R E V U E D E P R E S S E Dirigée par le Pr P. Amarenco La fin des AVK dans la fibrillation auriculaire ? Tout neurologue connaît le risque hémorragique des antagonistes de la vitamine K (AVK). Et si nombre de patients, en pratique, lorsqu’ils ont une fibrillation auriculaire, ne reçoivent pas d’AVK en prévention d’embolies cérébrales ou systémiques, c’est souvent par crainte d’une hémorragie intracrânienne ou systémique majeure. C’est aussi car la surveillance est compliquée, avec une période d’équilibration du traitement lors de laquelle de nombreuses prises de sang doivent être effectuées, puis la surveillance de l’INR et ses fluctuations souvent liées à la prise de certains aliments, et souvent sans explication. Ainsi, le ximélagatran, antithrombine par voie orale (36 mg deux fois par jour) qui ne nécessite pas de surveillance de l’INR se place comme une excellente alternative thérapeutique. Il a déjà fait ses preuves après chirurgie de la hanche et du genou, et récemment en postinfarctus du myocarde dans l’étude ESTEEM. Voici les résultats de l’étude SPORTIF III. Dans cette étude européenne, les auteurs ont randomisé 3 410 patients qui avaient une fibrillation auriculaire avec un ou plusieurs facteurs de risque d’embolie cérébrale (antécédent d’AIT ou AVC, HTA, âge > 75 ans, dysfonction ventriculaire gauche avec FE < 40 %, âge > 65 ans chez un diabétique ou coronarien) entre ximélagatran et warfarine (INR 2 à 3) avec une hypothèse de non-infériorité. Après 18 mois de suivi, sur le critère de jugement primaire – AVC ischémique ou hémorragique et embolie systémique – il y a eu une réduction de risque de 29 % (–6,5 à 52 %) sous ximélagatran (2,3 % sous warfarine et 1,6 % sous ximélagatran), soit une vérification de la non-infériorité du ximélagatran. Il y a eu de plus une diminution significative des hémorragies majeures et mineures combinées (29,8 % sous warfarine comparativement à 25,8 % sous ximélagatran), soit une réduction de risque de 14 % (4 à 22 % ; p = 0,007). Enfin, sur le bénéfice net (combinaison du critère de jugement primaire et des complications hémorragiques majeures), il y avait supériorité du ximélagatran sur la warfarine avec 6,1 % sous warfarine et 4,6 % sous ximélagatran, soit une réduction relative du risque de 25 % (4 à 42 %), p = 0,019. Commentaire. Il s’agissait d’une étude ouverte mais avec méthodologie PROBE (événements jugés par un investigateur indépendant en aveugle du traitement pris). Les résultats récemment présentés de l’étude américaine SPORTIF V, faite en double aveugle, vérifient aussi l’hypothèse de noninfériorité, et la méta-analyse des deux études montre que le bénéfice net reste en faveur du ximélagatran. Une excellente avancée pour notre pratique médicale. à un type de crise donnée. L’ensemble de ces résultats conforte donc l’idée que les EGI constituent en fait le spectre continu d’une même maladie qui pourrait être redéfinie sur la base d’une analyse sémiologique et génétique différente. P. Amarenco, centre d’accueil et de traitement de l’attaque cérébrale, hôpital Bichat, Paris. S. Dupont, unité d’épileptologie, hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris. ✔ Executive Steering Committee on besaiguë of the SPORTIF III Investigators. Stroke prevention with the oral direct thrombin inhibitor ximelagatran compared with warfarin in patients with nonvalvular atrial fibrillation (SPORTIF III) : randomiser controlled trial. Lancet 2003 ; 362 : 1691-8. Du génotype au phénotype... L’objectif de cette étude était de tenter de clarifier les relations entre génotype et phénotype des épilepsies généralisées idiopathiques (EGI). Les auteurs ont étudié sur un plan phénotypique 31 familles dont 2 membres au moins souffraient d’EGI (épilepsie absence de l’enfant ou de l’adolescent ou épilepsie myoclonique juvénile). L’analyse portait essentiellement sur la distribution et la fréquence des types de crises (absences ou myoclonies) au sein de ces familles. Il a été retrouvé une distribution significative de crises identiques au sein des membres d’une même famille, ce