Actualités 6 23/07/04 14:39 Page 6 Actua l ité Profession Hospitalisation à Domicile (HAD) : « L’objectif des 8 000 places avant la fin 2005 n’est pas utopique » L’ordonnance du 4 septembre 2003 supprimait le taux de change et l’imputation à la carte sanitaire en attendant la fameuse tarification à l’activité. Le ministre de la Santé de l’époque, M. Mattéi, avait pris fait et cause pour le développement de l’HAD, précisément en levant ces obstacles. Questions à M. P.J. Cousteix, président de la FNEHAD U n plan de développement de l’HAD prévoyait la création de 8 000 places avant la fin 2005. Reste la Tarification à l’activité, la T2a pour les initiés. Qu’en est-il des intentions du nouveau ministre, Douste Blazy, fort occupé il est vrai par la réforme de l’Assurance Maladie ? Le Dr PierreJean Cousteix, Président de la Fédération Nationale de l’Hospitalisation à Domicile (FNEHAD) est à ce titre l’interlocuteur idéal pour un état des lieux de l’HAD en France. Infos ... La FNEHAD a trente ans On peut certes remonter l’historique aux comités de mendicité La RochefoucaultLiancourt ! Sans aller si loin, on peut citer la première expérience sous la direction américaine, en 1945, du Pr Bluestone à l’hôpital Tenon de Paris, puis l’expérience française du Pr Siguier, en 1951, toujours à Tenon, enfin la création du service HAD à l’AP-HP. Au 1er janvier 1973, on comptait en France une dizaine de structures d’HAD. Il y en avait 92 en 2003. À l’heure où la FNEHAD fête ses trente ans, il en existe 114. Pouvez-vous nous présenter succinctement la FNEHAD : ses missions et ses objectifs ? Dr Pierre-Jean Cousteix : La FNEHAD est une association loi de 1901 créée en 1974 dans le but de construire un concept d’HAD “à la française” et d’implanter des structures d’HAD sur l’ensemble du territoire. La FNEHAD anime et fédère les structures d’HAD, mais ne les gère pas. Elle est construite sur le modèle de la FHF (Fédération Hospitalière de France) et non pas sur celui de la FEHAP (Fédération des Établissements Privés à but non lucratif), qui est une fédération “employeur” car les personnels des établissements adhérant à la FEHAP ont une convention collective. Les personnels employés par les structures d’HAD sont de tous statuts : libéraux, salariés de la fonction publique, salariés du secteur privé. La FNEHAD ne les gère pas. La fédération regroupe environ 90 % des places installées mais seulement 70 % des structures exis- Professions Santé Infirmier Infirmière N° 56 • juin-juillet 2004 tantes. Globalement, l’objectif principal est de mettre à disposition sur l’ensemble du territoire et pour tous les malades dont l’état le justifie, le moyen d’être soigné, sans perte de chance, à leur domicile dans le cadre de l’HAD. De façon plus précise, les pouvoirs publics ont fixé comme objectif la mise à disposition de 8 000 lits d’HAD avant la fin 2005. Quelle est la situation actuelle de l’HAD en France ? Dr P.-J. Cousteix : La situation actuelle en France est de 5 000 lits installés fin décembre 2003 pour 114 structures d’HAD sur l’ensemble du territoire. En 1998, on était à moins de 4 000 places pour 52 structures. Lors de l’Assemblée générale de la FNEHAD, le 17 juin, un bilan des projets de création et également un recensement des structures créées depuis le début 2004 ont été effectués. Nous avons enregistré la création de 8 structures depuis le mois de janvier 2004 ainsi que plusieurs autorisations d’extension du nombre de places autorisées dans des structures d’HAD déjà existantes. Quelles sont vos recommandations pour lutter contre les disparités régionales constatées en nombre de structures HAD et en places disponibles ? Dr P.-J. Cousteix : Tout le système de santé français est en cours de réorganisation. On va dans le sens d’une responsabilisation des autorités locales et des élus locaux dans l’établissement des SROS (Schémas Régionaux d’Organisation Sanitaire). Des instructions doivent être transmises aux directeurs des ARH afin qu’ils n’oublient pas de prendre en compte l’HAD dans l’établissement des SROS. Ceci a d’ailleurs été fait récemment par la DHOS. Autre recommandation : accélérer les travaux en cours sur une nouvelle tarification de l’hospitalisation à domicile, plus homogène et plus moderne. Pourquoi, selon vous, existe t-il si peu de structures privées lucratives ? Dr P.