Crise_aig_Dedeclob.pdf

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UNIVERSITE MARIEN NGOUABI
REPUBLIQUE DU CONGO
Travail*Progrès*Humanité
Unité*Travail*Progrès
-----------------FACULTE DES SCIENCES DE LA SANTE
DE BRAZZAVILLE
---------Année : 2007
N° d’ordre : 744
THESE
POUR L’OBTENTION DU DOCTORAT EN MEDECINE
(Diplôme d’Etat)
THEME :
CRISES AAnnée
IGUE
S DE DEGLOBULISATION
académique 2005-2006
CHEZ LE DREPANOCYTAIRE
HOMOZYGOTE : BILAN
ETIOLOGIQUE ET PRONOSTIQUE DANS
LE SERVICE D’HEMATOLOGIE AU CHU DE
BRAZZAVILLE
Présentée et Soutenue Publiquement le 27 Novembre 2007
Par :
CATHY SANDRA PAULE CATHY BIMPOLO MADZOUKA
NEE LE 07 AVRIL 1982
A BRAZZAVILLE
JURY
PRESIDENT:
SAMUEL NZINGOULA, PROFESSEUR
MEMBRES :
BERNARD BOUTEILLE, DIRECTEUR DE RECHERCHE
HONORE NTSIBA, MAITRE DE CONFERENCE AGREGE
DIRECTEUR DE THESE :
ALEXIS ELIRA DOKEKIAS, MAITRE DE CONFERENCE AGREGE
I
Travail - progrès- Humanité
----------
UNIVERSITE MARIEN NGOUABI
-----------------FACULTE DES SCIENCES DE LA
SANTE
---------------
ANNEE ACADEMIQUE 2006-2007
I- DECANAT
Professeur Ange Antoine ABENA
Doyen
Professeur Jean Rosaire IBARA
Secrétaire Académique
Mr Jean Valère BOUMBA
Secrétaire Principal
Madame Augustine MOUANGANGA
Gestionnaire
II- ANCIENS DOYENS
Professeur Christophe BOURAMOUE
Cardiologie
Professeur Assori ITOUA- NGAPORO
Hépato-Gastro-Entérologie
Professeur Grégoire KAYA-GANZIAMI
Ophtalmologie
Professeur Georges MOYEN
Pédiatrie
Professeur Hervé Fortuné MAYANDA
Pédiatrie
III- ADMINISTRATION DE LA FACULTE DES SCIENCES DE LA SANTE
Doyen
Professeur Ange Antoine ABENA
Secrétaire Académique
Professeur Jean Rosaire IBARA
Secrétaire Principal
Mr Jean Valère BOUMBA
Gestionnaire
Madame Augustine MOUANGANGA
Département de Médecine
Professeur Agrégé H.G MONABEKA
II
Département de Chirurgie
Professeur Agrégé Emile BOTAKA
et Maternité
Département des Sciences
Docteur Etienne MOKONDJIMOBE
Physiologiques
Département des Sciences Infirmières
Professeur Agrégé R. R. U. BILECKOT
Département d'Histologie Embryologie et
Docteur J.F SILOU-MASSAMBA
Anatomie Pathologique
Département de Santé Publique
Docteur Pascal TALANI
Département de Microbiologie
Professeur Agrégé OBENGUI
et Hématologie
Bibliothécaire
Monsieur Fidèle NGOMA
Service de la Scolarité et des Examens
Monsieur Maurice BOUYA
Attachées de Direction
Mesdames :
Julienne NTSINOYIRANDAKA
Pauline NKOUNKOU
Pauline KEMBI
Marie BOUTABAKOU
III
IV. CORPS ENSEIGNANT
IV.1- PROFESSEURS DE FACULTE
1. Assori ITOUA -NGAPORO
Hépato-Gastro-Entérologie
2. Charles GOMBE MBALAWA
Cancérologie
3. Grégoire KAYA-GANZIAMI
Ophtalmologie
4. Prosper SENGA
Pédiatrie
5. Georges MOYEN
Pédiatrie
6. Jean Louis NKOUA
Cardiologie
7. Ange Antoine ABENA
Pharmacologie
8. Martin DIATEWA
Biochimie
9. Jean Roger EKOUNDZOLA
Gynécologie-obstétrique
10. Léon Hervé ILOKI
Gynécologie-obstétrique
11. Armand MOYIKOUA
Orthopédie-Traumatologie
12. Arthur NGOLET
Anatomie Pathologique
13. Jean Rosaire IBARA
Hépato-Gastro-Entérologie
IV.2- MAITRES DE CONFERENCES AGREGES,
MAITRES DE CONFERENCES
1. Emile BOTAKA
Ophtalmologie
2. Gisèle KIMBALLY-KAKY
Cardiologie
3. OBENGUI
Infectiologie
4. Alexis ELIRA-DOKEKIAS
hématologie
5. Richard Roger BILECKOT
Rhumatologie
6. Henri Germain MONABEKA
Endocrinologie
7. J. Bernard NKOUA-MBON
Cancérologie
III
8. Honoré NTSIBA
Rhumatologie
9. Gontran ONDZOTTO
O.R.L.
IV.3 – MAITRES-ASSISTANTS DE FACULTE
1. Julien EKOBA
Cardiologie
2. Joseph KOKOLO
Anatomie pathologique
3. Bernard MBATCHI
Pharmacologie
4. NDINGA -ASSITOU
Physiologie
5. J.F SILOU-MASSAMBA
Histologie- embryologie
6. DEBY GASSAYE
Hépato-Gastro- Entérologie
7. Pascal TALANI
Santé publique
8. Edouard MAKOSSO
Radiologie
9. Aurore MBlKA CARDORELLE
Pédiatrie
10. Alphonse GATSHE
Dermatologie
11. Godefroy A. OKIEMY
Anatomie
12. Damase BODZONGO
Chirurgie
13. Albert NGATSE-OKO
Chirurgie
14. Thierry Raoul A. GOMBET
Cardiologie
15. Narcisse ELE
Chirurgie
16. Jean Félix PEKO
Anatomie pathologique
17. Abraham MOUKO
Pédiatrie
18. Alain Prosper BOUYA
Urologie
19. Simon F .BUAMBO-BAMANGA
Gynécologie-Obstétrique
20. Etienne MOKONDJIMOBE
Biochimie
21. Gérard Boniface NGOUONI
Stomatologie
IV
IV.4 - ASSISTANTS DE FACULTE
1. Olivier PAMBOU- NOMBO
Gynécologie- Obstétrique
2. Alain ASSOUNGA
Néphrologie
3. Yvonne V. VOUMBO- MATOUMONA Santé Publique
4. Paul Jean CI. BOUMANDOUKI
Infectiologie
5. Bébène DAMBA-BANDZOUZI
Neurologie
6. Adolphe OBA
Pédiatrie
7. Alain Maxime MOUANGA
Psychiatrie
8. Judith NSONDE - MONDZIE
Cancérologie
9. Odile LEBVOUA EKOUBOU
Soins infirmiers
IV.5 - MONITEURS DE FACULTE
Raymond NGAPELA
Soins Infirmiers
IV.6 - PROFESSEUR DE FACULTE ASSOCIE
Alphonse EKOUYA
Chimie
IV.7- MAITRES- ASSISTANTS DE FACULTE ASSOCIES
1. Emmanuel DAHO
Sociologie médicale
2. Jocelyne DHELLOT
Nutrition - Diététique
3. Joseph MARIE MOUTOU
Chimie
4. Blaise TCHICAYAT
Techniques d'expression
5. Dieudonné NTSOKINI
Psychologie médicale
6. NGWUILU- MPEMBA
Droit médical
V
7. Raymond ELENGA
Physique
8. Félix KOUBOUANA
Pharmacopée traditionnelle
VI
I.V.8 - ASSISTANT DE FACULTE ASSOCIE
Vivien MOMBOULI
Physiologie
I.V.9 - ENSEIGNANTS VACATAIRES
CHARGES DE COURS
1. Jean AKIANA
Entomologie malacologie
2. Claire ASSAMBO- KIELI
Néphrologie
3. Benjamin ATIPO
Parasitologie Mycologie
4. Irénée blaise ATIPO – IBARA
Hépato- Gastro- Entérologie
5. Norbert BIDOUNGA
Administration sanitaire
6. Michel BITEMO
Statistiques
7. Antoine EKOUTOU
Pneumologie
8. Donatien MOUKASSA
Anatomie Pathologique
9. Clotaire ITOUA
Gynéco- obstétrique
10. Jean Jacques KOUENDZE
Comptabilité
11. Emmanuel KOUTABA
Chirurgie Pédiatrique
12. Marie Claire MAKAMBILA
Toxicologie
13. Félix MALANDA
Hématologie
14. Antonin Ray MANKELE
Immunologie
15. Didace MASSAMBA MIABAOU
Anatomie
16. Bertin MOUANKIE
Pharmacologie - Toxicologie
17. François MOUBARI
Programmes généraux de santé
18. Jérémie MOUYOKANI
Méthodologie de la recherche
19. Richard MOUKENGUELOUMINGOU
Néphrologie
VII
20. Philippe NSONDI
Anesthésie- Réanimation
21. Jean Pierre OKANDZE ELENGA
Hématologie
22. Roland NKOUKOU
Informatique- Bio-statistiques
23. Martin OKOUO
Hépato-Gastro- Entérologie
24. Gaston SAMBA
Environnement
25. Marc BATOUMISSA
Anglais
26. Pierre Claver MABIKA
Anthropologie
27. Cécile MOUKANI
Histologie - Embryologie
28. Grégoire DZANGA
Bactériologie- Virologie
29. Philomène NGOMA- NKADOULOU
Hépato-Gastro- Entérologie
VIII
CHARGES D'ENCADREMENT TECHNIQUE ET PROFESSIONNEL
1. Barnabé BOKEMBA KATSALA
Soins Infirmiers
2. Michel NDINGA ESSANGO
Soins Infirmiers
3. Roland Louis Yvon NKOUNKOU
Informatique
4. NGANDALOKI
Soins Infirmiers
5. Eugène NZABA
Hygiène hospitalière
6. Louis Gervais OKOUERE
Soins Infirmiers
7. M.V. TCHICAYA TCHITCHIETO
Soins Infirmiers
DEDICACES
A L’Eternel Mon DIEU, Souverain de l’Univers
Je te dois tout ce que je suis.
A mon père Paul BIMPOLO
En voulant marcher sur tes traces, je suis devenue ce que je suis aujourd’hui : ce travail est
le fruit des lourds sacrifices que tu as consentis.
A ma mère Jacqueline MAOUENE
Pour la femme dynamique et battante que tu es, tu as su guider mes premiers pas tout
comme mes études. Que ce travail soit le reflet de toute l’affection et la tendresse que tu
m’as toujours prodiguées.
