Conf. OIE 1998, 275-287 LES MÉTHODES DE LUTTE CONTRE LA PESTE PORCINE CLASSIQUE, Y COMPRIS LE RECOURS À DES VACCINS DE NOUVELLE GÉNÉRATION V. Moennig Institut de virologie, École de médecine vétérinaire de Hanovre, Buenteweg 17, D-30559 Hanovre, Allemagne Original : anglais Résumé : La peste porcine classique (PPC) est une maladie infectieuse virale dont l’impact économique a sévèrement affecté l’industrie porcine de plusieurs pays européens. Alors que les États membres de l’Union européenne (UE), et certains autres pays de l’Ouest de l’Europe, sont pour la plupart indemnes de cette maladie chez le porc, la situation de la PPC dans de nombreux pays d’Europe de l’Est et du Centre reste incertaine. Le nombre de foyers affectant la population porcine dans l’Union européenne a diminué au cours des années 1990, mais les changements intervenus dans la structure de l’industrie porcine et dans les politiques de prophylaxie ont entraîné une forte augmentation des pertes financières. La concentration des porcs et des exploitations dans certaines régions d’Europe, ainsi que le commerce de longue distance ont augmenté les risques de propagation de la maladie, et le nombre de porcs affectés par les mesures de lutte. La plupart des foyers primaires de PPC ont pour origine une alimentation (illégale) par les déchets domestiques. Dans certaines parties d’Europe, la PPC a pris une forme endémique dans la population de sangliers. Cette situation représente un risque permanent pour le porc. Les informations sur la situation épidémiologique de la PPC chez le sanglier demeurent insuffisantes dans de nombreux pays. Le diagnostic biologique s’est considérablement amélioré au cours de la dernière décennie. La majorité des pays européens sont équipés du matériel nécessaire au diagnostic de la PPC, et participent à une comparaison internationale des tests entre les différents laboratoires afin de parvenir à leur standardisation. Le typage moléculaire des isolats de virus de la PPC est devenu un outil précieux pour l’épidémiologie. Les capacités de diagnostic au cours des situations d’urgences doivent être examinées dans le cadre de plans d’urgence nationaux. La prévalence des animaux infectés ayant diminué, l’UE poursuit une politique de non vaccination pour lutter contre la PPC. Cette position facilite le marché intérieur, et satisfait aux exigences du marché international. Plusieurs autres pays européens ont adopté cette politique. Bien que cette stratégie de lutte soit largement adoptée aujourd’hui, l’étude scientifique des récentes épidémies de PPC en Europe montre la nécessité de certains amendements à la législation. Actuellement, deux vaccins sous-unitaires à marqueur sérologique ont fait l’objet d’une demande d’autorisation de mise sur le marché. Ces vaccins pourraient constituer à l’avenir une option applicable, dans des conditions bien définies, en situation d’urgence. Le succès des programmes de lutte dépend essentiellement de la formation et d’une prise de conscience de toutes les parties impliquées, c’est-à-dire les éleveurs, les praticiens et les Services Vétérinaires. 1. INTRODUCTION La peste porcine classique (PPC) est l’une des maladies infectieuses virales du porc et du sanglier les plus importantes sur le plan économique. Elle fait partie des maladies de la liste A de l’OIE. Après la mise en place de mesures de lutte efficaces, plusieurs pays, dont l’Australie, le Canada, les États-Unis d’Amérique, la Nouvelle-Zélande et certains des États membres de l’Union européenne (UE) sont parvenus à éradiquer le virus. Dans la plupart des autres parties du globe, le virus de la PPC est encore responsable de dommages économiques considérables. Les symptômes de l’affection peuvent varier fortement en fonction de l’âge de l’animal et de la virulence du virus. Les jeunes animaux présentent souvent la forme classique aiguë de la maladie, se traduisant par une fièvre élevée, des hémorragies et une - 275 - Conf. OIE 1998 forte mortalité. Ce tableau classique caractéristique peut également être masqué chez les jeunes animaux par une forme chronique, qui évolue à terme vers la mort. Les animaux plus âgés ne présentent souvent que des symptômes cliniques bénins. Comme tous les pestivirus, l’agent de la PPC peut franchir la barrière placentaire chez les femelles gestantes, infecter les foetus, et conduire ainsi à la naissance de porcelets constamment virémiques. Ceux-ci développent plus tard une PPC qui entraîne leur mort. La grande variété de signes cliniques possibles empêche très souvent le diagnostic rapide des foyers primaires (photo 1, page 291). Afin de rassembler les informations concernant l’incidence, le diagnostic et l’éradication de la PPC au sein des pays membres de l’OIE, un questionnaire a été préparé et envoyé à chacun d’entre eux. Sur 50 pays, 33 ont fourni les informations désirées à l’OIE et 17 n’ont pas répondu. Les pays suivants ont fourni les informations demandées : Andorre, Arménie, Autriche, Bélarus, Croatie, Chypre, Danemark, Espagne, Estonie, Finlande, France, Allemagne, Grèce, Islande, Irlande, Italie, Lettonie, Lituanie, Luxembourg, Malte, Moldavie, Norvège, Ouzbékistan, Pays-Bas, Portugal, République tchèque, Roumanie, RoyaumeUni, Slovaquie, Slovénie, Suède, Suisse et Ukraine. 