(LEC) dans le traitement de la maladie de La Peyronie

publicité
◆ ARTICLE
ORIGINAL
Progrès en Urologie (2000), 10, 65-71
Lithotripsie extra corporelle (LEC) dans le traitement
de la maladie de La Peyronie. Utilisation d’un lithotripteur standard
(Multiline Siemens) sur des plaques «jeunes» (moins de 6 mois)
Thierry LEBRET, Jean-Marie HERVÉ, Pierre-Marie LUGAGNE, Philippe BARRÉ,
Martine BUTREAU, Henry BOTTO
Service d’Urologie, Hôpital Foch, Suresnes, France
RESUME
Objectifs : Le traitement de la maladie de La Peyronie reste controversé. Récemment,
la LEC a été proposée pour traiter des plaques symptomatiques. Les résultats, bien
que discordants, et utilisant des critères de jugement souvent subjectifs, semblent
montrer une certaine efficacité sur les plaques «jeunes», c’est-à-dire en phase aiguë
de la maladie. Cette étude a pour but d’évaluer les résultats obtenus avec un lithotripteur classique (Siemens Multiline) sur des plaques apparues depuis moins de 6
mois.
Matériel et Méthode : 26 patients ont été inclus dans cette étude prospective. Ils présentaient tous une plaque douloureuse à l’érection. Sous anesthésie générale, la
plaque était palpée et injectée avec 0,5 à 2 ml de produit de contraste afin de permettre le repérage radiologique. Tous les patients ont reçu 3000 impacts à puissance
7 kilo-joules en 1 séance. Ils ont tous été revus 1 mois et 3 mois après la séance de
LEC.
Résultats : La tolérance a été excellente. Parmi les 26 patients traités : 19 patients
(73%) ont décrit une diminution très nette de la douleur à l’érection, 8 (31%) ont
rapporté une diminution de la courbure à l’érection. Cette diminution n’a été objectivement retrouvée (par le calque ou les photos) que pour 3 patients (11%). Sept
patients (27%) ont ressenti un assouplissement de la plaque. Parmi les patients souffrant de dysfonctionnement érectile, 6 (37%) ont noté une amélioration de la qualité
de l’érection objectivée par le score IIEF.
Conclusion : Il est possible d’utiliser un lithotripteur standard pour traiter les
plaques de la maladie de La Peyronies. La LEC semble avoir un effet antalgique net,
mais son efficacité sur la correction de la courbure du pénis n’est pas clairement
retrouvée dans cette étude.
Mots clés : Maladie de La Peyronie, lithotripsie extra corporelle.
La maladie de La Peyronie se caractérise par une anomalie du tissu conjonctif de l’albuginée de la verge, qui
se traduit par une incurvation de la verge en érection,
une induration en plaque (localisée à la concavité) et
des douleurs à l’érection en phase aiguë. Le diagnostic
est essentiellement clinique. La physiopathologie de
cette maladie est mal connue, mettant en jeu une hyalinisation des fibres collagènes qui s’épaississent, et une
modification structurale des fibres élastiques [2]. Au
cours de la phase aiguë, qui dure entre 2 et 8 mois, la
réaction inflammatoire est maximale et la douleur à
l’érection peut être intense [12]. Aucun geste chirurgical n’est réalisable à cette phase et souvent le patient
est découragé par les traitements oraux (vitamine ou
phytothérapie) non efficaces et par les injections
locales de corticoïde, douloureuses et peu utiles.
La lithotripsie extra-corporelle (LEC) est une nouvelle
arme thérapeutique qui avait été suggérée dès 1996 par
Manuscrit reçu : janvier 2000, accepté : janvier 2000.
Adresse pour correspondance : Dr. T. Lebret, Service d’Urologie, Hôpital Foch,
40, rue Worth, 92150 Suresnes.
65
T. Lebret et coll., Progrès en Urologie (2000), 10, 65-71
BUTZ et qui n’a réellement été proposée aux patients
que depuis 1998. Les résultats publiés semblent encourageants surtout sur les plaques “ jeunes”, c’est-à-dire
lors de la phase aiguë [5, 6, 7]. Nous avons réalisé une
étude prospective pour évaluer l’efficacité et la tolérance de la LEC sur des plaques apparues depuis moins
de 6 mois. Un lithotripteur standard, sans bras mobile,
(servant habituellement à la fragmentation des lithiases
urinaires) a été utilisé.
rale (propofol, Diprivan®), la plaque était palpée et
injectée avec 0,5 à 2 ml de produit de contraste
(Radiosélectan® 76%). La verge était ensuite placée
entre les cuisses latéralement aux testicules (Figure 1).
