NATHALIE RIBOUT de Philippe
BLASBAND
Avec Virginie Efira et Maruschka Detmers
Théâtre Marigny - Salle Popesco
CHRISTOPHE LINDON :
Depuis six mois, Sonia et Jean-Luc sont séparés. Dans l’ombre de son appartement, Sonia,
elle-même ombre de femme, est en train de façonner son Golem, cet être magique issu de la
boue qui prend vie pour accomplir une vengeance : c’est Nathalie, objet d’envie et de
sexualité qu’elle destine à son ex-mari.
Elle va recevoir les témoignages de Nathalie, s’en nourrir, les digérer comme une plante
carnivore.
Nancy, prostituée engagée par Sonia, prête son corps à ce Golem, elle le vend plutôt ... Nancy
endosse l’identité de Nathalie Ribout, sa personnalité, elle s’invente une vie ailleurs qui
deviendra bien réelle.
La jalousie va étonnamment agir comme poison et antidote de la douleur de Sonia, interprétée
par Maruschka Detmers, à fleur de peau, tandis que le fantasme qu’alimente Nancy lui
permettra de construire sa nouvelle destinée. Endossant cette belle schizophrénie théâtrale,
Virginie Efira est Nancy et Nathalie.
Grâce au travail sur le corps, il s’agit de donner à voir l’intimité de ces femmes,
l’enfermement de Sonia, sa douleur, sa manipulation, de disséquer le plaisir physique rapporté
par Nancy et rendre omniprésent le corps de Jean-Luc dans cet appartement, afin qu’il le
hante, qu’il oriente les regards, qu’il transforme ce duo … en trio.
Au-delà de la narration et de l’émotion, c’est la force de la manipulation et du mensonge en
abîme qui concourt à la déstabilisation du spectateur, perdu dans les prismes trompeurs de la
réalité.
PARISCOPE
http://spectacles.premiere.fr/pariscope/Theatre/Exclusivites-spectacle/Interviews/Maruschka- Detmers-sur-scene-
aux-cotes-de-Virginie-Efira/%28gid%29/1526416
Nathalie Ribout ou les retrouvailles de Maruschka Detmers avec le metteur en scène
Christophe Lidon
Arrivée tardivement au théâtre, en deux ans, elle enchaîne trois spectacles. Elle partage
l'affiche avec Virginie Efira de Nathalie Ribout, de Philippe Blasband, dans une mise en scène
de Christophe Lidon.
Propos recueillis par M-Céline Nivière
Dans votre carrière, le théâtre arrive tardivement. Est-ce un choix ?
Pas vraiment, car je ne me suis jamais dit que je ferais du théâtre seulement dans dix ans.
Pendant longtemps, j'ai eu très peur du théâtre. Je ne me sentais pas légitime dans le métier
d'actrice ; je suis arrivée dans le cinéma sans avoir construit un désir envers ce métier. En
plus, le père de ma fille était un grand acteur (Thierry Fortineau). Je pensais ne pas pouvoir
prétendre faire le même métier que lui. Quand Louis-Michel Colla m'a proposé L'arbre de
joie, je me suis sentie plus légitime parce que l'urgence que je ressentais de traiter de ce sujet
(le cancer), l'a emporté sur ma peur.
Dans L'arbre de joie, vous aviez un tel sens de l'espace scénique, qu'on avait du mal à croire
que c'était votre première fois !
Le déplacement que demande un metteur en scène découle de la pensée, des émotions d'un
personnage qui s'intègrent alors dans le mouvement. Lidon est merveilleux pour cela.
C'est votre deuxième pièce avec Christophe Lidon...
J'en suis tellement contente. J'ai fait mon baptême avec lui. Ma deuxième fois, ce fut une
grande machinerie, à Nice, Rock'n'roll de Stoppard mis en scène par Daniel Benoin. Pour
Nathalie Ribout, j'ai ressenti le besoin d'être à nouveau avec lui. Nous ne sommes que deux à
occuper le plateau. Cela ne m'est jamais arrivé. Donc c'est encore une première fois et c'est
bien que Christophe soit encore associé à cette aventure. Je le trouve fascinant comme metteur
en scène. Il aime tellement ses personnages que lorsqu'il en parle, on les voit vraiment exister.
