10 Actualité Santé L’algodystrophie Une évolution souvent longue La neuroalgodystrophie représente une affection survenant majoritairement dans les suites d’un traumatisme mettant en jeu l’appareil osseux. Cette pathologie est due à une décalcification osseuse, principalement au niveau des membres. U Infos ... Pronostic La gravité d’une algodystrophie est liée au risque de séquelles (raideur articulaire, rétractions aponévrotiques...). Avec l’ensemble des traitements, la guérison totale survient habituellement en quelques semaines à quelques mois (3 à 6 mois en moyenne) et elle est d’autant plus rapide et meilleure que la thérapeutique a été plus précoce. ne patiente a fait une chute. Malgré les séances de kinésithérapie, le redémarrage est douloureux et va en s’empirant. L’articulation du poignet devient gonflée et rouge, accompagnée d’une sudation inhabituelle, d’une raideur et d’une douleur au mouvement. Le chirurgien reconsulté diagnostique une algodystrophie. Celle-ci survient typiquement après un traumatisme important, à type de fracture, de luxation ou d’entorse, ou encore au décours d’une immobilisation plâtrée. En fait, le traumatisme causal est souvent insignifiant mais les algodystrophies du poignet et du pied sont presque toujours post-traumatiques. À l’épaule, elles surviennent notamment après une fracture du trochiter. On en rapproche les algodystrophies survenant après un geste chirurgical, généralement une intervention sur une articulation des membres (après méniscectomie ou arthroscopie, notamment). Mais tout type d’intervention (thoracotomie, par exemple) peut être responsable d’une algodystrophie. Physiologie, étiologie L’algodystrophie touche indifféremment les patients des deux sexes. Rare chez l’enfant, elle atteint l’adulte plutôt âgé. Parmi les facteurs retrouvés de son déclenchement, le principal est donc le traumatisme. Ce dernier peut toucher directement l’articulation atteinte ou être situé à distance d’elle. On peut ainsi observer une algodystrophie du poignet après une fracture du coude. Le deuxième facteur est une intervention chirurgicale. Ensuite, tout acte direct sur l’articulation comme une ponction, une Professions Santé Infirmier Infirmière N° 62 • mars-avril 2005 infiltration peuvent en être la cause. Les symptômes apparaissent le plus souvent dans un climat psychologique particulier. Le patient est de tendance anxieuse, avec une gestion du stress assez mauvaise et une nette tendance à l’exagération. Il est ainsi fréquent, dans le courant de la vie de ces patients, de noter plusieurs épisodes itératifs d’algodystrophie. Cette prédisposition psychologique au sein d’une personnalité narcissique est donc toujours à prendre en compte dans la prise en charge de l’affection. Le mécanisme de la maladie, lui même, est mal connu. C’est le résultat de la stimulation de l’action des ostéoclastes par l’action directe du système neurovégétatif qui semble prouvé. Or, le renforcement de l’activité ostéoclastique signifie résorption osseuse augmentée, donc douleur. Les régions les plus souvent atteintes sont la main, le pied, l’épaule et le genou. Cependant, toutes les articulations peuvent être touchées. Diagnostic Après un traumatisme avec, mais aussi sans fracture, peut donc apparaître cette pathologie, plusieurs semaines plus tard (3 à 4 en général). Le diagnostic est essentiellement clinique. Malheureusement, la clinique est pauvre. Classiquement trois stades évolutifs sont cependant notés : • Le stade I est celui de la phase chaude : la douleur, présente en permanence, est accentuée par la mobilisation articulaire. C’est le signe le plus précoce et qui doit alerter. L’impotence fonctionnelle qui en découle peut aboutir à un véritable enraidissement. Cette phase est dite chaude, car les signes inflammatoires sont présents : rougeur et chaleur locales liées à un œdème, à une hypersudation, donnant une peau luisante. À ce stade, un épanchement articulaire est possible. • Le stade II ou phase froide voit une peau qui s’atrophie devenant pâle, froide, marbrée, parfois cyanotique. Une perte des poils et une hypertrichose sont possibles. Cette phase peut rarement être initiale (15 % des cas), elle fait le plus souvent suite à la phase chaude après plusieurs semaines, plusieurs mois d’évolution. • Le stade III ou phase de stabilisation est la période de récupération totale des fonctionnalités articulaires. Un diagnostic doit être fait le plus rapidement possible sur les signes cliniques, car les examens complémentaires ne sont pas significatifs. La vs et le dosage de protéine C réactive sont normaux. La radiographie standard est normale tout au moins au début. L’aspect de décalcification n’est noté que tardivement sur les radios classiques, plus précocement sur la scintigraphie osseuse. Formes topographiques L’algodystrophie du genou se présente comme une arthropathie douloureuse. À l’identique, celle du pied peut conduire à des rétractions tendineuses ou aponévrotiques séquellaires. Dans l’atteinte du genou comme de la hanche peuvent être signalées des lésions d’ostéonécroses, confirmées par la scintigraphie. La possibilité de voir le rachis touché est envisageable, avec un diagnostic rendu encore plus difficile par l’absence de manifestations évidentes. L’existence d’une hypertransparence vertébrale ou de tassements osseux est alors un argument. Actualité Santé La scintigraphie osseuse Quelles sont les indications, le principe, la technique de la scintigraphie osseuse ? Elle permet de rechercher