les aquariums - Museum Aquarium de Nancy

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Ce livret a été réalisé à l’attention des enseignants qui souhaitent préparer une visite
des galeries d’aquariums du Muséum-Aquarium de Nancy.
Pour toute information complémentaire, contacter le MAN au :
03.83.32.99.97
ou consulter son site Internet :
www.man.uhp-nancy.fr
Muséum-Aquarium de Nancy, livret aquariums
Préface
Le Muséum-Aquarium de Nancy représente une ressource importante pour
l’enseignement des sciences de la vie et de la Terre dans l’académie de
Nancy-Metz. C’est un lieu où les élèves peuvent découvrir et explorer le
monde animal, d’une part à partir d’animaux conservés et, d’autre part,
d’animaux vivants. Il est ainsi possible de montrer des animaux
inaccessibles en classe en dehors d’images fixes ou vidéos, de façon très
concrète, ce qui enrichit en particulier la notion, abordée en collège
comme au lycée, de diversité du vivant. Les élèves peuvent aussi, en
observant les animaux aquatiques dans leur milieu de vie, mener des
investigations quant à leurs modes de déplacement, d’alimentation, de
respiration et éventuellement de reproduction. L’exposition actualisée et
rénovée des échantillons conservés est un apport indéniable aux
programmes du collège en ce qui concerne la classification et la
détermination des être vivants.
Nous ne pouvons donc qu’encourager les professeurs de sciences de la vie
et de la Terre du Grand Nancy mais aussi de toute l’académie à emmener
leurs élèves au Muséum-Aquarium de Nancy. Ces visites peuvent, de plus,
être préparées quant à leur exploitation pédagogique en liaison avec le
service éducatif auquel contribue un professeur de SVT. Ce guide les aidera
en cela.
Brigitte Hazard et Pascal Faure
Inspecteurs d’académie - inspecteurs pédagogiques régionaux de SVT
Académie de Nancy-Metz
Novembre 2005
Muséum-Aquarium de Nancy, livret aquariums
Muséum-Aquarium de Nancy, livret aquariums
Sommaire
HISTORIQUE............................................................................................. 1
Les collections patrimoniales de zoologie ......................................................... 2
LES AQUARIUMS ........................................................................................ 3
Introduction ......................................................................................... 4
Le fonctionnement d’un aquarium............................................................... 5
Et au Muséum-Aquarium de Nancy ? ............................................................. 7
QUELQUES MILIEUX DE VIE RENCONTRÉS DANS LES AQUARIUMS ............................... 9
Les récifs coralliens ...............................................................................10
Les mangroves......................................................................................15
LES ANIMAUX RENCONTRÉS DANS LES AQUARIUMS ..............................................17
LES POISSONS .......................................................................................18
Locomotion.......................................................................................19
Equilibre hydrostatique ........................................................................21
Respiration .......................................................................................22
Nutrition ..........................................................................................25
Défense ...........................................................................................31
Reproduction ....................................................................................36
LES INVERTÉBRÉS ..................................................................................39
Les Cnidaires.....................................................................................39
Les Mollusques...................................................................................43
Les Annélides ....................................................................................43
Les Arthropodes .................................................................................44
Les Échinodermes ...............................................................................47
Muséum-Aquarium de Nancy, livret aquariums
Muséum-Aquarium de Nancy, livret aquariums
HISTORIQUE
Le Muséum-Aquarium de Nancy (MAN) est un musée scientifique consacré à la zoologie. Il est
géré par la Communauté urbaine du Grand Nancy et l’Université Henri-Poincaré Nancy-I et a
pour mission permanente de conserver, restaurer, étudier, enrichir les collections qui lui
sont confiées et de rendre ces collections, grâce entre autres, à des actions éducatives,
accessibles au public le plus large.
Le Muséum-Aquarium de Nancy est situé depuis 1934 au cœur de Nancy, à proximité de la
place Stanislas, au 34, rue Sainte-Catherine.
Il est doté d’importantes collections zoologiques actuelles et fossiles, et de 65 aquariums.
Quelques dates clés retraçant l’histoire du Muséum-Aquarium
1798 : création de l’École Centrale de la Meurthe et de son cabinet d’histoire naturelle qui
reçoit les collections regroupées lors de la Révolution. Rémi WILLEMET, nommé
conservateur, initie une politique d’enrichissement des collections.
1839 : Dominique-Alexandre GODRON est nommé conservateur adjoint puis conservateur en
1841. Il accroît les collections en vue d’illustrer son enseignement de zoologie et d’anatomie
comparée.
1930 : à l’initiative de Lucien CUÉNOT, conservateur, une convention est signée entre la
Ville et l’Université autorisant l’édification d’un institut et d’un musée de zoologie sur une
parcelle du Jardin botanique de la rue Sainte Catherine concédée par la Ville jusqu’en 2020.
1932 : début de la construction du bâtiment. Le sous-sol et le rez-de-chaussée sont destinés
aux laboratoires de recherche et aux salles de cours. Le premier étage, est conçu
spécialement pour l’exposition et la conservation des collections zoologiques.
1935 : inauguration de l’établissement. Les collections de zoologie intègrent les vitrines du
premier étage (« musée Cuénot »), des aquariums sont déjà présents dans les laboratoires.
Lucien CUÉNOT
1964 : installation des premiers aquariums d’eau douce dans le hall d’entrée à
l’initiative du Cercle aquariophile de Nancy.
1971-1973 : implantation de 60 aquariums tropicaux d’eaux douce et marine dans les
locaux laissés vacants par le départ des services de zoologie vers le nouveau campus
universitaire.
2000 : projet de restructuration de l’espace muséal du premier étage. Les travaux
débutent fin 2003 et la réouverture au public a lieu en mai 2005.
Muséum-Aquarium de Nancy, livret aquariums
1
Les collections patrimoniales de
zoologie
Les collections d’animaux naturalisés ou en liquide conservateur sont rassemblées depuis
plus de deux siècles. Elles comprennent actuellement plus de 136 000 spécimens parmi
lesquels des représentants d’espèces éteintes récemment (Pigeon migrateur américain,
Coua de Delalande, Thylacine, Lion de l’Atlas, etc.) ou devenues très rares (Perroquet
nocturne, Aye-aye, etc.).
Une partie des spécimens est exposée au premier étage, dans la galerie de zoologie,
mais la plus grande partie est conservée dans les réserves.
Deux vues de l’exposition permanente des collections de zoologie (1er étage du MAN)
2
Muséum-Aquarium de Nancy, livret aquariums
LES AQUARIUMS
Poisson-papillon jaune, Chaetodon semilarvatus
Muséum-Aquarium de Nancy, livret aquariums
3
Introduction
Lors de votre visite, vous allez découvrir environ 450 espèces d’animaux des eaux
tropicales douces et marines, réparties dans 65 aquariums.
La « salle bateau »
L’aquaterrarium amazonien
Grâce à cette visite, vous pourrez …
4

émerveiller vos élèves par la diversité des animaux des eaux tropicales ;

leur faire prendre conscience de l’importance du respect du milieu naturel
pour la sauvegarde des espèces et des écosystèmes ;

utiliser le Muséum-Aquarium de Nancy comme centre de ressources en
zoologie.
Muséum-Aquarium de Nancy, livret aquariums
Le fonctionnement d’un aquarium
Mettre en place un aquarium et y maintenir la vie n’est pas chose facile !
Il faut reconstituer un environnement favorable et prendre soin des êtres vivants qu’on y
fait vivre. Il convient pour cela de se documenter sur les conditions et le milieu de vie
des espèces que l’on compte introduire dans cet aquarium !
Nous allons vous présenter les différentes étapes à respecter pour maintenir un
aquarium.
Première étape : reconstituer un milieu favorable
 L’eau
Elle doit répondre à des critères de qualité :

correspondre aux besoins spécifiques des animaux (eau de mer, eau calcaire,
eau très peu minéralisée…) ;

être bien oxygénée grâce à un système de brassage (exemple : utilisation
d’une pompe ou d’un bulleur) ;