-J. Cousteix : Tout simplement parce que le secteur libéral ne s’y est pas réellement intéressé. Très orienté sur les disciplines MCO, il n’a commencé à s’intéresser aux alternatives à l’hospitalisation qu’à partir du concept de chirurgie ambulatoire. Or, en HAD, on ne pratique pas la chirurgie, ni la médecine au sens strict, ni l’obstétrique. On ne fait pas non plus de diagnostic ! On pratique des soins de “réhabilitation” pour les affections guérissables et des soins “d’accompagnement” pour les autres ; et les prévisionnistes, en matière sanitaire, annoncent un manque de places considérable dans ce type d’activités, qui pourrait atteindre 200 000 dans 20 ans. C’est pour accompagner ce développement nécessaire de l’HAD, et faire participer le secteur privé à but lucratif que la FNEHAD a changé ses Actualités 23/07/04 14:39 Page 7 Actua l ité Profession statuts il y a 5 ans, afin de fédérer tous les établissements qui adhérent à la charte de l’HAD, quels que soient leurs statuts. Il existe aujourd’hui seulement 3 structures privées (Angers, Bastia et les Yvelines Sud) mais de nombreux projets sont en cours d’élaboration. La FNEHAD a passé des conventions pour le développement de l’HAD avec de nombreux organismes représentant la quasi-totalité du domaine sanitaire français. Parmi ceux-ci, vous remarq u e r ez la FIEHP et l’UHP (avant même leur regroupement au sein de la FHP), la Compagnie Générale de Santé, MEDIDEP, la FNMF, la FHF, la FEHAP... Le précédent gouvernement, Raffarin II, avait annoncé un plan de développement de l’HAD qui tablait sur 8 000 places avant la fin 2005. Quelles sont les dernières données chiffrées dans ce domaine ? Dr P.-J. Cousteix : Nous sommes en train d’établir un bilan dans trois domaines : – l’augmentation du nombre de places autorisées dans des structures déjà existantes ; – le nombre de places autorisées lors de la création de nouvelles structures d’HAD ; – le nombre de places déjà autorisées, mais installées seulement depuis le 1er janvier 2004. Ce bilan est présenté et officialisé lors de notre assemblée générale. Les premiers éléments dont nous disposons – compte tenu du nombre important de projets qui sont déjà déposés auprès des ARH ou qui le seront prochainement – laissent penser que l’objectif de 8 000 places installées avant la fin 2005 n’est pas utopique. aboutir le plus rapidement possible. Il s’agira d’une véritable tarification à l’activité et même à l’activité pertinente et médicalement utile. Il s’agira aussi d’une tarification qui prendra en compte – pour les malades les plus graves, traités en HAD – le financement de personnel aidant pour accompagner les patients, bien sûr, mais aussi pour soulager les familles. Po u r mémoire, environ 25 % des malades traités en HAD reçoivent ce que l’on appelle aujourd’hui des soins palliatifs. L’ordonnance du 4 septembre 2003 avait introduit des changements favorables au développement de l’HAD, notamment la suppression du taux de change. Quelle autre réforme urgente appelez-vous de vos vœux ? Dr P.-J. Cousteix : Après l’excellent travail du gouvernement précédent pour aider la Fédération à développer l’HAD, il ne nous reste plus qu’à rendre effective la nouvelle tarification qui nous a été promise. Les travaux sont en cours entre l’administration et la FNEHAD et nous souhaitons les voir Le précédent ministre de la Santé M. Mattéi, avait prêté une oreille attentive à vos revendications. Qu’attendez-vous concrètement de son successeur M. Douste Blazy ? Dr P.-J. Cousteix : Tout simplement qu’il continue dans le domaine de l’HAD tout au moins le chemin ouvert par son prédécesseur, et qu’il termine les travaux en cours concernant la tarification. Je n’ai pas la moindre inquiétude à ce sujet. Propos recueillis par François Cohen 7 Les principaux engagements du service d’HAD • L’HAD s’engage à dispenser les soins curatifs et palliatifs ainsi que les actions préventives et éducatives que requiert l’état du malade, comme il veille à la continuité des soins. • L’HAD s’engage à apporter au domicile du malade des soins dispensés avec tact et mesure autant qu’il est nécessaire et dans la mesure de ce qu’il est raisonnable d’entreprendre dans un domicile privé. Il répond aux impératifs du bon usage des soins médicaux, conformément aux données actualisées des connaissances médicales et au souci de la modération des dépenses. • L’HAD est particulièrement attentif à toute évolution technologique permettant d’améliorer la qualité de la prise en charge et s’engage à favoriser la formation continue de son personnel. • L’HAD s’engage à fournir toutes les informations nécessaires lors de la prise en charge du patient et à lui remettre, à son admission, un livret d’accueil. • L’HAD s’engage à favoriser l’écoute du malade. • L’HAD s’engage à organiser dans les meilleurs conditions, la sortie du patient de I’HAD, veillant à ce que des relais nécessaires soient mis en place. • L’HAD s’engage à fournir à l’entourage du patient des informations attentives afin de faciliter sa tâche dans les aides qu’il apporte quotidiennement au malade. L’HAD apporte une attention toute particulière au strict respect des règles déontologiques en vigueur concernant en particulier le secret médical et le secret professionnel. • L’HAD, réseau de soins par définition, s’engage à favoriser, dans l’intérêt du patient, toutes les formes de coopération utiles avec tous les intervenants du système sanitaire et social. • L’HAD s’engage à gérer les moyens budgétaires qui lui sont alloués dans le respect des règles juridiques, financières et comptables en vigueur et à fournir aux autorités de tutelle les données économiques et médicales requises afin d’obtenir la valorisation de son activité. Source FNEHAD Professions Santé Infirmier Infirmière N° 56 • juin-juillet 2004