Myricaria germanica. 3) Correspondances : Classification nordique : « 7211 Calamagrostis stricta-Lotus corniculatus-Oxyria digyna-typ », « 7214 Racomitrium canescens-Oxyria digyna-typ », « 7222 Eriophorum scheuchzeri-typ », « 7223 Calamagrostis stricta-typ » and « 7224 Carex aquatilis-Equisetum fluviatile-typ ». Déclinaison en habitats élémentaires L'habitat a été décliné en 3 habitats élémentaires en fonction de la répartition géographique et altitudinale des stations : 1 - Végétations ripicoles herbacées des étages subalpin et montagnard des Alpes 2 - Végétations ripicoles herbacées de la base de l'étage montagnard et de l'étage collinéen des Alpes et des Causses 3 - Végétations ripicoles herbacées des cours d'eau pyrénéens 157 Eaux courantes GIREL J., 1993.- Les aménagements du XIXe siècle dans les basses vallées de la Durance et du Var. Impacts sur l’écologie du paysage. Actes du colloque sur l’aménagement et la gestion des grandes rivières méditerranéennes, p. : 37-42. Position des habitats élémentaires au sein de la classification phytosociologique française actuelle HAGENE Ph., 1937a.- Contribution à l'étude de la flore des alluvions fluviatiles. Bulletin de la Société d'histoire naturelle de Toulouse, 71. ➤ Végétation pionnière sur éboulis, graviers, blocs : Classe : Thlaspietea rotundifolii Communautés surtout calcaricoles des étages montagnard à alpin : Ordre : Thlaspietalia rotundifolii ■ Végétation pionnière sur éboulis carbonatés filtrants des Pyrénées : Alliance : Iberidion spathulatae ● ◆ Association : phase initiale de l'association à Carduus carlinoides et Crepis pygmaea 3 Communautés pionnières sur graviers, galets, sables alluviaux : Ordre : Epilobietalia fleischeri ■ ● Végétation herbacée des dépôts alluviaux essentiellement des Alpes : Alliance : Epilobion fleischeri (= Calamagrostion pseudophragmitis) ◆ Associations : Calamagrostietum pseudophragmitis 1 Epilobietum fleischeri 1 Epilobio dodonaei-Scrophularietum caninae 2 Erucastro nasturtiifolii-Calamagrostietum pseudophragmitis 3 Myricario germanicae-Chondrilletum chondrilloidis 1 HAGENE Ph., 1937b.- Observations et expériences sur la migration des espèces des alluvions fluviales. Bulletin scientifique de Bourgogne, 7. HAGENE Ph., 1938.- Influence des cours d’eau sur la flore de leurs alluvions. Compte rendu sommaire des séances de la Société de Biogéographie, 15. HAGENE Ph., 1939a.- Contributions à l’étude de la flore des alluvions fluviales. III. Rivières jurassiennes. IV. Additions à la flore des alluvions de la Dordogne. V. Notes sur la flore des alluvions de l'Aude et de l'Orlieu. Bulletin de la Société d'histoire naturelle de Toulouse, 73. HAGENE Ph., 1939b.- Contributions à l’étude de la flore des alluvions fluviales. VI. Alluvions du Giffre, de l'Arve et du Rhône entre Bellegarde et Culoz. Station écologique de la Jaysina, Samoëns, 54 p. KLIKA J., 1936.- Sukzession der Pflanzengesellschaften auf den Flussalluvionen der Westkarpathen. Berichte der schweizerischen botanischen Gesellschaft, 46. KRAMMER H., 1953.- Die Vegetation der Innauen bei Braunau. Dissertation Pflanzenphysiolog., Univ. Wien, 89 p. 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Rivières alpines avec végétation ripicole herbacée 3220 Végétations ripicoles herbacées des étages subalpin et montagnard des Alpes 1 CODE CORINE 24.221 & 24.222 Caractères diagnostiques de l'habitat Caractéristiques stationnelles Cet habitat se constitue en pionnier sur des systèmes alluviaux jeunes (galets, graviers, sables, plus rarement sur sédiments fins : limons ou argiles) ; les substrats sont très filtrants et pauvres en matière organique. Il se rencontre de l’étage alpin (jusqu’à proximité des glaciers) à l’étage montagnard. Il