2. ÉTIOLOGIE L’agent causal de la PPC est un petit virus à acide ribonucléique (ARN) enveloppé (40 à 60 nm), dont le génome est constitué d’un brin d’ARN unique à polarité positive. Le virus de la PPC appartient au genre Pestivirus de la famille des Flaviviridés (29). Il est apparenté au virus de la diarrhée virale bovine (maladie des muqueuses) chez les bovins, et au virus de la pestivirose ovine (border disease). La séquence du génome constituée d’environ 12000 bases est connue, et des acides désoxyribonucléiques complémentaires infectieux (cDNA) ont été produits dans plusieurs laboratoires (16, 19, 20). L’ARN viral code 4 protéines structurales et 7 protéines non structurales (17, 18). Le virus est relativement stable dans les excréta humides et les produits carnés frais, dont, par exemple, le jambon et les saucisses de type salami (22). Cependant, il est facilement inactivé par les détergents, les solvants des lipides, les protéases et les désinfectants communs. 3. SIGNES CLINIQUES La période d’incubation atteint 7 à 10 jours. Les signes cliniques de la PPC sont extrêmement variables (18, 26). Les porcs infectés présentent un état fébrile et une leucopénie. Des pétéchies cutanées et muqueuses constituent le signe le plus caractéristique, bien qu’elles ne soient pas constamment observées (photos 2 et 3, pages 291 et 293). Des troubles du système nerveux central et une constipation suivie de diarrhée peuvent également être typiques de la maladie. La sévérité des signes cliniques dépend en grande partie de l’âge de l’animal et de la virulence du virus. Généralement, les jeunes animaux sont affectés plus sévèrement que les plus âgés. Chez les porcs reproducteurs plus âgés, l’évolution de l’infection est souvent bénigne, ou même subclinique. Il existe une formes aiguë et une forme chronique de la PPC. Toutes les évolutions de l’infection ont en commun le fait que les animaux présentent une virémie au moins aussi longtemps qu’ils présentent des signes cliniques. La mort survient 2 à 3 semaines après l’infection (évolution aiguë), ou après une période allant jusqu’à 3 mois (évolution chronique). L’infection transplacentaire des foetus dépend en grande partie du stade de la gestation (26), et peut provoquer des avortements, la naissance de porcelets mort-nés, des momifications, des malformations ou une faiblesse ou une virémie persistante chez les porcelets (15) (photo 4, page 293). Ceux-ci peuvent apparaître cliniquement normaux à la naissance, bien qu’infectés de manière persistante, mais ils finiront invariablement par mourir de PPC. Des survies de 11 mois après la naissance ont été observées. Cette forme d’évolution de l’infection est connue sous le terme PPC d’apparition tardive (25). - 276 - Conf. OIE 1998 4. HISTOPATHOLOGIE ET PATHOGÉNIE Dans les conditions naturelles, la pénétration du virus PPC s’effectue le plus fréquemment par voie oro-nasale. Les principales cellules cibles du virus sont les cellules endothéliales et lymphoréticulaires, les macrophages, et certains types de cellules épithéliales. Les observations anatomo-pathologiques sont le reflet des signes cliniques (18, 25). En période prénatale, dans les phases précoces de l’ontogenèse, le virus altère la différenciation des organes, et conduit à des malformations. Au cours des infections postnatales, les lésions sont généralement causées par une thrombose généralisée et/ou des lésions endothéliales provoquant un syndrome hémorragique et la formation de pétéchies. Des broncho-pneumonies sont aussi régulièrement observées. Dans une forte proportion de cas mortels, l’étude l’histopathologique du cerveau met en évidence une encéphalite non suppurée accompagnée d’une vascularite sévère. Une thrombocytopénie grave est caractéristique de la maladie. Le stade terminal de l’infection aiguë s’accompagne d’une déplétion très nette des lymphocytes B présents dans le système circulatoire et dans les tissus lymphoïdes (24). 5. IMMUNOLOGIE Comme tous les pestivirus, le virus de la PPC exerce une activité immuno-suppressive au cours des affections aiguës. Les porcs qui guérissent de la PPC sont protégés contre l’infection pendant plusieurs années, parfois même pendant toute leur vie. Les anticorps neutralisants sont décelables au plus tôt deux semaines après l’infection. Chez les porcs atteints de PPC chronique, les anticorps neutralisants sont décelables pendant quelques jours à la fin du premier mois suivant l’infection, puis disparaissent. Les porcs infectés in utero présentant une virémie persistante ne produisent que rarement des anticorps spécifiques. La demi-vie des anticorps maternels atteint approximativement 14 jours. Une immunité passive empêche généralement la mortalité des porcelets au cours de leurs cinq premières semaines de vie, mais n’entrave pas la réplication et l’élimination virale. Peu d’informations sont disponibles sur l’immunité à médiation cellulaire contre la PPC. 6. DIAGNOSTIC DE LA PESTE PORCINE CLASSIQUE ET ÉQUIPEMENT DES LABORATOIRES Le diagnostic clinique revêt une importance primordiale dans la détection de la PPC. Cependant, il peut s’avérer difficile, et de nombreux foyers primaires ne sont pas reconnus dès le début comme de la PPC, car les signes cliniques sont souvent variables et non spécifiques. Cela est particulièrement vrai pour les animaux âgés des élevages de reproducteurs. En règle générale, la PPC doit être envisagée chaque fois qu’une forte élévation de la température corporelle qui ne cède pas au traitement est observée. Cela s’applique en premier lieu aux régions dans lesquelles la PPC est apparue au cours des 12 derniers mois chez le porc ou le sanglier. Les vétérinaires, les éleveurs et les chasseurs