Comment mieux faire avec un sarcome - Chirurgie

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SOMMAIRE
CAS CLINIQUES ILLUSTRANT LE ROLE DE L’ACTE OPERATOIRE INITIAL
P.MEEUS
CLASSIFICATION SIMPLIFIEE. APPORTS DE L’ANATOMOPATHOLOGIE ET DE LA
BIOLOGIE MOLECULAIRE
JM. GUINEBRETIERE
COMMENT OPTIMISER EN PLANIFIANT ? : APPORT DES RCP A LA STRATEGIE
THERAPEUTIQUE
JL. VERHAEGHE
STANDARDS DU TRAITEMENT CHIRURGICAL D’UN SARCOME
E. STOECKLE
« COMMENT FAIS-JE ? » POUR LES SARCOMES RETRO PERITONEAUX
S. BONVALOT
Sarcome de Membre
cas clinique
Dr P.Meeus
Service de chirurgie
Centre Léon Bérard
Lyon
Anatomopathologie
Tumeur cuisse D (lames ext. réf. 09H7687 - Dr Faysse) : sarcome à cellules
fusiformes et plémorphes de haut grade à considérer après immunophénotypage
comme un myxofibrosarcome.
Codification ADICAP : OHXIF7D0; OHXI017211
IRM à 50 jours….
Décision de reprise
Mais sepsis local
Incision non conforme
Loge musculaire ouverte
Nécessité d’un lambeau
Reprise chirurgicale
Reprise chirurgicale
Levée du lambeau
Vac Thérapie
Pièce de reprise
Reprise exérèse tumeur cuisse D : sarcome à cellules fusiformes de 140 mm
(toujours de haut gradede la FNCLCC), compatible avec le
myxofibrosarcome connu.marge limite en profodeur
Poursuite évolutive et lésions
secondaires….
Évolution sous chimiothérapie
Conclusions
Non-conformité de la prise en charge
chirurgicale
Complications locales retardant la reprise
Chirurgie de rattrapage insuffisante ?!
Sarcome Rétro-péritonéal
cas clinique
Dr P.Meeus
Service de chirurgie
Centre Léon Bérard
Lyon
Une histoire bien connue
Les anomalies
Pas de micro biopsie
Pas de discussion en RCP
Pas de stratégie prédéfinie
L’acte opératoire
Anatomopathologie
La réponse est bonne ,une relecture par un expert à été faite, seule la marge
n’est pas précisée
La rechute
Imagerie à 13 mois…
Le 3eme geste…
Avis centre référent…
La chirurgie….
Gestes réalisés :
Exérèse itérative d'un
liposarcome rétropéritonéal.
Dissection de l'axe
mésentérique supérieur et
tronc coeliaque.
Résection à considérer
comme R2.
Anatomopathologie de la reprise
Exérèse tumeur rétro-péritonéale + fragment à
part + récidive mésentérique supérieure + nodule
méso-colon : récidive multinodulaire (270 mm,
120 mm et 40 mm) d'un liposarcome bien
différencié sclérosant de bas grade selon la
FNCLCC avec un contingent dédifférencié
(récidive mésentique supérieure) en un sarcome
à cellules fusiformes de grade intermédiaire
selon la FNCLCC, dont le profil IHC orienterait
vers une flexion neuroïde + 1 ganglion non
envahi.
Réunion de Rcp
Résection R2 du LIPOSARCOME
notamment sur la partie dédifferencié,
en territoire irradié.
On valide l'indication d'une chimiothérapie
pseudo-adjuvante par ADRIAMYCINE en
monothérapie ( néphrectomie lors du
geste chirurgical).
Quelques remarques
Référentiels non utilisés
Rcp non conforme
Chirurgien non référent
Chirurgie initiale non conforme
FMC  OBJECTIF PEDAGOGIQUE :
Le soupçonner, l’affirmer, planifier
pour optimiser
Contrôle tumoral, résultat fonctionnel et survie
STANDARDS DU TRAITEMENT CHIRURGICAL D’UN SARCOME
E. Stoeckle
(Bordeaux)
Un mot clé : Y PENSER !
Une constatation : tout se joue au début !