s'agit d'un habitat souvent en situation précaire, remis en question par la dynamique fluviale. Il est en effet soumis à une dynamique torrentielle marquée par les crues : les conditions hydriques se caractérisent par une alternance de périodes d’inondation (souvent en saison de végétation avec la fonte des neiges préestivale) et de périodes de dessèchement (avec cependant en général un débit d’été élevé) ; la nappe phréatique permet alors une alimentation des systèmes racinaires. Remarque : certaines espèces sont capables de coloniser des substrats anthropiques (carrières, gravières…). On en retrouve sur les moraines humides en compagnie d’espèces d’éboulis. Parfois, à moyenne et basse altitude, les espèces peuvent également participer au cortège floristique d’éboulis situés en conditions séchardes. Gypsophila repens Calamagrostis pseudophragmites Gypsophile rampante Calamagrostide fauxroseau Erucastrum nasturtiifolium Fausse-roquette à feuilles de cresson Epilobium dodonaei subsp. fleischeri Épilobe de Fleischer Epilobium dodonaei subsp. dodonaei Scrophularia canina Hieracium piloselloides Tussilago farfara Silene uniflora subsp. prostrata Épilobe de Dodoens Scrophulaire des chiens Épervière fausse-piloselle Tussilage pas-d'âne Silène couchée Confusions possibles avec d’autres habitats Il n'y a aucune confusion possible localement compte tenu de l’originalité écologique, stationnelle et floristique. Correspondances phytosociologiques Végétation herbacée des dépôts alluviaux essentiellement des Alpes : alliance de l'Epilobion fleischeri. Variabilité La variabilité de l'habitat est fonction de l'altitude et de la nature du substrat. Aux étages alpin et subalpin, on rencontre, sur les moraines glaciaires, les bords des torrents, en zone susceptible d’être inondée (sur sables, graviers et galets), les communautés à Épilobe de Fleischer [Epilobietum fleischeri]. À l'étage montagnard peuvent s'observer : - sur graviers temporairement et fortement desséchés (sur matériaux riches en calcaire), les communautés à Myricaire d'Allemagne et Chondrille fausse-chondrille [Myricario germanicae-Chondrilletum chondrilloidis] ; - sur sables fins, sédiments vaseux, en zone de sédimentation, irrégulièrement perturbés (développées secondairement avec les travaux hydrauliques, les barrages), les communautés à Calamagrostide faux-roseau [Calamagrostietum pseudophragmitis]. Physionomie, structure Il s'agit d'un habitat le plus souvent ouvert (à recouvrement incomplet) dominé par des plantes herbacées et quelques chaméphytes ou arbustes bas. Les espèces sont fréquemment dotées de feuilles étroites, d’un appareil racinaire important, et possèdent des stratégies efficaces de régénération, ce qui leur permet une adaptation aux perturbations (crues). Erigeron acer subsp. angulosus Myricaria germanica Il s'agit d'un habitat pionnier installé sur les bancs de galets des vallées montagnardes dont l'évolution est directement liée à la dynamique naturelle du cours d'eau. Le maintien de l'habitat est assuré par de violentes crues qui détruisent la partie fixée du sol et sa végétation. Le substrat ainsi rajeuni est réoccupé peu à peu par la variante pionnière. Si le substrat n'est pas bouleversé par une crue violente, il peut s'enrichir en éléments fins, ce qui conduit à une végétation plus fermée (et à la disparition de l'habitat). Plus rarement des arbustes peuvent se développer ensuite : Saule pourpre (Salix purpurea) et Saule drapé (Salix elaeagnos) ou Myricaire en altitude, Bois-de-Sainte-Lucie (Prunus mahaleb), Cornouiller sanguin (Cornus sanguinea), Noisetier (Corylus avellana), Troène vulgaire (Ligustrum vulgare) à basse altitude. À basse altitude, si les crues ne sont pas trop