doivent être particulièrement conscients de ce risque. Un diagnostic biologique moderne et efficace est un outil de lutte essentiel contre la PPC. La surveillance de l’état sanitaire de la population porcine en l’absence de foyers, et une détection précoce de la PPC dépendent de méthodes diagnostiques fiables, et de structures de laboratoire adéquates. Afin de dépister les troupeaux infectés par la PPC à un stade précoce, il est important d’identifier correctement les animaux devant être soumis à une investigation biologique. Il s’agit d'animaux cliniquement malades, qui doivent faire l’objet d’une recherche de virus. Le prélèvement d’échantillons au hasard ne convient pas au diagnostic de la PPC. Il peut cependant être utilisé pour des études épidémiologiques, telles que surveillance de la maladie et enquêtes sérologiques. 6.1. Virologie La « règle d’or » du diagnostic de la PPC est l’isolement du virus. Le virus de la PPC peut être isolé à partir de cellules de couche leucocytaire ou de broyats d’organes d’animaux en phase virémique. Les organes à prélever sont la rate, les amygdales, les noeuds lymphatiques, les glandes parotides et les reins (1, 3). Les prélèvements sont inoculés à des cultures cellulaires sensibles d’origine porcine. Dans la mesure où le virus de la PPC n’induit pas d’effet cytopathogène, il est nécessaire de disposer d’anticorps spécifiques de la PPC pour détecter le virus en culture cellulaire. La différenciation du virus de la PPC par rapport aux pestivirus des - 277 - Conf. OIE 1998 ruminants peut être effectuée en utilisant des anticorps monoclonaux (1, 3, 6). Le protocole d’isolement du virus nécessite au moins trois jours de manipulations intensives. Une épreuve diagnostic rapide de la PPC repose sur la mise en évidence de l’antigène viral dans des sections de tissus d’organes, en utilisant des anticorps conjugués, en immunofluorescence directe (réaction d’immunofluorescence). Afin de dépister un grand nombre d’animaux dans des troupeaux suspectés d’avoir été récemment infectés par la PPC, par l’immunocapture de l’antigène viral par le test ELISA (AgC-ELISA) peut être utilisé sur des prélèvements de sang. Cependant ce type de test est moins sensible que l’isolement du virus. La détection de l’ARN viral est une nouvelle possibilité du diagnostic biologique. La région 5’ non traduite du génome, en particulier, a été utilisée pour une amplification en chaîne par polymérase avec transcription inverse (RT-PCR). Le séquençage des nucléotides de cette région qui a ensuite été effectué permet la distinction entre les différents isolats de virus de la PPC (9, 14). Le laboratoire de référence de l’OIE pour la PPC à Hanovre, Allemagne, dispose d'une importante base de données sur les isolats de virus de PPC, qui contient, notamment, des données épidémiologiques et des informations concernant les différents types du virus. « L’épidémiologie moléculaire » fondée sur la technique précédente est désormais un outil très pratique, et pourra contribuer de manière importante aux études épidémiologiques (traçage ascendant et descendant). Il est souhaitable de typer des isolats du virus de la PPC dans chaque foyer primaire reconnu chez les porcs domestiques, ainsi que des isolats obtenus à partir du sanglier. Les Pays Membres de l’OIE sont encouragés à envoyer les matériels respectifs au laboratoire de référence de l’OIE mentionné ci-dessus. 6.2. Sérologie Le diagnostic sérologique de la PPC est important pour détecter certains groupes atteints de PPC « cachée », comme les troupeaux de reproducteurs présentant une infection subclinique ou les animaux convalescents. De plus, il s’avère particulièrement utile pour les enquêtes épidémiologiques chez le sanglier. La réaction de neutralisation du virus est la méthode la plus sûre et la plus fiable pour la détection des anticorps de la PPC. Les sérums porcins prélevés sont incubés avec un virus de la PPC de référence. Si le sérum contient des anticorps de la PPC, le virus de référence sera neutralisé. Cependant des anticorps spécifiques des infections à pestivirus de ruminants affectant le porc sont parfois responsables de neutralisations croisées avec ce test. Il est alors nécessaire d’effectuer un diagnostic différentiel des pestivirus des ruminants en utilisant une seconde réaction de neutralisation avec ces agents viraux. La réaction de neutralisation nécessite deux à trois jours de manipulations intensives. De nombreux prélèvements de sérums sont par conséquent traités par la méthode ELISA. Les résultats positifs ou douteux sont testés à nouveau par la réaction de neutralisation, qui s’avère généralement plus sensible et plus spécifique. 