A mon mari Fred Presley LIKIBI ODZOUKI
Toi qui m’a toujours encouragée et soutenue tout le temps durant ; ta patience et ta
disponibilité sont inestimables. Merci pour l’amour et la contribution que tu as apportés
dans l’élaboration de ce travail.
A mon fils Jérémie Anthony LIKIBI ODZOUKI
Né un 7 avril comme moi-même, tu es le plus beau, le plus merveilleux cadeau que j’ai reçu
à l’occasion de mon vingt-cinquième anniversaire. Tes cris et tes embêtements m’ont aidée
à améliorer ce travail qui, plus tard, pourra te servir d’exemple.
A mon grand père Gaston MAOUENE
Bien que n’étant plus de ce monde, qu’il soit par ce travail aussi fier de moi que je l’étais
de lui. Que ce travail contribue à perpétuer son souvenir.
A ma grande mère Cathérine MADZOUKA
Femme pleine de vertus voici ton cadeau.
10
A mes oncles : Charles MAOUENE, Michel MAOUENE, Gaston MAOUENE, Antoine
MAOUENE, Fidèle MOUYABI-MBERI, André KIMANGOU, Philippe BOKOMISSAKALA et Patrice DINGUISSI
Un nouveau médecin dans la famille.
A mes frères et sœurs : Geoffroy BIMPOLO-MBERI, Luzabeth BIMPOLO-NDOULOU,
Ruby BIMPOLO-NDZOUMBA, Gatien BIMPOLO-MAOUENE, Pajie Flore BIMPOLOMAOUENE
De près ou de loin vous avez contribuer à l’amélioration de ce travail.
A mes tantes : Madeleine LEMBE, Berthe MAOUENE, Charlotte KOMBO, Léa
MAOUENE, Tina MAOUENE
A mes cousins et cousines : Antoinette SONGO, Judith, Constant, Brice, Arlette,
Christelle, Marcina, Ulrich, Ali MOUKEMBOU, Chrisna, Gaothy, Dallian, Arthur,
Léticia, Colombe
A mes amies Clausina et BOULESIA-DIDI
Pour tous les bons moments passés ensemble.
A mes collègues de promotion :Coco, Yannick, Mickaelle, Noé, Vens, Régis B, Régis M,
Hugues, Ghislain, Lambi, Christian, Meiz, Arnaud, Néal, Ngami, Ness, Dimitri, Fred,
Mathias, Pacthéa, AKOLI, OSSALE, DEKAMBI et Renaud
Pour les moments de souffrance et de bonheur passés ensemble.
Au Docteur Clotaire ITOUA
Un seul mot pour tout dire : merci.
Au Docteur Félix MALANDA
Pour tous les conseils et toutes les directives que vous avez apportés lors de la conception de
ce document.
11
A mes aînés:Dr ELLENGA, Dr NIKA, Dr MALOUNGUIDI,
Dr BIZAMBA, Dr GODDOT, Dr BOUA, Dr OKEMBA, Dr NGAMI,
Dr EKOUYA, Dr ATIPO GALIBA, Dr PANDZOU, Dr MISSENGUE,
Dr MOUBIE, Dr ANDZIN et Dr CHOCOLAT
Merci de nous avoir montré l’exemple.
12
REMERCIEMENTS
A mon Directeur de thèse, Monsieur le Professeur Agrégé Alexis ELIRA
DOKEKIAS, Professeur Agrégé d’hématologie à la Faculté des Sciences de la
Santé de Brazzaville, Chef de Service d’Hématologie Clinique au Centre
Hospitalier et Universitaire (CHU) de Brazzaville:
Monsieur le Directeur et très cher Maître, vous avez dirigé ce travail avec une
très grande rigueur; votre expérience constitue pour moi une vertu.
Etant mon tout premier guide dans le domaine de la recherche, vous avez été
pour moi non seulement un directeur mais aussi un père. Vos conseils, votre
disponibilité et votre rigueur scientifique ont forcé mon admiration .Soyez en
remercié et veuillez croire en ma profonde estime.
Au Professeur Samuel NZINGOULA, Président du jury
Nous sommes très honorés de votre présence à la tête de notre jury.
Cher Maître, nous avons toujours apprécié votre goût pour la recherche
médicale et la courtoisie de votre accueil.
La clarté de vos enseignements, la finesse de votre jugement et votre haute
conscience professionnelle sont extrêmement précieuses à notre formation.
Qu’il nous soit permis de vous remercier très respectueusement et très
sincèrement de l’honneur que vous nous faites en acceptant de siéger comme
XIII
président du jury de cette thèse.
Aux membres du jury :
•
Bernard BOUTEILLE, Directeur de Recherche ;
13
• Honoré NTSIBA, Maître de conférence Agrégé.
Nous sommes très fiers de vous compter parmi nos juges.
Il nous sera particulièrement délicat d’être dignes du grand honneur que
vous nous faites en siégeant à notre jury de thèse.
Votre appréciation nous encouragera assurément à l’effort constant à mieux
faire.
Sincères remerciements.
14
SERMENT D’HIPPOCRATE
En présence des Maîtres de cette école, de mes chers Condisciples, devant l’effigie d’Hippocrate, je promets et je
jure, au nom de l’Etre Suprême, d’être fidèle aux lois de l’honneur et de la probité dans l’exercice de la
Médecine.
Je donnerai mes soins gratuits à l’indigent et n’exigerai jamais un salaire au- dessus de mon travail. Je ne
participerai à aucun partage clandestin d’honoraires.
Je dirigerai le régime des malades à leur avantage selon mes forces et mon jugement, et m’abstiendrai de tout
mal comme de toute injustice.
Admis à l’intérieur des maisons, pour l’utilité des malades, mes yeux ne verront pas ce qui s’y passe, ma
langue taira les secrets qui me seront confiés, regardant la discrétion comme un devoir en pareil cas, et mon
état ne servira pas à corrompre les mœurs ni à favoriser le crime.
Je passerai ma vie et exercerai mon art dans l’innocence et la pureté. Je ne permettrai pas que les
considérations de religion, de race, de parti ou de classe sociale viennent s’interposer entre mon devoir et mon
patient.
Je garderai le secret absolu de la vie humaine dès la conception.
Même sous la menace, je n’admettrai pas de faire usage de mes connaissances médicales contre les lois de
l’humanité.
Respectueux et reconnaissant envers mes Maîtres, je rendrai à leurs enfants l’instruction que j’ai reçue de
leurs pères.
Si je remplis ce serment sans l’enfreindre, qu’il me soit donné de jouir heureusement de la vie et de ma
profession, honoré à jamais parmi les hommes.
Que je sois couvert d’opprobre et méprisé de mes confères si j’y manque !
15
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
AVC : Accident vasculaire cérébrale
CHU : Centre Hospitalier et Universitaire
Hb : Hémoglobine
HbA2 : Hémoglobine A2
HbF : Hémoglobine F
HbS : Hémoglobine S
Pno : Pneumopathie
Sβ+thal : drépanocytose S associée à une bêta plus thalassémie.
Sβ0thal : drépanocytose S associée à une bêta zéro thalassémie.
16
INTRODUCTION
La drépanocytose constitue la plus fréquente des hémoglobinopathies
dans le monde, elle touche environ 150millions de personnes [1]. En
Afrique la prévalence de la maladie oscille entre 30 et 40% [2]. Au
Congo, comme dans certains pays de la sous région, la fréquence du
trait drépanocytaire varie de 20,78% à 23,53% et dans sa forme
homozygote, sa fréquence est estimée à 1,25% [3].
L’anomalie à l’origine de cette maladie est liée à la substitution par la
valine, de l’acide glutamique au niveau de sa chaîne protéique [4].
Les crises aiguës drépanocytaires qui sont constituées des crises hyper
hémolytiques, de séquestration splénique et aplasiques sélectives de la
lignée rouge représentent avec les crises aiguës vasculo occlusives, les
principales manifestations de la maladie dans sa forme homozygote. Les
crises aiguës de déglobulisation, en raison du risque majeur de morbidité
et de mortalité, constituent des urgences dans la prise en charge de la
drépanocytose. Leur enquête étiologique, à notre connaissance, n’a fait
l’objet que de peu d’études en Afrique Noire.
Le but visé par ce travail est de recenser les étiologies de ces crises et
d’en apprécier le pronostic.
Nous nous sommes donc assigné comme objectif principal de contribuer
à l’amélioration de la prise en charge des sujets drépanocytaires
homozygotes. Les objectifs spécifiques de cette étude sont :
ƒ recenser les différentes étiologies des crises de déglobulisation ;
ƒ énumérer les différentes entités des crises de déglobulisation;
ƒ
à travers l’évolution de ces crises, apprécier leur pronostic;
ƒ évaluer à court terme l’évolution de ces crises.
17
1-DEFINITION
La drépanocytose est une maladie héréditaire récessive autosomique.
Elle correspond à une anémie hémolytique, induisant la formation d’une
protéine d’hémoglobine anormale (hémoglobine S) qui détruit les
globules rouges. L’anomalie génétique qu’elle entraîne se caractérise
par le remplacement de l’acide glutamique par la valine. Il existe des
formes homozygotes et des formes doubles hétérozygotes composites,
lorsque l’individu possède l’allèle hémoglobine S et une autre
hémoglobinopathie telle que l’Hb SC ou Sβ thalassémie.
2-RAPPEL HISTORIQUE
La drépanocytose a été la première maladie moléculaire identifiée il y a
plus de 50 ans par J.B.Herrick à Chicago, qui en 1910, décèle dans le
sang de certains malades, la présence d’hématies en faucille (ou
drépanocytes) encore appelées hématies falciformes [5].
La formation de ces hématies pathologiques fut ensuite l’objet de
plusieurs études: la transmission héréditaire de la maladie est reconnue
par Taliaferro et Huck en 1923 [7].
En 1927, Hahn et Gillepsie montrent que les hématies falciformes
apparaissent quand la pression partielle en oxygène tombe au dessous
de 45 mm de Hg [6].
Pendant toute cette période, les études sur la drépanocytose ne
portèrent que sur la falciformation in vitro, et les résultats étaient
difficilement interprétables.
En 1949, Pauling Itano et leurs collaborateurs étudient la migration
électrophprétique anormale de l’Hb S. [6]
18
La nature biochimique de la maladie n’est précisée que 7 ans plus tard
par Ingram qui démontre que l’anomalie est due à la substitution d’un
acide glutamique par la valine au niveau du 6e codon du gène β-globine.
L’étude des autres hémoglobines anormales suivit rapidement cette
découverte.
3-EPIDEMIOLOGIE
La drépanocytose est considérée comme la plus fréquente des
hémoglobinopathies dans le monde avec, environ plus de 100 millions
de personnes atteintes. Elle est présente en Inde (on la retrouve dans
certaines régions, chez les tribus aborigènes des communautés
veddoites), aux Antilles, en Amérique du Sud (surtout au Brésil), chez les
Afro-américains, mais surtout en Afrique intertropicale dans l’aire
géographique qui s’étend entre le 15e parallèle de latitude nord et le 20e
parallèle de latitude sud ; d’où l’appellation de cette aire par Lehmann du
nom de « Ceinture sicklémique ».
