numéro spécial sanitaire 6 TERRES D’ARIÈGE - 16 AVRIL 2012 GDS 09 - LVD 09 ■ BOVINS ■ p.6 à 12 Point sur l’IBR. Q u i n ' a p a s e n t e n d u p a r l e r d e l ' I . B . R . ? I m p o s s i b l e e n A L a Rhinotrachéite Infectieuse Bovine, plus couramment appelée I.B.R., est une préoccupation majeure pour les uns, notamment pour les concours ou la vente des reproducteurs, inutile pour les autres, lorsqu'il s'agit de produire du lait ou d'exporter des broutards. Et pourtant, la pression sur cette maladie s'accroît au fur et à mesure que les autres départements s'assainissent. Si l'I.B.R. est couramment considérée comme une maladie commerciale, c'est bien le commerce des bovins positifs qui sera touché. Actuellement, certains marchés européens ou vers les pays tiers nous échappent. Demain, ce sont les échanges internes, en France, qui seront concernés. Le savez-vous ? L'I.B.R., ou Rhinotrachéite Infectieuse Bovine, est un virus de la famille des herpès. Il se transmet principalement par contact, de mufle à mufle, par l'air en cas d'éternuement ou de toux, et par la semence des taureaux. Le matériel agricole ou les vêtements souillés par les sécrétions nasales d'un bovin contaminé peuvent également être contaminant. Les symptômes s'expriment très rarement, mais peuvent être graves cliniquement : forte grippe sur les adultes, veaux chétifs et mortalités fréquentes. Lorsque le virus contamine un bovin, celui-ci réagit en fabriquant des anticorps. Il faut 2 à 3 semaines pour que le système immunitaire soit efficace. Pendant ce temps, le virus s'est multiplié et s'est propagé à travers le troupeau. Lorsque les anticorps de l'animal circulent en grande quantité dans le sang, le virus de l'IBR change de stratégie : il se cache dans l'animal, au niveau du système nerveux. Le système immunitaire de l'animal est leurré : il pense avoir éliminé l'intrus, et cesse de fabriquer des anticorps. La quantité d'anticorps circulant dans le sang est alors trop faible pour être détectée par analyse. La situation peut durer des semaines, voire des années. L'animal est dit “porteur latent” : se multiplier, les défenses immunitaires de l'animal sont immédiatement opérationnelles. Cependant, pour entretenir la fabrication d'une quantité suffisante d'anticorps dans le sang, il est nécessaire d'effectuer des rappels de vaccination réguliers. Un retard de vaccination présente un risque de circulation du virus, car le taux d'anticorps de l'animal diminue au fil du temps. Comment assainir un troupeau ? Zoom... lait ■ Le dépistage de l'IBR peut se faire sur le lait de tank. Les analyses sont programmées deux fois par an, à 6 mois d'intervalle. Cette méthode n'est utilisable que dans les troupeaux laitiers négatifs. En cas de résultat positif, le cheptel est dépisté sur le sang comme dans les troupeaux allaitants, afin de connaître les bovins positifs et de les vacciner. De nombreux élevages laitiers sont régulièrement négatifs et peuvent prétendre à une appellation officielle de cheptel indemne d'IBR. En effet, la conduite des troupeaux laitiers permet de limiter les risques de contamination par le virus, du fait du recours à l'insémination artificielle plus fréquent, du faible nombre d'animaux introduits et de l'absence de transhumance collective. le virus ne se multiplie pas, il est caché… Ce n'est qu'à l'occasion d'un stress de l'animal : transport, changement de cheptel, mise bas, mélange de troupeaux, intervention vétérinaire, ou d'une injection de corticoïdes, que le virus se réactive. Aucun signe clinique n'est visible sur l'animal. Le virus se multiplie, et contamine les bovins du troupeau pendant les 15 jours à 3 semaines nécessaires à l'animal pour fabriquer des anticorps en quantité suffisante. Attaqué par les défenses immunitaires, le virus retourne “dans sa cachette”, et revient au stade “latent”. Le bovin reste porteur du virus pendant toute sa vie. Une détection du virus difficile La recherche du virus n'est pas possible de façon directe, comme avec la BVD ou la Fièvre Catarrhale. La détection de l'IBR n'est possible qu'avec une prise de sang, et la détection d'anticorps chez un bovin. S'il y a des anticorps spécifiques de l'IBR, cela signifie que l'animal a réagit à une attaque du virus IBR. Les résultats d'analyse “douteux” ou “positifs” correspondent à une quantité d'anticorps détectée, plus ou moins importante. L'animal est porteur du virus IBR. Lorsque le résultat d'analyse est