dans la rue sans avoir peur Harcèlement de rue : qu'est-ce que c'est ? qu'est-ce que c'est ? sans avoir peur harcèlement de rue dans la rue L'association nationale et locale Solidarité Femmes http://www.solidaritefemmes25.org/ Irène Zeilinger, auteure de « Non c'est Non », paru aux éditions Zones en 2008 consultable sur leur site : http://www.editions-zones.fr/ Peggy CHEKROUN, auteure de l'article « Pourquoi les individus aident-ils moins autrui lorsqu’ils sont nombreux ? » paru dans La Revue électronique de Psychologie Sociale n°2 en 2008, p. 9-16 Le collectif SPRRREAD tient à remercier et vous invite à consulter les travaux de : L'association nationale Stop Harcèlement de rue http://www.stopharcelementderue.org/ Thomas Mathieu, créateur du Projet Crocodile, http://projetcrocodiles.tumblr.com/ L'association mondiale et nationale Hollaback ! http://www.psychologie-sociale.com/reps2.pdf http://www.ihollaback.org/ L'association mondiale et nationale Hollaback ! http://www.ihollaback.org/ Anaïs Bourdet, créatrice du projet Paye Ta Schnek http://payetashnek.tumblr.com/ 4 sans avoir peur dans la rue Qu'est-ce que c'est ? sans avoir peur harcèlement de rue dans la rue Si on se base sur les chiffres de l’enquête « Enveff » réalisée en 2000 auprès de près de 7 000 femmes de 20 à 59 ans, ce sont environ 2,5 millions de personnes qui sont victimes chaque année de harcèlement sexuel dans l’espace public en France. L’enquête « Enveff » révèle que les trois quarts des agressions ont lieu au cours de simples déplacements quotidiens. Cette réalité impose aux personnes de mettre en place des stratégies de protection : détours pour éviter certaines rues, taxi plutôt que transports en commun, réduction des déplacements… contrairement aux idées reçues, cette contrainte ne se limite pas à la nuit et aux lieux isolés puisque, toujours selon cette enquête, 67 % des agressions ont lieu de jour et, dans 65 % des cas, dans des espaces fréquentés par d’autres personnes au moment des faits… Le harcèlement de rue est un phénomène massif qui s’inscrit dans un contexte plus global de réduction des droits des femmes. C'est avant tout une question d'éducation et de sensibilisation. il s’agit d’un sujet prioritaire car ce que l’on qualifie à tort de sujet « banal, inévitable, pas si grave », impose quotidiennement une inégalité basée Essentiellement sur le genre. Chaque jour,des millions de personnes sont renvoyées à un statut sexualisé par autant de personnes qui affirment ainsi un statut de domination et d’impunité. Le harcèlement de rue entraine une limitation de l’accès à l’espace public pour les personnes qui en sont victimes. en refusant collectivement de tolérer l'harcèlement de rue, on peut refaire de l’espace public un espace qui appartient à toutes et à tous. 7 sans avoir peur dans la rue qu'est-ce que c'est ? harcèlement de rue 8 sans avoir peur dans la rue Le harcèlement sexuel dans la rue est la démonstration du sexisme dans sa forme la plus ordinaire et la plus acceptée. Il est un exemple du non-respect des femmes au quotidien. La lutte contre le harcèlement de rue n’est pas un combat contre des personnes mais contre un phénomène de société, contre lequel l’éducation et la sensibilisation peuvent changer les choses. parfois le harcèlement de rue est présenté comme un phénomène masculin, une pulsion naturelle et irrépressible… or toutes et tous, nous apprenons par l’éducation et la vie en société à contrôler nos pulsions, pourquoi celle-ci moins qu’une autre ? le harcèlement de rue dépasse les barrières de genre et d’identité sexuelle. Conclure que « les hommes sont comme ça », c’est les insulter, renier leur libre arbitre. c’est refuser le débat et la recherche des origines du harcèlement. c’est ignorer les sentiments des victimes. parce qu’il est subi par la plupart des femmes mais toléré même par certaines femmes, nous pensons qu’il est un problème grave et urgent. Le harcèlement de rue aborde les notions de respect, de sécurité et de parité, et ceci de manière concrète et visible par tous. Il permet également de parler d’éducation à la mixité. pAR SON CARACTèRE DIFFUS ET ACCEPTé, L'HARCèLEMENT DE RUE INSTALLE ET CONSOLIDE UNE DISCRIMINATION QUI EN ALIMENTE D'autres. les paroles blessent, c'est même la meilleure arme pour détruire une personne de l'intérieur. Au fil du temps, être harcelée dans la rue c'est accumuler et refouler des peurs, des lassitudes, des humiliations, des frustrations. 