Angio janv. 98 22/04/04 14:07 Page 4789 Angio-Dossier Prise en charge d’une hypertension artérielle de première découverte M. Brahimi, M. Marinov, J. Raison* a gravité de l’hypertension artérielle comme facteur de Lmorbidité et de mortalité cardiovasculaire n’a jamais été contestée. Les fréquences observées dans les différentes parties du monde sont environ d’un adulte sur sept. La mortalité d’une population hypertendue, dont la diastolique est comprise entre 90 et 100 mmHg, est double de celle des sujets normotendus de sexe et âge identiques. L’hypertension artérielle est maintenant entrée dans une phase institutionnelle et sociale. Le diagnostic et le traitement d’un hypertendu sont actuellement bien codifiés. Devant une confirmation d’élévation des chiffres tensionnels chez un sujet symptomatique ou asymptomatique de première découverte, le médecin doit réfléchir et se poser quatre questions : – l’hypertension artérielle est-elle permanente ? – l’hypertension artérielle est-elle essentielle ou secondaire ? – l’hypertension artérielle a-t-elle un retentissement sur les organes cibles (artères, rein, cœur, cerveau) ? – Quels sont les facteurs de risque cardiovasculaires associés ? Ainsi un bilan doit être réalisé pour répondre à toutes ces questions. Les examens ne seront pas les mêmes chez un homme de cinquante ans, pléthorique et fumeur, que chez une femme de trente ans sous traitement œstro-progestatif. De même, si les progrès de l’imagerie médicale permettent aujourd’hui une recherche plus fiable et plus simple des causes de l’HTA secondaire, cette recherche ne doit pas être entreprise chez tous les hypertendus. Elle doit impérativement être adaptée au cas de chaque patient car c’est la difficulté d’équilibrer la pression artérielle qui conduit finalement le plus souvent à rechercher une cause d’HTA secondaire. Quelles sont les méthodes de dépistage de l’HTA ? *Service de Médecine Broussais, Paris. Interne, Hôpital La définition de l’HTA est basée sur la mesure de la pression artérielle (PA) et repose sur l’analyse des valeurs de la PA systolique (PAs) et diastolique (PAd). Le sphygmomanomètre à mercure est 4789 l’appareil de choix. Il comporte ordinairement un coussinet gonflable, un manomètre à mercure et un stéthoscope. La mesure de la PA doit s’effectuer au repos en position assise allongée. Le bras doit être sur la même horizontale que le corps. Cinq minutes de repos sont nécessaires avant la mesure. La pression artérielle systolique correspond à l’apparition des bruits de Korotkow (phase I auscultatoire), la disparition des bruits définit la pression artérielle diastolique (phase V). Cette phase est souvent difficile à percevoir, notamment en cas d’hyperthyroïdie, d’hyperkinésie circulatoire ou en période d’exercice. Il faut alors noter conjointement les pressions correspondant à la phase III (bruits plus marqués et augmentant d’intensité) et la phase IV (diminution des bruits) particulièrement nette chez l’enfant. Deux mesures sont recommandées au cours d’une prise de PA, séparées par au moins 3 minutes. Il est important de tenir compte de la température, de l’heure du dernier repas, de la dernière cigarette et enfin – et surtout – du degré d’anxiété. Une mesure de la PA debout permet de rechercher une hypotension orthostatique. Quand la PA peut-elle être considérée comme pathologique ? La définition de l’HTA n’est plus basée uniquement sur le niveau de PAd, elle varie avec l’âge et le sexe. Un sujet avec une PA inférieure à 140 mmHg est considéré comme normotendu. Un sujet est hypertendu lorsque la PAs est supérieure à 160 mmHg et/ou la PAd est supérieure à 95 mmHg. Le tableau I, page suivante, indique la classification de l’HTA selon l’OMS/ISH en 1993 (OMS : Organisation Mondiale de la Santé. ISH : International Society of Hypertension). Angio janv. 98 22/04/04 14:07 Page 4790 Angio-Dossier Quelles sont les nouvelles méthodes de mesure ? La mesure ambulatoire de la pression artérielle (MAPA) Elle répond à la nécessité de mieux évaluer la variabilité de la PA et d’en déduire un profil sur 24 heures. Elle est maintenant fréquemment utilisée en pratique clinique. La PA est plus basse pendant le sommeil et plus élevée pendant les périodes d’activité que pendant le reste des 24 heures. Selon les recommandations actuelles, une MAPA peut être utile à chaque fois que la mesure clinique est insuffisante pour poser un diagnostic précis. Chez un hypertendu limite, la pression ambulatoire peut s’avérer tout à fait normale durant les 24 heures alors que la PA mesurée de manière occasionnelle est élevée. Cependant, son intérêt pratique peut être envisagé dans l’identification d’une réaction d’alarme, le diagnostic d’HTA sévère, de l’HTA au cours de la grossesse et finalement en pharmacologie clinique pour l’évaluation de la durée d’action des médicaments et de leurs effets sur certaines périodes du nycthémère, comme la montée du petit matin, moment privilégié pour la survenue des accidents cardiovasculaires. Les paramètres à considérer pour l’interprétation de la MAPA sont : l’âge, le sexe, la moyenne des mesures et l’écarttype sur 24 heures, la période diurne (7 h-22 h) et la période nocturne (22 h7 h). Les valeurs de référence de la MAPA sont indiquées dans le tableau II. La pression artérielle au domicile du patient Le patient mesure lui-même sa PA à l’aide d’un appareil portable, disposant