Un geste : l’exérèse en bloc
La prise en charge chirurgicale standard ne peut se concevoir qu’après une démarche diagnostique initiale
adéquate, raison pour laquelle les points importants de ce diagnostic sont rappelés ici :
1.
Ne pas méconnaître un sarcome
a. C’est la solution pour optimiser la prise en charge initiale des sarcomes (cf. chapitre 3.). En
effet, la méconnaissance diagnostique est potentiellement à l’origine de
- retards de prise en charge préjudiciable étant donné le potentiel évolutif de certaines
formes de sarcomes,
- d’inadéquations thérapeutiques, soit par l’absence de diagnostic, soit par erreur
diagnostique (une relecture anatomopathologique par un laboratoire spécialisé est une
obligation légale dans le cadre du réseau national des sarcomes).
b. Les présentations confondantes les plus fréquentes sont :
- le lipome : devant une tumeur des parties molles, c’est le diagnostic clinique le plus
probable (1 liposarcome pour 200 lipomes). Un diagnostic de lipome au hasard obtient
ainsi un score de fiabilité élevé (VPP = 99,5%) ! Le rapport descend de 1 à 7 si deux
critères cliniques sont pris en compte : siège profond (sous le fascia) et taille > 5 cm
(recommandations du groupe sarcome scandinave et du groupe sarcome français). Ces
deux éléments sont bien explorés cliniquement (taille pour une lésion bien limitée,
profondeur devant une fixité lors de la contraction musculaire ou des contours plus
flous). En cas de doute, l’échographie aide à mieux déterminer ces deux critères. « TOUT
LIPOME PROFOND OU DE PLUS DE 5 CM EST UN SARCOME JUSQU’À PREUVE DU
CONTRAIRE »
- l’hématome : L’apparition d’une tumeur des parties molles avec éventuellement reflet
cutané bleuâtre et aspect hétérogène à l’echographie fait fréquemment poser le
diagnostic d’hématome. Les sarcomes de haut grade de malignité malheureusement
miment ce diagnostic du fait de la nécrose centro-tumorale. Devant cet aspect il faut
avoir le reflexe de rechercher une vascularisation lésionnelle (echo-Doppler, echo de
contraste, IRM dynamique), présente dans le sarcome, absente dans l’hématome. En
l’absence de traumatisme évident, cette recherche doit être menée, y compris chez les
patients sous anti-coagulants ou anti-aggrégants plaquettaires. « L’HEMATOME
SPONTANE N’EXISTE PAS ! »
- le kyste poplité : une masse tumorale à la face postérieure du genou peut être prise pour
un kyste poplité et faire l’objet d’une énucléation sans autre précaution. Une reprise
chirurgicale ensuite pour sarcome est délicate étant donné les rapports vasculo-nerveux.
Une exploration par échographie permet cependant d’apporter une orientation
diagnostique : caractère strictement liquidien, siège en dessous de l’articulation du
genou. En leur absence, méfiance. « UN KYSTE POPLITE AU-DESSUS DE L’INTERLIGNE
ARTICULAIRE DU GENOU N’EST PAS UN KYSTE POPLITE ! »
- la hernie inguinale : une masse graisseuse inguinale peut être confondue cliniquement et
pendant la chirurgie avec un lipome préherniaire. Il faut rester prudent et prévoir des
explorations d’imagerie devant une « hernie » non impulsive et non réductible. En effet, il
peut s’agir d’un prolongement d’un liposarcome rétropéritonéal sortant par l’orifice
inguinal ou d’un liposarcome paratesticulaire. Après « cure de hernie » avec
reconstruction par prothèse, le rattrapage d’un liposarcome devient quasiment
impossible. « UNE HERNIE INGUINALE NON IMPULSIVE, NON REDUCTIBLE EST UN
SARCOME JUSQU’À PREUVE DU CONTRAIRE ! »
2.
Faire le bon diagnostic = la biopsie
Toute tumeur des parties molles doit faire l’objet d’une biopsie préthérapeutique.