négatif, il y a deux possibilités : soit l'animal n'est pas porteur du virus, soit l'animal est porteur du virus mais au stade “latent”, son système immunitaire ne fabrique plus d'anticorps. Pour le savoir, il faut reprendre les analyses antérieures du bovin : si l'animal a déjà eu un résultat positif ou douteux au cours de sa vie, alors le virus est certainement caché. Le bovin reste donc considéré “positif” malgré un résultat négatif ponctuel. Vacciner les bovins positifs pour protéger les négatifs Contrairement aux pratiques habituelles de vaccination, ce sont les animaux porteurs du virus qui doivent être vaccinés pendant toute leur vie. Le virus ayant la faculté de se cacher, le vaccin force l'animal à produire des anticorps contre l'IBR. Ainsi, lorsque le virus se “réveille”, il n'a pas le temps de L e s S e r v i c e s d u G D S e t d u LV D d e l ' A R I È G E Le GDS assure gratuitement le suivi et la délivrance des appellations IBR auprès des éleveurs engagés dans une démarche de certification. De même l'échange des ASDAs pour faire figurer la mention IBR n'est pas facturé. Pour encourager les éleveurs à qualifier leur troupeau, le Laboratoire Départemental d'Analyses (LDA) propose des tarifs préférentiels pour les cheptels sous appellation "A indemne d'IBR", et le GDS prend en charge certains frais d'analyses IBR pour ces mêmes élevages. Pour les troupeaux laitiers, les frais d'analyses IBR sur le lait de tank sont entièrement prises en charge par le GDS. Cheptels qualifiés A indemne d'IBR : ■ prise en charge des frais d'analyse IBR à l'achat (1 analyse) par le GDS ■ prise en charge d'1 par analyse IBR individuelle en prophylaxie par le GDS ■ prise en charge des frais d'analyse IBR de recontrôle d'un bovin positif ou de la totalité du cheptel (bovins > 12 mois) pour requalification ■ tarifs préférentiels pour la recherche de la BVD et de la Paratuberculose par le LDA Selon le taux d'animaux positifs, la stratégie est différente. Avec seulement quelques animaux positifs (moins de 30 % du cheptel), on peut espérer assainir le cheptel en réformant préférentiellement les animaux positifs, et en premier, le taureau s'il est positif. La vaccination correcte et régulière de ces animaux empêchera la contamination du reste du cheptel. Lorsqu'il y a plus de 30 % de bovins positifs, le même principe peut s'appliquer, à condition qu'il n'y ait pas de circulation virale, c'est à dire qu'il n'y a jamais de nouveaux bovins positifs lors de la prophylaxie. Le dépistage des bovins à partir de 10 – 12 mois permet de savoir si les jeunes animaux ont rencontré le virus, et s'ils deviennent responsables d'une circulation de IBR dans le cheptel. Ils seront alors à vacciner rapidement. Lorsque la circulation virale apparaît chaque année, il est possible de bloquer le virus en vaccinant la totalité des bovins, veaux inclus, pendant 3 à 4 ans de suite. Au-delà, la vaccination reste à entretenir régulièrement sur tous les animaux déjà vaccinés, et pendant toute leur vie. Par contre, les nouvelles générations de la 4ème année, et des années suivantes ne sont pas vaccinées. Leur dépistage IBR permettra de voir si la circulation IBR a bien été stoppée. L'assainissement du cheptel se fera progressivement avec l'arrivée des nouvelles générations. Attention aux achats ! L'IBR s'achète et le dépistage est difficile du fait de la latence possible du virus. En effet, l'application du vice rédhibitoire impose un dépistage à l'achat dans un délai de 15 précédents la vente, ou 10 jours suivant sa livraison de l'animal. Un résultat positif à l'achat permet de se prémunir immédiatement d'une contamination possible du cheptel, en annulant la vente immédiatement. Cependant, la prise de sang d'achat effectuée dans les 10 jours ne permettra pas de détecter un bovin porteur du virus au stade latent. En effet, le virus va se réactiver lors du stress provoqué par le transport et le changement d'élevage. L'animal va mettre 15 à 20 jours pour fabriquer des anticorps en quantité suffisante pour être détecté par les tests de laboratoire. Le délai est donc supérieur aux 10 jours permettant l'application du vice rédhibitoire. C'est pourquoi il est recommandé, et imposé dans les cheptels ayant une qualification IBR, de refaire une prise de sang dans un délai de 30 à 60 jours suivant la livraison de l'animal. Ainsi, les bovins ayant réactivé le virus IBR seront positifs au second contrôle. Dans ce cas, le vice-rédhibitoire