C ongrès réunion ● J.C. Chachques* Actualités en transplantation cardiaque à l’AHA American Heart Association, Orlando (Floride), 4-7 novembre 2007, sessions scientifiques A u niveau mondial, il existe trois événements annuels majeurs en cardiologie. Ils sont organisés respectivement par l’American College of Cardiology (ACC), l’European Society of Cardiology (ESC) et l’American Heart Association (AHA). Le congrès de l’AHA est probablement le plus important en termes de participation (en égalité progressive avec celui de l’ESC), et sur le plan scientifique, avec des centaines de communications, sous forme de sessions orales, de séminaires, how-to sessions, best of sessions, sessions plénières, questions aux experts, controverses ou posters. Des late breaking clinical trials permettent de connaître en avant-première les résultats des grands essais thérapeutiques mondiaux. Le congrès de l’AHA est toujours très enrichissant. Son édition 2007 a permis, comme celles des années précédentes, de progresser dans les connaissances et les applications de nouveaux traitements cardiologiques, et cette progression, si elle n’est pas toujours “médiatique”, est tout aussi utile pour les cardiologues. * Service de chirurgie cardiovasculaire et laboratoire de recherches biochirurgicales (LRB), hôpital européen Georges-Pompidou, Paris. En effet, les résultats des grands essais ne sont pas une fin en soi et doivent s’inté­grer dans la pratique cardio­ logique quotidienne, cette intégration étant souvent progressive et justifiant des études complémentaires indispensables. Les enjeux des grands essais communiqués sont parfois importants sur le plan thérapeutique, par exemple : les statines confirmeront-elles leur entrée dans l’arsenal thérapeutique contre l’insuffisance cardiaque ? peut-on utiliser la resynchronisation chez les patients à QRS fins ? doit-on associer la biologie cellulaire aux techniques d’ingénierie tissulaire pour améliorer les résultats de la transplantation cellulaire dans la maladie ischémique ? En dehors de ces grands essais, tous les aspects de la cardiologie ont été abordés lors de ce congrès, avec trois grandes rubriques : “Basic Science”, axée sur les sciences fondamentales, “Clinical Science” et “Population Science”, d’un grand intérêt pour les ­cardiologues ­cliniciens. Certains thèmes ont conservé une place de choix : l’insuffisance cardiaque et la maladie coronaire dans tous ses aspects (fondamentaux, cliniques, diagnostiques et thérapeutiques). Il faut souligner les nombreuses communications portant sur le génome et la thérapie cellulaire, avec des perspectives cliniques imminentes. La chirurgie de la maladie ischémique coronarienne semble bénéficier d’un regain d’intérêt (suite aux controverses suscitées par les stents actifs). Mais de nouvelles questions se posent : les stents biorésorbables, en plein développement, pourront-ils prévenir la resténose sans majorer le risque de thrombose ? Si les bonnes conditions mécaniques, de 94 CT N°2 2008.indd 94 bio­résorption et de biocompatibilité sont au rendez-vous, ils pourraient bien devenir la solution idéale en permettant dans un deuxième temps la réalisation de pontages chirurgicaux sans difficultés techniques majeures. La fibrillation auriculaire, l’imagerie cardiovasculaire et le traitement percutané des maladies valvulaires ont également fait l’objet de plusieurs communications. Une série de 100 patients (âge moyen : 83 ans) traités par une équipe canadienne a bénéficié de la pose d’une bioprothèse valvulaire aortique par voie transartérielle et transapicale (par minithoracotomie). Dans les cas où la sténose a été franchie et la valve posée, des succès sur 91 % des cas ont été rapportés ; la mortalité était de 15 % à 30 jours. Il faut souligner que, pour ce type de patients, l’espérance de vie est courte en l’absence de geste thérapeutique salvateur. Les avancées technologiques en imagerie cardiovasculaire, avec l’apparition du scanner à 64 barrettes, apportent aujourd’hui un moyen non invasif de visualiser les lésions coronaires. De même se développent des études automatisées des déformations myocardiques par doppler et des évaluations de la fonction ventriculaire gauche en 3 