6.3. Équipement des laboratoires La plupart des pays Européens sont équipés pour effectuer le diagnostic de la PPC, à l’exception d’Andorre, de l’Arménie, de l’Islande, de Malte, de l'Ouzbékistan et de l’Ukraine qui utilisent les laboratoires d’autres pays. Les laboratoires de certains pays ne sont équipés que pour les titrages par méthode ELISA. Presque tous les pays européens, pourvus des équipements de laboratoire pour la PPC, participent chaque année à des tests de comparaisons internationaux entre les laboratoires, afin de standardiser et d’améliorer la méthode de diagnostic. Ces tests sont organisés par les laboratoires de référence, et les résultats sont discutés au cours de conférences internationales. Le nombre d’échantillons testés dans chaque pays dépend en grande partie de son statut vis-à-vis de la PPC, et du programme de surveillance de la PPC au sein de la population porcine. Les pays dans lesquels se déclarent des foyers de PPC testent généralement un grand nombre d’échantillons. Les programmes de surveillance varient de manière significative entre les différents pays européens. De même, les recherches sur la PPC dans les populations de sangliers diffèrent selon les pays, et l’information disponible demeure insuffisante. Les capacités diagnostiques jouent un rôle essentiel dans le contrôle de la PPC en cas d’épidémies. L’expérience montre que ces capacités restent souvent insuffisantes pour traiter un nombre important de prélèvements. Une évaluation réaliste des situations d’urgences et la mise à disposition de capacités diagnostiques doivent faire partie intégrante des plans d’urgence nationaux. 7. VACCINS - 278 - Conf. OIE 1998 La prophylaxie médicale a constitué un instrument important du contrôle de la PPC. Dès le début du siècle, des efforts ont été entrepris pour développer des vaccins contre la PPC en utilisant la séro-vaccination, c’est à dire l’administration conjointe de virus sauvage vivant et de sérum hyperimmun. Cette méthode s’est révélée efficace, mais peu sûre. La seconde génération de vaccins contre la PPC a été produite à partir de virus répliqués chez les porcs, puis inactivés, au violet de gentiane ou au formol. Ces vaccins étaient sûrs, mais induisaient une réponse immunitaire tardive et faible, qui ne durait que quelques mois. Les animaux vaccinés présentaient généralement une bonne résistance clinique à une épreuve virulente, mais ils n’étaient pas efficacement protégés contre l’infection. La présence de virus virulents dans les foetus, après inoculation d’épreuve de truies gestantes vaccinées, en a apporté la preuve (11, 13). Dans les années 1940, les premières expériences ont été menées pour atténuer le virus de la PPC en l’adaptant au lapin (5, 12). Les premiers échecs ont laissé place au développement d’une génération sûre et très efficace de vaccin à virus vivant. La plupart de ces vaccins utilisent la souche Chinoise (souche C) de virus lapinisé de la PPC. Les vaccins utilisant la souche C ont été, et sont encore, utilisés dans le monde entier pour lutter contre la PPC. La souche C est actuellement utilisée en Allemagne dans une étude de prophylaxie de la PPC sur le terrain par immunisation orale des sangliers. Ces vaccins ont fait la preuve de leur efficacité, car les porcs vaccinés sont protégés contre les infections avec un virus de la PPC virulent, seulement cinq jours après la vaccination. Les animaux sont immunisés pour toute leur vie économique. Cependant, sous l’angle de la politique commerciale globale actuelle, l’utilisation de vaccins vivants atténués contre la PPC présente un désavantage considérable : les animaux vaccinés ne peuvent être distingués de ceux infectés par le virus sauvage. Le profil d’anticorps induit par le virus vaccinal ressemble à celui des animaux convalescents ; les infections par le virus sauvage peuvent, par conséquent, être masquées par la vaccination. C’est pourquoi les États de l’UE poursuivent une politique de non vaccination. À la suite d’une série récente d’épidémies de PPC dans plusieurs États membres, notamment l’Allemagne, la Belgique, l’Espagne et les Pays-Bas, la politique de non vaccination est apparue coûteuse, et difficile à mettre en œuvre dans les régions à forte densité de porcs. Une vaccination d’urgence avec les vaccins conventionnels conduirait à la prolongation des restrictions commerciales, qui deviendraient alors prohibitives. Le recours à des vaccins à marqueur serologique de la PPC, dont la première génération a été développé au cours des dernières années, pourrait résoudre ce dilemme. Les dernières études sur ces vaccins sont en cours, destinées à déterminer leur valeur sur le terrain. La réponse immunitaire doit pouvoir être distinguée de celle provoquée par une infection par le virus sauvage, et le test diagnostic correspondant doit détecter tous les animaux infectés. L’immunité doit être induite rapidement (par exemple deux semaines), et doit être durable (par exemple six mois). Les porcs vaccinés doivent être protégés contre une infection naturelle, et ne doivent pas montrer de signes cliniques, ni excréter de virus sauvage. Les truies doivent être protégées contre l’infection transplacentaire des foetus. Le vaccin doit être sûr et efficace chez les jeunes porcelets, et une seule administration doit être suffisante. Les vaccins sous-unitaires sont constitués de protéines virales de surface uniques, qui sont suffisantes pour induire une protection immunitaire. Les deux vaccins actuels, qui contiennent la glycoprotéine virale E2, sont produits par génie génétique. Le gène correspondant est exprimé en baculovirus développé dans des cellules d’insectes (27). Ces cellules étant capables d’effectuer une glycolysation des protéines, la glycoprotéine virale qui en résulte est exprimée d’une manière “naturelle”. Les vaccins sous-unitaires contre la PPC sont sans danger et, jusqu’à présent, leur activité protectrice apparaît prometteuse, bien qu’inférieure à celle des vaccins vivants. Les animaux vaccinés peuvent être différenciés des porcs infectés à l’aide d’un test ELISA utilisant une protéine virale différente comme antigène diagnostic, par exemple, la glycoprotéine de surface Erns, ou la protéine non structurelle NS2-3. Cependant, tous les critères ne sont pas encore entièrement