Monsieur le Préfet / le représentant de la Préfecture Madame la Présidente / Monsieur le représentant du Conseil Général Monsieur le Président de l’ADIR Mesdames, messieurs, Je vous remercie de votre invitation , Monsieur le Président, cher Jérôme, et de l’occasion que vous m’offrez ainsi de m’exprimer une fois encore devant les membres de votre organisation, une organisation professionnelle qui tient une place toute particulière, une place de premier rang parmi les acteurs du monde économique de la Réunion. La sujet que vous avez retenu de mettre en exergue ce soir constitue pour beaucoup d’entre nous l’un des sujets de première importance, l’un également parmi les plus sensibles pour notre territoire : nous sommes un certain nombre, nombreux je pense, à nous accorder en effet pour considérer aujourd’hui que la production locale peut et doit être le principal ressort d’un modèle économique soutenable pour notre île. C’est en tout cas l’une de mes convictions les plus affirmées. Depuis 50 ans, les acteurs économiques et institutionnels locaux, dont l’ADIR, ont fait le choix d’un engagement volontariste en ce sens. Je considère pour ma part que, même si nous ne sommes bien évidemment pas au bout du chemin, il y a incontestablement des progrès qui ont été réalisé, que La Réunion n’est plus un comptoir de consommation et que des actions volontaristes portées par les uns et les autres ont effectivement permis de dépasser un certain nombre de handicaps. Le développement de la production locale est une réalité. Il permet de concilier emploi, productivité, prix modérés et rentabilité des investissements. L’industrie représente près de 11% des effectifs salariés marchands et 6% du PIB. Par ailleurs, la production locale, dans certaines filières, permet de couvrir jusqu’à 70% des besoins alimentaires. Voilà deux éléments chiffrés qui permettent d’illustrer parfaitement le pas de géant qui a été franchi au cours de ces dernières décennies. Il est évident pour tous que ces résultats sont à mettre d’abord et avant tout au crédit des acteurs et des entrepreneurs locaux. Et vous êtes ce soir présent dans la salle un certain nombre à avoir participer à ce formidable élan de développement de l’industrie réunionnaise. Ces résultats sont aussi le fruit de la mobilisation et de la détermination des acteurs publics. Et c’est bien ce partenariat public/privé qui explique pour une large part la situation telle que nous la connaissons aujourd’hui. Un partenariat que nous devons savoir préserver et enrichir. C’est l’une des conditions de la réussite réunionnaise que nous appelons tous de tous nos vœux. Je fais référence ici à des mécanismes comme l’octroi de mer qui permettent de préserver l’économie de La Réunion d’une concurrence mondiale et régionale qui peut être sévère et fatale dans certains cas. Je fais référence encore aux différents leviers financiers qui ont été inventé et mis en place : 50% de défiscalisation des investissements productifs 100% d’exonération de cotisations sociales patronales jusqu’à 1,6 fois le SMIC Jusqu’à 80% d’abattement d’impôt sur les bénéfices, de taxe foncière dans les zones franches d’activité Une TVA à taux réduit, complétée par le dispositif de la TVA non perçue récupérable Des aides aux intrants, financés par le programme POSEI. Nous défendons à La Région cette même logique d’une politique volontariste d’accompagnement : Prime régionale pour l’Emploi (couvrant jusqu’à 80% de la rémunération brute) pendanrt 2 ans Aide à l’acheminement export (jusqu’à 60% du coût du fret entre La Réunion et l’Union Européenne) Aide au développement des filières par des subventions couvrant jusqu’à 50% du coût des outils de production Aide à parité avec l’Etat sur le dispositif des contrats d’avenir pour le secteur marchand pour une prise encharge totale de 70% du coût du salaire. Ce traitement, j’ose le mot, exceptionnellement généreux, était indispensable pour soutenir le développement des industries naissantes. Il a permis en grande partie de faire naître progressivement un tissu industriel performant, dynamique et innovant. Vous avez su structurer en un temps record, des filières de production intégrées qui offrent à La Réunion un niveau d'autosuffisance alimentaire quasi-inégalé comparativement aux autres îles du bassin Océan Indien. Vous avez su à force d’innovation et d’imagination, d’audace aussi, moderniser les filières traditionnelles, développer une excellence de rang mondial, par exemple dans le domaine de la sélection variétale et de la valorisation des sous-produits. Aujourd’hui, nous sommes à un moment où nous devons savoir à la fois préserver ces acquis et orientations pour une ambition réunionnaise encore plus affirmée. Nous ne pouvons en effet nous satisfaire collectivemet d’une situation qui