9 sans avoir peur dans la rue Qu'est-ce que c'est ? sans avoir peur harcèlement de rue dans la rue Qu'est-ce que c'est ? harcèlement de rue Pourquoi les filles ne se sentent pas toutes flattées quand on les aborde ? Compliment Même un pseudo « compliment » peut être malvenu, surtout quand il a trait au physique des personnes ou à leurs choix vestimentaires. Une personne ne se résume pas à ces quelques aspects, et être renvoyée constamment à ceux-ci sous prétexte de leur visibilité c’est aussi une forme d’enfermement. « Complimenter » un physique ou une tenue c’est aussi envoyer indirectement un message clair à la personne : « si tu ne veux pas que ça t’arrive, dissimule-toi ou fais d’autres choix… ». Répété à longueur de journée, ce message est une entrave réelle à la liberté de choix,d’expression et de déplacement des personnes qui en sont victimes. Le fait que ce message repose parfois sur de bonnes intentions n’en provoque pas moins un effet négatif bien réel : obliger les personnes à subir ce message ou à s’y conformer. le harcèlement dans la rue, qu’il soit ou non accompagné de propos sexuels ou sexistes, a toujours une même source : le pouvoir.Le harcèlement met à défaut le confort de la personne prise pour cible et entrave son sentiment de sécurité. Les victimes se considèrent souvent intimidées, malmenées et moquées, atteintes dans leur dignité. Elle l'avait cherché Le harcèlement n’est jamais provoqué, il est uniquement subi ! Chacun-e a le droit de s’habiller et de s’exprimer par son image comme il ou elle l’entend. La société a des lois pour définir ce qui est acceptable dans l’espace public et ce qui ne l’est pas, mais ce n’est certainement pas une affaire d’opinion personnelle. Et ce n’est pas non plus une invitation ! 13 sans avoir peur Il serait faux de dire que personne ne s’habille jamais pour impressionner quelqu’un. Mais beaucoup d’entre nous choisissent simplement leur garde-robe sur des critères culturels, professionnels, météorologiques, religieux, de confort, de couleur. Aucune tenue n’est jamais une invitation au harcèlement. si la cible réagit, elle est potentiellement sujette à des insultes, et à de l’agressivité verbale voir physique ou des menaces, c’est alors un sentiment de danger qui est vécu par la victime. 12 dans la rue qu'est-ce que c'est ? harcèlement de rue 14 sans avoir peur dans la rue harcèlement de rue qu'est-ce que c'est ? Liberté d'expression Ce que dit la loi Si commenter le physique de quelqu’un entre dans le cadre de la liberté d’expression, celle-ci ne doit pas entraver celle des autres à se déplacer librement sans être constamment interpellée. Lorsqu’on on fait un compliment à une personne qui ne nous a rien demandé, il faut se souvenir que l’on est peut-être la dixième personne de la journée à le faire. Au regard de la loi, les injures sont définies comme une invective, une expression outrageante ou méprisante, non précédée d’une provocation et qui n’impute aucun fait précis à la victime. Le qualificatif attribué ne peut pas être vérifié. L’injure publique est une injure pouvant être entendue ou lue par un public inconnu et imprévisible. C’est-à-dire par un nombre indéterminé de personnes étrangères aux deux protagonistes et sans liens étroits entre elles. L’injure publique est punissable par une amende pouvant aller jusqu’à 12 000€. Si c’est une injure raciste, sexiste, homophobe ou contre les handicapés, la peine encourue est de 6 mois de prison et de 22 500€ d’amende, qu’elle ait été prononcée à l’égard d’une