UNION DEPARTEMENTALE DU MORBIHAN 80 boulevard Cosmao Dumanoir BP 716 56107 LORIENT CEDEX Tél : 02-97-37-66-10 Courriel : [email protected] Loi El-Khomri : La France, nouveau territoire d’expérimentation du néolibéralisme imposé par l’Union Européenne. Alors que des centaines de milliers de travailleurs, retraités, étudiants, jeunes, chômeurs, précaires défilent dans les rues pour demander le retrait de la loi dite « Travail », l’Union Départementale Force Ouvrière du Morbihan combat à vos côtés ce projet néolibéral issu de l’idéologie prônée par l’Union Européenne. Mais quelle mouche a bien pu piquer nos politiciens pour nous pondre une telle loi ? L’envie d’être réélus ? Un sondage ? Une opinion publique demandeuse de destruction du code du travail ? Non, non et encore non. Pour trouver les initiateurs de cette loi, il faut plutôt chercher du côté de Bruxelles. En effet, à travers des « recommandations » qui peuvent se transformer en sanction financière pour non-respect de règles budgétaires, la Commission européenne pousse ses Etats-Membres vers des orientations économiques néolibérales précarisant les travailleurs. Mesures après mesures, les « recommandations » européennes se retrouvent dans la loi El-Khomri. A la lecture des résultats chez nos voisins ayant subis le diktat européen, la mobilisation est plus que nécessaire : Inversion de la hiérarchie des normes : Dans ses « recommandations » sur la politique économique de la France datant de février 2016, la Commission se délecte qu’ « Un glissement progressif s’est opéré vers une décentralisation de la négociation collective ». Dans la lignée de cette volonté européenne, la loi El-Khomri fait donc passer les accords d’entreprises (moins favorables aux salariés) au-dessus des accords de branche. L’expression chair à patrons prendrait tout son sens avec cette inversion. Cette décision est la porte ouverte à une baisse des salaires drastiques, à la soumission passive des salariés face des patrons omnipotents. Au Royaume-Uni, l’accès aux tribunaux du travail a été réduit. En Grèce, au Portugal, les syndicats ne peuvent plus défendre les travailleurs comme ils le faisaient auparavant. La précarisation des travailleurs n’en a été que plus forte. Licenciement économique : La Commission européenne qui a toujours prôné la flexisécurité (l’idée qu’en licenciant plus facilement, le chômage baisse) se lamentait dans ses recommandations de la rigidité de la procédure de licenciement économique française : « Les réformes récentes ont commencé à s’attaquer aux rigidités de la procédure de licenciement pour les contrats à durée indéterminée et à en réduire la complexité et les incertitudes. Une législation stricte, complexe et imprévisible en matière de protection de l’emploi a des conséquences dommageables sur la capacité de l’économie à réaffecter les ressources et à faire face sans heurts aux chocs.» La loi El Khomri ne s’est pas fait attendre et ainsi une baisse du chiffre d’affaires sur plusieurs trimestres pourra suffire pour vous licencier. Chez nos voisins européens ayant facilité les licenciements économiques, la précarité des contrats a augmenté. En Italie, le CDI a été détricoté et induit désormais une période de 3 ans ou le licenciement est facilité. Hausse de la précarité de l’emploi alors qu’on donne 8000 euros par an pendant 3 ans aux patrons pour les aider à embaucher. Le nombre d’actifs en CDI n’augmentait que de 2000 personnes en 2015 et les CDD très courts étaient en expansion. Le chômage des jeunes reste très élevé à 40%. Précarité ou chômage ? Voilà le nouveau choix pour les italiens En Espagne, depuis 2012, il ne suffit plus que de 3 trimestres de baisse de chiffre d’affaires d’affilés pour licencier un travailleur. Ce nouveau dispositif remplaçant l’interprétation très restrictive du juge, qui avait tendance à protéger les travailleurs d’un licenciement économique abusif. Selon l’UGT, syndicat espagnol, les salaires ont baissé de 7%, et ont accentué la précarité et fragilisé le salarié. D’après le syndicat ibérique CCOO «67 % des nouveaux emplois sont à temps partiel et 90 % sont précaires ». Les indemnités de licenciement ont également été réduites en Espagne, mais aussi au Portugal. Toutes ces propositions n’ont amené qu’une hausse ridicule du chômage et une augmentation exponentielle des contrats précaires. Flexibilité du nombre d’heures : Enfin, pour l’exécutif européen, les 35h sont à oublier : «Renforcer davantage l’autonomie des négociations en entreprise, tout en réaffirmant la nécessité de s’appuyer sur un salaire minimum national commun, permettrait de négocier les salaires et les autres conditions de rémunération et d’emploi (recrutement et heures de travail) de manière cohérente à l’échelon de l’entreprise. ». A travers l’inversion de la hiérarchie des normes, la France compte ainsi augmenter les heures de travail via les accords d’entreprises. La loi El-Khomri prévoit même de baisser la rémunération des heures supplémentaires. Lesquelles ne seraient plus que 10% supplémentaires aux heures normales. Via ces mesures, on se rapproche des exemples allemands et anglais. En Allemagne, les Mini Jobs (des CDI à très basses heures) se sont multipliés avec des rémunérations entre 450 et 850 euros par mois. Le taux de pauvreté a augmenté en Allemagne malgré la baisse du chômage. Pour résister à la précarisation des emplois, l’Union Départementale Force Ouvrière du Morbihan appelle donc à une mobilisation massive pour demander le retrait pur et simple de ce texte.