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Soins Libéraux
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Protection contre le radon
Projet international pour l’OMS
Le radon est un gaz naturel radioactif qui diffuse dans l’air à
partir du sol. On le retrouve dans le monde et sa concentration dépend de la teneur du sol en uranium. En importance,
c’est le deuxième facteur de risque du cancer pulmonaire et
il est à l’origine de 6 à 15 % de l’ensemble des cas.
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ien que l’exposition moyenne au radon varie énormément, de récentes études
ont montré qu’en cas d’exposition à
une concentration de 100 becquerels
(Bq)/m3, le risque de cancer pulmonaire pour un non-fumeur à l’âge de
75 ans augmente de 1 pour 1 000 par
rapport à ceux qui ne sont pas exposés. Chez le fumeur, la même exposition multiplie le risque par environ 25.
Un gaz neutre
Le radon est un gaz dépourvu d’odeur,
de couleur et de goût. Il est issu du
radium qui fait partie de la chaîne de
désintégration de l’uranium, élément
que l’on trouve en quantités variables
dans toutes les roches et les sols de la
planète. Le sol libère facilement ce gaz
dans l’air où il émet des rayonnements fortement ionisants appelés
particules alpha. Porteuses de charges
électriques, celles-ci se fixent sur les
aérosols, les poussières ou les particules dans l’air que nous respirons. Par
conséquent, elles peuvent aller se
déposer sur les cellules des parois des
voies respiratoires où elles ont alors la
possibilité d’endommager l’ADN et,
potentiellement, de provoquer des
cancers pulmonaires.
À cause de la dilution, les taux de
radon dans l’air extérieur sont en général très faibles. Mais il arrive de trouver
ce gaz dans l’eau de boisson ; la
concentration dépend alors de la
source et peut parfois présenter un
danger. En revanche, les teneurs en
radon augmentent à l’intérieur des
locaux, et l’on peut trouver des
concentrations très élevées dans certains endroits comme les mines, les
grottes ou les usines de traitement des
eaux. On a observé une augmentation
du risque de cancer pulmonaire chez
les mineurs d’uranium. Mais pour le
simple citoyen, l’exposition est de loin
la plus forte dans les habitations.
Isoler les habitations
Il est facile de limiter l’exposition au
radon dans les habitations au
moment de la construction, mais
aussi dans les bâtiments déjà existants. La plupart des mesures à
prendre sont d’augmenter la ventilation sous le plancher ou de sceller les
fissures et les trous, qui ne constituent que de simples modifications à
apporter au bâtiment, mais il peut
arriver de devoir adopter d’autres
approches dans les zones de fortes
concentrations en radon. On a trouvé
de très fortes concentrations en
radon (> 1 000 Bq/m3) dans des
pays où les maisons sont construites
sur des sols très riches en uranium
et/ou très perméables. Avec certaines formations géologiques observées dans de nombreux pays
d’Europe par exemple, le radon
libéré dans les eaux souterraines diffuse facilement vers la surface à travers les roches et dans les bâtiments.
Un rôle substanciel
Il est tout de même rassurant de savoir
que dans l’ensemble, de nombreux
pays dans le monde comptent des
dizaines de milliers d’habitations avec
des concentrations intérieures en radon
dépassant le niveau considéré comme
acceptable. Le Centre international de
recherche sur le cancer (CIRC), organe
de l’OMS spécialisé dans le cancer, et le
Programme national de toxicologie des
États-Unis ont classé le radon dans les
agents cancérigènes. Les scientifiques
ont cherché aussi à établir si les
concentrations en radon observées
dans les maisons et d’autres endroits
constituaient un danger important pour
la santé. Ces études sont achevées
désormais et les analyses groupées des
principaux travaux menés en Europe,
en Amérique du Nord et en Chine ont
confirmé que le radon dans les habitations jouait à l’échelle mondiale un rôle
substantiel dans l’apparition des cancers pulmonaires. Selon de récentes
estimations, 6 à 15 % des cancers pulmonaires seraient imputables au radon.
Toutes les études concordent sur l’estimation de l’ampleur du risque.
D’après les résultats de la même étude,
lorsqu’un non-fumeur est exposé à des
concentrations en radon de 0,100 et
400 Bq/m3, le risque de cancer pulmonaire à l’âge de 75 ans est respectivement de 4, 5 et 7 pour 1 000. La plupart des cancers pulmonaires induits par
le radon surviennent chez les fumeurs.
De nombreux pays ont fixé à 200–400
Bq/m3 la valeur à partir de laquelle des
mesures doivent être prises pour diminuer la concentration en radon dans l’air
à l’intérieur des habitations. D’autres
pays ont adopté des niveaux d’intervention plus élevés ou plus bas. Le choix
des niveaux d’intervention se fonde en
général sur la notion de risque acceptable, c’est-à-dire un niveau correspondant, selon les estimations, à un risque
sanitaire pour la population semblable à
d’autres risques quotidiens.
En ce qui concerne l’eau de boisson,
les “Directives de qualité pour l’eau de
boisson” de l’OMS et la Commission
européenne recommandent de mettre
en place des contrôles, des dosages
répétés par exemple, si le radon
dépasse 100 Bq/l dans le système
public d’approvisionnement.
ALP
Recommandations OMS
Infos ...
Comment protéger
les habitations
On peut faire baisser
la concentration en
radon à l’intérieur
des locaux. Il existe
des moyens
principaux :
améliorer l’aération,
la ventilation sous les
planchers, installer
un système de
puisard dans le soussol, sceller les
planchers et les
murs, mettre en
place un système de
ventilation à pression
positive.
Professions Santé Infirmier Infirmière N° 65 • août-septembre 2005
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