définis, et les qualités techniques des vaccins sous-unitaires à marqueur sérologique contre la PPC n’ont pas été confirmées. Les données devraient être disponibles au cours de l’année 1999. Les vaccins à marqueur sérologique contre la PPC devraient être améliorés avec les futures générations de vaccins, par exemple, les vaccins à vecteur viral (10, 21, 28), les vaccins à ADN et les clones d’ADN complémentaires infectieux de virus de la PPC modifiés sur le plan moléculaire (17, 19, 20). - 279 - Conf. OIE 1998 8. ÉPIDÉMIOLOGIE 8.1. Population porcine et incidence de la PPC La PPC est apparue dans presque tous les pays et continents où sont élevés des porcs, à l’exception de l’Australie et de l’Amérique du Nord (PPC éradiquée), et certains pays de l’Ouest de l’Europe (par exemple l’Angleterre, le Danemark, la Finlande, la Grèce, l’Irlande, la Norvège et la Suède) qui sont indemnes de PPC depuis plusieurs décennies. La structure et la densité des populations de porcs ont une influence considérable sur l’épidémiologie et la lutte contre la PPC. Au cours des dernières années, de fortes concentrations de porcs (densité des animaux et des exploitations) se sont développées dans plusieurs régions européennes. La probabilité de propagation de la maladie dans ces zones est beaucoup plus forte que dans les régions de moindre densité. Le commerce des animaux sur de longues distances s’est intensifié, et aggrave le problème. Il est par conséquent très important d’obtenir rapidement des informations fiables et complètes sur les mouvements commerciaux et les exploitations en contact. Il existe une grande variété de structures au sein de l’industrie porcine en Europe en fonction des régions et des pays (Tableau 1). Dans certains pays, les porcs sont élevés de préférence dans de petites exploitations (plus de 50% des exploitations comptent moins de 20 porcs en Allemagne, en Andorre, en Espagne, en Estonie, en Lettonie, en Lituanie, au Portugal, en Roumanie, en Slovénie, en Suède et en Ukraine). Dans les autres pays, les porcs sont élevés de préférence dans des exploitations de taille plus importante (plus de 50% des exploitations comptent plus de 500 porcs dans les pays suivants : Arménie, Chypre, Finlande, France, Grèce, République tchèque et Slovaquie). Un fort pourcentage des exploitations de porcs des pays restants compte 20 à 500 porcs (Bélarus, Croatie, Danemark, Islande, Luxembourg, Malte, Norvège, Pays-Bas, Royaume-Uni, Suisse et Ouzbékistan). Le sanglier et le porc ont une sensibilité égale à l’infection par le virus de la PPC (7). L’apparition, la densité et le comportement des populations de sangliers jouent un rôle important dans l’épidémiologie de la PPC. Il semble que les populations de sangliers soient en augmentation à travers toute l’Europe. Les estimations actuelles des populations de sangliers dans les pays européens figurent au Tableau 2. S'il n’est pas dérangé, le sanglier évolue dans un territoire limité, et a tendance à être sédentaire, à l’exception des jeunes sujets plus enclins à se déplacer. Dans les pays indemnes de PPC des porcs domestiques, les épidémies touchant le sanglier ont généralement pour origine une alimentation par des eaux grasses. En fonction de la virulence virale, de la densité et de la taille de la population, les épidémies de PPC chez le sanglier ne se limitent pas toujours à celui-ci. Le sanglier peut représenter un réservoir de virus permanent, représentant une menace constante pour le porc. 8.1.1. États membres de l’Union européenne et autres pays de l’Europe occidentale Actuellement, les États membres de l’UE sont pratiquement indemnes de PPC porcine domestique. Cependant, de nouveaux foyers sporadiques ou généralisés ont été observés chez ces animaux au cours des dernières années (1990-1998). Les foyers survenant dans des zones de forte densité de porcs ont souvent conduit à des épidémies importantes ayant entraîné des pertes économiques considérables. Au cours des quatre dernières années, des foyers de PPC chez les porcs domestiques ont été signalés en Autriche, en Belgique, en Allemagne, en Italie, en Espagne, aux Pays-Bas et en Suisse (Tableau 1). L’épidémie la plus récente, et probablement celle ayant entraîné les coûts les plus importants, a démarré à la fin de l'année 1996 dans un troupeau de porcs d’Allemagne occidentale suite à une alimentation illégale par eaux grasses. Le virus s’est propagé par la suite à plusieurs fermes porcines de la région (1997), et probablement à partir de l’Allemagne vers les Pays-Bas, pour gagner ensuite la Belgique l’Espagne, et l’Italie. Plus de 550 foyers confirmés peuvent être attribués à cette épidémie, qui semble s’être achevée récemment. La PPC a été observée chez le sanglier en Allemagne, en Autriche, en France, en Italie et en Suisse (Tableau 2). L’infection a été endémique pendant plusieurs années dans certaines zones. En Allemagne, de nombreux foyers primaires ont été liés à l'apparition de la PPC dans les populations locales de sangliers. Tous les pays de l’Ouest de l’Europe, dans lesquels la PPC s’est déclarée au cours des dernières années, ont mis en place un programme de surveillance de la PPC chez le sanglier, à l’exception de l’Espagne. Trois des sept autres pays comptant des populations de sangliers (Finlande, Luxembourg, Portugal) surveillent l’évolution de la PPC chez le sanglier (Tableau 2). Dans les autres pays (Danemark, Grèce, Royaume-Uni et Suède), la taille et la localisation géographique des populations rendent - 280 - Conf. OIE 1998 improbable l’apparition d’une infection par la PPC chez le sanglier. Grâce au fait que la majorité des pays de l’Ouest de l’Europe fournit toutes les informations nécessaires, la situation épidémiologique relative aux sangliers apparaît clairement dans cette partie de l’Europe. 