le Coran le grand Coran le glorieux Coran

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HASSAN ABBASI : « LE CORAN EST FALSIFIÉ ».
Ce qui fut rassemblé et inscrit par Othman a pris le nom de Coran, et jusqu’à
aujourd’hui, on l’appelle « le Coran », « le grand Coran », « le glorieux Coran » ;
Mais dans ce livre même, il existe plus de cinquante cinq noms pour nommer le
livre de l’Islam. Ainsi, dans divers versets, les poèmes de l’Islam sont appelés
différemment :
La saint Coran.
Kétab (Livre) – Mobain (Manifeste) – Coran (Lecture) – Karim (Généreux) – Kalâm (Parole) –
Nour (Lumière) – Hédaïat (Indication) – Rahmate (Clémence) – Forghan (Distinction) –
Shafâ (Guérison) – Moéséh (Sermon) – Zékre (Mention) – Mobarak (Porte-bonheur) – Ali
(d’après certains, cet Ali fait allusion à Imam Ali – dans le verset 4 du sourate Zakhraf -Les
Ornements- l’on trouve : Il est vrai qu’en matière d’original (mot à mot : la mère du livre ) Ali
est érudit auprès de nous).
Hékmat (Philosophie) – Hakim (Philosophe) – Mossadégh (Confirmatif) – Mahiman
(Protecteur) – Hobal (l’Idole) – Cérate Mostaghim (Le sentier droit) – Ghaiém (Tuteur) –
Ghôle (Promesse) – Fasle (Saison) -Naba al Azim (Le grand annonce) – Ahssan al Hadiss ( La
meilleure tradition prophétique) – Motachabéh (Identique)- Massani (La seconde corde d’un
luth ) -Tanzil (Intérêt) – Rouh (Ame)- Vahi (Révélation)- Arabi (Arabe) – Bassaér (Vues)Baîan ( Expression)- Elmme (Science)- Hagh (Raison)- Orvath al Vosghâ (Mouton de
sacrifice) – Adjab (Surprise – Etonnement) – Tasacor (Rappel)-Orvat al Vossghâ (Lien
indissociable)- Sédgh (Sincérité)- Adlle (Justice)- Amr (Ordre) -Mônâdi (Héros)- Bacharî
(Humain)- Madjid (Glorieux) -Zabour (Psaumes)- Bachir (Précurseur)- Nasire (Voué à Dieu)-
1
Asis (Cher)-Ballâgh (Eloquent)- Ghéssass (Histoires) -Sohof (Livres) – Mokaraméh (Honorée)
– Motaharéh (Purifiée)Bref, au lieu du Coran (livre lisible), chacun de ces cinquante cinq noms aurait pu être le nom
du livre de l’Islam, mais jusqu’ici « Coran », « Glorieux » et « Généreux » sont les plus
connus.
LES LIVRES ÉCRITS SUR LES DIFFÉRENCES DE CORANS
L’on verra en quoi les livres compilés par les secrétaires particuliers du prophète de l’Islam
étaient différents de celui qu’Othman inscrivit comme étant le Coran. Mais avant d’ouvrir ce
débat, il faut rappeler que dans les premiers siècles de l’Islam, beaucoup d’ouvrages furent
écrits, qui relevaient des différences entre corans existants ; et bien qu’Othman affirmait et
inscrivait une seule version, il fallut des années pour que les savants islamiques
reconnaissent ce livre, et le propagent dans le monde islamique.
Nous dénombrerons ici les noms des sept livres importants et notables qui furent écrits par
les savants originels d’Islam, à propos des différences entre Corans :
1- Le livre de la différence des livres (les corans des habitants de la Médine, de Koufféh et de
Bassora )écrit par Kassâeï
2- Le livre de la différence des livres (les Corans), oeuvre de Khalaf
3- Le livre de la différence des habitants de Koufféh, de Bassora, et de Damas en matière
des livres, écrit par Farrâ.
4- Le livre de la différence de Mossahéf (les corans) d’Ibn Davoud Sédjestani
5- Le livre de Madaéni sur la différence des livres (les Corans ensemble) écrit par Madaéni
6- Le livre de la différence des livres (les Corans de) Damas, Hédjaz, l’Irak écrit par Ibn Amér
Yahsébi
7-Le livre de Mossahéf (les Corans) œuvre de Mohammad Ibn Abd al Rahaman Isphahanï.