- il peut s’agir d’une biopsie exérèse, à condition qu’il s’agisse
o d’une tumeur de petite taille (jusqu’à 3-4 cm)
o plutôt superficielle
o facile à enlever et à reprendre secondairement pour exérèse élargie.
- dans les autres cas, le standard est une biopsie au trocart, pouvant être réalisé en
consultation par le chirurgien, guidé par la masse clinique, sinon par le radiologue sous
guidage d’imagerie. Cette biopsie doit obéir à des règles :
o abord directe,
o éviter la traversée d’un compartiment adjacent indemne,
o placer l’orifice sur le trajet de la chirurgie d’exérèse ultérieure,
o prélèvement adressé soit à l’état frais (coordination avec le laboratoire
préalable), soit dans du liquide de transport spécifique, sinon du formol. Le
Bouin est à proscrire.
- Situations particulières :
o En cas d’échec d’une biopsie au trocart, soit recommencer (si problème
technique) ou réaliser une biopsie chirurgicale.
o Certaines tumeurs graisseuse sont difficiles à caractériser par microbiopsie et
peuvent être opérée sans biopsie (décision collégiale de RCP requise
préalablement).
3.
Choisir le bon moment d’opérer.
L’objectif de la chirurgie est une exérèse R0 avec une bonne préservation fonctionnelle. Si les deux
conditions ne peuvent être remplies, le choix peut porter sur un traitement néo-adjuvant. C’est une
décision de RCP (cf. chapitre 3) à laquelle le chirurgien contribue notamment dans l’évaluation
d’opérabilité.
4.
Décider du lieu de la chirurgie.
- sujet sensible, mais d’importance : un patient traité pour sarcome dans une structure
spécialisée présente moins de risque de rechute locale et a une meilleure survie que celui
traité en milieu non spécialisée.
- La rechute locale est l’indicateur de la qualité de la chirurgie réalisée.
- Une chirurgie inadéquate ne peut être rattrapée par la radiothérapie.
- Un chirurgien amené à opérer un sarcome des tissus mous doit connaître cette
pathologie. En effet, l’exérèse n’est pas la même selon le siège et la nature du sarcome.
La méconnaissance de la physiopathologie tumorale engendre des chirurgies inadaptées.
- Après révision à la hausse de l’incidence des sarcomes des tissus mous, on l’estime à
environ 3000 nouveaux cas par an. Etant donné le nombre de 10000 chirurgiens en
France, cela revient à moins d’une opération de sarcome tous les 3 ans par chirurgien. Il
faut savoir renoncer à prendre en charge ces tumeurs si on n’a pas le volume d’activité
suffisant.
5.
Opérer en tenant compte des caractéristiques tumorales
a. Adapter la chirurgie selon la profondeur
- Sarcomes superficiels (1/3des cas)
o Un sarcome superficiel nécessite un sacrifice cutané pouvant être important
selon sa nature (ex. : absence de capsule tumorale avec cellules tumorales
périphériques isolées dans les dermatofibrosarcomes, les léiomyosarcomes, les
sarcomes épithélioïdes, les angiosarcomes).
Pas de définition de marge millimétrique, mais marge saine (faire du « Mohs »
en différé).
o Prévoir une greffe cutanée immédiate ou différée, pansement dirigé (VAC),
lambeau.
- Sarcomes profonds (2/3 des cas)
o Un sarcome profond ne nécessite pas de sacrifice cutané (sauf si
malencontreusement il y avait des cicatrices de biopsie ou de drainage à
distance).
o Les trajets de biopsie, de drainage doivent être compris dans l’exérèse.
o Abord directe, ne pas contaminer un compartiment adjacent.
o L’exérèse est longitudinale, dans le sens des fibres musculaires sous-jacents.
o Elle comporte la tumeur enveloppée dans sa structure (muscle), sans l’ouvrir,
sans la voir.
o L’étendue longitudinale de l’exérèse est guidée par la fonction (enlever la
totalité d’un muscle n’altère pas davantage la fonction qu’une exérèse au carré
laissant les extrémités distales et proximales) et par l’agressivité tumorale (skipmétastases à distance dans le muscle des sarcomes de haut grade).
o Prévoir un bloc nerveux à titre antalgique (pré-ou per-opératoire avec mise en
place de cathéters pour irrigation d’anesthésiques locaux.
