40 Soins Libéraux VIH Prévenir l’échec thérapeutique Un nouvel inhibiteur de protéase est aujourd’hui recommandé comme un choix préférentiel pour le traitement initial des personnes infectées par le VIH, car il fait partie des IP qui restent actifs chez les patients prétraités par eux. Dans les situations d’échec thérapeutique, le groupe d’experts souligne la nécessité d’un bilan. D’ après des données épidémiologiques, la prévalence de l’infection par le VIH est estimée, en France, à 97 000, et la moitié des patients chez qui se pose l’indication de commencer un traitement antirétroviral consulte à un stade avancé. Près de 60 % des patients traités sont en succès virologique (charge virale au-dessous du seuil de détection) et 6 % des patients sont en échec thérapeutique sévère (CD4 < 200 ml/ml et charge virale < 30 000 copies/ml). Infos ... Pourquoi l’échec ? Un bilan est recommandé par les experts afin de déterminer s’il s’agit d’un cas de mauvaise observance ou de résistance du virus. Le premier inhibiteur d’entrée du VIH-1 dans la cellule cible (enfuvirtide) présente un grand intérêt étant donné qu’il est important de disposer d’une nouvelle famille active. Il est admis que le choix de l’association thérapeutique initiale ne repose pas exclusivement sur l’efficacité virologique, mais qu’il doit prendre en compte plusieurs facteurs liés à la situation particulière de chaque patient. Quand commencer le traitement ? À côté de l’efficacité des antiviraux, les questions de tolérance, de toxicité et d’acceptabilité du traitement sont devenus un problème majeur tant pour les patients que pour les équipes soignantes. Les experts s’accordent à dire que, chez les patients asymptomatiques et régulièrement suivis ayant des lymphocytes CD4 ≥ 35O/mm3, il n’y a pas lieu d’entreprendre un traitement antirétroviral, car le bénéfice thérapeutique attendu n’est pas suffisant au regard des risques inhérents à la poursuite à long terme d’un tel traitement ; entre 200 et 350/mm3, le traitement est discuté au cas par cas. Les options thérapeutiques à préférer pour mettre en route le traitement sont une combinaison de deux IN associés soit à un INN soit à un IP potentialisé par une faible dose de ritonavir. Certes, le nombre de molécules et de combinaisons d’antirétroviraux a beaucoup augmenté. Cependant, une grande prudence s’impose quant aux combinaisons non validées et à une simplification extrême des traitements, qui ne doit pas se faire aux dépens de l’efficacité antirétrovirale, comme le sou- Professions Santé Infirmier Infirmière N° 61 • janvier-février 2005 ligne le rapport 2004 du groupe d’experts sous la direction du Pr J.F. Delfraissy demandé par le ministère de la Santé. On retrouve dans ce rapport un point sur les schémas thérapeutiques à ne pas utiliser, en raison d’une efficacité insuffisante, d’un rapport bénéfice/ risque défavorable ou d’une mauvaise tolérance. L’objectif du premier traitement antirétroviral est d’obtenir à court terme une charge virale au-dessous du seuil de détection. Vu que le traitement initial s’inscrit dans une perspective au long cours, le choix du traitement est important pour prévenir l’échec thérapeutique, lequel peut être lié à une mauvaise observance, à des interactions médicamenteuses ou à une puissance insuffisante de la combinaison antivirale utilisée. Autrement dit, si la puissance virologique des résultats initiaux reste un point essentiel, il est aussi important de tenir compte du niveau de barrière génétique de chaque molécule et de privilégier des traitements d’administration simple et bien tolérés afin de favoriser l’observance. Un nouvel IP Un nouvel inhibiteur de protéase (fosamprénavir), potentialisé par une faible dose de ritonavir, constitue une alternative aux traitements actuels utilisés en première ligne. Il a l’avantage de présenter un quotient inhibiteur élevé qui limite l’émergence de mutations et offre un schéma posologique simple, sans contrainte alimentaire ni hydrique ; il sera bientôt disponible sous forme de suspension buvable. En cas d’échec virologique, l’analyse doit prendre en compte le moment, l’intensité et le type d’échec, à savoir : l’absence de réponse, la réduction virale abaissée par rapport à la valeur initiale, mais qui n’atteint pas l’indétectabilité après 3 mois de traitement, ou l’échappement virologique (défini par la réapparition d’une charge virale détectable après une période d’indétectabilité). Le choix d’une nouvelle association s’appuie également sur l’histoire clinique et thérapeutique du patient, sur l’évaluation de son observance et sur le bilan des résistances acquises à l’aide des tests génotypiques. La priorité étant de tout faire pour éviter l’accumulation des mutations associées aux différentes molécules. Le premier inhibiteur d’entrée du VIH dans la cellule cible (enfuvirtide) est actuellement utilisé en situation de multiéchec, en association avec au moins une autre molécule active. Mais il pourrait avoir sa place dans un contexte d’échec moins sévère, dans une stratégie de changement de traitement proposant aux patients une courte période d’essai. En effet, il a été démontré qu’à trois mois, la réponse virologique et immunologique des patients sous enfuvirtide est prédictive de la réponse à 24, 48 et 96 semaines de traitement. La voie injectable sous-cutanée de cette molécule constitue un frein à son utilisation. Néanmoins, la motivation des patients est bonne dès qu’ils constatent son efficacité : dans les études TORO 1 et 2, la CV < 400 copies/ml à 96 semaines était obtenue chez 34 % des patients l’ayant reçue avec un traitement optimisé, versus 13 % dans le bras du traitement optimisé seul. D’autres molécules de cette classe thérapeutique ainsi que les inhibiteurs de l’intégrase sont en cours d’évaluation. Quant aux patients en succès immunovirologique, les interruptions thérapeutiques ne sont pas recommandées. Selon les experts, une interruption peut se discuter lorsque les CD4 sont stables à plus de 500/mm3 et n’ont pas été inférieurs à 350/mm3, notamment dans les situations où le traitement antirétroviral devient trop contraignant ou est associé à des effets indésirables gênants. Ludmila Couturier