indépendamment du diagnostic syndromique. Ces résultats indiquent donc que les gènes soustendant les absences ou les myoclonies pourraient être distincts. Commentaire. Au sein des épilepsies généralisées idiopathiques, les présentations cliniques des 3 principaux syndromes (épilepsie absence, épilepsie myoclonique juvénile, épilepsie grand mal du réveil) sont relativement proches (association de crises généralisées tonicocloniques, myocloniques et d’absences dans des proportions variables) et peuvent parfois se recouvrir. À l’heure actuelle, le démembrement génétique de ces EGI reste flou et l’on pencherait plutôt pour un déterminisme polygénique avec des gènes de susceptibilité sous-tendant tel ou tel syndrome. En 2000, une étude de Durner et al. (Genome scan of idiopathic generalized epilepsy : evidence for major susceptibility gene and modifying genes influencing the seizure type. Ann Neurol 2000 ; 49 : 328-35) avait déjà analysé des familles avec EGI en fonction du type de crises rencontrées : crises généralisées tonicocloniques, myoclonies, absences. Ils avaient ainsi pu démontrer l’existence d’un modèle oligogénique avec un locus donné répondant La Lettre du Neurologue - n° 10 - vol. VII - décembre 2003 ✔ Winaver et al. Genetic influences on myoclonic and absence seizures. Neurology 2003 ; 61 (11) : 1576-81. Épilepsie et mauvaise humeur L’objectif de cette étude rétrospective était de déterminer chez les patients sous lévétiracétam l’incidence des troubles du comportement suffisamment sévères pour induire l’arrêt du traitement ainsi que les facteurs de risque de survenue de tels troubles du comportement. Cinq cent cinquante-trois patients traités par lévétiracétam entre janvier 2000 et février 2002 ont ainsi été étudiés. Sur cette cohorte de patients, 74 (13 %) ont arrêté le lévétiracétam : 38 (6,9 %) du fait de troubles du comportement et 26 (4,7 %) pour inefficacité. Les troubles du comportement étaient divers : attitudes dangereuses pour euxmêmes ou leur entourage, idées suicidaires, agressivité, irritabilité, etc. Dans tous les cas, les troubles ont été régressifs après l’arrêt du traitement. Les facteurs de risque identifiés de survenue de tels troubles comportementaux étaient : l’existence d’une épilepsie généralisée symptomatique (indication pour laquelle le produit n’a pas encore l’AMM en France), un antécédent de trouble psychiatrique, une titration rapide jusqu’à la dose cible. En revanche, une forte posologie de lévétiracétam ne semblait pas en cause puisque les patients ayant arrêté le lévétiracétam pour cause comportementale avaient en moyenne des posologies plus faibles que les autres patients sous lévétiracétam. Commentaire. Certains nouveaux antiépileptiques sont connus pour leurs potentiels effets secondaires psychiatriques (vigabatrin, tiagabine, topiramate). L’utilisation désormais large du lévétiracétam a permis de remarquer chez certains patients l’apparition d’effets secondaires comportementaux à type d’agressivité ou de sentiments dépressifs. Il convient donc chez certains patients à risque d’être prudents et d’effectuer si besoin une titration prudente. SD ✔ White et al. Discontinuation of levetiracetam because of behavioral side effects : a case-control study. Neurology 2003 ; 61 (9) : 1218-21. 351 R E V U E D E P R E S S E Dirigée par le Pr P. Amarenco Dissection, et après… Les auteurs rapportent une étude rétrospective menée dans 24 services français de neurologie et concernant 459 patients suivis pour une dissection isolée ou multiple des artères cervicales (DAC) (au total 554 artères : 384 carotides, 170 vertébrales) âgés en moyenne de 44,7 ± 9,7 ans, suivis en moyenne 31 mois, et responsables de symptômes et signes locaux ou ischémiques. Quatre cent trente-deux patients furent interrogés (25 perdus de vue), et seuls 4 d’entre eux firent un nouvel infarctus cérébral (2 par dissection, 2 sans dissection), 8 présentèrent un AIT non lié à une dissection, 2 firent une nouvelle dissection sans infarctus cérébral. Au total donc, 4 nouvelles dissections seulement survinrent