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Pratique Soins
Poser un plâtre
Un acte pas tout à fait anodin
La pose d’un plâtre n’est pas un acte technique anodin. Il est donc
nécessaire de prévenir le patient des risques possibles de complications qu’il encourt. Quels sont les signes annonçant cette
survenue ? Quels sont les moyens de les éviter ? Le principe de base
étant qu’un plâtre ne doit jamais faire souffrir.
L
e personnel de santé doit
interroger les patients avant
la pose de la contention.
Le soignant doit tenir compte de
l’histoire du patient, s’enquérir de
l’existence ou non de facteurs de
risques, qu’ils soient cardiovasculaires ou thrombo-emboliques. Le
patient fume-t-il, est-il sous pilule,
comment sont ses constantes lipidiques en particulier, mais plus
généralement métaboliques ? Quel
est l’état de sa fonction rénale ?
Autant de questions qui permettent
de dresser une sorte d’état des
lieux. Il doit guider la pose du plâtre,
comme l’accompagnement du
malade.
Recommandations
Focus
...
Le conseil
infirmier
Le patient doit être
prévenu. “ Toute
douleur sous plâtre,
toute modification
de la sensibilité du
membre plâtré,
toute impression de
douleur superficielle
dermo-épidermique,
toute sensation de
chaleur importante
des extrémités ou au
contraire une pâleur
des téguments
doivent faire
consulter en
urgence.”
Le plâtre étant posé, parmi les
recommandations indispensables,
on doit énumérer les symptômes
suspects qui doivent alerter.
Certains symptômes sont à considérer comme révélateurs d’une
anomalie sous jacente. Le premier
risque d’une contention plâtrée est
en effet la compression et sa manifestation principale qu’est la douleur. Lorsque celle-ci est présente
dès les premiers jours, elle traduit
un phénomène compressif, complication particulièrement à redouter
pour les plâtres circulaires. Préventivement, pour lutter contre les phénomènes œdémateux, la prescription de traitements médicamenteux
peut s’avérer utile. Outre la douleur,
l’autre signe révélateur d’une compression est l’apparition de troubles
de la sensibilité qui signent une
compression nerveuse sur son trajet. Enfin, lorsqu’elle est cutanée, la
compression peut causer des
escarres, des ischémies locales.
Professions Santé Infirmier Infirmière N° 58 • octobre 2004
Cependant un plâtre, même s’il
n’est pas douloureux, doit être
régulièrement contrôlé.
Contrôle par le patient
Il faut apprendre au patient à surveiller l’aspect de son plâtre. N’est-il
pas trop lâche, la mobilité n’est-elle
pas trop importante ? N’est-il pas
en train de se fendiller, de se casser ? Il faut, pour éviter les incidents, expliquer ce qu’est, ou n’est
pas, un plâtre de marche et comment effectuer ses appuis en cas
d’immobilisation d’un membre inférieur. Il faut savoir aussi s’inquiéter de l’apparition de taches sur le
plâtre ou d’une odeur forte : il peut
s’agir d’un saignement sous jacent
ou d’une infection sur macération.
Autant de complications qui doivent être prises en charge aussitôt
comme doit l’être la deuxième
grosse complication possible qui
est thromboembolique. Ainsi, toute
douleur spontanée survenant au
mollet, aggravée par la dorsiflexion
du pied (signe de Homans), doit
faire craindre une phlébite. Une
fièvre, une adénopathie satellite
l’accompagnant ne sont pas constantes. Malheureusement, parfois,
les signes prémonitoires étant soit
inexistants soit passés inaperçus,
les premières manifestations peuvent directement être celles de
l’embolie pulmonaire avec une dyspnée, une douleur thoracique. D’où
la nécessité, de traiter préventivement par anticoagulants les patients détectés comme présentant
des facteurs de risque. Grâce à
quelques gestes simples, quelques
informations bien comprises, la plupart de ces complications ne
devraient plus exister.
L’immobilisation plâtrée
• Surélever le membre immobilisé.
• Ne pas porter de bagues en
cas de plâtre du membre supérieur.
• Faire bouger le plus possible
les articulations proches de la
lésion.
• Dire au patient de signaler tout
événement anormal qu’il soit
local sous plâtre ou général :
douleur cardiovasculaire et consulter les personnels de santé.
En cas de prescription d’HBPM,
(héparines de bas poids moléculaire), un contrôle préalable
des plaquettes est indispensable et ensuite deux à trois fois
par semaine.
Les interdits
Il faut expliquer au patient (notamment les jeunes) quelques interdits
essentiels :
● Ne pas modifier le plâtre en le
coupant ou en le fendant. Tout
mouvement à l'intérieur du plâtre
retarde le processus naturel de
réparation.
● Ne pas explorer la zone entre le
plâtre et la peau car il y a risque
d’abîmer la peau fragilisée, voire
d'entraîner une infection superficielle difficile à soigner sans enlever
le plâtre (même en cas de démangeaisons...).
● Ne pas mouiller le plâtre ou la
résine. Dans les deux cas, le tissu
protégeant la peau peut ne pas
sécher convenablement et macérer
(risque d'infection, de mycose).
● Ne pas enlever soi-même la
contention.
● Ne pas conserver la contention
au delà du délai prévu.
● Ne pas prendre une position pouvant bloquer la circulation veineuse,
par exemple croiser les jambes.
● Ne pas prendre des médicaments autres que ceux prescrits par
le médecin.
J.B.
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