Donc, l’on voit que les milliers de pages ont été écrites sur la différence des Corans de
diverses villes et régions et en dénombrant quelques brefs exemples concis de la différence
des corans d’Imam Ali et des secrétaires du prophète d’islam, nous verrons en quoi le Coran
actuel – appelé désormais le Coran d’Othman- diffère des autres.
Quelles furent les différences de corans entre les secrétaires du prophète de l’Islam et du
d’Othman ?
En ce qui concerne le Coran d’Imam Ali, nous avons dit, lors des pages précédentes, que
d’abord, il fut ordonné en fonction des dates des créations poétiques (dates des révélations)
et ensuite, que les versets abrogatifs et abrogés furent relevés dans ce livre.
Hassan Ibn Abasse raconte qu’il avait entendu de Hokm Ibn Sahir, qui l’avait, lui, entendu d
‘Abdé Kheir qui finalement, l’avait entendu lui-même entendu d’Imam Ali, que la première
personne ayant rassemblé le Coran de sa mémoire fut (Imam) Ali, et que ce Coran était
gardé dans la famille de Djaffar ; et j’ai vu chez Abou Hamzéh Hassani – béni soit-il – un
Coran écrit avec l’écriture d’Ali Ibn Abi Taléb et dont quelques feuillets étaient abîmés, et ce
Coran était resté dans la famille de Hassan en héritage selon l’ordre des sourates, et d’après
la révélation…. (Al Féhrést Ibn Nadîm-La liste d’Ibn Nadîm- Page 147).
2
Il est intéressant de savoir que les autres Corans furent disponibles jusqu’à une certaine
époque puis ont été perdus soudainement dans quelque sombre recoin de l’histoire. Il se
peut que l’on retrouve leurs traces dans des bibliothèques ou des musées, et je m’engage à
l’avenir à signaler par écrit toute découverte personnelle à ce sujet.
le Coran d’Abd Allah Ibn Massoud
Fazl Ibn Châsan dit : l’ordre des sourates du Coran de Mossahéf d’Abdo Allâh Ibn Massoud
fut, dans un ordre différent de celui d’aujourd’hui : da Abi Lahab Va Ghad Tab Ma Aghnâ
Maléhou Va Ma Cassab (Que les deux mains d’Abi Lahab périssent et qu’il périsse lui-même,
ses richesses et ses oeuvres ne lui serviront à rien )-… » (Al Phéhreste d’Ibn Nadim-La liste
d’Ibn Nadim).
Pour ne pas nous étaler, nous n’avons pas cité les noms de toutes les sourates, mais l’on
trouve cinq problèmes dans le Coran d’Abd al Rahaman Ibn Massoud :
1 – Le nombre et l’ordre des sourates diffèrent considérablement de ceux du Coran
d’Othman, car dans le Coran d’Ibn Massoud, il n’ y a que cent dix sourates, telles que nous
les avons dénombrées.
2 – Les noms de beaucoup de sourates sont plus longs que ceux du Coran d’Othman.
3 – Il y a deux sourates nommées « Sadjdéh » (prosternation).
4 – Il y avait quelques sourates supplémentaires, comme » Havâmime » ou » Mossabahât
» dans le Coran d’Ibn Massoud, et qu’on ne trouve pas ailleurs.
5 – Certains versets du Coran d’Ibn Massoud diffèrent de ceux du Coran d’Othman, surtout
par la sourate Va al Assre dont l’on ignore le contenu dans le Coran d’Othman. Il en est ainsi
dans le Coran d’Ibn Massoud :
« J’en jure par l’heure de l’après-midi, l’homme travaille à sa perte. Tu en excepteras ceux
qui croient et pratiquent les bonnes œuvres, qui recommandent aux autres la vérité et la
patience ! »
LE CORAN D'ABI IBN KAB
Fazl Ibn Ghasan dit : L’un de nos proches en qui l’on a confiance disait : j’ai trouvé l’ordre
des sourates du Coran tel que celui d’Abi Ibn Kab, à Bassora, dans un village qui s’appelait
Ghariat al Ansar à douze kilomètres de Bassora, chez Mohammad Ibn Maléké Ansari, qui
nous a montré un Coran et dit : ce Coran appartient à mon père et nous le tenons de nos
ancêtres. J’y ai jeté un coup d’oeil et en ai extrait les débuts et les fins des sourates ainsi que
le nombre de leurs versets. Au début il y avait : Fatéhat al Kétab (l’ouverture du livre)Bagharéh (la vache)- Néssâ (les femmes)- Allé Omran (la famille Omran) -Anâm (les
bienfaits) -Eerâf (le purgatoire)- Maédéh (la table) – je doute qu’il ait eu la sourate
(Younesse-Jonas)- Anfâl (les surestimations) -… Davoud (David) … Tahâr (les propres) …
Insân (l’homme)… Nabi Aliéh al Salam (le missionnaire auquel salut)…Hai Ahl al Kétab les
gens du livre) – Lam Yacon Aval Makan … Trois versets … B al Kofar Molhagh et ainsi de
suite…Tous les versets furent au nombre de six mille deux cent dix. ( Al Féhreste -La liste
d’Ibn Nadime Page 46).
