Standards et innovations : traitements chimiques des métastases osseuses (Zometa, Xgeva, Xofigo et autres stratégies) Dr P.GUILLET MD,PhD Oncologue médical Centre Hospitalier Public TOULON-La SEYNE sur MER Hôpital Sainte MUSSE Toulon 2016 Introduction • • • • • • • • • La maladie métastatique est en pleine évolution par sa meilleure compréhension Séparation du « early palliative care » et du « end of life care » avec des gains en survie Gains successif en durée de vie grâce aux trts systémiques Développement de véritable trt personnalisés de la ou des métastases Progrès de la radiotherapie, de la chirurgie, de la radiologie Actuellement nécessité de prise en compte des comorbidités et de re developper une médecine holistique Nouveaux dialogue: RCP medico-chir sur méta, intervention d’expert de champ de comorbidité, de génétique somatique des tumeurs, de médecine palliative… Nous en arrivons à parler de maladie chronique! Approchons le pourquoi!!! Introduction II • • • Plutôt des métastases des cancers de la prostate Proche pour les autres Rôle du mode de vie et de la diététique enfin reconnu comme facteur de prévention du développement des métastases ( Kenfield S,A ; abstract ASCOGU 2016) Généralités I • • • • • • L’os est le 3eme site métastatique après poumon et foie. 80% des MO liées à un cancer du sein, du rein, de la thyroïde, de la prostate, du poumon. Lieu: rachis puis cotes puis bassin puis fémur puis crâne. Découverte: déformation, complications (fractures, douleurs) compressions, hypercalcémie, fortuite. Bases du diagnostic et du bilan de la maladie métastatique: radio standard, scinti os+- tomo, scan, IRM, Tepscan. Diagnostic histologique nécessaire si M révélatrice isolée (3%), si intervalle libre long avec diagnostic de la T primitive, ATCD de cancer connu mais 10% origine inconnue (Dr DILLIES CHU Clermont Ferrand) Généralités II • Diagnostic étiologique d’orientation: Si M+ lombaire: femme: sein, bronche homme: prostate, bronche Si M+ dorsale: femme: sein, bronche homme: bronche/rein, prostate Si M+ cervicale: sein plus que bronche, prostate puis rein thyroïde, VADS, hépatocarcinome,… Généralités III • • • Osteocondensante: prostate, carcinoïde, sein Mixte: sein, poumon, gastro-intestinal, col utérin, vessie Ostéolytique: rein, thyroïde, VADS, surrénale, endomètre, mélanome • Aboutissement possible à un algorithme de décision orientant sur le diagnostic, la paraclinique et la biologie OBJECTIFS: • Prévenir les complications et maintenir une qualité de vie • Traiter les complications et limiter leurs conséquences Pourquoi et comment une métastase osseuse (ou autre) • Place de l’Environnement tumoral Prolifération dans l’organe Séparation cellule/tumeur Circulation Sortie de circulation Arrêt? • Quiescence dans l’organe récepteur? • Prolifération dans l’organe récepteur? Mac Gregor et all 2008 • La tumeur est un écosystème • Les cellules cancéreuses coexistent dans un habitat complexe avec d’autres cellules souvent hostiles • Multiples interactions avec habitat et environnement • Rôle de facteurs insolubles, de la matrice extracellulaire, oxygène, nutriment, minéraux, hormones, chemokines, cytokines, plaquettes et autres facteurs • Une cellule cancéreuse est active avec son environnement, les échanges sont permanents ; objectif survie de l’information Producteur Chaîne alimentaire la plus simple Décomposeur Consommateur Comme une chaine alimentaire animale • Eutrophie mais si déséquilibre avec prolifération prépondérante d’une espèce-système malade. • Auto-eutrophie: équilibre tumoral cellulaire du degré d’oxie, du PH, des nutriments (prolifération tumorale, neovascularisation…). • Si hypoxie, baisse du ph et/ou des nutriments (agression), altérations des métabolismes, résistances cellulaires et déplacements cellulaires. • Important rôle des interactions cellulaires dans la circulation (rôle de DAP1, CK,CD45,AR…); gestion par quelques gènes cellulaires. • Jusqu’à une niche réceptive osseuse satisfaisante (Yagg et al JCB 2014) ou intervient équilibre entre ostéoblaste et ostéoclaste (D’après Friedling JS cancer control 22,109,2015) Dans la niche • Rôle majeur de Gas 6 voie de signalisation récepteur sur AXL et TYRO3 • AXL: quiescence cellulaire tumorale mais prolifération donc plutôt inhibiteur • TYRO3 : prolifération cellulaire (plutôt activateur) • Donc si baisse AXL et augmentation TYRO 3 = maladie métastatique • Oligometastatique: bonnes conditions locales pour la T primitive, peu de cellules en transit, la plupart quiescentes, reconnaissance de mauvaises conditions sur les organes à distance, auto sélection du meilleurs site d’ancrage • Polymetastatique: mauvaise condition dans T primitive, cellules multiples et actives au départ, trouvent rapidement plusieurs cibles sur le même organe avec de meilleures conditions Donc • Les métastases sont toutes différentes et justifient