personne désignée ou d’un groupe de personnes (Loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse : articles 32 et 33). Si certaines femmes aiment ou tolèrent les sifflements et les commentaires sur leur apparence, ce n’est certainement pas le cas pour les 80 % des 811 femmes interrogées internationalement par Holly Kearl qui disent surveiller constamment leurs alentours. Les 50 % qui doivent traverser la rue et modifier leur itinéraire pour rejoindre leur destination. Les 45 % qui évitent de se déplacer seules. Les 26 % qui doivent mentir et dire qu’elles vont rejoindre quelqu’un. Les 19 % qui ont dû déménager et les 9 % qui ont dû changer de travail pour éviter le harcèlement dans la rue. L’exhibition sexuelle imposée à la vue d’autrui dans un lieu accessible aux regards du public est punie d’un an d’emprisonnement et de 15 000 € d’amende. (Article 222-32 du code pénal) Les agressions sexuelles autres que le viol sont punies de 5 ans d’emprisonnement et de 75 000 € d’amende. Constitue une agression sexuelle « toute atteinte sexuelle commise avec violence, contrainte, menace ou surprise » (Article 222-27 du code pénal). La jurisprudence renseigne sur la nécessité d’un contact entre l’auteur et la victime. Elle classe aussi les attouchements ou les caresses du sexe, des fesses, des cuisses, de la poitrine dans le cadre des agressions sexuelles. 16 sans avoir peur dans la rue Qu'est-ce que c'est ? sans avoir peur harcèlement de rue dans la rue 19 sans avoir peur Parlons fort, soyons claires Nous n’avons aucune raison de sourire à l’agresseur. Décrivons le comportement et soulignons en quoi il est mauvais : « Votre main touche ma cuisse, ça me gêne, enlevez-la. » Nous pouvons prendre à témoin les personnes qui nous entourent, nous pouvons répéterà haute voix les paroles de l’agresseur en incluant les témoins. Nous pouvons prendre le harceleur en photo,même faire semblant de le faire peut mettre fin à une altercation. Rendons‑nous grandes Nous pouvons dire exactement ce qu’il se passe et ce que nous voulons : « Ne me sifflez pas, c’est du harcèlement ! » Harcèlement de rue : comment se défendre ? 18 dans la rue qu'est-ce que c'est ? harcèlement de rue 20 sans avoir peur dans la rue 22 sans avoir peur Identifions le harcèlement : - Propos déplacés - Gestes déplacés - Insultes Occupons l'espace Désignons quelqu'un dans la foule pour nous aider : « Vous, avec l’écharpe verte, ne me laissez pas seule, cet homme m’agresse ! » Nous avons le droit de nous défendre. Attaquons le comportement plutôt que la personne : « Vous me harcelez ! » et non « Gros con ! » Nous pouvons répéter le même argument en boucle : « Ça ne m'intéresse pas ! » Nous valons la peine de nous défendre. Harcèlement de rue : comment se défendre ? 21 dans la rue Qu'est-ce que c'est ? harcèlement de rue 23 sans avoir peur dans la rue comment se défendre ? harcèlement de rue comment se défendre face au harcèlement de rue ? limites En cas de transgression de nos limites, nous pouvons constater certaines réactions spontanées, qui nous signalent que quelque-chose cloche. Nous les utilisons comme des sortes d’alarmes intérieures, qui nous permettent de pouvoir réagir à temps. • Réactions comportementales : rire nerveux, rompre le contact visuel, reculer ou ne pas prendre sa place, se retirer d’un groupe… • Réactions mentales : étonnement, recherche d’explications, banalisation du ressenti, se déconnecter… • Réactions physiologiques : nœud dans l’estomac, fréquence cardiaque élevée, respiration accélérée, pression sur la poitrine, tension dans les extrémités, les épaules ou la mâchoire, changement de couleur (rougir ou pâlir), mains moites, frissons, transpiration, chair de poule… • Réactions émotionnelles : peur, colère, énervement, appréhension, timidité, mécontentement… Pour les cibles du harcèlement de rue, connaître les techniques d’autodéfense féministe permet d’améliorer ses capacités de défense face à des agressions verbales ou physique. l’autodéfense