Enfin, l’ensemble des sourates du Coran de Ben Kab n’atteignait pas les cent seize et un bon
nombre de sourates de ce Coran n’existent pas du tout dans le Coran d’Othman. Comme les
sourates Davoud (David), Tahâr (les propres), Nabi Aliéh al Salâm (le missionnaire auquel
salut) …
3
LES DESTRUCTEURS ET LES DESTRUCTIONS DU CORAN
Le débat ayant trait aux destructeurs (nassékh) et aux destructions (mansoukh) est un des
principaux problèmes de l’Islam et du Coran. Problème qui fut négligé jusqu’ici et comme
cela a été évoqué plus loin, le prophète d’islam, lui-même, avait envisagé de rassembler son
livre (le Coran) en vue de déterminer, ou d’éliminer, les versets destructeurs ainsi que les
versets détruits, et l’on a dit que dans le Coran d’Imam Ali ce problème avait été pris en
compte. C’est un sujet évident et clair. Car comme nous l’avons dit, Mohammad a admis un
bon nombre de traditions datant de l’obscurantisme arabe, et nous verrons plus loin à quel
point, par obligation, il se comportait avec respect à l’égard des Quoriche et de leurs rites. Et
que donc s’il avait pu, il aurait abrogé beaucoup de traditions et de pratiques de
l’obscurantisme arabe, qui subsistent jusqu’à aujourd’hui, époque de civilisation et de
technologie.
Mais, à propos de la question des versets destructeurs et détruits, de nombreux livres furent
écrits. Nous ferons allusion à trois de leurs grands auteurs, et qui ont écrit des centaines de
pages sur ce sujet :
1 – Al Nasékh va Mansoukh – ( abrogatif et abrogé ) oeuvre de Hadjaj al Our
2 – Nasékh et Mansoukh kodamand-(Quels sont l’abrogatif et l’abrogé ) – œuvre d’Abd al
Rahman Ibn Zéid
3 – Le livre d’Abi Isshagh Ibrahim al Moadab à propos des versets destructeurs et détruits.
LE CORAN DURABLE A LIRE : L'INFLUENCE DES CONSEILLERS PERSANS,
ABYSSINS, JUIFS ET ROMAINS DANS LE CORAN
Comme nous l’avons expliqué dans le livre « De Mitra à Mohammad » les principaux
conseillers du prophète d’islam étaient Salman Parsi d’Iran, Balal Habachi d’Abyssinie et
Sahib de Rome. Ils faisaient partie, tous les quatre, du cercle des savants, intellectuels et
érudits de leurs pays, dans leurs langues originelles, ainsi que celles des autres amis du
prophète de l’Islam, de la même façon que des Juifs, des Nabatéens et des Syriaques
influencèrent le Coran.
LES MOTS NON ARABES DANS LE CORAN
Alors ! … Le prophète d’Islam eut quelques conseillers importants qui l’ont aidé dans la
formation de la révolution et jusqu’à l’élaboration de son idéal-type. Malgré ce que l’on
apprend dans le Coran, à savoir que ce livre fut révélé en langue arabe, mais que d’autres
mots, issus des langues civilisées de cette époque s’y rencontrent. Ces mots sont
probablement les propos de proches amis du prophète de l’Islam, originaires d’autres pays,
et jouant un rôle certain dans les décisions et les poèmes du prophète de l’Islam. Ces
proches amis furent à de nombreuses occasions ils furent d’avoir recours aux mots de leur
propre langue pour s’exprimer clairement. Ces mots furent ensuite « arabisés », c’est-à-dire
qu’ils se placèrent naturellement dans le cadre de la grammaire arabe.