durant la période de l’étude. Commentaire. En dépit des limites d’une étude rétrospective, des biais possibles qui sont soulignés dans la discussion par les auteurs, ce résultat d’un très gros travail d’analyse confirme les impressions jusquelà peu chiffrées : outre la fréquence de la maladie, les données démographiques et la sémiologie des dissections des artères cervicales, il montre une certaine variabilité des traitements suivis (pas de traitement : 22 % ; antiplaquettaires : 70 % ; AVK : 5 %), et aussi un taux de dysplasie fibromusculaire évalué à 9 %, ce qui est sans doute moins que d’autres études. Il montre surtout un risque particulièrement faible de nouvel accident postdissection ou de récidive. En attendant des études (prospectives ?), d’autres équipes ou d’autres pays, qui confirmeront ou non cette impression de bon pronostic, il ne faudrait pas banaliser la surveillance des patients ayant fait une dissection cervicale, unique et plus encore multiple : il est important d’informer ces patients jeunes et leurs médecins traitants qu’une récidive est rare mais possible, – des mois ou des années après le premier épisode –, et que certains symptômes doivent conduire rapidement à un avis neurovasculaire. Pourquoi ne pas suggérer à cet effet la rédaction d’une fiche d’information consensuelle (SFNV) sur la sémiologie ischémique cérébrale, les signes “locaux”, et sur les gestes à proscrire (manipulations cervicales, etc.) ? J. d’Anglejan-Chatillon, Versailles. ✔ Touzé E et al. Risk of stroke and recurrent dissection after a cervical artery dissection. Neurology 2003 ; 61 : 1347-51. 352 Mécanismes de la stimulation cérébrale profonde dévoilés La stimulation cérébrale profonde du noyau subthalamique (NST) est devenue une thérapie courante de la maladie de Parkinson, mais ses mécanismes d’action demeuraient inconnus, les enregistrements électrophysiologiques disponibles jusqu’alors étant brouillés par des artéfacts de stimulation. Constance Hammond (Inserm), Liliana Garcia (CNRS) et al. du laboratoire de physiologie et de physiopathologie de la signalisation cellulaire du CNRS à Bordeaux, et de l’Institut de neurobiologie de la Méditerranée de l’Inserm à Marseille, ont réussi à enregistrer les effets de la stimulation haute fréquence (SHF) sur une préparation in vitro de NST chez le rat, en supprimant les artéfacts de la stimulation. La SHF – appliquée en utilisant des paramètres similaires à ceux utilisés en clinique – a un double effet : elle “efface” l’activité spontanée des neurones subthalamiques et la remplace par l’activité dictée par la stimulation. Ces deux effets (inhibiteur et excitateur) ne sont présents, ensemble, que pour des fréquences de stimulation supérieures à 80 Hz. Les spikes évoqués ont une origine postsynaptique car ils sont toujours présents après suppression de la transmission synaptique. Un blocage des canaux sodium supprime tous les spikes évoqués par SHF. Les auteurs concluent que l’effet excitateur de la SHF se fait par activation directe des canaux sodium de la membrane des neurones du NST. Commentaire. Cette publication intervient dans un contexte où deux hypothèses s’affrontaient : pour certains la SHF inhibe les neurones, pour d’autres, au contraire elle les active. Ces nouveaux résultats démontrent en fait que ces deux effets coexistent aux fréquences de stimulation utilisées de façon empirique en thérapeutique. L’effet clinique qui imite celui d’une lésion s’explique facilement par le seul effet inhibiteur. Est-ce que l’effet excitateur qui impose une activité à fréquence stable et élevée participe à l’effet clinique ? Ce débat n’est pas encore clos. P. Krack, département de neurologie, CHU de Grenoble. ron 5 % des anévrismes intracrâniens. Ils sont en général responsables de syndromes de masse et dans 25 % des cas d’une hémorragie sous-arachnoïdienne. Leur traitement chirurgical est difficile, voire impossible du fait de leur topographie et des dimensions du col. L’occlusion endovasculaire sélective des anévrismes géants n’est pas toujours possible et le traitement non sélectif