12 Pratique Soins Poser un plâtre Un acte pas tout à fait anodin La pose d’un plâtre n’est pas un acte technique anodin. Il est donc nécessaire de prévenir le patient des risques possibles de complications qu’il encourt. Quels sont les signes annonçant cette survenue ? Quels sont les moyens de les éviter ? Le principe de base étant qu’un plâtre ne doit jamais faire souffrir. L e personnel de santé doit interroger les patients avant la pose de la contention. Le soignant doit tenir compte de l’histoire du patient, s’enquérir de l’existence ou non de facteurs de risques, qu’ils soient cardiovasculaires ou thrombo-emboliques. Le patient fume-t-il, est-il sous pilule, comment sont ses constantes lipidiques en particulier, mais plus généralement métaboliques ? Quel est l’état de sa fonction rénale ? Autant de questions qui permettent de dresser une sorte d’état des lieux. Il doit guider la pose du plâtre, comme l’accompagnement du malade. Recommandations Focus ... Le conseil infirmier Le patient doit être prévenu. “ Toute douleur sous plâtre, toute modification de la sensibilité du membre plâtré, toute impression de douleur superficielle dermo-épidermique, toute sensation de chaleur importante des extrémités ou au contraire une pâleur des téguments doivent faire consulter en urgence.” Le plâtre étant posé, parmi les recommandations indispensables, on doit énumérer les symptômes suspects qui doivent alerter. Certains symptômes sont à considérer comme révélateurs d’une anomalie sous jacente. Le premier risque d’une contention plâtrée est en effet la compression et sa manifestation principale qu’est la douleur. Lorsque celle-ci est présente dès les premiers jours, elle traduit un phénomène compressif, complication particulièrement à redouter pour les plâtres circulaires. Préventivement, pour lutter contre les phénomènes œdémateux, la prescription de traitements médicamenteux peut s’avérer utile. Outre la douleur, l’autre signe révélateur d’une compression est l’apparition de troubles de la sensibilité qui signent une compression nerveuse sur son trajet. Enfin, lorsqu’elle est cutanée, la compression peut causer des escarres, des ischémies locales. Professions Santé Infirmier Infirmière N° 58 • octobre 2004 Cependant un plâtre, même s’il n’est pas douloureux, doit être régulièrement contrôlé. Contrôle par le patient Il faut apprendre au patient à surveiller l’aspect de son plâtre. N’est-il pas trop lâche, la mobilité n’est-elle pas trop importante ? N’est-il pas en train de se fendiller, de se casser ? Il faut, pour éviter les incidents, expliquer ce qu’est, ou n’est pas, un plâtre de marche et comment effectuer ses appuis en cas d’immobilisation d’un membre inférieur. Il faut savoir aussi s’inquiéter de l’apparition de taches sur le plâtre ou d’une odeur forte : il peut s’agir d’un saignement sous jacent ou d’une infection sur macération. Autant de complications qui doivent être prises en charge aussitôt comme doit l’être la deuxième grosse complication possible qui est thromboembolique. Ainsi, toute douleur spontanée survenant au mollet, aggravée par la dorsiflexion du pied (signe de Homans), doit faire craindre une phlébite. Une fièvre, une adénopathie satellite l’accompagnant ne sont pas constantes. Malheureusement, parfois, les signes prémonitoires étant soit inexistants soit passés inaperçus, les premières manifestations peuvent directement être celles de l’embolie pulmonaire avec une dyspnée, une douleur thoracique. D’où la nécessité, de traiter préventivement par anticoagulants les patients détectés comme présentant des facteurs de risque. Grâce à quelques gestes simples, quelques informations bien comprises, la plupart de ces complications ne devraient plus exister. L’immobilisation plâtrée • Surélever le membre immobilisé. • Ne pas porter de bagues en cas de plâtre du membre supérieur. • Faire bouger le plus possible les articulations proches de la lésion. • Dire au patient de signaler tout événement anormal qu’il soit local sous plâtre ou général : douleur cardiovasculaire et consulter les personnels de santé. En cas de prescription d’HBPM, (héparines de bas poids moléculaire), un contrôle préalable des plaquettes est indispensable et ensuite deux à trois fois par semaine. Les interdits Il faut expliquer au patient (notamment les jeunes) quelques interdits essentiels : ● Ne pas modifier le plâtre en le coupant ou en le fendant. Tout mouvement à l'intérieur du plâtre retarde le processus naturel de réparation. ● Ne pas explorer la zone entre le plâtre et la peau car il y a risque d’abîmer la peau fragilisée, voire d'entraîner une infection superficielle difficile à soigner sans enlever le plâtre (même en cas de démangeaisons...). ● Ne pas mouiller le plâtre ou la résine. Dans les deux cas, le tissu protégeant la peau peut ne pas sécher convenablement et macérer (risque d'infection, de mycose). ● Ne pas enlever soi-même la contention. ● Ne pas conserver la contention au delà du délai prévu. ● Ne pas prendre une position pouvant bloquer la circulation veineuse, par exemple croiser les jambes. ● Ne pas prendre des médicaments autres que ceux prescrits par le médecin. J.B.