violentes, la végétation de l’habitat est colonisée par diverses espèces de prairies et de groupements rudéraux. Habitats associés ou en contact Habitats aquatiques des cours d'eau (UE 3260). Végétation à Myricaire d'allemagne (UE 3230). Saulaies arbustives à Saule drapé (UE 3240). Aulnaies blanches ou frênaies-érablaies (UE 91E0*). Végétations herbacées nitrophiles des vases exondées (Bidentetea tripartitae) (UE 3270). Espèces « indicatrices » du type d’habitat Chondrilla chondrilloides Dynamique de la végétation Chondrille faussechondrille Érigéron anguleux Myricaire d'Allemagne 160 Rivières alpines avec végétation ripicole herbacée Prairies de fauche à Trisète jaunâtre (Trisetum flavescens) (UE 6520), à Avoine élevée (Arrhenatherum elatius) (UE 6510). Répartition géographique Ces communautés ont été définies dans les Alpes suisses et retrouvées en France où leur aire précise reste à définir. Il peut donc être menacé par les aménagements hydrauliques modifiant le fonctionnement du cours d’eau : - barrages hydroélectriques abaissant le niveau de l'eau et privant les torrents de leur dynamique de crues ; - endiguements des cours d'eau (empierrement des rives…) entraînant localement la disparition de l'habitat ; - ouvertures et exploitations de gravières. Les aménagements touristiques peuvent entraîner une perturbation des sites (sports nautiques). On constate également la disparition fréquente de l'habitat par les processus d’eutrophisation du cours d’eau. Potentialités intrinsèques de production économique Aucune potentialité forestière. Cadre de gestion Rappel de quelques caractères sensibles de l'habitat Cet habitat a une existence et une évolution corrélées à une forte dynamique du cours d’eau. Modes de gestion recommandés Valeur écologique et biologique Ce type d'habitat occupe une très faible superficie et présente par ailleurs une très grande originalité du cortège floristique qui rappelle la végétation des éboulis. Il héberge des plantes rares à l’échelle régionale (Chondrilla chondrilloides, Calamagrostis pseudophragmites…). Espèces de l’annexe II de la directive « Habitats » UE 1545 - Trifolium saxatile, le Trèfle des rochers. La présence, le développement, la reconstitution de cet habitat étant fortement liés à la dynamique torrentielle, on veillera à la protection de l’hydrosystème, de sa dynamique, de son environnement (terrasses alluviales) et on laissera faire la dynamique naturelle. Pour bénéficier de son rôle d’ancrage des berges et îlots, il est important de maintenir l’habitat (ne pas effectuer de décapage, de rectification du lit du cours d’eau avec destruction de la saulaie). En cas d’exploitation au sein de forêts riveraines voisines, on prendra toutes les précautions nécessaires pour éviter la détérioration de cet habitat (ne pas franchir le cours d'eau avec des engins, se garder de faire tomber les arbres en travers du lit). Pour les habitats résiduels, linéaires, d’éventuels travaux de restauration peuvent être entrepris par reconstitution de l’habitat en arrière du cordon, en prélevant du matériel in situ. Divers états de l’habitat ; états de conservation à privilégier Inventaires, expérimentations, axes de recherche à développer États à privilégier Cet habitat est très peu étudié en France. De nouvelles investigations sont nécessaires pour préciser l’aire des différentes communautés et leurs cortèges floristiques locaux. Les variantes pionnières. Autres états observables Phase avec arbustes en cours d’évolution (à retenir comme habitat à Myricaire, UE 3230, ou habitat à Saule drapé, UE 3240). Bibliographie AICHINGER, 1933, 1960. Tendances évolutives et menaces potentielles ARCHILOQUE & al., 1969. BRAUN-BLANQUET, 1949. Ce type d’habitat est lié strictement au maintien de la dynamique des crues ; il s'agit des premiers groupements disparaissant lorsque le lit du cours d’eau est rectifié ou que son débit diminue. 