Doit-on faire un prélèvement de gorge avant de traiter une angine érythémato-pultacée ? La majorité des angines sont d’origine virale et ne nécessitent donc pas un traitement antibiotique. Cependant, 25 à 40 % des angines de l’enfant et 10 à 25 % des angines de l’adulte sont dues au streptocoque bêta-hémolytique du groupe A (SBGA) et doivent donc être traitées par antibiotiques afin de diminuer la durée des symptômes et d’éviter la survenue de complications locales ou régionales (phlegmons, cellulites cervico-faciales) et de complications non suppuratives, notamment le rhumatisme articulaire aigu (RAA). Dans la mesure où il n’y a pas de signes cliniques permettant de différencier une angine virale d’une angine bactérienne, la recommandation actuelle en France est de traiter de manière systématique par antibiotiques toute angine aiguë. Le retard au début du traitement, lié à l’attente des résultats du prélèvement bactériologique, n’a pas d’incidence sur le risque de survenue d’un RAA. Il n’est cependant pas possible de recommander un prélèvement bactériologique systématique pour toutes les angines : d’une part pour des raisons économiques (environ 180 F avec examen direct, culture et antibiogramme) et, d’autre part, en raison de la contrainte pour le patient de devoir revenir en consultation pour les résultats du prélèvement. Les indications de prélèvement de gorge sont très réduites dans le cadre d’une angine érythémato-pultacée et ne doivent être réservées qu’aux angines en échec malgré un traitement antibiotique adapté et bien suivi. Dans ce cas, il faut également prescrire un test de Paul-Bunnel-Davidson ou un MNI-test, car le diagnostic le plus probable est celui de mononucléose infectieuse, qui est le diagnostic différentiel essentiel devant une angine en échec sous traitement médical. Bien entendu, un prélèvement de gorge est indiqué, de même qu’une numération formule sanguine, chez les patients qui présentent une angine ulcéreuse ou pseudomembraneuse. Correspondances en médecine - n° 3-4, vol. II - 3e et 4e trimestres 2001 La mise à disposition de tests de diagnostic rapide (TDR) devrait permettre à l’avenir de modifier la prescription systématique d’antibiotiques pour toutes les angines. En effet, ces tests, dont la réponse est immédiate, ont une sensibilité supérieure à 90 % et permettent de différencier les angines virales des angines bactériennes à SBGA. Un test de positivité confirmera l’existence d’une angine bactérienne et donc la nécessité d’un traitement antibiotique. Un TDR négatif ne justifiera un prélèvement de gorge que lorsqu’il existe des risques particuliers de RAA (antécédents personnels de RAA, sujet âgé de 5 à 25 ans et présentant l’un des facteurs de risque suivants : conditions socio-économiques difficiles, antécédents d’épisodes multiples d’angines ou séjour en région d’endémie streptococcique [Antilles, Afrique]). Le prélèvement de gorge, dont le résultat est obtenu après quarantehuit heures, s’il confirme la présence de streptocoque bêta-hémolytique du groupe A, permet un diagnostic de certitude et la décision d’une antibiothérapie. La CNAM s’est déclarée favorable à la généralisation des TDR de l’angine après les résultats encourageants de l’étude conduite par le Pr H. Portier, en Bourgogne. Ces tests devraient permettre de diminuer de 6 millions le nombre de prescriptions annuelles d’antibiotiques pour angine (actuellement estimé entre 9 et 11 millions par an). Le ministère de l’Emploi et de la Solidarité doit recevoir, en septembre, le rapport de l’ensemble des études de la région Bourgogne et statuer sur la généralisation ou non de ces tests. B. Barry, ORL Les modalités du prélèvement de gorge : Le prélèvement de gorge se fait par écouvillonnage appuyé d’une amygdale à l’autre et de la paroi pharyngée postérieure en évitant de toucher la langue et la face interne des joues, sur un écouvillon sec ou de type culturette. Celui-ci doit être adressé en bactériologie en précisant le contexte clinique. Le délai de transport doit être de moins de quatre heures. Un examen direct montrant la présence de cocci à Gram positif en chaînettes est évocateur d’une infection à streptocoque bêta-hémolytique du groupe A, qui sera confirmée en 48 heures par la culture avec antibiogramme. 45