MARQUEURS SEROLOGIQUES AU COURS DES MICI Les MICI (Maladies Inflammatoires Chroniques Intestinales) sont des affections cryptogéniques ayant en commun une inflammation chronique de l’intestin, évoluant par poussées, avec un pic d’apparition chez l’adulte jeune. Les 2 entités nosologiques habituellement décrites sont la Maladie de Crohn (MC, la plus fréquente) et la Recto-Colite Hémorragique (RCH). Elles touchent actuellement 150 000 personnes en France. La RCH correspond à une inflammation chronique de la muqueuse colique avec atteinte rectale alors que la MC peut toucher tous les segments du tube digestif. En plus des manifestations intestinales, des atteintes extra-intestinales sont fréquemment observées (arthrite et cholangite sclérosante pour la RCH, arthrite, erythème noueux, atteintes rénales, hépatiques et oculaires pour la MC). Les mécanismes physiopathologiques sont complexes et mal élucidés : dysrégulation immunitaire avec perte de tolérance vis-à-vis de la muqueuse intestinale associant des mécanismes infectieux, allergiques et une prédisposition génétique.Même si le diagnostic repose essentiellement sur des critères cliniques, endoscopiques et histologiques, la recherche et le dosage d’auto-Ac a été envisagé comme dans la plupart des affections auto-immunes. Ils sont habituellement détectés par IFI ou ELISA. Les pANCAa (=atypiques) et les ASCA (Ac anti-Saccharomyces cerevisiae) sont les plus importants et leur intérêt est multiple. Dans le cadre du diagnostic positif, les pANCAa sont présents dans 31 à 80% des RCH (10 à 29% des MC) alors que les ASCA sont présents dans 27 à 81% des MC (5 à 27% des RCH). Afin d’améliorer la valeur prédictive, il est conseillé de les doser en parallèle et d’associer les résultats afin d’aider au diagnostic différentiel des formes douteuses. Dans la RCH l’association pANCAa + / ASCA – a une valeur prédictive de 82 à 100%. Dans la MC l’association pANCA - / ASCA + à une VPP de 75 à 96%. Les patients séronégatifs pour les 2 auto-Ac conservent un diagnostic de colite indéterminée dans 85% des cas après 10 ans d’évolution. Le rôle pronostique a également été démontré. Dans la RCH, la présence de pANCAa est associée à un risque accru de formes agressives ou résistantes au traitement et de complications chirurgicales. Dans la MC l’association pANCAa + / ASCA – est souvent associée à des formes « RCH like » avec atteinte colique stricte alors que la présence d’ASCA est au contraire plus souvent retrouvée dans les formes étendues et agressives de la maladie. Par ailleurs d’autres Ac dirigés contre des Ag microbiens (anti-OmpC, anti-I2, anti-CCir) ont également été retrouvés dans les formes agressives (anti-OmpC dans les atteintes perforantes, anti-I2 dans les atteintes sténosantes). Les formes évolutives sont 11 fois plus fréquentes lorsque les 4 marqueurs sont présents. Enfin les Ac anti-MAP (Mycobacterium Avium Paratuberculosis) sont plus fréquemment rencontrés dans les formes extra-digestives (45% d’arthrites vs 13% si Ac anti-MAP négatifs). En revanche, aucun intérêt n’a pu être mis en évidence dans la prédiction de réponse aux diverses thérapeutiques immunosuppressives ni dans la prédisposition de la susceptibilité génétique à ces affections. RFL – Juillet 2010 1/1