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Soy and health
Londres 2002
J.M. Lecerf, institut Pasteur de Lille
e congrès a fait le point sur l’actualité
scientifique concernant toutes les facettes
des effets du soja et de ses composants sur la
santé.
C
Cardiovasculaire
Bien que les effets hypocholestérolémiants des
protéines de soja soient bien documentés, des
recherches se poursuivent sur les mécanismes
impliqués. C. Sirtori pense que ce sont les fractions protidiques et non pas les isoflavones de
soja qui sont importantes. En utilisant des protéomiques pour étudier diverses préparations
de soja, les chercheurs ont montré que la fraction 7S et les sous-fractions les plus actives
atteignent, de façon intacte, le cytoplasme des
cellules hépatiques mais pas le noyau. Cela est
en accord avec la récente découverte de la
capacité de la fraction 7S de protéines de soja
à stimuler l’expression des récepteurs aux LDL
dans les cellules hépatiques humaines. Certains
processus de transformation du soja (isolés ou
isolats) dénaturent les protéines actives telles
que la protéine 7S. Enfin, très récemment, il a
été montré que les protéines de soja diminuaient
de façon très marquée la Lp(a). H. Wiseman a
suggéré que, bien que leur rôle dans la réduction du cholestérol reste peu clair, des études
indiquent que les isoflavones de soja exercent
d’autres effets protecteurs sur le plan cardiovasculaire. Genistein et daidzein jouent un rôle
par le biais de nombreux mécanismes possibles, incluant un effet antioxydant, des effets
sur la fonction artérielle, des effets cellulaires
et des effets médiés par les récepteurs aux
estrogènes.
L’équol, l’isoflavone oublié
K. Setchell a montré que l’équol produit à partir
de daidzein par la microflore intestinale du
côlon a un effet estrogénique et antioxydant
plus puissant que daidzein. Cependant, la
capacité à produire de l’équol est variable selon
les individus et, par exemple, 36 % seulement
de la population britannique est capable de le
faire. Il a souligné que plusieurs études d’intervention nutritionnelle récentes confirment
l’importance potentielle de l’équol. Par exemple,
l’excrétion de l’équol est significativement plus
basse chez les femmes ayant les symptômes de
ménopause les plus sévères. Chez les femmes
ménopausées, les productrices d’équol ont un
plus grand gain de densité osseuse, et il a été
montré que la consommation régulière d’aliments à base de soja entier améliore les lipides
plasmatiques chez les sujets équol “positif ”. Il
a suggéré que le typage bactériologique des
individus, concernant leur capacité à produire
l’équol, peut être la clé de l’efficacité dans les
régimes à base de soja pour le traitement et la
prévention des pathologies hormonodépendantes. Il a également évoqué le fait que la
non-distribution entre producteurs et nonproducteurs d’équol dans les études antérieures pourrait expliquer certaines discordances dans les données.
Cancer
M. Messina a passé en revue les recherches sur
le soja et le risque de cancer du sein, en expliquant que l’enthousiasme initial concernant le
rôle que le soja pourrait jouer dans la réduc-
tion du risque de cancer du sein était fondé sur
la faible prévalence de cancer du sein en Asie,
sur les études animales suggérant que les isoflavones inhibent le développement des tumeurs
mammaires et, enfin, sur la capacité des estrogènes faibles (comme les phyto-estrogènes) à
agir comme antiestrogènes. Il a énuméré les
mécanismes hormonaux et non hormonaux
possibles pour la réduction du risque de cancer
du sein. À son avis, cependant, les études épidémiologiques sur les apports du soja et le
risque de cancer du sein ne sont pas convaincantes, bien qu’elles soient plus concluantes
chez l’animal et que certaines données épidémiologiques suggèrent qu’une exposition précoce au soja puisse être une explication pour
un effet protecteur plus tardif. Selon lui, bien
que les données contradictoires sur les effets
estrogéniques du soja aient conduit certains
experts à suggérer que les femmes ayant un
cancer du sein ne devraient pas consommer de
soja, cet avis n’est pas justifié. En particulier,
deux études récentes sur une longue durée ont
montré que les isoflavones ne modifiaient pas
défavorablement le tissu mammaire, tant chez
les femmes préménopausées que chez les femmes
ménopausées. D’autres séries de faits indiquent que c’est la progestérone associée aux
estrogènes, et non les estrogènes seuls, qui ont
une activité carcinogène (promotion). Or, le
soja n’a aucune activité progestative. De
même, il n’y a aucune évidence en faveur du
rôle du traitement hormonal substitutif dans
la diminution de la survie des femmes ayant
un cancer du sein.
A. Kennedy a fait état de son travail sur l’inhibiteur de Bowman Birk, sous forme pure et
concentrée, pour sa capacité à agir comme un
agent anti-inflammatoire et de prévention du
cancer. Plusieurs essais sont terminés et d’autres
sont en cours chez des patients ayant une leucoplasie orale, une hypertrophie bénigne de la
prostate ou une colite ulcéreuse. Les résultats
sont très encourageants.
