T R I B U N E Intérêts des phyto-estrogènes après un cancer du sein ● P. This*, A. de la Rochefordière**, K. Clough**, A. Fourquet**, H. Magdelenat** D epuis quelques années sont commercialisés des suppléments nutritionnels en vente libre, contenant des phyto-estrogènes extraits du soja, et proposés comme traitement des symptômes de la carence estrogénique chez les femmes ménopausées. Peut-on envisager leur utilisation après un cancer du sein, dont l’estrogénodépendance est actuellement largement démontrée ? Le risque de cancer du sein varie géographiquement. Il est plus élevé aux États-Unis et en en Europe de l’Ouest, et plus faible chez les Asiatiques (1). Le risque augmente à nouveau chez les Asiatiques lorsqu’elles émigrent aux États-Unis après plusieurs générations. Les chercheurs ont donc évoqué un facteur d’environnement : une hypothèse concerne le rôle protecteur du régime alimentaire des Asiatiques, et plus particulièrement du soja, riche en phyto-estrogènes (2). De fait, des essais castémoins étudiant le risque de cancer du sein en fonction de la teneur en soja de l’alimentation ont montré, pour certaines, une diminution modérée du risque de cancer du sein chez les femmes consommant une grande quantité de soja. Cette diminution concerne les femmes en préménopause, et, aux ÉtatsUnis, elle ne concerne que les femmes asiatiques migrantes de première génération non nées aux États-Unis (3), ce qui évoque l’existence d’autres facteurs confondants : la consommation de soja ne serait qu’un marqueur parmi d’autres du degré d’occidentalisation des femmes. Plus récemment, l’étude cas-témoins d’Ingram (4) retrouve une diminution du risque de cancer du sein chez les femmes ayant une excrétion urinaire importante de phyto-estrogènes. Même si ces données sont intéressantes, il faut souligner qu’il ne s’agit que d’une hypothèse : la protection dont bénéficient les femmes asiatiques vis-à-vis du cancer du sein peut aussi être liée à d’autres caractéristiques de leur alimentation (pauvre en graisses, riche en fibres), à d’autres composants du soja, ou à d’autres facteurs, socioculturels ou médicaux (par exemple, habitudes de contraception). Les phyto-estrogènes ont une structure chimique qui les apparente aux estrogènes (pour revue, 5-7). On les classe en deux catégories, les isoflavones et les lignanes. Les deux principales isoflavones sont la génistéine et la daidzéine, que l’on trouve essentiellement dans les légumineuses et le soja. Les lignanes (entérolactone et entérodiol), se trouvent dans la graine de lin. * Hôpital de Versailles. ** Institut Curie, Paris. La Lettre du Sénologue - n° 8 - mai 2000 Schématiquement, la parenté des phyto-estrogènes avec les estrogènes leur permet de se lier aux récepteurs des estrogènes. Ils peuvent être considérés comme des estrogènes faibles, dont l’activité est, selon les systèmes, cent à mille fois plus faible que celle de l’estradiol (E2) (8, 9), mais ils sont présents, chez les individus qui ont une consommation moyenne de soja, à des concentrations mille fois plus fortes que les concentrations d’estrogènes endogènes d’une femme en période d’activité génitale, c’est-à-dire, pour la génistéine, de l’ordre de 0,1 à 3 uM/l (9). L’affinité de la génistéine et de la daidzéine pour ER est également de 20 à 100 fois plus faible que celle d’E2 selon les systèmes étudiés (10). Enfin, un deuxième type d’ER, ER ß, a été récemment mis en évidence et cloné. Sa distribution anatomique est particulière (os, cerveau, vaisseaux), et les phyto-estrogènes auraient pour lui une affinité plus importante que pour ER α (10). Les travaux de nombreuses équipes sur les cellules cancéreuses mammaires in vitro ont permis de préciser l’action des principaux phyto-estrogènes, et notamment de la génistéine (9, 11, 12) . Sur des cultures de cellules MCF7 comportant ER α, l’effet de la génistéine sur les marqueurs estrogénodépendants (protéine pS2) et sur les paramètres de prolifération (quantité d’ADN) est biphasique et dépend de la concentration dans le milieu de culture : – à doses faibles, dites “physiologiques” (correspondant aux concentrations plasmatiques amenées par une alimentation riche en soja, soit entre 100 nM/l et 1 uM/l), la génistéine stimule la prolifération des cellules, et cet effet dépend d’ER ; – à doses physiologiques, et en présence d’estradiol à doses physiologiques, la génistéine se comporte comme un inhibiteur compétitif