o Si un drainage est nécessaire, le faire dans ou à proximité du prolongement de la
plaie.
o Rééducation progressive immédiate.
b. Adapter la chirurgie selon ses rapports anatomiques
o Toujours discuter d’un traitement néo-adjuvant en cas de contact ou
d’envahissement vasculo-nerveux ou osseux.
o Planifier une chirurgie vasculaire, une chirurgie reconstructrice.
o Les sacrifices vasculo-nerveux sont rarement nécessaires, mais faire un pelage
du périnèvre, de la gaine vasculaire. L’os est rarement touché et peut être
respecté. Un dépériostage est parfois nécessaire mais peut fragiliser l’os, surtout
en cas de radiothérapie ultérieure.
o Les extrémités distales des membres sont plus difficiles à opérer de façon
conservatrice ; l’amputation ou un traitement néo-adjuvant doivent être
discutés
c. Adapter la chirurgie selon la nature de la tumeur
o La marge d’exérèse doit être plus large devant une tumeur indifférencié de haut
grade (ex. : myxofibrosarcome Grade3) que devant une tumeur différenciée de bas
grade (ex.: liposarcome bien différencié).
o Prévoir l’exérèse d’un champ étendu devant les tumeurs multifocales (ex.: 1.
mastectomie avec exérèse cutanée étendue des angiosarcomes cutanés en territoire
irradié ; 2. exérèse large, voire amputation d’emblée dans les sarcomes
épithélioïdes).
o Privilégier la reprise chirurgicale après exérèse R1 à la radiothérapie
complémentaire.
o Pas de curage ganglionnaire systématique et rarement de nécessité dans certains
types histologiques (sarcome épithélioïde, à cellules claires, angiosarcomes, certains
myxofibrosracomes).
o Dans tous les cas : pièce adressée au laboratoire orientée et à l’état frais (à défaut
Formol, pas de Bouin).
o
En conclusion
-
Pas de « whoops »- exérèse
Planifier la chirurgie
Chirurgie en bloc (tumeur non vue)
Cadre multidisciplinaire (RCP et traitements associés)
Référence
B-N. Bui, J-Y. Blay, F. Bonichon, S. Bonvalot, A. Chevalier-Place, J-M. Coindre, M. Delannes, A. Le Cesne, P.
Morice, I. Ray-Coquard, P. Pautier, C. Le Péchoux, E. Stöeckle, S. Taieb. Prise en charge des patients adultes
atteints de sarcome des tissus mous, de sarcome utérin ou de tumeur stromale gastro-intestinale. RPC- SOR.
FNCLCC 2006. : http://www.fnclcc.fr/sor.htm
TECHNIQUE OPERATOIRE DES SARCOMES RETRO PERITONEAUX:
PRINCIPES GENERAUX
Sylvie Bonvalot,
Comité sarcomes,
Département de chirurgie,
Institut Gustave Roussy, Villejuif
1) Résultats publiés
Period
Study
Cases (N)
Median age (y.o)
Median size (cm)
Grade
High
Intermediate
Low
Not done
Histology
Liposarcoma
Leiomyosarcoma
Others
5-y OS
5-y local recurrence
free survival
5-y
cumulative
probability of local
recurrence
5y
abdominal
recurrence
free
survival (*)
Lewis et al.
(1)
1982-97
Ann Surg
Single-center
278
58 (16-88)
-
Gronchi et al.
(2)
1985-2001
Cancer
Singlecenter
136
56 (46-65)
15 (10-28)
Gronchi et al.
(3)
2002-2007
JCO
Singlecenter
152
55 (47-67)
18 (10-26)
Bonvalot et al.
(4)
2002-2008
Ann Surg Oncol
Bicenter
249
55 (45-66)
17 cm (IQ 11-26)
Bonvalot et al.