Comme nous en avons déjà évoqué quelques exemples, une fois que le nouveau style du
prophète de l’Islam dans la création du Coran se fut installé parmi les Musulmans de
l’époque, il devint évident que ses proches amis pouvaient faire de la poésie, et du discours,
tout comme lui, à l’instar des quatrains de Khayam , des odes de Haféz ou de la poésie
moderne de Nimâ (Nimâ est un poète contemporain, nommé le Père de la Poésie Moderne
Persane). Si quelqu’un connaît bien Khayam et Haféze, et possède un talent poétique, il
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peut, en les prenant comme modèles, faire de la poésie dans le même style. Depuis
toujours, ce phénomène n’a été connu dans le monde littéraire qu’une fois un style inventé,
les autres ayant alors pu s’en servir pour faire de la poésie dans la même tournure.
LES TERMES PERSANS DANS LE CORAN
– Abarigh (pluriel d’Abrigh); Estabragh; Tanour; Djahanam; Dinar; Al Rass; Al Rome;
Zandjébil;
Sédjil; Saradégh; Saghar; Salsabil; Sndass; Ghofl; Kafour; Kanz; Kourte; Madjous; Mardjan;
Mask; Maghalid; Mazdjah; Né; Houd; Yagoute; Al Yahoud.
LES TERMES ABYSSINS (ÉTHIOPIENS) DANS LE CORAN
– Ela Raéc; Avâh; Avâb; Al Djabt; Horm (haram); Haub; Dôrï; Sïnïn; Shatre; Tâhâ;
Tâghoute; Al Eram; Ghéise; Ghoureh; Kafle; Machcouh; Mansâh; Nachééh; Yassin; Yassdon.
QUELQUES TERMES ROMAINS DANS LE CORAN
– Sérâte; Tafagh; Ferdôs; Ghéste; Ghéstass.
QUELQUES TERMES SYRIAQUES DANS LE CORAN
– Yam (Al Yam); Houn; Ghouyoum; Addan; Toure.
QUELQUES CAS DES TERMES JIFS (HÉBRAÏQUES) DANS LE CORAN
– Akhlad; Baïre; Raéna; Al Rahmân; Tavâ; Marghoum; Hodnâ; Ghamle.
QUELQUES CAS DES TERMES NABATÉENS DANS LE CORAN
– Varz; Varâ; Malakoute; Côfre; Ghat; Mazhan; Sinâé; Sôfréh; Havâriyoun; Hasbe; Akvab;
Asphar; Al; Alîm.
VARIANTES DANS LE CORAN
Malgré les précautions considérables prises pour éviter que des variantes de lecture
n’affectent le texte du Coran, on peut relever un certain nombre de ces variantes. Al Baidawi
en signale quelques-unes dans son commentaire sur les passages suivants : Sourates 3.100 ;
6.91 ; 19.35 ; 28.48 ; 33.6, etc. Cette dernière référence, tirée de la Sourate des Coalisés
(AI-Ahzâb) de 5-7 de l’Hégire, est également soulignée par Yusuf Ali. Le texte de Uthman lit :
« Pour les croyants le Prophète a priorité sur eux-mêmes; et ses épouses sont leurs mères ».
Mais nous possédons des témoignages que le texte d’Ubai b. Ka’b comportait :
« Pour les croyants le Prophète a priorité sur eux-mêmes ; et il est un père pour eux et ses
épouses sont leurs mères ». « [1]
5
Muhammad Hamidullah traite d’une manière détaillée du problème des variantes dans
l’Introduction de sa traduction française du Coran [2]. II les classe en quatre groupes :
1. Les variantes dues à une erreur de copie d’un scribe. Ces variantes sont facilement
décelable par simple comparaison avec d’autres copies du Coran.
2. Les variantes dues aux notes explicatives marginales. Voici ce qu’écrit Hamidullah:
Le style du Coran exigeait parfois que même les compagnons du Prophète lui demandent
explications ; parfois ils notaient ces explications en marge de leurs copies personnelles pour
ne pas les oublier, et il est tout à fait compréhensible que quelquefois les copistes
confondirent le texte et le commentaire, en copiant fidèlement une copie à partir de
l’ancienne. On connaît le célèbre ordre d’Omar, qui avait interdit formellement d’ajouter le
commentaire aux copies du Coran.
Des « variantes » de ce genre il y en a par centaines ; mais le fait que « le Coran de tel
maître » a telle addition que n’a pas celui des autres ne laisse pas de doute sur l’origine de
cette addition. Les données sur ce genre de variantes chez les auteurs classiques se
contredisent aussi parfois : Les uns disent que le Coran d’un tel avait cette addition, mais les
autres le nient.
