LIBÉRALE Informatique An 2000 : ça va « boguer » D’après une enquête du ministère de l’Économie et des Finances, le bogue de l’an 2000 est connu des Français mais ne les alarme pas outre mesure. Si les hôpitaux ont été fortement sensibilisés, les professions libérales affichent une certaine indifférence. Et pourtant, le travail en réseau peut être perturbé. a nuit de la Saint-Sylvestre, nos ordinateurs (et tous les appareils munis d’une horloge interne) risquent de disjoncter. Il confondront allègrement le 1er janvier 2000 avec le 1er janvier 1900. Les informaticiens d’hier, ne se doutant peut-être même pas d’un tel développement de l’informatique, ont économisé des bits et n’ont retenu pour l’identification des dates que les deux derniers chiffres de l’année. L Une vigilance à l’achat En début d’année, certains fabricants continuaient encore de vendre des produits qui ne passeront pas le cap ! La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes a donc été chargée de mener une enquête sur la compatibilité, “An 2000”. Après évaluation des problèmes, deux types d’infraction sont prévus dans le Code de la consommation : la tromperie et la publicité mensongère. Le fait de mettre un produit sur le marché, en sachant que celui-ci ne peut pas franchir l’an 2000, sans en avoir informé préalablement l’acquéreur, est une tromperie. Cela peut relever de l’article L213-1 du Code de la consommation. Par ailleurs, le fait, pour un professionnel, de faire des annonces telles que “passage à l’an 2000 garanti”, alors que cette allégation est fausse, relève du délit de publicité mensongère. Certes, dans le domaine de la santé, ce fameux bogue intéresse en premier lieu l’hôpital pour l’informatique de gestion, l’équipement biomédical, les instruments de chirurgie et de réanimation, le chauffage, la sécurité incendie, les ascenseurs, les installations EDF... Dans une circulaire adressée à la fois aux préfets et aux directeurs d’Agences régionales de l’hospitalisation (ARH), la ministre de l’Emploi et de la Solidarité, Martine Aubry, et le secrétaire d’État à la Santé et à l’Action sociale, Bernard Kouchner, avouent sans détour « une menace pour la qualité des soins, ainsi que pour la 42 sécurité des patients et des personnels », concluant à la nécessité pour chaque hôpital d’adapter son matériel au passage à l’an 2000. Le gouvernement a mis au point un guide consultable sur Internet (sante.gouv.fr) qui donne une liste des équipements sujets au bogue. Avec, pour chacun, un niveau de criticité : depuis le niveau 1, vital, qui met en danger la vie des patients et des personnels, au niveau 3 (risque pour la qualité des soins), le niveau 2 caractérisant les équipements dont la défaillance ne menace pas immédiatement la sécurité des personnes mais demande rectification pour que la qualité des soins soit maintenue). Au niveau de la fonction libérale, le passage à l’an 2000 demande une attention particulière surtout quand la communication s’effectue en réseau. Depuis le mois de février, des actions ont été engagées pour les petites entreprises. Le ministre de l’Économie et des Finances a annoncé la création d’un centre d’appels pour orienter les PME. Un “Guide pratique du passage à l’an 2000 de vos systèmes infomatiques” a été édité. Il y est conseillé de recenser tous les appareils possédant une horloge interne et de faire établir un diagnostic pour chacun d’eux. Il est recommandé de les vérifier en faisant des tests et d’effectuer les modifications nécessaires. Pour la gestion comptable, comme pour celle des dossiers des patients, la datation est importante. D’après une enquête du ministère de l’Économie et des Finances, les microentreprises affichent un retard important dans la mise à jour de leur système. Le domicile semble en effet être, à leurs yeux, épargné par des phénomènes ne concernant que l’espace public. Conséquence directe de ces perceptions, les professions libérales ne songent pas, dans leur majorité, à une action préventive pour parer aux possibles effets du bogue. * Centre national d’information sur le passage à l’an 2000, 139, rue de Bercy - télédoc 536, 75572 Paris Cedex 12. Tél : 01 53 18 88 03.