être « propre » grâce à l’utilisation combinée d’un filtre mécanique qui
retient les impuretés et d’un filtre biologique qui dégrade les déchets
organiques dissous.
 La lumière et la température
Dans le milieu naturel, le soleil apporte lumière et chaleur :

la lumière est remplacée par un éclairage programmé tenant compte de la
durée du jour et de l’intensité lumineuse ;

la température est régulée par un thermostat pilotant des résistances
chauffantes ou un système de réfrigération.
Muséum-Aquarium de Nancy, livret aquariums
5
Deuxième étape : introduire les êtres vivants
Pendant trois à quatre semaines, l’aquarium doit fonctionner sans animaux. Ceci permet
la mise en place spontanée des bactéries chargées de dégrader les déchets organiques
(filtre biologique).
Une fois le milieu de vie équilibré, l’introduction des animaux est possible. Il faut
évidemment choisir des espèces qui peuvent cohabiter dans de bonnes conditions, c’està-dire ayant des exigences comparables mais ne risquant pas d’établir des relations de
concurrence ou, pire, de prédation. Enfin, le nombre et la taille des animaux doivent
être adaptés à la taille de l’aquarium.
Troisième étape : bien les alimenter
Les animaux qui peuplent l’aquarium ont besoin de nourriture. Il faut leur apporter les
rations dont ils ont besoin en tenant compte de leur régime alimentaire, de leur taille et
de leur appétit.
Attention ! Pour maintenir les animaux en bonne santé et ne pas polluer l’aquarium, il
faut veiller à ne pas donner trop à manger.
Quatrième étape : entretenir l’aquarium
Pour maintenir les êtres vivants en bonne santé, il faut entretenir régulièrement
l’aquarium. Cela peut paraître contraignant mais c’est indispensable.
Tous les jours :

allumer et éteindre l’éclairage à heures fixes si ce n’est pas automatique ;

contrôler la température et le fonctionnement du filtre ;

nourrir les animaux.
Toutes les semaines :

changer une partie de l’eau ;

nettoyer les vitres ;

tester la qualité de l’eau.
L’aquarium
6
Muséum-Aquarium de Nancy, livret aquariums
Et au Muséum-Aquarium de Nancy ?
Comment sont entretenus les aquariums ?
Chaque jour, les techniciens du service des aquariums s’occupent de l’entretien : ils
nettoient les vitres, les filtres et les autres équipements techniques ; ils contrôlent la
qualité et la température de l’eau ainsi que l’état sanitaire des animaux et des plantes ;
enfin, ils nourrissent les animaux.
D’où provient l’eau ?
L’eau est renouvelée en permanence par un goutte à goutte d’eau déminéralisée, d’eau
douce ou d’eau de mer. L’eau douce provient directement du réseau de la Communauté
urbaine du Grand Nancy.
Cette eau présente des caractéristiques physico-chimiques favorables à l’aquariophilie
(le pH est de 7,8 à 9 et la dureté est faible). Avant d’alimenter les aquariums, l’eau est
réchauffée à une température de 25°C.
L’eau de mer est préparée sur place dans des cuves à partir de l’eau douce du réseau
urbain et de sels spécifiques provenant du commerce aquariophile.
Poisson-lime feuillu, Chaetoderma penicilligera
Muséum-Aquarium de Nancy, livret aquariums
7
D’où viennent les animaux ?
Ils proviennent :

de dons d’amateurs ou d’associations aquariophiles ;

d’achats chez des grossistes (achats d’animaux issus d’élevages ou prélevés
dans le milieu naturel) ;

d’échanges avec d’autres aquariums ou avec des laboratoires de recherche.
Avant de se retrouver face au public, les animaux sont placés en quarantaine pour
vérifier qu’ils sont en bonne santé et qu’ils acceptent la nourriture proposée. Une fois
qu’ils sont habitués à leur nouvel environnement et suffisamment apprivoisés, ils sont
transférés dans un aquarium d’exposition.
Chaque aquarium présente des animaux provenant d’une zone géographique donnée ;
celle-ci est indiquée sur les pupitres placés devant les bassins.
Que leur donne-t-on à manger ?
Tous les lundis, mardis, jeudis et vendredis, on distribue environ :

200 g de petits pois, d’épinards, de brocolis et autres légumes verts. crus ;

150 g de carottes cuites ;

1000 g de moules précuites ;

200 g de zooplancton (Mysis, Krill et Artémias) surgelé ou vivant ;

400 g de vers marins (Néréis) ;

100 g de larves de moustiques ;

500 g de fruits de mer en mélange (Coques, Calamars, Crevettes, etc.) ;

200 g de petits poissons crus (Athérines et Éperlans) ;

300 g de filet de merlu cru ;

100 g de crevettes entières crues ;

100 g de gambas ou de langoustines crues.
Comment soigne-t-on les poissons ?
L’observation permanente des aquariums par les techniciens est primordiale pour
détecter les éventuelles maladies que peuvent contracter les animaux. En cas d’alerte,
ils doivent agir très vite !
Si le poisson est facile à attraper, on l’isole dans un « bac-infirmerie » où on le soigne
avec des médicaments spécifiques ou, en cas d’infection bactérienne, par des
antibiotiques dissous dans l’eau.
S’il s’avère difficile d’attraper le poisson (en raison notamment du décor et du fait
qu’en général les poissons malades se cachent), on traite l’ensemble de l’aquarium avec
des produits adaptés, non dangereux pour l’équilibre biologique de l’aquarium.
8
Muséum-Aquarium de Nancy, livret aquariums
QUELQUES MILIEUX DE VIE
RENCONTRÉS DANS
LES AQUARIUMS
Lépidosirène, Lepidosiren paradoxa
Muséum-Aquarium de Nancy, livret aquariums
9
Les récifs coralliens
La répartition des récifs coralliens
Les océans représentent environ 70 % de la surface du globe mais les récifs coralliens
n’occupent que 250 000 km2. Ils se rencontrent seulement dans la zone intertropicale,
entre les latitudes 30°N et 30°S, là où les eaux peu profondes et limpides ont une
température comprise entre 20°C et 30°C.
Répartition mondiale des récifs coralliens (points bleus)
10
Muséum-Aquarium de Nancy, livret aquariums
Les coraux constructeurs de récifs
Les récifs coralliens sont construits par les coraux dits hermatypiques, anciennement
appelés Madréporaires. Ce sont des colonies de petits animaux simples, les polypes,
associés à des algues brunes unicellulaires microscopiques appelées zooxanthelles. En
s’accroissant, les colonies produisent une assise calcaire qui constitue le récif.
Chaque polype abrite des zooxanthelles dans ses tissus. Entre ces deux êtres vivants,
nous avons une association à bénéfice réciproque (symbiose) dans laquelle :

les zooxanthelles produisent des substances organiques par photosynthèse en
utilisant le dioxyde de carbone et les déchets azotés produits par les polypes.
Ces substances, sucres, glycérol, acides gras et acides aminés, ainsi que le
dioxygène produit par les zooxanthelles alimentent les polypes en
complément de leur apport nutritionnel extérieur (proies capturées par les
tentacules). De plus, l’activité photosynthétique contribue à la fixation du
calcium ce qui accélère l’accroissement du récif corallien ;

les coraux offrent aux zooxanthelles un environnement bien exposé à la
lumière et protégé par leurs cellules urticantes (cnidocystes).
Cette symbiose n’est fonctionnelle que sous une lumière intense et dans une eau
transparente, mais elle nécessite aussi un substrat stable et une température de l’eau
comprise entre 20 et 30°C. Ces exigences expliquent la répartition des récifs coralliens
vue précédemment.
Lorsque survient un déséquilibre nuisible à la photosynthèse (eau trouble, température
excessive, etc.), les zooxanthelles peuvent être expulsées par le corail qui les abrite. La
couleur brune des tissus disparaît alors, laissant voir le squelette par transparence. C’est
le phénomène de blanchiment des coraux.
Nous pouvons rencontrer différents types de colonies coralliennes :

les colonies massives, par exemple : Porites spp. ;

les colonies ramifiées, par exemple : Acropora spp. ;

les colonies foliacées, par exemple : Agaricia spp.
Tentacule
Bouche
Disque oral
Tentacule
Bouche
Cavité gastrique
Colonne
Cloison
Calice
Tissu vivant
recouvrant
le squelette
Squelette
Schéma d’un polype
Coupe d’un polype
Muséum-Aquarium de Nancy, livret aquariums
11
Naissance et croissance d’un récif corallien
 Naissance des colonies coralliennes

La reproduction sexuée
La plupart des coraux sont hermaphrodites. La fécondation se fait dans la
cavité gastrique de l’animal ou en pleine eau. L’œuf donne une larve
nageante, la planula, qui se fixe sur un substrat stable et se transforme en
polype. C’est le début d’une nouvelle colonie.