3. Les variantes dues à la permission accordée par Muhammad de réciter le Coran en
d’autres dialectes que ceux en usage par les habitants de La Mecque.
Muhammad cherchait à rendre la religion chose facile, à portée des plus humbles. De là, il
tolérait des variantes dialectales même pour le texte du Coran, car l’essentiel n’était pas le
mot mais le sens ; pas la récitation, mais l’application et l’assimilation. II disait volontiers :
Gabriel m’a permis jusqu’à sept lectures différentes du Coran. Tout en gardant pour lui et
pour ses concitoyens une certaine façon de lire, il autorisait les membres de diverses tribus à
remplacer certains mots par leurs équivalents mieux connus chez eux. Lorsque le dialecte
mecquois eut le dessus dans la génération suivante, le calife Othman jugea utile d’ordonner
que l’on renonçât dorénavant aux différences autorisées par le Prophète, car, dit Tabari, elles
n’étaient pas obligatoires, mais seulement permises. À partir des copies confectionnées par
les « provinciaux » et conservées chez leurs descendants, les savants des siècles postérieurs
ont pu ramasser un certain nombre de mots, tout à fait équivalents des mots employés dans
« la vulgate officielle ».
4. Les variantes dues à l’absence, pendant les 150 ou 200 premières années de l’Hégire, des
points-voyelles dans les copies manuscrites du Coran, et à l’absence de signes pour
différencier la prononciation des lettres écrites de manière identique.
Essayons d’imaginer ce que représente une écriture sans voyelles :
Écrivons l’expression « la voix porte », en supprimant les voyelles. Il nous restera : « 1 vx
prt ». Avec de l’exercice, on finit par s’habituer à cette écriture et, dans un contexte donné,
chacun restituera intuitivement les voyelles pour que le phrase ait un sens. Cependant en
vocalisant différemment ces mêmes consonnes, on peut obtenir des expressions fort
éloignées les unes des autres. Ainsi, dans une salle de conférence ou de concert, « I vx
prt » signifiera « la voix porte », dans un hospice ou une maison pour personnes âgées « I
vx prt », peut signifier « le vieux part » et pour un Marseillais « le vieux port ». On constate
que dans la plupart des cas, le contexte ôte l’ambiguïté, mais il peut y avoir des exceptions
où le doute subsiste quant à différents sens possibles.
Mais le problème se complique parce qu’en arabe, certaines lettres s’écrivent exactement de
la même façon, et seuls les points portés au-dessus ou au-dessous de la lettre précisent la
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prononciation. Prenons, par exemple, les 5 lettres de l’alphabet arabe ayant le même
support. Avec un point au-dessus () elle se lit « n » ; avec deux points au-dessus () « t » ,
avec trois points au-dessus () , « th » ; avec un point au-dessous () « b » et avec deux
points au-dessous () « y ».
Il existe sept autres paires de lettres qui sont différenciées par le nombre de points. C’est
encore vrai pour un autre groupe de 3 lettres semblables. En d’autres mots, il n’existe que
15 formes différentes de caractères pour représenter les 28 lettres.
J’ai eu des entretiens avec de nombreux musulmans qui ignoraient que les premiers
exemplaires du Coran ne comportaient ni voyelles, ni points pour différencier les consonnes.
Peut-être quelques-uns de mes lecteurs l’ignorent-ils aussi. La photo 2 présente les versets
34 à 36 de la Sourate 24, dite [Sourate de la Lumière (AI-Nür)] tels qu’ils sont écrits dans un
ancien Coran exposé au British Museum de Londres. D’après les experts, il daterait de la fin
du huitième siècle de notre ère, c’est-à-dire de l’an 150 de l’Hégire [3].
Hamidullah mentionne cette source de variantes par manque de voyelles et de
points :
« Enfin, une troisième source de variantes provient de l’écriture arabe de la première
époque, avant l’emploi généralisé des points diacritiques : il est parfois possible alors de lire
un mot comme un verbe actif ou passif, comme masculin ou féminin, et le contexte admet
parfois plusieurs possibilités ».
La photo ci-dessus présente justement une variante de ce type. Le texte qui débute vers la
fin de la troisième ligne et se poursuit jusqu’à la fin de la septième ligne se traduit ainsi :
« Dieu est lumière des cieux et de la terre. Il en est de Sa lumière comme d’une niche où se
trouve une lampe, la lampe dans un verre, le verre comme un astre de grand éclat : Elle
tient sa lumière d’un arbre béni, l’olivier, ni d’est, ni d’ouest … ».