une atteinte osseuse ou articulaire comme une algodystrophie, mais aussi une métastase néoplasique. Cela est permis par l’injection de produits radioactifs marqués au technétium 99 qui révèlent, en cas de lésions osseuses, l’existence de zones d’hyperfixation. Pour sa réalisation, ne sont nécessaires ni une hospitalisation ni d’être à jeun. L’injection du produit se fait par voie intraveineuse. Deux à trois heures après, sont réalisées des cartographies du squelette durant entre une demi et une heure, par la gamma caméra. Les résultats sont fournis sous forme de photos polaroïd ou de film, le praticien peut indiquer ses conclusions. Mais au total on se retrouve devant une absence de preuves, un faisceau d’arguments seulement qui doivent suffire à faire engager un traitement. Traitement Le traitement comporte avant tout la mise au repos du segment du membre atteint. Plus que les antalgiques classiques comme le paracétamol ou les associations comprenant paracétamol-codéinecaféine, les dérivés morphiniques, d’autres traitements sont efficaces actuellement, mais à une condition : les débuter tôt. On pratiquera des injections souscutanées de calcitonine, hormone permettant la fixation de calcium au niveau des zones, et dont le manque fait souffrir. Pendant 15 jours, les injections sont quotidiennes, puis ensuite alternées en fonction de l’évolution des signes cliniques, la douleur étant le principal. Les injections ne sont pas douloureuses, mais peuvent indisposer le patient. Il est donc conseillé de les faire après avoir fait prendre un repas, sinon, au moins un café ou un thé. Il faut conseiller de rester allonger quelques minutes après la piqûre. Le médecin pourra aussi associer dans la prescription injectable un médicament anti-émétique qui aidera à mieux supporter l’administration de calcitonine. La calcitonine mais aussi les vasodilatateurs et les anesthésies locorégionales par blocage nerveux sympathique sont fréquemment utilisés pour hâter la guérison. Cependant, les symptômes, tout en cédant de façon spontanée, ne disparaissent qu’après 6 ou 18 mois. C’est d’ailleurs cette lente évolution qui rend l’affection plus douloureuse. En phase chaude, la rééducation sera ou déconseillée ou employée avec une grande douceur. Les conseils physiothérapiques sont utiles à ce stade avec : – mise en repos du membre en position surclive ; – soulagement du membre atteint grâce à des cannes, par exemple ; - port d’attelles la nuit ; - mobilisation ne devant pas dépasser le seuil douloureux ; - galvanothérapie. L’emploi de bains chauds et froids successifs active les réactions vasomotrices bénéfiques. En phase froide, les techniques utilisées seront à la fois actives et passives, fondées sur l’obtention d’un gain d’amplitude. Elles seront accompagnées de manœuvres musculaires destinées à redonner une ampliation articulaire correcte. Le rodage articulaire et l’activation sensitivomotrice complètent cette rééducation. Pour les personnes qui raisonnent en traitement homéopathique, la douleur liée à l’algodystrophie peut être soulagée en prenant toutes les semaines une dose d’arnica montana 15 CH, 3 granules 3 fois par jour d’Hypericum perforatum 7 ch. Malgré tout, une certaine raideur peut persister à titre de séquelle définitive, et lorsque l’algodystrophie touche la main, une rétraction définitive des doigts survient dans les cas plus graves. JB 11 Brèves ... Le dépistage du cancer colorectal bientôt généralisé Philippe Douste-Blazy a annoncé, samedi 19 mars, la généralisation prochaine du dépistage du cancer colorectal. Cette maladie touche, chaque année en France, 35 000 personnes et est à l’origine de 16 000 morts prématurées. Soutenu par l’Association nationale pour le dépistage du cancer colorectal, un malade âgé de 63 ans souffrant depuis 4 ans d’un cancer colorectal a engagé une action en justice devant le tribunal administratif de Paris contre le ministère de la Santé, car il estime avoir été la victime de l’incurie de la direction générale de la santé en charge de la politique de dépistage des maladies qui peuvent l’être. Ce dépistage sera généralisé en 2007 et pourrait éviter 3 000 décès par an. L’utilisation de l’implant contraceptif en progrès De plus en plus de femmes en France ont maintenant recours à un implant pour ne pas avoir d’enfant. 300 000 femmes l’ont adopté, soit 2 à 3 % des femmes sous contraception mais un chiffre encore très éloigné des 60 % d’utilisatrices de la pilule. Source Medec Génétique et chromosome X Une équipe de 285 généticiens, œuvrant dans 21 institutions européennes et américaines, annoncent dans la revue Nature avoir réussi la première analyse complète du chromosome humain X. Les auteurs de cette publication expliquent notamment être parvenus à réaliser le séquençage de 99,3 % des 1 098 gènes présents au sein du chromosome X. Le chromosome X, que les femmes possèdent en double, très riche en gènes inactivés pourrait protéger la femme contre certaines des pathologies liées à des anomalies du chromosome X. Infos ... Définitions L’algodystrophie (ou neuroalgodystrophie) est un syndrome douloureux régional touchant en général une articulation ou une extrémité de membre, y compris les tissus adjacents (jusqu’à la peau) avec œdème, phénomènes vasculaires et surtout douleur. L’algodystrophie est souvent posttraumatique ou survient à la suite d’une prise de certains médicaments ou d’une hémiplégie ou d’autres maladies neurologiques. Professions Santé Infirmier Infirmière N° 62 • mars-avril 2005