La reproduction asexuée
Sous l’effet des vagues, des chocs, des prédateurs ou même spontanément,
des fragments de colonie se détachent et tombent. Ils peuvent alors être
transportés par les courants ou les vagues. S’ils rencontrent un substrat stable
favorable à leur implantation, ils peuvent s’y fixer et fonder une nouvelle
colonie.
 Croissance des colonies coralliennes
Le développement d’une colonie résulte de la multiplication de ses polypes, soit
par division, soit par bourgeonnement. Il s’agit donc d’une reproduction asexuée.
La croissance est orientée vers la lumière, c’est-à-dire vers le haut, et vers la
pleine eau, c’est-à-dire vers le large.
Par conséquent, le récif se développe vers le haut et vers le large, en particulier
dans la zone frontale. Cette extension est évidemment limitée en hauteur par le
niveau de la mer mais elle est aussi contrecarrée par les prédateurs et autres
agresseurs : houle, tempêtes, épaves flottantes, etc. La partie la plus exposée à
ces chocs destructeurs est la crête. Les fragments cassés s’accumulent en
contrebas, formant un éboulis sur lequel s’implantent les nouvelles colonies qui
étendront le récif vers le large.
Coupe schématique d’un récif corallien
: sens de développement du récif
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Muséum-Aquarium de Nancy, livret aquariums
Les différents types de récifs coralliens
Il existe deux catégories de récifs coralliens :
 Les récifs continentaux
Ce sont les plus courants. Ils bordent le littoral d’un continent ou d’une île. Leur
évolution dans le temps les fait passer par différents stades :
Le récif frangeant
C’est le stade précoce : le récif borde la
côte au plus près.
Récif
Le récif barrière
Le récif frangeant s’est étendu vers le
large : il est maintenant séparé de la
côte par un lagon.
Récif actuel
Récif ancien
L’atoll
L’affaissement du plancher océanique
sous le poids d’une île (subsidence) peut
conduire à la submersion totale de celleci. Cependant, le récif compense
l’enfoncement par sa croissance vers le
haut. A terme, il ne reste qu’un récif
barrière annulaire entourant un vaste
lagon.
Muséum-Aquarium de Nancy, livret aquariums
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 Les récifs océaniques
Ils se développent sur les hauts fonds océaniques, loin de toute terre émergée. Ils
peuvent constituer une barrière s’ils bordent le plateau continental.
Vents dominants
La consolidation des récifs : formation de calcaires coralliens
Comme nous l’avons vu, les colonies coralliennes poussent vers le haut. Ce faisant, les
parties supérieures font de l’ombre aux parties inférieures qui, privées de lumière,
dépérissent puis meurent. Ainsi, les squelettes des coraux morts supportent les coraux
vivants. Sous le poids, ils se compactent, englobant des fragments et du sable coralliens.
Il se forme alors une roche hétérogène et massive, le calcaire corallien. Du fait de la
subsidence, ce calcaire peut atteindre une grande épaisseur.
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Muséum-Aquarium de Nancy, livret aquariums
Les mangroves
Localisation géographique
Les mangroves se répartissent dans la zone comprise entre le tropique du Cancer et le
tropique du Capricorne (zone intertropicale).
Répartition mondiale des mangroves (points verts)
Qu’est ce qu’une mangrove ?
C’est une association de végétaux ligneux (arbres, arbustes) qui se développe dans la
zone de balancement des marées. Elle se situe à l’embouchure des fleuves ou le long
des côtes protégées, souvent en arrière des lagons coralliens, là où se déposent les
sédiments les plus fins, notamment les vases.
La mangrove constitue une interface entre le milieu marin et le milieu terrestre. Elle
protège le littoral de l’action du vent et des vagues. Elle joue aussi le rôle de « filtre
biologique » en piégeant les particules arrivant du milieu terrestre, des rivières et des
cours d’eau. Si toutes ces matières organiques arrivaient dans le lagon, les coraux
seraient rapidement asphyxiés et ils mourraient.
Grâce au réseau dense des racines des palétuviers et aux organismes fixés qui les
colonisent (algues, microorganismes, mollusques), les mangroves constituent également
une excellente zone de reproduction et de croissance pour de nombreuses espèces
animales (poissons, crustacés, etc.).
Muséum-Aquarium de Nancy, livret aquariums
15
Les végétaux des mangroves
Les végétaux vivant dans les mangroves sont principalement des palétuviers. Ces arbres
ont pour particularité de développer des racines aériennes (pneumatophores) qui
captent dans l’atmosphère l’oxygène absent dans le sol.
On distingue différentes espèces de palétuviers :
 Les Rhizophora (Palétuviers blancs)
Ces arbres hauts de 2 à 10 mètres sont les pionniers de la mangrove. Ils se
rencontrent dans les zones qui ne sont découvertes qu’à marée basse. Branches et
troncs émettent de nombreuses racines aériennes arquées (racines-échasses) qui
s’enfoncent dans la vase et assurent la stabilité de l’arbre.
 Les Bruguiera (Palétuviers genouillés)
Ces arbres poussent en arrière des Rhizophora, dans des sols plus fréquemment
exondés. Leurs pneumatophores ont la forme de genoux.
 Les Avicennia (Palétuviers-asperges)
Ces arbres occupent des sols gorgés d’eau mais qui ne sont inondés qu’à marée
haute. Ils forment des massifs clairsemés et buissonnants de 1 à 2 mètres de haut.
Leurs pneumatophores ont la forme de chandelles.
Exemple de répartition des végétaux dans une mangrove
Au Muséum-Aquarium, quelques pieds de palétuviers (Rhizophora sp.) sont observables
dans le bac mangrove, ainsi que des Poissons-archers (Toxotes chatareus) et des
Poissons-quat’z-yeux (Anableps anableps).
16
Muséum-Aquarium de Nancy, livret aquariums
LES ANIMAUX
RENCONTRÉS DANS
LES AQUARIUMS
Vivaneau voilier, Symphorichthys spilurus
Muséum-Aquarium de Nancy, livret aquariums
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LES POISSONS
Ce sont des Vertébrés aquatiques à respiration branchiale. Les premiers poissons sont
apparus il y a environ 500 millions d’années, à l’Ordovicien. Depuis, ils ont colonisé tous
les milieux aquatiques : des pôles à l’équateur, des eaux douces aux eaux marines et de
la surface aux abysses. Actuellement, environ 4 000 genres et 32 500 espèces de
poissons aux formes, tailles et coloris très variés ont été décrites.
Pour simplifier, dans le langage courant et plus particulièrement dans le langage
culinaire nous parlons de poisson, mais attention, d’un point de vue zoologique ce terme
« poisson » ne correspond à rien dans la classification.
Actuellement nous distinguons deux groupes :
Les Chondrichthyens, ou poissons cartilagineux, qui regroupent les Requins, les Raies et
les Chimères. Ces animaux possèdent un squelette cartilagineux et sont, pour la plupart,
couverts de denticules cutanés.
Spiracle
Nageoire caudale dissymétrique
Œil
Narine
Bouche
Fentes branchiales
Ptérygopodes (mâles seulement)
Caractères particuliers aux Chondrichthyens
Les Actinoptérygiens, ou poissons osseux, qui regroupent la plupart des « poissons » au
sens populaire du terme. Ces animaux possèdent un squelette osseux et sont
généralement couverts d’écailles.
Ligne latérale
Œil
Narine
Nageoire caudale
Bouche
Opercule
Ouïe
Caractères particuliers aux Actinoptérygiens
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Muséum-Aquarium de Nancy, livret aquariums
Locomotion
La plupart des poissons se déplacent en nageant !
Le déplacement par propulsion
L’eau est un milieu dense qui exerce une pression beaucoup plus forte que l’air et par
conséquent engendre une forte résistance au mouvement. Face aux contraintes du
milieu, le poisson a développé une forte musculature.
Une alternance de contractions et de relâchements des muscles disposés de part et
d’autre de la colonne vertébrale permet au poisson de se propulser grâce à sa nageoire
caudale. Les autres nageoires lui servent à diriger son déplacement :

les nageoires impaires (dorsale et anale) permettent au poisson de s’orienter
horizontalement. De plus, si celui-ci veut augmenter sa vitesse de
déplacement, il les plaquera contre son corps afin de diminuer les forces de
résistance ;