La plaque opacifiée (Figure 2) était repérée et centrée
sous scopie avant de débuter la séance de lithotriptie.
Tous les patients ont reçu 3000 impacts à puissance 7
Kjoules. La séance de LEC était pratiquée dans le cadre
de l’hôpital de jour.
MATERIEL ET METHODE
Tous les patients ont été revus 1 mois et 3 mois après la
séance de LEC.
De janvier à septembre 1999, 38 patients ont été pris en
charge dans notre service pour une maladie de La
Peyronie. Vingt-six ont été inclus dans cette étude prospective, les douze autres ont étaient exclus car ils
étaient atteints depuis plus de 6 mois ou avaient déjà
subi un autre traitement auparavant.
RESULTATS
Repérage et centrage
- absence d’antécédent d’injection locale ou de traitement chirurgical.
Pour 20 patients, le repérage et le centrage de la plaque
a été facile, pour 6 patients il a été nécessaire d’utiliser
des artifices (billot sous les fesses, tractions sur la
verge, abduction de la cuisse…), afin d’obtenir un bon
centrage. Ces 6 patients avaient tous une plaque proximale qui ne permettait pas de la placer aisément la
verge entre les cuisses à une profondeur de champs
adéquate. La durée moyenne de la LEC a été de 26
minutes (20-70 minutes).
Les critères de jugement étaient :
Effets secondaires
Les critères d’inclusion étaient :
- présence d’une plaque de La Peyronie datant de
moins de 6 mois,
- existence d’une douleur à l’érection,
- la courbure de la verge à l’érection a été appréciée par
des photographies (2 plans) ou par des calques reproduisant les contours de la verge en érection, avant et
après la LEC,
Ils ont été minimes : 2 patients ont présenté une urétrorragie spontanément résolutive en moins d’une
heure, pour 5 patients il a été constaté un hématome
cutané minime en regard de la plaque. Après la séance,
aucun patient ne s’est plaint de douleur.
- la qualité de l ’érection a été éval uée par
l’International Index of Erectile Function (IIEF).
Efficacité
- l‘élasticité de la plaque a été appréciée par la palpation et la traction de la verge lors de l’examen clinique,
Tous les patients ont subi une séance de LEC, 9
patients, qui avait partiellement répondu à ce premier,
traitement ont eu une deuxième séance. Lors des
consultations à 1 mois et 3 mois, il a été constaté :
- la douleur à l’érection du patient a été jugée par
simple interrogatoire lors de la consultation.
- une appréciation globale a été demandée à chaque
patient.
- 19 patients (73%) ont décrit une diminution très nette
de la douleur à l’érection. Cet effet antalgique de la
LEC a été constaté immédiatement après la séance
(lors de la première érection après LEC) et a perduré
(consultation à 3 mois).
Population
- âge moyen : 47 ans (34 – 68)
- 16 patients présentaient une insuffisance érectile
(IIEF entre 11 et 20) dont 7 avaient arrêté tout rapport
depuis l’apparition de la plaque.
- 8 (31%) ont rapporté une diminution de la courbure à
l’érection. Cette diminution n’a été objectivement
retrouvée (plus de 10° sur les calques ou les photos)
que pour 3 patients (11%). Parmi ces 8 patients, 5
décrivaient une amélioration des conditions de rapports
sexuels.
- La courbure était inférieure à 30° pour 10 patients et
supérieure pour 16 patients.
Traitement
- 7 (27%) patients ont ressenti un assouplissement de la
plaque. Cet assouplissement n’a pas pu être mis en évidence par l’examinateur par manque de critère objectif.
Le patient était placé en décubitus dorsal sur le lithotripteur Siemens Multiline puis, sous anesthésie géné66
T. Lebret et coll., Progrès en Urologie (2000), 10, 65-71
Figure 1B. Le pénis est placé ensuite entre les testicules et la
face interne de la cuisse.
Figure 1A. Technique de repérage. La plaque est palpée et
injectée de produit de contraste.
Figure 1C. Un billot permet de maintenir la position.
Figure 2A. De profil (+ 30°).
Figure 2A. Par repérage radioscopique, la plaque injectée de
produit de contraste est centrée avant le début des tirs, de face
(- 10°).