dimensions utilisant des échocardiographies en temps réel avec des méthodes de speckle tracking. Insuffisance cardiaque ✓ Prescrire une statine chez des patients âgés présentant une insuffisance cardiaque d’origine ischémique est une question d’actualité. De nouvelles données de l’étude CORONA (étude Le Courrier de la Transplantation - Volume VIII - n o 2 - avril-mai-juin 2008 30/06/08 18:35:30 C ongrès réunion randomisée contre placebo) ont montré qu’ajouter une statine au traitement optimisé de l’insuffisance cardiaque n’améliorait pas de façon significative le pronostic des patients souffrant d’insuffisance cardiaque avancée, car cela n’inversait ni n’empêchait la détérioration d’un cœur défaillant. tion angioplastie + traitement médical optimal semble supérieure au traitement médical optimal seul dans la réduction des ischémies, essentiellement lorsqu’elles étaient légères à modérées. Ainsi, cette étude semble démontrer qu’il faudrait appliquer des stratégies thérapeutiques adaptées à chaque cas. ✓ L’étude RethinQ a évalué l’apport de la resynchronisation chez des insuffisants cardiaques à QRS fins (< 120 ms) chez 172 patients souffrant d’insuffisance cardiaque de ­classe III ayant un défibrillateur implantable. Pendant 6 mois, la fonction resynchronisation a été supprimée chez la moitié des patients. Il n’y a pas eu de différence significative entre les 2 groupes, en termes de poussées nécessitant une thérapie intraveineuse, malgré une tendance en faveur de la resynchronisation. ✓ Soupçonnant que la complexité des recommandations puisse être en partie responsable du faible nombre d’hypertendus contrôlés, une équipe canadienne a mis en place une étude comparant de façon randomisée un algorithme thérapeutique simplifié (l’algorithme STITCH) à celui des recommandations nord-américaines. ✓ Le dilemme du maintien du rythme ou de la fréquence chez l’insuffisant cardiaque en fibrillation auriculaire a été l’objet de l’étude AF-CHF. Après un suivi de 2 ans, 593 patients du groupe “maintien du rythme sinusal” ont été comparés à 604 patients du groupe “contrôle de la fréquence ventri­culaire”. Le maintien en rythme sinusal n’apporterait aucun avantage par rapport au contrôle de la fréquence ventri­culaire dans la fibrillation atriale chez les patients en insuffisance cardiaque. Stratégies thérapeutiques ✓ L’étude COURAGE (Clinical Outcomes Utilizing Revascularization and AGgressive drug Evaluation), présentée durant l’ACC 2007, avait montré que chez les coronariens stables la revascularisation associée au traitement médical optimal ne faisait pas mieux que le traitement médical optimal seul. Pendant l’AHA 2007 ont été présentés les résultats d’une analyse conduite sur 313 des 2 287 patients chez qui une évaluation de l’ischémie par SPECT avait été réalisée avant l’inclusion puis à 6 et 18 mois. L’associa- ✓ L’arrivée d’un nouvel antiagrégant plaquettaire, le prasugrel, a fait la une de l’actualité de l’AHA 2007. Est-il possible de faire plus en matière d’inhibition plaquettaire dans les syndromes coronariens aigus ? L’essai TRITONTIMI apporte une réponse positive, mais pose le problème du rapport bénéfice/ risque. Les résultats fondés sur des critères primaires sont en faveur du prasugrel, avec une différence significative sur les décès cardiovasculaires, les infarctus et les accidents vasculaires cérébraux (AVC). Même si le rapport bénéfice/risque est en faveur du prasugrel, des analyses post hoc suggèrent que les patients de moins de 60 kg, de plus de 75 ans et ceux ayant eu un AVC ou un accident ischémique transitoire (AIT) ont un risque d’hémorragie plus important avec ce médicament. ✓ L’étude FAST-MI a repris les données de patients hospitalisés en France pour syndrome coronaire aigu dans 223 centres et suivis pendant 30 jours. Il apparaît que l’absence de reperfusion est un facteur de risque indépendant de mauvais pronostic. La mortalité chez les diabétiques est bien supérieure à celle des non-diabétiques. ✓ L’utilisation à visée préventive des bêtabloquants en phase périopératoire chez des patients à risque cardio­ 95 CT N°2 2008.indd 95 vasculaire élevé repose sur les résultats parfois contradictoires d’études de faible effectif. L’étude POISE