(5)
1985-2005
JCO
Multi
center
382
57 (14-87)
18 (3-60)
64%
36%
-
33%
29%
38%
-
27%
39%
34%
-
33%
36%
31%
32%
34%
29%
5%
41%
27%
32%
?%
59%
56%
15%
29%
51%
Not done
59%
13%
28%
60%
Not done
57%
18%
25%
65.4%
Not done
44%
18%
38%
57%
Not done
Not done
48%
29%
22.3%
Not done
Not done
Not done
Not done
Not done
51%
2) Pré requis
- Imagerie adéquate (scanner abdominal avec bonne opacification vasculaire et IRM si nécessaire pour
visualiser extension dans muscles pariétaux et défilés anatomiques)
- Diagnostic pré opératoire avec biopsie percutanée (sauf les liposarcomes bien différenciés)
- Bilan d’extension (scanner thoracique)
- Entraînement à cette chirurgie
3) Technique (6)
3.1 Installation :
Si la lésion est purement abdominale, le patient est en décubitus dorsal. Un billot est placé sous le thorax si la
lésion remonte dans les hypochondres. Pour une lésion gauche, on garde la possibilité d’utiliser une pince
mécanique par voie basse si nécessaire. Le champ doit laisser l’abord des vaisseaux fémoraux et de l’arcade
crurale vers le bas, et la base du thorax vers le haut. Il faut pouvoir mettre un drain thoracique, en cas
d’exérèse d’une partie du diaphragme ou de plaie accidentelle. Si la lésion est à cheval sur l’échancrure, le
décubitus latéral est le plus simple (voie postérieure et voie ilio-abdominale rétropéritonéale). Si la lésion
s’étend dans le canal rachidien, on commence par un décubitus ventral (laminectomie première).
3.2 Le choix de la voie d’abord
Le choix de la voie d’abord se décide sur une imagerie adaptée qui visualise correctement les défilés
anatomiques et les rapports vasculaires. L’exposition doit être excellente de façon à éviter une exérèse
incomplète ou des manœuvres de traction pouvant aboutir à une effraction tumorale ou des problèmes
hémorragiques (36). Le risque d’effraction est d’autant plus important que la tumeur est nécrotique et friable
en particulier dans les tumeurs de haut grade.
- Si la tumeur concerne uniquement la cavité abdominale, il s’agit d’une médiane souvent complétée d’un
refend transversal du coté de l’origine de la tumeur. Par une médiane seule, on ne peut pas correctement
passer entre le péritoine pariétal et les muscles de la paroi abdominale et on prend un risque d’effraction de la
tumeur en raison d’une exposition insuffisante. Il fait remarquer que malgré la taille de ces cicatrices, le risque
d’éventration est faible car la vacuité abdominale post opératoire évite les tractions sur la fermeture.
- Si la tumeur est pan abdominale, on doit le plus souvent faire un refend transversal bilatéral (figure 1 et 2) car
le volume de la tumeur occupe toute l’incision médiane et on ne peut pas correctement disséquer les vaisseaux
majeurs.
Lorsqu’il existe des extensions dans un défilé anatomique (figure 4), il est nécessaire de combiner une autre
voie d’abord, simultanée ou en changeant d’installation.
- Si la tumeur s’étend sous l’arcade crurale, on fera à partir de l’ombilic un refend à l’aplomb des vaisseaux
iliaques puis fémoraux.
- Si la tumeur présente une extension à travers l’échancrure sciatique (figure 4 B), il faut combiner une voie
d’abord postérieure fessière et une voie d’abord rétro péritonéale pelvienne. Il faut sectionner le ligament
sacro sciatique qui ferme l’échancrure pour pouvoir enlever en un bloc la lésion. On installe habituellement le
patient en décubitus latéral pour avoir un contrôle sur les deux voies d’abord.
- Si la tumeur présente une extension dans un trou de conjugaison, il faut commencer par la laminectomie
postérieure pour libérer l’extension intracanalaire, puis le patient est retourné et on fait l’exérèse par une voie
d’abord médiane éventuellement complétée d’un refend si nécessaire.
- En cas d’extension à travers le cadre obturateur (figure 6), on est le plus souvent obligé d’envisager l’exérèse
du cadre en bloc avec la lésion. Il faut prévoir la chirurgie avec un chirurgien orthopédiste.