ne peut pas s'appliquer, à moins d'avoir signé un billet de garantie conventionnelle avec le vendeur stipulant un délai supplémentaire, et une mise en quarantaine stricte de l'animal. En effet, le délai nécessaire pour réaliser le second prélèvement ne permet pas de différencier une réactivation du virus latent d'une contamine récente dans le cheptel acheteur si celuici détient des animaux positifs. Il faut également rester prudent quant à l'utilisation de la dérogation à la prise de sang IBR lors de l'achat d'un bovin sous appellation “indemne d'IBR”. En effet, la qualification de cheptel est attribuée au moment de la prophylaxie, or, une contamination extérieure peut survenir en cours d'année. L'infection ne sera dépistée qu'à la prophylaxie suivante. Il est donc préférable de rechercher l'IBR lors de tout achat de bovin, même issu d'un cheptel sous appellation “A indemne d'IBR.” ■ e Z o o m .. . v ia n d ■ Les bovins allaitants sont dépistés par prise de sang, à l'occasion d'un achat, ou de la prophylaxie. Les veaux issus de mères positives sont également positifs après avoir tété le colostrum, riche en anticorps. Ces derniers persistent jusqu'à 8 – 10 mois. Il n'est donc pas possible d'attester le statut IBR d'un veau tant qu'il n'a pas eu un résultat d'analyse IBR négatif. Les rassemblements d'animaux temporaires (concours, foires locales) ou sur plusieurs mois (estive, pension) constituent un risque de contamination entre les troupeaux. Une analyse de retour de concours ou d'estive, effectuée entre 15 et 30 jours suivant le retour des animaux, est nécessaire pour vérifier l'absence de contamination des animaux. Cette analyse reste facultative, sauf pour les élevages inscrits dans la recherche d'une certification de leur cheptel. Dans le cas d'un retour de pension, cette analyse reste obligatoire réglementairement, dans le cadre du contrôle à l'introduction. TERRES D’ARIÈGE - 16 AVRIL 2012 numéro spécial sanitaire 7 GDS 09 - LVD 09 riège, tant le sujet est vif et douloureux. Depuis l'Arrêté Ministériel du 27 novembre 2006, le dépistage de l'IBR en prophylaxie et lors d'introduction de bovins est obligatoire dans tous les élevages, sauf chez les bovins déjà vaccinés, et dans les troupeaux d'engraissement dérogataires (“cartes jaunes”) entretenus en bâtiments. Les bovins non négatifs doivent être vaccinés dans un délai de deux mois suivant la notification du résultat à l'éleveur. L'application de ce texte est déléguée par l'Etat aux Groupements de Défense Sanitaire de chaque département. Les Directions Départementales de la Cohésion Sociale et de la Protection des Populations (DDCSPP ou “Services Vétérinaires”) effectuent un contrôle des GDS et gèrent les défauts de dépistage ou de vaccination. Cahier des charges national et appellations IBR A la demande des professionnels, l'Association pour la CERtification de la Santé Animale en Elevage (ACERSA) a été créée en 1996, afin d'harmoniser les pratiques départementales de certification IBR. Un cahier des charges national a été rédigé et sa mise en application sur le terrain a été déléguée aux Schémas Territoriaux de Certification, regroupant, dans chaque département, le GDS, le laboratoire d'analyses et le représentant des vétérinaires. Deux appellations sont été proposées : A = cheptel indemne d'IBR et B = cheptel contrôlé IBR. L'appellation A s'obtient après deux années consécutives de résultats négatifs en prophylaxie, et à condition de n'avoir introduit dans le troupeau que des animaux négatifs IBR, eux-mêmes qualifiés A ou ayant subit un double contrôle IBR à l'achat (2 analyses à 1 mois d'intervalle après la livraison de l'animal). Un cheptel indemne d'IBR ne doit détenir aucun animal positif ou vacciné. La mention “cheptel indemne d'IBR” est inscrite sur les Attestations Sanitaires à Délivrance Anticipée (ASDA ou “cartes vertes”) de tout le cheptel. © J.P. ALZIEU Réglementation IBR Carte 2 : % cheptels positifs par département. L'appellation B s'obtient après deux années de contrôles IBR négatifs sur les bovins âgés de moins de 48 mois. La tranche d'âge de 12 mois à 24 mois doit avoir été contrôlée négative également. Les bovins de plus de 48 mois peuvent être positifs mais doivent être régulièrement vaccinés. Contrairement au reste du cheptel, ces animaux n'ont pas l'appellation “cheptel contrôlé IBR” sur les cartes vertes. L'obtention d'une appellation IBR est volontaire, et nécessite l'engagement de