est la première étude majeure mise en place pour vérifier le bien-fondé de cette attitude. Les résultats de cet essai doivent conduire à ne pas commencer en routine un traitement bêtabloquant en périopératoire, ce qui ne remet pas en question les indications chroniques de ces médicaments. Il reste à déterminer si d’autres protocoles de bêtablocage donneraient de meilleurs résultats et si des polymorphismes génétiques peuvent les moduler. Sujets de recherche abordés ✓ Axe de recherche et objet de nombreux travaux présentés durant l’AHA 2007, l’immunologie de l’athérosclérose, considérée aujourd’hui comme un désordre immunologique chronique, a été abordée lors de communications. Les lymphocytes T y jouent un rôle clé, ouvrant ainsi différentes pistes thérapeutiques. ✓ Les premiers résultats humains d’un essai de vaccination antihypertensive ont été rapportés : ce vaccin, qui cible l’angiotensine II, a été évalué chez 72 patients. THéRAPIE CELLULAIRE et INGéNIERIE TISSULAIRE : IMPORTANCE De la “NICHE” L’intérêt des cellules souches est aujourd’hui considérable, à la fois sur les plans cognitif, thérapeutique et économique. Une nouvelle voie de recherche est explorée à l’heure actuelle, en particulier pour les cellules souches adultes : celle des interactions existant entre les cellules souches et leur environnement immédiat. Ce dernier rend d’une certaine façon hommage à la France, puisqu’il est appelé “niche”. Ainsi, la solution du problème concernant la survie des cellules souches Le Courrier de la Transplantation - Volume VIII - n o 2 - avril-mai-juin 2008 30/06/08 18:35:30 C ongrès réunion greffées chez les patients atteints de cardiomyopathies ischémiques se dirige vers une nouvelle approche thérapeutique, associant la biologie cellulaire aux techniques d’ingénierie tissulaire. La thérapie de régénération myocardique par le biais de la transplantation cellulaire évolue vers des greffons beaucoup plus composites, associant des cellules, une matrice extracellulaire et des facteurs de croissance. ASSISTANCE ET RéGéNéRATION MYOCARDIQUES UTILISANT DES MATRICES BIOARTIFICIELLES : étude MAGNUM L’objectif de la thérapie cellulaire en cardiologie est de régénérer le myocarde en implantant des cellules souches myogéniques ou angiogéniques. Cependant, il faut tenir compte du fait que, dans la maladie ischémique, la matrice extracellulaire est aussi pathologiquement altérée. Ainsi, il a semblé nécessaire aux investigateurs de cette étude d’associer un procédé de thérapie cellulaire à des techniques de génie tissulaire, visant à améliorer la fonction contractile ainsi que la matrice extracellulaire, responsable de la géométrie ventriculaire. L’objectif de l’étude MAGNUM (Myocardial Assistance by Grafting a New Upgraded bioartificial Myocardium) a été d’évaluer l’intérêt et l’utilité d’associer une matrice de collagène cellularisée à la cardiomioplastie cellulaire chez des patients présentant des séquelles post­ infarctus de myocarde. Chez 15 patients, d’un âge moyen de 54 ± 3 ans, présentant des séquelles d’infarctus ventriculaire gauche avec indication d’un pontage coronarien unique dans le but de revasculariser les zones du ventricule éloignées, des cellules mononucléées de moelle osseuse ont été implantées au moment de la chirurgie effectuée sans circulation extracorporelle (CEC). Après l’injection de cellules dans les infarctus, une matrice 3D de collagène type I (dimensions : 7 x 5 x 0,6 cm), semée préalablement avec la même quantité de cellules de moelle osseuse, a été fixée sur la surface épicardique de la zone infarcie. Cette matrice a été recouverte par une deuxième matrice non cellularisée. Les interventions et les évolutions post­ opératoires se sont déroulées sans morbidité ni mortalité (suivi : 15 ± 4 mois). Des études échocardiographiques et scintigraphiques ont montré que 52 % des segments traités présentaient une amélioration de la contractilité ventriculaire. Les volumes télédias­toliques du ventricule gauche (VG) sont descendus de 142 ± 24 ml à 117 ± 21 ml (p = 0,03). La fraction d’éjection du VG a été améliorée de 25 ± 7 % à 33 ± 5 % (p = 0,04). Des paramètres de fonction diastolique ont montré des améliorations significatives. La