Soins Libéraux 27 Protection contre le radon Projet international pour l’OMS Le radon est un gaz naturel radioactif qui diffuse dans l’air à partir du sol. On le retrouve dans le monde et sa concentration dépend de la teneur du sol en uranium. En importance, c’est le deuxième facteur de risque du cancer pulmonaire et il est à l’origine de 6 à 15 % de l’ensemble des cas. B ien que l’exposition moyenne au radon varie énormément, de récentes études ont montré qu’en cas d’exposition à une concentration de 100 becquerels (Bq)/m3, le risque de cancer pulmonaire pour un non-fumeur à l’âge de 75 ans augmente de 1 pour 1 000 par rapport à ceux qui ne sont pas exposés. Chez le fumeur, la même exposition multiplie le risque par environ 25. Un gaz neutre Le radon est un gaz dépourvu d’odeur, de couleur et de goût. Il est issu du radium qui fait partie de la chaîne de désintégration de l’uranium, élément que l’on trouve en quantités variables dans toutes les roches et les sols de la planète. Le sol libère facilement ce gaz dans l’air où il émet des rayonnements fortement ionisants appelés particules alpha. Porteuses de charges électriques, celles-ci se fixent sur les aérosols, les poussières ou les particules dans l’air que nous respirons. Par conséquent, elles peuvent aller se déposer sur les cellules des parois des voies respiratoires où elles ont alors la possibilité d’endommager l’ADN et, potentiellement, de provoquer des cancers pulmonaires. À cause de la dilution, les taux de radon dans l’air extérieur sont en général très faibles. Mais il arrive de trouver ce gaz dans l’eau de boisson ; la concentration dépend alors de la source et peut parfois présenter un danger. En revanche, les teneurs en radon augmentent à l’intérieur des locaux, et l’on peut trouver des concentrations très élevées dans certains endroits comme les mines, les grottes ou les usines de traitement des eaux. On a observé une augmentation du risque de cancer pulmonaire chez les mineurs d’uranium. Mais pour le simple citoyen, l’exposition est de loin la plus forte dans les habitations. Isoler les habitations Il est facile de limiter l’exposition au radon dans les habitations au moment de la construction, mais aussi dans les bâtiments déjà existants. La plupart des mesures à prendre sont d’augmenter la ventilation sous le plancher ou de sceller les fissures et les trous, qui ne constituent que de simples modifications à apporter au bâtiment, mais il peut arriver de devoir adopter d’autres approches dans les zones de fortes concentrations en radon. On a trouvé de très fortes concentrations en radon (> 1 000 Bq/m3) dans des pays où les maisons sont construites sur des sols très riches en uranium et/ou très perméables. Avec certaines formations géologiques observées dans de nombreux pays d’Europe par exemple, le radon libéré dans les eaux souterraines diffuse facilement vers la surface à travers les roches et dans les bâtiments. Un rôle substanciel Il est tout de même rassurant de savoir que dans l’ensemble, de nombreux pays dans le monde comptent des dizaines de milliers d’habitations avec des concentrations intérieures en radon dépassant le niveau considéré comme acceptable. Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), organe de l’OMS spécialisé dans le cancer, et le Programme national de toxicologie des États-Unis ont classé le radon dans les agents cancérigènes. Les scientifiques ont cherché aussi à établir si les concentrations en radon observées dans les maisons et d’autres endroits constituaient un danger important pour la santé. Ces études sont achevées désormais et les analyses groupées des principaux travaux menés en Europe, en Amérique du Nord et en Chine ont confirmé que le radon dans les habitations jouait à l’échelle mondiale un rôle substantiel dans l’apparition des cancers pulmonaires. Selon de récentes estimations, 6 à 15 % des cancers pulmonaires seraient imputables au radon. Toutes les études concordent sur l’estimation de l’ampleur du risque. D’après les résultats de la même étude, lorsqu’un non-fumeur est exposé à des concentrations en radon de 0,100 et 400 Bq/m3, le risque de cancer pulmonaire à l’âge de 75 ans est respectivement de 4, 5 et 7 pour 1 000. La plupart des cancers pulmonaires induits par le radon surviennent chez les fumeurs. De nombreux pays ont fixé à 200–400 Bq/m3 la valeur à partir de laquelle des mesures doivent être prises pour diminuer la concentration en radon dans l’air à l’intérieur des habitations. D’autres pays ont adopté des niveaux d’intervention plus élevés ou plus bas. Le choix des niveaux d’intervention se fonde en général sur la notion de risque acceptable, c’est-à-dire un niveau correspondant, selon les estimations, à un risque sanitaire pour la population semblable à d’autres risques quotidiens. En ce qui concerne l’eau de boisson, les “Directives de qualité pour l’eau de boisson” de l’OMS et la Commission européenne recommandent de mettre en place des contrôles, des dosages répétés par exemple, si le radon dépasse 100 Bq/l dans le système public d’approvisionnement. ALP Recommandations OMS Infos ... Comment protéger les habitations On peut faire baisser la concentration en radon à l’intérieur des locaux. Il existe des moyens principaux : améliorer l’aération, la ventilation sous les planchers, installer un système de puisard dans le soussol, sceller les planchers et les murs, mettre en place un système de ventilation à pression positive. Professions Santé Infirmier Infirmière N° 65 • août-septembre 2005