En 1995, Labie et Elion rapportent que les pays africains les plus
touchés sont le Sénégal, le Togo, la Côte d’Ivoire, le Gabon, la
République Démocratique du Congo, la République Centrafricaine et le
Congo. Dans ces pays, environ 20 à 30% de la population sont porteurs
de l’hémoglobine S. Au Congo, près de 23 ,5% de la population sont
porteurs de l’Hb S et la fréquence des homozygotes y est d’environ
1,25% [3].
Toujours est-il que l’Hb S n’est pas l’apanage que de la race noire
puisque des cas similaires ont été rapportés également en Italie, en
Grèce et en Turquie.
L’anémie constitue la première cause de décès chez le drépanocytaire,
faisant donc de la drépanocytose un problème de santé publique.
19
4–RAPPEL PHYSIOPATHOLOGIQUE
La drépanocytose est liée à une mutation ponctuelle responsable d’une
substitution sur la chaîne β de la globine d’un acide glutamique (porteur
d’une charge électrique négative) par une valine (non chargée
électriquement) consécutive au remplacement du 2e nucléotide du codon
de l’acide glutamique, l’uridine, par l’adénine; l’Hb S qui en résulte ne
diffère donc de l’Hb A que par un acide aminé en position 6 de la chaîne.
Les chaînes alpha, normales se combinent avec les chaînes bêta pour
former l’Hb S dont la charge électrique diffère de l’Hb A ; la différence de
migration en électrophorèse permet de les différencier.
Au cours de la désoxygénation, l’Hémoglobine S voit sa viscosité
augmenter de façon considérable, se prendre en une espèce de gel et
entraîner la formation de filaments appelés tactoïdes. Ces filaments
furent interprétés en microscopie électronique par Mura yama comme
de longs filaments d’Hémoglobine S polymérisés et associés en chaîne
de structure hélicoïdale.
Cette interprétation a été confirmée par plusieurs auteurs, et il ne fait
guère de doute que ces formations filamenteuses sont responsables de
l’apparition de l’anomalie morphologique des globules rouges qui
caractérise la maladie.
De
nombreux
facteurs
interviennent
dans
le
phénomène
de
falciformation qui est lui-même à l’origine de la plupart des symptômes
cliniques.
Les facteurs extérieurs sont essentiellement la tension en oxygène
(lorsque la Po2 tombe à 35-45mm de Hg), le PH et l’osmolarité. Ces
facteurs peuvent expliquer pourquoi certains tissus sont plus affectés
que d’autres au cours de la drépanocytose [7].
20
Les facteurs corpusculaires ne sont pas moins importants. Ce sont
essentiellement la concentration en hémoglobine S et le taux
d’hémoglobine
F.
Il
existe
en
effet
une
corrélation
entre
la
symptomatologie clinique et le taux d’hémoglobine F qui est répartie de
façon hétérogène dans le globule rouge avec une susceptibilité moindre
à la falciformation et une durée de vie plus longue.
Quand baisse la pression en oxygène, l’Hb S désoxygénée très peu
soluble se polymérise avec d’autres molécules d’Hb S, et se précipite
dans le globule rouge qui se déforme alors en « faux drépanocytes ».
Ces hématies rigides se bloquent dans les petits vaisseaux et y forment
des agglutinats disséminés qui sont sources d’infarctus douloureux et
entraînent d’aval le phénomène de falciformation. Les hématies
bloquées sont phagocytées par les macrophages, d’où l’hémolyse.
L’anémie hémolytique chronique est l’une des conséquences principales
de la précipitation des polymères d’Hb S au sein du globule rouge. Elle
apparaît généralement après l’âge de 3 mois lors de la commutation de
l’érythropoïèse foetale vers une érythropoïèse de type adulte majoritaire.
En effet, le tétramère héminique de l’hémoglobine, composé de deux
chaînes alpha globine et de deux chaînes gamma globine (alpha 2
gamma
2)
dans
l’hémoglobine
fœtale
(Hb
F),
est
remplacé
progressivement après la naissance par une hémoglobine adulte A (α2
β2) dans laquelle les chaînes gamma sont remplacées par des chaînes
bêta.
Ce phénomène explique l’absence d’expression de la maladie avant
l’âge de 3 mois, sauf carence maternelle profonde en folates, en fer, en
zinc ou en vitamine E qui entraîne, outre une anémie précoce chez le
nourrisson, une diminution néonatale rapide de l’Hb F au profit de l’Hb S.
21
Il existe, cependant une grande variabilité interindividuelle d’expression
de la maladie [8].
5- ETUDE CLINIQUE ET BIOLOGIQUE
L’expression clinique de la drépanocytose est variable et reflète la
diversité génotypique. Les génotypes S/S et S/β° thalassémie sont
associés à une forme plus sévère de
la maladie, alors que les
complications sont moins fréquentes et plus modérées chez le
drépanocytaire S/C et S/β+ thalassémie ; mais la sévérité de la maladie
peut également varier au sein d’un même génotype et une complication
grave peut survenir dans toute forme de drépanocytose.
Les manifestations cliniques varient également en fonction de l’âge. La
maladie se révèle en règle générale entre 6 mois et 5 ans par une
splénomégalie qui involue par la suite, une anémie, une dactylis, une
infection ou une complication grave avec risque vital de séquestration
splénique.
La triade pâleur, ictère, splénomégalie modérée, est la règle avant l’âge
de 5 ans chez les enfants drépanocytaires homozygotes. L’atrophie
progressive de la rate par des micro-infarctus répétés fait disparaître la
splénomégalie chez les enfants drépanocytaires homozygotes. La taille
habituelle de la rate est un élément capital de la surveillance pour le
dépistage précoce des accidents de séquestration splénique. La pâleur
inhabituelle des conjonctives et les modifications de comportement de
22
l’enfant sont également des éléments importants à connaître pour le
dépistage précoce de l’aggravation de l’anémie.
Entre 5 et 15 ans, les crises vaso-occlusives et les infections dominent le
tableau clinique.
A l’âge adulte, se développent les complications dégénératives telles
que les ulcères de jambe, les rétinopathies, la lithiase des voies biliaires,
les lésions osseuses, cardiaques, pulmonaires et rénales.
Chez les enfants hétérozygotes composites SC et Sβ+, la splénomégalie
peut persister au-delà de 10 ans, les dommages secondaires au
processus vaso-occlusif étant plus modérés [9].
Au plan biologique, la drépanocytose se caractérise par une anémie
normo chrome normocytaire ; une microcytose et une hypochromie
apparaissent s’il existe une anomalie quantitative de synthèse de
l’hémoglobine associée : carence martiale ou α thalassémie. Le taux de
réticulocytes est important.
Comme dans toutes les anémies hémolytiques, la demi-vie des globules
rouges des patients drépanocytaires est très diminuée. Elle est 10 fois
plus courte que celle d’un globule rouge normal contenant l’hémoglobine
AA, soit en moyenne 10 à 12 jours avec une moelle stimulée.
Le taux d’hémoglobine est abaissée, compris entre 6,5 et 9,5 g /dl, avec
une relative bonne tolérance attribuée à une baisse de l’affinité de l’Hb S
pour l’oxygène, facilitant ainsi son relargage tissulaire. L’anémie n’a pas
à être corrigée de façon systématique chez un patient en phase
stationnaire.
Le taux d’hémoglobine et de réticulocytes est un élément capital de
surveillance du patient drépanocytaire.
La mise en évidence de l’hémoglobine S se fait soit par :
23
9 Electrophorèse à pH alcalin
9 L’isoélectrofocalisation: plus sensible mais délicate à mettre
en œuvre.
9 Chromatographie liquide haute performance (CLHP) utilisée
en première intention dans certains laboratoires.
6- Causes de l’anémie
Plusieurs étiologies se rattachent à l’anémie chez le drépanocytaire [10];
ce sont:
9 La séquestration splénique aiguë
qui se traduit par une
augmentation de la taille de la rate de 2 cm et une chute
d’hémoglobine d’au moins 2 g/dL. Il s’agit d’une complication
fréquente et grave chez l’enfant, mais plus rare chez l’adulte.
L’éducation des parents à la palpation de la rate et la reconnaissance
des signes d’anémie aiguë sont importantes. L’anémie s’aggrave
rapidement et nécessite une hospitalisation et une transfusion en
urgence. Une splénectomie est parfois justifiée dans les formes graves.
9 Une érythroblastopénie due à une infection par le Parvovirus B19
dont le tropisme pour la lignée érythroïde provoque une anémie
régénérative. L’effondrement du taux des réticulocytes à un taux
inférieur à 20-109g/L évoque le diagnostic qui peut être confirmé
par la réalisation d’un myélogramme. Le Parvovirus B19 peut être
mis en évidence au niveau médullaire par des techniques de
biologie moléculaire (polymerase chain reaction).
9 Une nécrose médullaire étendue se manifeste par la survenue
d’une pancytopénie associée à une augmentation majeure des
24
LDH au cours d’une crise vaso-occlusive hyperalgique généralisée.
La réalisation d’un myélogramme confirme le diagnostic.
9 Un accident transfusionnel consécutif à une allo-immunisation peut
survenir de façon retardée (10 à 15 jours) après la transfusion. Il
s’agit d’une hémolyse aiguë avec des urines très foncées et une
chute d’hémoglobine. La mise en évidence des allo-anticorps est
souvent difficile et parfois retardée. On évoque le diagnostic devant
la persistance d’un taux élevé d’hémoglobine S malgré la
transfusion et l’absence de rendement transfusionnel, voire une
chute importante de l’hémoglobine dans les accidents les plus
graves. Dans ce contexte, il faut surtout éviter de transfuser le
patient. Afin d’augmenter le taux d’hémoglobine plus rapidement,
on utilise l’érythropoïétine à forte dose (entre 200 à 400
UI/kg/semaine) qui peut être efficace en quelques jours avec
augmentation importante des réticulocytes dans un premier temps.
9 Une carence aiguë en folates provoque une anémie aiguë avec
des LDH très élevées en raison de l’avortement intramédullaire des
précurseurs érythroïdes. Cette complication est prévenue par
l’apport systématique de folates, à la dose habituelle au cours de
toute crise vaso-occlusive.
7- CONSEQUENCES DE L’ANEMIE
Les conséquences de l’anémie sont :
9 l’apparition d’un ictère à bilurbine libre
9 le
développement
d’une
lithiase
pigmentaire
liée
à
une
augmentation de la production de la bilirubine à moyen terme
9 la dilatation ventriculaire cardiaque gauche avec hyperplasie
septale
25
Au long cours, l’anémie chronique est responsable d’un retard
staturo-pondéral et d’un retard pubertaire.