Dans le texte arabe à partir duquel Yusuf Ali et Hamidullah ont fait respectivement leurs
traductions anglaise et française, il est écrit « (~) ( yüqadu) » pour la forme passive du
verbe « tient sa lumière ». La forme au masculin se rapporterait normalement au nom
masculin « astre » qui précède (kaukab, ~). Mais à la sixième ligne du texte photographié se
trouve une lettre avec des points-voyelles. Il s’agit de la lettre (~). Les deux points situés
au-dessus de la lettre le modifient en féminin passif « (~) (tüqadu) » qui se rapporte alors
au nom arabe féminin traduit par « verre (zujâja, ~) ».
Ce Coran a été recopié par un savant à une époque où il était encore possible d’afficher ses
préférences pour tel texte plutôt que pour tel autre. Le copiste ou la personne qui lui
ordonna de recopier le texte croyait que la forme passive au féminin était plus exacte.
Un traducteur comme Yusuf Ali ne fait état que de deux ou trois variantes dans toute sa
traduction ; il donne donc l’impression qu’il y en a fort peu. Hamidullah est l’un des rares
auteurs musulmans à reconnaître, comme nous l’avons vu que les variantes de lecture se
« comptent par centaines ». En fait, il y en a des milliers.
Nous citerons comme exemple la Sourate du [Plateau servi (Al-Ma’ida) 5 :63], de l’an 10 de
l’Hégire. Voici ce que dit ce verset :
Dois-je vous annoncer quelque chose de pire que cette rétribution de Dieu ? Celui que Dieu a
maudit, et contre lequel Il s’est mis en colère, et dont Il a fait des singes et des porcs et
adoré les (idoles) (l’idole, A1-Taghuth).
7
Cette traduction personnelle est littérale, mais elle est conforme au texte arabe. En effet, à
cause des points-voyelles le mot « Dieu », est sujet du verbe « adorer ». Il est évidemment
impossible de trouver dans le Coran une phrase qui présente Dieu comme adorateur des
idoles ! Aucun traducteur n’a donc traduit ce texte ainsi, et je sais pertinemment aussi
qu’une telle affirmation est inconcevable. Il y a donc un problème quelque part.
Je pourrais mettre en cause, en premier lieu, ma connaissance imparfaite de l’arabe. Ce
serait simple si j’étais le seul à être confronté à ce problème. Mais en consultant l’ouvrage de
Arthur Jeffrey intitulé « Materials for the History of the Text of the Qur’an », on se
rend compte rapidement que ce n’est précisément pas le cas.
Jeffrey a trouvé trace de 19 lectures différentes :
–
–
–
–
7 sont attribuées à Ibn Mas`ud,
4 à Ubai b. Ka’b,
6 à Ibn Abbas
Et une à ‘Ubai b. ‘Umair et à Anas b. Malik [4].
Bien évidemment chacun de ces hommes aurait pu n’avoir qu’une seule variante de lecture.
Mais le grand nombre de possibilités de lecture montre que ces savants avaient conscience
de la difficulté textuelle.
Voici les différentes lectures proposées par Ibn Mas`ud :
Pour ceux qui ne comprennent pas l’arabe, nous pouvons préciser que ces différentes
lectures peuvent se classer en trois groupes : Le verbe est considéré comme un pluriel de
sorte que ce sont les singes et les porcs qui « adorent les (idoles) Taghout »; ou bien, le
verbe est considéré comme étant au passif, de sorte que « es Taghout sont adorés » par les
singes et les porcs ; ou encore, enfin, le mot [`abada] est considéré comme un nom qui
ferait des singes et des porcs les « esclaves » ou les « adorateurs des Taghout ».
De plus, dans les 14 variantes, la seule modification résidait dans un changement de
voyelles. Les 5 autres cas ajoutent une ou deux consonnes.
J’ai délibérément choisi de reproduire toutes tes lectures attribuées à Ibn Mas’ud, parce que
c’est la première lecture (caractérisée par le double astérisque **) qui a retenu l’attention de
tous les traducteurs. Alors le verset devient :
« … Dieu a transformé en signes et en porcs ceux… qui ont adoré (l’idole) Taghout … »
Le fait même que cette lecture problématique ait été maintenue alors qu’il eut été si facile de
l’éliminer en modifiant deux ou trois points-voyelles prouve le soin apporté à la copie des
textes après l’introduction de la vocalisation.