de la liaison d’E2 sur ER, c’est-à-dire qu’elle occupe ER à la place d’E2, et inhibe légèrement la prolifération des cellules, puisque son activité est plus faible que celle d’E2 ; – à doses pharmacologiques (supérieures à 10 uM/l), elle inhibe fortement la prolifération des cellules. Cet effet ne dépend pas d’ER, et est vraisemblablement lié à l’inhibition de l’activité tyrosine-kinase de récepteurs de facteurs de croissance. Comment peut-on extrapoler ces résultats in vivo ? Les concentrations théoriquement inhibitrices de génistéine sont bien supérieures aux concentrations plasmatiques apportées par une consommation modérée de soja, amenant environ 37 T R I B U N 20 à 80 mg de génistéine. La biodisponibilité de la génistéine au niveau des tissus cibles est probablement réduite par les protéines porteuses, à moins que le tissu mammaire ne dispose de mécanismes permettant de concentrer la génistéine ou de sensibiliser son effet (9). Soulignons enfin qu’il existe une grande variabilité individuelle du métabolisme des phytoestrogènes (30 % des individus métabolisent la daidzéine en équol, qui a plus d’affinité pour ER) (12), et que les concentrations intramammaires d’estrogènes dépendent elles-mêmes de l’état hormonal (période pré-, péri-, ou postménopausique) et de l’index corporel. Il est donc actuellement fort difficile, en l’absence d’une connaissance précise des concentrations intramammaires d’estradiol et de génistéine, de prédire quel peut être l’effet in vivo des phyto-estrogènes. Les études de tumorigenèse animale (13, 14) ont testé l’effet de l’administration de génistéine chez des rats femelles exposés ensuite à un carcinogène chimique, le DMBA : la génistéine entraîne une augmentation de la latence et une diminution de l’incidence et du nombre des tumeurs mammaires induites. Cependant, cet effet protecteur est beaucoup plus important si les animaux sont traités par la génistéine en période néonatale ou prépubertaire. Si la génistéine est administrée plus tardivement, la réduction du nombre des tumeurs est plus faible. Ces expériences sont à l’origine de l’hypothèse suivante : pour certains chercheurs, ce serait l’exposition lors du jeune âge à de fortes concentrations d’isoflavones qui permettrait la différenciation des cellules mammaires et leur moindre sensibilité ultérieure aux stimuli estrogéniques. Les études de l’effet des phyto-estrogènes in vivo chez la femme sont rares, de méthodologie délicate, et portent sur de petits effectifs (15, 16). Elles retrouvent toutefois qu’un régime riche en isoflavones augmente les marqueurs de prolifération mammaire (15) et la protéine pS2 estrogénodépendante dans le liquide d’aspiration mammelonnaire (16). Qu’en est-il des effets des phyto-estrogènes sur les autres tissus ? La constatation d’une moindre mortalité cardiovasculaire et d’une moindre fréquence des fractures ostéoporotiques chez les femmes asiatiques a amené à étudier les effets des phytoestrogènes sur d’autres tissus. En ce qui concerne l’os, les études chez l’animal montrent un effet favorable des isoflavones, qui préviennent la déperdition osseuse chez des rates ovariectomisées (17). Certaines études montrent un effet protecteur pour la déminéralisation osseuse de l’ipriflavone (18, 19), mais il s’agit d’un dérivé de synthèse administré à doses pharmacologiques, et non d’isoflavones naturelles. Une étude testant l’efficacité de ces dernières chez des femmes ménopausées (20) a montré une augmentation très modérée de la densité minérale osseuse après un régime de six mois. L’effet des isoflavones sur la déperdition osseuse doit donc être confirmé par des études prolongées portant sur des effectifs suffisants pour évaluer leur réelle efficacité sur la densité minérale osseuse et sur le risque fracturaire. De même, en ce qui concerne la protection cardiovasculaire, la méta-analyse d’Anderson (21), portant sur 38 études, a effecti38 E vement retrouvé un effet favorable des régimes riches en soja, qui diminuent modérément le cholestérol total, le cholestérol LDL et les triglycérides. Toutefois, ces études ne concernent pas la supplémentation en isoflavones, et il existe des facteurs confondants (notamment la teneur moindre en graisses des régimes asiatiques). Ici encore, des études seront nécessaires pour prouver que la supplémentation en phyto-estrogènes a un réel effet protecteur cardiovasculaire à long terme. L’effet le plus documenté