161 BREUILLY, 1998. ELLENBERG, 1963. FRENOIS, 1996. Rivières alpines avec végétation ripicole herbacée GASNIER & CACOT, 1995. OBERDORFER & MÜLLER, 1974. GÉHU & al., 1972. PASSARGE, 1963. GIREL, 1992, 1993. PAUTOU, 1978. HAGENE, 1937a, 1937b, 1938, 1939a, 1939b. RIVALS, 1937. KLIKA, 1936. RIVAS-MARTÍNEZ & al., 1994. KRAMMER, 1953. SANCHIS, 1994. LHOTE, 1985. SAUBERER, 1942. MAYER, 1962. SEIBERT, 1968. MENOZZI, 1951. SMETTAN, 1981. MICHELOT, 1994. MOOR, 1958. STACH & TISNE, 1993. MÜLLER & BÜRGER, 1990. VOLK, 1939. OBERDORFER, 1971. WILMANNS, 1973. OBERDORFER & al., 1967. ZOLLER, 1974. 162 Rivières alpines avec végétation ripicole herbacée 3220 Végétations ripicoles herbacées de la base de l'étage montagnard et de l'étage collinéen des Alpes et des Causses Caractères diagnostiques de l'habitat Caractéristiques stationnelles Cet habitat est installé sur les bancs de galets et d’alluvions sableuses, situées le long des rivières alpines (aux étages montagnard et collinéen) et le long du Tarn et de la Dourbie (dans les Causses). Le substrat est formé de galets calcaires ou granitiques, cimentés par une arène graveleuse sans structure. Sa partie superficielle est très aride lorsqu’elle est dépourvue de terre fine ; le pH est de l’ordre de 7. Les crues rajeunissent fréquemment le substrat ; elles déplacent les galets et déposent de nouvelles couches d’alluvions. Les conditions sont par conséquent difficiles : il y a enfouissement sous des apports alluviaux et la végétation doit être résistante aux déchaussements et aux chocs des galets emportés par le courant rapide. Bupleurum falcatum Iberis linifolia subsp. linifolia Aethionema saxatile Melica ciliata Clematis vitalba Sedum sediforme Cephalaria leucantha Lactuca perennis Plantago sempervirens Saponaria ocymoides Centranthus angustifolius 2 CODE CORINE 24.22 Buplèvre en faux Ibéris à feuilles de lin Aethionéma des rochers Mélique ciliée Clématite vigne-blanche Orpin à port d'orpin Céphalaire à fleurs blanches Laitue vivace Plantain toujours vert Saponaire faux-basilic Centranthe à feuilles étroites Confusions possibles avec d’autres habitats Aucune confusion n'est possible localement compte tenu de l’originalité écologique, stationnelle et floristique. Variabilité Un seul type de communauté a été décrit : l'association à Épilobe de Dodoens et Scrophulaire des chiens [Epilobio dodonaei-Scrophularietum caninae]. Comme variations d’ordre géographique, nous citerons : - la race caussenarde pour laquelle deux variantes ont été identifiées en fonction du substrat : • variante sur galets mobiles où l’Épilobe de Dodoens (Epilobium dodonaei subsp. dodonaei) montre son optimum, • variante sur galets fixés à Armoise champêtre (Artemisia campestris), avec des bryophytes, des plantes succulentes et des espèces xérophiles de pelouse. Il existe un faciès caractérisé par la présence d'espèces acidiphiles descendues des Cévennes : Genêt à balais (Cytisus scoparius), Fougère aigle (Pteridium aquilinum), Germandrée scorodoine (Teucrium scorodonia), Genêt purgatif (Cytisus oromediterraneus)... - la race alpine qui n’a pour l’instant pas été décrite en France mais en Suisse ; différentielles géographiques : Épervière faussepiloselle (Hieracium piloselloides), Silène couché (Silene uniflora subsp. prostrata)... (observée dans les Alpes du sud). Correspondances phytosociologiques Végétation pionnière des alluvions grossières (galets, sables) : alliance de l'Epilobion fleischeri. Dynamique de la végétation Il s'agit d'un habitat pionnier installé sur les bancs