Allah n’a pas tenu sa promesse de préserver le Coran pendant 14 siècles : Nous avons pu
découvrir en 1972 le plus vieux texte coranique du monde à Sa’ana (Yémen) et ainsi prouver
que le texte que les mahométans possèdent de nos jours est falsifié. L’exemplaire de
Samarcande, un des plus anciens, est également différent de la version actuelle.
Il faut dire que le Coran écrit n’est pas l’œuvre de Mahomet ; il a été compilé après sa mort
selon le gré de divers personnages. En conséquence, il existe plusieurs corans dont le
contenu et l’organisation des versets sont totalement différents. Celui qui est considéré
comme leCoran est celui d’Uthman, un calife despotique qui a détruit toutes les sources
antérieures. Il y a eu ensuite sous le règne du calife ‘Abd al-Malik une réforme
orthographique : la langue arabe des origines, non adaptée à l’écrit, était jusqu’alors écrite
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sans aucune marque diacritique (points, accents, cédilles), autrement dit sans aucune
indication de voyelles, ce qui entraînait naturellement à la lecture de nombreuses confusions
entre plusieurs significations possibles (fâcheux pour un texte religieux aussi dogmatique).
Les querelles concernant l’authenticité du texte ont été très vives dans le monde islamique
jusqu’au Xème siècle ; depuis lors, il n’est guère recommandé de mettre en doute cette
authenticité …
Je donne ici trois textes : le premier est un article de « Sciences & Avenir » qui traite du
Coran découvert au Yémen ; le second détaille les principaux corans ; Le troisième concerne
le problème des marques diacritiques.
L’on verra en quoi les livres compilés par les secrétaires particuliers du prophète de l’Islam
étaient différents de celui qu’Othman inscrivit comme étant le Coran. Mais avant d’ouvrir ce
débat, il faut rappeler que dans les premiers siècles de l’Islam, beaucoup d’ouvrages furent
écrits, qui relevaient des différences entre corans existants ; et bien qu’Othman affirmait et
inscrivait une seule version, il fallut des années pour que les savants islamiques
reconnaissent ce livre, et le propagent dans le monde islamique.
Nous dénombrerons ici les noms des sept livres importants et notables qui furent écrits par
les savants originels d’Islam, à propos des différences entre Corans :
1- Le livre de la différence des livres (les corans des habitants de la Médine, de Koufféh et de
Bassora )écrit par Kassâeï
2- Le livre de la différence des livres (les Corans), œuvre de Khalaf
3- Le livre de la différence des habitants de Koufféh, de Bassora, et de Damas en matière
des livres, écrit par Farrâ.
4- Le livre de la différence de Mossahéf (les corans) d’Ibn Davoud Sédjestani
5- Le livre de Madaéni sur la différence des livres (les Corans ensemble) écrit par Madaéni
6- Le livre de la différence des livres (les Corans de) Damas, Hédjaz, l’Irak écrit par Ibn Amér
Yahsébi
7-Le livre de Mossahéf (les Corans) œuvre de Mohammad Ibn Abd al Rahaman Isphahanï.
Donc, l’on voit que les milliers de pages ont été écrites sur la différence des Corans de
diverses villes et régions et en dénombrant quelques brefs exemples concis de la différence
des corans d’Imam Ali et des secrétaires du prophète d’islam, nous verrons en quoi le Coran
actuel – appelé désormais le Coran d’Othman- diffère des autres.
Quelles furent les différences de corans entre les secrétaires du prophète de l’Islam et du
d’Othman ?
En ce qui concerne le Coran d’Imam Ali, nous avons dit, lors des pages précédentes, que
d’abord, il fut ordonné en fonction des dates des créations poétiques (dates des révélations)
et ensuite, que les versets abrogatifs et abrogés furent relevés dans ce livre.
Hassan Ibn Abasse raconte qu’il avait entendu de Hokm Ibn Sahir, qui l’avait, lui, entendu d
‘Abdé Kheir qui finalement, l’avait entendu lui-même entendu d’Imam Ali, que la première
personne ayant rassemblé le Coran de sa mémoire fut (Imam) Ali, et que ce Coran était
gardé dans la famille de Djaffar ; et j’ai vu chez Abou Hamzéh Hassani – béni soit-il – un
coran écrit avec l’écriture d’Ali Ibn Abi Taléb et dont quelques feuillets étaient abîmés, et ce
9
Coran était resté dans la famille de Hassan en héritage selon l’ordre des sourates, et d’après
la révélation…. (Al Féhrést Ibn Nadîm-La liste d’Ibn Nadîm- Page 147).