67
T. Lebret et coll., Progrès en Urologie (2000), 10, 65-71
- Parmi les 16 patients souffrant de dysfonctionnement
érectile, 6 (37%) ont noté une amélioration de la qualité de l’érection. Cette amélioration a été confirmée par
un accroissement significatif de l’IIEF, augmentation
de 7,2 points en moyenne (entre 4 et 9), essentiellement
au niveau des questions portant sur l’érection, l’orgasme et la satisfaction de la sexualité.
donc la comparaison plus difficile. Enfin, les critères de
jugement ont trop souvent été subjectifs.
Lors de la consultation 3 mois après la séance, 9 (35%)
patients se disaient satisfaits du traitement.
- Assouplissement de la plaque
En fait, l’efficacité doit être jugée pour différents
symptômes :
- Effet antalgique sur la douleur à l’érection,
- Correction de la courbure
- Amélioration de la qualité de l’érection.
L’effet antalgique sur la douleur à l’érection
DISCUSSION
La douleur, présente en phase aiguë, est un symptôme
souvent décrit par les patients, et, a pour conséquence
de perturber la sexualité, allant jusqu’à être une cause
d’abstinence. La plupart des auteurs s’accordent à
retrouver un réel bénéfice de la LEC pour plus de 70%
des patients [4, 5, 9, 10]. Cet effet antalgique de la LEC
est probablement comparable à celui obtenu sur les
PASH, et semble être expliqué par une destruction des
terminaisons sensitives à l’origine de la sensation de
douleur (récepteur à la douleur) associée à une amélioration de la vascularisation locale et à une modification
des radicaux libres [6]. L’effet placebo peut être discuté car, en effet, dans la plupart des cas, l’histoire naturelle de la maladie de La Peyronie nous a appris que
cette douleur disparaissait spontanément en 6 mois.
Dans notre étude, l’effet antalgique immédiat et
constant obtenu juste après la séance, tend à démontrer
qu’il s’agit bien d’une conséquence bénéfique propre à
la LEC. A ce stade aigu où l’inflammation est maximale, aucun traitement n’avait auparavant réellement
fait la preuve de son efficacité. La LEC semble donc
être une nouvelle arme thérapeutique efficace.
La LEC, bien connue des urologues pour son efficacité
à fragmenter les calculs urinaires, est également utilisée
en médecine du sport pour les tendinites (en particulier
les épicondylites), en rhumatologie pour les calculs des
péri-arthrites scapulo-humérales (PASH) et également
en stomatologie pour la fragmentation des concrétions
calcaires des glandes salivaires. Pour ces utilisations,
des lithotripteurs spécifiques ont été mis au point afin
de permettre l’utilisation d’un bras mobile mettant la
source de fragmentation au contact de la peau, en
regard de la lésion à traiter. Deux modèles sont actuellement commercialisés : le “Minilith” de chez Storz et
le “Lithostar overhead” de chez Siemens. C’est ce type
de lithotripteurs (LT), avec repérage échographique,
qui a généralement déjà été utilisé pour tenter de fragmenter et d’assouplir les plaques de la maladie de La
Peyronie [1, 4, 5, 6, 7, 9, 10]. Ce LT est spécifique,
rare, et peu d’urologues peuvent y avoir accès. Il nous
est donc apparu important d’étudier l’effet d’un LT
classique (non équipé d’un bras mobile) dont nous nous
servons quotidiennement pour traiter les calculs urinaires. Le repérage scopique (par injection de produit
de contraste dans la plaque), utilisé dans notre série, est
original et n’a, semble-t-il jamais été pratiqué auparavant. Cette technique s’est avérée pratique et efficace.
Pour chacun des 26 patients de cette étude, l’injection a
été simple et le repérage scopique facile. Elle permet,
de plus, de traiter des plaques jeunes généralement difficiles à bien individualiser par échographie. Lorsque la
plaque était proximale (racine de la verge), il était
nécessaire de placer celle-ci avec une légère traction,
afin d’avoir une profondeur de champ suffisante.