Les idées fusent et il établit une grande confiance.
Philippe Blasband, auteur également d'Une Liaison pornographique, aime jouer avec les «
liaisons dangereuses » des relations amoureuses, non ?
Décrire la pièce est une affaire compliquée. Evidemment, cela tourne autour de l'amour, du
sexe, de l'érotisme. Mon personnage, divorrécemment, loue les services d'une prostituée
pour qu'elle ait une relation avec son mari et lui fasse un compte rendu précis de ce qu'il se
passe. C'est une façon de garder le contrôle sur la vie de cet homme qu'elle aime encore, mais
aussi de mieux le connaître. Cela passe par une identification avec la prostituée. Cette fille est
comme de l'argile qu'elle façonne. C'est un processus douloureux pour se dépêtrer de cette
blessure qu'est la séparation. Les choses finissent par échapper à son contrôle.
C'est un rôle intense. Votre personnage est, selon votre metteur en scène, « à fleur de peau ».
Cela doit être excitant et délicat à jouer, non ?
Très délicat. Elle est dans une grande écoute du récit que lui fait la prostituée. Juste par son
écoute, mon personnage passe par des registres différents. Au début, il y a une relation
patronne-employée. Les mots qui sont dits ne sont pas toujours vrais. Les personnages se
mentent. Le mien se ment même à lui-même. Rien n'est clair comme du cristal. C'est très
étrange cette histoire d'identités qui se mélangent. L'échange entre ces deux femmes est très
fin, même si le texte est, par moments, très cru.
Virginie Efira s'est fait connaître en France à la télé, or sa formation de base est le théâtre...
Tout à fait. En Belgique, elle a surtout joué des comédies. C'est la première fois qu'elle aborde
ce registre. Les gens vont être étonnés. Le côté frais, naturel, solaire de Virginie colle très
bien à ce personnage de prostituée. J'imagine que les prostituées sont des gens blessés, avec
de grandes pages blanches dans leur ressenti. Elle joue une sorte de schizophrénie. Elle est
formidable dans ce rôle.
Votre personnage est-il une victime ou une meneuse ?
Difficile à dire. C'est une femme qui a été quittée, dans ce sens-là, elle est victime. Mais si
elle l'était vraiment, elle resterait à souffrir. En engageant cette prostituée, elle va
s'approprier la rupture. Ce n'est pas qu'une vengeance, je tiens à le préciser. Cela n'est pas si
simple. En fait, c'est une sorte d'exorcisme.
Pariscope
Ce n'est pas l'histoire d'une vengeance mais celle d'une renaissance. Sonia (Maruschka
Detmers), en instance de divorce, recrute Nancy, une jeune prostituée (Virginie Efira). Sous
l'identité de Nathalie Ribout, secrétaire de profession, elle doit séduire son mari et la tenir au
courant de tous les détails. Et quand Sonia dit tout, c'est de l'ordre de l'intime, du sexuel. Petit
à petit, les deux femmes vont tisser entre elles des liens qui, loin de les attacher, vont les
libérer.
Philippe Blasband, dans une écriture précise, sait faire entendre les méandres psychologiques
de ces deux femmes cabossées. Cela ne tombe jamais dans le vulgaire, au contraire, c'est
délicat car chaque propos a une signification. Maruschka Detmers et Virginie Efira forment
un duo mémorable. Elles exécutent avec harmonie, grâce et légèreté les nuances, allant
crescendo, andante, moderato. La voix grave, tout en élégance, pleine de noblesse, Maruschka
Detmers est l'alto. Le timbre ger, tout en vivacité, un brin mutine, Virginie Efira est le
premier violon. Toutes deux se répondent magnifiquement. Nous découvrons deux sublimes
comédiennes qui se donnent totalement sans jamais tricher. Ni l'une ni l'autre n'ont une longue
expérience de la scène, et c'est en cela que la qualité de leur prestation nous a saisis.