féministe permet de : • repérer des situations potentiellement dangereuses, les évaluer et choisir sa stratégie en fonction des circonstances Les limites servent d’ailleurs à quelquechose : à nous différencier des autres (qu’est-ce qui t’appartient à toi, qu’est-ce qui m’appartient à moi) le respect et pouvoir se faire respecter, à trouver l’équilibre entre autonomie et dépendance, à pouvoir créer et maintenir des relations saines et enrichissantes. Avoir des limites, les ressentir et les poser ne sont pas des actes égoïstes, mais un ingrédient indispensable de toute interaction humaine basée sur le respect. 25 sans avoir peur En posant nos limites, nous donnons à l’autre une occasion de comprendre quelque-chose sur nous, sur notre relation ou/et sur lui-même. Mais les défenses les plus efficaces –impolitesse, colère, méfiance, défense physique– sont aussi celles auxquelles les femmes sont le moins préparées de par leur éducation et leur socialisation. •augmenter sa confiance en soi, connaître ses limites,comprendre que l’on vaut la peine de se défendre et que l’on en a le droit • poser ses limites face à tout ce qui est évitable et désagréable • se protéger et se défendre par tous les moyens contre les agressions que l’on n’arrive pas à désamorcer en amont. 24 dans la rue Qu'est-ce que c'est ? harcèlement de rue 26 sans avoir peur dans la rue comment se défendre ? harcèlement de rue Quelles sont les meilleures stratégies de défense ? la fuite Ne pas se trouver là où frappe l’agresseur est la meilleure manière de ne pas recevoir de coups. Nous n’avons rien à prouver ! Savoir comment nous défendre ne veut pas dire que nous sommes obligées de le faire. La fuite n’entache pas notre honneur. Vous pouvez comprendre la stratégie de la fuite en un sens littéral, à savoir courir, vous éloigner, vous mettre en sécurité physiquement. Une petite condition quand même, la fuite physique n’a de sens que si vous connaissez un espace de sécurité, c’est à dire un endroit où il y a du monde (magasin, café, gare, maison de la voisine, commissariat de police, etc.), un endroit proche que vous êtes sûre de pouvoir atteindre en courant avant que l’agresseur ne vous rattrape. Sinon, courir avec quelqu’un derrière vous que vous ne pouvez pas voir (ou que vous ne pouvez voir que si vous ne regardez pas le chemin) est risqué. Vous pourriez tomber et vous faire mal. Vous investissez toutes vos forces dans la fuite et serez affaiblie si la confrontation physique est nécessaire. Vous ne voyez pas ce que l’agresseur manigance. Donc : courir oui, mais seulement si vous êtes sûre d’arriver à temps. sans avoir peur Si vous êtes victime d'harcèlement de rue, gardez toujours en tête la vraie priorité , qui est de vous sortir de là, mettre un terme à la situation désagréable et/ou dangereuse, le plus rapidement possible. Une deuxième manière de s’enfuir s’entend au sens figuré : refuser d’écouter ce qu’un agresseur nous raconte, éviter certains sujets qui mènent facilement au conflit, ne pas nous laisser entraîner dans une discussion malsaine et ainsi de suite. Dans des situations où notre intégrité physique n’est pas directement menacée, nous confondons souvent la fuite avec la stratégie de l’autruche. Vous pouvez aisément faire la différence : si vous avez évité un conflit et que cela continue à vous turlupiner, il est fort probable que vous vous soyez conduite en autruche. Une vraie fuite est une fuite choisie. Avec un peu d’expérience, vous pourrez rapidement dire si une fuite est vraie dans telle ou telle situation. les meilleures solutions pour se défendre sont : • la fuite • l'intervention paradoxale • faire un scandale et chercher de l'aide •l'apaisement • la confrontation dans la rue qu'est-ce que c'est ? harcèlement de rue 29 sans avoir peur dans la rue harcèlement de rue comment se défendre ? l'apaisement Certaines personnes deviennent agressives parce qu’elles ne savent pas gérer leurs émotions et leurs frustrations. Vous pouvez arrêter