par occlusion du vaisseau porteur est souvent proposé. Les auteurs rapportent l’évolution à long terme ainsi que les aspects radiologiques observés chez 18 patients porteurs d’un anévrisme géant de l’artère carotide interne. Sur une période de six ans, 18 patients porteurs d’un anévrisme géant de l’artère carotide interne ont été traités (âge moyen 42 ans [22 à 77 ans]). Les topographies étaient les suivantes : segment caverneux (n = 10), ophtalmique (n = 6), pétreux (n = 1), bifurcation intracrânienne (n = 1). Dans un cas de traitement, l’occlusion de l’artère carotide interne n’a pu être effectuée en raison de l’intolérance à l’occlusion. Une patiente, âgée de 34 ans, porteuse d’un anévrisme caverneux à extension supracaverneuse de 60 mm de diamètre, traitée en période hémorragique, est décédée en raison d’un spasme intracrânien bilatéral majeur. Les 16 autres patients ont pu être évalués sur le plan clinique et en imagerie (moyenne 30 mois ; 6 à 80 mois). L’évolution clinique, appréciée par un évaluateur indépendant a été jugée excellente et l’imagerie a montré une thrombose ainsi qu’une réduction de taille, de 25 à 50 % dans la majorité des cas et une disparition complète de la lésion chez 2 patients. Commentaire. Malgré le développement des techniques d’embolisation, l’occlusion des vaisseaux porteurs reste une méthode simple et efficace de traitement des anévrismes de plus de 25 mm. J.F. Méder, département d’imagerie morphologique et fonctionnelle, hôpital Sainte-Anne, Paris. ✔ Lubicz B, Gauvrit JY, Leclerc X et al. Giant aneurysms of the internal carotid artery : endovascular treatment and long-term follow-up. Neuroradiology 2003 ; 45 : 650-5. ✔ Garcia L, Audin J, D’Alessandro G et al. Dual effect of high-frequency stimulation on subthalamic neuron activity. J Neurosci 2003 ; 23 (25) : 8743-51. Épilepsie temporo-mésiale et herpès virus de type 6 Anévrismes géants Les anévrismes géants, de plus de 25 mm de diamètre, représentent envi- Le virus HHV-6 est responsable chez l’enfant de l’exanthème subit du nourrisson (ou roséole infantile), maladie bénigne, La Lettre du Neurologue - n° 10 - vol. VII - décembre 2003 associant 4 jours de forte fièvre, éruption très transitoire et parfois convulsions. Chez l’adulte, HHV-6 serait responsable d’encéphalite limbique. Chez 4 patients adultes sur 8, souffrant d’une épilepsie du lobe temporale avec sclérose hippocampique, les auteurs ont retrouvé, dans la région hippocampique, l’ADN du virus HHV-6 type B en très grande quantité, tout particulièrement dans les astrocytes, par comparaison avec le taux de cet ADN dans les monocytes sanguins. Un patient sur les 4 dont l’épilepsie avait commencé entre 5 et 26 ans, avait fait des convulsions fébriles. De plus, la protéine HHV-6 p41 marqueur de réplication virale active de HHV-6 était exprimée dans l’hippocampe de ces patients. Dans les prélèvements opératoires de 8 patients-contrôles souffrant d’une épilepsie temporale externe due à diverses lésions (dysplasie, MAV, tumeur), ce virus n’a pas été retrouvé. Ces résultats suggèrent une relation entre HHV-6 et une certaine épilepsie du lobe temporale avec sclérose hippocampique. Commentaire. Ces résultats pourraient concilier deux hypothèses : celle d’une responsabilité des convulsions fébriles dans la genèse des scléroses hippocampiques et celle d’une cause sous-jacente responsable initialement d’une convulsion fébrile puis secondairement de la sclérose hippocampique. La présence de réplication virale de HHV-6 est un argument fort. Cependant, seul un patient sur les 4 avec sclérose hippocampique et présence de HHV-6 avait des antécédents de convulsions fébriles. L’absence d’étude d’hippocampes chez des témoins non épileptiques et chez des patients avec une épilepsie temporale externe affaiblit aussi cette étude. J.M. Pinard, service de neurochirurgie pédiatrique, fondation ophtalmologique A.