Effets hormonaux
J.M. Lecerf a passé en revue la recherche
concernant les effets hormonaux des isoflavones de soja. Bien qu’ayant une activité estrogénique plus faible que le 17βestradiol, l’activité hormonale des isoflavones de soja est
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Act. Méd. Int. - Métabolismes - Hormones - Nutrition, Volume V, n° 6, novembre-décembre 2002
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associée à leur capacité à se lier aux récepteurs
estrogéniques. Longtemps, on a cru que les
estrogènes agissaient par l’intermédiaire d’un
seul récepteur aux estrogènes, maintenant
appelé ERα, cependant un nouveau récepteur
aux estrogènes (ERβ) a été identifié récemment.
La plupart des isoflavones se lient aux deux
types de récepteurs, bien que certains, comme
la genistein, aient une plus grande affinité pour
ERβ que pour ERα. Or, il existe des différences
de distribution tissulaire des 2 types de récepteurs avec, par exemple, des récepteurs β au
niveau de l’os, du cerveau, des vaisseaux, etc.
De plus, les isoflavones peuvent exercer soit des
activités estrogéniques, soit des activités antiestrogéniques en fonction de l’environnement
hormonal. L’activité antiestrogénique peut
aussi passer par d’autres voies, comme l’inhibition enzymatique ou la synthèse hépatique
de SHBG. Il a conclu en indiquant que les
études montrent que les effets hormonaux des
isoflavones sur le système reproductif sont
souvent modestes, mais que, sur d’autres
organes cibles, ils peuvent être importants.
P. Albertazzi a rappelé que les études sur les
symptômes de la ménopause, tels que les bouffées de chaleur, sous l’effet de régimes supplémentés en isoflavones de soja (sous diverses
formes) conduisent à des résultats contradictoires. Elle suggère que cela peut être dû à un
manque de standardisation des produits de
soja utilisés, mais il est actuellement difficile
d’affirmer s’il s’agit de l’absence de substances
actives ou d’un défaut d’absorption (ou d’une
non-métabolisation en équol par la flore
colique). Elle pense que d’autres facteurs nutritionnels, tels que la présence d’acides gras
polyinsaturés oméga 3, méritent d’être explorés.
Ses propres recherches chez des femmes ménopausées diabétiques (type 2) indiquent que le
soja a un rôle bénéfique, en relation avec l’insulinosécrétion et/ou l’insulinorésistance.
aboutissant à réduire l’excrétion urinaire de
calcium chez les femmes ménopausées.
Pathologie rénale
S. File a présenté les données de deux études.
Dans la première, 27 étudiants des deux sexes
ont été randomisés pour recevoir une alimentation contrôlée soit pauvre, soit riche en isoflavones. Ils ont rempli une batterie de tests
cognitifs avant le régime. Au bout de 10 semaines
de cette alimentation, ceux qui avaient reçu
une alimentation riche en isoflavones de soja
ont eu, de façon significative, une plus grande
amélioration que ceux qui avaient eu une alimentation pauvre en isoflavones de soja, à la
fois sur la mémoire à court et à long terme et
sur l’adaptation mentale. L’amélioration a été
observée autant chez les hommes que chez les
femmes. La seconde étude a été réalisée en
double aveugle chez 33 femmes ménopausées
ne recevant ni traitement hormonal substitutif
ni autre médication, randomisées en 2 groupes,
soit avec un placebo, soit avec des suppléments
de soja (contenant des isoflavones totaux équivalents à 60 mg/jour). Au bout de 12 semaines,
les femmes ayant reçu les suppléments d’isoflavones avaient une plus grande amélioration
de la mémoire épisodique, de l’adaptation
mentale et de la capacité d’organisation que
celles sous placebo. Ces résultats suggèrent que
le soja peut améliorer les fonctions cognitives
à la fois chez les hommes et les femmes, jeunes
et âgés. Le profil des bénéfices cognitifs indique
que les isoflavones ont des effets significatifs
sur l’hippocampe et le cortex frontal.
A. Cupisti a expliqué qu’il est très difficile
d’obtenir des régimes végétariens palatables
qui soient acceptés par les patients insuffisants
rénaux. Cependant, il a récemment mis au
point une alimentation végétarienne pauvre en
protéines et incluant du soja. Il a présenté des
données chez l’homme montrant que ce
régime peut être utilisé avec succès comme
alternative à des régimes carnés conventionnels pauvres en protéines dans la nutrition des
affections rénales.
Santé osseuse
E. Lydeking-Olsen a présenté les résultats
d’une étude de 2 ans chez des femmes ménopausées, montrant que la consommation d’un
“lait” de soja riche en isoflavones a des effets
protecteurs sur le contenu minéral osseux et
sur la densité minérale osseuse. Récemment,
ces données ont été réanalysées en séparant le
groupe en producteurs et non-producteurs
d’équol. De façon très intéressante, il a été
montré que les effets sont plus importants
chez les producteurs que chez les non-producteurs d’équol, suggérant un rôle positif de
l’équol dans le turn-over osseux. Il est également possible que les protéines de soja puissent exercer un effet d’épargne calcique osseux,
Fonctions cognitives
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Act. Méd. Int. - Métabolismes - Hormones - Nutrition, Volume V, n° 6, novembre-décembre 2002
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