de stratégies spécifiques pour être traitées Pour le cancer de la prostate des questions sur la meilleures gestions des métastases osseuses: • Quel est le rôle des « osteoclast target therapy » dans la maladie sensible à la castration? • Les « target therapy » peuvent elles remplacer les « osteclast target therapy »? • Le Rad 223 est mieux dans la prévention que les OTT sur la morbidité osseuse? • Le rad 223 combiné au « target therapy » apporte t il un bénéfice? • Mais ces questions sont les mêmes quelque soit les organes hébergeant des métastases Evolution et progrès dans la gestion des métastases osseuses du cancer de la prostate approuvés par la FDA En gras les thérapies ciblée de l’os (OTT) Radiographic progression free survival as a response biomarker in metastatic castration resistant prostate cancer COU –AA-302 results JCO 33:1356-1363, 2015 • A reproducible quantitative definition of radiographic PFS (rPFS), biochemically recurrence • >= 2 new lesions on an 8 weeks bone scan plus 2 additional lesions on confirmatory scan; or >= 2 new confirmed lesions on any scan >= 12 weeks • rPFS Highly associated with OS = intermediate endpoint in trials = la scinti osseuse au technetium Le traitement de la maladie causale Exemple de CHARTEED avec réduction des M os significative dans le bras CT Taxotere avec ADT, 40% de réduction du risque de DC/ ADT seule Confirmation par STAMPEDE PFS> si CT, OS à 22 mois groupe M+ • Oligometastatique = trt agressif • Polymetastatique= trt chronicisation Referentiel : Autres traitements chimiques: les Biphosphonates: inhib. de l’activité ostéoclastique, action sur la douleur et les complications squelettiques: Ac. ZOLEDRONIQUE (mais anti-rank DENOSUMAB efficacité supérieure?) • Un traitement par l’acide zolédronique peut être proposé aux patients présentant des métastases osseuses pour prévenir les complications osseuses (Recommandation de grade A). • Des traitements palliatifs comme la radiothérapie métabolique, la radiothérapie externe, l’utilisation adéquate (adaptée) des antalgiques doivent être envisagés précocement dans la prise en charge des métastases osseuses symptomatiques (Recommandation de grade B). • Une chirurgie ou une radiothérapie décompressive (couplée à une corticothérapie à fortes doses) sont indiquées en urgence en cas de symptômes neurologiques en particulier d’origine rachidienne (Recommandation de grade A). Biphosphonates: Zometa et autres • L’acide zolédronique est proposé pour les métastases osseuses entraînent peu de douleur. • Ce médicament est efficace dans la réduction du nombre de fractures osseuses, mais il ne diminue pas l’intensité de la douleur. • Des précautions sont à prendre quant à la prescription de ce bisphosphonate en cas d’insuffisance rénale et d’insuffisance hépatique, • le bénéfice/risque de cette prescription est évalué au cas Ne pas oublier les autres: clastoban… Biphosphonates : mécanismes d’action Biphosphonates: effets secondaires Dépendent : le type de médicament utilisé ; la dose ; le mode d’administration du médicament (voie orale ou intraveineuse) ; de l’ état de santé général. Des effets à court terme: douleurs osseuses , troubles digestifs , nausées vomissements douleur à l’estomac fièvre frissons douleur musculaire et articulaire diarrhée modification de la fonction rénale céphalées hypocalcémie… nécrose mandibulaire Xgeva (denosumab) • Premier anticorps anti RankL Denosumab mecanisme d’action Effets secondaires • • • • • • • • • Cellulite Hypersensibilité Hypocalcémie (majorée si I. rénale) Hypophosphatémie Dyspnée Diarrhée Pb dentaires Hyperhidrose Osteonécrose de la mâchoire 114 Cancer de la prostate Cancer de la prostate avec métastases osseuses résistant à la castration (1) Essai international de phase III en double aveugle comparant dénosumab versus acide zolédronique Schéma de l’étude Critères d’inclusion : cancer de la prostate résistant à la castration avec métastases osseuses Critères d’exclusion : traitement par bisphosphonate actuel ou antérieur • • • Dénosumab 120 mg s.c. et placebo i.v.* toutes les 4 semaines (n = 950) Acide zolédronique 4 mg i.v.* et placebo s.c. toutes les 4 semaines (n = 951) Supplémentation calcium et vitamine D dans les 2 groupes Inclusions de mai 2006 à décembre 2008 Arrêt de l’analyse en octobre 2009 *Dose ajustée à la clairance de la créatinine initiale et pour les doses suivantes à la créatininémie Pas d’ajustement de dose sous-cutanée en fonction de l’élévation de la créatininémie ASCO 2010 - D’après Fizazi K et al., abstr. 4507 actualisé 132 prostate Acide zolédronique et dénosumab sur la survenue d’événements secondaires osseux Événements secondaires osseux (moyenne cumulée) 1,5 Temps jusqu’au premier et suivants événements secondaires osseux (analyse d’événements multiples) HR = 0,82 (IC95 : 0,74-0,91) p < 0,001 Réduction du risque 18 % 1,0 Nombre total d’événements 0,5 Acide zolédronique Dénosumab 1 044 866 0 0 6 12 18 24 30 Mois Le dénosumab apporte un bénéfice significatif sur la prévention du risque d’événements secondaires osseux ASCO 2010 - D’après Lipton A et al., abstr. 