8- COMPLICATIONS
Elles sont nombreuses [11]. Parmi les principales, on distingue:
8-1 Complications aiguës:
8-1-1 Vulnérabilité aux infections:
Les infections bactériennes sont une cause importante de complication
chez les enfants atteints d’anémie falciforme. Les hématies falciformes
endommagent la rate, qui joue un rôle essentiel dans le contrôle des
infections. Il faut surtout craindre les infections à pneumocoque, qui sont
très fréquentes et dangereuses. L’adolescent et l’adulte devraient aussi
se protéger contre ces diverses infections.
8-1-2 Crises douloureuses
Elles se manifestent généralement aux membres, à l’abdomen, au dos
ou à la poitrine, et parfois aux os. Elles sont liées au fait que les
hématies falciformes bloquent la circulation sanguine dans les
capillaires. Selon le cas, elles peuvent durer de quelques heures à
plusieurs semaines.
8-1-3 Syndrome thoracique aigu
Ses manifestations sont les suivantes : fièvre, toux, expectoration,
douleur dans la poitrine, gêne respiratoire (dyspnée) et hypoxémie. Ce
syndrome résulte d’une infection pulmonaire ou d’hématies falciformes
prisonnières des poumons. Il met sérieusement en jeu le pronostic vital.
26
8-1-4 Accidents vasculaires cérébraux
En bloquant la circulation cérébrale, les hématies falciformes peuvent
causer un accident vasculaire cérébral.
8-1-5 Priapisme
Il s’agit d’érections douloureuses et prolongées qui s’expliquent par le
fait que le sang s’accumule dans le pénis sans pouvoir refluer à cause
des hématies falciformes. Ces érections prolongées finissent par
endommager les tissus de la verge et conduisent à l’impuissance.
8-2 Complications chroniques
Ce sont essentiellement :
8-2-1 Lésions organiques
Le manque d’oxygène endommage les nerfs ainsi que des organes
comme le cœur, les reins, le foie ou la rate.
8-2-3 Calculs biliaires
La destruction rapide des hématies falciformes libère la bilirubine.
L’élévation du taux de bilirubine entraîne la formation des calculs.
8-2-3 Ulcère des jambes
Etant donné que le sang circule mal à travers la peau, celle-ci ne peut
recevoir les nutriments nécessaires. Les cellules cutanées meurent donc
les unes après les autres et des plaies apparaissent.
8-2-4 Troubles visuels
27
Lorsque le sang circule mal dans les minuscules vaisseaux qui entourent
les yeux, cela endommage la rétine et peut donc mener à la cécité.
8-2-5 Retard staturo-pondéral
Il est causé par un manque de globules rouges.
9-PRISE EN CHARGE DE L’ANEMIE
9 Prise en charge de l’anémie chronique et de son aggravation
progressive :
Elle n’est pas en soi une indication de transfusion globulaire, car
l’anémie drépanocytaire est relativement bien tolérée sur le plan clinique.
Au niveau tissulaire, la diminution de l’affinité de l’Hb S pour l’oxygène
par rapport à l’Hb A permet une bonne oxygénation. Au niveau
systémique, l’absence d’avortement de l’érythropoïèse intra médullaire
permet un gain énergétique appréciable qui autorise la croissance [12].
Par ailleurs, la viscosité sanguine augmentée dans les syndromes
drépanocytaires majeurs contre-indique la correction complète de
l’anémie sous peine d’accidents vaso-occlusifs graves tels que les
syndromes thoraciques aigus ou les AVC. Ainsi, paradoxalement,
certains enfants dont le taux d’hémoglobine est au 75e percentile
peuvent bénéficier de saignée pour diminuer la fréquence des épisodes
douloureux vaso-occlusifs.
En définitive, la correction de l’anémie chronique par transfusion ou par
l’hydroxyurée, lorsque l’hémoglobine est inférieure à 7g/dl, ne doit pas
être systématique et n’est l’affaire que de cas particuliers.
9 Prise en charge de l’anémie aiguë
28
Plus de la moitié des patients drépanocytaires homozygotes ont été
transfusés avant l’âge de 18 ans, notamment à l’occasion d’épisodes
d’anémie aiguë ou de complications viscérales graves [13].
L’espérance de vie de ces malades atteint aujourd’hui la cinquième
décennie. Les hétérozygotes composites SC et Sβ+ thalassémiques ont
une espérance de vie supérieure à celle de la population noire
américaine non drépanocytaire.
La supplémentation folique, en général quotidienne, est nécessaire dès
l’âge de 2 ou 3 mois associée à des conseils nutritionnels et une
hydratation abondante (au moins 2l/H2O/jour). En cas de carence, la
supplémentation martiale apporte de 5 à 10 mg/kg de fer en fonction de
la
tolérance
digestive.
La
splénectomie
est
indiquée
en
cas
d’hypersplénisme ne cédant pas à un traitement transfusionnel de
plusieurs
mois.
Elle
doit
se
faire
sous
couvert
vaccinal
antipneumococcique. La prise en charge du saturnisme ne comporte
pas de spécificité propre à l’enfant drépanocytaire [14].
9-1 TRAITEMENT
Le traitement de l’anémie aiguë repose sur la transfusion en urgence (les
prélèvements à visée étiologique étant effectués juste avant la
transfusion). Le chiffre d’hémoglobine final ne doit pas excéder 10,5 g/dl
avec un hématocrite final autour de 33%. Au delà, les risques
d’hyperviscosité sanguine sont importants. Le volume transfusionnel est
calculé pour ne pas dépasser les taux non désirés d’hémoglobine.
En outre, le relargage possible du sang séquestré doit être anticipé dans
les séquestrations d’organes ; la quantité d’hémoglobine séquestrée est
29
estimée sur la différence entre l’hémoglobine de base et l’hémoglobine
observée.
La prise en charge transfusionnelle des syndromes thoraciques aigus
vise à diluer les hématies drépanocytaires et à participer à la
normalisation des échanges gazeux. Le volume transfusé dans les
érythroblasthopénies doit tenir compte, outre de l’hémoglobine de base
de l’enfant, de leur durée prévisionnelle: perte (0,1g/dl d’Hb par jour en
moyenne). En période d’érythroblastopenie, les traitements étiologiques
doivent être instaurés rapidement.
9-2 PREVENTION
L’éducation parentale sur les signes évocateurs d’aggravation de
l’anémie
(comportement
de
l’enfant,
palmoplantaire) et sur la palpation de la
d’accéder à
pâleur
conjonctivale
et
rate permet aux enfants
temps au site hospitalier pour être éventuellement
transfusés.
En période épidémique familiale ou de collectivité , la surveillance
rapprochée des enfants drépanocytaires non immunisés contre les
parvovirus permet la transfusion programmée rapide des sujets infectés .
La prévention des récidives de séquestration splénique aiguë repose sur
la splénectomie après deux ou trois épisodes. La liste des produits
susceptibles de déclencher une hémolyse chez les patients déficitaires
en G6PD doit être donnée et expliquée aux parents et à l’enfant et
accrochée au carnet de santé.
30
Le
phénotypage
érythrocytaire
complet
permet
une
transfusion
phénotypée lorsqu’elle est nécessaire, ce qui diminue d’un facteur 15 le
risque d’allo immunisation .En gros la prévention repose sur:
1. la détermination du taux d’hémoglobine de base de chaque
drépanocytaire (NFS en période calme),
2. la surveillance du drépanocytaire en s’assurant qu’il conserve son
taux d’hémoglobine de base (NFS au moins une fois tous les 6 mois en
dehors des crises),
3. le dépistage par un examen clinique rigoureux et un bilan biologique
et le traitement des autres causes d’anémie préventive (carence
martiale, carence en acide folique, déficit en G6PD…),
4. l’administration d’acide folique pour pallier la carence due à
l’hyperactivité médullaire,
5. le conseil d’une bonne hygiène alimentaire: viandes, poissons, oeufs,
légumes, laitages, fruits, boissons abondantes,
6. enfin, un accent doit être mis sur l’inutilité des autres «vitamines» et
«fortifiants» (très prescrites par le personnel paramédical mais qui
reviennent beaucoup trop cher et sont souvent inefficaces).
II - 1 CADRE D’ETUDE :
Cette étude s’est déroulée au Centre Hospitalier et Universitaire de
Brazzaville, établissement sanitaire de niveau III de la République du
Congo.
Les patients ont été recensés précisément dans le service d’hématologie
clinique. Ce service comprend 4 salles et a une capacité de 16 lits. Il est
animé par :
31
ƒ un chef de service (Professeur agrégé d’hématologie) et trois
spécialistes résidents ;
ƒ un personnel paramédical et administratif constituant un effectif de
16 agents.
II - 2 TYPE ET PERIODE D’ETUDE
Il s’est agi d’une étude exhaustive à recueil rétrospectif portant sur une
période de 5 ans allant du 1er juillet 2002 au 30 juin 2007.
II - 3 SOURCES DES DONNEES
Les renseignements ont été recueillis à partir :
ƒ des registres des malades
ƒ des
dossiers
renseignements
médicaux,
cliniques
comprenant
et
un
maximum
paracliniques
de
recueillis
antérieurement ou au cours de la période d’étude de notre
enquête.
II - 4 CRITERES D’ELIGIBILITE :
Critères d’inclusion : Nous avons, au cours de cette étude,
retenu :
ƒ les patients drépanocytaires homozygotes (statut confirmé par
une électrophorèse de l’hémoglobine) de tout âge et sexe
confondus ayant été hospitalisés pendant la période d’étude
32
ƒ les patients ayant des dossiers exploitables (comportant une
observation médicale et un bilan comprenant au minimum une
numération de formule sanguine avant et après transfusion
ainsi qu’un bilan étiologique minimal)
Critères d’exclusion : ont été exclus :
ƒ les patients drépanocytaires homozygotes n’ayant pas été
hospitalisés pendant la période d’étude ;
ƒ les patients dont les dossiers n’étaient pas exploitables.
1 - 5. DEFINITION OPERATIONNELLE DES TERMES :
1 - 5 - 1. Niveau socio-économique : ont été considérés comme faisant
partie :
ƒ du niveau socio-économique bas : les patients qui ou dont les
parents étaient sans emploi (paysans, ouvriers, étudiants sans
ressources) :
ƒ du niveau socio-économique moyen : les patients qui ou dont
les parents étaient des cadres moyens, ou assimilés sans grande
charge ;
ƒ du niveau socio-économique supérieur : les patients qui ou dont
les
parents
étaient
des
cadres
supérieurs,
des
grands
commerçants.