-Rothschild, Paris et service de neuropédiatrie, hôpital Raymond-Poincaré, Garches. ✔ Donati D. Detection of human herpesvirus-6 in mesial temporal lobe epilepsy surgical brain resections. Neurology 2003 ; 61 : 1405-11. Hétérotopies laminaires sous-corticales (HLSC) postérieures : mutations en mosaïques somatiques dans LIS1 “Mort subite inexpliquée du nourrisson” : une “inflammation” du tronc ? Les hétérotopies laminaires sous-corticales sont un trouble de la migration neuronale dû à des mutations du gène doublecortine (DCX) dans la plupart des cas familiaux, et dans de nombreux cas sporadiques : environ 80 % des cas chez les filles et 25 % des cas chez les garçons. Ces mutations entraînent des hétérotopies et parfois des troubles de la gyration diffus ou prédominants dans les régions antérieures du cerveau. Des cas avec des mutations de DCX en mosaïques somatiques ont été décrits : la mutation survient après la fécondation et ne touche alors qu’une partie des cellules de l’organisme. Des mutations du gène Lis1, toujours sporadiques, responsables de lissencéphalies (ou agyrie-pachygyrie), peuvent aussi entraîner des HLSC : la malformation prédomine alors dans les régions postérieures du cerveau. Chez 2 patients avec HLSC et pachygyrie prédominant dans les régions postérieures, les auteurs rapportent des mutations dans LIS1 en mosaïques somatiques. Pour mettre en évidence ces mosaïques, ils ont utilisé, sur les lymphocytes et la racine des cheveux, une technique très sensible de chromatographie liquide à haute pression dénaturant l’ADN. Cela a permis de mettre en évidence une proportion faible de cellules portant la mutation, de l’ordre de 20 à 30 %. Commentaire. Ces résultats permettent d’espérer ainsi réduire le pourcentage de patients présentant des HLSC, en particulier à prédominance postérieure, pour lesquels aucune cause génétique n’est actuellement retrouvée. Cependant, cela sous-entend d’utiliser des techniques plus complexes, peu disponibles donc onéreuses. Le conseil génétique est à ce prix. Le syndrome de “mort subite inexpliquée du nourrisson” (SIDS = suddent infant death syndrome), lié à de nombreux facteurs endogènes et exogènes, survient habituellement au cours de la première année de vie avec un pic de fréquence vers le 4e mois. Un “modèle” de risque à 3 niveaux a été proposé et considère qu’un “nourrisson vulnérable” au cours d’une “période critique du développement” peut succomber à un “facteur de stress exogène”. Aucune lésion cérébrale évidente n’est retrouvée, cependant une dysrégulation des fonctions vitales, respiratoires (apnées) ou du cycle veillesommeil a été rapportée, ainsi qu’une élévation des cytokines inflammatoires dans divers liquides de l’organisme, y compris le LCR ; ces cytokines peuvent modifier le fonctionnement neuronal. Les auteurs ont comparé, en immunohistochimie, l’expression cérébrale des cytokines IL-1β, (TNF)α et IL-6, en particulier dans les noyaux neurovégétatifs du tronc cérébral, entre 19 nourrissons décédés de SIDS et 7 témoins décédés au même âge de causes connues (“non SIDS”). IL-6 n’était pas exprimé dans les 2 groupes. IL-1β et (TNF)α étaient exprimés dans de nombreuses régions de l’encéphale. Cependant, par comparaison avec les nourrissons “non SIDS”, IL-1β était surexprimé dans le noyau arqué et le noyau dorsal du vague chez les nourrissons décédés de SIDS. Les auteurs concluent que cette surexpression doit contribuer à une perturbation du contrôle cardiorespiratoire et de l’éveil, conduisant au SIDS. Commentaire. Cette étude ouvre une nouvelle piste vers de possibles causes “neuroinflammatoires”, touchant le tronc cérébral, responsables du SIDS. Néanmoins, sa robustesse est affaiblie par l’absence d’appariement par âge avec les témoins et le caractère semiquantitatif de l’étude immunohistochimique. JMP JMP ✔ Sicca F et al. Mosaic mutations of the LIS1 gene cause subcortical band heterotopia. Neurology 2003 ; 61 : 1042-6. La Lettre du Neurologue - n° 10 - vol. VII - décembre 2003 ✔ Kadhim H et al. Distinct cytokine profile in SIDS brain : A common denominator in a multifactorial syndrome ? Neurology 2003 ; 61 : 1256-9. ✔ Thach BT. The brainstem and vulnerability to sudden infant death syndrome. Neurology 2003 ; 61 : 1170-1. 353