LIBÉRALE Nutrition Les troubles alimentaires Les troubles du comportement alimentaire sont à l’origine de nombreux désordres nutritionnels comme l’obésité, la malnutrition, la dénutrition. Ils peuvent être responsables d’anomalies endocriniennes et métaboliques. L es troubles du comportement alimentaire s’inscrivent dans une grande variété de situations : ils peuvent être adaptatifs, symptomatiques d’une pathologie générale ou représenter une pathologie comportementale proprement dite. Dans nos pays d’abondance, l’anorexie mentale et la boulimie nerveuse sont deux entités cliniques souvent graves et spectaculaires. L’anorexie mentale met en jeu le pronostic vital de sujets jeunes. Mais en réalité, l’anorexie mentale et la boulimie ne représentent qu’une partie, sans doute la moins prévalente (moins de 5 %), des troubles du comportement alimentaire observés en pratique médicale courante. Les désordres du comportement alimentaire les plus fréquents sont la restriction calorique, le grignotage, les compulsions alimentaires et l’hyperphagie prandiale. Circonstances du diagnostic Souvent, le désordre du comportement alimentaire est au second plan d’une demande de prise en charge plutôt centrée sur des motifs somatiques : obésité, hyperlipidémie, troubles digestifs, troubles des règles, infertilité. Ces désordres alimentaires peuvent représenter des obstacles majeurs pour les mesures thérapeutiques. Il est donc essentiel d’évaluer un certain nombre de paramètres comme la personnalité et l’environnement du patient ou le contexte anamnestique. « Le comportement alimentaire se caractérise par un ensemble de conduites visant à satisfaire une fonction nutritionnelle quantitative (énergétique) et qualitative (micro et macronutriments), une fonction hédonique (plaisir) et psychosociale, explique le Pr Basdevant, nutritionniste (Hôtel-Dieu, Paris). L’étude clinique du comportement alimentaire comporte une analyse des conduites et une analyse des finalités. L’analyse des conduites se fonde sur des données subjectives rapportées par le sujet. L’analyse des finalités vise à évaluer si ce comportement satisfait ses différents objectifs de manière équilibrée ou si, au contraire, il entraîne une perturbation de l’homéo- 44 stasie énergétique, somatique et/ou psychologique ». Le comportement alimentaire ne se résume pas à la seule prise alimentaire et encore moins au seul repas. La phase pré-ingestive et la phase postingestive sont aussi importantes que la phase ingestive. En effet, une très grande partie des désordres surviennent en dehors des repas (exemple : stockage, vol des aliments, préparation obsessionnelle, tri des aliments, etc.). Il importe donc de préciser par l’interrogatoire dans quelles conditions s’effectuent la recherche et le choix des aliments, leur stockage, leur préparation, leur consommation (cinétique du repas), l’intervalle interprandial et dans quel contexte environnemental et psychologique ces différentes phases s’inscrivent. • La faim correspond au besoin physiologique de manger, et se manifeste par un ensemble de sensations provoquées par la privation de nourriture qui incitent l’individu à rechercher des aliments. Elle s’accompagne souvent de sensations proches de l’anxiété, de la nervosité, de l’irritabilité. • L’appétit correspond à l’envie de manger un aliment ou un groupe d’aliments dont on attend du plaisir. Il répond aux signaux, métaboliques ou autres, qui guident la sélection et la consommation d’aliments et de nutriments spécifiques. La distinction entre les sensations de faim et d’appétit est le propre du contexte socio-nutritionnel pléthorique. • La satiété est un état d’inhibition, dans une certaine mesure, complémentaire de la faim. L’évaluation des apports alimentaires est le complément indispensable de l’analyse du comportement. La composition quantitative et qualitative des ingérés caloriques est évaluée à partir de l’enquête alimentaire qui s’effectue sur une moyenne de consommation hebdomadaire ou mensuelle. Un élément important à prendre en considération est la sous-estimation fréquente des apports alimentaires, même par les personnes les plus avisées. Professions Santé Infirmier Infirmière - No 27-28 - juin-juillet-août 2001 Anne Cormi