les nageoires paires (pectorales et pelviennes) permettent au poisson de
s’orienter verticalement. Elles jouent aussi le rôle de frein : lorsque le
poisson veut ralentir, il déploie ses nageoires pectorales afin d’augmenter les
forces de résistance. En en déployant une seule, il contribue aussi à
l’orientation horizontale.
De plus, le corps est recouvert d’un mucus facilitant le glissement.
Dorsale
Pectorale
Caudale
Pelvienne
(ou ventrale)
Anale
Les différentes nageoires d’un poisson
Muséum-Aquarium de Nancy, livret aquariums
19
D’autres façons de se déplacer
Les poissons de certaines familles utilisent principalement leurs nageoires pectorales ou
dorsales et anales pour se déplacer. La caudale sert surtout de gouvernail mais en cas de
danger elle est aussi utilisée pour se déplacer plus rapidement.
Quelques exemples :
 Utilisation des nageoires dorsale et anale
Poissons-ballons
(Tétraodontidés)
Balistes
(Balistidés)
Diodons
(Diodontidés)
 Utilisation des nageoires pectorales
Labres
(Labridés)
20
Muséum-Aquarium de Nancy, livret aquariums
Équilibre hydrostatique
La plupart des poissons ont une densité légèrement supérieure à celle de l’eau. Pour ne
pas couler, ils doivent maintenir un équilibre hydrostatique. Pour cela, ils ont développé
différents mécanismes de stabilisation.
La vessie gazeuse
Les Actinoptérygiens possèdent généralement une vessie gazeuse (vessie natatoire). Il
s’agit d'un diverticule du tube digestif contenant de l’air. Cette poche de gaz assure
l’équilibre hydrostatique du poisson (flottabilité nulle) à la profondeur à laquelle il vit
habituellement. Si le poisson descend vers les profondeurs, sa vessie est comprimée par
l’augmentation de pression ambiante et il devient plus lourd que l’eau (flottabilité
négative). Inversement, s’il monte vers la surface, il devient plus léger que l’eau
(flottabilité positive) par inflation de sa vessie gazeuse. C’est pourquoi la plupart des
poissons évoluent à une profondeur constante avec des déplacements verticaux limités
en amplitude et en durée. Seules certaines espèces ont la faculté de s’adapter aux
variations importantes de pression en ajustant progressivement le volume de leur vessie.
Dans ce cas, les échanges gazeux ont lieu avec le sang.
Vessie gazeuse
Pharynx
Rein
Colonne vertébrale
Encéphale
Branchies
Cœur
Foie
Rate
Cloaque (anus + uretère + orifice génital)
Gonade
Intestin
Organisation interne d’un poisson osseux
Le foie
Les Chondrichthyens ne possèdent pas de vessie gazeuse mais leur foie bien développé
et très riche en lipides assure leur équilibre hydrostatique.
Muséum-Aquarium de Nancy, livret aquariums
21
Respiration
Comme tous les êtres vivants, les poissons doivent respirer, c’est-à-dire prélever du
dioxygène dissous dans l’eau et rejeter du dioxyde de carbone. Des organes spécialisés
permettent les échanges gazeux entre l’eau et le sang. Celui-ci conduit le dioxygène
jusqu’aux organes et les débarrasse du dioxyde de carbone.
Les organes respiratoires
 Les branchies
Les organes respiratoires typiques des poissons sont les branchies. Les Actinoptérygiens
en possèdent 4 de chaque côté de la tête. Ce sont des prolongements de la surface
corporelle portés par des arcs osseux. Elles ont une paroi mince qui permet les échanges
gazeux et elles sont richement irriguées par le sang, d’où leur couleur rouge. Elles sont
protégées par les opercules, sortes de boucliers articulés qui prolongent les joues. Le
mouvement alternatif des opercules allié à celui du plancher buccal renouvelle l’eau
autour des branchies. Il s’agit donc d’un mouvement respiratoire en deux temps :
1) Inspiration : le plancher buccal s’abaisse et les opercules s’écartent ce qui crée
une aspiration. L’eau pénètre les cavités buccale et branchiales par la bouche
entrouverte ; elle ne peut entrer par les ouïes car la membrane qui borde les
opercules (membrane operculaire) agit comme une valve en se plaquant au corps.
2) Expiration : le plancher buccal remonte et les opercules se resserrent, ce qui
chasse l’eau des cavités buccale et branchiale. Elle ne peut ressortir par la
bouche car des lèvres internes situées derrière les dents (valvules buccales)
ferment le passage ; il lui faut donc sortir par les ouïes en soulevant les
membranes operculaires.
Coupe verticale schématique
de la cavité buccale
Coupe horizontale schématique
de la cavité branchiale
Opercule
Eau
Eau
Inspiration
Branchies
Plancher buccal
Membrane operculaire
Valvules
buccales
Expiration
22
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Les Chondrichthyens ne possèdent pas d’opercules et les ouïes sont remplacées par des
fentes branchiales qui permettent à l’eau de sortir. Afin de s’oxygéner, certains requins,
doivent nager sans cesse bouche ouverte pour créer un courant d’eau. D’autres requins
possèdent une musculature spécifique au niveau des fentes branchiales qui permet la
circulation de l’eau.
Fentes branchiales
Requin chabot
Chiloscyllium griseum
 Organes respiratoires annexes (en complément des branchies)
Les Périophthalmes
Ces poissons des mangroves chassent les Insectes en
grimpant sur les racines des palétuviers et rampent sur la
vase à marée basse. Ils vivent donc dans l’eau et hors de
l’eau : ce sont des poissons amphibies.
Periophthalmus barbarus
Dans l’eau, ils respirent avec leurs branchies. Hors de l’eau,
ils obturent leurs opercules, créant de vastes chambres
branchiales remplies d’eau. Les branchies se retrouvent ainsi
au contact de l’eau et peuvent réaliser les échanges gazeux.
De plus, la peau richement irriguée par le sang permet une
respiration cutanée.
Le Gymnote, Electrophorus electricus
Ce poisson électrique d’Amérique du Sud est doté d’une
double respiration, branchiale et buccale, qui lui permet de
vivre en eau peu oxygénée. Il remonte régulièrement à la
surface pour renouveler la bulle d’air qu’il conserve dans sa
bouche richement vascularisée.
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Le Gymnarque du Nil, Gymnarchus niloticus
Cet autre poisson électrique vit en Afrique. Il remonte en
surface environ une dizaine de fois par heure pour
renouveler la provision d’air que contient sa vessie gazeuse.
Celle-ci est en communication avec son œsophage et a une
fonction pulmonaire.
Les Polyptères
L’organe respiratoire annexe de ces poissons primitifs
africains est un double sac dérivé de la vessie gazeuse.
Polypterus ornatipinnis
Les Dipneustes
Ces poissons « primitifs » d’Afrique, d’Amérique tropicale et d’Australie possèdent deux vrais
poumons en forme de grands sacs allongés. Ils possèdent aussi des branchies mais elles sont
réduites.
Protoptère
Protopterus annectens
Afrique
Lépidosirène
Lepidosiren paradoxa
Amérique du Sud
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Nutrition
Comme pour tous les autres Vertébrés, la prise de nourriture chez le poisson s’effectue
par la bouche. La forme de la bouche et de la mâchoire est caractéristique d’une
famille. Elle est en relation avec le type de nourriture consommée.
Source de
nourriture
Forme de la
bouche et de la
mâchoire
Schéma
Exemple
Bouche allongée en
Polypes + petits
forme de pincette
Les Poissons-papillons
invertébrés
pourvue de dents très
(Chétodontidés)
fines
Petite bouche avec des
Algues + herbes
marines
lèvres épaisses et dents
en forme de spatules
pour brouter et racler
Les Poissons-chirurgiens
(Acanthuridés)
les algues
Les mâchoires portent
Branches de coraux
deux plaques osseuses
Les Poissons-ballons
(les plaques dentaires)
(Tétraodontidés)
formant un bec
Bouche allongée,
Insectes posés sur les
racines des palétuviers
orientée vers le haut et
sillon sur la langue pour
projeter un bref jet
Les Poissons-archers
(Toxotidés)
d’eau
Petits invertébrés
enfouis dans la vase
Algues tapissantes +
microorganismes
Petits animaux posés
sur le fond
Bouche tubulaire
terminée par un
barbillon sensoriel
Les Poissons-éléphants
(Mormyridés)
Lèvres en forme de
Les Poissons-chats
disque et dents
cuirassés à ventouse
râpeuses
(Loricaridés)
Plusieurs longs
Les Silures sud-
barbillons autour de la
américains
bouche
(Pimélodidés)
Forme de la bouche et nourriture consommée
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Les différents maillons d’une chaîne alimentaire dans les récifs
coralliens
Les polypes qui composent les colonies de coraux sont généralement logés dans un
squelette calcaire externe. Les récifs sont constitués par ces squelettes calcaires qui
vont former de véritables « montagnes sous marines » d’où le nom de barrière de corail.
Ce milieu est abondant en anfractuosités, en abris et est situé à une faible profondeur :
ceci permet le développement d’une chaîne alimentaire assez complexe.
Au sein de ce réseau alimentaire nous rencontrons :

des phytophages : ils se nourrissent de végétaux ;

des zoophages : ils se nourrissent d’animaux ;