l'éleveur au respect du cahier des charges. Carte 1 : évolution du taux d’anticorps et des résultats IBR au cours du temps. © J.P. ALZIEU L’ IBR en Ariège et ailleurs... En 2011, la moitié des cheptels ariégeois détiennent un ou plusieurs bovins positifs. L'IBR concerne plus de 10 300 bovins, soit 19 % des bovins analysés. Au niveau régional, l'Ariège apparaît comme le département le plus touché par l'IBR, aussi bien en nombre d'élevages positifs qu'en nombre de bovins positifs (voir carte 1). En France, le grand ouest ou bassin laitier, est quasiment assainit en IBR (voir carte 2). Les zones allaitantes comme la Bour- gogne restent touchées jusqu'à 50 % de cheptels positifs, seuls 3 départements, dont l'Ariège, dépassent ce seuil. La pratique de la transhumance avec mélange des troupeaux, et les habitudes locales (montée des taureaux en estive) en Ariège, dans l'Aude et les Pyrénées Orientales, constituent un frein à l'assainissement, contrairement aux autres départements transhumants, à l'ouest de la chaîne pyrénéenne, qui ont moins de 10 % de cheptels positifs. La situation de l'IBR en Ariège est une préoccupation permanente qui coûte cher aux éleveurs. Au niveau national, les professionnels demandent une plus grande fermeté sur l'IBR, notamment en proposant l'interdiction de la vente des bovins positifs vers l'élevage. Cela pourrait avoir de lourdes conséquences dans les départements fortement touchés comme le nôtre. Ainsi, l'assainissement en IBR des troupeaux doit devenir une priorité pour chaque éleveur. ■ Analyses IBR : guide de lecture Positif, Négatif Douteux... © J.P. ALZIEU Les analyses sont basées sur le dépistage des anticorps circulant dans le sang, ou dans le lait. De façon simplifiée, le taux d'anticorps IBR dans un tube de sang est mesuré par densité optique, après avoir versé un réactif IBR dans le tube. Pour schématiser, sur une échelle de 0 à 100, lorsque la densité optique est inférieure à 49, le résultat est négatif. Entre 52 et 100, le résultat est positif, et si la densité optique est située entre 49 et 51, le laboratoire rend un résultat “douteux”. C'est l'Arrêté Ministériel du 27 novembre 2006, article 10, qui fixe les règles d'interprétation des résultats d'analyses IBR : “ Tout boviné ayant présenté un résultat d'analyse individuelle non négatif (…) doit être soumis par son propriétaire ou son détenteur, dans les deux mois suivant la notification du résultat d'analyse, à une primo-vaccination contre Evolution du taux d’anticorps et des résultats IBR au cours du temps. l'IBR (…).” Les résultats “positif” et “douteux” entraînent donc automatiquement la vaccination de l'animal concerné. Lorsque le résultat d'un bovin est positif ou douteux, il n'y a pas de contre-expertise possible avec un autre test IBR ou un autre laboratoire d'analyse. Seuls les élevages inscrits au cahier des charges national IBR, et certifiés indemnes d'IBR, ou contrôlés IBR, peuvent bénéficier d'une seconde analyse à condition qu'un seul bovin (ou moins de 1 % de l'effectif testé) apparaisse positif ou douteux. Si cette condition n'est pas respectée, le cheptel perd immédiatement sa qualification et ne peut bénéficier d'aucune contre-expertise. Interprétation des résultats En l'absence de contact avec le virus, un bovin sera naturellement négatif au test IBR, car aucun anticorps spécifique de l'IBR ne circule dans le sang ou le lait. Dès qu'il entre en contact avec le virus, la fabrication d'anticorps commence, mais ne peut être détectée par les tests de laboratoire qu'à partir d'un certain seuil (voir Graphique). Ainsi, dans les 15 premiers jours de l'infection, l'animal sera déclaré négatif à tort. Au-delà du seuil de détectabilité, un animal prélevé en pleine production d'anticorps sera détecté positif par le laboratoire (résultat 1). Peu à peu, le taux d'anticorps diminue, et une seconde prise de sang sur ce même animal pourra donner un résultat douteux (résultat 2) voire même négatif (résultat 3). Ce résultat négatif ne sera pas pris en compte. L'animal reste considéré positif, du fait des résultats précédents. Il est devenu porteur latent du virus, et peut réactiver le virus à l'occasion d'un stress, et apparaître à nouveau positif lors d'analyses ultérieures (résultat 4). Dès qu'un animal est positif ou douteux, il est enregistré et n'apparaît plus dans les demandes d'analyse IBR lors des prophylaxies suivantes. Le fichier de marquage des bovins positifs est national. ■