1 - 5 - 2: Profil électrophorétique :
Tableau I ; Profil électrophorétique
AS
SS
HbA
(%)
60-65
0
HbS
(%)
35-40
80-95
HbF
(%)
<1
5-20
HbA2
(%)
V
V
33
SC
Sβ+ thal
Sβ° thal
S/PHHF
0
1-25
0
0
50
55-90
80-90
>70
1-7
5-15
5-15
15-35
V
V
V
V
V : les valeurs de l’HbA2 ne figurent pas dans le tableau I ci-dessus
parce que le dosage de l’hémoglobine A2 est ininterprétable à cause
d’une contamination constante par l’Hb S.
1 - 5 - 3 Signes à l’admission : correspondent aux signes que le
malade à présentés à l’entrée.
1 - 5 - 4 Taux d’hémoglobine en période inter critique : correspond au
taux d’hémoglobine obtenu par numération globulaire en absence de
crises.
1 - 5 - 5 : Taux d’hémoglobine de contrôle : c’est le taux obtenu après
transfusion par numération globulaire (réalisée au maximum 24 heures
après).
1 - 5 - 6 : Ictère : coloration jaune des muqueuses et des conjonctives
ƒ Franc : coloration intense
ƒ Modérée : coloration moins importante
1 - 5 - 7 : Hémoglobinurie : émission d’urines de couleur rouge coca
cola assimilée à du rouge porto.
1 - 5 - 8 : Tachycardie : fréquence cardiaque supérieure à 120
battements par minute chez les enfants et 100 battements par minute
chez les adultes.
1 - 5 - 9 : Polypnée : fréquence respiratoire supérieure à 15 cycles par
minute.
34
1 - 5 - 10 : Splénomégalie : la taille de la rate a été appréciée selon la
classification de Hackett
ƒ Type 0 = rate non palpable
ƒ Type I = rate dépassant de un travers de doigt le
rebord costal
ƒ Type II = rate se trouvant entre le rebord costal et la
ligne horizontale passant par l’ombilic
ƒ Type III = rate atteignant la ligne horizontale passant
par l’ombilic
ƒ Type IV = rate dépassant la ligne horizontale passant
par l’ombilic
ƒ Type V = rate plongeant dans la fosse iliaque gauche
1 - 5 - 11 : Evolution
Elle est :
ƒ Favorable : lorsque la pâleur, les signes d’intolérance de l’anémie
disparaissent et le taux d’Hémoglobine s’élève dans les valeurs
habituelles du patient ; sans augmentation considérable de
l’hématocrite.
ƒ Défavorable : en cas d’atteinte viscérale grave (cardiaque,
viscérale) et/ou en cas de décès.
Nos patients ont bénéficié d’un examen clinique complet à la recherche
de signes d’intolérance de l’anémie, de signes d’appel infectieux et de
signes objectifs d’infection localisée.
Un bilan paraclinique a été réalisé comportant :
ƒ une numération de formule sanguine complète
ƒ une goutte épaisse
35
ƒ une culture (urines, pus….)
ƒ une échographie abdominale
ƒ des radiographies pulmonaires et /ou osseuses
Les variables comme la sérologie à VIH, les marqueurs hépatiques, le
temps de Quick ont été étudiées mais étant donné que ces examens ne
se font pas de façon systématique, nous n’avons pas pu avoir les
résultats. Il en est de même pour la férritininemie et des hémocultures.
Nous avons étudié les paramètres suivants :
ƒ le sexe
ƒ l’âge
ƒ le profil électrophorétique
ƒ le taux d'Hb en période intercritique
ƒ la symptomatologie à l'admission
ƒ l’état clinique
ƒ les manifestations paracliniques
ƒ le diagnostic
ƒ le traitement
ƒ les modalités évolutives
ANALYSE STATISTIQUE
Le logiciel de statistique Statview 5 a été utilisé pour le traitement des
données obtenues.
Les indices des statistiques descriptives ont été calculés pour déterminer
les fréquences pour chaque variable étudiée.
36
Les méthodes de la statistique inférencielle ont permis d’examiner
l’influence d’une variable sur l’autre. Ainsi, deux pourcentages p1 et p2
ont été comparés à l’aide de la formule suivante :
S0 =
arcsin√p1 - arcsin√p2
√820,8 (n1+n2)
n1+n2
Ici n1 et n2 sont les tailles des échantillons correspondant aux
pourcentages p1 et p2. la constante 820,8 est associée à la
transformation en arcsinces des pourcentages.
Concernant la comparaison des h pourcentages p1, p2, p3,…..,ph, la
signification statistique des différences perçues a été examinée à partir
du test S de Sokal
Pour cela, la valeur S a été calculée :
h ( aib – abi)2
∑
ni
ab
i=1
1
S0 =
La valeur de comparaison est la valeur lue sur la table des Khi deux, au
seuil de confiance 95%.
Si So < Y² t, la différence est non significative.
Si So > Y² t la différence est significative.
Pour tous les tests, le seuil de signification statistique a été fixé à 5%.
37
III - 1 DONNEES EPIDEMIOLOGIQUES
III - 1 - 1 FREQUENCE
Entre le 1er juillet 2002 et le 30 juin 2007, 2235 patients ont été admis
dans le service d’Hématologie du CHU de Brazzaville parmi lesquels
1387 drépanocytaires dont 207 pour anémie suraiguë.
III - 1 - 2
AGE ET SEXE
La couche des patients dont l’âge était compris entre 20 et 30 ans était
la plus importante avec environ 50% des cas comme le montre le
tableau II.
Tableau II: Répartition des patients selon l’âge et le sexe:
<10
10 - 19
20 - 29
30 - 39
≥40
Total
M
6
14
25
8
2
55
F
2
23
45
10
7
n
8
37
70
18
9
%
5,6
26,1
49,3
12,7
6,3
87
142
100
Nous avons colligé 87 patients de sexe féminin (61,3%) et 55 patients de
sexe masculin (38,7%), soit un sexe ratio de 0,6.
III - 1 - 3
La
LE NIVEAU SOCIO-ECONOMIQUE
couche de la population la moins nantie est la plus touchée avec plus
de 50% des cas, comme l’illustre les tableaux III et IV ci-dessous.
38
Tableau III: Répartition des patients selon le niveau socio-économique
et le sexe
H
F
Total
%
Bas
Moyen
Haut
23
17
15
47
25
15
70
42
30
0,49
0,30
0,21
Total
55
87
142
1,00
Tableau IV: Répartition des patients selon le niveau socio-économique,
le sexe et l’âge
Bas
Moyen
Haut
H
F
H
F
H
F
Total
%
< 10
10 - 19
20 - 29
30 - 39
≥ 40
2
6
7
4
0
1
15
15
5
3
2
4
7
2
1
1
4
20
2
4
2
4
11
2
1
0
3
10
3
1
8
36
70
18
10
6
25
49
13
7
Total
19
39
16
31
20
17
142
100
III - 1 - 4
PHENOTYPE HEMOGLOBUNIQUE DES PATIENTS
Les phénotypes hémoglobiniques les plus représentés étaient :
• 87,1% SSA2
• 12,3%SSFA2
• 0,6%SAFA2
39
Le phénotype hémoglobinique le plus important est la forme SSA2.
La figure 1 illustre les différents phénotypes hémoglobiniques retrouvés.
Figure1: répartition des patients en fonction du phénotype
hémoglobinique
Répartition des malades selon le phénotypqge
hémoglobinique
12%
1%
HbSSA2
HbSSFA2
HbSSA2
HbSAFA2
87%
III - 1 - 5
TAUX D’HEMOGLOBINE EN PERIODE INTERCRITIQUE
Près de 91,8% de nos patients ont, en période intercritique un taux
d’hémoglobine inférieur à 9 g/dl. Le taux d’hémoglobine moyen est de
7,14 g/dl.
Le tableau V ci-dessous illustre la répartition des malades selon le taux
d’hémoglobine en période intercritique.
Tableau V : taux d’hémoglobine en période intercritique
<6
6 - 6,9
n
1
41
%
0,7
28,9
40
7 - 7,9
8 - 8,9
≥9
Total
52
36
12
142
36,6
25,4
8,4
100
III - 2 DIAGNOSTIC POSITIF
III - 2 - 1 CLINIQUE
III - 2 - 1 - 1
SYMPTOMATOLOGIE CLINIQUE A L’ARRIVEE:
Dans la majorité des cas, les patients étaient arrivés avec une polypnée
et une fatigue intense presque en état d’anoxie cérébrale, comme
l’illustre le tableau VI ci-dessous.
Tableau VI:signes cliniques présentés à l’admission.
Collapsus
Signes d'insuffisance
cardiaque
Polypnée
Fatigue intense
Douleurs osseuses
Autres
Total
III - 2 - 1 - 2
A
<10
2
0
4
1
1
0
8
10-19 20-29
10
5
0
15
11
0
1
37
0
18
23
20
4
70
30-39
3
≥40
1
n
21
%
14,9
2
7
5
0
1
18
2
3
3
0
0
9
4
47
43
21
6
142
2,8
33,1
30,3
14,8
4,2
100
présenté
une
EXAMEN CLINIQUE
l’examen
clinique,
112
de
nos
patients
ont
hémoglobinurie correspondant à 78,9%, tandis que 104 patients ont
présenté un ictère soit 73,2% et enfin 21 patients ont présenté une
splénomégalie soit 14,8%.
41
III - 2 - 1 - 3
TYPES DE CRISES AIGUËS DE DEGLOBULISATION
Dans 93% des cas, les crises aiguës de déglobulisation étaient liées à
l’hyperhémolyse, comme le montre le tableau VII.
Tableau VII: répartition des patients en fonction du type de crises aiguës
de déglobulisation.
Crise aiguë hyper
hémolytique
Séquestration
splénique
Crise aiguë
aplasique
Grossesse
Total
III - 2 - 2
n
%
132
93
1
0,7
1
0,7
8
142
5,6
100
PARACLINIQUE
III - 2 - 2 - 1
TAUX D’HEMOGLOBINE AVANT TRANSFUSION
Environ 62% des patients avaient à l’admission un taux d’hémoglobine
inférieur à 5 g/dl, le taux moyen d’hémoglobine sur l’effectif des patients
était de 3,9 g/dl, comme le montre le tableau VIII ci-dessous.
Tableau VIII : Répartition des patients selon le taux d’hémoglobine à
l’admission
42
n
%
2-2,9
26
18,3
3-3,9
40
28,2*
4-4,9
22
15,5
≥5
22
15,5
Non réalisé
32
22,5
Total
142
100
(*) : Différence significative à p <0,05 d’après le test S de Sokal.
Le terme ‘’non réalisé’’ correspond aux patients qui n’ont pas pu réaliser
une numération globulaire en urgence.
III - 2 - 2 - 2
ECHOGRAPHIE
Seulement 10,6% de nos patients ont bénéficié d’une échographie
abdominale; la lithiase des voies biliaires était retrouvée dans la majorité
des cas (7,4%).
III - 3 DIAGNOSTIC ETIOLOGIQUE
III - 3 - 1
ETIOLOGIES DE LA CRISE AIGUË DE DEGLOBULISATION:
Le tableau IX montre la répartition des patients en fonction de l’étiologie
de la déglobulisation.