l’agression en calmant l’agresseur, en faisant de la désescalade. Il ne s’agit pas de faire preuve d’un esprit de sacrifice ! Si votre sécurité personnelle a la priorité, se taire, avaler sa fierté et donner à l’autre ce dont il a besoin est parfois le meilleur choix. La stratégie de la désescalade est tout ce qui peut diminuer la frustration de l’agresseur. Déjà l’écouter peut suffir, donner du temps, écouter, comprendre, c’est la base d’une bonne désescalade, et le reste dépendra de la raison de la frustration de l’agresseur. l'intervention paradoxale Il faut donc écouter attentivement pour pouvoir réagir à ces indices et pour observer si la désescalade fonctionne. Pratiquer cette technique ne veut d’ailleurs pas dire s’écraser complètement. C’est une attitude que vous choisissez consciemment dans des situations très précises afin de calmer les émotions débordantes. Cela ne vous empêche pas, plus tard, quand les vagues se seront calmées, de parler avec votre agresseur, surtout quand vous avez affaire à lui de manière régulière. la fuite Appeler « au secours ! » n’est pas une bonne idée, car les gens ne tourneront guère la tête. D’abord, on crie facilement au secours pour rigoler, et puis le secours à porter n’est pas dans leur intérêt. Crier « au feu ! » attire plus d’attention. Parce que c’est moins commun et parce que le feu concerne tout le monde. Le fait que des gens regardent peut déjà décourager des agresseurs. Faire un scandale, crier « au feu ! » à pleins poumons, siffler ou faire du bruit sont des stratégies qui vont attirer l’attention de l’entourage et qui peuvent déjà suffir pour mettre un terme au danger. 31 sans avoir peur Si vous voulez faire plus que simplement attirer l’attention, il vous faut prendre l’initiative. Adressez-vous non au groupe, mais à des personnes spécifiques : « Vous là avec la veste verte… » Cela attirera l’attention du groupe entier sur cette personne qui pourra difficilement se défiler sous cette pression. Vous pouvez ainsi indiquer plusieurs « volontaires ». Pour leur faciliter la tâche, donnez-leur des consignes concrètes et réalistes, sans leur laisser le choix : l’un peut appeler la police sur son téléphone portable, l’autre peut vous raccompagner à la maison… Le principe de cette stratégie au nom compliqué est simple : toutes les situations d’interaction humaine, y compris les agressions, se fondent sur le sens que les acteurs/trices mettent dans leurs actions. Si quelqu’un fait ou dit quelque chose, c’est qu’il veut dire quelque-chose par là. Pour ce qui est de la communication, la formule du linguiste et psychiatre Paul Watzlawick est bien connue : il est impossible de ne pas communiquer. Cela s’applique à toute interaction, pas seulement à la communication. Selon ce principe, il est donc strictement impossible de « ne rien faire » quand vous êtes agressée. Même si vous ne bougez pas, cela envoie quand même un message à l’agresseur, par exemple que vous êtes paralysée de panique, et cela peut l’encourager à continuer. Même en ne faisant « rien », votre attitude a quand même un impact sur l’interaction. En fait, l’interaction humaine ne fonctionne que parce que tous les acteurs impliqués cherchent constamment et inconsciemment un sens à ce que l’autre fait ou dit. Si une personne refuse de produire du sens, l’interaction ne peut plus avancer. L’autre personne va chercherun sens qui n’existe pas, et cela la bloque et la déstabilise. En général, un agresseur a une certaine idée préconçue de la façon dont va se dérouler la situation d’agression. Si la victime ne se comporte pas comme prévu, l’agresseur n’a pas de plan B tout prêt et doit d’abord réfléchir pour pouvoir s’adapter à la nouvelle situation. C’est ce que l’on appelle l’effet de surprise. L’intervention paradoxale renforce cet effet de surprise car le comportement de la victime est non seulement inattendu, mais de plus n’a aucun sens ! Imaginez-vous un agresseur qui se casse la tête pour comprendre ce qui lui arrive… Un agresseur occupé à réfléchir est un agresseur inoffensif. 