des omnivores : ils se nourrissent de végétaux et d’animaux ;
 Les poissons phytophages
Ces poissons se nourrissent principalement d’algues récifales. Ce sont des brouteurs de
végétaux. Mais attention ! Aucun poisson n’est strictement phytophage, tous peuvent
aussi se nourrir de chair animale lorsque l’occasion se présente.
Les Poissons-chirurgiens (Acanthuridés)
Ils se nourrissent d’algues et d’herbes marines. Ne laissant
pas le temps aux algues de se développer suffisamment, ils
sont munis de dents en forme de spatules leur permettant de
brouter les minces couches d’algues.
Chirurgien bleu
Acanthurus coeruleus
Les Demoiselles (Pomacentridés)
Ce sont des poissons très territoriaux. Ils défendent leur
jardin d’algues contre les autres poissons brouteurs de
végétaux.
Demoiselle bicolore
Neoglyphidodon nigroris
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 Les poissons zoophages
Les poissons prédateurs ont mis en place diverses techniques de chasse pour capturer
leurs proies.
Les Mérous (Serranidés)
Ils se nourrissent de poissons, de Crustacés et de Mollusques.
Leur technique de chasse privilégiée est l’affût. Grâce à leur
capacité à changer de couleur, ils peuvent se camoufler dans
les récifs en restant immobiles. Dès que des proies passent à
leur portée, ils surgissent et les attrapent rapidement.
Mérou bleu
Epinephelus cyanopodus
Les petites proies sont avalées d’un seul coup. En revanche,
face à de grandes proies, les Mérous augmentent
considérablement la taille de leur cavité buccale afin de les
ingurgiter, leurs petites dents inclinées vers l’intérieur
empêchant toute évasion.
Les Balistes (Balistidés)
Leur bouche est relativement petite mais elle constitue un
outil redoutable car les courtes mâchoires portent chacunes
huito dents puissantes et serrées. La mâchoire supérieure
possède en outre une série de six dents soudées ensemble en
arrière de la première rangée.
Baliste Picasso
Rhinecanthus aculeatus
Cette bouche particulière leur permet de se nourrir
d’animaux à carapace tels que des Oursins (proies très
recherchées) : le poisson souffle par la bouche un jet d’eau
puissant qui retourne l’Oursin ; il peut alors attaquer le côté
buccal, moins protégé. Grâce à ce jet d’eau, ils peuvent
aussi extraire du sol des proies enfouies.
Les Poissons-ballons (Tétraodontidés)
Chacune de leurs mâchoires porte deux plaques osseuses (les
plaques dentaires) formant un bec puissant. Celui-ci leur
permet de se nourrir d’animaux à coquille, comme les
Bivalves et les Gastéropodes, ou à carapace, comme les
Crustacés.
Poisson-ballon tacheté
Arothron nigropunctatus
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 Les poissons omnivores
Les Poissons-anges (Pomacanthidés)
La bouche puissante des Poissons-anges ressemble à celle
des Poissons-chirurgiens. Ils l’utilisent pour brouter les
Algues, Éponges, Tuniciers et autres organismes incrustés sur
les rochers qui constituent le régime alimentaire de la
plupart des espèces.
Paru, Pomacanthus paru
 Cas particulier des poissons mangeurs de corail
Les coraux sont une source potentielle de nourriture très abondante dans les récifs mais
ils sont protégés par leurs cnidocystes (organes urticants contenant du poison). Malgré
cette stratégie de défense, certains poissons ont développé des techniques pour s’en
nourrir. Ces derniers, même s’ils sont exclusivement des prédateurs de polypes, ont un
régime alimentaire quasiment omnivore : la plupart des coraux sont associés à des
algues unicellulaires, les Zooxanthelles, qui vivent à l’intérieur de leurs tissus et qui sont
ingérées avec les polypes… !
Les Poissons-papillons (Chaetodontidés)
Ils ont une bouche allongée en forme de pincette pourvue de
dents très fines. Elle leur permet de saisir les polypes ou les
petits Crustacés cachés dans les ramifications des coraux.
Chelmon à long bec, Chelmon rostratus
Les Poissons-perroquets (Scaridés)
Leurs dents fusionnées constituent un bec puissant avec
lequel ils broient les coraux branchus. Ils sont parmi les
premiers producteurs de sable corallien.
Poisson-perroquet brun, Scarus niger, robe femelle
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Les différents maillons d’une chaîne alimentaire dans les eaux
douces tropicales
Sur Terre, les végétaux constituent le premier maillon des chaînes alimentaires. Dans les
milieux aquatiques, c’est le phytoplancton (plancton végétal) qui joue ce rôle. Il est
constitué d’organismes chlorophylliens microscopiques qui flottent dans l’eau. Les
principaux composants du phytoplancton sont les Diatomées, les Chrysophycées, les
Pyrophytes, les Chlorophytes et les algues microscopiques. Ce phytoplancton est
consommé par du zooplancton (plancton animal). Celui-ci servira d’alimentation pour de
nombreuses espèces de poissons et ces poissons seront ensuite mangés par d’autres
espèces zoophages.
Diatomée
Chrysophycée
Chlorophyte
Les principaux composants du phytoplancton
L’Amazonie : exemple d’un écosystème équatorial particulier
Dans cette région, la forêt est très dense. Les petits cours d’eau sont sous le couvert, les
grands sont profonds et ont une eau fortement teintée par les tanins, les acides
humiques ou les limons en suspension. Ces conditions empêchent la lumière solaire de
pénétrer les milieux aquatiques. Le phytoplancton ne peut donc pas se développer.
Pourtant, ce sont des milieux où il existe une diversité animale très importante. Ceci est
possible grâce à l’apport de matière végétale (feuilles, fleurs, fruits, etc.) issue de la
forêt surplombante. De plus, durant la saison des pluies, les cours d’eau débordent et
inondent la forêt. Les poissons ont alors accès à toute la matière végétale, vivante et
morte, du sol forestier.
Ce sont donc les végétaux forestiers qui constituent le premier maillon de la chaîne
alimentaire aquatique. On comprend alors l’ampleur de la catastrophe écologique
engendrée par la déforestation : la disparition quasi complète de la flore terrestre
provoque celle de la faune aquatique.
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29
Quelques exemples de nutrition dans les mangroves
Les Périophthalmes (Periophthalmus spp.)
Ces poissons possèdent des yeux globuleux placés très haut
sur la tête et indépendants l’un de l’autre. Ceci leur
permet de voir simultanément dans des directions
différentes d’où leur nom signifiant en grec : qui regarde
autour.
Ils sont capables de se déplacer sur la vase exondée à
marée basse et même de grimper à plusieurs mètres de
hauteur sur les palétuviers. Leurs nageoires pectorales à
l’allure de petites pattes leur permettent de se déplacer
hors de l’eau en sautillant ou en rampant, à la recherche
d’Insectes, de vers ou de petits Mollusques.
Les Poissons-archers (Toxotes spp.)
Les Poissons-archers sont capables de se nourrir d’Insectes
ou de Gastéropodes situés à l’extérieur de l’eau en
crachant des jets d’eau forts et précis. De l’eau est
maintenue sous pression dans leur bouche dirigée vers le
haut.
Quand un Poisson-archer « tire », ses opercules se ferment
brusquement, comprimant l’eau située dans les cavités
buccale et branchiale. Le jet d’eau est guidé par un sillon
formé sur la langue.
Les Poissons quat’z-yeux (Anableps spp.)
Coupe de l’œil d’un Anableps
Ces poissons ont une vision très originale. Leurs yeux sont divisés en deux par une
cloison et possèdent un cristallin ovale. Ils peuvent voir simultanément au-dessus et sous
la surface de l’eau. Ceci leur permet de se nourrir principalement d’Insectes qui vivent
à la surface de l’eau tout en repérant d’éventuels prédateurs.
30
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Défense
La pression des prédateurs a contraint les espèces proies à développer des systèmes de
défense variés :
Les défenses physiques
 Les épines
De nombreux poissons utilisent les rayons durs acérés de
leurs nageoires comme armes défensives. D’autres, comme
les Poissons-Porcs-épics (Diodon spp.), disposent d’épines
cutanées qu’ils peuvent hérisser face à un agresseur.
Les poissons-chirurgiens portent des épines sur les côtés du
pédoncule caudal. Ce sont des écailles modifiées pointées
vers l’avant et généralement érectiles. Elles sont si
tranchantes qu’on les appelle communément scalpels.
Chirurgien marron
Acanthurus bahianus
 Les dents
Beaucoup d’espèces prédatrices ont une dentition
impressionnante mais peu l’utilisent à des fins défensives.
Les dents des Poissons-ballons, deux sur chaque mâchoire,
forment une sorte de bec massif très puissant capable de
venir à bout de toute coquille. Leur morsure dissuade tout
malveillant.
Poisson-ballon étoilé
Arothron stellatus
 Les carapaces
Poisson-vache
Lactoria cornuta