8.1.2. Pays de l’Europe centrale et de l’Europe de l’Est La situation de la PPC chez le porc et le sanglier est beaucoup plus incertaine dans ces pays, que dans ceux d'Europe de l’Ouest. Dans la plupart des pays de l’Europe centrale et de l’Europe de l’Est pour lesquels des données sont disponibles, la PPC a été observée chez le porc domestique au cours de la dernière décennie. Chypre et l'Ouzbékistan sont indemnes de PPC. Au cours des quatre dernières années, la PPC a été signalée en Bélarus, en Croatie, en Lettonie, en Moldavie, en République tchèque, en Slovaquie, en Slovénie et en Ukraine (Tableau 1). Tableau 1: Populations de porcs domestiques dans les pays européens Pays Population porcine Élevages de porcs totale % d’élevages < 20 porcs % d’élevages > 500 porcs Cas de PPC * 24 700 000 192 239 57 14 oui Andorre Arménie 103 54 297 25 3 100 0 0 100 non non Autriche 3 680 000 100 455 n.d. ** n.d. oui Bélarus 3 680 000 1 375 0 34 oui Allemagne Chypre 400 000 158 0 98 non Croatie 1 200 000 n.d. 30 10 oui Danemark 11 300 000 24 738 25 32 non Espagne 18 000 000 301 000 86 4 oui Estonie 300 000 5 462 92 2 non Finlande 1 400 000 6 500 5 60 non France 14 000 000 28 000 3 62 non Grèce 1 500 000 52 000 <5 >80 non Irlande 1 700 000 3 000 n.d. n.d. non Islande 3 537 70 10 50 non 8 000 000 44 085 n.d. n.d. oui Lettonie 429 400 86 269 100 0 oui Lituanie 1 120 000 426 60 25 non 77 149 389 6 9 non Italie Luxembourg Malte 80 000 120 0 20 non Norvège 647 000 5 800 50 5 non Moldavie 776 264 498 n.d. n.d. oui Ouzbékistan 70 000 112 0 18 non Portugal 2 230 000 10 150 70 30 non Pays-Bas 15 000 000 21 000 8 32 oui Roumanie 6 490 000 2 590 000 100 0 non Royaume-Uni 7 350 000 12 202 10 30 non Slovaquie 1 800 000 1 148 13 59 oui Slovénie 583 000 89 75 10 oui Suède 3 800 000 10 700 66 10 non Suisse 1 400 000 17 800 47 0 non Rép. tchèque 3 900 000 5 700 15 70 oui Ukraine 9 400 000 2 740 000 99 0 oui *: Cas de PPC au cours des quatre dernières années ** : données non disponibles - 281 - Conf. OIE 1998 La PPC a été observée chez le sanglier en République tchèque, en Lettonie, en Slovaquie et en Ukraine. La PPC n’a pas été détectée chez le sanglier en Croatie, en Lituanie et en Roumanie, tandis que les 23 autres pays n’ont pas fourni d’informations à ce sujet (Tableau 2). Les données fournies montrent que des programmes de surveillance de la PPC chez le sanglier ont été mis en place dans tous les pays, à l’exception de l’Arménie, de l'Estonie et de l'Ouzbékistan. Cependant, les résultats de ces programmes de surveillance n’ont pas été présentés. Tableau 2 : Populations de sangliers dans les pays européens et surveillance de la PPC Population de sangliers Pays Population estimée Enquête et choix des prélèvements Distribution Aléatoire Sangliers malades Proximité de foyers ** Incidence de la PPC Allemagne 600 000 générale oui oui oui oui Andorre Arménie Autriche Bélarus Chypre Croatie Danemark Espagne Estonie Finlande France Grèce Irlande Islande Italie Lettonie Lituanie Luxembourg n.d. * n.d. n.d. 26 643 0 10 200 n.d. n.d. 10 000 300 450 000 500 0 0 n.d. 17 274 19 400 15 000 générale régionale n.d. générale non n.d. n.d. non non n.d. n.d. oui non n.d. n.d. non n.é. *** n.d. oui n.é. générale régionale générale générale régionale régionale régionale oui non non n.d. oui oui non oui non non n.d. oui oui non oui non non n.d. non non non non n.é. n.é. n.d. n.é. oui n.é. régionale générale générale générale oui oui oui oui oui non oui non oui non oui non oui oui non non Malte Moldavie Norvège Ouzbékistan Pays-Bas Portugal 0 1137 0 n.d. 3 000 60 000 générale oui non oui n.é. générale régionale n.d. non oui oui non oui non non oui non n.é. non non Roumanie Royaume-Uni Slovaquie Slovénie Suède Suisse Rép. tchèque Ukraine 16 800 100 19 536 5 000 10 000 8 000 38 000 43 000 générale régionale générale générale régionale régionale générale générale oui non oui oui non oui oui non oui non oui oui non oui oui oui oui non oui oui non oui oui oui non n.é. oui n.é. n.é. oui oui oui * : données non disponibles **: proximité de foyers de PPC chez les porcs domestiques *** : non étudiée Afin d’empêcher l’introduction de la PPC à l’occasion d’importations de porcs ou de viandes, il est essentiel d’obtenir des informations fiables et complètes sur le statut de la maladie de la part des partenaires commerciaux. Les programmes de surveillance sont utiles pour déterminer si une population porcine est indemne de PPC, ou infectée par cette maladie. Cela s’avère particulièrement important dans le cas des populations de sangliers, car, contrairement aux porcs domestiques, elles ne sont pas soumises à un contrôle permanent. Il est nécessaire de renforcer considérablement les systèmes de récolte et de - 282 - Conf. OIE 1998 transmission des informations sur l’épidémiologie de la PPC, et en particulier celles concernant le sanglier en Europe centrale et en Europe de l’Est . 