38 Soins Libéraux Hypertension artérielle chronique (HTAch) Pourquoi traiter la femme enceinte ? Un à cinq pour cent des femmes enceintes présentent une hypertension artérielle chronique, avec cependant de grandes disparités. Si ce taux est moindre pour une grossesse débutée à l’âge de 20 ans, il devient nettement plus important pour une parturiente de 40 ans et plus. D ire que les grossesses ont tendance à débuter de plus en plus tard, c’est prendre la mesure d’un événement autrefois occasionnel et désormais courant. Mais on ne peut parler d’hypertension artérielle chronique que si l’HTA préexiste à la grossesse. Poser le diagnostic Focus ... Les patientes à risque Les patientes ayant une hypertension chronique sont à risque de complications maternelles et périnatales. Un traitement antihypertenseur doit être prescrit chez les femmes à haut risque de complications. En revanche, ce traitement ne semble pas améliorer le pronostic périnatal chez les femmes à bas risque. En l’absence d’antécédents obstétricaux de type vasculaire, le traitement par aspirine à faible dose n’est pas justifié pour réduire le risque de prééclampsie surajoutée. Selon le Dr B. Haddad (service de gynécologie-obstétrique, CHI de Créteil, 94), pour définir l’HTAch, il faut avoir contrôlé à plusieurs reprises les chiffres tensionnels : pression systolique supérieure à 140 mmHg et pression diastolique supérieure à 90 mmHg. L’HTAch ne doit pas être confondue avec l’HTA gravidique débutant avec la grossesse, accompagnée ou non de prééclampsie. Le diagnostic posé, il convient alors d’en définir l’intensité, d’en déterminer la cause. Par ailleurs, l’HTA doit être considérée comme sévère si la pression systolique est supérieure à 160 mmHg ou si la diastolique est supérieure à 110 mmHg. Quant à son étiologie, pour 90 % des cas, l’HTA est primitive et, pour les 10 % restants, la pathologie sous-jacente ne doit pas être méconnue, surtout en vue d’une prise en charge thérapeutique (voir encadré). Le diagnostic clinique et étiologique posé, la prise en charge thérapeutique est nécessaire pour prévenir les complications. Comme pour l’HTA gravidique, ce sont essentiellement l’éclampsie et l’hématome rétroplacentaire pour la mère, mais aussi le risque de mort in utero, d’hypotrophie, de prématurité Professions Santé Infirmier Infirmière N° 60 • décembre 2004 Dans tous les cas, il s’agit de contrôler la tension, par des mesures d’hygiène et par des médications, sous peine de complications. JB Entretiens de Bichat Paris 2004 fœtale pour l’enfant. Ces risques sont d’autant plus importants qu’il existe des facteurs aggravants (voir encadré). Prise en charge En cas de risque important de complications, dès la première visite médicale, la patiente doit être avertie et mise en garde. Elle doit ainsi cesser un tabagisme existant, surveiller sa prise de poids, respecter une hygiène de vie correcte. Une recherche d’albuminurie est également effectuée, en même temps qu’un bilan sanguin. Cette surveillance sera reconduite toutes les deux à trois semaines. L’échographie pratiquée mensuellement permet de surveiller la croissance fœtale, le développement du liquide fœtal lors du troisième trimestre, la mesure du rythme cardiaque fœtal toutes les semaines. En cas d’apparition de complications, une hospitalisation est souvent nécessaire, mais l’arrêt de la grossesse est exceptionnel. Pour contrôler la tension prandiale, la molécule de choix est l’alphaméthyl-dopa : son utilisation est accompagnée de peu d’inconvénients, de peu d’effets secondaires, d’aucune incidence tératogène surtout. Ce qui n’est pas le cas des autres thérapies hypotensives, comme les bêtabloquants, accusés de causer des retards de croissance. La prescription d’inhibiteurs calciques est, elle, possible, contrairement aux IEC, contre-indiqués au cours des deuxième et troisième trimestres de grossesse, mais non tératogènes les trois premiers mois. Principales étiologies d’HTA chronique prandiale • HTA primitive ; • HTA secondaire : – affections rénales (toutes les atteintes du parenchyme rénal, du glomérule au tubule ; la greffe rénale, la sténose de l’artère rénale), – affections immunes (lupus érythémateux aigu disséminé, péri-artérite noueuse, sclérodermies), – affections métaboliques (diabète, hyperaldostéronisme, hyperthyroïdie, phéochromocytome), – anomalie vasculaire (coarctation). Les HTA à haut risque de complications • HTA sévère < 20 semaines d’aménorrhée et PAS > 160 mmHg ou PAD > 110 mmHg. • HTA modérée de moins de 20 semaines d’aménorrhée associée à : – antécédents de mort périnatale, – antécédents de prééclampsie, – âge maternel > 40 ans, – durée de l’HTA > 4 ans, – pathologie rénale (présence d’une albuminurie), – diabète, – cardiomyopathie, présence d’un anticoagulant circulant, – coarctation de l’aorte, – rétinopathie, – tabagisme, – obésité ou prise de poids trop importante.