La stratégie du bouclier protecteur est fréquente chez les
invertébrés : Bivalves, Oursins, Crustacés, notamment, ont
une carapace. Cette protection est plus rare chez les
Vertébrés. On pense, bien sûr, aux Tortues, mais certains
poissons, en particulier les Poissons-coffres tels que les
Lactoria (que l’on appelle aussi Poissons-vaches), ont
développé une carapace constituée de plaques osseuses
fusionnées qui englobe tout le corps. Seuls le pédoncule
caudal et les nageoires ne sont pas à l’abri.
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31
La défense électrique
Quelques centaines d’espèces de poissons sont capables
d’émettre des décharges électriques. On les qualifie
d’électrogènes. Cette électricité est produite par des
organes spécialisés qui dérivent de muscles. Quelques unes
produisent de fortes décharges qui peuvent être utilisées
pour la défense. Chez le Malaptérure, un poisson-chat d’eau
douce africain, la tension peut atteindre 400 V.
Malaptérure
Malapterurus electricus
Les défenses chimiques
 Les épines venimeuses
Les poissons venimeux possèdent des glandes à venin reliées
à certains rayons épineux de leurs nageoires. Par exemple,
chez les Rascasses, les premiers rayons durs de la dorsale et
des pelviennes sont venimeux. La piqûre peut être
extrêmement douloureuse mais n’affecte durablement la
santé que dans de rares cas.
Rascasse-poule
Pterois volitans
 Les sécrétions vénéneuses
Les poissons vénéneux, quant à eux, sécrètent des
substances nocives qui peuvent intoxiquer leurs prédateurs.
Les Poissons-ballons, par exemple, produisent de la
tétrodontoxine au niveau de la peau et des viscères. En cas
de tentative d’ingestion, l’agresseur ressent une brûlure à la
bouche suivie d’une paralysie.
Poisson-ballon tacheté
Arothron nigropunctatus
32
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Les défenses visuelles
Les poissons possèdent des cellules dermiques ou épidermiques spécialisées appelées
chromatophores. Ces cellules contiennent des pigments qui colorent la peau.
Les poissons des récifs coralliens sont souvent richement colorés. Ces couleurs prennent
tout leur éclat à la lumière solaire, celle que l’on trouve près de la surface. À quelques
mètres de profondeur, les choses sont toutes différentes. En effet, les différentes
longueurs d’onde constituant la lumière solaire (les couleurs de l’arc-en-ciel) n’ont pas
la même capacité à pénétrer l’eau : les rayonnements rouges sont arrêtés dès les
premiers mètres alors que les bleus peuvent traverser plusieurs dizaines de mètres.
Ainsi, la lumière paraît-elle rapidement d’un bleu intense lorsque l’on descend en
profondeur.
Rouge
Jaune
Vert
Bleu
4-5 m
15 m
20 m
50 m
Absorption des longueurs d’onde en fonction de la profondeur
Les poissons qui ont une teinte rouge vif lorsqu’ils sont à la surface paraissent noirs
quelques mètres plus bas, en lumière bleue. Ils sont alors totalement invisibles à
l’ombre d’un surplomb rocheux. De même, les poissons jaunes sembleront verdâtres et
passeront inaperçus parmi les algues.
 Le camouflage
Le camouflage est la forme la plus connue de mimétisme.
Du fait de leur immobilité, de leur aspect et leur coloration,
certains poissons sont indiscernables de leur environnement.
Ainsi, les Antennaires, ou Poissons-crapauds, ressemblent à
s’y méprendre à des éponges marines informes : seule une
observation méticuleuse permet de reconnaître en eux des
poissons.
Antennaire strié
Antennarius striatus
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 Les dessins disruptifs
L’alternance de bandes sombres et claires provoque une
rupture de la silhouette. De ce fait, les prédateurs ont du
mal à distinguer les proies rayées. Le phénomène est
amplifié si celles-ci sont en mouvement ou en groupe. Les
Poissons-cochers sont un bon exemple de ce type de
défense.
Poisson-cocher commun
Heniochus acuminatus
 La tromperie
Les prédateurs s’attaquent généralement à la tête des
poissons ; ils la repèrent grâce à la pupille de l’œil. La
présence d’un ocelle (faux œil) à l’arrière du corps et d’une
bande sombre qui camoufle l’œil trompe l’agresseur.
On rencontre fréquemment ce moyen de défense chez les
Poissons-papillons, tel le Chelmon à long bec.
Chelmon à long bec
Chelmon rostratus
Les défenses comportementales
Certaines espèces de poissons ont adopté des comportements particuliers qui
contribuent à les protéger des prédateurs.
 L’augmentation de volume
En cas d’agression, les Poissons-ballons et les Poissons-Porcsépics ingurgitent rapidement une grande quantité d’eau.
Cela provoque une augmentation subite de leur volume qui
déroute suffisamment le prédateur pour qu’il renonce à
poursuivre son attaque.
Poisson-ballon tacheté
Arothron nigropunctatus
NB : Le Poisson-ballon figuré
gonflé ci-dessus est le même
que celui figuré à la page 32
dans son apparence normale.
34
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 L’enfouissement
Confrontés à un prédateur, certains poissons s’enfouissent
instantanément dans le sol là où ils se trouvent. D’autres se
réfugient dans un terrier.
Anguille de jardin tachetée
Heteroconger hassi
Les Anguilles de jardin vivent en colonie sur les fonds
meubles et nus, chacune dans un terrier vertical d’où
n’émerge au plus que la partie antérieure du corps. En cas
d’alerte, toute la colonie disparaît simultanément dans le
substrat.
 L’ancrage
En cas de danger, les Balistes se réfugient dans les
anfractuosités des rochers. Si un prédateur essaie de les en
extirper, ils redressent les rayons épaissis de leurs nageoires
dorsale et ventrale et les bloquent dans cette position grâce
à un verrou osseux. Ainsi « ancrés », il est absolument
impossible de les sortir de leur trou.
Baliste à queue rose
Melichthys vidua
 La symbiose
La symbiose est une association entre deux êtres vivants qui profite à chacune des
parties.
Dans l’association Poisson-clown/Anémone de mer, chaque
partenaire est protégé par l’autre. Le Poisson-clown se
réfugie au sein des tentacules urticants de l’Anémone afin
d’échapper à ses prédateurs. L’Anémone, quant à elle, est
protégée, en particulier des Poissons-papillons, par les
Poissons-clowns qui l’assimilent à leur territoire et la
défendent de toute intrusion.
Poisson-clown à selle
Amphiprion ephippium
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Reproduction
Comme chez tous les Vertébrés, la reproduction des poissons est sexuée. Cela signifie
qu’elle découle de la fécondation du gamète femelle (ovule) par le gamète mâle
(spermatozoïde). La rencontre des deux peut avoir lieu dans l’eau (fécondation externe)
ou dans l’organisme de la femelle (fécondation interne). Chez les poissons, ces deux
types de fécondation peuvent être rencontrés, de même que les quatre modes de
reproduction sexuée connus. Le but, lui, est unique : perpétuer l’espèce !
L’ovuliparité
Chez la plupart des poissons osseux, les mâles n’ont pas d’organe inséminateur ; la
fécondation n’est donc pas interne. Les gamètes (ovules et spermatozoïdes) sont libérés
dans l’eau, lieu de la fécondation. Parmi les ovulipares, nous pouvons observer
différentes stratégies pour mener la reproduction à terme.
Ovules libérés en pleine eau et abandonnés après fécondation
AUGMENTATION DE L’EFFICACITÉ REPRODUCTIVE
DIMINUTION DU NOMBRE D’OVULES ET
Ovules libérés dans un endroit protégé mais abandonnés après
fécondation
Ovules pondus dans un nid préparé à l’avance mais œufs abandonnés
Ovules pondus dans un nid préparé à l’avance puis œufs protégés durant
la période d’incubation par un adulte
Ovules pondus dans un nid préparé à l’avance puis protection par les
adultes jusqu’à la nage libre des alevins
Ovules pondus dans un nid préparé à l’avance, protection par les adultes
maintenue jusqu’à quelques jours à quelques semaines après la nage
libre des alevins
Ovules pondus dans un nid préparé à l’avance, protection par les adultes
jusqu’à la nage libre suivie d’une protection buccale des alevins en cas
de danger
Ovules pondus dans un nid préparé à l’avance, protection par les adultes
jusqu’à l’éclosion suivie d’une protection buccale dès le stade frétillant
Ovules pondus dans un nid préparé à l’avance puis protection buccale
dès la fécondation
Fécondation buccale (comparable à la fécondation interne)
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 Une particularité des poissons osseux ovulipares : l’hermaphrodisme consécutif
Originalité au sein des Vertébrés, de nombreux poissons ovulipares sont connus pour
pouvoir changer de sexe au cours de leur vie, c’est même la règle chez certaines
espèces territoriales. Cette adaptation appelée hermaphrodisme consécutif assure le
maintien d’une sex-ratio optimale dans la population adulte.