Tableau IX: Etiologie des crises aiguës de déglobulisation
43
n
%
Paludisme
43
30,3
Infection d'origine inconnue
Pno à germe banal
32
17
22,5
12
Infection urinaire
13
9,2
Infection des voies biliaires
11
7,8
OMA
10
7
Pno à germe atypique
6
4,2
Grossesse
8
5,6
Séquestration Splénique
1
0,7
1
142
0,7
100
Crise aiguë aplasique
Total
III - 3 - 2
INFLUENCE DU NIVEAU SOCIO-ECONOMIQUE SUR LA SURVENUE DES
CRISES AIGUËS DE DEGLOBULISATION:
Les patients ayant un niveau socio-économique bas étaient donc les
plus vulnérables à la déglobulisation, comme l’illustre le tableau X.
Tableau X: répartition des patients selon l’étiologie retrouvée et le
niveau socio-économique.
44
Niveau socioéconomique
Paludisme
Infection d'origine
inconnue
Pno à germe banal
Infection urinaire
Infection des voies
biliaires
Ostéomyélite aiguë
Pno à germe
atypique
Grossesse
Séquestration
splénique
Crise aplasique
aiguë
Total
Bas
25
Moyen
11
Haut
7
Effectif
43
%
30,3
17
8
6
12
7
2
3
2
3
32
17
13
22,5
12
9,2
4
5
4
3
3
2
11
10
7,8
7
4
5
1
3
1
0
6
8
4,2
5,6
1
0,7
1
142
0,7
100
1
0
77
1
45
0
21
III - 4 TRAITEMENT
III - 4 - 1
TRAITEMENT LIE A L’ANEMIE
Le tableau XI illustre la répartition des patients en fonction du traitement
lié à l’anémie reçu.
Tableau XI: Traitement lié à l’anémie reçu
Traitement reçu
CE
ETP
Total
n
140
2
142
%
98,6***
1,4
100
CE=Concentré Erythrocytaire
ETP=Echange Transfusionnel Partiel
45
(***) : Différence significative à p<0,001 d’après le test de Sokal
L’échange transfusionnel partiel s’est fait par technique manuelle. Il a
été réalisé chez deux patients : un patient qui a présenté une infection
bactérienne associée à une complication ischémique à type d’accident
vasculaire cérébral et une patiente pour grossesse.
III - 4 - 2
TRAITEMENT ETIOLOGIQUE
Dans 52,8% des cas les patients avaient reçu une antibiothérapie et
dans 36% des cas, ils avaient reçu de la quinine en perfusion, comme le
montre le tableau XII.
Tableau XII: répartition des patients selon le type de traitement
étiologique reçu
Type de traitement
Antibiothérapie
Antibiothérapie+Quinine
Quinine en perfusion
Antituberculeux
Non
Total
n
75
1
51
6
9
142
%
52,8*
0,7
36
4,2
6,3
100
Le terme ‘’non’’ correspond aux patientes dont l’étiologie était rattachée
à la grossesse et à la séquestration splénique
(*) : Différence significative à p <0,05 d’après le test S de Sokal.
46
III - 4 - 3 TRAITEMENT D’ENTRETIEN
Le tableau XIII est une représentation des patients en fonction du type
de traitement d’entretien reçu
Tableau XIII: Répartition des patients selon le traitement d’entretien reçu
n
Acide Folique
Acide
Folique+Hydroxyurée
Total
%
133
93,7***
9
142
6,3
100
(***) : Différence significative à p<0,001 d’après le test de Sokal.
III - 5 EVOLUTION
III - 5 - 1 EVOLUTION CLINIQUE
Le tableau XIV représente la répartition des patients en fonction de leur
évolution clinique: l’évolution défavorable, correspondait au trois cas de
décès enregistrés (deux décès dans des tableaux de sepsis sévère et un
décès dans un tableau de choc anémique chez une patiente à l’arrivée).
47
Tableau XIV: répartition des patients selon l’évolution clinique
Evolution clinique
Favorable
n
%
139
98***
3
142
2
100
Défavorable
Total
(***) : Différence significative à p<0,001 d’après le test de Sokal.
III - 5 - 2 EVOLUTION PARACLINIQUE
Dans 40% des cas, le taux d’hémoglobine des patients oscillait entre
7 g/dl et 7,9 g/dl comme l’illustre le tableau XIV.
Tableau XV: Répartition des patients selon le taux d’hémoglobine après
transfusion
6-6,9
7-7,9
8-8,9
≥9
Non réalisé
Total
n
24
57
27
31
3
142
%
17
40
19
22
2
100
Le terme ‘’non réalisé’’ correspond aux patients décédés avant d’avoir
refait une numération globulaire de contrôle
48
L’anémie hémolytique chronique est une manifestation constante et
même précoce de la drépanocytose homozygote. Elle est une
conséquence
directe
de
l’hémoglobinopathie
et
possède
des
caractéristiques propres chez l’enfant.
En effet, avant l’âge de 18 ans (plus particulièrement avant 14 ans) plus
de 60% des patients drépanocytaires homozygotes ont été transfusés.
Les crises aiguës d’anémie qui correspondent aux crises aiguës de
déglobulisation sont en Afrique noire très fréquentes [15].
IV.1 FREQUENCE
Notre étude qui a colligé 1387 patients drépanocytaires homozygotes en
majorité adultes sur un effectif de 2235 patients hospitalisés dans le
Service d’Hématologie Clinique du Centre Hospitalier et Universitaire de
Brazzaville, a permis de rapporter une fréquence de 14,6%. Cette
fréquence ne peut être extrapolée au niveau hospitalier à cause de la
dispersion des patients drépanocytaires, en particulier les enfants, admis
dans les Services de Pédiatrie. La fréquence des crises aiguës de
déglobulisation semble plus importante chez l’enfant que chez l’adulte.
MABIALA-BABELA et al. [16] dans une étude pédiatrique au Congo
rapportent cette fréquence à 20,3%.
En Afrique de l’Ouest et principalement en Côte d’Ivoire, la fréquence
des crises aiguës anémiques chez l’adulte est rapportée entre 24 et 29%
[17]
En Europe, avant l’âge de 6 ans, ces crises semblent être fréquentes
[18].
49
IV.2
DIAGNOSTIC POSITIF
Les crises aiguës de déglobulisation sont les conséquences de
l’aggravation aiguë de l’anémie hémolytique chronique
normalement
tolérée.
Parmi ces crises on distingue: les crises hyperhémolytiques, les crises
de séquestration splénique et les crises aiguës aplasiques.
IV.2.2 CRISES AIGUËS HYPERHEMOLYTIQUES
IV.2.2.1 CLINIQUE
Dans la présente étude, les crises aiguës hyperhémolytiques ont été
rapportées dans 93% des cas. L’âge moyen de nos patients était de 23
ans avec des extrêmes d’âge de 3 ans à 49 ans.
La couche de la population la plus touchée était celle qui avait un niveau
socio-économique
bas.
La
prédominance
des
patients
démunis
s’explique par le fait que ces populations ont un faible pouvoir d’achat: le
recours à l’hôpital se fait en dernier (après le traitement traditionnel).
Les examens à visée diagnostique ne sont que peu ou pas réalisés et le
suivi de ces patients est en général irrégulier.
Les règles d’hygiène dans le but de prévenir le risque de survenue de
l’anémie ne sont pas respectées, étant donné que les populations qui
constituent cette couche sociale ont en général un niveau intellectuel
bas. Elles résident pour la plupart dans les quartiers à haut risque
d’infestation plasmodiale ; la prophylaxie par la chimiothérapie et par
l’utilisation des moustiquaires imprégnées n’est pas appliquée. Le
programme vaccinal spécifique au drépanocytaire n’est pas appliqué.
50
Les patients appartenant à la couche des nantis ont une bonne
connaissance de la maladie, et de ce fait la prise en charge ou
l’observance thérapeutique est adéquate (du fait de leur niveau
intellectuel). Les campagnes de sensibilisation sont mieux perçues par
elle. La pauvreté constitue donc un grand facteur de risque. De
nombreux auteurs soulignent le tribut payé par cette couche de la
population [19, 20].
Dans notre étude, les crises aiguës hyperhémolytiques ont été révélées
par une hémoglobinurie dans 78,9% des cas, un ictère ou un subictère
dans 73,2% des cas et par une splénomégalie dans 14,8% des cas.
Souvent, les patients ont été admis à l’hôpital à un stade tardif. C’est
ainsi que 14,9% de nos patients ont été admis dans un tableau de
collapsus avec signes d’encéphalopathie, témoin d’une anoxie cérébrale.
Le syndrome infectieux a précédé le tableau d’anémie aiguë dans la
majorité des cas.
IV.2.2.2 BIOLOGIE
Sur le plan biologique, le taux d’hémoglobine habituel en période
intercritique a été obtenu lors des contrôles pendant les consultations
externes. Il variait entre 6 et 10 g/dl avec une moyenne de 7,14 g/dl.
En Côte d’Ivoire, le taux d’hémoglobine moyen en période intercritique
est de 8 g/dl [17].
En Europe, le taux moyen d’hémoglobine des patients drépanocytaires
homozygotes est de 8 g/dl [21].
L’anémie qui est constante mais à des degrés variables, est retrouvée
par tous les auteurs; elle est le fait du syndrome d’anémie hémolytique
chronique sur lequel se greffent des crises hémolytiques aiguës.
51
A l’admission à l’hôpital, environ 62% de nos patients avaient un taux
d’hémoglobine inférieur à 5 g/dl avec une moyenne d’hémoglobine à 3,9
g/dl. La sévérité du taux d’hémoglobine avant transfusion illustre le stade
avancé dans lequel les patients arrivent.
Dans 22,5% des cas, il a été difficile d’obtenir le taux d’hémoglobine à
l’admission à cause non seulement de l’état hémodynamique des
patients, mais aussi de la non disponibilité de l’automate d’Hématologie
aux heures non ouvrables.
En Afrique de l’Ouest, TOLO et al. [17] rapportent un taux d’hémoglobine
avant transfusion allant de 2,3 à 10,3 g/dl avec une moyenne de 6,4 g/dl.
Cette disparité est liée au fait que le Congo se situe dans la zone Bantou
où domine le phénotype le plus sévère (SSFA2).
Dans presque la majorité des cas, les patients ont présenté une
hyperleucocytose à prédominance neutrophile.
IV.2.3 CRISE DE SEQUESTRATION SPLENIQUE
Elle n’a été retrouvée dans notre étude que dans 0,7% des cas.
Cette fréquence est certainement liée au fait que le service dans lequel
s’est déroulée cette enquête n’accueille pas souvent les enfants et la
séquestration splénique est une complication imprévisible à très haut
risque de mortalité qui touche près de 30% des enfants avant l’âge de 3
ans [22].
