Syndrome de dispersion pigmentaire et iridotomie au laser Cas clinique

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Cas clinique
Glaucome
Syndrome de dispersion pigmentaire
et iridotomie au laser
Pigment dispersion syndrome and laser iridotomy
P. Hamard
(Centre du glaucome, service d’ophtalmologie du Pr C. Baudouin,
centre hospitalier national d’ophtalmologie des Quinze-Vingts, Paris)
Syndrome de dispersion
pigmentaire • Bloc pupillaire
inverse • Concavité irienne
• Iridotomie au laser.
Pigment dispersion syndrome
• Reverse pupillary block
• Concave iris • Laser iridotomy.
U
n homme, âgé de 28 ans, myope faible, sans antécédents particuliers, se
présente en consultation pour bilan de halos colorés et troubles visuels
survenant depuis quelques semaines lorsqu’il joue au tennis.
Examen
L’examen au biomicroscope retrouve un faisceau de Krukenberg bilatéral (figure 1),
une chambre antérieure profonde, un dépôt de pigment sur la face antérieure de l’iris
(figure 2) et une transillumination en rayons de roue du tiers externe de l’iris (figure 3).
La pression intra-oculaire est de 26 mmHg (pachymétrie centrale normale : 550 µm).
En gonioscopie, l’angle irido-cornéen est ouvert et la racine irienne semble anormalement concave (figure 4) tandis que le trabéculum est pigmenté de façon dense et
homogène sur 360° (figure 5).
La papille n’est pas excavée et les champs visuels sont normaux.
Discussion et évolution
Légendes
Figure 1. Dépôt de pigment à disposition
triangulaire sur l’endothélium cornéen.
Figure 2. Dépôt de pigment à disposition
concentrique sur la face antérieure de l’iris.
L’aspect biomicroscopique est caractéristique d’un syndrome de dispersion pigmentaire, compliqué dans ce cas d’une hypertonie oculaire.
Figure 3. Transillumination irienne en rayons
de roue.
Le signe pathognomonique du syndrome de dispersion pigmentaire est le dépôt de
pigment sur les fibres zonulaires et sur l’équateur du cristallin (figure 6), non présent
ici.
Figure 4. Concavité de la racine irienne.
La concavité de la racine irienne, inconstante, suggère la présence d’un bloc pupillaire
inverse, ce qui expliquerait le frottement de l’épithélium postérieur pigmenté de l’iris
sur le plan capsulo-zonulaire et la libération de pigment se déposant au niveau des
structures des segments antérieur et postérieur de l’œil (1).
Figure 5. Pigmentation trabéculaire.
Figure 6. Pigment sur la zonule et sur la cristalloïde à l’équateur du cristallin.
Figure 7. Aplanissement de l’iris après iridotomie au laser.
Les efforts physiques peuvent majorer le bloc pupillaire inverse et conduire à une
libération massive de pigment entraînant une hypertonie oculaire aiguë responsable
de signes fonctionnels : le patient présentait ainsi des halos colorés et souffrait de
troubles visuels à l’effort.
L’encombrement du trabéculum par le pigment se complique dans 20 % des cas d’une
hypertonie oculaire chronique aboutissant à un glaucome dans 15 % des cas (2).
Une iridotomie périphérique au laser a pu, dans ce cas, supprimer le bloc pupillaire
inverse en égalisant les pressions entre les chambres antérieure et postérieure, ce
qui a permis de retendre l’iris (figure 7). Une monothérapie hypotonisante oculaire a
permis de contrôler la pression oculaire après le laser.
En cas de syndrome de dispersion pigmentaire, l’iridotomie au laser, qui peut ellemême libérer du pigment et aggraver l’encombrement trabéculaire, n’est donc
indiquée qu’en cas de concavité irienne et seulement en cas d’hypertonie oculaire
isolée, voire de glaucome débutant.
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Images en Ophtalmologie • Vol. IV • no 4 • octobre-novembre-décembre 2010
Références bibliographiques
1. Campbell DG, Schertzer RM. Pathophysiology
of pigment dispersion syndrome and pigmentary
glaucoma. Curr Opin Ophthalmol 1995;6(2):96-101.
2. Niyadurupola N, Broadway DC. Pigment
dispersion syndrome and pigmentary glaucoma:
a major review. Clin Experiment Ophthalmol
2008;36(9):868-82.
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