conclusion de cette étude est que les patients présentant des cicatrices d’infarctus de myocarde, traités par l’association de cardiomyoplastie cellulaire et d’implant d’une matrice de collagène cellularisée au cours de la chirurgie de revascularisation myocardique, ont montré des améliorations fonctionnelles et hémodynamiques. Ce procédé d’ingénierie tissulaire semble renforcer la paroi ventriculaire pathologique à l’aide de tissus viables et limiter le remodelage postischémique, augmentant ainsi l’efficacité de la cardiomyoplastie ­cellulaire. VERS LE MYOCARDE BIOARTIFICIEL Des études expérimentales ont été présentées par O. Schussler et al. (HEGP, Paris), montrant l’amélioration de la biofonctionnalité de matrices en collagène, semées avec des cellules souches, grâce à l’incorporation du peptide ­d’adhésion RGD (arginineglycine-aspartate). Il est bien connu que la plupart des cellules s’attachent à une matrice extracellulaire qui constitue la trame des tissus, et cet attachement est néces- 96 CT N°2 2008.indd 96 saire à leur propre survie. Les cellules adhèrent par des récepteurs, les intégrines (protéines hétérodimériques transmembranaires). Plus de 25 intégrines sont connues, et beaucoup (en particulier les intégrines 1 et 3) se lient à des composants de la matrice extracellulaire. Certaines, dont le prototype est la fibronectine, contiennent le tripeptide Arg-Gly-Asp. TRAITEMENT CHIRURGICAL DES CARDIOMYOPATHIES SéVèRES DU VENTRICULE DROIT Tandis que, pour le traitement de l’insuffisance VG, plusieurs alternatives pharmacologiques et chirurgicales existent, l’insuffisance ventriculaire droite (VD) reste une pathologie difficilement contrôlable. Le rôle du VD a été sousestimé dans le passé : des études récentes ont montré que, plus qu’un conduit, il est une pompe possédant des fonctions systolique et diastolique. Pour les malades présentant une défaillance du VD associée à une insuffisance de la valve tricuspide, les résultats de la plastie ou du remplacement valvulaire isolé sont parfois décevants. Une étude présentait la réalisation d’une cardiomyoplastie (CMP) antérieure pour améliorer la fonction du VD, associée à une plastie de la valve tricuspide. Dix patients ont bénéficié d’une CMP due à une insuffisance du VD. La série comprend 7 hommes et 3 femmes avec une moyenne d’âge de 42 ans (15 à 63 ans). L’étiologie de l’insuffisance du VD était, pour 7 cas, une dysplasie ventriculaire droite arythmogène, pour 2 cas, une cardiomyopathie ischémique et, pour un cas, une maladie de Uhl. Tous les patients, excepté un cas de cardiomyopathie ischémique, présentaient une insuffisance de la valve tricuspide. Neuf étaient en classe fonctionnelle (NYHA) III et un en classe IV. La fraction d’éjection moyenne du VD était de 17 ± 6 % et celle du VG de 41 ± 12 %. Huit sujets ont bénéficié d’une CMP antérieure utilisant le muscle grand Le Courrier de la Transplantation - Volume VIII - n o 2 - avril-mai-juin 2008 30/06/08 18:35:31 C ongrès réunion dorsal gauche associée à une plastie de la valve tricuspide, un sujet d’une CMP avec un remplacement valvulaire et le dernier d’une CMP isolée. À la suite du remplacement ou de la plastie valvulaire, le muscle grand dorsal gauche a été placé autour du VD, sa partie distale fixée au diaphragme (cardiomyoplastie antérieure), et il a ensuite été électro­ stimulé. Le suivi à 15 ± 3,8 ans a montré dans tous les cas une amélioration de la classe fonctionnelle et de la fonction du VD. Sept patients ont une remarquable qualité de vie : 6 sont en classe fonctionnelle I N OUVELLES et 1 en classe II. La fraction d’éjection moyenne du VD est de 32 ± 8 % et celle du VG de 51 ± 9 %. Un patient est décédé en postopératoire (infection) et 2 autres sont décédés respectivement 45 jours et 7 années après la CMP, à la suite respectivement d’une complication digestive et d’un AVC (fibrillation auriculaire sans traitement anticoagulant à cause d’une cirrhose hépatique) ; la dernière patiente était en NYHA classe fonctionnelle II. Les résultats à long terme de cette étude semblent encourageants, les décès n’étant pas liés à la fonction du VD ni aux troubles du rythme. La classe fonctionnelle et la fonction du VD ont été améliorées dans