de galets des vallées montagnardes et collinéennes dont l'évolution est directement liée à la dynamique naturelle du cours d'eau. Le maintien de l'habitat est assuré par de violentes crues qui détruisent la partie fixée du sol et sa végétation. Le substrat ainsi rajeuni est réoccupé peu à peu par la variante typique à Épilobe. Si le substrat n'est pas bouleversé par une crue violente, il peut s'enrichir en éléments fins, ce qui conduit à une végétation plus fermée avec Artemisia campestris (Causses). Plus rarement des arbustes peuvent se développer ensuite : Bois-de-Sainte-Lucie (Prunus mahaleb), Cornouiller sanguin (Cornus sanguinea), Noisetier (Corylus avellana), Troène vulgaire (Ligustrum vulgare)... La variante à Artemisia était parfois broutée. Physionomie, structure Il s'agit d'une végétation pionnière, constituée de plantes herbacées robustes, vivaces ou bisannuelles. Le tapis végétal est très ouvert, ne recouvrant que 20 à 70% de la surface des alluvions grossières. Son développement optimal se situe en été, au début du mois d’août. On observe la dominance de l'Épilobe de Dodoens sur les galets mobiles et de l'Armoise champêtre sur les sols plus ou moins immobilisés. Habitats aquatiques d'eau courante (UE 3260). Végétation herbacée nitrophile des vases exondées (UE 3270). Saulaies arbustives à Saule drapé (Salix elaeagnos) (UE 3240). Aulnaies-frênaies alluviales (UE 91E0*). Espèces « indicatrices » du type d’habitat Epilobium dodonaei subsp. dodonaei Scrophularia canina Ptychotis saxifraga subsp. heterophylla Habitats associés ou en contact Hêtraies-chênaies, hêtraies à Géranium noueux (Geranium nodosum) et Sauge glutineuse (Salvia glutinosa). Épilobe de Dodoens Prairies de fauche à Avoine élevée (Arrhenatherum elatius) (UE 6510). Scrophulaire des chiens Ptychotis à feuilles variées Prairies humides à Holoschoenus (Scirpoides sp.) et Molinie bleue (Molinia caerulea) (UE 6420, UE 6410). 163 Rivières alpines avec végétation ripicole herbacée Répartition géographique L'habitat a été identifié dans les Causses (vallée du Tarn, de la Dourbie). Son aire, en dehors de cette région, reste à préciser, dans les Alpes en particulier (Alpes du sud…). Il peut donc être menacé par les aménagements hydrauliques modifiant le fonctionnement du cours d’eau : - barrages hydroélectriques abaissant le niveau de l'eau et privant les torrents de leur dynamique de crues ; - endiguements des cours d'eau (empierrement des rives…) entraînant localement la disparition de l'habitat ; - ouvertures et exploitations de gravières. Les aménagements touristiques peuvent entraîner une perturbation des sites (sports nautiques). On constate également la disparition fréquente de l'habitat par les processus d’eutrophisation du cours d’eau. Potentialités intrinsèques de production économique Aucune potentialité forestière. La variante à Armoise champêtre peut être broutée (faible valeur fourragère). Cadre de gestion Rappel de quelques caractères sensibles de l'habitat Cet habitat a une existence et une évolution corrélées à une forte dynamique du cours d’eau. Valeur écologique et biologique Ce type d'habitat occupe de très faibles superficies. On peut noter la très grande originalité du cortège floristique qui rappelle la végétation des éboulis. L'habitat héberge des plantes rares à l’échelle régionale. Modes de gestion recommandés Divers états de l’habitat ; états de conservation à privilégier Pour bénéficier de son rôle d’ancrage des berges et îlots, il est important de maintenir l’habitat (ne pas effectuer de décapage, de rectification du lit du cours d’eau avec destruction de la saulaie). États à privilégier En cas d’exploitation au sein de forêts riveraines voisines, on prendra toutes