Morphologie de l`oreille et nomenclature

publicité
Morphologie de l’oreille
et nomenclature
Y. Rouxeville
Résumé
Le pavillon de l’oreille comporte deux faces. La plus connue est la face latérale (ou
externe), l’autre est la face postérieure (dite mastoïdienne). Un nom de code a été attribué par l’OMS aux différentes parties. La localisation d’un organe n’étant jamais au
même endroit chez tout le monde, on la situe dans un secteur préférentiel où l’on
recherchera le point. Ainsi chacun pourra enfin parler du même endroit, sans risque
d’erreur.
La nomenclature de l’OMS
Elle a été établie les 28, 29 et 30 novembre 1990, à Lyon, avec l’accord unanime de
quarante experts venus des « six » continents de notre planète. En effet, pour l’OMS,
l’Amérique du Nord et l’Amérique latine sont deux continents différents (1).
Tous les sigles des zones de l’oreille portent quatre lettres. Les deux premières sont
toujours MA (microsystème d’acupuncture), les deux dernières sont un rappel du
nom anglais de cette zone. À la face postérieure, la troisième lettre est obligatoirement
P. Il s’agit d’un code mondial.
La face latérale (ou face externe) (2)
1
Au plan de la forme et de l’aspect, elle comporte quatre parties (convexes, concaves,
plates) :
– la conque, partie creuse et concave, qui est une sorte d’entonnoir central ;
– cinq parties convexes en relief : l’hélix, l’anthélix, le tragus, l’antitragus, l’échancrure intertragienne ;
– deux parties concaves entre hélix et anthélix : la fosse scaphoïde, la fosse triangulaire ;
1- Natom Auriculo 1.2PC (2006) Logiciel conçu et réalisé par Geckomédia, Castelnau-le-Lez
56
Auriculothérapie
– le lobule qui est plat, et qui est la seule partie non cartilagineuse.
L’hélix (MA-HX) : gros relief qui entoure la majeure partie de l’oreille. Il comporte plusieurs segments :
– il naît dans la conque sous forme d’une crête mousse (la racine de l’hélix) ;
– puis il se dirige en haut et en avant, en prenant une forme de lame arrondie et incurvée (la branche montante) ;
– il se dirige vers l’arrière, puis vers le bas, jusqu’à l’inconstant tubercule de Darwin ;
– enfin, il descend à l’arrière de l’oreille (queue de l’hélix).
La palpation permet de noter des encoches dans le cartilage, facilitant l’identification du point zéro (entre la racine et la branche montante) et du tubercule de Darwin
(fig. 1).
Fig. 1 - L’hélix (MA-HX).
L’anthélix (MA-AH): gros relief qui semble diviser l’oreille en deux. Il comporte
plusieurs segments :
– la zone des vertèbres cervicales (C) de section arrondie ;
– la zone des vertèbres thoraciques (Th) de section plate ;
– la zone des vertèbres lombaires et sacrées (L-S) de section aiguë (la racine inférieure) ;
– la racine supérieure (fig. 2).
La palpation permet de noter des encoches sur le cartilage de l’hélix, facilitant
l’identification des articulations occipito-atloïdienne (O-C), cervico-thoracique (CT) et thoraco-lombaire (T-L) (fig. 3).
Morphologie de l’oreille et nomenclature
57
Fig. 2 - L’anthélix (MA-AH).
Fig. 3 - Coupes de l’anthélix.
Le tragus (MA-TG) : opercule cartilagineux triangulaire qui s’insère sur la joue.
Le sillon prétragien est sa limite antérieure. On nomme sous-tragus sa face cachée,
qui masque le conduit auditif externe (fig. 4).
L’antitragus (MA-AT) : masse ovoïde. Il est séparé du lobule par le sillon sousantitragal, dit « la ligne des sons » (fig. 4).
L’échancrure intertragienne (MA-IT) : pont entre le tragus et l’antitragus (fig. 5).
Le lobule (MA-LO) : la seule partie molle, non cartilagineuse, de l’oreille (fig. 5).
La fosse scaphoïde (MA-SF) : vaste zone concave située entre l’anthélix et sa
racine supérieure, et l’hélix (fig. 6).
La fosse triangulaire (MA-TF) : petite zone concave située entre les racines supérieure et inférieure de l’anthélix, et la branche montante de l’hélix (fig. 6).
58
Auriculothérapie
Fig. 4 - Le tragus (MA-TG) et l’antitragus (MA-AT).
Fig. 5 - L’échancrure intertragienne (MA-IT) et le lobule (MA-LO).
La conque est elle-même divisée en deux zones concaves par la racine de l’hélix :
– demi-conque supérieure (MA-SC), cymba conchae ;
– demi-conque inférieure (MA-IC), cavum conchae (fig. 7).
Morphologie de l’oreille et nomenclature
59
Fig. 6 - La fosse scaphoïde (MA-SF) et la fosse triangulaire (MA-TF).
Fig. 7 - La conque (MA-SC et MA-IC).
La conque est bordée par une zone de 1 mm de large, nommée mur de la conque.