tous les cas. Les effets de la CMP peuvent être liés à la compression systolique du VD et à la limitation de la dilatation ventri­culaire (remodelage positif), qui pourrait réduire la tension pariétale ainsi que l’excitabilité de fibres myocardiques. En conclusion, cette présentation suggère que la cardiomyoplastie ventriculaire droite est une vraie alternative ou un “biological bridge to heart transplantation” pour les patients présentant une cardiomyopathie du VD avec une fonction ventriculaire gauche relativement préservée. ■ D E L’ I N D U S T R I E P H A R M AC E U T I Q U E Communiqués des conférences de presse, symposiums, manifestations organisées par l’industrie pharmaceutique Le message d’espoir d’un géant du rugby Joueur d’exception, le rugbyman néozélandais Jonah Lomu doit la vie à une greffe rénale. Elle lui a aussi permis de revenir au plus haut niveau de son sport favori. Au-delà de sa propre histoire, il témoigne aujourd’hui en faveur de tous ceux qui sont atteints d’une maladie grave. À l’occasion d’une conférence de presse organisée à Paris par les laboratoires Roche*, Jonah Lomu, l’un des joueurs mythiques des All Blacks, la célèbre équipe nationale néo-zéolandaise de rugby, est venu témoigner de ce que représente le combat face à une maladie grave. Début 2003, alors au sommet de son art de joueur et première star internationale du rugby, Jonah Lomu doit abandonner la compétition de façon prématurée, à l’âge de 28 ans. Une pathologie rénale grave et rare, diagnostiquée une dizaine d’années auparavant, le contraint à entamer une dialyse durant 8 heures par nuit, 6 nuits par semaine. Sa maladie s’aggrave d’une neuropathie sévère des genoux qui rend la marche difficile. Ainsi, en 2004, cette force de la nature de 1,95 m pour 120 kg, recordman du nombre d’essais marqués lors d’une coupe du monde de rugby, se hisse péniblement sur scène lors de la remise des prix Halberg qui récompensent des sportifs néo-zélandais. Pourtant, aujourd’hui, Jonah Lomu ne traîne plus les pieds. Grâce à un programme drastique d’exercices physiques incluant course à pied, boxe et gymnastique intense, il n’est plus diminué par les lésions atteignant ses terminaisons nerveuses. Cette “résurrection”, il la doit à une transplantation rénale. Grâce au don d’un reporter radio de Wellington, Grant Kereama, ami de Jonah Lomu, ce dernier profite aujourd’hui d’une qualité de vie qu’il n’envisageait plus. La greffe lui a également offert la chance de réaliser son rêve : jouer à nouveau au plus haut niveau. Le 4 juin 2005, moins d’un an après sa greffe, Jonah Lomu fait son retour sur les terrains de rugby à l’occasion du jubilé d’un autre joueur, Martin Johnson. Après une saison dans un club gallois, c’est en NouvelleZélande qu’il poursuit désormais son rêve en participant au championnat national. Jonah Lomu n’oublie pas pour autant d’où il revient. C’est pourquoi il tient à témoigner pour tous les patients atteints d’une maladie 97 CT N°2 2008.indd 97 grave et à leur délivrer un message d’espoir : “Ma passion pour le rugby, j’ai bien failli ne plus la vivre”, a-t-il expliqué lors de sa venue à Paris. “Je me suis posé beaucoup de questions sur mes chances de guérison. Aujourd’hui, j’ai obtenu les réponses. C’est une question de volonté, bien évidemment. Mais sans don d’organe, sans donneur, sans médicaments, sans médecins, sans chercheurs, je n’aurais pas retrouvé une vie normale.” Jonah Lomu a donc souhaité s’engager en faveur du don d’organe et de la recherche pharmaceutique. “Je sais qu’en France la liste d’attente pour avoir un greffon est longue et qu’il faut développer le don du vivant. En France, 8 % des greffes rénales sont réalisées par des donneurs vivants, contre 54 % en Nouvelle-Zélande. Aujourd’hui, mon vœu le plus cher est que la France batte son record de greffes d’organes comme elle a battu l’équipe des All Blacks l’année dernière lors de la dernière Coupe du monde de rugby !” F. Fontenay * Conférence de presse des laboratoires Roche du 28 mars 2008 sur le thème “Star ou anonyme, mêmes questions, mêmes parcours, mêmes espoirs… face à la maladie grave”. Le Courrier de la Transplantation - Volume VIII - n o 2 - avril-mai-juin 2008 30/06/08 18:35:33