La séquestration splénique est la conséquence d’une occlusion du retour
capillaire veineux par les hématies falciformes alors que le débit artériel
intra splénique est préservé. Le volume de sang ainsi séquestré dans cet
organe du tissu conjonctif lâche atteint rapidement des proportions
considérables.
52
Sur le plan clinique, la séquestration splénique se manifeste par une
défaillance
circulatoire
qui
se
traduit
par
une
anémie
aiguë
s’accompagnant d’une augmentation rapide et importante du volume de
la rate [23].
Le taux d’hémoglobine de notre patient à l’admission était de 2,2 g/dl; il
n’a pas été possible de procéder au comptage des réticulocytes; le
nombre de plaquettes était normal.
Sur le plan biologique, l’anémie aiguë se traduit par une baisse du taux
d’hémoglobine d’au moins 2 g/dl par rapport au taux de base.
En Afrique, plus précisément au Nigeria [24], dans une étude réalisée
chez les enfants, la fréquence des crises de séquestration splénique est
de 8 à 15%. En Europe, DE MONTALEMBERT et al. retrouvent une
fréquence de 10% [21].
En Amérique, particulièrement en Jamaïque, la fréquence est de 13%
[22].
IV.2.4 CRISE AIGUË APLASIQUE
Il n’a été retrouvé que
0,7% des cas d’anémie liée à cette entité
biologique, car elle se rencontre plus chez l’enfant que chez l’adulte.
La primo infection par le parvovirus B19 est la première cause
d’érythroblastopénie chez l’enfant drépanocytaire.
Dans notre étude, ce diagnostic a été hypothétique car nous n’avons pas
pu réaliser une sérologie.
Sur le plan biologique, la déglobulisation aiguë s’accompagne d’une
réticulocytose effondrée par l’apparition d’un antiparvovirus chez un sujet
antérieurement négatif [25].
53
IV.3 DIAGNOSTIC ETIOLOGIQUE :
IV.3.1 CRISES AIGUËS HYPERHEMOLYTIQUES
Les causes infectieuses semblent les plus fréquemment rencontrées
dans notre enquête.
IV.3.1.1 PALUDISME
Le paludisme a été incriminé dans l’accentuation de l’hémolyse dans
30,3% des cas. La fréquence accrue du paludisme au Congo qui est
également décrite par ELIRA et al. [26], est expliquée par la forte
endémicité de l’infestation palustre et par la prophylaxie insuffisante.
En effet la majorité de nos patients sont issus de la couche des démunis.
Cette couche est la plus exposée en raison de la pauvreté ou de
l’analphabétisme
avec
tous
ses
corollaires
(ignorance,
naïveté,
superstition, etc...) Ces patients sont peu fidèles aux consultations et
n’ont pas un accès facile aux soins de santé.
Le diagnostic de l’accès palustre au Congo repose sur la base
d’arguments présomptifs cliniques et paracliniques. Les tableaux
d’urgence dans lesquels les patients sont admis, et la non disponibilité
des
laboratoires
rendent
difficile
la
réalisation
des
examens
parasitologiques en urgence (GERH).
Dans une étude réalisée en Côte d’Ivoire par DIOP et al. [27], sur le
profil infectieux chez le drépanocytaire homozygote, le paludisme est
présent dans 60% des cas.
54
Dans une autre étude, en Europe occidentale, en dehors du paludisme
d’importation des patients ayant séjourné pour vacances ou autres
raisons diverses en Afrique (zone d’endémie palustre), le paludisme qui
ne sévit pas à l’état endémique n’est pas retrouvé. [28].
Le traitement a été réalisé à base de quinine en perfusion, aux
posologies adéquates. Il a été associé à des transfusions ponctuelles ; la
transfusion sanguine est un traitement essentiel de la drépanocytose
tant par la correction d’une éventuelle aggravation de l’anémie chronique
que par la possibilité de remplacer les hématies falciformes qui circulent
mal par les hématies falciformes déformables qui circulent mieux.
L’évolution clinique de la maladie a été favorable chez tous les patients.
Dans la littérature, l’hyperhémolyse liée au paludisme est en général de
bon pronostic lié en grande partie à la rapidité du recours à l’hôpital [29].
IV.3.1.2 INFECTIONS BACTERIENNES
Nonobstant l’absence de documentation microbiologique liée au sous
équipement de nos laboratoires, nous avons rapporté, en fonction de la
localisation, les infections suivantes : broncho-pulmonaires, urinaires,
voies biliaires et osseuses.
La localisation broncho-pulmonaire a été la plus représentée dans 16,2%
des cas.
L’infection urinaire arrivait en seconde position dans 9,2% des cas,
l’infection des voies biliaires dans 7,8% des cas et enfin l’ostéomyélite
aigu (OMA) n’était présente que dans 7% des cas.
55
La fréquence des infections des voies biliaires s’explique par le fait que
ces patients qui, à un âge avancé, n’ont jamais pu bénéficier dans leur
surveillance de la possibilité de réaliser une échographie systématique
des voies biliaires pour rechercher des lithiases des voies biliaires
fréquentes après 19 ans.
Pour les infections bronchopulmonaires, en dehors des infections
saisonnières,
l’absence
de
couverture
vaccinale
(vaccin
antipneumococcique, vaccin antihémophilus influenzae b) accroît le
risque d’infection de l’arbre respiratoire. Il convient de noter que ces
vaccins ne sont pas inscrits dans le programme élargi de vaccination au
Congo.
Cette situation est comparable à celle des autres pays africains
notamment à celle du Gabon [30] et du Sénégal [31].
Dans les études où les hémocultures ont été réalisées, les germes les
plus rencontrés sont le pneumocoque, les salmonelles, l’hémophilus
influenzae, le stapphylocoque et les autres bactéries (klebsielle,
echerichia
mycoplasme)
coli,
[27].
streptocoque,
Cette
pseudomonas,
susceptibilité
aux
chlamydiae
infections
chez
et
le
drépanocytaire homozygote s’explique par l’asplénie fonctionnelle
consécutive à la répétition d’infarctus au niveau de la rate, mais aussi
par un défaut de synthèse d’anticorps et de certaines substances
intervenant dans la lutte antimicrobienne : tuftsine, properdine et fraction
C3 du complément, enfin par la baisse du pouvoir opsonisant du sérum
vis-à-vis des germes encapsulés.
ELIRA dans une étude analytique des facteurs d’aggravation de la
maladie drépanocytaire au Congo [32] retrouve en tête les infections
56
broncho-pulmonaires ; elles sont suivies des infections des voies biliaires
et des infections urogénitales..
En Afrique de l’Ouest, plus précisément au Sénégal, dans une étude
réalisée sur les infections chez l’enfant et l’adolescent drépanocytaires
DIAGNE et al. [27] retrouvent en tête les infections bronchopulmonaires
suivies des infections osseuses, gastro intestinales et urinaires.
Il en est de même pour DIOP et al. [29] en Côte d’Ivoire.
En Europe, le sepsis vient en tête (les germes incriminés sont
généralement les salmonelles et l’echerichia Coli pour les gram négatifs
et le staphylocoque doré pour les gram positifs) [33]
Dans notre étude, ces infections ont été résolues dans l’ensemble sous
bi
antibiothérapie
(céphalosporine
de
troisième
génération
et
aminosides) et l’anémie corrigée par transfusion sanguine simple ou par
échange transfusionnel partiel. L’évolution était favorable dans la
majorité des cas, seules deux patientes sont décédées dans des
tableaux de sepsis sévère.
IV.3.1.3 MALADIES ASSOCIEES
Il ne nous a pas été possible dans le cadre de ces crises
d’hyperhémolyse d’évoquer le diagnostic associé du déficit en glucose 6phosphate déshydrogénase, qui est fréquent au sein de la population
africaine noire (en particulier chez les jeunes garçons environ 20%). Ce
mutant africain A, est rapporté comme déclenchant ces déficits complets
des crises aiguës hyperhémolytiques [34].
IV.3.1.4 AUTRES ACCIDENTS HEMOLYTIQUEs
57
Les accidents hémolytiques par incompatibilité transfusionnelle n’ont pas
été observés dans cette étude, ils ont d’ailleurs été rapportés comme
étant de plus en plus rares [35].
IV.3.1.5 LEUCEMIE AIGUË ET DREPANOCYTOSE
L’anémie dans ce cas est liée à la prolifération tumorale, aggravée par la
drépanocytose
sur
fond
d’infections
induites
chez
les
patients
neutropéniques.
Très peu de cas de leucémie aiguë associée à la drépanocytose ont été
publiés [36] ; dans notre étude, cette association n’a pas été retrouvée.
IV.3.2 CRISES DE SEQUESTRATION SPLENIQUE
Dans le cas que nous avons décrit au cours de cette étude, l’élément
déclenchant n’a pas été décelé.
Mais
certaines
infections
virales
et
surtout
bactériennes
(pneumococcemies) sont rapportées comme représentantes de cette
complication [37].
L’enfant est le plus souvent touché [38]. Certains enfants à l’adolescence
peuvent présenter des crises de séquestration splénique chronique sous
forme d’hypersplénisme [18]
Dans cette étude un seul cas d’anémie liée à la séquestration splénique
a été retrouvé.
IV.3.3 LES CRISES D’ERYTHROBLASTOPENIE
Le facteur déclenchant n’a pas été décelé dans cette étude.
Cette complication se rencontre le plus souvent chez l’enfant [39].
58
L’infection à parvovirus B19 en est le plus souvent responsable [40]. Son
diagnostic est facile et repose sur les tests sérologiques nullement
disponibles au Congo.
IV.3.4 LES HEMORRAGIES
Chez le sujet drépanocytaire homozygote, l’hémorragie est liée aux
troubles de l’hémostase et aux anomalies vasculaires.
Aucun de nos patients n’a présenté de cas de saignement.
NZINGOULA [41] dans une étude signale des cas de saignement à type
d’épistaxis.
En Afrique Centrale, plus précisément en République Démocratique du
Congo, TSHILOLO retrouve une fréquence d’épistaxis de 25% [42].
Dans les travaux réalisés aux Antilles et en Amérique du nord, aucun
cas de saignement n’a été retrouvé chez le drépanocytaire homozygote
[22,43].
IV.3.5 PARTICULARITE DE LA DREPANOCYTOSE AU COURS DE LA GROSSESSE
La déglobulisation était liée à la grossesse dans 5,6% des cas.
La grossesse est un facteur d’aggravation de l’anémie. Derrière ce
facteur se trouve en réalité des facteurs infectieux qui sont responsables
d’anémie, accentués par les facteurs nutritionnels.
En effet, ces patientes qui sont pour la plupart démunies sont aussi
défavorisées par l’insuffisance de la supplémentation en acide folique,
étant donné que la grossesse aggrave souvent les carences en folates,
59
en fer, en zinc et en vitamine E. Ceci est particulièrement vrai surtout en
cas de grossesse multiple [44].
