Nous faisons de vos spécialités Nous faisons de vos spécialités notrerespéc spéc ialité not ialité É ditorial Directeur de la publication Claudie Damour-Terrasson Rédacteur en chef M. Komajda Rédacteur en chef adjoint C. Bauters Rédactrice en chef adjointe (congrès) N. Baubion Comité de rédaction C. Adams - M.C. Aumont - J.P. Batisse N. Danchin - B. Gallet - X. Girerd G. Helft - P. Jauffrion - S. Kownator - C. Leclercq C. Le Feuvre - J.P. Metzger - D. Thomas Conseiller scientifique : Pr A. Vacheron Conseil de rédaction É. Bruckert - J.P. Charliaguet - A. Cohen-Solal F. Delahaye - P. Gibelin - T. Lavergne G. Montalescot - R. Roudaut - C. Sebag Comité de lecture Prs J.P. Bassand (Besançon) - M. Bertrand (Lille) M. Bory (Marseille) - M. Brochier (Tours) - J.C. Daubert (Rennes) J. Delaye (Lyon) - Y. Grosgogeat (Paris) L. Guize (Paris) - P.G. Hugenholtz (Oosterbeek - Pays-Bas) H. Kulbertus (Liège) - R. Leighton (Savannah - États-Unis) J. Lekieffre (Lille) - S. Levy (Marseille) - A. Maseri (Londres) G. Nicolas (Nantes) - M. Salvador (Toulouse) Fondateur : Alexandre Blondeau Société éditrice : EDIMARK SAS Président-directeur général Claudie Damour-Terrasson Rédaction Directeur délégué de la rédaction : Béatrice Hacquard-Siourd Secrétaire générale de rédaction : Magali Pelleau Secrétaire de rédaction : Lauriane Noury Rédactrices-réviseuses : Cécile Clerc, Sylvie Duverger, Muriel Lejeune, Catherine Mathis, Odile Prébin Quelle prise en charge pour une cardiomyopathie hypertrophique en 2006 ? How to manage hypertrophic cardiomyopathy in 2006? E n dépit de la meilleure compréhension de la physiopathologie de la cardiomyopathie hypertrophique (CMH), et notamment des avancées dans le domaine de la génétique, la prise en charge de la maladie reste difficile et souvent empirique. Les récentes recommandations conjointes de la Société européenne de cardiologie et de l’American College of Cardiology (European Heart Journal, 2003) ont cependant permis de clarifier l’attitude vis-à-vis de cette affection, même s’il reste extrêmement difficile sur le plan individuel de chiffrer le risque de mort subite. En l’absence de larges études randomisées, ces recommandations sont essentiellement fondées sur des études observationnelles. Les modalités thérapeutiques dépendent des caractéristiques du patient (âge, facteurs de risque de mort subite), des antécédents familiaux (forme bénigne ou maligne), de la présence d’un obstacle sous-aortique, de l’importance et de la distribution de l’hypertrophie ventriculaire gauche (HVG), de la fonction ventriculaire gauche, de l’importance de la fuite mitrale associée ainsi que des contre-indications et de la réponse aux médicaments. MESURES GÉNÉRALES Commercial Directeur du développement commercial : Sophia Huleux-Netchevitch Directeur des ventes : Chantal Géribi Directeur d’unité : Nathalie Bastide Dans tous les cas, il faut éviter les efforts violents et les sports de compétition (l’exercice physique intense étant un mode de déclenchement de la mort subite chez certains individus), effectuer une prévention anti-oslérienne, et, dans les formes obstructives, éviter digitaliques, trinitrine ou vasodilatateurs. L’anticoagulation au long cours doit être systématique en cas de fibrillation auriculaire, même paroxystique, car le risque thromboembolique est élevé, notamment lorsque l’oreillette gauche est dilatée. Pour les porteurs sains, chez lesquels il existe une mutation sur un gène codant pour la maladie mais sans hypertrophie, une simple surveillance s’impose. Le risque de décès chez ces patients asymptomatiques semble extrêmement faible. En dehors de ces règles générales, et schématiquement, il faut distinguer la prise en charge du risque de mort subite et la prise en charge des symptômes. Régie publicitaire et annonces professionnelles Vincent Le Divenach Tél. : 01 46 67 62 92 – Fax : 01 46 67 63 10 PRISE EN CHARGE DU RISQUE DE MORT SUBITE Infographie Premier rédacteur graphiste : Didier Arnoult Responsable technique : Virginie Malicot Rédactrices graphistes : Mathilde Aimée, Christine Brianchon, Cécile Chassériau, Catherine Rousset Dessinateurs d'exécution : Stéphanie Dairain, Antoine Palacio 2, rue Sainte-Marie, 92418 Courbevoie Cedex Tél. : 01 46 67 62 00 - Fax : 01 46 67 63 10 E-mail : [email protected] Site Internet : www.edimark.fr Plusieurs essais de stratification du risque ont été proposés, toujours imparfaits. La valeur prédictive individuelle de chaque facteur de risque (tableau) est faible, de l’ordre de 20 %, en dépit d’une valeur prédictive négative élevée. Pour certains, la présence d’un critère majeur ou d’au moins trois critères mineurs de mort subite fait entrer le patient dans la catégorie à haut risque et doit conduire à discuter l’implantation d’un défibrillateur cardiaque, seule thérapeutique ayant prouvé son efficacité dans ce domaine. Si l’amiodarone a Photos : © Thierry Maffeis, © Sebastian Kaulitzki. La Lettre du Cardiologue - n° 400 - décembre 2006 Abonnements Lorraine Figuière - Tél. : 01 46 67 62 74 Éditorial La Lettre du Cardiologue 3 Éditorial É ditorial été proposée en cas de tachycardies ventriculaires au Holter, il paraît difficile de justifier un tel traitement prophylactique au long cours chez le sujet jeune asymptomatique en raison de ses effets indésirables et d’une efficacité incertaine. L’indication du défibrillateur doit prendre en compte le profil clinique, l’âge, les facteurs de risque identifiés, les niveaux de risque acceptables pour le patient et sa famille, ainsi que le contexte socioculturel et économique. Le défibrillateur est recommandé par la Société européenne de cardiologie en présence de plus de deux facteurs de risque majeurs de mort subite (indication de type IIA), tandis que l’amiodarone constitue une alternative raisonnable en présence d’un seul facteur de risque majeur (indication de type IIB). Tableau. facteurs de risque de mort subite (d’après Nishimura RA et Holmes DR, N Engl J Med 2004). Critères majeurs ● Antécédent d’arrêt cardiaque récupéré er ● Antécédent de mort subite familiale chez au moins un apparenté du 1 degré < 40 ans ● Tachycardies ventriculaires soutenues spontanées (> 30 s) a une efficacité dans environ 50 % des cas, mais avec des effets indésirables fréquents et parfois graves (25 % des cas). Le disopyramide (400-800 mg/j) peut être instauré dans les formes obstructives si ces deux classes pharmacologiques sont mal tolérées ou inefficaces, parfois associé à un bêtabloquant, jamais à l’amiodarone, avec une efficacité sur les symptômes dans deux tiers des cas, et une diminution de 50 % en moyenne du gradient de repos. L’association bêtabloquant + vérapamil a été proposée dans certains cas sans preuve d’une efficacité supplémentaire. L’adjonction d’une faible dose de diurétique en cas de dyspnée persistante avec pressions de remplissage élevées peut quelquefois s’avérer utile. En cas de fibrillation auriculaire, l’amiodarone est efficace pour prévenir les récidives, et une cardioversion électrique pharmacologique rapide peut être indiquée dans les formes soutenues mal tolérées. Dans certains cas, l’ablation du nœud auriculoventriculaire avec pacemaker définitif est nécessaire. Porteurs sains Abstention NYHA I/II Suivi Critères mineurs Syncopes inexpliquées (≥ 2 dans l’année) ● Tachycardies ventriculaires non soutenues au Holter (≥ 3 complexes, ≥ 120/mn) ● Absence d’élévation ou chute tensionnelle d’effort ● HVG échographique > 30 mm ● Obstruction sous-aortique basale > 30 mmHg (si ≥ 40 ans et classe NYHA ≥ II) ● Atteinte microvasculaire coronaire (ischémie documentée en scintigraphie ou fibrose en IRM-gadolinium) ● Mutation morbide à haut risque (troponine T cardiaque) ● PRISE EN CHARGE DES SYMPTÔMES De manière très schématique, les symptômes (essentiellement la dyspnée d’effort) sont grossièrement corrélés à la présence et à l’importance du gradient sous-aortique et/ou à l’élévation des pressions de remplissage ventriculaire gauche, paramètres accessibles en routine par l’échographie doppler cardiaque. En première intention (figure), il est d’usage de prescrire des bêtabloquants à forte dose (correspondant à 160-320 mg/j de propranolol), notamment en cas d’obstacle sous-aortique. Si la diminution du gradient de repos est inconstante et incomplète, les gradients provoqués sont habituellement décapités. L’amélioration fonctionnelle, dose-dépendante, survient chez 30 à 50 % des patients. Le vérapamil (240-480 mg/j) peut être utilisé si les bêtabloquants