Il est intéressant de savoir que les autres Corans furent disponibles jusqu’à une certaine
époque puis ont été perdus soudainement dans quelque sombre recoin de l’histoire. Il se
peut que l’on retrouve leurs traces dans des bibliothèques ou des musées, et je m’engage à
l’avenir à signaler par écrit toute découverte personnelle à ce sujet.
LE CORAN D'ABD ALLAH IBN MASSOUD
Fazl Ibn Châsan dit : L’ordre des sourates du coran de Mossahéf d’Abdo Allâh Ibn Massoud
fut, dans un ordre différent de celui d’aujourd’hui : Da Abi Lahab Va Ghad Tab Ma Aghnâ
Maléhou Va Ma Cassab (Que les deux mains d’Abi Lahab périssent et qu’il périsse lui-même,
ses richesses et ses oeuvres ne lui serviront à rien ) … » (Al Phéhreste d’Ibn Nadim-La liste
d’Ibn Nadim).
Pour ne pas nous étaler, nous n’avons pas cité les noms de toutes les sourates, mais l’on
trouve cinq problèmes dans le coran d’Abd al Rahaman Ibn Massoud :
1 – Le nombre et l’ordre des sourates diffèrent considérablement de ceux du Coran
d’Othman, car dans le coran d’Ibn Massoud, il n’ y a que cent dix sourates, telles que nous
les avons dénombrées.
2 – Les noms de beaucoup de sourates sont plus longs que ceux du Coran d’Othman.
3 – Il y a deux sourates nommées « Sadjdéh (prosternation) ».
4 – Il y avait quelques sourates supplémentaires, comme « Havâmime » ou « Mossabahât »
dans le coran d’Ibn Massoud, et qu’on ne trouve pas ailleurs.
5 – Certains versets du Coran d’Ibn Massoud diffèrent de ceux du Coran d’Othman, surtout
par la sourate Va al Assre dont l’on ignore le contenu dans le coran d’Othman. Il en est ainsi
dans le coran d’Ibn Massoud :
« J’en jure par l’heure de l’après-midi, l’homme travaille à sa perte. Tu en excepteras ceux
qui croient et pratiquent les bonnes œuvres, qui recommandent aux autres la vérité et la
patience ! ».
LE CORAN D'ABI IBN KAB
Fazl Ibn Ghasan dit : L’un de nos proches en qui l’on a confiance disait : j’ai trouvé l’ordre
des sourates du Coran tel que celui d’Abi Ibn Kab, à Bassora, dans un village qui s’appelait
Ghariat al Ansar à douze kilomètres de Bassora, chez Mohammad Ibn Maléké Ansari, qui
nous a montré un Coran et dit : Ce Coran appartient à mon père et nous le tenons de nos
ancêtres. J’y ai jeté un coup d’œil et en ai extrait les débuts et les fins des sourates ainsi que
le nombre de leurs versets. Au début il y avait : « Fatéhat al Kétab (l’ouverture du livre) » « Bagharéh (la vache) » - « Néssâ (les femmes) » - « Allé Omran (la famille Omran) » « Anâm (les bienfaits) » - « Eerâf (le purgatoire) » - « Maédéh (la table) » – « Je doute qu’il
ait eu la sourate (Younesse-Jonas) » - « Anfâl (les surestimations) » - …« Davoud
(David) »… « Tahâr (les propres) » … « Insân (l’homme) » … « Nabi Aliéh al Salam (le
missionnaire auquel salut) » … « Hai Ahl al Kétab (les gens du livre) » – « Lam Yacon Aval
Makan » … trois versets … B al Kofar Molhagh et ainsi de suite …Tous les versets furent au
nombre de six mille deux cent dix. ( Al Féhreste -La liste d’Ibn Nadime Page 46).
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Enfin, l’ensemble des sourates du Coran de Ben Kab n’atteignait pas les cent seize et un bon
nombre de sourates de ce Coran n’existent pas du tout dans le Coran d’Othman. Comme les
sourates Davoud (David), Tahâr (les propres), Nabi Aliéh al Salâm…
Auteur : Hassan ABBASI
Source : Les noms du livre du prophète de l’Islam.
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