- Si la lésion s’étend du pelvis jusqu’au plancher périnéal, on prévoie une voie d’abord périnéale pour libérer
correctement les organes que l’on souhaite conserver, urètre, vagin, sphincter.
3 .3 Exploration abdominale
- Vérifier l’absence de sarcomatose péritonéale qui pourrait modifier l’indication de l’étendue de l’exérèse, ou
de métastases hépatiques (bien que rares s’il s’agit vraiment d’un sarcome rétro péritonéal).
- Vérifier les critères de résécabilité, en particulier l’absence d’extension autour de la mésentérique supérieure.
Lorsque la tumeur est pan abdominale, il est souhaitable d’avoir une bonne imagerie préopératoire axée sur ce
point, car le volume tumoral empêche de vérifier ce paramètre d’emblée.
- Les engainements vasculaires sont normalement objectivés en préopératoire sur l’imagerie et peuvent
justifier d’un pontage à prévoir avant l’intervention si nécessaire.
- Il faut faire attention au fait que la tumeur peut faussement donner une impression de multifocalité, car elle
passe en arrière de viscères qu’elle englobe partiellement, émergeant de part et d’autre.
- Evaluer les exérèses associées nécessaires de façon à ce que leur cumul reste fonctionnel (en particulier
cumul de résections digestives).
3.4 Principes de la résection
Les principes généraux de l’exérèse découlent des facteurs pronostics, et en particulier de l’importance de
l’obtention de marges microscopiques saines. Si la médiane de survie d’une tumeur opérée lorsqu’elle est
primitive dépasse 5 ans, la médiane de survie des récidives locales est de l’ordre de 28 mois (11). Tout doit
donc être fait au début pour trouver un juste équilibre entre le caractère fonctionnel de la chirurgie et la
qualité des marges que l’on obtiendra en fonction des exérèses associées qui seront effectuées, en gardant à
l’esprit que les récidives locales sont responsables dans la majorité des cas du décès du patient. La chirurgie
doit d’emblée être élargie, il faut penser que les séquelles fonctionnelles d’une colectomie ou d’une
néphrectomie ne sont pas majeures, alors que la récidive met en jeu le pronostic vital. Il faut être d’autant plus
large que le patient est jeune. Le curage ganglionnaire n’est pas systématique car l’essaimage et les récidives
ganglionnaires sont rares.
3.5 Technique
La tumeur doit être réséquée avec les viscères qu’elle envahit en monobloc sans effraction tumorale. La
nécessité d’avoir des marges saines impose fréquemment la résection de segments digestifs accolés à la
tumeur ou l’exérèse du rein qui est fréquemment englobé par la lésion.
En avant : Disséquer au plus près la lésion en décollant le colon expose à des exérèses marginales et surtout à
l’effraction de la tumeur. Lorsque le mésocolon est adhérent à la tumeur, il est donc préférable de le réséquer
pour avoir des marges saines à ce niveau et éviter une effraction de la tumeur.
Typiquement, on n’effectue pas de décollement colopariétal. On désinsère la racine du méso colon, on prend le
contact des vaisseaux iliaques externes puis primitifs, puis on libère l’aorte et la veine cave. A droite, il faut
faire attention au décollement duodéno pancréatique car celui ci peut être verticalisé et surtout la paroi
duodénale peut être très amincie et étendue sur 5 à 6 cm.
Lorsqu’un viscère est englobé par la tumeur, il ne faut pas ouvrir celle ci pour tenter de le libérer ou le
disséquer, car on s’expose à un essaimage péritonéal. Le viscère est donc réséqué avec la tumeur sans même le
voir. Le rein en est l’exemple typique (figures 1,2). L’uretère est sectionné au niveau pelvien. Les branches
vasculaires sont sectionnées au ras de l’aorte ou de la veine cave (vaisseaux spermatiques ou ovariens, artères
lombaires, pédicule rénal homo latéral, pédicule surrénalien).
A gauche, l’artère mésentérique inférieure est liée sur l’aorte, à droite l’artère colique supérieure droite est liée
à l’aplomb du pancréas. L’axe aortico cave doit être contrôlé prudemment car la proximité et la croissance
souvent lente de ces tumeurs laminent leur paroi et les rendent très fragile. Les éventuels clampages
vasculaires doivent être prévus au début et les vaisseaux sont mis sur lac et tirette.