La correction de la courbure
La correction de la courbure de la verge est probablement le premier symptôme motivant la consultation du
patient. Cette courbure est à la fois une source d’anxiété, mais surtout un frein physique et psychologique au
coït. Les traitements médicaux sont inefficaces. Seule,
la chirurgie permet par plicature de l’albuginée de
redresser l’érection au prix d’une diminution de longueur de la verge, et avec un risque de créer un trouble
d’érection par atteinte neuro-vasculaire. Cela explique
probablement l’engouement à rechercher une méthode
non invasive pour traiter ce symptôme. Les résultats
publiés sur la LEC sont très discordants. En fait, les
bons résultats font état d’une amélioration de la déviation de 10 à 25° pour plus de 50 % des patients étudiés
[4, 9]. GIANNEO et L ERICHE rapportent des résultats
meilleurs avec respectivement 9 et 11% de réalignement parfait de la verge en érection [5, 9]. Pour ces
deux études, il s’agissait de plaques calcifiées datant
souvent de plus d’un an, le traitement comportait entre
Les résultats obtenus par la LEC et rapportés dans la littérature, sont discordants (Tableau 1) car, en fait, de nombreux paramètres propres à la maladie influencent les
résultats (âge de la plaque, degré de calcification, localisation, dysfonction érectile associée…). De plus, la technique utilisée varie : en fait, la réaction physique thérapeutique est créée par la différence de pression générée
dans le fluide dans lequel passe l’onde de choc. Les
lésions ainsi créées dans le tissu traité dépendent donc du
nombre d’impacts et de la puissance énergétique. Or, ces
deux paramètres varient d’une série à l’autre et rendent
68
T. Lebret et coll., Progrès en Urologie (2000), 10, 65-71
Tableau 1. Comparaison de l’efficacité et de la tolérance de la LEC sur les symptômes de la maladie de La Peyronie.
Séries
lithotripteur
n
Augmentation
de l’élasticité
Diminution
de la courbure
Disparition
de la courbure
Disparition
de la douleur
Amélioration
de l’érection
Effets
secondaires
Hauck [6]
Storz Minilith
SL 1
20
NE
Moyenne :
de 43° à 38°
0
0
non
Hématurie
Irritation
locale
Sauter [11]
Dornier Epos
Ultra Device
15
47%
60%
NC
77%
42%
NC
Colombo [4]
Storz Minilith
SL1
90
72%
25%
NC
94%
Gianneo [5]
Storz Minilith
SL1
153
53%
50%
9%
96%
62%
1 urétrorragie
1 hématome
Michel [9]
Storz Minilith
SL1
25
NE
76%
de 58° à 47%
NC
93%
20%
Hématome
hématurie
Mirone [10]
Storz Minilith
SL1
57
verapamil
57%
77%
NC
89%
76%
NC
Leriche [7]
Storz Minilith
SL1
35
51%
51%
11%
NE
63%
NC
Abdel-Salam [1]
Siemens over
head module
Lithostar
24
NE
42%
17%
59%
NE
NC
Présente série
Siemens
Multiline
26
27%
31%
0
73%
37%
5 hématomes
2 urétrorragies
1 urétrorragie
NC : non communiqué, NE : non évalué.
4 à 10 séances de LEC. En comparaison, les résultats de
notre série sont beaucoup plus décevants, 31 % des
patients ont estimé avoir une amélioration de cette
courbure, mais seulement 3 patients ont eu une modification de leurs calques ou de leurs photographies (correction supérieure à 10°). La différence peut s’expliquer par la nature de la plaque, le type de LT et le
nombre de séances, c’est-à-dire la quantité d’impacts
délivrés. Dans notre étude, la plaque était encore à la
phase inflammatoire et probablement moins calcifiée.
Contrairement à l’hypothèse de H AUCK [6], il ne
semble pas que les meilleures corrections de courbure
soient obtenues sur ces plaques jeunes. La LEC est plus
efficace lorsque la calcification est plus importante
comme le pensait MIRONE [6].
un appareil muni d’un bras mobile qui permet une
application directe en regard de la plaque. Il sera donc
nécessaire de réaliser une étude comparative pour
savoir s’il s’agit là d’un simple artifice technique qui
rend les manœuvres plus simples ou d’un réel progrès
technique qui contribue à améliorer le résultat. De
même, le nombre d’impacts nécessaires reste empirique. Dans notre étude, le nombres de choc était moins
import ant (une seul e séance pour la plupart des
patients) mais grâce à l’anesthésie générale, la puissance était supérieure (7 Kjoules).
L’assouplissement de la plaque
Ce critère est difficile à juger. En effet, l‘effet de la traction sur la verge, en cas de plaque de La Peyronie, est
difficile à apprécier. Dans cette étude, il est probablement regrettable qu’aucun critère objectif n’ait été utili-
Le type de LT peut également influencer les résultats.