30 dans la rue qu'est-ce que c'est ? harcèlement de rue 32 sans avoir peur dans la rue comment se défendre ? harcèlement de rue La défense verbale La confrontation La défense verbale passe par plusieurs étapes et comporte une série de règles. Pour pouvoir nous défendre verbalement, il faut : • Écouter nos émotions et les signaux d’alarme de notre corps pour repérer le plus tôt possible quand nos limites sont transgressées. • Gérer nos émotions. Si nous nous laissons emporter par nos émotions, nous ne sommes plus disponibles pour reconnaître celles de l’agresseur et pour adapter notre défense. Nous justifier, nier, discuter, agresser ou culpabiliser l’autre sont des réactions typiques et sans efficacité quand nous nous sommes emportées. • Prendre l’agresseur au sérieux : nous devons laisser à l’autre sa valeur si nous voulons éviter l’escalade du conflit. Ceci inclut de ne pas nier ou ignorer les signaux que l’agresseur émet, de montrer de l’intérêt. À éviter : sarcasmes, cynisme, insultes, faire perdre la face,critiquer la personne au lieu de critiquer le comportement. • Évaluer la situation et nos alternatives et choisir une stratégie adaptée, tout en restant attentives et flexibles au cas où la stratégie choisie ne fonctionne pas. sans avoir peur • Laisser une porte de sortie pour nous et pour l’agresseur, pour ne pas le stresser plus que nécessaire. Nous évitons donc toutes les réactions pouvant provoquer une panique chez l’agresseur (gestes brusques et/ou agressifs, trop grande proximité…). • Intervenir le plus tôt possible avec détermination : quelle que soit la stratégie que nous avons choisie, nous devons la mettre en pratique rapidement et sans hésiter pour nous assurer d’un plus grand impact sur l’agresseur. • Attirer l’attention de l’agresseur : l’appeler par son nom ou, si c’est un inconnu, par « Monsieur » ou « Madame » attire son attention, établit un contact et indique à qui nous parlons, ce qui est important, pour lui, et les témoins. La dernière stratégie est celle de la confrontation. C’est un mot qui évoque immédiatement des images de bagarre, d’agressivité, de bras de fer. L’expression ne signifie pourtant rien d’autre que faire face au conflit, ne pas l’éviter. Dans le contexte de l’autodéfense, cela désigne tout ce qui nous permet de poser nos limites, tout ce qui fait que nous ne nous laissons pas faire. Pour la plupart des femmes, c’est la stratégie qui présentera le plus de difficultés en raison de leur éducation et de leur socialisation. Parce que l’on a tellement peu l’habitude qu’une femme pose ses limites, les autres risquent de nous qualifier d’agressives quand nous ne nous laissons pas faire face à une transgression. Mais la confrontation n’a rien à voir avec l’agressivité. Elle est un signe de respect et de confiance en soi et de détermination. Poser une limite fonctionne suivant ce schéma : tout d’abord, nous nous protégeons, nous évitons des dégâts supplémentaires. Quand nous nous sommes assez protégées, nous passons à la confrontation proprement dite. Nous posons nos limites verbalement, non verbalement et, si nécessaire, physiquement, de manière claire et cohérente. • Savoir quand c’est fini : comme le but de la défense verbale n’est ni d’avoir raison, ni d’avoir le dernier mot, il est inutile, de rester dans la situation trop longtemps,par exemple pour observer les conséquences de l’intervention. dans la rue qu'est-ce que c'est ? harcèlement de rue 35 sans avoir peur dans la rue sans avoir peur Appelez la police ( 17 ou 112), vous pouvez aussi alerter les personnes dans un bar ou une boîte, et si nécessaire faire des photos ou vidéos pour avoir des preuves. Distraire le harceleur en se faisant passer pour un ami de la victime, ou en demandant un renseignement à l’agresseur... Le but étant de le surprendre afin de faire retomber sa violence, le détourner de sa cible. Toujours penser à sa propre sécurité et à celle de la