Le poids et le volume de la tumeur sont également un risque en fin d’intervention, car une traction
inopportune peut entraîner une plaie vasculaire dont le risque est surtout l’embolie gazeuse. A ce titre, les
tumeurs situées à droite sont plus à risque que celles qui sont à gauche, car la paroi de la veine cave est plus
fragile. Quand la veine cave est englobée par la tumeur, sa compression a entraîné une collatéralité suffisante
qui permet de la réséquer sans faire de pontage systématique, sauf si la tumeur remonte jusqu’au niveau des
sus hépatiques. A droite, la libération de la veine cave rétro hépatique nécessite de basculer le lobe droit
hépatique vers la gauche après avoir sectionné ses ligaments coronaires et falciforme.
En dehors, on passe entre le péritoine pariétal que l’on laisse coté tumeur et la paroi musculaire.
Lorsque la tumeur est totalement libérée de l’axe aortico cave, recouverte en avant du colon et comportant
souvent en son sein le rein, on peut passer en arrière. Si l’on veut avoir une marge saine en arrière, il faut
emporter au minimum l’aponévrose du psoas ou le psoas que l’on désinsère du rachis après avoir sectionné
son tendon en amont de l’arcade crurale. Il faut avoir repérer le nerf crural et le nerf obturateur (figure 1). On
repère facilement le crural sous l’aponévrose du psoas en amont de l’arcade, puis on longe ses racines.
L’obturateur est repéré en dehors du promontoire.
3.6 Reconstructions
Les reconstructions doivent avoir été prévues en pré opératoire. Les résections pariétales, de l’arcade crurale
et du diaphragme nécessitent la mise en place de plaques. Comme les muscles peuvent avoir été réséqués en
raison de leur envahissement, on peut être amené à fixer directement la plaque sur l’os (épine iliaque, branche
ilio pubienne) par l’intermédiaire de plaque de titane vissées.
Les reconstructions vasculaires doivent prévues avant l’intervention. S’il s’agit des vaisseaux iliaques et que des
résections digestives on été effectuées, on peut discuter un pontage fémoro fémoral croisé, de façon à éviter
de placer ce pontage dans le site d’éxérèse.
Certaines topographies tumorales peuvent nécessiter la mise en place de sphincter artificiel, dans un deuxième
temps opératoire. Les reconstructions vaginales peuvent nécessiter le concours d’un plasticien (lambeaux de
reconstruction).
4) Références
1.
2.
3.
4.
5.
6.
Lewis JJ, Leung D, Woodruff JM, Brennan MF. Retroperitoneal soft-tissue sarcoma: analysis of 500
patients treated and followed at a single institution. Ann Surg, 228(3): 355-365, 1998
Gronchi A, Casali PG, Fiore M et al. Retroperitoneal soft tissue sarcomas: patterns of recurrence in 167
patients treated at a single institution. Cancer, 100(11): 2448-2455, 2004
Gronchi A, Lo Vullo S, Fiore M et al. Aggressive surgical policies in a retrospectively reviewed singleinstitution case series of retroperitoneal soft tissue sarcoma patients. J Clin Oncol, 27(1): 24-30, 2009
Bonvalot S, Miceli R, Berselli M, Causeret S, Colombo C, Mariani L, Bouzaiene H, Le Péchoux C, Casali
PG, Le Cesne A, Fiore M, Gronchi A. Aggressive surgery in retroperitoneal soft tissue sarcoma carried
out at high-volume centers is safe and is associated with improved local control. Ann Surg Oncol. 2010
Jun;17(6):1507-14.
Bonvalot S, Rivoire M, Castaing M et al. Primary retroperitoneal sarcomas: a multivariate analysis of
surgical factors associated with local control. J Clin Oncol, 27(1): 31-37, 2009
Bonvalot S, Rivoire M Chirurgie des sarcomes rétro péritonéaux Rapport présenté au 107ème congrès
de l’AFC. Monographie de l’Association Française de Chirurgie 2006. Editions Arnette
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