Toutes les études publiées jusqu’à présent, utilisaient
69
T. Lebret et coll., Progrès en Urologie (2000), 10, 65-71
2. AKKUS E., CARRIER S., BABA K., HSU G.L., PADMANATHAN H., NUNES L., LUE T.F. : Structural alterations in the
tunica albuginea of the penis: impact of Peyronie's disease, ageing
and impotence. Br. J. Urol., 1997, 79, 47-53.
sé, seuls l’appréciation du patient et le palper lors de
l’examen clinique ont été retenus. En fait, aucun examen complémentaire n’arrive à fidèlement mesurer
l’épaisseur de la plaque. L’IRM semble pouvoir éventuellement visualiser les contours, mais cet examen est
insuffisant pour comparer le degré d’épaississement
avant et après traitement [3]. L’assouplissement subjectif de la plaque correspond souvent, pour le patient, à la
correction de la courbure, ce qui explique que beaucoup
d’études rapportent des résultats comparables pour ces
deux critères (entre 40 et 72% de bénéfice) [4, 5, 7,11].
3. ANDRESEN R., WEGNER H.E., MILLER K., BANZER D. :
Imaging modalities in Peyronie's disease. An intrapersonal comparison of ultrasound sonography, X-ray in mammography technique,
computerized tomography, and nuclear magnetic resonance in 20
patients. Eur. Urol., 1998, 34, 128-134.
4. COLOMBO F., MANTOVANI F., PATELLI E., POZZONI F. : Shock
waves in La Peyronie’s disease : two year experience. Eur. Urol.,
1999, 35 suppl. 2, Abst. 494, p. 493.
5. GIANNEO E., NESPOLI R., CONTI G., COMERI G. : La Peyronie’s
disease (IPP) and extracorporeal shock waves therapy (EST) : our
experience. J. Urol., 1999, 161, 4 suppl., abst. 786, p. 205.
L’amélioration de la qualité de l’érection
Dans cette étude, plus d’un tiers des patients souffrant
de dysfonctions érectiles occasionnées par la maladie
de La Peyronie, ont été cliniquement améliorés,
comme le témoigne l’augmentation du score IIEF.
C’est en fait la seule étude, à notre connaissance, qui a
utilisé ce score après LEC. L’amélioration peut être
due à l’effet placebo, mais il est plus probable qu’elle
soit, en fait, la conséquence de l’effet antalgique, qui a
permis aux patients de retrouver un confort lors du rapport. Cette étude ne permet pas de connaître l’action
éventuelle de la LEC sur une plaque engainant le
paquet vasculo-nerveux au niveau de la face dorsale de
la verge et responsable de la DE. Cet engainement peut
être, en effet, à l’origine de l’insuffisance érectile.
Seules des étude histologiques ou des tests de conductions nerveux pourraient étudier cet effet.
6. HAUCK E.W., ALTINKILIC B.M., SCHROEDER-PRINZEN I.,
LUDWIG M., WEIDNER W. : The extracorporeal shock wave therapy in treatment of peyronie’s disease : first results of a case
controlled approach. Eur. Urol., 1999, 35, suppl. 2, Abst. 272, p.
269.
7. LERICHE A., N’GOI C., MORELLE M. : Lithotriptie de la plaque
de La Peyronie par Minilith SL1 ; à propos de 35 cas. Prog. Urol.,9,
5 (supp. 1), abst. O47, p12A.
8. LEVINE L.A : Advances in the medical therapy of Peyronie's disea se: a brief review. Int. J. Impot. Res., 1998, 10, 123-124.
9. MICHEL M A., BRAUN P., SAZOVA O., MUSIAL A., KÖHRMANN
K. U., ALKEN P. : Shock wave therapy for the treatment of peyronie’s
disease : first clinical investigation for the objective determination of
deviation improvement by means of artificial erection. J. Urol., 1999,
161, 4 suppl., abst. 1012, p. 262.
10. MIRONE V., IMBIMBO C., PALMIERI A., FUSCO F. : Our experience on the association of a new physical and medical therapy in
patients suffering from induration penis plastica. Eur. Urol., 1999,
36, 327-330.
CONCLUSION
11. SAUTTER T., BANGERTER U., SULSER T., DIETER H. :
Extracorporal shockwave (ESW) as a new effective treatment in
peyronie’s disease. Eur. Urol., 1999, 35, suppl. 2, Abst. 496, p. 493.