victime. Si l’harceleur est un ami ou un proche, ne l'encouragez pas, stoppez-le et expliquez ensuite qu’il n’a pas le droit de faire cela. Vous pouvez vous confronter à l’agresseur en lui expliquant qu’il ne peut pas faire celA : « Arrêtez de faire ça, c’est du harcèlement, laissez cette personne tranquille, éloignez-vous ! » Les témoins directs d’une agression peuvent aussi être heurtés par ce qu'ils ont vu ou entendu. Vous pouvez appeler les associations d’aide aux victimes. (INAVEM 08 842 846 37) Harcèlement de rue : comment réagir en tant que témoin ? dans la rue Qu'est-ce que c'est ? sans avoir peur harcèlement de rue dans la rue sans avoir peur Après l'agression, vous pouvez rester auprès de la victime pour la rassurer. Essayez de l'encouragez à porter plainte surtout si il s’agit d’un viol ou d’une agression sexuelle. Observez l’agresseur pour pouvoir en faire un signalement et faciliter le travail d'identification. Décrivez par exemple les vêtements, la démarche, le mode opératoire, la plaque d’immatriculation.. Dans les transports publics, si vous êtes à quai, vous pouvez tirer la sonnette d’alarme pour faire arrêter le train ou le métro. Vous pouvez chercher le contact visuel ou engager un dialogue avec d’autres personnes pour créer un mouvement de solidarité. vous pouvez essayer de les mobiliser en leur disant : « réagissons, on est plus nombreux qu’eux ! » ne culpabilisez pas la victime en lui TENAnt des PROPOS comme : « Tu ne devrais pas t’habiller comme ça… » « moi j’aurais fait ça… » Ne pas venir en aide à une personne agressée est de la non assistance À personne en danger Vous pouvez vous allier À D’autres personnes avant de réagir ou pendant : lorsqu’une première personne réagit, cela incite les autres à le faire. Harcèlement de rue : comment réagir en tant que témoin ? dans la rue qu'est-ce que c'est ? sans avoir peur harcèlement de rue dans la rue harcèlement de rue comment réagir en tant que témoin ? Influence sociale Ce phénomène implique que dans une situation d’urgence potentiellement ambiguë, un individu placé en présence d’autres personnes va probablement, faute de moyens objectifs, être tenté de s’assurer de l’exactitude de sa propre interprétation de la situation en observant la réaction des autres personnes présentes. Avant d’intervenir, le témoin d’une situation d’urgence va ainsi vérifier qu’il a bien compris la situation. Or, si tous les témoins adoptent cette même stratégie, un moment va passer durant lequel ils vont tous s’observer mutuellement sans agir. Face à cette inaction des autres, chaque individu va pouvoir considérer que la situation est peut-être moins urgente qu’il ne le pensait et décider de ne pas intervenir. On parle d’un phénomène d’ignorance plurielle. La conséquence minimale de ce processus qui peut être observée est un délai plus long pour l’apparition d’aide quand le nombre d’aidants potentiels est grand. La conséquence la plus importante pourra être une absence totale d’intervention de la part des témoins. sans avoir peur diffusion de responsabilité Quand un individu se trouve seul face à une urgence, lui-seul est susceptible d’apporter de l’aide, la responsabilité de l’aide repose sur lui seul. Mais, quand plusieurs personnes sont là, la responsabilité de l’intervention ne se limite pas à l’une d’entre elles. La responsabilité se trouve partagée entre tous ces témoins. Plus le nombre de témoins est grand, plus la diffusion de la responsabilité est forte, donc plus la part de responsabilité incombant à chaque individu est faible. Une non intervention est ainsi nettement moins coûteuse psychologiquement pour un individu que s’il avait été seul à devoir réagir face à l’urgence. Ceci explique alors que la probabilité qu’un individu intervienne face à une urgence diminue au fur et à mesure que le nombre de témoins augmente. Ce processus n’impose pas, par ailleurs, que le sujet voit ou soit vu par les autres témoins. Il suffit qu’un individu sache que d’autres personnes