8.2. Transmission et propagation du virus Dans de nombreux pays, il est strictement interdit de nourrir les porcs avec des eaux grasses. Des exceptions existent lorsque la manipulation et le traitement à la chaleur de ces eaux grasses sont officiellement autorisés. Malgré ces mesures strictes, la source classique d’infection dans de nombreux, sinon la majorité des cas initiaux observés dans les élevages de porcs et les populations de sangliers est l’alimentation par les eaux grasses. Parfois, les foyers sont dûs à un mauvais traitement de ces eaux grasses, mais dans la plupart des cas, celles-ci sont distribuées illégalement sans aucun traitement préalable. Le fermier a souvent une conscience insuffisante du risque, et aucune connaissance de la législation. Le sanglier peut se nourrir de matériels contaminés par le virus de la PPC jetés sur les aires de repos ou dans les décharges. Le virus peut être transmis à partir du sanglier soit directement (contacts entre animaux), soit plus souvent, indirectement vers les porcs (équipement contaminé appartenant à des éleveurs également chasseurs, alimentation contaminée par les excréments ou les carcasses de sangliers, alimentation illégale par des eaux grasses, contacts entre les porcs et des excrétions de sangliers, etc.). Lorsque le virus s’est introduit dans le premier troupeau de porcs (foyer primaire), la probabilité que la maladie se propage dépend essentiellement du nombre de contacts qui auront lieu avec les autres fermes avant que la maladie ne soit identifiée. En général, la densité des porcs et des exploitations représente un facteur de risque élevé dans la région touchée. Les exploitations se trouvant dans un rayon d’environ 500 mètres encourent un risque relativement plus élevé de contracter l’infection, que celles qui sont plus éloignées de l’exploitation infectée (23). L’importance croissante du commerce entre pays éloignés dans l’industrie porcine ajoute un facteur de risque important. Les voies de transmission du virus de la PPC les plus importantes au cours des épidémies sont les suivantes : - échanges commerciaux de porcs présentant une infection chronique ou aiguë - transmission par l’homme, par l’intermédiaire de vêtements ou d’instruments contaminés - contacts « non définis » dans le voisinage des fermes infectées (jusqu’à 500 mètres) - contacts directs ou indirects avec des sangliers infectés - nettoyage ou désinfection insuffisants des véhicules (camions) - alimentation par des eaux grasses (illégale) 9. STRATÉGIES DE LUTTE Il existe deux stratégies de lutte principales : la première est la vaccination de routine, tandis que la seconde est exclusivement basée sur des mesures d’éradication, sans recours aux vaccins. L’utilisation des vaccins conventionnels ne permet pas de différencier les animaux vaccinés de ceux infectés par le virus sauvage. Le virus sauvage peut donc rester non détecté dans certaines fractions de la population. C’est pour cette raison que l’UE a abandonné la vaccination contre la PPC à la fin des années 1980. La PPC est une maladie de la liste A de l’OIE. Tous les cas suspects doivent être examinés, et lorsque le diagnostic de PPC est confirmé, le foyer doit être déclaré. Les mesures de prévention adoptées pour le commerce avec des pays tiers stipulent que les porcs vivants et la viande fraîche de porc ne peuvent être importés que des régions ou des pays dans lesquels aucun cas de PPC n’est survenu depuis 12 mois, et où aucune vaccination contre la PPC n’a été effectuée pendant cette même période. Alors que les voisins immédiats de l’UE ont adopté une politique de non vaccination, la plupart des autres pays de l’Europe centrale et de l’Est autorisent la vaccination, et l’appliquent assez souvent en routine (Tableau 3). En Slovaquie, seule une vaccination d’urgence est effectuée. La majeure partie des pays utilisent des vaccins vivants modifiés. L’Arménie, la Lettonie, la Lituanie et la Slovaquie utilisent des vaccins à virus inactivé. Dans l’UE, les mesures d’éradication sont basées sur l’abattage sanitaire (dépopulation) des troupeaux de porcs infectés, et des troupeaux éventuellement infectés par contact, ou dans leur voisinage (partiel), sur les enquêtes épidémiologiques, cliniques et virologiques, sur les limitations des échanges des porcs vivants, de viande de porc et d’autres vecteurs susceptibles de transmettre la PPC à l’intérieur des zones entourant la ferme infectée, et sur la limitation des contacts avec les fermes situées en dehors de ces zones (1). Un très grand nombre de porcs ont été détruits à la suite de la mise en place de ces mesures d’éradication appliquées aux foyers mentionnés ci-dessus, et plus particulièrement dans les zones à forte densité de population porcine. Seule une minorité d’animaux a été abattue du fait de leur implication directe avec l’infection. La plupart des porcs ont été abattus pour leur éviter des souffrances. - 283 - Conf. OIE 1998 En principe, la vaccination d'urgence n'est pas contradictoire avec les directives de l'UE (1). Les exigences relatives aux campagnes de vaccination d'urgence contre la PPC ont été définies dans le document « Directives pour les programmes de vaccination d'urgence contre la peste porcine classique » (2). Cependant, en utilisant les vaccins conventionnels et en appliquant les directives précitées, le Comité scientifique vétérinaire de la Commission européenne a calculé que les animaux vaccinés seraient exclus du marché pour une période allant jusqu'à 600 jours (4). Cela est économiquement inacceptable et, jusqu'à présent, la vaccination d'urgence n'a jamais été utilisée. Tableau 3 : Politique de vaccination contre la PPC dans les pays non membres de l'UE Pays Vaccination autorisée Vaccination de routine