Cancer et alcool, risques de cancer liés à la consommation d`alcool

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Alcool et cancer
Messages clés
L’alcool est un cancérogène avéré (groupe 1 du CIRC). Il serait responsable de 11% des
cancers chez les hommes et de 4.5% des cancers chez les femmes.
L’alcool augmente plus particulièrement le risque de développer certains cancers : voies
aérodigestives supérieures, œsophage, foie, sein, cancer colorectal. Pour les autres
localisations, les données scientifiques disponibles ne permettent pas de conclure. Aucun type d’alcool n’est plus à risque qu’un autre, tous les types de boissons alcoolisées
produisent le même effet : c’est la quantité d’alcool pur consommée qui expose au risque
de développer un cancer. Consommer au moins 1 verre d’alcool par jour augmente le risque de développer un cancer. Compte tenu de ses effets sur la santé, réduire la consommation d’alcool est une priorité de
santé publique, en France comme en Europe (campagnes de prévention, PNNS, loi Evin,
programmes de recherche, etc).
Alcool et risques de cancer
Evolution de la consommation d'alcool en France et incidence des cancers
Facteurs pouvant interagir avec l'effet de l'alcool
Alcool et inégalités sociales de santé
Evolutions récentes
Alcool et risques de cancer
On estime que 11% des cancers chez les hommes et 4,5% des cancers chez les femmes seraient attribuables
à la consommation d’alcool. C’est la deuxième cause de mortalité évitable par cancer en France, après le
tabac (CIRC, 2007).
L’alcool est un cancérogène avéré pour l’homme (groupe 1 du CIRC). La consommation de boissons
alcoolisées augmente le risque de cancers des voies aérodigestives supérieures (VADS) , de l’œsophage, du
foie, du sein chez la femme, et du cancer colorectal. La relation n’est pas démontrée pour le risque de cancer
du rein. Pour les autres localisations, les données scientifiques disponibles ne permettent pas de conclure
(CIRC, 2010).
L’augmentation du risque de cancer n’est cependant pas la même selon les localisations de cancer : pour une
consommation moyenne de 62,3 grammes d’alcool (environ 6 verres) par jour chez les hommes et de 14,4
grammes (environ 1 verre et demi) par jour chez les femmes, les risques relatifs sont les suivants :
Consommation d'alcool et risques relatifs de différents cancers
Risques
Nombre de décès par
Risques
Nombre de décès par
Cancers
relatifs chez
les hommes
cancer attribuables à
l'alcool chez les hommes
relatifs chez
les femmes
cancer attribuable sà
l'alcool chez les femmes
Cavité
buccale,
pharynx
3,41*
2402
1,33
177
Oesophage
2,23
1726
1,20
120
Colorectal
1,13
1010
1,03
216
Foie
1,47
1754
1,09
163
Larynx
2,34
726
1,22
27
­
­
1,10
1075
Sein
Source : Les causes du cancer en France, CIRC (2007); Evolution de la mortalité par cancer en France de
1950 à 2006 InVS, 2006)
*Exemple de lecture: un homme qui boit en moyenne 62,3 grammes d’alcool par jour a plus de 3,4 fois plus
de risques de développer un cancer de la cavité buccale ou du pharynx que quelqu’un qui ne boit pas
d’alcool. Aucun type d’alcool n’est plus à risque qu’un autre, tous les types de boissons alcoolisées produisent le même
effet : c’est la quantité d’alcool pur consommée qui expose au risque de développer un cancer. Aucune dose de consommation d’alcool n’a été identifiée sans risque, c’est­à­dire que même une faible
consommation expose à une augmentation du risque de développer un cancer. Celle­ci est significative à
partir d’une consommation moyenne d’alcool de 10g/jour, soit un verre « standard » (Allen, 2009 ;
Tramacere, 2010). Les personnes ayant consommé de l’alcool régulièrement et qui stoppent leur consommation diminuent leur
risque de cancer des VADS à partir de 10 ans après l’arrêt. Après 20 ans, leur risque devient équivalent à une
personne n’ayant jamais consommé d’alcool (INCa, 2010).