La LEC, en phase aiguë de la maladie de La Peyronie,
semble permettre d’améliorer la symptomatologie des
patients. La bonne tolérance de ce traitement et l’absence de traitement alternatif efficace à ce stade [12],
nous font proposer de première intention la LEC aux
patients symptomatiques. L’effet antalgique semble
être retrouvé dans la plupart des études publiées et,
comme le montre ce travail, est immédiat après la
séance de LEC. Il est trop tôt pour connaître les résultats optimum espérés sur l’assouplissement de la
plaque, et surtout sur la correction de la courbure de la
verge. Néanmoins, ils sont certainement moins bons
que ceux souhaités. Le nombre d’impacts, la puissance
énergétique délivrée, le type de LT utilisé et l’association à d’autres traitements [6] sont à étudier afin d’optimiser cette nouvelle arme thérapeutique.
12. SHUBERT G. E. : Anatomy nd physiopathology of La Peyronie’s
disease and congenital deviation of the penis. Urol. Int., 1991, 47,
231-236.
Commentaire de Albert Leriche, Service d’Urologie, Hôpital
Henry Gabrielle, Lyon.
Tout urologue habitué à la lithotritie aimerait pouvoir se servir
de son appareil pour régler ce problème de La Peyronie même
s’il est peu fréquent. La première surprise est quand même dans
la disparition de la plaque même si statistiquement cela n’a
aucune signification après lithotrithie.
La technique utilisée dans cet article est cependant un peu lourde puisqu’elle oblige déjà à une anesthésie générale et le montage est un peu compliqué avec injection intra-caverneuse. Le
repérage par injection dans la plaque n’est pas très fiable
puisque quand la plaque est vraiment dure, bien repérable cliniquement et échographiquement, le liquide de contraste ne
pénètre pas dans la plaque mais seulement autour. La frappe
paraît également assez lourde et il semble difficile de recommencer plusieurs fois.
REFERENCES
1. ABDEL-SALAM Y., BUDAIR Z., RENNER C., FREDE T.,
RASSWEILER J., EL-ANNANY F., EL-MAGRABY H., ELAKKAD M. : Treatment of Peyronie's disease by extracorporeal
s hock wave therapy: evaluation of our preliminary results. J .
Endourol., 1999, 8, 549-52.
Nous avons d’ailleurs essayé ce même type d’appareillage sans
anesthésie, ce qui est possible à condition d’utiliser un cône spé-
70
T. Lebret et coll., Progrès en Urologie (2000), 10, 65-71
cial monté sur la tête. Le repérage est cependant difficile pour les
mêmes raisons.
tement intéressant quoiqu’encore expérimental. Ainsi, des urétrorragies et des hématomes étant rapportés, les ondes de choc ne
risquent-elles pas de provoquer des altérations irréversibles des
structures érectiles adjacentes à la plaque? En théorie, la lithotritie apparaîtrait plus indiquée en cas de plaque calcifiée et étendue. Actuellement, il convient de mieux cerner les meilleures
indications de lithotritie et d’affiner la technique. Il n’en reste
pas moins qu’à 3 mois, un tiers des patients se disent satisfaits ce
qui n’est pas négligeable. Si ces bons résultats se confirment, les
auteurs auront eu le mérite de proposer une solution pragmatique
en utilisant des lithotriteurs non spécifiquement adaptés évitant
l’ investissem ent non négligeable d’un minilithotripteur.
L’injection de produit de contraste est un moyen astucieux facilitant le repérage qui n’est pas toujours simple dans notre expérience avec les échographes équipant les minilithotripteurs.
Il est donc beaucoup plus simple d’envisager un repérage échographique et pour l’instant la méthode qui nous est apparue la
plus simple est l’utilisation du lithotriteur pour les glandes salivaires et les articulations type Storz avec lequel nous avons traité 35 patients à 2000 coups par séance, 50 bars maximum, 2,5 à
4 d’intensité pendant 4 à 10 séances avec comme résultats :
- 13 patients sans amélioration avec une courbure identique et un
rapport impossible,
- 18 patients améliorés avec diminution du volume, assouplissement de la plaque et rapports possibles,
- 4 patients guéris avec disparition de la plaque, une verge droite et des rapports normaux.