place aussi notre île au niveau national comme celle dont le taux de chômage demeure le plus élevé, 67 ans après la départementalisation. Cette évolution est indispensable, car La Réunion doit aujourd’hui faire face à une multitude de défis : Défis économiques que posent la saturation relative du marché intérieur, l’ouverture à la concurrence voulue et imposée progressivement par l’Union Européenne, le rationnement du crédit et la fin de l’argent facile. Défis politiques induits par le désengagement de l’Etat, l’ancrage dans des politiques de rigueur que je considère comme inadaptées et contreproductives ; la remise en cause annoncée par les gouvernements successifs des dispositifs de soutien à l’activité. Défis sociaux ensuite : comment préserver la stabilité et la cohésion d’une société dont 60% de la jeunesse est durablement exclue du marché du travail et dont 40% de la population vit sous le seuil de pauvreté ? Défis écologiques encore : comment satisfaire durablement nos besoins actuels et futurs alors que nous dépendons aujourd’hui des importations d'énergies fossiles et de ressources naturelles dont les productions sont amenées à diminuer dans les années à venir et dont les prix devraient exploser sous l'effet des jeux stratégiques et spéculatifs. Face à tous ces défis, je crois à la nécessité d’adopter une approche aussi réaliste qu’offensive. L’adaptation est la clé d’une prospérité durable : nous devons mieux anticiper toutes les mutations mondiales, réduire notre vulnérabilité et tirer parti des opportunités qu’offre un monde en mouvement au centre duquel nous nous trouvons, au plan géographique, historique, culturel et géostratégique. Mon devoir, en tant que Président de Région, est d’être à l’écoute des grandes tendances et de vous accompagner dans l’exploration de tous les relais de croissance et de création de valeur. A la fois, dans les filières existantes par l’exploration de nouvelles niches (je pense ici notamment à la chimie verte issue de la canne à sucre par exemple) et dans des filières radicalement nouvelles. Je suis convaincu que La Réunion dispose d’un potentiel développement extraordinaire. Nous vivons dans un monde interconnecté grâce aux TIC et à la dématérialisation, dans lequel la création de valeur reposera de plus en plus sur la vente de services et de solutions personnalisées et non plus sur la production de biens standardisés. L’épuisement annocé des énergies fossiles et la raréfaction des ressources naturelles obligera l’ensemble des territoires à relocaliser leurs activités et à revoir radicalement leurs processus de production, de distribution et de consommation. En intégrant notamment la contrainte écologique. Cette double dynamique de mondialisation de l’information et de relocalisation écologique de l’économie constitue une aubaine pour notre île : La Réunion peut devenir de ce point de vue, une terre d'expérimentation de cette transition économique. Un lieu où nous avons à inventer des solutions concrètes pour répondre durablement aux besoins alimentaires, énergétiques ou de logement. Nous pourrons devenir demain exportateur de solutions clés en main et de prototypes et échapper ainsi à la problématique des économies d'échelle. Nous devons avoir pour ambition celle de l'excellence écologique pour notre île tout en renforçant notre présence à l’export sur des segments hauts de gamme et dans des secteurs de l’innovation. Je pense ici notamment à l’agroalimentaire ou encore aux matériaux de construction tropicaux. C’est bien dans ce cadre et dans ce contexte que nous devons replacer les discussions sur la prochaine programmation européenne 2014-2020 qui doit être l’un des instruments de la transition. La commande publique, les subventions et les dispositifs de soutien devront plus encore être des instruments stratégiques au service de la conquête de nouveaux marchés, de l’excellence écologique et de l’innovation. Nous devrons également nous attaquer de front à la problématique du financement de l’économie. Comment construire de nouveaux relais de croissance si l’Etat se désengage financièrement et que le secteur bancaire fait montre bien souvent de frilosité ? Je souhaite que nous mobilisions une part importante des fonds structurels pour pouvoir mettre en œuvre un fonds d’investissement régional. Préserver et renforcer les secteurs d’activité traditionnels, engager résolument la bataille de l’innovation, réussir le pari d’un développement économique durable et écologique, faire du Frand Océan Indien l’espace d’action des entreprises réunionnaises, voilà le projet ambitieux et volontaire qui doit être celui de notre génération. C’est aussi celui de l’emploi et de la réussite pour chaque réunionnais. Mon engagement à vos côtés est total. Il vous est très largement acquis.