sont contre-indiqués, mal tolérés ou inopérants, sous surveillance étroite, et après s’être assuré que les pressions de remplissage du ventricule gauche ne sont pas trop élevées et qu’il n’y a pas de trouble conductif ; le vérapamil 4 Asymptomatique NYHA III/IV Prophylaxie endocardite Anticoagulation (FA) Échec ? Bêtabloquant Vérapamil Bêtabloquant ou vérapamil + Diurétique (remplissage, PTDVG) Disopyramide Bêtabloquant + vérapamil Symptômes réfractaires sévères Non obstructive Gradient > 50 mmHg (spontané/effort) DDD Diurétique, digoxine, bêtabloquant, Alcoolisation ? Pacing spironolactone septale Myectomie* Transplantation * Septum interventriculaire > 18 mm Figure. Stratégie de prise en charge (d’après Nishimura RA et Holmes DR, N Engl J Med 2004). Dans les formes rebelles au traitement médical maximal (NYHA III), en présence d’une obstruction sous-aortique de repos ou d’effort ≥ 50 mmHg, des thérapeutiques invasives peuvent être discutées, soit la stimulation ventriculaire, soit la myectomie ou encore l’alcoolisation septale. Ces techniques concernent environ 5 % des patients atteints. L’intérêt de la stimulation double chambre (pour préserver la systole auriculaire, responsable d’au moins 30 % du débit cardiaque chez ces patients) est actuellement discuté, car il est difficile de prédire quels patients bénéficieront au mieux de la technique. De plus, les études randomisées cross-over ne donnent pas des résultats concordants en ce qui concerne l’amélioration objective de la capacité d’effort, et, à 4-5 ans, moins de 40 % des patients continuent à être améliorés sur La Lettre du Cardiologue - n° 400 - décembre 2006 le plan symptomatique. La procédure nécessite un réglage minutieux du stimulateur par doppler transmitral et semble plus efficace après 65 ans (amélioration des symptômes dans deux tiers des cas). La chirurgie septale (myotomie + myectomie), beaucoup moins utilisée en France, reste le standard de référence du traitement invasif de la maladie, notamment aux ÉtatsUnis, en cas d’hypertrophie septale sous-aortique ≥ 18 mm. L’amélioration des symptômes et de la capacité d’effort obtenue chez 70 % des patients persiste à long terme, avec une abolition ou une franche régression des gradients de repos ou provoqués. La mortalité opératoire reste cependant élevée dans les centres peu expérimentés. L’alcoolisation septale partage les indications de la chirurgie septale. Elle constitue aujourd’hui une alternative à la myectomie en dépit de l’absence d’études randomisées ou contrôlées. Elle repose sur l’injection de 1 à 4 ml d’alcool pur dans la première artère septale après cathétérisme coronaire sélectif et création d’un infarctus septal entraînant un remodelage ventriculaire gauche progressif. La diminution de l’injection de la quantité d’alcool utilisée, de la vitesse d’injection, et la limitation de la taille de l’infarctus par utilisation de l’échographie de contraste préprocédure permettent de limiter la morbidité et la mortalité. Cependant, la mortalité hospitalière reste élevée (2-4 %), et le recours à Éditorial É ditorial l’implantation d’un pacemaker définitif souvent nécessaire (> 10 %). La sécurité de la procédure à long terme reste à préciser, notamment sur le plan rythmique et sur celui de la contractilité ventriculaire gauche globale, faisant éviter la technique chez les sujets jeunes. Il existe actuellement une surprescription de la technique qui, encore une fois, ne devrait être réservée qu’au patient très symptomatique, sous traitement médical maximal, avec gradient sous-aortique ≥ 50 mmHg et septum sous-aortique ≥ 18 mm, sans anomalie structurelle mitrale. La CMH n’est qu’exceptionnellement une indication à transplantation cardiaque dans les formes non obstructives chez les sujets jeunes très symptomatiques avec altération de la fonction systolique. CONCLUSION Il faut souligner que l’immense majorité des patients atteints de CMH ne sont que peu ou modérément symptomatiques, même s’ils sont obstructifs et à faible risque de mort subite, avec une espérance de vie proche de celle de la population générale. A. Hagège, pôle cardiovasculaire, hôpital européen Georges-Pompidou, Paris Lettres - 70 x 176 mm La Lettre du Cardiologue - n° 400 - décembre 2006 5