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Soins Libéraux
Handicap mental et réinsertion
Comment faire surface
La santé mentale fait partie intégrante de la santé. Sans elle, l’individu,
handicapé, ne peut donner la pleine mesure de ses aptitudes cognitives, affectives et relationnelles. Un bon équilibre mental permet de
mieux supporter les tensions de la vie et s’intégrer dans la vie sociale.
L
es troubles mentaux et psychiques font souffrir, sont invalidants et peuvent même
abréger la vie ; la santé mentale étant
l’un des fondements du développement humain. Il n’y a aucune raison
éthique, scientifique ou sociale d’exclure de la communauté les personnes qui souffrent de maladie
mentale ou de troubles psychiques.
Mais ne pas reconnaître le handicap
psychique risque d’exclure davantage
l’individu de la vie sociale à laquelle il
peut souvent prétendre.
maines et techniques qui rendraient la société pleinement
accessible aux personnes ayant
des difficultés psychiques ou mentales ? » Certes, la nouvelle loi
énonce des principes, dont celui de
“non-discrimination” obligeant la
collectivité nationale à garantir les
conditions de “l’égalité des droits et
des chances” à tous les citoyens,
notamment aux personnes handicapées, quelle que soit la nature de
leur handicap.
La souffrance psychique
Le handicap et la loi
La participation et la citoyenneté des
personnes handicapées est définie
dans le projet de loi pour “l’égalité des
droits et des chances”. Or, classifier le
handicap psychique et mental selon
des critères généraux pose problème.
En effet, et c’est un progrès, selon la
classification internationale du fonctionnement de la santé et du handicap, il ne s’agit pas seulement de
décrire les difficultés rencontrées par
les personnes concernées, mais
d’améliorer les conditions de vie par
des actions spécifiques qui profitent
au plus grand nombre. En bref, il s’agit
d’améliorer l’environnement pour que
les personnes handicapées puissent
avoir une accessibilité universelle.
Cependant, souligne François Chapireau, psychiatre (Antony) : « Il est
possible d’imaginer une société qui
serait pleinement accessible à toutes
les personnes ayant des difficultés
physiques, grâce à des aménagements de l’environnement matériel et
à la mise à disposition d’aides humaines et techniques. En revanche, comment se représenter les modifications
de l’environnement, les aides huProfessions Santé Infirmier Infirmière N° 64 • juin-juillet 2005
Le principe est un peu vague quant
à son application pour des personnes en souffrance psychique.
C’est pourquoi la version adoptée
par l’Assemblée nationale prévoit
d’insérer une définition du handicap
dans le code de l’action sociale sous
la forme de l’article L.114 : « constitue un handicap, toute limitation
d’activité ou restriction de participation à la vie en société subie dans
son environnement par une personne en raison d’une altération
substantielle, durable ou définitive
d’une ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles, cognitives ou
psychiques, d’un polyhandicap ou
d’un trouble de santé invalidant. » 0r
les enquêtes, notamment celle de
l’Insee pour le compte du ministère
appelée “Handicaps Incapacités
Dépendances” (HID), montrent l’insuffisance de l’aide et des soins en
ambulatoire et à domicile pour les
malades mentaux.
D’autant plus si ces derniers sont
éloignés de leur famille, ce qui
amplifie leurs difficultés tout en rendant plus longs les séjours à l’hôpital et plus aléatoire la réinsertion.
Et l’emploi ?
Selon une enquête OMS de 1998, il
s’avère que 75 % des personnes
atteintes de troubles psychiatriques
sont sans emploi et le taux monte à
90 % quand ils sont schizophrènes.
Les troubles mentaux entraînent souvent la perte d’emploi et sont aussi un
handicap pour le retour à l’emploi ; la
conséquence principale des troubles
psychiques étant l’isolement. “Les dispositifs mis en place pour faciliter la
réinsertion des handicapés psychiques sont peu nombreux et se
caractérisent par leur inadaptation eu
égard aux caractéristiques et à la lourdeur de ce handicap”, dénonce-t-on à
l’UNAFAM. Le CAT (centre d’adaptation par le travail) serait l’établissement le mieux adapté en raison de
ses soutiens financiers et de ses préoccupations éducatives. Mais il
accueille en priorité les déficients psychiques de naissance. Dans une
entreprise ordinaire, les réticences des
employeurs à l’égard des personnes
atteintes de handicap psychique sont
grandes car il est vrai que la maladie
est invisible, qu’elle est imprévisible
parfois et que l’on ne guérit pas d’une
maladie mentale facilement. Les
troubles mentaux ne s’estompent que
progressivement mais sont latents et
peuvent réapparaître soudainement.
Comment prendre le risque ? L’intérêt
serait donc dans un concept de transition où le soignant connaît les caractéristiques de l’activité assurée par son
patient, les satisfactions retirées et les
difficultés rencontrées. Le rapport
Roelandt insiste d’ailleurs sur la nécessité d’actions concertées entre les différents intervenants médicaux et
sociaux, au cours du parcours d’insertion. Mais permettre aux personnes
qui en sont atteintes de retrouver une
véritable place dans la cité par l’accès
au travail passe par la déstigmatisation
systématique de la maladie mentale.
ALP
Medec 2004
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