Le coût de l’appareillage ne permet pas un fonctionnement urologique pour la seule maladie de La Peyronie mais il pourrait
être utilisé dans le cadre d’une association, en particulier avec les
médecins du sport pour lesquels les indications sont beaucoup
plus nombreuses.
1. BONDIL P., SALTI R.S., BOUGUETAIA A., ALADAWI F., SABBAGH R. Maladie de La Peyronie : la clinique a-t-elle encore un
intérêt? Andrologie, 1998, 8, 138-147.
____________________
SUMMARY
Commentaire de Pierre Bondil, Service d’UrologieAndrologie, Centre Hospitalier de Chambéry.
Extracorporeal shock wave lithotripsy (ESWL) in the treatment of La Peyronie disease. Use of a standard lithotriptor
(Siemens Multiline) on «young» plaques (less than 6 months).
Les auteurs ont essayé un lithotriteur non spécifique pour traiter
la maladie de La Peyronie. Devant l’efficacité prépondérante et
rapide sur la douleur (73% des patients), ils proposent de l’utiliser en première intention pour les patients symptomatiques. Cela
nous paraît un peu prématuré. Au stade initial inflammatoire, on
ne peut pas dire qu’aucun traitement n’a fait la preuve de son
efficacité. Avec une expérience de plus de 200 cas, les infiltrations intracaverneuses de corticoïdes ne m’apparaissent ni douloureuses ni inutiles. Au contraire, elles sont exceptionnellement
inefficaces sur la douleur. Associée à de la xylocaïne, le patient
est rapidement soulagé (après 3 infiltrations en moyenne).
L’amélioration de la courbure et du nodule reste par contre beaucoup plus inconstante. Dans mon expérience, les meilleurs résultats sont obtenus en cas de La Peyronie vue tôt en phase inflammatoire (d’où l’efficacité du traitement corticoïde). Il n’y a pas
d’indication en cas de plaque ancienne ou calcifiée en l’absence
de douleur et/ou de modification récente de la taille du nodule
et/ou de la courbure traduisant une poussée inflammatoire.
Objectives : The treatment of La Peyronie disease is still contro versal. ESWL has been recently proposed to treat symptomatic
plaques. The results, although discordant and often based on
subjective assessment criteria, appear to show a certain degree
of efficacy on so-called young plaques, i.e. during the acute
phase of the disease. This study was designed to evaluate the
results obtained with a classical lithotriptor (Siemens Multiline)
on plaques present for less than 6 months.
Material and Method : 26 patients were included in this pros pective study. All presented a painful plaque on erection. The
plaque was palpated under general anaesthesia and 0.5 to 2 ml
of contrast agent were injected to allow radiological visualiza tion. All patients received 3000 impacts at a power of 7 kilo joules in 1 session and all were reviewed 1 month and 3 months
after the ESWL session.
Results : Treatment was perfectly tolerated. Among the 26
patients treated : 19 patients (73%) reported a very marked
reduction of pain on erection and 8 (31%) reported a reduction
of curvature on erection, but this reduction was demonstrated
objectively (by tracing or photographs) for only 3 patients
(11%). Seven patients (27%) experienced softening of the plaque.
Six (37%) of the patients suffering from erectile dysfunction
reported improvement of the quality of erection, as reflected by
the HEF score.
Comme le soulignent à juste titre les auteurs, les séries publiées
sont trop inhomogènes tant pour la description clinique (ancienne té, c alc ifications, doule ur...) que pour la mé thodologie
(nombre d’impacts, puissance, nombre de séances...). Des études
complémentaires sont donc indispensables avant de diffuser la
méthode. La place des examens paracliniques est réduite dans la
maladie de La Peyronie. Néanmoins, pour cette phase obligatoire d’évaluation, une radiographie sans préparation de la verge en
extension et une échographie pénienne sont nécessaires afin
d’objectiver la présence de calcifications et la taille du nodule.
Seules des études utilisant des critères cliniques rigoureux et
complets (notamment la mesure de l’extensibilité de la verge,
méthode objective) permettront de comparer valablement les
séries [1].
Conclusion : A standard lithotriptor can be used to treat La
Peyronie plaques. ESWL appears to have a marked analgesic
effect, but its efficacy on correction of curvature of the penis was
not demonstrated in this study.
Key words : La Peyronie disease, extracorporeal shock wave
lithotripsy.
Malgré ces réserves, le lithotriteur semble être un nouveau trai-
___________________
71
Téléchargement