les précautions nécessaires pour éviter la détérioration de cet habitat (ne pas franchir le cours d'eau avec des engins, se garder de faire tomber les arbres en travers du lit). Variante pionnière. La présence, le développement, la reconstitution de cet habitat étant fortement liées à la dynamique torrentielle, on veillera à la protection de l’hydrosystème, de sa dynamique, de son environnement (terrasses alluviales) et on laissera faire la dynamique naturelle. Pour les habitats résiduels, linéaires, d’éventuels travaux de restauration peuvent être entrepris par reconstitution de l’habitat en arrière du cordon, en prélevant du matériel in situ. Variante à Armoise champêtre. Autres états observables Phase avec arbustes en cours d’évolution (à retenir comme habitat à Saule drapé, UE 3240). Inventaires, expérimentations, axes de recherche à développer De nouvelles investigations sont nécessaires pour préciser l’aire de répartition de ce type d’habitat, en particulier dans les Alpes (éventuellement le Jura). Tendances évolutives et menaces potentielles Ce type d’habitat est lié strictement au maintien de la dynamique des crues ; il s'agit des premiers groupements à disparaître lorsque le lit du cours d’eau est rectifié ou que son débit diminue. 164 Bibliographie VANDEN BERGHEN, 1963. Rivières alpines avec végétation ripicole herbacée 3220 Végétations ripicoles herbacées des cours d’eau pyrénéens 3 CODE CORINE 24.22 & 61.345 Caractères diagnostiques de l'habitat Caractéristiques stationnelles Il s’agit d’une végétation pionnière des grèves et alluvions de granulométrie diverse des ruisseaux et torrents pyrénéens. Cet habitat se rencontre essentiellement aux étages subalpin et montagnard du versant nord des Pyrénées, parfois aux étages inférieurs dans la zone méditerranéenne (Pyrénées orientales et versant méridional). Il se développe au niveau des lits mineurs des cours d’eau (notamment sur les plages déposées en rive convexe des méandres, parfois en arrière d’un cordon colonisé par la saulaie arbustive) comme au niveau des zones d’épandage alluvionnaires formées par débordement lors des crues. Les substrats sont filtrants, souvent mobiles ou meubles, généralement pauvres en matière organique, pouvant être remaniés par la dynamique des cours d’eau. Les conditions hydriques se caractérisent par des alternances de périodes d’inondation (surtout en période de crues consécutives à la fonte des neiges ou à de fortes précipitations) et de dessèchement superficiel du substrat. Variabilité ● Carduus carlinoides Pritzelago alpina Saxifraga aizoides Anthyllis vulneraria subsp. alpestris Rumex scutatus Linaria alpina Tussilago farfara Silene uniflora subsp. prostrata Mentha longifolia Biscutella laevigata Salix spp. (juv.) Euphorbia cyparissias Poa supina Coincya cheiranthos Cirsium glabrum Poa cenisia Androsace vitaliana Reseda glauca Nepeta nepetella Crepis pygmaea Erysimum ochroleucum Veronica ponae Chardon fausse-carline Hutchinsie des Alpes Saxifrage faux-aïzoon Anthyllide alpestre Rumex à écussons Linaire des Alpes Tussilage pas-d'âne Silène couchée Menthe à longues feuilles Lunetière lisse Saules (jeunes) Euphorbe petit-cyprès Paturin couché Coincya giroflée Cirse glabre Paturin du Mont Cenis Vitaliana à fleurs de primevère Réséda glauque Népéta petit-népéta Crépide naine Vélar jaune pâle Véronique de Gouan Variations en fonction de l’altitude Aux étages subalpin et montagnard sur sables, graviers et galets de nature lithologique diverse, des bords ou des lits des torrents : communautés à Fausse-roquette à feuilles de cresson [Erucastro nasturtiifolii-Calamagrostietum pseudophragmitis]. Aux étages subalpin et montagnard des Pyrénées centrales et occidentales, sur