Cette région frontière (plane), située entre la conque (concave) et l’anthélix, l’antitragus et l’échancrure intertragienne (convexes), est de grande importance réflexe.
60
Auriculothérapie
La face postérieure (2)
1
Elle est séparée de la mastoïde par le sillon céphalo-auriculaire. Elle présente une surface plus petite que la face latérale, du fait que la zone d’adhérence crânienne correspond à la moitié de la surface de la conque. Aux concavités de la face latérale correspondent des bosses ; aux convexités de la face latérale correspondent des creux (fig. 8).
La gouttière rétro-anthélicale (MA-PI) : la gouttière située à l’arrière de l’anthélix.
La partie centrale postérieure (MA-PC) : entre la gouttière rétro-anthélicale et le
sillon céphalo-auriculaire.
La partie périphérique postérieure (MA-PP) : entre la gouttière rétro-anthélicale
et l’hélix.
La partie lobulaire postérieure (MA-PL) : partie molle en dessous des trois autres
parties.
Fig. 8 - Partie postérieure.
Comment préciser ?
Le sectogramme de Romoli
Le point est précis, mais il n’est pas fixe. Sa topographie varie chez le même individu
en fonction des circonstances, de l’état physiologique, de l’ancienneté des troubles,
etc. Les formes d’oreille sont différentes selon les individus.
De plus, l’oreille grandit avec l’âge. Ce fait d’observation bien connu a été
confirmé par une étude statistique de généralistes anglais, à la suite d’une interroga-
Morphologie de l’oreille et nomenclature
61
tion des honorables membres du Royal College of General Practitioners. Ils n’ont
apporté aucune explication à ce mystère (3).
Au lieu d’une conception étriquée et dogmatique imposant une place précise à un
organe, la notion qui prévaut est celle de retrouver le point dans une zone réflexe probable. Quelle pourrait donc être cette zone ? Certains auteurs ont émis des propositions, afin de positionner un point dans un plan, sur une feuille de papier : schématiser l’oreille avec des coordonnées orthogonales (4), attribuer des numéros à de petites zones (5). L’unanimité ne s’est pas faite, ni dans un cas ni dans l’autre.
La démarche du médecin Italien Marco Romoli est différente. Cet enseignant toscan s’est inspiré de Paul Nogier, qui a décrit « le rayon » : une ligne partant du point
zéro et que nous relions au dermatome (6). Le rayon est un aspect géométrique qui
tranche avec la stricte localisation d’un point. Cette notion est parfaitement admise
au plan occidental.
Paul Nogier avait décrit douze rayons (à 30° les uns des autres) partant du point
zéro. Puis, Durinyan, de Moscou, a repris ce concept et nommé de A à L les douze secteurs auriculaires (7). L’expérience montre que ces secteurs de 30° sont trop vastes.
Marco Romoli a donc proposé le sectogramme, un ensemble de quarante secteurs
de 9° (7). Une évaluation a été faite, montrant que c’est le meilleur mode de report
sur un dessin de schémas transcrits depuis un tableau ou un écran, ou depuis l’oreille
d’un sujet examiné (fig. 9).
Fig. 9 - Le sectogramme de Romoli.
62
Auriculothérapie
Une nomenclature moderne
Les noms de code établis par l’OMS en 1990 sont la base incontournable pour préciser les divers endroits de l’oreille. Le sectogramme de Romoli est facile à comprendre
et pratique à utiliser. Il suffit de relier ces deux approches complémentaires pour éviter toute confusion et permettre une parfaite compréhension au-delà des frontières
et des a priori.
Les auteurs du logiciel Natom Auriculo ont fait suivre le numéro du secteur au
nom de code de l’OMS. Ainsi, le point de la hanche est à rechercher dans la zone MATF 19. Ou encore, le tubercule de Darwin se trouve dans la zone MA-HX 17 et/ou 18.
C’est tout simple1.
Par cet artifice, par cette construction qu’est le sectogramme, ne pourrait-on
accorder l’école chinoise et l’école de Nogier, quand leurs avis divergent de 5 mm
environ pour les localisations de la hanche, du genou et du pied ? En raison de ce désaccord, le membre inférieur n’est pas représenté sur les cartographies de l’OMS.
J’entends encore Jean Bossy nous dire : « De toute façon, les deux localisations sont bonnes : elles sont sur le même territoire nerveux. »
Références
1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.
World Health Organization (1990) Report of the working group on auricular acupuncture
nomenclature. WHO, Genève
Bourdiol RJ (1980) Éléments d’auriculothérapie. Maisonneuve, Moulins-lès-Metz
Vuaille B (1995) Les oreilles grandissent de 0,22 mm par an. le Quotidien du Médecin du 8 janvier
1996, reprenant le British Medical Journal du 23 décembre 1995
Kovacs RJH (1983) L’auriculomédecine en consultation journalière. Maloine, Paris
Oleson T (1990) Auriculotherapy. Manual Health Care Alternatives, Los Angeles, États-Unis
Nogier PFM (1969) Traité d’auriculothérapie. Maisonneuve, Moulins-lès-Metz
Romoli M (2003) Agopuntura Auricolare. Utet, Torino (p. 28-32)
Téléchargement