9015 actualisé ASCO 2014 présentation orale: (Lipton and Al abstr 9501) Des facteurs pronostic potentiels identifiés pour les événements osseux: • • • • • • Douleurs osseuses (facteurs + si trt par denosumab) Topographie des méta , Présence de méta viscérale, Nombre de méta os, Taux urinaire de N-telopeptide, ECOG • Quelque soit le facteur identifié le traitement préventif par denosumab reste significativement supérieur à celui de l’ac.zoledronique si le taux de N-telopeptide urinaire est bas Xofigo: alpharadin 1 er médicament radiopharmaceutique émetteur de particule alpha Réalisation par un Médecin Nucléaire Le strontium (bêta émetteur) qui est un analogue du calcium qui se fixe sur les métastases osseuses mais il a une myélotoxicité importante. Il contient du radium qui est absorbé par les ostéoblastes et émet des rayons alpha. Par ce mécanisme, il endommage la double hélice d'ADN des cellules cancéreuses prostatiques et provoque leur destruction dans les métastases osseuses Pour le traitement du cancer de la prostate avec métastase(s) osseuse(s) et sans métastases viscerales connues, chez les hommes réfractaires au traitement hormonal de première ligne non éligible à une chimiothérapie (10 à 20% des patients) Le produit est administré par voie IV mensuellement, uniquement dans les services de médecine nucléaire. Le bénéfice en termes de médiane de survie globale est proche de celui des nouvelles thérapies hormonales comme le Zytiga® (acétate d'abiratérone, Janssen Cilag) et le Xtandi® (enzalutamide Astellas Pharma). Des essais d'association entre le docétaxel et l'alpharadin, Zytiga ou Xtandi et Alpharadin sont en cours ; Le coût d'une injection est de près de 2000 euros. Le coût du Zytiga® est de 3500 euros par mois • Etude ERA 223 RCT of abiraterone +/radium 223 Primary end point: SSE et FS Secondary: OS, time to oplates, time to pain, time to chemo, rPFS, safety Chimio-embolisation des métastases osseuses symptomatique Journal de radiologie Volume 92, n° 9 pages 814-820 (septembre 2011) F. Clarençon and All, Pitié-Salpêtrière une perfusion intra-artérielle d’agents anti-mitotiques couplée à une embolisation avec des microparticules Quand: métastases uniques ou prévalentes, précédemment irradiées, inopérables et échappant au traitement médical métastases présentant une extension importante aux parties molles ou pour les volumineuses lésions intéressant une large portion d’une pièce osseuse, comme le sacrum, non accessible à une cimentoplastie Contre-indications: une fonction rénale compromise, une contre-indication à une ponction artérielle fémorale, ou la proximité avec l’artère radiculomédullaire Protocole d’injection réalisé Dose totale par séance répartie sur les différents pédicules afférents : • • doxorubicine : 10 mg ; carboplatine : 200 à 400 mg. Dose pour les artères de petit calibre (par ex. artère intercostale) : • • doxorubicine : 3 mg ; carboplatine : 50 mg. Dose pour les artères présentant un Ø supérieur ou égal à 4mm : • • doxorubicine : 5 à 10 mg ; carboplatine : 200 mg. • • Efficacité: - l’analgésie est obtenue dans plus de 80 % des cas pour les lésions - du bassin ou du rachis la chimio-embolisation peut apporter une analgésie sur plusieurs années - une régression, partielle ou complète, de la taille de la MO traitée est observée, selon les séries, dans 30 à 50 % des cas Complications: - déficits radiculaires transitoires (rares), - des nécroses cutanées (très rares) et des réactions allergiques (exceptionnelles). - Les complications secondaires sont dominées par les fractures survenant sur un os pathologique insuffisamment consolidé. Conclusions 1 • Les thérapies ciblées osseuses baissent la morbidité osseuse mais pas d’impact sur la survie globale ; intérêt de les utilisées tôt • Leur intérêt est évident en cas d ’échapement avec le trt spécifique • Pas d’impact en cas de maladie hormonosensible donc si échappement • Le rad 223 impacte sur les survie et réduit les symptômes • Les essais en cours sont aux Etats Unis des association • Intérêt de la chimio précoce (Charteed- Stamped) • Intérêt d’un trt agressif, véritables stratégies personnalisées en cas de maladie secondaire osseuse localisée Conclusions 2: Une meilleure compréhension des mécanismes d’action: Amélioration de la q de vie sans discussion Amélioration de la Q de vie également Une bonne qualité de vie retarde leur apparition Des armes chimiques multiples, et maintenant radiques innovantes dans la lutte contre le cancer prostatique métastatique osseux résistant à la castration au même titre que les chimiothérapie classiques Donc ne pas en priver les patients!!! Je vous remercie