Evolution de la consommation d’alcool en
France et incidence des cancers
En 2003, la France se plaçait au 4e rang européen concernant la consommation d’alcool (OMS, 2004), bien
que celle­ci ait fortement diminué depuis les années 60. Selon les chiffres de vente d’alcool, la consommation moyenne en 2009 en France était de 12,3 litres d’alcool
pur par an, soit un peu moins de trois verres « standard » par jour et par personne (OMS, Insee, groupe
IDA). La France fait donc toujours partie des pays de l’Union européenne les plus consommateurs d’alcool. Si
les quantités d’alcool consommées sur le territoire français ont baissé d’un peu plus de 10 % entre 1999 et
2008, ce fléchissement prolonge une tendance plus ancienne et provient essentiellement de la diminution de
la consommation de vin (INSEE).
La diminution de la consommation d’alcool explique en partie (avec la diminution de la consommation de
tabac) la diminution de l’incidence des cancers des VADS et de l’œsophage depuis le début des années 80
(diminution d’environ 50% pour chacun de ces cancers), notamment chez les hommes (INCa, 2010).
Facteurs pouvant interagir avec l’effet de
l’alcool
La consommation de tabac
L’effet cancérogène de la consommation seule de l’alcool a été démontré, mais l’alcool et le tabac ont des
effets synergiques : l’augmentation du risque de cancer est plus forte lorsque tabac et alcool sont
consommés conjointement (Zeka, 2003), notamment pour les cancers des VADS. Ce n’est en revanche pas
le cas d’après les données disponibles sur le cancer du sein, pour lequel la combinaison alcool­tabac ne fait pas
augmenter le risque, comparé à une consommation d’alcool seul.
Le polymorphisme génétique
Une fois absorbé par l’organisme, l’alcool est pris en charge par deux enzymes. Celles­ci peuvent faire l’objet
de polymorphismes génétiques. Un des produits résultant du métabolisme de l’alcool par ces enzymes est
l’acétaldéhyde, lui­même classé cancérogène avéré (groupe 1 du CIRC). Certains polymorphismes
contribuent à la capacité des individus à métaboliser l’alcool. En fonction de la forme des gènes
correspondants aux enzymes, leurs activités enzymatiques sont augmentées ou diminuées. Dans certains
cas, ils exposent donc les consommateurs d’alcool à un risque plus important de développer un cancer des
VADS (Druesne­Pecollo, 2009).
Alcool et inégalités sociales de santé
En France, les hommes les moins diplômés (niveau inférieur au baccalauréat) consomment deux fois plus
d’alcool que les plus diplômés (bac +5 ou plus). Les chômeurs entre 35 et 59 ans ont également une
consommation d’alcool plus importante que les hommes actifs, et présentent un sur­risque de 30% d’avoir
un usage d’alcool « à risque » (Inpes, 2005). L’alcool étant un facteur de risque de cancers des VADS, ces inégalités de consommation entre différentes
populations peuvent expliquer en grande partie les écarts importants de taux de mortalité par cancer des
VADS entre les personnes ayant des niveaux d’études différents (Menvielle, 2007) : les personnes ayant un
niveau d’études faible présentent un risque plus important de développer ce type de cancer.
Evolutions récentes
Même si la consommation d’alcool est en baisse en France, elle reste toujours élevée. Compte tenu de ses
effets sur la santé, réduire sa consommation est une priorité de santé publique, en France comme en Europe.
Depuis la loi Evin du 10 janvier 1991, la vente d’alcool et sa publicité sont réglementées.