1°exemple : les Poissons-clowns (Amphiprion spp. et Premnas spp.)
Les Poissons-clowns vivent en couple au sein de certaines Anémones de mer.
La femelle est toujours plus grosse que le mâle. Autour de l’Anémone, on
observe des jeunes au sexe indéterminé et des mâles subadultes. Si le mâle
reproducteur disparaît, le subadulte dominant le remplace. Si c’est la femelle
qui vient à disparaître, son mâle grossit et devient femelle en quelques
semaines. Il est alors remplacé dans sa fonction de mâle par le subadulte
dominant. Un nouveau couple vient de se former.
Les Poissons-clowns sont donc toujours d’abord mâles et deviennent
éventuellement femelles par la suite : on parle d’hermaphrodisme consécutif
protandre.

2° exemple : les Labres-oiseaux (Gomphosus spp.)
Les juvéniles deviennent d’abord femelles (phase initiale), on les reconnaît à
leur livrée brunâtre. Puis, à tout âge, les femelles peuvent se transformer en
mâle (phase terminale). Leur robe est alors bleue ou verte suivant les
espèces.
Les Labres-oiseaux sont donc toujours d’abord femelle et deviennent
éventuellement mâle par la suite : on parle d’hermaphrodisme successif
protogyne.
Femelle (phase initiale)
Mâle (phase terminale)
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37
Chez certains poissons osseux et chez tous les Sélaciens (Raies et Requins), les mâles
disposent d’un organe inséminateur ; il y a donc accouplement avec fécondation
interne. Dans ce cas, trois autres modes de reproduction peuvent se présenter :
L’oviparité
Les ovules fécondés (œufs) sont pondus après l’accouplement. L’incubation se fait dans
le milieu naturel. Exemple :
Le Requin-chabot gris, Chiloscyllium griseum
Comme chez tous les Sélaciens, les lobes internes des
nageoires pelviennes des mâles Requin-chabot sont enroulés
en forme de tubes allongés. Ces deux organes inséminateurs
(ptérygopodes) sont comparables à des pénis.
À la suite d’une parade nuptiale assez complexe, le mâle
utilise indifféremment l’un ou l’autre ptérygopode lors de
l’accouplement pour féconder la femelle.
La femelle pond ensuite un à un quelques grands œufs riches
en vitellus.
Juste avant la ponte, les filaments adhésifs des œufs
dépassent du cloaque de la femelle. Celle-ci nage alors
contre le substrat pour les accrocher aux rochers. Une fois
les filaments amarrés, la traction facilite l’expulsion des
œufs.
Œuf de requin-chabot gris
L’ovoviviparité
La période d’incubation a lieu dans le corps de la femelle. Les œufs éclosent peu de
temps avant la ponte : il s’agit alors d’une mise bas des jeunes comme chez les
vivipares. Toutefois, il n’y a pas d’échanges nutritifs entre la mère et ses jeunes durant
l’incubation : ceux-ci se développent à partir de leurs réserves vitellines.
Exemple : le Guppy Endlers, Poecilia sp. « Endlers ». L’organe inséminateur du mâle est
constitué de la nageoire anale transformée en tube rigide, le gonopode.
La viviparité
Le développement a lieu dans le corps de la femelle. C’est une véritable grossesse : il
n’y a pas de réserves vitellines, des échanges nutritifs entre la mère et ses petits
assurent leur développement.
Exemple : les Poissons quat’z-yeux, Anableps spp. Comme chez les Guppys, les mâles
ont un gonopode.
38
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LES INVERTÉBRÉS
Le « groupe » des invertébrés est constitué des innombrables espèces animales qui n’ont
pas de colonne vertébrale. S’il est bien pratique, ce classement n’a pas de sens d’un
point de vue zoologique car il associe des animaux qui n’ont rien d’autre en commun.
Voici quelques exemples de ces animaux visibles dans nos aquariums.
Les Cnidaires
Au sein de ce groupe, on peut observer divers coraux et Anémones de mer. La plupart
des coraux sont des petits animaux simples appelés polypes qui constituent des colonies
issues d’un unique polype par divisions successives. Ces colonies, de tailles et de formes
très variées, sont fixées au substrat. Les Anémones, en revanche, sont solitaires.
Un polype est composé de différentes parties :

une sole pédieuse (seulement chez les Anémones) ;

une colonne contenant la cavité stomacale et les organes génitaux ;

un péristome, ou disque oral, au centre duquel s’ouvre la bouche qui sert
aussi d’anus. Il est entouré d’une couronne de tentacules.
De nombreux Cnidaires hébergent dans leurs tissus des algues microscopiques : les
Zooxanthelles. Celles-ci apportent à leur hôte des nutriments issus de la photosynthèse.
Tous les Cnidaires possèdent, au niveau de leurs tentacules, des cellules urticantes : les
cnidocystes. Ces cellules sont utilisées à la fois pour la prédation et pour la défense.
Lorsqu’un agresseur ou une proie s’approche des tentacules, un harpon se dévagine,
pénètre dans les tissus de l’animal et injecte le poison qui a un effet paralysant.
Tentacule
Bouche
Péristome
Filament
urticant
Venin
Cil sensible
déclencheur
Épines
Opercule
Colonne
Sole
pédieuse
Cnidocyste
dévaginé
Substrat
Schéma d’un polype
Cnidocyste
au repos
Schéma de cellules urticantes (cnidocystes)
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Les Hexacoralliaires
Chaque polype possède un nombre de tentacules égal ou multiple de 6 ; les tentacules
sont lisses.
 Les Actinies
Ce sont des polypes solitaires à tentacules nombreux fixés au substrat rocheux par leur
sole pédieuse.
Les Anémones de verre (Aiptasidés)
Ces Anémones se déplacent par « culbute » en pliant la
colonne et le péristome puis en décollant la sole pédieuse.
À chaque déplacement, de minuscules lambeaux restent en
périphérie de l’ancien emplacement de la sole pédieuse.
Chaque lambeau régénérera une nouvelle Anémone : c’est
une reproduction asexuée.
Anémone de verre
Aiptasia sp.
Les Anémones à clowns (Stichodactylidés)
Ces Anémones vivent en symbiose avec les Poissons-clowns.
Cette symbiose permet à chaque partenaire d’être protégé
par l’autre. Le Poisson-clown se protège des prédateurs en
se cachant dans les tentacules urticants de l’Anémone et
défend son hôte contre les poissons mangeurs d’Anémones.
Anémone-bulles
Entacmaea quadricolor
En se frottant contre les tentacules, le Poisson-clown
s’immunise. Il va se protéger des cellules urticantes en
enduisant son corps du mucus de l’Anémone. Ce mucus
contient une substance inhibitrice contre le venin des
cellules urticantes.
 Les Cérianthes
La colonne des Cérianthes est entourée d’un tube muqueux.
Contrairement à celle des Anémones de mer, elle ne se
termine pas par une sole pédieuse mais par une pointe
fouisseuse.
On trouve les Cérianthes dans les zones vaseuses ou
sableuses dans lesquelles ils vivent partiellement enfouis.
Cérianthe
Cerianthus sp.
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 Les Zoanthaires
Les Zoanthaires forment par divisions des colonies de petits
polypes au disque oral bordé de tentacules. Ces polypes sont
généralement reliés entre eux par du tissu vivant, comme
chez les coraux, mais ils n’ont pas de squelette.
Zoanthus pulchellus
 Les Corallimorphaires
Encore appelés Anémones-disques, les Corallimorphaires
sont plutôt proches des coraux durs, même s’ils n’ont pas
de squelette. Ils présentent un disque oral très étalé, lisse
ou couvert de tentacules courts, porté par une colonne
réduite. Les polypes forment des colonies denses mais ne
sont que rarement connectés entre eux.
Discosoma sp.
Généralement incapables de capturer une proie, ils se
nourrissent des nutriments synthétisés par leurs
Zooxanthelles.
 Les Scléractiniaires
Autrefois nommés madrépores, on les appelle aussi coraux durs. Les polypes forment des
colonies et fabriquent un squelette commun dont la forme varie avec l’espèce.
La plupart des espèces tropicales vivent en symbiose avec des Zooxanthelles. Cette
association permet notamment une croissance plus rapide du squelette calcaire. Les
récifs coralliens sont constitués de l’accumulation de ces squelettes ; on peut donc dire
que ces coraux construisent les récifs. On parle de coraux hermatypiques (voir le
chapitre sur les récifs coralliens).
Acropora sp.
Symphyllia sp.
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Turbinaria sp.
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Les Octocoralliaires
Chaque polype possède huit tentacules qui portent de minuscules appendices appelés
pinnules.
 Les Stolonifères
Ces Octocoralliaires tirent leur nom de l’aspect des lames de
tissu qui relient les polypes et qui rappellent souvent un
enchevêtrement de stolons.
Les colonies sont rampantes et, à l’exception du Corail-tuyau
d’orgue (Tubipora musica), n’ont pas de squelette.
Clavularia sp.
 Les Gorgones
Les polypes constituent des colonies et sécrètent un
squelette corné dont la forme diffère suivant l’espèce.
Les Gorgones les plus connues ont une forme d’éventail.
Elles s’étendent perpendiculairement aux courants dans
lesquels les polypes capturent leurs proies microscopiques.
Plexaurella sp.
D’autres, plutôt rameuses, vivent en symbiose avec des
Zooxanthelles qui leur fournissent une partie des nutriments
qu’elles synthétisent. On les trouve essentiellement dans les
récifs coralliens des Caraïbes.
 Les Alcyonaires
Les colonies, de formes variées, sont soutenues par une
multitude de minuscules éléments calcaires, les spicules,
dispersés dans les tissus. L’absence de squelette cohérent a
conduit à les appeler coraux mous par opposition aux
Scléractiniaires.
Certaines espèces
Zooxanthelles.
vivent
Sarcophyton sp.
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en
symbiose
avec
des
Les Mollusques Bivalves
Ce sont des animaux dont le corps mou est protégé par deux coquilles appelées valves.
Celles-ci sont articulées par une charnière et un ligament. Un muscle adducteur referme
les valves l’une sur l’autre lorsqu’il se contracte.
Les Bivalves se nourrissent par filtration. Ils possèdent un siphon qui permet à l’eau de
rentrer par aspiration puis de circuler à travers les branchies où le dioxygène et les
nutriments sont extraits. Cette eau est ensuite rejetée par un autre siphon.
Les Bénitiers
Une partie de leur corps, le manteau, est très développée. Il
dépasse de la coquille et a un aspect drapé. Ces animaux,
comme tous les Bivalves, se nourrissent par filtration, mais
ceci représente une part infime de leur alimentation. La
majorité des éléments nutritifs est apportée grâce à la
photosynthèse réalisée par les Zooxanthelles présentes dans
le manteau de l’animal.
Bénitier géant
Tridacna gigas
Les Annélides
Ce sont des vers segmentés formés d’une série d’anneaux successifs appelés métamères.
Le corps présente trois régions :