d’un système d’affichage électronique des chiffres de PA. C’est une mesure consciente et volontaire par le Act. Méd. Int. - Angiologie (14) n° 239, janvier 1998 patient, avec un Tableau I. apprentissage qui PAs (mmHg) PAd (mmHg) implique le médecin. D’une façon généraNormotension < 140 < 90 le, les chiffres trouHTA légère 140-180 90-105 vés au domicile du patient sont plus bas Sous-groupe HTA limite 140-160 90-95 que ceux mesurés en consultation médicaHTA sévère et modérée > 180 > 105 le. Cette baisse est HTA systolique isolée > 160 < 90 d’environ 40 mmHg pour la PAs chez 30 % des sujets et de Tableau II. Valeurs de référence pour la mesure ambulatoire de 20 mmHg pour la la pression artérielle. PAd chez 24 % des Repos 24 heures Activité patients. Les valeurs de PA avec l’automeHypertension probable 139/87 146/91 127/79 sure sont intermé(mmHg) diaires entre la Hypertension certaine MAPA et le cabinet 149/94 157/99 137/87 (mmHg) médical. L’interprétation des chiffres de Valeurs de référence basées sur la moyenne ± 2 écarts types à l’auto-mesure nécespartir de la synthèse de 21 études ayant inclus 3 414 patients. site une période D’après J. Staessen, Am J Cardiol 1991 ; 67 : 723-7. minimum de 5 jours consécutifs de 6 – le retentissement sur les organes mesures par jour. Cette application cibles ; sollicite cependant une coopération – le risque cardiovasculaire global. plus importante du patient. L’interrogatoire orienté et l’examen clinique permettent une première approche d’une cause éventuelle : Les examens résistance au traitement faisant suspecter un hyperaldostéronisme pridu bilan à réaliser chez maire ou secondaire, recherche de un hypertendu de première malaises mal expliqués ou la triade classique (céphalées, sueurs, palpitadécouverte tions) en faveur d’un phéochromocytome, appréciation de l’hérédité famiDans la majorité des cas, l’examen liale. clinique soigneux de départ, ainsi qu’un nombre limité d’examens comEn outre, l’interrogatoire et l’examen plémentaires, constituent le bilan de clinique permettent d’apprécier une base suffisant pour guider ultérieurepathologie cardiaque (angor, insuffiment l’organisation de la prise en sance cardiaque) une pathologie vascharge de l’hypertendu. Le bilan culaire, rénale, cérébrale ou pulmorecommandé par l’OMS constitue un naire, qui pourraient constituer une gain de temps considérable, surtout contre-indication à certains antihys’il est fait en l’absence de traitement pertenseurs ou une cause favorisante et permet d’évaluer : de l’HTA (prise d’œstro-progestatifs, – la cause de l’hypertension artérielle ; anti-inflammatoires, réglisse, etc.). 4790 Angio janv. 98 22/04/04 14:07 Page 4791 Quelques précisions sur l'EDTC couleur Il est impératif d'avoir un bon écho-doppler des TSA afin de pouvoir interpréter les résultats. L'EDTC appréhende la résultante circulatoire d'un certain nombre d'anastomoses. Dans la majorité des cas, le secteur vertébro-basilaire est déficitaire et donc codé en bleu (le sang fuit), et c'est le secteur “carotide interne” qui revascularise la cérébrale postérieure. Une sténose qui régresse à 15 jours signe un embol et non une sténose fixée résiduelle. (D'après la communication de B. Anastasie) Enfin, une première évaluation doit être faite des autres facteurs de risque cardiovasculaires associés (surcharge pondérale, hypercholestérolémie, tabagisme, hérédité) précisant le risque vasculaire global du patient. Les examens biologiques minimaux conseillés par l’OMS, de préférence sans traitement, qui peuvent orienter le bilan étiologique sont : la kaliémie, la créatininémie, la protéinurie et l’examen cytobactériologique des urines, tandis que l’augmentation de l’uricémie, de la glycémie, des lipides représentent les facteurs de risque associés. L’électrocardiogramme permet d’évaluer le retentissement cardiaque de l’hypertendu et de rechercher des signes d’une hypertrophie ventriculaire gauche (HVG), des signes d’ischémie coronaire ou d’arythmie. Ce n’est qu’en cas d’anomalie détectée par le bilan minimal de l’OMS que des explorations complémentaires doivent être entreprises de façon orientée : radiologiques, ultrasoniques, endocriniennes ou isotopiques pour préciser une éventuelle étiologie ou anomalie de retentissement. Ce bilan minimal de la prise en char- ge d’une HTA de première découverte, quand la pression artérielle est considérée comme pathologique, est tout à fait suffisant pour orienter une recherche étiologique, s’il y a lieu, et pour faire le bilan de sa sévérité. Une importance et une place relative sont ainsi attribuées à l’HTA, au sein des autres facteurs de risque cardiovasculaires chez un malade donné, conditionnant ainsi le mode de sa prise en charge en fonction du profil de risque vasculaire global. Références 1. Kaplan N.M. : Clinical Hypertension, 4th Edition. Baltimore, Williams & Wilkins, 1990. 2. Swales J.D. : First line treatment in hypertension. Br. Med. J., 1990, 301 : 1172-3. 3. Mancia G., Bertinieri G., Grassi G. : Effects of blood pressure measurement by the doctor on patients blood pressure and heart rate. Lancet, 1983, 2 : 695-8. 4. Safar M., Weiss Y. : Ed. Meds, Paris 1983. 5. Bulpitt C.J. : The prognosis of essential hypertension. In : Handbook of hypertension vol. 6, epidemiology of hypertension, Bulpitt C.J. Ed. Elsevier 1985 : 343-58. ABONNEZ-VOUS ! ABONNEZ-VOUS ! ABONNEZ-VOUS ! 4791