Un des neuf objectifs prioritaires du Plan National Nutrition Santé (PNNS) est de réduire la consommation
annuelle d’alcool par habitant de 20% afin de la faire passer en dessous de 8,5 l/an/habitant. Pour cela, de
nombreuses campagnes de prévention sont diffusées par l’Inpes. Leur objectif est d’améliorer la connaissance
de la population sur les repères de consommation des différentes boissons alcoolisées et de la sensibiliser sur
les dangers d’une consommation régulière, même modérée. Au niveau international, réduire la consommation d’alcool est également une préoccupation prioritaire pour la
Commission européenne et l’OMS. La Commission européenne a lancé sa première stratégie de lutte en 2006.
L’OMS a publié en 2006 un document destiné à faciliter l’élaboration de politiques et d’actions pour prévenir
ou réduire les méfaits de l’alcool, suivi en 2009 par un ouvrage destiné à renforcer les stratégies nationales.
Une monographie du CIRC sur le risque de cancer associé à la consommation d’alcool a été publiée en 2010.
Elle conclut que la consommation d’alcool est un cancérogène avéré (groupe 1) pour l’homme. La MILDT, l’INCa et l’université Paris 13 ont ouvert au mois de juin 2011 un appel à projets de recherche sur
le thème « Prévention, Drogues et Société », dont un des axes thématiques est « Inégalités sociales,
précarité et consommations de tabac, alcool et drogues illicites ».
Sources rédactionnelles : INCa, NACRe, Inpes, , InVS, WHO
Auteur : Unité Cancer Environnement
Nos fiches sur ce thème
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Cancer du sein
CIRC, Revue des cancérogènes pour l'Homme : tabac, noix d'arec, alcool, fumée de charbon [...]
Classification des substances cancérogènes par le CIRC
Tabac
Pour aller plus loin
Rapports et textes officiels
Expertise collective, Inserm, 2001 : Alcool. Consommation et effets sur la santé
HCSP, 2009 : Analyse des recommandations en matière de consommation d'alcool
INPES, 2008. Baromètre santé
Programme National Nutrition Santé (PNNS) 2011­2015
World Cancer Research, 2010 : Rapport scientifique “Food, Nutrition, Physical Activity, and the Prevention
of Cancer: a Global Perspective”
Etudes et publications scientifiques
Allen et al. 2009. Moderate alcohol intake and cancer incidence in women
Baganardi, 2012. Light alcohol drinking and cancer: a meta­analysis
BEH, 2006. Alcool et santé en France. Etat des lieux
BEH, 2013. L’alcool, toujours un facteur de risque majeur pour la santé en France
Druene­Pecollo et al. 2009. Alcohol and genetic polymorphisms [...]
Menvielle et al. 2007. Socioeconomic inequalities in alcohol related cancer mortality among men [...
NCI 2013, Alcohol and Cancer Risk
OFDT, 2011. Consommations de produits psychoactifs à 17 ans
Pelucchi et al. 2011. Alcohol consumption and cancer risk
Tramacère et al. 2010. Meta­analysis of alcohol drinking and oral pharyngeal cancers
Zeka et al. 2003. Effects of alcohol and tobacco on aerodigestive cancer risks [...]
Informations des publics
Alcool: votre corps se souvient de tout (repères de consommation et risques)
Articles 93 à 96 vente et distribution d’alcool, loi hôpital, patients, santé [...]
INCa, 2011. Fiche repère alcool et cancers
INCa, 2015 NUTRITION & CANCERS Alimentation, consommation d’alcool, activité physique et poids
INCa, NACRe, 2009. Nutrition et prévention des cancers: des connaissances scientifiques [...]
Loi Evin du 10 janvier 1991
Site internet Alcool Info Service
Dossiers et autres ressources
INPES : accès à la base documentaire Alcool. Grand public et professionnels
Insee. Dossier sur la consommation d'alcool en France
INSERM, 2016 : Alcool et santé
OFDT. Dossier thématique sur l'alcool
Mise à jour le 21 avr. 2016
Copyright 2016 ­ Centre Léon­Bérard
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