des phyto-estrogènes concerne les bouffées de chaleur : les phyto-estrogènes ont une efficacité modérée sur la fréquence (22) ou l’intensité (23, 24) des bouffées de chaleur. L’effet sur les autres symptômes de la ménopause (index de Kuperman) est absent (22, 25) ou modéré (23). Les indications des phyto-estrogènes et leur place dans l’arsenal thérapeutique de la ménopause découlent des données précédentes. Chez la femme ménopausée ne présentant pas de contre-indications au THS, les indications des phyto-estrogènes semblent concerner le traitement des bouffées de chaleur chez les femmes ne souhaitant pas un THS classique, ou ne le supportant pas (par exemple en raison de troubles des règles ou de problèmes de poids). Après un cancer du sein, il nous semble que l’utilisation des phyto-estrogènes doit absolument être encadrée (16). Nous avons vu que l’effet des phyto-estrogènes sur le sein est très complexe : les études épidémiologiques présentent des facteurs confondants ; les études in vitro, très bien documentées, montrent un effet biphasique et dose-dépendant de la génistéine ; les études de tumorigenèse animale soulignent l’importance de la période d’exposition aux phyto-estrogènes ; les travaux in vivo chez la femme sont plutôt en faveur d’effets estrogéniques. Les phyto-estrogènes doivent être considérés comme d’authentiques estrogènes faibles, et non pas comme des modulateurs sélectifs du récepteur des estrogènes, qui se fixent sur le RE et exercent des effets agonistes ou antagonistes selon le tissu considéré. Rappelons que l’efficacité prouvée des traitements adjuvants antiestrogéniques après cancer du sein (26) soulève l’éventualité que la prescription d’un estrogène (même faible) soit délétère après un cancer du sein hormonodépendant en phase micrométastatique. De plus, certains auteurs ont testé récemment l’effet des isoflavones dans le traitement de bouffées de chaleur chez des femmes après un cancer du sein (27) dont la plupart étaient sous tamoxifène (TAM) en traitement adjuvant : ceci revient à administrer, à des concentrations plasmatiques sensiblement identiques (9), deux molécules ayant la même affinité pour ER, l’une étant agoniste et l’autre antagoniste. Les travaux de Zava (9) in vitro ont bien montré que la génistéine entre en compétition avec le TAM pour la fixation sur ER. Il ne paraît pas logique d’associer au TAM un produit risquant d’en diminuer l’efficacité. Après un cancer du sein, l’utilisation de phyto-estrogènes ne peut donc se concevoir que chez une patiente informée des bénéfices et des inconnues des phyto-estrogènes, dans le but de juguler des bouffées de chaleur, après avis du cancérologue (cancer du sein de bon pronostic, à distance du diagnostic), en La Lettre du Sénologue - n° 8 - mai 2000 l’absence d’une prescription associée de TAM, sous surveillance attentive, et à condition de n’être poursuivie qu’en cas de réelle efficacité sur les symptômes. À l’avenir, il serait souhaitable de répertorier les préparations disponibles (28), dont les teneurs en isoflavones sont extrêmement variables tant qualitativement que quantitativement, d’informer les patientes (risque d’automédication) (29) et de poursuivre les recherches (et notamment de mettre en place des études cliniques randomisées portant sur l’amélioration de la qualité de vie, l’innocuité endométriale des phyto-estrogènes, la prévention de l’ostéoporose). Il paraît souhaitable d’enregistrer les patientes sous phyto-estrogènes après un cancer du sein. Enfin, l’administration simultanée de tamoxifène et de phyto-estrogènes ne devrait être envisagée que dans le cadre d’essais randomisés destinés à tester l’impact de cette association, non seulement sur les symptômes climatériques, mais aussi sur l’efficacité des traitements adjuvants du cancer du sein. ■ 11. Wang C, Kurzer MS. Phyto-estrogen concentrations determine effects on DNA synthesis in human breast cancer cells. Nutr Cancer 1997 ; 28 : 236-47. 12. Sathyamoorty N, Wang TTY. Differential effects of dietary phyto-estrogens daidzeine and equol on human breast cancer MCF7 cells. Eur J Cancer 1997 ; 33 : 2384-9. 13. Lamartiniere CA, Moore, J, Holland M, Barnes S. Neonatal genistein chemoprevents mammary cancer. Proc Soc Exp Biol Med 1995 ; 208 : 120-3. 14. Barnes S. The chemopreventive properties of soy isoflavonoides in animal models of breast cancer. 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