assistent également à la scène pour que la diffusion de la responsabilité entre en jeu, et ceci y compris si les témoins n’ont pas mutuellement connaissance de leurs réactions. La simple connaissance de la présence d’autrui suffit, en réduisant la part de responsabilité individuelle, à inhiber l’intervention de chacun des témoins. Pourquoi les témoins n'interviennent pas toujours ? Des psycHologues sociaux ont identifié un phénomène nommé « L'effet spectateur ». Ce dernier se manifeste lorsque nous sommes témoin de violence, et que la situation nécessite d'agir rapidement. Notre comportement d'aide et alors inhibé par la simple présence d’autres personnes sur le lieu. Ainsi, plus les témoins de la scène sont nombreux, moins il y a de chances pour que quelqu'un intervienne. Par contre, chances pour qu'il agisse. trois principaux processus favorisent l'inaction : • l'influence sociale • l'appréhension à l'évaluation • la diffusion des responsabilité dans la rue qu'est-ce que c'est ? harcèlement de rue 44 sans avoir peur dans la rue comment Réagir en tant que témoin ? harcèlement de rue réduction de l'effet témoin appréhension de l’évaluation Si l’effet spectateur semble relativement robuste et stable, et si la présence d’autrui inhibe manifestement le plus souvent les conduites d’aide, un certain nombre de travaux ont cependant pu mettre en évidence des facteurs en mesure d’éviter ou, tout au moins, de réduire cet effet. Ces facteurs semblent, pour la plupart, éviter l’apparition de l’effet spectateur en réduisant la diffusion de responsabilité ou l’influence sociale. Récemment, Fischer, Frey, Pollozek et Greitemeyer (2006) sont parvenus à éviter l’apparition de l’effet spectateur en manipulant l’importance du danger encouru par une victime. Dans cette étude, une jeune femme se faisant agresser par un homme de stature imposante recevait autant d’aide, que les participants assistant à la scène soient seuls ou plusieurs. Lorsqu’un individu décide d’intervenir dans une situation d’urgence, il prend le risque de s’être trompé en interprétant cette situation comme une urgence ou en considérant qu’il doit intervenir. En présence d’autrui, ce risque s’accompagne d’une crainte de voir son comportement évalué négativement, voir d’une peur de paraître ridicule en cas d’erreur. La crainte d’être évalué négativement par les autres témoins est un facteur susceptible d’inhiber les conduites d’aide en présence d’autrui. Par contre, lorsque le danger était moindre pour cette jeune femme du fait d’un agresseur moins menaçant (un homme petit et maigre), l’effet spectateur apparaissait de manière classique : les témoins en groupe venaient moins au secours de la jeune femme que les témoins seuls. Dans la même veine, des chercheurs ont suggéré que dès lors que la personne ayant besoin d’aide en fait une demande explicite, l'effet spectateur n’apparaît pas. ne présentant pas d’ambiguïté quant au danger encouru par la victime, les témoins n’ont pas besoin de se référer aux réactions d’autrui pour déterminer la réponse adaptée, ce qui évite l’apparition du phénomène d’ignorance plurielle. sans avoir peur Culpabilité J’ai été témoin d’une agression et je n’ai pas pu réagir. Je culpabilise, que puis-je faire ? Il est toujours possible d’appeler des associations d’aide aux victimes. L’Inavem, la fédération nationale d’aide aux victimes et de médiation, en regroupe 150. « Il suffit d’appeler le numéro Victime non surtaxé (08 842 846 37) », recommande Olivia Mons, responsable communication de la fédération, qui considère que les témoins directs d’une infraction peuvent aussi être des victimes. À l’autre bout du fil, des professionnels écoutent et tentent d’avoir un discours Déculpabilisant : « Pour ceux qui n’ont pas osé réagir, nous allons leur dire que c’est normal, que c’est humain, que chacun est différent et qu’on réagit avec ses faiblesses et ses forces ». dans la rue qu'est-ce que c'est ? harcèlement de rue 47 sans avoir peur dans la rue