Christophe Lidon, avec cette sensibilité des mots et des images, les a somptueusement
dirigées, les conduisant à offrir le meilleur d'elles- mêmes, à jouer sur la sincérité et l'émotion
à fleur de peau. Sa scénographie est de toute beauté, s'appuyant sur le décor ingénieux de
Pierre-François Limbosch et les lumières toujours aussi raffinées de Marie-Hélène Pinon.
Signant quatre spectacles de grande qualité, on peut dire que cette saison 2008-2009 est bel et
bien celle de Christophe Lidon.
Marie-Céline Nivière
LE PARISIEN
http://www.leparisien.fr/loisirs-et-spectacles/les-debuts-sulfureux- de-virginie-efira-13-02-2009-409293.php#
Les débuts sulfureux de Virginie Efira
On la connaît comme animatrice télé, mais Virginie Efira est aussi comédienne. Elle se lance
ce soir au théâtre à Paris, avec un rôle de... prostituée, payée par Maruschka Detmers pour son
propre mari. Un face-à-face prometteur.
L'une parle cash, l'autre cultive le mystère. L'une apprend tout juste à se préserver du public et
des médias, l'autre a la discrétion naturelle. L'une est blonde et solaire, l'autre brune et
ténébreuse. Virginie Efira et Maruschka Detmers, à l'affiche de « Nathalie Ribout » au
Théâtre Marigny- Popesco à Paris, ont pourtant quelques points communs : un goût immodéré
pour la cigarette, une taille fine, une capacité à susciter les fantasmes de la gent masculine.
C'est sur ce dernier point qu'elles ont été choisies. Dans cette pièce de Philippe Blasband,
montée pour la première fois sur scène mais déjà adaptée au cinéma par Anne Fontaine («
Nathalie », en 2004, avec Emmanuelle Béart et Fanny Ardant), l'érotisme joue le rôle
principal.
Un rôle pas facile.
« Je veux que vous ayez une relation avec mon mari, pas seulement sexuelle, et que vous
veniez tout me raconter », demande Maruschka Detmers à Virginie Efira au tout début de la
pièce.
Pour son premier rôle à Paris, l'animatrice de télévision, cette saison sur Canal + après avoir
longtemps officié sur M 6, n'a pas choisi la facilité : une prostituée chargée d'une partition très
crue.
« On me propose beaucoup de comédies mais je voulais faire autre chose, explique la jeune
Belge. Pour moi, le théâtre est le lieu de l'essai. »
« C'est très courageux de sa part, souligne Christophe Lidon, le metteur en scène de la pièce.
Même si elle a fait le conservatoire dans son pays, tout ce qu'elle a pu jouer jusqu'alors restait
assez scolaire. Je crois en elle pour être Nathalie parce que tout ce qu'elle dit, elle le dit à 100
% : elle suit sa trajectoire, il n'y a aucune ambiguïté possible. »
Vingt-six ans après ses débuts dans « Prénom Carmen » de Jean-Luc Godard, la belle
Maruschka Detmers cherche le moyen de raviver son désir pour un homme que le spectateur
ne verra pas.
« Elle avance tout en douceur, selon Christophe Lidon. Elle est le metteur en scène de
Nathalie dans le rôle qu'elle doit jouer auprès du mari. » La comédienne a saisi l'occasion
d'analyser la façon dont les femmes, toutes les femmes, parlent de sexualité : « A la question
C'était comment ? les hommes répondent techniquement, observe Maruschka Detmers. Les
femmes, elles, parlent déjà de sentiments. C'est ça qui intéresse mon personnage : elle ne veut
pas seulement savoir ce que Nathalie a fait, de façon concrète, mais aussi ce qu'elle a
ressenti.» « Au départ, entre elles, tout se fait dans des rapports très contractuels », précise
Virginie Efira.
« Et petit à petit, une véritable estime se crée », termine sa partenaire. Il faudra voir la pièce
pour savoir qui devient la plus cash, ou la plus mystérieuse.
Caroline Andrieu
ELLE, avril 2009
CRITIQUES :
"Nathalie est un moment fort de théâtre." Les Echos
"Un duo inattendu, mais d une grande justesse" Le Figaro
"Maruschka Detmers et Virginie Efira ont de la force, de la sensibilité et de la sincérité."
Télérama
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