En Amérique du Sud, la fréquence de l’association de la grossesse à la
drépanocytose est de 12% [45].
IV.4 PROBLEMES SOULEVES PAR LA PROPHYLAXIE ANTI INFECTIEUSE
Le patient drépanocytaire est considéré comme très vulnérable en cas
d’infection. Au vu des étiologies inventoriées, quelle stratégie utiliser
pour la prophylaxie de ces infections ?
Chez la majorité de nos patients, la prophylaxie de ces infections par la
vaccination, les mesures physiques ou médicamenteuses n’a pas été
réalisée ; d’où la fréquence élevée des crises de déglobulisation chez le
sujet drépanocytaire âgé alors que celle-ci serait l’apanage du sujet
moins âgé.
La prévention des crises de déglobulisation a été associée à la
supplémentation en acide folique chez grand nombre de nos patients
(98%). Cette supplémentation est particulièrement utile en Afrique [46]
où l’alimentation n’apporte pas suffisamment de folates. Cependant,
l’idéal serait de bien expliquer son intérêt aux parents et aux patients
eux-mêmes pour éviter son abandon surtout si la maladie est peu
asymptomatique.
Cette prévention des crises de déglobulisation a été associée à
l’hydroxyurée dans 2% des cas, chez des patients qui présentaient un
accident vasculaire cérébral (AVC) et le priapisme.
La chimioprophylaxie à base de chloroquine pour lutter contre le
paludisme n’a pas été utilisée dans notre série, étant donné la
controverse qu’elle suscite depuis l’apparition de phénomènes de
60
chloroquinorésistence, bien que le rôle protecteur de l’Hb S contre les
formes graves du paludisme soit connu [47].
Cette chloroquinorésistence a motivé l’utilisation des sulfamides dans la
prophylaxie du paludisme, malgré leur toxicité hématologique connue.
La prophylaxie du paludisme devrait être associée à l’utilisation des
moustiquaires imprégnées, rendues disponibles dans notre pays par les
programmes de lutte contre le paludisme de l’Organisation Mondiale de
la Santé (OMS).
Les difficultés rencontrées dans l’application des mesures préventives du
paludisme nous poussent aux interrogations suivantes :
ƒ Existe-t-il encore une place pour la chloroquine ?
ƒ Existe-t-il une place pour les 4 amino-quinoleines ou pour
les 8 amino-quinoleines ?
En attendant, il est important de souligner l’importance du dépistage
systématique des infections des voies biliaires par échographie
périodique en particulier chez le sujet de sexe féminin, en tenant compte
des spécificités du rein drépanocytaire. La prophylaxie contre certains
germes encapsulés tels que le streptococcus pneumoniae et d’autres
germes comme l’hémophilus influenzae et le mycoplasme pneumoniae,
impose la vaccination périodique.
Cependant chez les enfants avant l’âge de 5 ans, la pénicillothérapie
systématique est préconisée.
Les infections digestives sont souvent liées aux salmonelles. La
prophylaxie par vaccination contre les salmonelles, permet en plus de
prévenir le risque d’infections osseuses fréquentes chez ces petits.
61
La présente étude permet de rapporter que les crises aiguës de
déglobulisation constituent un problème majeur chez les patients
drépanocytaires homozygotes.
Leurs principales étiologies sont représentées essentiellement par les
crises aiguës hyperhémolytiques : le paludisme et les infections
bactériennes. Dans la majorité des cas les germes responsables de ces
infections sont ignorés du fait de l’insuffisance du plateau technique. Le
bas niveau socio-économique semble constituer le principal facteur
favorisant la survenue de ces crises.
Le pronostic vital de ces patients à court terme est en général bon.
Néanmoins, la réduction de la morbidité et de la mortalité liées à ces
crises impose le respect des mesures prophylactiques, qui permettent
d’en assurer le contrôle.
Ces constatations nous permettent de proposer les suggestions
suivantes :
™ Aux Autorités Sanitaires :
1- Instaurer une journée nationale de lutte contre la drépanocytose
2- Favoriser la mise en place d’un programme national de lutte contre
la drépanocytose, muni d’un arsenal technique et financier adéquat
3- Créer un centre bien équipé de prise en charge de la
drépanocytose, permettant un suivi précoce, harmonisé, adéquat et
concerté.
4- Organiser la prévention primaire de la drépanocytose, au moyen de
test fiable et peu coûteux permettant le diagnostic prénuptial et
prénatal.
5- Améliorer les structures de bases existantes (rendre accessible la
réalisation de l’ETP), nécessaires à la prise en charge des patients.
50
62
6- Encourager les partenariats entre professionnels de la santé,
parents, patients, groupes d’intérêts communautaires pertinents et
médias, selon les besoins.
7- Favoriser
la
gratuité
des
soins
médicaux
aux
patients
drépanocytaires. Veiller à ce que les textes (décrets, ordonnances
et arrêtés) pris et publiés dans ce sens ne demeurent pas lettres
mortes.
8- vulgariser l’accès des vaccins spécifiques aux drépanocytaires.
™ Aux chercheurs et à la Faculté :
1- Maximiser les recherches dans le domaine de la drépanocytose et de
ses complications (anémie, infections…)
2- Entreprendre des séminaires qui visent la prise en charge des
patients drépanocytaires
™ Au Public (patients drépanocytaires) :
1- Participer
et
adhérer
aux
associations
de
lutte
contre
la
drépanocytose
2- Participer aux forums et aux campagnes de sensibilisation sur la
drépanocytose
3- Assurer la régularité aux consultations et le bon suivi des règles
d’hygiène, afin de réduire le risque de survenue de l’anémie et des
infections
4- Apprendre à reconnaître les signes d’intolérance de l’anémie et à
palper la rate.
51
63
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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69
TITRE : CRISES AIGUËS DE DEGLOBULISATION CHEZ LE DREPANOCYTAIRE
HOMOZYGOTE : BILAN
ETIOLOGIQUE ET PRONOSTIQUE DANS LE SERVICE
D’HEMATOLOGIE AU CHU DE BRAZZAVILLE.
Contexte : La drépanocytose dans sa forme homozygote touche environ 1 à 2% de la
population congolaise. Les crises drépanocytaires, parmi lesquelles les crises aiguës
anémiques (crises de déglobulisation), émaillent la vie permanente de ces patients. Peu
d’études complètes ont permis d’évaluer les étiologies de ces complications aiguës.
Le but visé par ce travail est de contribuer à l’amélioration de la prise en charge des
drépanocytaires.
Objectifs : Recenser différentes étiologies des crises de déglobulisation ; énumérer les
différentes entités des crises ; apprécier à travers l’évolution le pronostic et enfin évaluer à
court terme l’évolution de ces crises.
Patients et méthodes : il s’est agi d’une enquête essentiellement rétrospective qui a permis
d’inclure 205 patients hospitalisés au terme d’une période qui s’étale entre le 1er juillet 2002
et le 30 juin 2007. Cette enquête qui a colligé 142 dossiers (malades répondant à des
critères rigoureux) a permis de retenir 55 patients de sexe masculin et 87 patients de sexe
féminin, soit un ratio de 0,6.
L’âge moyen de ces patients a été de 23 ans (avec des extrêmes de 3 ans à 49 ans).
Résultats : L’enquête clinique et paraclinique a permis de retrouver les types de crises
suivants : 98,6% des crises aiguës hyperhémolytiques, 0,7% des crises de séquestration
splénique et enfin 0,7% des crises aiguës aplasiques.
Les principales étiologies qui ont pu être recensées au cours de cette enquête sont : le
paludisme dans 30,3% des cas et les infections bactériennes dans 62,7%. Dans 22,5% des
cas, le germe responsable de ces infections n’était pas isolé du fait de l’insuffisance du
plateau technique.
Dans 5,6% des cas, le tableau de crise aiguë de déglobulisation avait été retrouvé chez des
femmes enceintes.
Le niveau socio-économique a été le principal facteur favorisant.
L’évolution clinique des malades a été favorable dans la majorité des cas.
Conclusion : Les crises aiguës de déglobulisation restent des urgences chez le sujet
drépanocytaire homozygote à cause du risque important de morbidité et de mortalité. Ces
crises semblent survenir chez les patients drépanocytaires appartenant à la couche des
patients démunis. Le paludisme et les infections bactériennes semblent représenter les
principales étiologies. La prévention de ces infections permettra certainement de réduire
l’incidence, voire la fréquence de ce type de complications.
Mots clés : crises aiguës de déglobulisation, étiologies, pronostic, drépanocytaire
homozygote, hématologie, Brazzaville.
70
TITLE: SEVERE DEGLOBULIZATION ATTACKS IN THE HOMOZYGOUS PATIENT: AETIOLOGY
AND PROGNOSIS IN THE SERVICE OF HAEMATOLOGY OF THE “CHU” IN BRAZZAVILLE
(CONGO).
Context: Anaemia, in its homozygote from reaches about 1 to 2% of the people in Congo. Anaemia
attacks, especially severe ones (déglobulization attacks), permanently disturb these patients’life.
As of today, few complete studies have enabled to assess the aetiologies of the intense and severe
complications.
The purpose of this work is to contribute to the improvent of the taking in charge of the anaemic
patients.
Objectives: To inventory the different aetiologies of the deglobulization attacks; to list the different
entities of the attacks; to value the prognosis through the evolution and finally, to assess the evolution
of these attacks in the short term.
Patients and methods: The matter in hand was in essentially retrospective investigation which
enabled to include 205 patients admitted in hospital at the termination of a time period running from
july 1st, 2002 to june 30th, 2007. this investigation selected 142 dossiers (the patients were selected on
the basis of strict criteria). It enabled to select 55 male and 87 female patients; that is a 0.6 ratio.
The average age of the patients was 23 years (with extremes of 4 years to 9 years).
Results: The clinical investigation enabled to find out again the following types of attacks: 98.6% of
severe hyperhemolyt attacks, 0.7% of splenic sequestration attacks and 0.7% of severe aplasia
attacks.
The main aetiologies that have been inventoried during the investigation are malaria (30.3%) and
bacterial infections (62.7%). In 22.5% of the cases, the germ responsible for these infectious has not
been isolated because the technical equipment was very poor.
In 5.6% of the cases, the severe deglobulization attacks figure was recorded with pregnant women.
The socio-economic status of the patients has been the main favouring factor.
The evolution has been favourable in most cases.
Conclusion: Severe deglobulization attacks remain emergencies with anaemic patients of the
important risk of morbidity and mortality. These attacks seem to occur essentially with anaemic
patients that are economically and financially poor and out of money. Malaria and bacterial infections
seem to represent the main aetiologies. Therefore, prevention of these infections will certainly enable
to reduce the incidence, indeed the frequency of this type of complications.
Key words: severe deglobulization attacks, aetiologies prognosis, homozygote anaemic patient,
haematology, Brazzaville (Congo).
71
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