dépôts relativement fins riches en carbonate de calcium, se produisant par débordement lors des crues et se desséchant ensuite : phase initiale en station souvent abyssale de l'association à Chardon fausse-carline et Crépide naine (dans son développement optimal, cette association est à rattacher à l'habitat UE 8130, cf. tome « Habitats rocheux »). Physionomie, structure Ces communautés herbacées sont souvent très ouvertes (faible recouvrement au sol), dominées par des espèces à appareil racinaire bien développé (ancrage et alimentation hydrominérale). Compte tenu des conditions stationnelles d’alternance régulière de périodes d’inondation et d’exondation, la phénologie de nombreuses espèces est souvent bouleversée. Cet habitat comporte une majorité d’espèces caractéristiques des habitats d’éboulis situés en amont, ce qui contribue à augmenter leur diversité végétale. Espèces « indicatrices » du type d'habitat Erucastrum nasturtiifolium Scrophularia canina Gypsophila repens Confusions possibles avec d'autres habitats En principe, il n’y a pas de confusion possible, compte tenu de l’originalité écologique et stationnelle, et malgré l’enrichissement en espèces des habitats d’éboulis. Correspondances phytosociologiques Végétation herbacée des dépôts alluviaux des Pyrénées : alliance de l'Epilobion fleischeri. Végétation pionnière montagnarde et subalpine des bords de torrents affine de l’Erucastro nasturtiifolii-Calamagrostidetum pseudophragmitis décrit des Monts Cantabriques. Végétation pionnière sur éboulis carbonatés filtrants des Pyrénées : alliance de l'Iberidion spathulatae. Végétation pionnière des dépôts alluvionnaires épandus lors des crues épisodiques, aux étages montagnards et subalpins : phase initiale de l’association orophile à Carduus carlinoides et Crepis pygmaea. Dynamique de la végétation Il s’agit d’un habitat pionnier installé sur les bancs de galets et autres alluvions des vallées pyrénéennes. Fausse-roquette à feuilles de cresson Scrophulaire des chiens Gypsophile rampante C’est un habitat azonal permanent si le substrat est périodiquement bouleversé par des crues violentes, sinon l’enrichissement en éléments fins favorise la fermeture de la végétation, notamment par l’installation de graminées. 165 Rivières alpines avec végétation ripicole herbacée Des arbustes (Saule drapé, Salix elaeagnos, Saule pourpre, S. purpurea, Saule bicolore, S. bicolor, Nerprun des Alpes, Rhamnus alpina…) ne peuvent s’y développer que si l’habitat n’est pas maintenu par des phases de régression. La succession dynamique peut être anéantie par une crue violente rajeunissant le milieu, qui sera à nouveau colonisé par la végétation pionnière très ouverte de départ. Un enrichissement en azote (proximité des reposoirs à bestiaux) peut entraîner la colonisation par des espèces rudérales : Chénopode Bon Henri (Chenopodium bonus-henricus), Rumex (Rumex spp.), Capselle bourse-à-pasteur (Capsella bursa-pastoris), Ortie dioïque (Urtica dioica)… Le cortège floristique, d’une grande originalité, est dominé par des espèces des pierriers, souvent en stations abyssales. On y observe, de plus, la présence d’espèces endémiques pyrénéennes : Erucastrum nasturtiifolium subsp. sudrei (l'Érucastre de Sudre), Carduus carlinoides, Cirsium glabrum, Reseda glauca, Veronica ponae… Les biotopes sont exploités par la faune : Euprocte des Pyrénées (Euproctus asper), Desman des Pyrénées, Chevalier guignette (Actitis hyploleucos), Bergeronnette des ruisseaux (Motacilla cinerea)… Ils jouent un rôle relatif de fixation des grèves riveraines. Habitats associés ou en contact Espèces de l'annexe II de la directive « Habitats » Habitats aquatiques des cours d’eau (UE 3260). Végétation à Myricaire d'Allemagne (Myricaria germanica, UE 3230). Saulaies arbustives à Saule drapé (UE 3240). Pelouses paturées à Fétuque rouge (Festuca rubra) et Nard raide (Nardus stricta) (UE 6230). Végétation des pierriers (UE 8110, UE 8130). Mégaphorbaies (UE 6430). Hêtraies-sapinières (Cor. 42.1, Cor. 43). UE 1301 - Galemys pyrenaicus, le Desman des Pyrénées. Répartition géographique Ces communautés endémiques des Pyrénées occupent une superficie souvent très réduite. Leur aire précise reste à affiner : - communautés riveraines à Fausse-roquette à feuilles de cresson : Pyrénées ; - communautés pionnières à Chardon fausse-carline : Pyrénées centro-occidentales. Valeur économique et sociale Intérêt pédagogique en raison de la possibilité d’observer de nombreux orophytes fleurissant précocement en stations abyssales. Divers états de l'habitat ; états de conservation à privilégier États à privilégier Phase pionnière optimale. Autres états observables Phase en cours d’évolution comportant des arbustes (à retenir comme habitat à Myricaire, UE 3230, ou habitat à Saule drapé, UE 3240). Tendances évolutives et menaces potentielles C’est un habitat très sensible aux modifications des régimes torrentiels dues essentiellement à des causes anthropiques : construction de barrages hydroélectriques et de retenues entravant la dynamique fluviatile naturelle, pollutions diverses des cours d’eau, modifications du profil en long des torrents par endiguements, prélèvements de matériaux (sables, graviers, galets)… Potentialités intrinsèques de production économique Valeur écologique et biologique Il s’agit d’un habitat rare couvrant de très faibles superficies et appartenant au complexe d’habitats rivulaires (interface habitats aquatiques/habitats terrestres) de grande valeur écologique (diversité biologique, réservoir de faune). 166 Aucune. Rivières alpines avec végétation ripicole herbacée Cadre de gestion Une gestion globale de l’ensemble du complexe rivulaire est fortement recommandée. Rappel de quelques caractères sensibles de l’habitat Autres éléments susceptibles d’influer sur les modes de gestion de l’habitat C’est un habitat lié à la dynamique torrentielle naturelle, sensible à toute régularisation du régime torrentiel, à la dégradation de la qualité des eaux et aux modifications du profil en long du cours d’eau (sauf pour ce dernier point s’il s’agit d’opérations indispensables à la restauration des habitats en question). Habitat appartenant à un complexe rivulaire de grand intérêt écologique. Inventaires, expérimentations, axes de recherche à développer Modes de gestion recommandés Il est nécessaire de maintenir la totalité de l’habitat afin qu’il puisse assurer son rôle de fixation des cordons alluvionnaires torrentiels et son rôle écologique. Une attention particulière est à y porter lors de tout type d’intervention sur les rives et dans le lit des cours d’eau concernés. On veillera à ne pas entraver la dynamique torrentielle naturelle, et par conséquent à évaluer les impacts possibles de toute intervention en amont ou en aval des tronçons torrentiels occupés par cet habitat. On doit remédier à toute source de pollution azotée (reposoirs à bestiaux par exemple) pouvant se situer en amont de l’habitat. Le cas échéant, on peut opter pour le choix d’opérations de restauration et de réhabilitation de l’habitat. 167 Des investigations de terrain sont indispensables pour affiner la répartition de l’habitat, sa variabilité écologique et sa caractérisation phytosociologique. Il est indispensable d’établir les règles préalables à des opérations de restauration et de réhabilitation de l’habitat. Bibliographie CHOUARD, 1949a, 1949b. LAZARE, 1987. LAZARE & al., 1998. RIVAS-MARTÍNEZ & al., 1984, 1999.