la tête : elle porte les principaux organes sensoriels et la bouche ;

le tronc : il est composé de nombreux métamères qui portent latéralement
une paire d’expansions, les parapodes, à rôle locomoteur ;

le pygidium : il porte l’anus dans sa partie terminale.
Les Sabelles
Ce sont des Annélides sédentaires qui vivent dans un tube.
Ce tube est constitué de mucus imprégné de vase.
Ces animaux portent au niveau de leur partie supérieure des
branchies formant un panache. Ce panache filtre l’eau afin
de capter l’oxygène et les particules alimentaires en
suspension. Il peut rapidement être rétracté dans le tube en
cas de danger.
Sabelle
Sabellastarte sp.
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Les Arthropodes
Les Arthropodes regroupent les animaux ayant un squelette externe chitineux, un corps
segmenté et dont les membres et appendices sont formés d’éléments articulés. À eux
seuls, ils constituent environ 80% de l’ensemble des espèces animales.
Dans les milieux terrestres, ils sont notamment représentés par les Insectes, plus d’un
million d’espèces, les Araignées et les Scorpions. Voici quelques exemples de ceux que
l’on peut rencontrer dans les milieux aquatiques.
Les Crustacés
Le corps des Crustacés est recouvert d’une carapace chitineuse imprégnée de calcaire
(Crustacé vient du latin crusta qui signifie croûte) et il est divisé en trois segments. Nous
pouvons distinguer :

la tête (le céphalon)

le thorax (le péreion)

l’abdomen (le pléon)
Chez la plupart des Crustacés, la tête et le thorax fusionnent formant le céphalothorax.
De plus, leur corps porte des appendices articulés, spécialisés en fonction de l’endroit
où ils se situent.
Céphalothorax
Tête
Rostre
Thorax
Abdomen
Œil
Antennules
Maxillipèdes
(pattes-mâchoires)
Telson
Uropodes
Nageoire
caudale
Antenne
Péreiopodes
(pattes ambulatoires)
Pléopodes
(pattes natatoires)
Anatomie d’un Crustacé
Le plus souvent, les sexes sont séparés et la reproduction est sexuée. Le développement
s’effectue à travers une série de mues dont le premier stade caractéristique est la larve
nauplius.
44
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La Crevette nettoyeuse, Lismata amboinensis
Cette crevette apprécie les anfractuosités. Elle se tient
généralement sur le seuil, surveillant les alentours.
Lorsqu’un gros poisson se présente, elle se précipite sur lui.
Non pas pour le manger mais pour lui rendre le service qu’il
est venu demander : le débarrasser de ses parasites ou
nettoyer ses plaies. C’est ainsi qu’elle se nourrit.
La Langouste ornée, Panulirus versicolor
Elle est difficile à voir car elle apprécie les cachettes
sombres sécurisantes. Elle consomme toutes sortes de
nourriture, elle est principalement détritivore.
Le Bernard-l’ermite à pattes bleues, Calcinus elegans
Contrairement aux autres Crustacés, les Bernard-l’ermite
possèdent un abdomen mou qu’ils cachent dans une coquille
d’escargot vide qu’ils s’approprient. Au fur et à mesure de
leur croissance, ils changent de coquille.
Certains Bernard-l’ermite peuvent vivre en symbiose avec
une Anémone de mer du genre Calliactis qu’ils collent à leur
coquille. L’Anémone protège le Bernard-l’ermite des
éventuels prédateurs et, grâce aux multiples déplacements
du Crustacé, elle trouve plus facilement sa nourriture.
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Les Limules
Les Limules peuplaient déjà les mers au Cambrien. Il en subsiste actuellement cinq
espèces. Elles constituent à elles seules le groupe des Mérostomes qui, associé aux
Arachnides (Araignées et Scorpions), forme les Chélicérates. Elles sont donc plus proches
des Araignées que des Crustacés.
Leur corps est divisé en trois parties :

le céphalothorax protégé par une carapace dorsale en forme de sabot de
cheval. Il porte, en face ventrale, une paire de chélicères (crochets articulés)
et cinq paires de pattes terminées par des pinces ;

l’abdomen, qui présente aussi une carapace dorsale, porte, en face ventrale,
une paire d’appendices génitaux et cinq paires de branchies à rôles
respiratoire et natatoire ;

le telson (segment postérieur) en forme de longue pointe rigide.
Les Limules vivent sur les fonds meubles peu profonds bordant les côtes orientales de
l’Amérique du Nord et de l’Asie. Elles sont souvent enfouies dans le sable, ne laissant
affleurer que leurs yeux composés situés sur le dessus de la carapace thoracique.
Elles se nourrissent de Mollusques et de vers qu’elles dénichent dans le sable. Au
moment de la reproduction, elles sortent de l’eau et envahissent par milliers certaines
plages du Japon et des États-Unis pour pondre dans le sable humide.
Limule américaine, Limulus polyphemus
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Les Échinodermes
Échinoderme vient du grec et signifie « peau de hérisson ».
Les Échinodermes existent depuis plus de 500 millions d’années. On en compte
actuellement environ 7 000 espèces. Ils ont colonisé toutes les mers, à toutes les
latitudes et à toutes les profondeurs. Ce groupe renferme différents animaux qui
possèdent tous une symétrie pentaradiaire (symétrie d’ordre 5).
Les Étoiles de mer
Ces animaux en forme d’étoile possèdent 5 bras ou un
multiple de 5 bras. Sous chaque bras se trouvent des rangées
de podia utilisés pour le déplacement et la capture de la
nourriture. L’anus se situe au dessus, en position centrale,
et la bouche est à l’opposé, sous l’animal.
Linckia laevigata
(face ventrale)
Les Étoiles de mer se nourrissent généralement de
Mollusques bivalves mais certaines sont détritivores ou
phytophages. Lorsqu’elles ont débusqué une proie, elles font
sortir leur estomac et le plaquent contre la chair de l’animal
afin de le digérer.
Lors de leur déplacement, un bras sert de gouvernail pour
donner la direction et les podia sont utilisés successivement
comme une foule de petites échasses.
Protoreaster lincki
Étoile de mer épineuse
Acanthaster planci
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Les Oursins
Ces animaux ont un corps sphérique ou aplati protégé par un squelette externe. Ce
squelette est formé par un assemblage de plaques calcaires. Il est recouvert d’épines
protectrices articulées et d’appendices, les podia. L’anus se situe sur le dessus, en
position centrale, et la bouche est à l’opposé, sous l’animal.
Les Oursins sont généralement omnivores. Leur bouche comprend un arrangement de
cinq dents appelé « lanterne d’Aristote » qu’ils utilisent pour râper les algues et autres
matières organiques sur les rochers. Ils se déplacent grâce à leurs podia et à leurs
piquants.
L’Oursin-crayon, Heterocentrotus sp.
Son nom, Oursin-crayon, lui vient de ses robustes piquants
rappelant par leur forme un crayon. Ces piquants lui
permettent de se déplacer et de se protéger des prédateurs,
en particulier en se bloquant au fond d’une anfractuosité
pendant ses périodes de repos. Il est surtout actif la nuit.
L’Oursin-diadème, Diadema setosum
Les piquants très longs, effilés et cassants constituent une
protection redoutable. Si un prédateur les effleure, l’Oursin
les agite rapidement en tous sens ce qui rend toute approche
impossible et augmente le risque d’être piqué.
La protection est si efficace que d’autres animaux en
profitent : de petits poissons, Crabes et Crevettes trouvent
refuge entre les piquants.
Les Holothuries
Ces animaux ont une forme cylindrique qui leur a valu le
nom de Concombre de mer, avec la bouche à une extrémité
et l’anus à l’autre. Au niveau de leur bouche, ils possèdent
des tentacules ramifiés qu’ils peuvent dévaginer. Cela leur
sert pour capter les particules organiques dont ils se
nourrissent, soit en ingurgitant du sédiment, soit en filtrant
l’eau.
Holothurie pointillée
Isostichopus badionotus
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Muséum-Aquarium de Nancy, livret aquariums
LIVRET AQUARIUMS
MUSÉUM-AQUARIUM de NANCY
Quatrième édition, tirée à 800 exemplaires en janvier 2011
Conception et réalisation :
Anne-Sophie BOULLY, Christian WILLIG et Marlène PROST,
département des publics du Muséum-Aquarium de Nancy,
assistés de
Laurent FORDOXCEL, département des aquariums du Muséum-Aquarium de Nancy,
et de
Pierre-Antoine GÉRARD, directeur du Muséum-Aquarium de Nancy.
Photographies :
Bruno ALENDA, département des publics du Muséum-Aquarium de Nancy.
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