Vaccination d'urgence Andorre Chypre Rép. tchèque Islande Malte Norvège Suisse Ouzbékistan Lituanie non non non non non non non non oui non non non non non non non non non non non non non non non non n.d. * non virus inactivé 650 000 Slovaquie Slovénie Arménie Bélarus Croatie Lettonie oui oui oui oui oui oui non non oui oui oui oui oui n.d. oui oui non oui vivant modifié vivant modifié virus inactivé vivant modifié vivant modifié virus inactivé 276 500 300 000 100 000 environ 5.000.000 2 072 112 432 593 Moldavie Roumanie Ukraine oui oui oui oui oui oui oui oui oui vivant modifié vivant modifié vivant modifié 1 200 000 6 500 000 12 200 000 Type de vaccin Nombre d'animaux vaccinés * : données non disponibles Le développement d'une première génération de vaccins à marqueurs sérologiques contre la PPC ouvre la possibilité d'un amendement aux réglementations existantes sur la vaccination d'urgence. Le recours à un vaccin à marqueur sérologique nécessiterait d'effectuer des explorations sérologiques importantes au sein de la population vaccinée, afin de détecter les infections par le virus sauvage. Cependant, aucun vaccin à marqueur sérologique n'a jusqu'à présent été autorisé par l'Agence européenne pour l'évaluation des médicaments (EMEA) à Londres, et les États membres de l'UE exigent des données supplémentaires sur la sécurité d'emploi et l'efficacité de ces vaccins, avant d'envisager leur utilisation dans les situations d'urgence. Il est entendu que les critères d'utilisation des vaccins à marqueurs sérologique doivent être extrêmement stricts. À la condition que toutes les exigences sur la sécurité d'emploi soient satisfaites, la période d'exclusion du marché pourrait se trouver considérablement raccourcie (4). Dès que les vaccins à marqueur sérologique auront fait l'objet de recherches suffisantes, et seront autorisés, les « Directives pour les programmes de vaccination d'urgence contre la peste porcine classique » (2) devront être amendées. Le recours à une vaccination d'urgence avec des vaccins à marqueur sérologique devrait pouvoir diminuer les coûts entraînés par les procédures actuelles, et par conséquent, constituer un volet supplémentaire de la politique de non vaccination. Dans les États non membres de l'UE, à notre connaissance, les mesures de lutte contre la PPC sont du ressort des Services vétérinaires d’État (à l'exception de l'Ouzbékistan). Les pays n’appliquent pas tous un programme national d'éradication. En Lettonie et en Lituanie, des programmes destinés aux éleveurs volontaires ont été mis en place. Plusieurs pays ne disposent pas de programme de surveillance permettant de savoir si la population de porcs est indemne de PPC. En présence d'un foyer, tous les États membres de l'UE et les autres pays de l'Ouest de l'Europe mettent en œuvre des mesures d'éradication conformes à la directive du Conseil européen 80/217/EEC. Certains pays du centre et de l'Est de l'Europe appliquent des mesures similaires. Dans certains pays, seuls les animaux malades ou cliniquement suspects - 284 - Conf. OIE 1998 sont abattus, tandis que tous les autres animaux de l’élevage infecté, ceux des élevages de la zone avoisinante et ceux des élevages en contact sont vaccinés. La lutte contre la PPC chez le sanglier demeure un problème non résolu. La persistance prolongée du virus dans les populations d’animaux sauvages, et la menace constante exercée sur les élevages de porcs dans les zones concernées nécessitent une stratégie de prophylaxie efficace. Il est essentiel que les Services vétérinaires et les chasseurs aient une connaissance approfondie de la structure et de la dynamique des populations de sangliers dans leur habitat local. Les méta-populations de sangliers (sous-populations ayant des contacts très limités les unes avec les autres) doivent être définies sur la base de leur habitat naturel et de leurs ressources. Toutes les mesures réglementaires (y compris celles concernant la chasse) doivent être appliquées à la méta-population entière, et non uniquement sur une fraction d’entre elles. Les jeunes sangliers (< un an) sont la cible privilégiée du virus, et jouent un rôle majeur dans la propagation du virus. L'âge moyen de la population de sangliers doit être maintenu aussi haut que possible (chasse : 80% < un an, 15% d'un à deux ans, 5% > deux ans). Dans les premières phases de l'épidémie, les animaux ne doivent pas être dérangés, afin qu'ils restent dans leurs habitats. Dans les phases plus tardives de l'épidémie, les mesures de dépopulation (chasse) doivent être appliquées dès que l'incidence de la maladie décroît, dans le but de diminuer autant que possible la densité de la population. Il est nécessaire de déclarer tous les animaux trouvés morts ou tués à la chasse. Un dépistage annuel (virologie et sérologie) doit également être assuré dans les zones suspectes. Un examen virologique doit être pratiqué sur tous les animaux trouvés morts, et une surveillance virologique et sérologique sur les animaux tués à la chasse. La Commission européenne a organisé un atelier sur ce sujet (les comptes rendus sont en cours d'édition), et un groupe de travail du Comité scientifique sur la santé et le bien-être animal étudiera une recommandation. RÉFÉRENCES 1. Anonymous (1980). EU Council Directive 80/217/EEC of 22 January 1980 introducing Community measures for the control of Classical Swine Fever, last ammended 14 June 1993. 2. Anonymous (1994). 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